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Full text of "Le grand dictionaire historique : ou le mélange curieux de l'histoire sacreé et profane, qui contient en abrege ..."

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John  ^haitiB 


IN  THECUSTODY  OF  THE 

BOSTON     PUBLIC   LIBRARY. 


SHELF    N° 

*  ADAMS 


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^. 


.fJ'yL  Jiiamâm/,. 


LE 

GRAND  DICTIONAIRE 

HISTORIQUE 

T>   I  X  I  E  M  E    EDITION, 

Où  l'on  a  mis  lé  Supplément  dans  le  même  ordre  Alphabétique  3 
corrigé  les  fautes  cenfurées  dans  le  Diétionaire  Critique  de 
Mr.  Bayle,  &  grand  nombre  d'autres ,  et  ajoute' 
PLUS  DE  600  Articles  etRemauqjjes 

IMPORTANTES. 

T  O  M  E      S  E  C   O  N  D. 

C-F 


Digitized  by  the  Internet  Archive 
in  2009 


http://www.archive.org/details/legranddictionai02mor 


LE    GRAND    DICTIONAIRE 

HISTORIQUE, 

OU 

LE  MÉLANGE  CURIEUX 

LHISTOIRE  SACRÉE 

ET    P  R  O  F  A  N  E,  a^-r^ 

^      Q^V  I    CO  NTIENT  EN  A'BREG  E     ";■.,_ 
LES  VIES  ET  LES  ACTIONS  REMARQUABLES 

Des  Patriarches,  des  Juges,  des  Rois  des  Juifs,  des  Papes ,  des  faitits  Pères  &  anciens  Dodeurs  Orthodoxes  ;  des  Evêques,  des 
Cardinaux ,  &  autres  Prélats  célèbres  ;  des  Hérefiarques  &  des  Schifmatiques  j  avec  leurs  principaux  Dogmes  : 

Des  Empereurs,  des  Rois,  des  Princes  illuftreSj&  des  grands  Capitaines: 

Des  Auteurs  anciens  &  modernes ,  des  Philofophes ,  des  Inventeurs  des  Arts ,  &  de  ceux  qui  fe  font  rendus  rccommandables, 
en  toutes  fortes  de  Profeflîons ,  par  leur  Science ,  par  leurs  Ouvrages ,  ou  par  quelque  adiion  éclatante. 

L'ETABLISSEMENT  ET  LE  PROGRES 
Des  Ordres  Religieux  &  Militaires ,  &  la  Vie  de  leurs  Fondateurs. 

LES     GENEALOGIES 
De  plufieurs  Familles  illuftres  de  France  &  d'autres  Pais. 

L'HISTOIRE  FABULEUSE 
Des  Dieux ,  &  des  Héros  de  1  Antiquité  Païenne. 

LA     DESCRIPTION 

Des  Empires,  Royaumes,  Républiques,  Provinces,  Villes,  Ifles,  Montagnes ,  Fleuves ,  &  autres  lieux  confiderables  de 
l'ancienne  &  nouvelle  Géographie ,  oi\  l'on  remarque  la  fituation ,  l'étendue  &  la  qualité  du  Pais ,  la  Religion ,  le  Couver-^ 
nement,les  mœurs&  les  coiitumes  des  Peuples.  Où  l'on  voit  les  Dignitez  :  Les  Magiflratures  ou  Titres  d'Honneur:  Les 
Religions  &  Sedes  des  Chrétiens,  des  Juifs  &  des  Païens:  Les  Principaux  Noms  des  Arts  &  des  Sciences:  Les  Adions 
publiques  &  folemnelles  :  Les  Jeux:  les  Fêtes,  &c.  Les  Edits  &  les  Loix ,  dont  l'Hiftoirc  eft  curieufe  j  Et  autres  Chofesj 
&  Aâ:ions  remarquables. 

AVEC 

L'Hiftoire  des  Conciles  Généraux  &  Particuliers,  fous  le  nom  des  lieux  OÙ  ils  ont  été  tenus. 

Le  tout  enrichi  de  Remarques  ^  de  Recherches  curieufe  s ,  pour  l*é clair  cijfement  des  difficultés^ 
de  l'HijioirC)  de  la  Chronologie  ^  ^  de  la  Géographie. 

Par  M'\  LOUIS  M  O  RE  RI ,  Prêtre,  Dodeur  en  Théologie. 

D I X I E'  M  E  E  D I T I O  N  où  l'on  a  mis  le  Supplément  dans  le  même  ordre  A  Iphabetique ,  corrigé  les  fautes  cenfurées 

dans  le  Diâionaire  Critique  de    Mr.  B  a  y  l  e  ,  ^  grand  nombre  d'autres ,  &  ajoute  plus  de^6oo 

Articles  et  Remarques  Importantes. 

TOME     SECOND. 


f  Pierre  Brunel,     R.  &  G.  Wetstein, 
A  AMSTERDAM  Chez    > 

i  David  Mortier,     Pierre  de  Coup. 

A  LA  HATE  Chez     f  Adrien  Moetjens,    L.  &  H.  Van  Dole. 

AVTRECHT  Chez     |  Guillaume  Vande  Water. 

^  -  ^ 

M   D  C  G  XVII.     ^■'-  -''"^• 

Avec  Trivilége  de  nos  Seigneurs  les  Etats  de  Hollande  &  de  Wejf-Frijèl 


r 


LE        GRAND 


DICTIONAIRE 

HISTORIQUE. 


o  u 


LE  MELANGE  CURIEUX 

DE  LHISTOIRE 


SACREE    ET    PROFANE. 


C.    CAA.    CAB. 


c. 


I  E  T  T  E  lettre  étoit  parmi  les  An- 
ciens une  marque  de  condamna- 
tion &  nommée  la  lettre  fatale  , 
comme  A  en  étoit  une  d'abfolu- 
tion,  félon  Pierius.  Metellus  af- 
fûre  que  les  Indiens  avoient  cou- 
tume de  marquer  d'un  C  le  front 
&  le  bras  des  perfonnes  de  la  mai- 
fon  du  Roi,  qui  fe  faifoient  Chré- 
tiens :  de  forte  que  cette  lettre  é- 
toit  une  marque  honorable  de 
leur  Religion.  Il  y  a  un  li  grand 
rapport  du  C  au  Qj  que  plufieurs 
Grammairiens  ont  voulu  rejetter  le  Qjromme  utie  lettre  fuperfluë, 
prétendant  que  le  C  8c  TU  peuvent  fuffire.  La  différence  de  ces  let- 
tres eft  pourtant  fi  neceflàire,que  nous  voyons  que  les  anciens  Poè- 
tes mettent  le  C  où  nous  mettons  un  Q_,  quand  ils  veulent  divifer 
le  mot.  Ainfi  Lucrèce  a  dit  <:»ir«triflyllabe ,  pour  quiret  ;  8c  Plaute 
aciia  8c  relicuus,^o\iT  aqtta  8c  reliquus,  Aulbne  parle  ainû  de  ces  deux 
lettres  : 

Prd-vduit  fojiquam  Gamm&  vicefunBa  prius  C. 

^tque  alium  pyofe  titulô  replicata  dédit  Q^ 

.*Plaute,  HiJl.aH.i.ji,  i.Aufone,  </«/;>. Pierius,  /(.  j.Eier.c.iî. 
Tu??!,  IL  -    -  -        -         '  ' 


CAA.     CAB. 

CAABAH  ,  ou  Caabeh  ,  en  Arabe  ,  fignifie  te  tèmfle  de  la 
Meque,  ècTpro-pieiaent  la  tour  quarrée,  que  l'on  nomme  au- 
trement//i  iT/'^Z/t^.     Caaieh  ûgniBs  un  tiais ,  on  une  maifo/t 
quarrée.    Voyez,  K  i  b  l  a  h. 

C  A  AT  H,  fils  de  Levi  ,  père  d'Amram  ,  8c  ayetil  de  Moi- 
fè  ,  naquit  l'an  ijoj.  du  Monde  ;  8c  mourut  l'an  1437.  âgé 
de  cent  trente-trois  ans.  *  Exode,  c.  6.  v.  18.  dans  la  Vulgaté, 
dans  la  Verfion  des  Septante  ,  gc  dans  la  Paraphrafe  Chaldaï-» 
que. 

C  Je  fuis  eh  ceci  l'opinion  de  Torniel ,  qui  croit  que  ce  Pa- 
triarche vint  au  monde  la  vingt-unième  année  de  la  vie  de  fon  pè- 
re Levi;  8c  réfute  ce  que  les  autres  ont  écrit  a  ce  fujet.  Salianau 
contraire  foûtient  que  Caath  naquit  l'an  zgiS.  du  Monde  ,  fon 
père  étant  âgé  de  trente-quatre ,  8c  qu'il  mourut  l'an,a45-o ,  fui- 
vant  eii  cela  l'opinion  de  Saint  Epiphane,  de  l'Auteur  du  Tefta- 
ment  des  Patriarches ,  8c  de  quelques  autres  Chronologues.  *  Tor- 
niel, ^.M.  2.^i>f.  n.  ï.Salian,  A.  M.  2318.  n.  i6.&feq.  Saint 
Epiphane,  i>>Ancor.(^c. 

[CAB,  mefiire  Hébraïque  contenant  un  peu  plus  de  97.  pou- 
ces cubiques  d'eau.  Richard  Cumberland ,  det Mejures  ^  des poidf 
des  Heb.  en  Ariglo'is7\ 

C  A  B  A.  Cherchez  Gave. 

h  CA" 


a  CAB 

CABADES  ,  RoidePerfe,fuccedal'an486.àfonpereOba- 
las,  &  ilfutchaffé  du  throne  en  4.97  ,  parce  qu'il  vouloit  éta- 
blir la  communauté  des  femmes.  Zamafpes  fonfils  tint  fa  place 
jufqu'en  70 1.  qu'on  le  rétablit  ;  il  fit  mourir  giand  nombre  de 
Clirétiens.  Mais  ayant  vu  qu'un  Prélat  avoit  chafle  des  Dernons, 
qui  habitoient  dans  un  château,  ou  il  trouva  de  grands  threfors, 
il  laifla  vivre  en  paix  les  Fidèles.  Les  Manichéens ,  qui  lui  avoient 
voulu  ôter  une  féconde  fois  la  couronne,  pour  la  donner  afon 
fils ,  qui  leur  permettoit  de  les  favorifer  ,  s'attirèrent  fi  bien  la 
colère  de  ce  Roi  ,  qu'il  en  fit  punir  grand  nombre  ,  en  chaflà 
plufieurs  hors  du  royaume.  Se  déclara  ceux  qui  y  reftoient  inca- 
pables d'avoir  aucune  charge.  Il  fit  la  guerre  à  l'Empereur  Anafta- 
fe.  Marcellin  le  Comte  dit,  qu'en  foi.  Cabades  affiegea  Amida 
durant  cinq  mois,  8c  qu'il  la  prit,  par  la  trahifon  des  Moines, 
aufquels  il  fit  couper  la  tête  pour  les  payer  de  leur  perfidie.  En 
j-oî.  la  ville  fut  reprife.  Cabades  fit  avec  Anaftafe  une  paix  qu  il 
renouvella  avec  Juftin  fon  fucceffeur ,  8c  elle  dura  quelque  tems; 


CAB. 

telleûuel  ,   8c  celle-ci  le  Monde  vifible  :  ce  que  le  Perc  Kir* 
cher  explique  dans  le  II.     Tome  de  fon  Oailipus  M^ptiacus, 

sur. 

CAB  ALLO,  (Emmanuel)  illuftre  Génois  ,  a  immortalifé 
fon  nom  par  une  entreprife  très-hardie  qu'il  fit ,  pendant  que  les 
François  aifiegeoient  la  ville  de  Gènes.  Après  feixe  mois  de  liè- 
ge ,  les  François ,  qui  s'étoient  emparez  de  la  citadelle ,  avoient 
réduit  les  Génois  à  la  dernière  extrémité,  lorsqu'un  vaiflèau  Gé- 
nois chargé  de  vivres  8c  de  munitions  parut  proche  de  la  villej 
8c  ne  fçachant  pas  que  la  citadelle  étoit  prife,  s'y  en  alla,  dans 
le  deflèin  d'éviter  la  flotte  des  ennemis  ,  8c  fe  livra  ainii  entre 
leurs  mains.  Les  Génois  s'étant  apperçus  de  cette  erreur  ne  fon- 
geoient  plus  qu'à  fe  rendre ,  lors  que  le  brave  Caballo  releva  leur 
courage  abbatu ,  Se  demanda  un  vaiffeau  pour  aller  délivrer  celui 
qui  étoit  pris.  Une  troupe  de  jeunes  gens  fe  joignit  à  lui  ;  Se 
ils  tirèrent  droit  à  la  citadelle,  palTant  au  milieu  des  François, 
fans  craindre  les  continuelles  décharges  que  l'on  faifoit  fur  eux. 


Sc'après    luftinïen   remporta  de  grands  avantagc's  fur  lui  par   Y  étant  arrivez ,  Caballo  coupa  les  cordages  du  vaiflèau  qui  y 
la  conduite  de  Bellifaire.    Cabades  mourut  environ   l'an  5-31.  étoit  arrête,  &lemenadanslaviUe,avecautant  décourage  qu'il 


ou  5-31.  après  un  règne  de  35-.  ans,  en  deux  fois.  *  Marcellin, 
«n  Cforon.  Agathias  ,  //.  4.  Procope  ,  de  la  guer.  des  Perf. 
Nicephore  ,  /».  16.  Hifi.  Mifeel.  li.  if.  Theophane  ,  Cedrene  , 
8cc. 

CABALE,  ouCabbale,  8cCabalistes  ,  certame 
fefte ,  qui  a  été  parmi  les  Juifs.  Ce  mot  de  Cabale  eft  tiré  de 
l'Hébreu  ^2T>^'bbel,  qui  veut  dire  rra<//W/f ,  ilaenfeigné.  Ainfices 
Cabalilles  f6nt  des  gens  qui  fe  font  principalement  attachez  à^  la 
Tradition  des  Anciens ,  ou  à  la  fcience  qui  renferme ,  à  ce  qu'ils 
prétendent ,  tous  les  myfteres  de  l'ancienne  Loi  ,  les  fecrets  du 
nom  ineffable  de  Dieu,  les  hiérarchies  céleftes,  les  fciences  des 
nombres ,  8c  plufieurs  autres  curiofitez ,  ou  plutôt  rêveries.  El- 
les étoient  déjà  en  ufage  du  tems  de  J  E  s  u  s-C  h  r  1  s  t  ,  8c  ces 
Juifs  vifîonnaires  croyoient  même  que  le  Sauveur  n'operoit  des 
merveilles  fi  furprenantes ,  qu'avec  le  fecours  de  la  Cabale.  Les 
Cabalilles  divifent  leur  fcience  en  Théoretique ,  qui  ne  confifte 
que  dans  la  fpeculation  8c  dans  la  recherche  de  ces  myfteres 


l'avoit  retiré  de  la  citadelle.  Cette  aétion  fut  fuivie  des  acclama- 
tions 8c  des  applaudiflèmens  de  tous  les  Génois  ,  qui  regardè- 
rent Caballo  comme  le  Libérateur  de  la  patrie ,  8c  lui  firent  des 
honneurs  extraordinaires.  *  Ub.  Folieta  ,  Ebg.  dur.  iiirtr. 
SUP. 

CABASILAS,  (Nicolas)  Grec ,  Archevêque  de  Theffalo- 
nique,  vivoit  dans  le  XIV.  Siècle,  environ  l'an  ijj'o,  8c  non  pas 
en  1300,  comme  l'a  écrit  Sixte  de  Sienne.  Il  ibûtint  le  fchif^ 
me  des  Grecs ,  avec  une  opiniâtreté  extraordinaire ,  8c  il  ofa  écri- 
re contre  S.  Thomas  :  ce  que  Demetrius  Sidonius ,  qui  étoit  ami 
de  Cabafilas ,  trouva  fi  peu  raifonnable ,  qu'il  foûtint  par  écrit  le 
parti  du  Doreur  Angélique.  Cabafilas  compofa  une  Expofition 
de  la  Liturgie  Grecque ,  que  nous  avons  de  la  verlion  de  Gentien 
Hervet ,  .8c  qu'on  a  depuis  mife  dans  la  Bibliothèque  des  Pères. 
Il  publia  un  autre  Traité ,  de  vit  a  in  Chrifto.  Une  Oraifon  con- 
tra fœnemtores.  On  lui  attribue  quelques  autres  Pièces  qui  ne  font 
pasde  lui.    *  Jean CantacuMne  ,  //.  3.  c.  j-j.  (^  99.  /;.  4.  c.  16. 


8c  en  Pratique,  qui  confifte  dans  les  Talifmans ,  dans  la  connoif- I  Q'fiq.  Bellarmin,  Script.  Ecclef.  Hervet,  Poflèvin  ,  Spondc, 
fance  des  alfres ,  8c  peut-être  dans  la  Magie  ,   8c  dans  la  pierre  '  Pontanus ,  Sec. 

Philofophale.  Car  la  Cabale  eft  la  fource  de  toutes  ces  vaines  ima- j  CABASOLE,  (Philippe  de)  eftimé  des  Papes  Urbain  V. 
ginations,  qui  font  les  fondemens  de  la  Magie.  Il  y  a  plufieurs  g^  Grégoire  XI.  étoit  de  Cavaillon  ,  ville  de  Provence.  Il  fiit 
Juifs  entêtez  de  Cabale ,  qui  tombent  dans  la  Magie ,  en  abufant  premièrement  Chanoine  dans  fa  Cathédrale  ,  8c  puis  Archidia- 
du  nom  de  Dieu  8c  des  Anges  dans  la  vue  de  faire  des  chofes  fur-  cre.  Prévôt  ,  8c  Evêque  de  la  même  ville  ,  en  1334.  Quel- 
naturelles.  Il  y  a  apparence  que  la  Cabale  tire  fon  origine  de  la  1  que-tems  après  il  fut  créé  Patriarche  de  Jerufalem  ,  8c  enfin 
Philofophie  de  Pythagore  8c  de  Platon ,  que  quelques  Juifs  ont  Urbain  V.  l'éléva  à  la  dignité  de  Cardinal ,  8c  l'envoya  Légat  en 
mêlée  avec  le  Judaïfme,  répandant  fur  le  tout  une  infinité  de  Italie,  8c  puis  en  Allemagne.  Grégoire  XI.  lui  donna  le  gou- 
rêveries ,  nées  de  l'oifiveté  8c  de  la  fuperftition  ;  comme  cela  fe  vernement  des  terres  du  Saint  Siège ,  dans  le  temps  que  les  Pa- 
voit  dans  les  Livres  d'Adam,  d'Enoc,  de  Salomon,  du  Zohar,  ipes  fîégeoient  à  Avignon.  Tous  ces  emplois  nous  periiiadent  de 
du  Bahir ,  8c  dans  plufieurs  autres.  Dans  les  premiers  fiecles  de  \  l'eftime  que  les  Papes  avoient  pour  Philippe.de  Cabafole.  Il  mou- 
l'Eglife,  les  Hérétiques  donnoient  facilement  dans  ces  lùjjerfti- ;  rut  à  Peroufe  en  1371.  8c  fon  corps  fut  porté  en  Provence ,  où  il 
tions  Cabaliftiques.  Les  Valentiniens  8c  les  BafUidiens  etoient  '  eft  enterré  à  la  Chaitreufe  de  Bon-Pas.  On  attribue  à  ce  Cardinal 
des  principaux,  8c  on  trouve  encore  des  agathes  de  ces  derniers  unTr3.itédeNugijCurialium,  8c  des  Sermons.  Pétrarque  qui  avoit 
avec  des  médailles  gravées  de  figures  hiéroglyphiques ,  aflèzfem-  ,  beaucoup  de  part  en  fon  amitié,  lui  dédia  fon  Livre  de  la  vie  fo- 
blables  aux  Talifmans  Judaïques.  On  void  encore  de  leur  façon  |  Utaire ,  8c  lui  écrivit  diverfes  Lettres.  Les  autres  Auteurs  de  foa 
ces  figures  que  les  Latins  nommoient  Amuleta.  C'étoit  un  re-  temps  en  parlent  auflî  avec  éloge.  *Petrarque,  li.  1.  ep.  i.  ^ 
mede  préfervatif ,  qu'on  attachoit  au  cou  des  enfans ,  ou  même  2.  eè'  ''•  4-  «/>•  i-  ^S-  &àç.  Sainte  Marthe ,  Gall.  Chrifi.  Frizon , 
des  animaux ,  contre  toutes  fortes  de  maux ,  8c  particulièrement  Gall.  Furp.    ■ 


contre  les  enchantemens.  Reuchlin ,  ou  Capnion ,  qui  étoit  un 
très-fçavant  homme  du  XVI  Siècle,  comme  je  le  dis  ailleurs, 
s'amufa  à  écrire  fur  cette  matière ,  De  Cabbala  ^  veréo  mipfico. 
On  a  imprimé  en  Allemagne  Ars  Caialiftica.  On  pourra  aulTi  voir 
Torta  lucis  de  Pic  de  la  Mirande.     Uma  manru..     Liber  Jez,ira. 


C  A  B  B  A  L  E.  Cherchez  Cabale. 

CABESTAN,  bourg  de  France  dans  la  province  de  Langue- 
doc près  deNifmes.  C'eft  de  ce  bourg  qu'a  tiié  fon  nom  Guil- 
laume ou  GuiLHEM  DE  Cabestan  ,   Poëte  Provençal  ,   qui  vi- 


Le  Traité  des  Talifmans  de  Gaffaiel ,  Jean  Morin,'Richard  Simon,*  ^"'t  ^ans  le  XIII.  Siècle.    Il  étoit  de  l'ancienne  maifon  de  Cer- 
o^  ■'  I  vieres ,  8c  il  avoit  paflTe  les  premières  années  de  la  vie  avec  le 

CABALE  ,  Science  occulte  ou  Doûrine  myfterieufe  des  Seigneur  de  Cabeftan.  La  fuite  fut  très  -  malhcurei^e  II  devint 
Juifs,  qu'ils  tiennent,  difent-ils  ,  de  la  Tradition  des  Anciens,  amoureux  dune  Dame  de  la  mai&n  de  Beaux,  8c  fit  des  vers  a 
On  div&  la  Cabale  en  trois  parties,  que  l'on  nomme  G«««n«.  f^  louange.  Cette  Dame,  que  ces  vers  faifoient  eft.mer  crai- 
Notarica.inThemura.  La  Gametrie  eftune  expUcation  ,  que  gnant  que  Guillaume  de  Cabeftan  ne  devint  mfidele,lm  fit  man- 
l'on  fait  par  k  tranfpofition  des  lettres  du  mot.  Par  exemple,  ger  d  une  certaine  herbe  qui  failht  a  le  faire  mourir  ;  car  ayant 
il  eft  ditkns  l'Exode,  Pr^editte  Melachi{id  eH,  Angélus  meus.)  foduit  un  effet  contraire  a  celui  quelle  avoit  efpere  ,  ce  mal- 
Les  Cabaliftes  trouvent  que  cet  Ange  eft  S.  Michel,  parce  que  heureux  Poète  perdit  d  abord  toute  forte  de  connoilfance.  Un 
les  lettres  de  Melacki  ét^t  tranfpolées  font  Michaél  La  No-  Médecin  lui  donna  un  amidote  ,  qui  le  remit  en  fante.  Apres 
tarique  fait  de  chaque  lettre  un  mot  entier,  ou  expUque  un  mot  «la  deteftant  la  Dame  de  Beau.^  ,  il  fer  vit  Tntline  Carbonel. 
par  un  autre  qui  contient  le  même  nombre.  Il  eft  écrit  dans  le  de  la  maifon  de  RoiîiUon  ,  femme  de  Raimond  de  Seil.lans. 
Pfeaume  3.  Multi  infurgunt  in  me.  Le  mot  Hébreu  ,  qui  figni-  Cabeftan  avoit  tant  d  efprit  8c  de  mente,  8c  lis  vers  lui  avoient 
iie  multi.  cd  compofé  d'un  R ,  d'un  B ,  d'un  1 ,  8c  d'une  M.  De  I  tant  donne  de  réputation ,  que  cette  Dame  lui  témoigna  beau- 
là  les  Cabaliftes  conjcfturent  que  ces  gens  font  les  Romains ,  les  coup  d'eftime  8c  de  compl^ifance.  Le  mari  en  devint  lijdoux. 
Babyloniens  ,  les  Ioniens  ,  c'ift  à  dife  Us  Grecs  .  8c  les  Medes.  |  qu'ayant  rencontre  le  Poète  a  la  campagne  ,  il  le  tua  ,  8c  lui 
Ils  difent  aufli  que  Macom  eft  le  même  nom  que y^/^o^*, parce  arracha  barbarement  le  cœur  quil  fit  manger  a  fa  femme  , 
que  les  lettres  de  ces  deux  mots  écrits  en  Helireu  font  le  mê-   ^omme  une  autre  viande.    EHe  le  fçut  8cen  mou^de  depki- 


que 

me  nombre  1S6.  L'art  que  l'on  nomme  Themura ,  ouZiruph, 
confifte  dans  le  changement  des  lettres  que  l'on  fait  équivalen- 
tes dans  certaines  combinaifons.En  voici  un  exemple  dans  la  Lan- 
gue Latine.  Ayant  fait  la  combinaifon  des  lettres  ainfi ,  A,  B.1  C, 
D.lEjF.  Sec.  on  prétend  que  les  deux  lettres  de  chaque  com- 
binaifon fe  mettent  l'une  pour  l'autre  :  8c  que  ce  qui  fera  écrit 
D  B  C  E ,  fe  pourra  lire  C  A  D  E  ,  c'eft  à  dire  Tombez..  Cette 
Cabale  dans  toutes  fes  trois  parties  n'eft  boime  qu'à  amufer  les 
petits  Efprits  :  car  pour  reprendre  les  mêmes  exemples  j  Au- 
lieu  àeMichaël,  ne  peut-on  pas  lïxtChamïél ,  Kimael,  8cc.  c'eft 
à  dire,  Ange  de  feu,  Ange  des  playes ,  8cc.  Par  les  quatre  lettres 
R ,  B ,  I  ,  M  ,  on  peut  entendre  les  Rabbins  ,  les  Baâriens  , 
les  Italiens,  8c  les  Moabites.  Cette  divifîon  de  la  Cabale  n'eft 
qu'une  fuperftition  inventée  par  les  nouveaux  Rabbins.  Les 
plus  habiles  divifent  la  Cabale  en  deux  parties  ,  l'une  appellée , 
Mercava,  c'e^  3.  airs ,  fcience  du  chariot;  8c  l'autre  Befe/i«^ ,  c'eft 
à  dire,  Ouvrage  de  la  création.    Celle-là  confidere  le  Monde  in- 


fir.    Ce  fut  vers  l'an  1213. 
beftan: 


ï/  quel  Gtiglielm» 


Che  per  cantar  hà  Pfior  defuoi  di  fcem». 

*  Pétrarque,     Trionfo  d'amer,  c,  4.  Noftradamus  ,  Pie  des  To'eU 
Vrov.  c.  1 2.  ^c. 

CABIRE ,  Nymphe ,  femme  de  Vulcain  ,  fut  mère  de  Ca- 
mile.  Ce  Camile  fut  père  de  trois  fils  nommez  comme  leur  grand- 
mere;  8c  c'eft  de  ces  derniers  que  font  forties  les  Nymphes  di- 
tes C/i^/nfw,  dont  parle  Aculilaiis  Argien,  cité  par  Strabon ,  «« 

li.   10. 

C  A  B I R  E  S ,  certains  Dieux  qtii  étoient  révérez  en  Samo- 
thrace,  ifle  de  la  mer  Egée,  félon  Hérodote  ,  li.  2.  Ce  nom 
vient  peut-être  de  l'Hébreu  T33  Cabir  ,  qui  fignifie  gr.md  8t 

çuijjarit. 


CAB.  CAC. 


CAC.  CAD. 


fuiffant.  On  avoit  une  ii  grande  vénération  pour  euX ,  que  c'étoit 
un  crime  de  les  nommer  parmi  le  peuple.  Oncroyoit  que  ceux 
qui  étoient  initiez,  dans  leurs  myfteres ,  étoient  fous  leur  protec- 
tion ,  &  qu'ils  en  obtenoient  tout  ce  qu'ils  pouvoient  fouhaiter. 
Les  anciens  Auteurs  ne  Ibnt  pas  d'accord  touchant  le  nombre 
des  Dieux.  Mnafcas  en  met  trois ,  Axieres ,  Axiocerf» ,  6c  Axio- 
cerfus;  c'cll-à-dire ,  Ceres,  Froferpine,  &  Pliiton.  Dionyliodore 
en  ajoute  un  quatrième ,  qu'il  nomme  C«//«(/e ,  c'e(i-à-diic ,  Mer- 
cure. D'autres  tiennent  qu'il  n'y  eut  que  deux  Cabires,  Jupiter, 
qui  étoit  l'aîné,  &  Dionyfiits,  le  plus  jeune.  Athénien  dit  que  de 
Jupiter  8c  d'Eleâra  naquirent  Jaiidn  &  Dardanus  ,  qui  turent 
nommez  C<ï^»r«.  Quielques-uns  croyent  que  c'étoient  lesMinif- 
tres  des  Dieux.  D'autres  les  prennent  pour  des  Démons.  Ils  a- 
voient  aufli  un  temple  en  Egypte,  dont  l'entrée  n'étoit  permife 
qu'aux  fculs  Prêtres  de  ces  Divinitcz  ;  &  un  autre  au  territoire  de 
"Thebes.  11  y  avoit  encore  des  CMres  de  Cerès ,  qui  étoient  telle- 
ment refpeiSés ,  qu'on  s'imaginoit  que  ceux  qui  auroient  ofé  les 
battre,  n'échapperoientjamais  la  vengeance  des  Dieux.  Les  Phé- 
niciens avoient  aufli  des  Dieux  appelles  Ca^im,  ou  Caberes,  qui 
étoient  particulièrement  révérés  à  Berythe.  *  Sanchoniathon  ci- 
té par  Eufebc ,  au  liv.  t.  Je  la  Préf.  Evang.  Damafcius,  dans  l'hotius. 
Hefychius,  Cafaubon,  Bochart  dans  fon  C<i»<î4«.  Meurfius,  des 
thés  des  Grecs.  SUP. 

CABO  D'ISTRIA.  Cherchez  Capo  d'Iftria. 
CABRERA.  (Alfonfe  de)  Voyez  Cabrera,  (Pierre) 
CABRERA,  (François)  Religieux  de  l'Ordre  de  Saint  Àu- 
guftin,  étoit  Efpagnol ,  8c  a  publié  les  généalogies  des  maifons  de 
Ponce  de  Léon,  de  Cordouë ,  Sec.  Il  elt  mort  en  1649."^*  Nicolas 
Antonio,  BiM.  Hi/p. 

CABRERA ,  (Louis  de)  de  Cordouë ,  vivoit  dans  le  même  tems 
que  celui,  dontje  viens  déparier.  C'étoit  un  homme  de  qualité. 
Capitaine  d'une  compagnie  d'Infanterie ,  qui  a  compofé  l'HLftoire 
de  Philippe  II.  Roi  d'Eipagne,  &;  un  Traité  de  i'Hiftoire.  *  Ni- 
colas Antonio,  Bièl.  Hiff. 

CABRERA  Morales,  (Francifco de) Efpagnol.natif du 
bourg  dit  las  Brozas  dans  l'Eftramadure  ,  vivoit  au  commen- 
cement du  XVII  Siècle.  Il  fçavoit  les  Langues ,  qu'il  avoit  enfei- 
gnées  à  Salamanque ,  &  depuis  étant  venu  à  Rome,il  y  fut  Théolo- 
gien du  Cardinal  Deza ,  mort  en  1 600.  Il  a  continué  I'Hiftoire  des 
Papçs  de  Ciaconius,8c  travaillé  à  quelques  autres  Ouvrages.*  Nico- 
las Antonio,  BiH.  Hi/p. 

CABRERA,  (Pierre  de)  de  Cordouë  ,  étoit  Religieux  de 
l'Ordre  de  S.  Jérôme.  11  a  écrit  fur  S.  Thomas ,  &  il  avoit  un  de 
fes  frères,  nommé  Alfonfe ,  Religieux  de  l'Ordre  de  S.  Domini- 
que, 8c  excellent  Prédicateur.  *  Nicolas  Antonio ,  Bibl.Hifp. 

CABRIERES,  bourg  dans  le  Comté  Venaiflin  en  Proven- 
ce. Voyez  Merindol.  SUP. 

CABUL,  ville  8c  royaume  des  Indes  dans  les  Etats  du  Grand 
Mogol.  II  eft  le  plus  avancé  vers  la  Pcrfe  8c  l'Usbeck  ou  'Z.aga- 
thai ,  ayant  celui  de  Cachemire  au  Levant.  Les  fources  du  Nilab 
8c  du  Behat ,  rivières  qui  fc  jettent  dans  rindus,font  dans  ce  royau- 
me. La  ville  eft  grande ,  avec  deux  fortereflTes ,  8c  fur  la  route  de 
Lahor  à  Samarcand  ;  les  autres  font  Ghidel  8c  Paflàur.  Le  com- 
merce eftaflez  grand  dans  ces.villes,  à  caufe du mufc ,  desfoyes, 
de  la  rhubarbe ,  81  des  autres  marchandifes  qu'on  y  apporte  du  Ca- 
thai. 

CACA ,  fœur  de  Cacus ,  découvrit  à  Hercule  le  larcin  que  fon 
frère  avoit  fait  de  fes  bœufs,8ç  pour  cela  elle  mérita  d'être  honorée 
par  des  facrifices  qui  lui  étoient  offerts  par  les  Vierges  Veftales,  fe-  | 
ionSerw'msfurlet.delEnetde.  Virgile  néanmoins  au  mêmelieu, 
&  Ovide ,  aui.  livre  des  Vafles ,  difent  que  ce  larcin  fut  découvert 
d'une  autre  manière.  Voyez  Cacus.  SUP. 

C  A  C  A  C  A ,  ville  de  la  province  de  Garel,  dans  le  royaume  de 
Fez,  en  Afrique,  fur  la  côte  delà  mer  Méditerranée,  à  7.Heuës 
de  Mélile  par  mer ,  d'où  elle  n'eft  éloignée  que  de  deux  lieues  par 
terre.  Le  Duc  de  Medine  s'en  étoit  rendu  maître  en  1496.  après 
la  prife  de  Mélile  ;  8c  les  habitans ,  qui  n'avoient  ofé  attendre  fa  ve- 
nue, s'étant  retirez  ailleurs ,  il  avoit  fait  rafer  la  ville,  neconfer- 
vant  que  le  château ,  qui  eft  fort ,  8c  fur  un  roc ,  que  l'on  ne  peut 
miner.  *Marmol,  de  l'AfriojUe,  l  ^.SUP. 

CACALLA ,  (Auguftin)  étoit  de  Valladolid  en  Efpagne  ,  8c 
fut  long  temps  Prédicateur  de  l'Empereur  Charles-Quint  :  mais  il 
quitta  l'Eglife  Romaine  pour  fuivre  les  opinions  deLuther:8c  ayant 
été  pris ,  il  fut  condamné  par  l'Inqurfition ,  8c  brûlé  à  Valladolid 
en  ifj9.  *Theod.Beza,  deVir.illuft.  SUP. 

CACAR  Faraon,  ou  Château-Pharaon ,  ville  ruinée ,  fituée 
lur  la  montagne  de  Zarhon ,  proche  de  la  viUe  de  Fez  en  Afrique. 
On  dit  qu'elle  a  été  bâtie  par  les  Goths ,  quoique  les  habitans  en 
attribuent  la* fondation  à  Pharaon  Roi  d'Egypte  ;  mais  les  plus  cé- 
lèbres Hiftoriens  la  nomment  Le  Palais  Zarhon,  ou  Zarahartum, 
&  non  pas  de  Pharaon.  OnVoit  encore  en  plufieurs  endroits  des  in- 
fcriptions  en  lettres  Gothiques  ,  qui  font  connoître  qu'elle  fut 
bâtie  ou  embellie  par  les  Goths.Toutes  les  collines  8c  les  vallées  d'a- 
lentour font  couvertes  d'oliviers.  *Marmol,  de  l'Afriiiue ,  iiv.^. 
SUP. 

CACAR  ,  ville  du  royaume  de  Fez.  Cherchez  Alcaçar 
SUP. 

CACCIA,  (Auguftin)  de  Novare  dans  le  Milanois  ,  vi- 
voit en  ijj'o.  Il  porta  les  armes  avec  réputation  dans  l'armée  de 
l'Empereur  Charles  V.  8c  fit  aufli  des  vers.  '  Etant  avancé  en  âge  il 
compofa  deux  volumes  de  Poëfies  fpirituelles  ;  8c  en  dédia  un  à 
Catherine  de  Medicis  Reine  en  France ,  8c  l'autre  au  Cardinal  de 
Granvelle.  .  % 


1407;  C'étoit  leDoûeurdcfon  tems ,  qui  étoit  le  plusconfulté 
pour  les  matières  Civiles  8c  Ecclefiaftiques.  Il  écrivit  divers  Ou- 
vrages de  Droit  :  De  Jultitia  â"  7"re.  De  deiitorc  fufpeiJo  fugi- 
livo.  De  paéiis.  De  modo fltulendi.  De  tranfaHione.  Definjori- 
umjuris,  &c.  *  Forfter,  m  Vit.  Jwr//?.  Bumaldi ,  Bibl.Bonon. 


CACCIA  NEMICI,  eft  une  famille  de  Bologne,  qui  a  eu 
Geriyd  de  Caccianemici ,  Pape  fous  le  nom  de  Lucius  II,  dontje 
parle  ailleurs  ;&iHuMBERTDECAcciANEM!Ci,quelc 
même  Pape  fit  Cardinal  en  1 144.  Il  rendit  de  grands  fervices  à 
Alexandre  III.  durant  lefchifme,  8c  mourut  peu  de  tems  après , 
fous  fon  Pontificat.  Sigonius,  de  Bptfc.  Bonon.  l.  i.  Baronius, 
Onuphre,  8cc. 

C  A  C  E  G  A  S ,  (Louis)  Religieux  de  l'Ordre  de  Saint  Domini- 
que en  Portugal,  a  été  très-eftimè  par  fa  vertu  8c  par  iijn  éruditionj 
Il  publia  I'Hiftoire  de  fon  Ordre  en  Portugais ,  &  celle  de  la  Vie  de 
Dom  Barthélémy  des  Martyrs ,  que  Louis  de  Soufa  continua.  Ca- 
cegas  mourut  vers  l'an  1620.  âgé  de  plus  de  70.  *  Nicolas  An- 
tonio ,  Êiil.  Script,  hi/p. 

^  C  A  CERES,  ou  Caceres  de  Camarinhà,  ville 
d'Afie  dans  l'Ifle  de  Luçon ,  une  des  Philippines  ,  avec  Evêché 
fuffragant  de  Manille.  Elle  eft  fituée  fur  le  détroit  dit  Eflrecho  dt 
Manilha,  avec  un  bon  port,  qui  eft  aux  Efpagnols. 

CACHAN,  ville  de  Perfc ,  dans  la  province  d'Yerak ,  à  vingt- 
deux  lieues  d'Ifpahan^  vers  Kom.  Wy  3.  Aehc2.ux  bazars  on  mar- 
chez  ,  8c  plufieurs  carvanferas  bâtis  de  brique.  Un  grand  nom- 
bre d'Ouvriers  en  foye  y  font  des  brocards  d'or  8c  d'argent  ,  des 
plus  riches  8c  des  mieux  travaillez  qui  fortent  de  la  Perl'e.  On  y 
compte  plus  de  mille  familles  Juives ,  qui  fe  difent  être  defccnduëg 
de  la  tribu  de  Juda ,  de  même  que  ceux  d'Ilpaham  8c  de  Kom, 
*  Tavernier ,  Voyage  de  Perfe.  SUi'. 

CACHEMIRE.  Cherchez  Kachemire. 
C  A  C  I QJJ  E  S ,  nom  des  Gouverneurs  ou  Princes ,  lous  les 
anciens  Incas ,  ou  Empereurs  du  Pérou.  Les  plus  confidcrables 
des  Nobles ,  originales  du  païs ,  retiennent  encore  ces  noms  d'In- 
cas ,  8c  de  Caciques  ,  quoi  qu'ils  obeïflcnt  aux  Efpagnols.  Les 
Princes  de  Fille  de  Cuba  dans  l'Amérique  Septentrionale  portoient 
le  même  nom  de  Caciques ,  lors  que  les  Efpagnols  s'en  rendirent 
les  maîtres.  SUP. 

CADALOUS,  ou  Cadolus ,  Evêque  de  Parme ,  vivoit  dan3 
le  XI.  Siècle.  C'étoit  un  homme  emporté,  ambitieux,  8c  noir- 
ci de  divers  crimes,  qui  fut  fait  Antipape  par  deux  Prélats  feule- 
ment, qui  foûtenoient  le  parti  de  l'Empereur  Henri  IV.  8c  nom- 
mé Honoré  II.  On  l'oppofa  à  Alexandre  II ,  élu  légitimement  en 
1061.  Il  fe  mit  en  campagne  avec  des  troupes  8c  de  l'argent, 
8c feprefenta devant  Rome,  d'où  il  fut  chaflepar  le  DucGode- 
froy ,  8c  contraint  de  fè  retirer  à  Parme.  Quelque  tems  après, 
il  y  fut  rappelle  par  quelques  feditieux  ,  8c  fe  rendit  maître  de 
l'Eglife  du  Vatican ,  rmis  ayant  été  battu  une  féconde  fois ,  aban- 
donné des  fiens ,  puis  afliégé  dans  le  château  Saint  Ange,où  il  s'é- 
toit  jette  à  la  faveur  de  Cincius,  il  racheta  fa  liberté,  8c  fe  fauva 
tout  feul.  Le  Concile  de  Mantouë  aifemblé  l'an  1064.  le  con- 
damna ,  en  préfence  d'Annon ,  Archevêque  de  Cologne ,  Régent 
8c  Tuteur  d'Henri.  Il  mourut  depuis  miferablemcnt ,  fans  avoir 
voulu  cefiir  de  fe  porter  pour  Pape.  *  Léon  d'Oftic  ,  //.  5.  c. 
2.0.  Platine  ,  en  Alexandre  II.  ftirftiius  ,  A.  C.  1061.  \o6^. 
1 064, 

f  CADAMUSTI  ,  (Louis)  de  Vcnife,  a  vécu  vers  l'an  15-04. 
Il  publia  une  Relation  de  fes  voyages  de  mer ,  que  nous  avons  en 
Latin  par  les  foins  d'Archangelo  Madrignani. 

CADENAC  ,  petite  ville  de  France  dans  le  Quercy  ,  fur  les 
frontières  du  Rouërgue ,  fituée  fur  la  rivière  de  Lot ,  à  huit  ou 
neuf  lieues  de  Cahors.  Quelques  Auteurs  la  prennent  pour  l'U- 
xellodunitm ,  qui  eft  célèbre  parmi  les  anciennes  villes  des  Gaules, 
parce  que  ce  fut  la  dernière  qui  fe  défendit  contre  Céfar  ;  feais 
il  y  a  apparence  que  cette  ville  étoit  différente  de-  Cadenac  d'au- 
jourd'hui ;  8c  peut-être  que  c'eft  Cahors  même ,  commejeledis 
ailleurs. 

CACUS  ,  Berger  d'Italie  ,  faifoit  fa  demeure  fur  le  mont 
Aventin ,  qui  fut  depuis  renfermé  dans  l'enceinte  de  la  ville  de 
Rome;  8c  cxerçoit  de  continuels  brigandages  dans  tout  ce  pays. 
On  dit  qu'Hercule  revenant  d'Efpagne ,  après  avoir  tué  Gcryon , 
paflà  proche  du  mont  Aventin ,  avec  le  troupeau  de  ce  Roi ,  qu'il 
emmenoit  ;  8c  que  Cacus  lui  enleva  pendant  la  nuit  quelques 
bœufs,  en  lés  tuant  par  la  queue  dans  fa  caverne,  afin  que  mar- 
chant ainfi  à  reculons,  on-nepût  découvrir  par  la  pifte  le  lieu  où 
ils  étoient.  Hercule  ayant  reconnu  ce  larcin ,  chercl^a  aux  envi- 
rons de  la  caverne  de  Cacus ,  8c  ne  s'imagina  pas  que  fes  bœufs 
y  fuflènt  renfermez ,  parce  qye  les  veftigcs  donnoient  lieu  de 
croire  le  contraire.  Cependant  il  entendit  le  cri  d'un  de  fes  bœufs, 
qui  fentant  ceux  du  troupeau ,  commença  à  meugler.  Auffi-tôt 
il  enfonça  la  porte  de  cette  caverne  ,  8c  alfomma  ce  voleur  avec 
fa  mafiTuë.  Les  Poètes  difent  que  Cacus  étoit  fils  de  Vulcain , 
8c  qu'il  jettoit  des  flammes  par  la  bouche  :  peut-être  ,  çarce 
qu'il  brûloit  les  maifons  ,  après  les  avoir  pillées.  Ils  ajoiitent 
que  c'étoit  un  géant  d'une  grandeur  prodigieufc  ,  qu'il  vivoit 
de  chair  humaine  ,  8c  qu'il  étoit  demi-homme  ,  comme  on 
nous  repréfcnte  les  Satyres.  D'autres  difent  que  Cacus  étoit  un 
Prince  dans  l'Efpagne  Tarraconoife  ,  qui  donna  fon  nom  au 
mont  Cacus ,  maintenant  Moncaio ,  dans  l'Arragon ,  fur  les  con- 
fins de  la  Caftillc  vieille  ;  qu'il  étoit  affreux  à  voir,  8c  d'une  hu- 
meur extrêmement  fauvagc  ;  ce  qui  avoit  donné  lieu  de  l'appel- 
1er  demi-homme:  qu'il  avoit  inventé  certaines  armes  à  feu  ,  8c 


CACCIALUPI,  (Jean  Baptifte)  de  Bologne  ,  Jurifcon-   une  poudre  femblable  à  nôtre  poudre  à  canon  ;  ce  qui  le  fit  paf- 
fulte  ,   vivoit   au  cominencement   du   XV.    Siècle  ,    vers  l'an    fer  pour  le  fils  de   Vulcain.     Et  qu'enfin  il  pourfuivit  Hercule 
Tm.  U.  Ai  jufques 


4  CAD. 

jufques  en  Italie,  où  il  lui  déroba  quatre  de  fes  boeufs'.    *  Tit. 
Liv.l.  i.Virg.  Ew«</./w.S.Gerund./w.  i.  Paralip.Iiifp.SUP. 

CADILLAC  ,  petite  ville  de  France  dans  la  Guyenne.  El- 
le eft  lituée  près  de  la  Garonne ,  à  côté  de  Bourdeaux  8c  de  Bafas; 
fon  château  eft  un  des  plus  agréables  de  la  province,  Sifon  ter- 
roir eft  un  des  plus  fertiles» 

CADILESCHKER,ouCadiLescluer,  dans  l'Em- 
pire du  Turc  ,  eft  le  Chef  de  la  juftice  ,  qui  juge  toutes  les 
caufes  dans  le  Divan.  Caé  fignifie  7»je  ,  icLefehker  armée: 
d'où  eft  venu  le  nom  de  Cadilefchker ,  c'eft-à-dire  ,  Juge  de 
l'armée  ;  parce  qu'il  était  le  Juge  des  Soldats.  Il  n'y  a  que  trois 
Cadilefchkers  dans  toute  l'étendue  de  l'Empire  du  Grand  Sei- 
gneur. Le  premier  eft  celui  de  l'Europe  ;  le  fécond  ,  celui 
de  la  Natolie,  ou  de  l'Aile  :  &  le  troifiéme  ,  celui  du  Grand- 
Caire.  Ce  dernier  fut  établi,  lors  que  Selim  eut  conquis  l'E- 
gypte ;  &  il  eft  le  plus  confiderable ,  car  fa  jurifdidiion  s'étend 
liir  les  Egyptiens ,  les  Syriens ,  8c  les  Ara:bes ,  8c  fur  une  partie 
de  l'Arménie.  Aujourd'hui  les  Cadilefchkers  n'exercent  plus 
aucune  jurifdidlion  fur  les  Soldats ,  qui  ont  le  privilège  de  ne 
pouvoir  être  jugez  que  par  les  Officiers  qui  les  commandent. 
*  Ricaut ,  de  l'Empire  Ottoman.  SUP. 

C  A  D I S ,  Juges  des  caufê?  civiles ,  dans  l'Empire  du  Turc. 
Ils  connoiffent  auffi  des  affaires  fpirituelles ,  dans  le  Bileduigerid 
en  Afrique.  Cadi  fe  prend  ordinairement  pour  le  Juge  d'une 
ville.  Les  Juges  des  provinces  fe  nomnftnt  Mollas.  *  Ricaut , 
de  l'Empire  Ottoman.  SUP. 

C  A  D I S ,  Ifle  près  de  la  côte  Occidentale  de  l'Andaloufîe ,  en 
Elpagne  ,  au  Nord  du  détroit  de  Gibraltar.  On  la  nommoit 
premièrement  l'IJle  de  Junon ,  parce  que  Cette  DéeiTe  y  étoit  ado- 
rée par  les  Payens ,  dans  un  temple  très-magnifique.  Enfuite  on  la 
notamz  G ades ,  d'où  s'eft  formé  le  nom  de  CaJis.  Sa  longueur 
eft  à-peu-près  de  fèpt  lieues  :  fa  plus  grande  largeur ,  de  trois, 
8c  fa  moindre ,  d'une.  Elle  eft  jointe  a  la  terre-fcrhie  du  côté 
d'Orient ,  par  un  pont  appelle  le  Pont  du  Sac.  Son  terroh-  eft 
en  plaines  8c  en  montagnes ,  mais  fans  aucunes  fontaines ,  ce  qui 
eft  fuppléé  par  quantité  de  puits.  L'entrée  de  la  baye  de  Cadis 
eft  fort  dangereufc ,  à  caufe  des  écueils  appelles  k  Diamant ,  8c 
Los  Ptieros.  Le  port  de  la  ville ,  qui  eft  iituée  à  la  pointe  Occi- 
dentale de  rifle,  regarde  l'Orient.  G'eft  là  qu'arrivent  les  flottes 
8c  les  galions  des  Indes  Occidentales ,  avec  l'or  8c  Fargent ,  que 
les  Efpagnols  tirent  de  l'Amérique.  Le  château  a  été  première- 
ment bâti  par  lesJMaures,  8c  a  été  mis  en  très-bon  état  par  les  Ef- 
pagnols. Le  fort  de  Saint  Sebaftien  a  été  conftruit ,  pour  défendre 
l'entrée  du  golfe  ;  8c  le  fort  de  S .  Philippe  pour  aiTurer  le  port.  La 
ville  a  titre  d'Evêché;  8c  l'on  y  voit  plulxeurs  Eglifes,  dont  la 
ftruârure  eft  admirable.  La  terre  de  l'Ifle  produit  de  li  bons  pâtu- 
rages, que  le  bétail  creveroit,  fi  on  l'y  abandonnoit,  8c  ii  l'on 
n'avoit  loin  de  le  faigner  tous  les  mois.  On  y  trouve  des  falines, 
dont  le  lel  eft  excellent.  *  Jouvain ,  Voyage  d'Efpagne.  P.  Labbe, 
Géographie-Royale.  SUP.  Voyez  Calis, 

CADIZÀDELITES,  Sefte de Mahometans ,  qui  fuient 
les  feftins  8c  les  divertiffemens ,  8c  affeétent  une  gravité  extraordi- 
naire dans  toutes  leurs  adtions.  Ils  parlent  inceiTamment  de  Dieu , 
en  public  8c  en  particulier  .Quelques-uns  de  cette  Seûe  font  un  mé- 
lange du  Chriftianifme  8c  de  Ja^Leligion  de  Mahomet.  Ceux-ci 
vivent  fur  ks  Hmites  de  la  Hongrie  8c  de  la  Bofnie.  Us  lifent 
l'Evangile  en  Efckvon ,  8c  l'Alcoran  en  Arabe.  Ils  boivent  du 
vin  pendant  le  mois  de  Ramazan ,  qui  eft  le  mois  du  jeûne  des 
Mahômetans  ;  mais  ils  n'y  mettent  point  de  canelle  ni  d'autres 
drogues ,  8c  alors  il  paffe  parmi  eux  pour  une  liqueur  permife. 
Ils  aiment  8c  protègent  les  Chrétiens ,  autant  qu'ils  peuvent.  Us 
croyent  que  Mahomet  eft  leS.Efprit,  8c  que  ladefcente  des  lan- 
gues de  feu ,  au  jour  de  la  Pentecôte ,  étoit  une  figure  de  la  ve- 
nui^  de  ce  faux  Prophète.  Us  pratiquent  auffi  la  Circoncifion 
comme  les  Juifs  ,  8c  fe  fervent  de  l'exemple  de  Jésus- 
Christ  pour  l'autorifer.  *  Ricaut,  de  i Empire  Ottoman. 
SUP. 

CADLUC,  ou  Cadlucus,  (Vmcent) Polonois ou Ruf- 
fien ,  8c  Prévôt  de  l'Eglife  de  Sendofnir ,  vivoit  encore  au  com- 
mencement du  XIII  Siècle ,  8c  on  fixe  même  le  tems  de  là  mort 
en  1126.  C'eft  le  premier  qui  ait  entrepris  d'écrire  l'Hiftoire  de 
Pologne  ,  8c  quoi  que  ce  fût  avec  un  ftile  peu  poli  ,  fon  def- 
lèin  eft  pourtant  digne  de  louange.  *  Herbutus  de  Ful- 
ftin ,  Rer.  Polon.  li.  6.  in  Vrsf.  Cromer  ,  Rer.  Pol.  li.  7.  Voffius , 
&c. 

C  A  D  M  U  S ,  Roi  de  Thebes ,  étoit  fils  d'Agenor  Roi  de  Phé- 
nicie  Se  de  Thelephafla ,  frère  de  Phénix  8c  de  Cilix  ,  8c  petit-fils 
d'Epaphe.  Il  paffa  la  Béotie ,  fc  bâtit  Thebe  ,  ou  au  moins 
la  citadelle  nommée  Cadmée,  vers  l'an  i6io  du  Monde.  Il  ap- 
porta en  Grèce  ces  feize  lettres  a,  (3,  y,J,  £,»}■(, A,x,v,(i, 
T,  Ç,  a,  T,  u ,  auxquelles  on  dit  que  Palamede  ajouta  ces  quatre 
autres  J,  ? ,  (p  ,  Xt  au  tems  de  la  guerre  de  Troye.  *  Tacite , 
uinn.  li.  11.  Plutarque ,  8cc. 

oS' Les  Poètes  ajoutent  qu'il  fortit  de  fon  pays,  pour  chercher 
fa  fœûr  Europe,  que  Jupiter  avoit  enlevée.  Que  l'oracle  lui  ayant 
commandé  de  paffer  en  Béotie ,  un  des  fiens  ,  puilant  de  l'eau 
dans  une  fontaine,  y  fût  dévoré  par  un  dragon ,  qu'il  tua  par  l'or- 
dre de  Minerve,  lui  arracha  les  dents  8c  les  fema  dans  un  champ, 
oùilenvitfonir  an  grand  nombre  de  Soldats  armez,,  qui  s'en- 
tretuerent  les  uns  les  autres  ;  qu'il  époufa  enfin  Hermione  ou 
Harmonie,  fille  de  Mars  8c  de  Venus,  de  laquelle  il  eutPolydore 
qui  lui  fucceda  ,  Semelé,  Ino,  Antonoé-,  8c  Agave  ,  dont  les 
avantures  font  fi  particulières .  Mais  ceux  qui  cherchent  la  vérité 
dans  ces  peintures  ingenieufes  aiTurent  que  Cadmus  ayant  paiTé 


CAD. 

dans  la  Béotie,  province  de  Grèce,  qui  s'appelloit  alors  EcWe  j  il 
y  tua  un  Prince  du  pays  nommé  Dracon,  mit  adroitement  la  di- 
vifion  parmi  les  peuples  ,  qui  s'oppofoient  à  fon  étabUflèment , 
8c  profitant  de  leurs  defordres  fe  rendit  maître  du  pays.  Par  le 
nom,  qu'il  donna  à  la  ville  qu'il  bâtit,  il  voulut  marquer  la  pre- 
mière origine  de  fes  ancêtres  venus  de  la  grande  ville  de  Thebes  ea 
Egypte.  Il  poliça  fes  peuples ,  8c  leur  donna  l'invention  de  l'écri- 
ture ,  8c  puis  les  malheurs  de  fà  maifon  l'obligèrent  d'aller  finir 
fes  jours  en  Ulyrie.  *  Paufanias  ,  //.p.  Ovide,  li.  3.  Hyo^in. 
faé.  Natalis  Cornes,  ii.ç.c.  14. 

[CADMUS,  félon  d'autres ,  étoit  Maître  d'hôtel  d'un  Roi  dé" 
Tyr,  ou  de  Sidon;  8c  Hermione ,  ou  Harmonie,  fa  femme  étoit 
une  joueufe  de  flûte.  Le  nom  de  Cadmus  femble  être  venu  de 
Cadmoni,  qui  eft  le  nom  d'une  nation  de  laPaleftine  ,  la  même 
que  les  Htvéens.  Harmonie  tire  fon  nom  de  Hermon ,  montagne 
du  même  pays,  8c  l'on  a  dit  qu'elle  avoit  été  changée  en  ferpent, 
parce  que  le  mot  à'Hevéen  fignifie  en  Syriaque  un/erpent.  On 
dit  qu'il  fema  des  dents  de  ferpent ,  8c  qu'il  en  naquit  des  hom^ 
mes  armez  ,  parce  qu'en  Phénicien  ,  pour  dire  des  gens  ar- 
mez, de  javelot j  de  cuivre,  on  fe  fert  de  certains  mots  ,  qui 
peuvent  être  traduits ,  armez  de  dents  de  ferpent.  Au  refte  il  au^ 
roit  fallu  dire  que  Cadmus  apporta  en  Grèce  les  lettres  Phéni^ 
ciennes ,  8c  non  qu'il  les  inveata.  Voyez  Samuel  Bochart ,  dans 
fon  Canaan^ 

C  A  D  M  U  S  de  Milet ,  Hiftorien  Grec ,  étoit  fils  de  Pandion , 
8c  a  écrit,  en  quatre  livres,  un  Ouvrage  de  l'origine  deMilet8c 
de  toute  l'Jonie.C'eft  celui  à  qui  Pline  attribue  l'invention  de  l'HiA 
toire.  U  vivoit  environ  le  temps  de  la  prife  de  Troie  par  les 
Grecs,  c'eft-à-dire,  vers  l'an  2870  du  Monde,  8c  environ  11S4 
avant  la  naiflimce  du  Sauveur.  Il  écrivit  une  Hiftoire  d'Ionie, 
mais  il  faut  prendre  garde  de  ne  le  pas  confondre  avec  un  autre 
Cadmus,  qui  étoit  auffi  natif  de  Milet  ,  8c  Hiftorien ,  8c 
beaucoup  plus  jeune.  U  compofa  l'H^oire  de  l'Attique  ,  en 
feize  livres.  *  Pline,  li.-j.  c.  j6.  Suidas  ,  Jofephe  ,  /;.  i.  contre 
Apion.  Clément  Alexandrin  ,  li.  i.  des  Tapijf.  Voffius  ,  li. 
\.  des  Hift.  Grecs  ,  r.  i.  //.  3.  ^  4.  <:.  i.  de  la  Phdol.  c.  10. 
§.  2. 

C  A  D  O  L  U  S.  Cherchez  Cadalous. 

CADORINE  ,  ou  II  Cadorine,  pays  d'Italie  dafls  la 
Marche  Trévifane ,  des  Etats  de  la  Republique  de  Venife.  C'eft 
le  plus  Septentrional  de  toute  l'Italie,  vers  le  Comté  de  Tirol8c 
les  Alpes  ,  qu'il  a  au  Couchant  8c  au  Septentrion  ,  le  Frioul 
au  Levant  ,  8c  la  Marche  au  Midi.  La  ville  capitale  eft  i,  a 
piEvE  Di  Cadore  fituée  fur  la  rivière  de  Pieve  ou 
Piave. 

C  A  D  O  U  l  N  ,  Abbaye  de  l'Ordre  de  Citeaux ,  du  dioccfe  de 
Sarlat  dans  le  Perigord.  '  C'eft  où  l'on  garde  le  S.  Suaire  de  Jé- 
sus Christ,  lequel  ayant  été  retiré  d'entre  les  mains  des 
Infidèles ,  fut  dépofé  dans  une  Eglife  de  la  ville  de  Jerufalem  , 
où  il  demeura  jufques  à  l'an  1000  qu'il  fut  transporté  à  Antio- 
che  dans  le  temps  que  le 'Calife  de  Babylone  faiibit  une  cruelle 
guerre  aux  Chrétiens.  Ce  tréfor  fut  confervé  à  Antioche  jus- 
ques  en  l'an  1099  ,  que  le  François  s'étant  rendus  maîtres  de 
Jerufalem  8c  de  la  Terre  Sainte  ,  Aymar  Evêque  du  Puy  en 
Velay ,  Légat  Apoftolique  de  l'armée  Chrétienne ,  le  retira  de  la 
ville  d'Antioche ,  8c  l'ayant  gardé  pendant  fa  vie ,  le  confia  ea 
mourant  à  un  de  i^es  Aumôniers  ,  natif  de  Perigord  ,  qui  l'ap- 
porta en  fon  pays  l'an  iio^  avec  l'Hiftoire  du  même  Suaire  , 
8c  le  cacha  dans  une  Egliiè  proche  de  Cadouïn  ,  où  le  feu  s'étant 
pris  par  accident ,  y  conlùma  tout  ,  à  la  referve  du  cofre  ,  où 
cette  Relique  étoit  enfermée.  Les  Rehgieux  de  l'Abbaye  de 
Cadouïn  accoururent  à  ce  miracle ,  enlevèrent  ce  cofre  du  mi- 
lieu des  flammes ,  8c  le  portèrent  dans  leur  Eglife.  Depuis  ce 
tems-là  il  s'y  fit  un  concours  exttaordinaire  de  toutes  parts  5 
cette  dévotion  s'augmentant  de  jour  en  jour  ,  non  feulement 
dans  k  France,  mais  auffi  dans  l'Italie ,  dans  l'Efpagne,  8c dans 
l'Angleterre.  Mais  les  Anglois  ayant  deftèin  d'enlever  ce  thré- 
for  ,  on  le  tranlporta  à  Touloufè  en  1392  ,  où  ,  par  permiP- 
fion  du  Pape ,  l'Archevêque  le  porta  folennellement  par  la  vil- 
le ,  accompagné  de  neuf  Evêques.  Les  Religieux  de  Cadouia 
intentèrent  enfuite  procès  devant  le  Pape  8c  le  Roi  ,  pour  être 
remis  en  poflèflîon  de  cette  Rehque ,  mais  ils  furent  obligez 
de  s'en  délifter.  Néanmoins  en  1/46.  le  Saint  Suaire  fut  em- 
porté de  la  ville  de  Touloufè ,  8c  rapporté  à  Cadouïn.  Le  Roi 
Saint  Louïs  l'alla  vifiter  en  1269.  Charles  VI  ordonna  en  1399 
qu'il  lui  fut  apporté  à  Paris  pour  le  révérer  :  8c  Louïs  XI 
l'ayant  veu,  fit  paroître  par  fès  larmes  k  tendreffe  de  Ùl  dévo- 
tion, 8c  donna  des  biens  à  l'Eglife  de  Cadouïn.  Quelques-uns 
difent  que  ce  fut  Raimond  de  Saint  Gilles  Comte  de  Touloufè 
qui  apporta  le  Saint  Suaire  en  France ,  après  la  conquête  de  k 
Terre-Sainte,  du  temps  du  Pape  Urbain  II  en  1099.  *  Hiftoire 
du  Roi  Charles  VI.  Chron.  Moyffiac.  J.  Putean.rà  Epifc.Petroc. 
SUP. 

CADRITES  ,  forte  de  Religieux  Mahômetans ,  dont  le 
Fondateur  s'appelloit  A^dul-Cadri  ,  8c  avoit  k  réputation  d'ê- 
tre un  grand  Philofophe  8c  Jurifconfulte.  Ils.paflent  une  par- 
tie de  la  nuit  à  tourner  en  rond,  fe  tenant  tous  par  k  main  ,  8c 
répétant  inceffamment  le  mot  Hat  ,  qui  fignifie  -vivant,  8c  qui 
eft  un  des  attributs  de  Dieu;  pendant  qu'un  des  Religieux  joue 
de  k  flûte  pour  les  animer  à  cette  danlè  extravagante.  Us  font 
cet  exercice  toutes  les  nuits  du  Vendredi.  Ce  font  de  grands 
Sophiftes ,  8c  de  fins  Hypocrites ,  qui  ne  difent  leurs  fecrets  qu'à 
ceux  de  leur  profeffioff.  Usnefe  rafent;  point  les  cheveux,  ni  ne  fè 
couvrentjamaislatête,  8c  marchent  toujours  les  pieds  nuds.  On 
leur  permet  de  fortir  du  Couvent ,  8c  de  fe  marier ,  s'ils  le  veulent , 

à  k 


CAD.  CJEC> 

à  la  charge  de  porter  des  boutons  noirs ,  pour  fe  diftinguer  du  peu- 
ple. *Ricaut,  Je  CEmfireOttoman.  SU  P. 

C  A  D  U  C  E'  E  ;  c'eft  ainfî  que  l'on  appelloit  la  verge  que 
Mercure  reçût  d'Apollon ,  en  échange  de  la  lyre  à  fept  cordes  qu'il 
lui  donna.  Quelques-uns  veulent  que  ce  mot  tire  ion  origine  du 
Verbe  Latin  caJere,  qui  iigniiîe  cheoir:  parce  que  félon  la  Fable 
cette  verge  avoit  la  vertu  de  faire  tomber  ,c'eft-à-dire ,  d'appaifer 
toutes  fortes  de  querelles  &  de  difièrens.  C'eft  pourquoi  comme 
les  anciens  Romains  fe  fervoient  de  Hérauts ,  que  l'on  appelloit 
TecMes ,  pour  déclai^r  la  guerre ,  ils  employoient  ceux  que  l'on 
nommoit  Cadueeatorei,  pour  annoncer  la  paix.  Voyez  Voflius ,  au 
mot  Caducée.  Les  anciens  Egyptiens  ont  orné  cette  verge  de  deux 
ferpens ,  dont  l'un  étoit  mâle  ,  8c  l'autre  femelle  :  lefquels  en- 
tortillez à  l'entour  ,  &  comme  nouez  enfemble  par  le  milieu  , 
venoient  s'entrebaifer ,  faifant  comme  un  arc  de  la  plus  haute 
partie  de  leur  corps  ,  à  quoi  l'on  ajouta  deux  ailerons.  Ceci 
eft  fondé ,  difent  les  Mythologiftes ,  fur  ce  que  Mercure  ayant 
trouvé  un  jour  deux  ferpens  qui  febattoient  opiniâtrement  ,  il 
jetta  fa  verge  entre  deux,  &  auffi-tôt  les  accorda  ;  de  forte  que 
depuis  il  la  porta  toujours  pour  une  marque  8c  un  fymbole  de 
paix.  D'autres  difent  que  le  caducée  marque  la  force  de  l'élo- 
quence ,  qui  adoucit  les  .elprits  8c  gagne  les  coeurs  :  que  les  fer- 
pens font  le  fymbole  de  la  prudence  necelfaire  à  l'Orateur  :  8c 
que  les  ailes  lignifient  la  fublimité  du  difcours  8c  la  promptitude 
à  parler  ,  d'où  vient  qu'Homère  appelle  les  paroles  ailées. 
Cette  verge ,  félon  les  Poètes ,  avoit  encore  d'autres  proprietez , 
comme  de  conduire  les  âmes  aux  enfers ,  ou  de  les  en  faire  for- 
tir;  d'exciter,  ou  de  troubler  le  fommeil.  *  Virgile,  £»«(/.//v.  4. 
f^fes  Interprètes. 

C  &.  Voyez..  CS.^ 

[CiECILIANUS  Préfet  du  Prétoire  fous Honorius ,  en 
4.09.  Il  en  eft  fouvent  fait  mention  AznslsCodeTheodofien,  8c 
dans  Zofime  Lib.  v.  8c  Symmaque  Lib.  ix.  Ep.  4.7.] 

CiECILlUS,  Affranchi  de  naiffance ,  mais  confîderé  par 
fon  efprit ,  étoit  de  Galantis ,  ville  de  Sicile.  Il  enfeigna  la  Rhé- 
torique à  Rome,  du  tems  d'Augufte,  écrivit  un  Traité  de  l'Hif- 
toire ,  8c  une  Relation  de  ce  qui  fe  paiïa  en  la  guerre  des  Efclaves. 
On  lui  attribué  encore  quelques  autres  Ouvrages ,  8c  entr'autres 
un  de  ce  que  les  Orateurs  avoient  dit ,  ou  contre ,  ou  en  faveur  de 
l'Hiftoire.  *  Athénée,  //.  6.  é"  11. 

oâ'  Suidas  foûtient  que  ce  Caecilius ,  qu'il  dit  avoir  été  Juif  y 
enfeigna  la  Rhétorique  depuis  l'Empire  d'Augufte  jufqu'à  celui 
d'Adrien.  Ce  qui  paroit  peu  croyable ,  parce  qu'on  compte  près 
de  fbixante-dix  ans  de  l'Empire  de  l'un  à  celui  de  l'autre.  Auffi 
les  Sgavans  croyent  qu'D  y  a  eu  plus  d'un  Auteur  de  ce  nom.  Il 
eft  vrai  que  les  Ajiciens  parlent  d'un  Caecilius  de  Sicile  ,  où  il 
avoit  eu  part  en  l'amitié  de  Verrez  ;  mais  il  ne  peut  être  celui 
dont  je  parle.  Dalechamp,  qui  a  tradnit  Athénée,  a  crû  que 
Caecilius  étoit  né  dans  l'Attique  ;  mais  il  s'eft  trompé  en  cela ,  com- 
me Cafaubon  8c  Voflius  l'ont  remarqué.  *  Dalechamp ,  /i .  6.  c^  u . 
Mhen.  Cafaubon,/».^f/5'e»./(^. 6. c.zi, Voflius,  deUiJl.Cr^c.li.i. 
c.  4.  (^C. 

CiECILIUS,  célèbre  Avocat  de  Rome ,  vivoit  fur  la  fin 
du  II.  Siècle,  8c  au  commencement  du  III.  C'eft  le  même  que 
Minutius  Félix  innoduit  dans  fon  Dialogue  qu'il  intitule  oâa- 
"vius.  Cet  Oétavius  étoit  ami  de  Minutius  Félix;  8c  Dieu  ,  qui 
leur  avoit  fait  la  grâce  de  les  éclairer  des  veritez  de  la  foi ,  fe  fer- 
vit  de  ce  preinier,  pour  convertir  Csecilius  aufliami  de  Minu- 
tius Félix.  On  dit  inême  qu'il  fut  honoré  du  facerdoce ,  8c  on 
croit  que  c'eft  ce  même  Caecilius  dont  il  eft  parlé  dans  la  Vie 
de  Saint  Cyprien ,  8c  qui  contribua  à  la  converlion  de  ce  Dodleur 
de  l'Eglife,  lequel  prit  au  Baptême  le  nom  de  Caecilius,  pour 
témoigner  la  confideration  qu'il  avoit  pour  fon  maître  8c  fon 
ami.  *  Minutius  Félix ,  in  OB.  Fonce,  inVitit  i.Cy/ir.Baronius  , 
A.Ç.zii.n.z. 

CAECILIUS,  ou  Céciliens ,  Famille*  Les  Auteurs  parlent 
diverfement  de  l'origine  de  la  Famille  des  Céciliens ,  qui  étoit 
une  des  plus  confiderables  entre  celles  du  peuple.  Quelques- 
uns  difent  qu'elle  eft  venue  d'un  Troyen  compagnon  d'Enée. 
C'eft  Cascades  ou  Caeculus ,  que  la  Fable  fait  fils  de  Vulcain ,  ainfi 
nommé ,  parce  qu'il  avoit  la  prunelle  des  yeux  moindre  que  les 
autres.  Virgile  en  faitmention,  comme  du  fondateur  de  Prenefte, 
li.  7.  de  l'Enéide, 

Ntc  Trtneflimfmidator  defitlt  urbis: 
Vulcano  geaitum  fecora  inttr  agreflia  regem  l 
Inventuntque  ficis ,  omnii  qutm  credidit  »tns, 
Ctcfdus,  (^c. 

Le  plus  ancien  entre  les  Céciliens ,  dont  nous  ayons  connoiiTan- 
ce,  eft  L.  C^ciLius  Metellos,  que  quelques-uns 
furnomment  Dento ,  lequel  fut  Conful  avec  C.  Servilius  Tuc- 
ca,  l'an  470. de  Rome,  384.  avant  l'Ere  Chrétienne.  L'année 
après  fon  Confulat  il  fut  tué  par  les  Gaulois  Senonois ,  qui  aflîe- 
geoient  Arezzo ,  8c  qui  tuèrent  avec  lui  1 3 .  mUle  hommes ,  qu'il 
conduifoit.  .  Il  fut  père  de  L.  CjEcilius  Metellus 
qui  défit  Afdrubal  en  Sicile ,  comme  je  le  dirai  ci-après ,  ,8c  ce 
dernier  laiflTa  Q.  Cacilius  Metellus,  qui  tut  Maître 
de  la  Cavalerie  8c ConfuU'an  5-48  avec  L.  Vettu-ius  Philo.  Il  eut 
deux  fils,  CiECiLius  Metellus,  dont  je. parlerai  dans  la  fuite. 
8c  L.  CjeciliusMetellus  furnommé  Ccdvus ,  qui  fit 
une  branche  particulière.  Celui-ci  fut  Conful  l'an  61 1  avec 
Tom.  U. 


Q.  Fabius  Maiimus  Servilianus.  julius  Obfequens  ;  Ciceron  - 
Eutrope ,  8c  Caffiodore  font  mention  de  lui;  Il  laiiTa  L.  C  a- 
ciLius  Metellus  dit  Calvus  ,  qui  fut  Conful  l'an  62 f. 
avec  Li  Aurelius  Cotta ,  ScCenfeurenôjp  avec  Cn.Domitius. 
Ce  fut  alors  qu'ils  bannirent  de  Rome  tous  les  arts  qui  ne  fer- 
voient qu'au  divertifTement  ,  excepté  les  joueurs  dé  flûtes  Lati- 
nes avec  la  voix,  8c  le  jeu  des  Tais.  Le  fils  de  ce  dernier  eft 
CiE CILIUS  Metellus  k  Numidique  ,  dont  je  psjlerai 
ci-après  ,  père  deC^ECiLius  Metellus  Scipio  fur- 
nommé  Fius ,  qui  fut  Conful  avec  Sylla  en  674 ,  8c  qui  fit  la  guer- 
re en  Efpagne  contre  Sertorius.  Appian ,  Caffiodore ,'  Plutar- 
que,  Velleius  Paterculus,  8cc.  font  mention  de  lui.  «on  fils, 
qui  étoit  de  même  nom  que  lui,  fut  Conful  l'an  703  de  Ro- 
me avec  Pompée  le  Grand,  dontilfuivit  le  parti.  Il  fit  la  guer- 
re àCéfar  en  Afrique  l'an  708,  8c  voulant  paffer  en  Efpagne, 
après  avoir  été  vaincu",  il  périt  avec  la  flotte,  que  la  tempête 
pouffa  au  port  de  Bonne,  8c  que  Sitius  coula  à  fond.  Après  cela 
il  faut  parler  de  la  branche  des  ainez .  Q^C^cilius  Metel- 
lus fut  furnommé /eMa(;f</o»;5«e,  8c  eut  quatre  fils.  Les  deux 
premiers  laifîèrent  pofterité  ,  comme  je  le  marquerai  dans  la 
fuite.  Les  deux  autres  furent  M.  Caecilius  M.etellusj 
qui  fut  Conful  l'an  639  de  Rome  avec  M.  jEmilius  Scaurus  , 
8c  défit  les  peuples  de  Sardagne ,  dont  il  triompha  ;  8c  C.  C  /e- 
■ciLius  Metellus  furnommé  Caprarius  ,  qui  fut  Con- 
ful avec  Cn.  Papirius  Carbo  l'an  64 1 ,  8c  qui  triompha  de  la  Macé- 
doine. Les  deux  aînez  font  Q^C^ecilius  Metellus  fur- 
nommé  Balearius  qui  fut  Conful  en  63 1  avec  T.  Quinftius  Flami- 
nius,  8c  Cenfeur  en  634  avec  Q^Servilius.U  fit  la  guerre  en  Efpagne 
8c  dans  les  ifles  Baléares  qu'il  foûmit.  Il  laiflà  Q^  C  ^e  c  i- 
Lius  Metellus  furnommé  Nepos,  Conful  en  6/6  avec 
T.  Didius,  8c  père  de  deux  fils,  félon  Ciceron,  de  Q^  Caecilius 
Metellus  furnommé  Nepos  ,  Conful  en  697  avec  P.  Cotnelius 
Lentulus  Spinter  ;  8c  Q^  Caecilius  Metellus  Celer  ,  qui  exerça 
en  694  la  même  charge  avec  L.  Afranius.  Ciceron  ,  Pline  , 
Dion  ,  Caflîodore  ,  8cc.  en  font  mention.  L.  C  je ci l  i  u  s 
Metellus  furnommé  Dalmaticus,  fécond  fils  du  Macedoni- 
que,  fut  Conful  en  637  de  Rome  avec  Q^  Mutius  Scevola 
Augur ,  détruifit  les  Dalmates ,  dont  il  eut  le  furnom  de  Dal- 
matiens, 8c  fit  bâtir  le  temple  de  Caftor.  Les  Auteurs  par- 
lent de  trois  fils  qu'il  eut;  l'aîné-étoit L. Caecilius  Metellus,  qui 
fut  Préteur  en  Sicile  l'an  684,  8c  qui  mourut  étant  defîgné  Con- 
ful avec  Q.  Marcius  Rex ,  l'an  686  ;  le  troifiéme  étoit  M.  Cae- 
cilius ;  8c  le  puîné ,  qui  laiflà  pofterité ,  Q^C^cilius  Me- 
tellus furnommé  Creticus.  Celui  -  ci  fut  Conful  avec  Q. 
Hortenlius  en  68f .  II  foûmit  l'ifle  de  Crète ,  dont  il  triompha , 
8c  il  en  mérita  le  furnom  as  Creticus.  Son  fils  Q^  Cïecilius  laiflîà 
Q;  Caecilius  Metellus  Crcr/tw^ ,  qui  fut  Conful  avec  L.  Licinius 
Nerva  l'an  7  de  l'Ere  Chrétienne,  qui  étoit  le  760.  de  Rome* 
La  Famille  des  CeciKens  a  encore  eu  P.  C  a  ci  l  i  u  s  célèbre 
Jurifconfulte ,  que  nous  voyons  fouvent  cité  dans  les  Livres  des 
Digeftes ;  8c  S  e x  t.  C  j-: ci  l  i  u  s  ,  qui  enfeigna  le  Droit  ibus 
l'Efnpire  de  Trajan  8c  d'Adrien.  Bernardin  Rutilius  parle  de  l'un 
8c- de  l'autre  dans  les  Vies  des  anciens  Jurtfconfultes.  Mais  pour 
être  mieux  perfuadé  du  mérite  de  cette  Famille,  il  faut  que  je 
rapporte  ce  que  Velleius  Paterculus  en  dit  dans  le  i  livre  de  fon 
Hifîoire,  après  avoir  marqué  le  triomphe  de  Metellus  le  Numi- 
dique. Ce  qui  arriva  l'an  647  de  Rome.  Il  eft  à  propos  ,  dit- 
il  ,  de  faire  réflexion  en  ce  lieu  fur  les  avantages  de  la  Maifon 
des  Céciliens ,  ou  des  Metellus.  Au  tems  dont  nous  parlons  on 
remarque  plus  de  douze  Magiftrats  de  ce  nom ,  qui  en  douze  ans 
furent  élevez  aux  premiers  honneurs  de  la  ville ,  les  uns  au  Confu- 
lat, les  autre»  à  la  Cenfure ,  8c  il  y  en  eut  encore  qui  ajoutèrent  à 
ces  dignitez  la  gloire  du  triomphe. 

L.  CiECILIUS  METELLUS,Conful8cCapitaineRo^ 
main.  On  croit  qu'il  étoit  fils  de  Q^  Cxcilius ,  qui  fut  Conful 
avec  C.  Servilius  Tucca  l'an  47  o  de  Rome.  Celui  dont  j  e  parle , 
le  fut  avec  C.  Furius  Pacilius  l  an  ^•03  de  la  fondation  de  Rome,  en- 
viron 2 y  I  avant  la  naiffance  de  J  e  s  u  s-C  h  r  i  s  t.  Il  fit  la  guerre 
en  Sicile  contre  les  Carthaginois.  D'abord  il  fe  tint  dans  les  mon- 
tagnes 8c  fort  ferré ,  ne  voulant  ni  expofer  fcs  troupes ,  ni  être  en- 
fermé par  les  ennemis.  Quelque  temps  après  il  s'élargit  dans  la 
plaine ,  8c  il  emporta  Theruce  8c  Liparis ,  à  la  barbe  même  de 
l'armée  ennemie.  Il  veilloit  cependant  à  la  démarche  d'Afdrubal 
Général  des  Cartliaginois ,  8c  grand  Capitaine  ;  8c  cherchoit  les 
occafions  de  le  furprendre.  Il  prit  fi  bien  fon  temps ,  qu'il  le 
chargea  inopinément  près  de  Palerme ,  dans  le  temps  qu'il  délo- 
geoit,  8c  le  défit  entièrement;  Il  lui  tua  même  vingt-fix  éle- 
phans,  8c  il  en  prit  cent-quatre ,  qu'on  mena  à  Rome  avec  treize 
chefs  des  eimemis  enchaînez  :  ce  qui  fut  un  des  plus  iUuftres  orne- 
mens  de  fon  triomphe.  L.  Caecilius  Metellus  fut  encore  Conful  en 
l'an  fof  de  Rome  avec  M. Fabius  Buteo.  *Polybe,/;.  i  Eubope, 
li.  1.  Caflîodore,  Pline,  8cg. 

C  yE  C I  L I U  S  METELLUS ,  (  Quintus  )  Conful  8c  Capitai- 
ne Romain,  fut  rurnommé  le  Macedomque,  pour  avoir  flibjugué 
la  Macédoine  l'an  607  de  Rome ,  8c  vaincu  un  certain  Andrifcus , 
quifefaifoit  Roi  de  ce  pays,  8c  avoit  pris  lenom  de  Philippe.  Il 
défit  les  Achaïens;  8c  il  remporta  de  grands  avantages  en  Efpagne. 
Sa  trop  grande  feverité  le  fit  haïr  du  peuple  ;  8c  fut  caufe  qu'il  eut 
peine  d'arriver  au  Confulat ,  qu'on  lui  avoit  refufé  deux  fois.  On 
remarque  qu'il  fut  porté  à  la  fepulnire  fur  les  épaules  de  quatre  fils , 
qu'il  laifl"a ,  8c  dont  je  parlerai  dans  la  fuite  ;  après  avoir  eu  le  plaifir 
d'en  voir  trois  honorez  de  la  dignité  de  Conful ,  8c  le  quatrième 
remporter  l'honneur  du  triomphe.  *TiteLive,  lié.  49.  &  jo. 
Florus  ,  l't.  z.  ch.  14.  Aurelius  Viâor,  des  hommes  illuji.  ch.  61, 
Eutrope,  8cc. 

CiEGILIUS  METELLUS,  (Quintus)  étoitfilsde  L. 
A  î  Ck- 


G  CAE.  • 

Csecilius  Metellus  Gilvus ,  qui  fut  auffi  Conful ,  &  mérita  le  nom 
de  numidii\ue,  parce  qu'il  triompha  de  Jugurtlia,  Roi  de  Nu- 
midie.  '  Cela  arriva  l'an  645-  ou  46  de  Rome  ,  qu'il  obtint 
le  Confulat  avec  M.  Junius  Silanus.  L'Afrique  échut  à  Q^Caeci- 
lius  Metellus  ,  6c  fa  vertu  étoit  fi  univerfellement  reconnue  à 
Rome ,  qu'on  y  compta  extrêmement.fur  fa  valeur  &  fur  fa  probi- 
té. On  ne  fe  trompa  pas,  il  entra  dans  le  pays  ennemi  après  avoir 
rétabh  la  difcipline  militaire ,  que  la  mollefié  de  ceux  qui  l'avoient 
précédé  dans  la  charge  de  General,  avoitlaiflé  corrompre.  Ge 
iiit  alors  que  Jugurtha  effrayé,  lui  iit  demander  la  paix,  avec  pro- 
meflé  de  fe  foûmettre  aux  Romains.  Cette  offre  ne  rendit  pas  le 
Conful  plus  négligent,  au  contraire  il  fe  campa  toujours  avanta- 
geufement ,  8t  envoyoit  avec  ibin  aux  nouvelles  ;  ayant  appris  que 
Jugurtha étoit  allez  éloigné,  il  lui  enleva  la  ville  de  Vacca,  où  il 
établit  fes  magazins.  Enfuite  il  défit  Jugurtha ,  mais  cette  viétoi- 
re  n'étant  pas  aufli  parfaite  qu'il  le  fouhaitoit ,  il  fut  aiTieger  Zama 
capitale  de  Numidie.  Le  Roi  l'obligea  de  laiffer  cette  entreprife. 
L'année  d'après ,  qui  étoit  la  646.  de  Rome ,  Vacca  fe  révolta ,  & 
Metellusla  prit  par  rufe ,  Se  tailla  en  pièces  les  habitans ,  qui  lui  al- 
loient  au  devant.  Après  cela  il  défit  encore  Jugurtha,  dans  une 
ville  nommée Thala  qu'on  lui  abandonna;  mais  comme  cette 
guerre  traînoit  en  longueur ,  Marius ,  qui  fut  Conful  l'an  647  , 
obtint  la  commiiTion  de  l'achever ,  Se  Csecilius  Metellus  fut  obligé 
de  s'en  revenir ,  mais  fon  triomphe  n'en  fut  pas  moins  beau.  Quel- 
que tems  après  étant  Cenfeur ,  il  ne  voulut  jamais  admettre  au 
dénombrement  des  citoiens  un  certain  Quinftius,  quifedifoit 
faulfement  fils  de  Tiberius  Gracchus.  Il  refufa  auffi  de  jurer  pour 
la  loi  d' Apuleius ,  qui  n'avoit  été  autorifée  que  par  la  force  :  ce  qui 
le  fit  condamner  au  banniifement ,  fous  le  fixiéme  Confulat  de  Ma- 
rins, l'an  6j-4.  de  Rome;  ScilaHaàSmirne.  Il  fut  depuis  rap- 
pelle par  les  prières  de  fon  fils ,  qui  pour  cela  fut  appelle  /e  Vieux. 


CAE.  CAF. 

bre  dé  k  monhoye  en  1430.  L'Univerfité  y  a  été  foiidép  vers 
l'an  1430. ou  31.  L'Evêque  de  Bayeux  en  eft  Chancelier,  &les 
Evêques  de  Lizieux  &  de  Coutances  font  Confervateurs  des  pri- 
vilèges Apoftoliques.  Cette  Univerfité  eft  compofée  de  trois 
Collèges  ,  qui  font  du  Bois  ,  du  Cloutier  ,  Se  des  Arts.  Les 
Jefuites  en  ont  aufll  un  en  cette  ville,  qui  a  été  fécond  en  gens 
de  Lettres  8c  fur-tout  dans  le  XVII.  Siècle.  Ony  a  établi  depuis 
environ  vingt  ans  une  Académie  compofée  de  perfonnes  de  mé- 
rite 8c  de  fçavoir.  Caen  eft;  encore  une  viUe  de  grand  commer- 
ce -,  n'étant  qu'à  trois  ou  quatre  lieuè's  de  la  mer ,  d'où  remon- 
,tent  avec  la  marée  de  gros  navires  fur  l'Orne ,  qui  y  reçoit  l'Ou- 
don  au  pont  Saint  Pierre.  L'Oudon  traverfe  la  ville  par  deux 
canaux ,  y  fert  à  divers  ufages  aux  habitans ,  8c  remplit  les  fof- 
fez.  Il  y  a  un  de  ces  canaux,  qid  paflè  près  d'une  des  places, 
dite /a  ^letce  Royale,  8c  un  autre  a  celle  de  Saint  Sauveur ,  où  eft 
le  Collège  du  Bois.  Caen  a  diverfes  foires  qui  fervent  à  y  en^ 
trétenir  le  commerce,  celle  de  la  ^;w_/7»3o<;o  eft  des  plus  renom- 
mées. Mais  au  refte  cette  ville  eut  beaucoup  de  part ,  fur  la  fin 
du  XVI.  Siècle,  aux  guerres  civiles.  Elle  tomba  au  pouvoir  des 
Huguenots  ,  qui  y  abolirent  l'ufage  de  l'ancienne  Religion  en 
15-62.  Quelque  tems  après  elle  fe  remit  fous  l'obéiflànce  du  Roi  , 
qui  fit  une  déclaration  en  fa  faveur  pour  la  liberté  de  confcience. 
Depuis ,  au  commencement  de  l'année  fuivante  ,  les  habitans , 
qui  étoient  prefque  tous  Huguenots ,  en  viment  atLX  mains  avec 
ceux  du  château  :  Coligni  donna  du  fecours  aux  habitans,  ils 
affiegerènt  le  château  dans  les  formes  au  mois  de  Mars ,  8c  l'em- 
portèrent. Ceux  de  Caen  fe  vantent  d'avoir  toujours  été  bien 
fidèles  ,  8c  ils  difent  même  que  c'eft  pour  cette  raifon  qu'on  leur 
a  permis  d'avoir  trois  fleurs  de  lis  dans  leurs  armes.  On  croit  que 
le  fécond  Concile ,  que  Maurille  Archevêque  de  Rouen  célébra 
en  1063  ,  fut  tenu  a  Caen  en  préfence  de  Guillaume /e  Bâtard  , 


Ce  fut  l'année  fuivante,  fous  le  Confulat  de  M.  Antonius  Scd'A.  [  lequel  y  eft  enterré  dans  l'Abbaye  de  Saint  Etienne ,  qu'il  y  fon- 
Pofthumius  Albinus.     *  Salufte  ,  in  Jugurt.  Florus,  /;.  3.  Ap-  ,  da,  comme  Mahaud  de  Flandres  fa  femme  y  fonda  celle  de  la 


Trinité.  *  Chronique  de  S.  Etienne  de  Caen ,  Charles  de  Bour- 
gueville.  Sieur  de  Bra;  Ktch.  dti  Aiitiq.  de  Normand,  éf  de  Caen. 
Du  Chefne ,  Rech.  des  villes  de  France.  Papire  Maflbn ,  Defcr^ 
fium.GaU..  DeTliou,  Hifi.  fui  temf.  li.  33.  34.  é^feq.  DeBrieu, 


pian.  lié.  i .  Plutarque ,  in  Mur,  Ciceron ,  Eutrope ,  Caffiodore , 
Sec. 

CiECILIUS  STATIUS,  Poète  Comique,  natif  des  envi- 
ronsdeMilan,  vivoit  la  féconde  année  de  la  CL.  Olympiade,  qui ,-.         a    -,   ,         ^      i-      d 
étoit  Fan Hf-  de  Rome,  3875-.  du  Monde,  8c  179.  avantl'Ere  j  '"^t'ft-  Robert.  Cenahs,  Sec. 
Chietienne.  Il  étoit  contemporain  d'Ennius ,  8c il laiflâ quelques       C^RON,  Pais  dans l'Aftyrie,  fertile  enamome,  oùjofeph 
Comédies ,  dont  Robert  Etienne  a  recueilli  les  fragmens.     Cice-  1  dit  que  l'on  voyoit  de  fon  temps  les  reftes  de  l'arche  de  Noë.  ■  *  Jo-- 
ion  l'accufe  de  parler  mal  Latin  ;  bien  que  Volcatius  Sedigitus  le  .  feph,  .^ntiqiiit.  liv.  20.  ch.  i.  Samuel  Bochart  croitiya'ii  faut  lire 
nomme  le  Prince  des   Poètes- Comiques.     *  S.  Jérôme,    in^ff^^rdon  d^insjpjef  h.  Voyez  {onVhakgliè.  i.c.^. 
Chron.  Ciceron,  ad  Attic.  £c  Aule-Gelle  ,   au  li.  4.  c.  20.  ç^  /;, 

IJ.C.lf. 

CiE eu  LU  S,  fils  de  Vulcain.  Cherchez  Ceculus. 
C  ^  L I U  S.  Cherchez  Cœlius. 


CiESAREOPOLIS,  ville.  Voyez  Komarkt. 

[CiESARIUS,    Maître   des    Ofiices  fous    Theodofe  h 
grand  8c  fes  fils.     Ce  fut  lui  que  Theodofe  envoya  ,  pour  pu- 
nir la  fèdition  de  ceux  d'Antioche.     Voyez    ^heodoret   Hift. 
i-^  zc  T  TTTc-   *  TvTfr.To  A  rr.T?n    /t      "     \        ".  '     v         TtT    Ecclcf:  1.  V.  c.  10.  Chryfoft.  de  flat.  Or.  xvi.  Libanius  Orat.  de 
i^^R^:il^d^Jit'tL',''«;t'^Ûr"rr±    ^---  SC7..  GW^'iProfopograph.  Cod.  Theodofe.] 


CiESENNIUS.  Cherchez  Petus. 

CAFFA,  ville  de  la  petite  Tartarie,  fut  le  bord  de  k  mer 
Noire ,  du  côté  de  l'ancien  Bofphore  Cimmerien ,  qui  a  été  de- 


toire  Romaine ,  dont  M.  Brutus  fit  un  Abrégé ,  comme  nous 
l'apprenons  de  Ciceron ,  dans  une  de  les  Epitres  à  Atticus.  On 
connoit  en  quel  tems  il  vivoit ,  par  ce  que  Valere  Maxime  rap- 
porte de  lui.   Car  parlant  comme  Gracchus  fut  averti  enfonge 

par  fon  frère,  qu'il  feroit  tué  dans  le  Capitole,  il  ajoute  :  Ck-  |  puis  appelle  détroit  de  càfa,  du  nom  de  cette  "viller  Lercé- 
lius  fidèle  Hiftorien  afllire  q^e  le  bruit  de  ce  fonge  vint  à  fa  con-  1  nois  s'en  rendirent  maîtres  dans  le  XIII.  Siècle  ,  du  temps  de  la 
noiflânce ,  pendant  que  Gracchus  étoit  encore  en  vie.  Ce  Grac-  !  guerre  fainte ,  .Se  de  k  décadence  de  l'Empire  d'Orient  Maho- 
chus  fut  tue  en  633.  de  Rome,  comme  je  le  dis  ailleurs.  Cicc-  |  met  II.  k  prit  en  i^-jf^  fur  les  Génois ,  8c  les  Suluns  y  ont  de- 
ron,  Aule-Gelle,  Tite-Live,  Servius , Charifius ,  Feftus , Nonius,  1  puis  entretenu  une  forte  garnifon.  Il  y  a  deux  châteaux,  dont 
Pnfcien,  8cc.  parlent  de  Cahus  Antipater.  Les  Curieux  pour-  I  l'un  commande  tous  les  envh-ons,  Se  eft  k  demeure  du  Bâcha; 
ront  corifulter  VofTius,  des  Hift.  lat.  U.  i.c.8.  Voyez  Antipa-  l'autre  eft  plus  petit ,  mais  il  eft  bien  muni  d'artillerie.  On 
^^^-  !  compte  quatre  mille  maifons  dans  Caffa:  trois  mille  deux  cens 

CAEN,  fur  l'Orne ,  ville  de  France  ,  capitale^e  la  baffe  Nor-  !  de  Mahometans  ,  de  Turcs  ,  8c  de  Tartares  ;  8e  huit  cens  de 
mandie ,  avec  Préfidial ,  Bailliage ,  Eleftion ,  Généralité ,  Bu-  :  Clirétiens ,  de  Catholiques ,  de  Grecs ,  8c  d'Arméniens.  On  n'y 
reaux  des  Finances- 8c  des  Thréforiers ,  Se  Univerfité.  Les  Auteurs  voit  aucun  édifice  de  pierre ,  excfepté  huit  anciennes  Eglifes ,  qui 
Latins  la  nomment  Ci!ti/cro«w;  on  parle  diverfement  de  l'origine  :  ont  été  bâties  par  les  Génois;  quoi  que  d'autres  rapportent  qu'il 
de  ce  nom.  Le  Préfident  Fauchet  croit  que  Caen  eft  un  nom  )  y  a  quarante-cinq  Eglifes  :  une  des  Catholiques,  dédiée  à  S. 
corrompu  Se  abrégé  de  celui  de  Quentwic  ou  Qjaentovic ,  une  [  Pierre  :  douze  des  Grecs  :  8c  trente-deux  des  Arméniens.  Les 
des  villes  où  Charles  le  C^axtic faifoit  battre  la  monnoye.  Mais  1  maifons  ordinaires  font  de  terre  Se  de  mortier.  L'air  yefttrès- 


il  s'eft  trompé,  SeatrompéHondius, Janfon,  Bertius,  8c  quel- 
ques autres;  car  dans  leurs  Cartes  Géographiques  vous  voyez 
Quéntovic  mis  pour  Caen  fur  la  rivière  d'Orne  ,  entre  Bayeux 
Se  Falaife.  D'autres  eftiment  que  CaiusCéiar  la  fit  bâtir.  Se  qu'il 
k  nomma  Cadomum .  comme  qui  diroit  Caii  domus.  Cela  eft 
encore  fabuleux ,  quoi  que  très-bien  exgrimé  dans  un  Poème  de 
M.  Hallei  Profeffeur  Royal  en  éloquence  dans  l'Univerfîté  de 
Caen.  Je  crois  qu'il  faut  mettre  encore  entre  les  étymologies 
fabuleufes  celle  de  quelques  Auteurs  qui  turent  le  nom  de  Ca- 
domum de  la  fituation  de  Caen ,  qui  la  rend  raaîtreffe  de  la  cam- 
pagne voifîné ,  Campo  domus.  Le  fentiment  de  Guillaume  le 
Breton  n'eft  pas  plus  heureux,  lors  qu'il  s'eft  imaginé  que  Caen 
avoit  pour  fondateur  un  certain  Caius  Maître  d'hôtel  du  Roi  Ar- 
tus.  Samuel  Bochart,  qui  n'a  pas  été  un  des  moindres  ornemens  de 
la  ville  de  Caen ,  a  thé  ce  nom  du  mot  Saxon  latinifé  Kadomum , 
comme  qui  diroit  demeure  agrcubU  ç^  divine.  Quoi  qu'il  en  Ibit , 
Caen  n'eft  point  une  ville  ancienne ,  &  n'eft  conliderable  que  de- 
puis le  XIII.  Siècle.  Aujourd'hui  elle  eft  graiide ,  belle,  riche,  8e 
bien  peuplée.  La  rivière  d'Orne  la  fèpare  du  fauxbourg  de  Vau- 
celle,  qui  eft  une  grande  partie  de  k  ville:  8c  elles  lé  joignent 
par  le  polu  Saint  Jacques  8c  par  le  pont  Saint  Pierre.  La  maifon 
de  ville ,  bâtie  fur  ce  dernier ,  eft  un  grand  édifice  avec  quatre 
greffes  tours.  Caen  a  auffi  un  bon  château  bâti  fur  une  éminen- 
ce.  Il  y  a  encore  de  belles  Eglifes ,  deux  Abbayes ,  divers  Mo- 
nafteres ,  Se  tout  ce  qui  peut  contribuer  à  l'ornement  des  villes , 
comme  des  édifices  publics ,  des  placer,  des  fontaines,  des  pro- 
menoirs ,  Sec.  J'ai  déjà  remarqué  tous  les  divers  tribunaux  de 
juftice  qui  font  a  Caen.    Le  Roi  Henri  II.  y  établit  k  Cham- 


fain  :  mais  les  eaux  n'y  font  pas  bonnes.  Il  y  croît  auffi  fort 
peu  de  fruits.  Pour  ce  qui  eft  des  autres  alimens,  on  dit  qu'il 
n'y  a  point  de  ville  au  monde ,  où  ils  foient  meilleurs ,  8e  à  plus 
bas  prix.  Le  mouton  y  a  un  goût  excellent ,  8c  k  livre  n'en 
coûte  que  quatre  deniers.  Les  autres  viandes  ,  k  volaille ,  le 
beurre.  Se  le  pain,  fè  vendent  à  proportion  encore  moins.  Mais 
le  poilïbn  fiais  y  eft  aflèz  rare ,  8c  l'on  n'en  pêthè  aux  environs 
du  port  que  de  petits ,  en  Automne ,  ou  au  Printems.  Prefque 
tous  les  "Turcs  &  tous  les  Tartares,  qui  font  là,  portent  de  pe- 
tits bonnets  de  drap,  doublez  de  peau  de  mouton.  Et  comme 
le  bonnet  eft  dans  toute  l'Afie  la  plus  ordinaire  coifSire  des 
Chrétiens ,  ceux  de  Caffa  font  obligez  d'attacher  aux  leurs  une 
petite  pièce  de  drap ,  (  comme  en  Allemagne  les  Juifs  en  ont  à 
leur  manteau  )  afin  que  cette  marque  les  diftingue  des  Maho- 
metans. La  rade  de  Caffe.  eft  commode'.  Se  fort  afllirée  pour 
les  vaiflêaux.  Il  s'y  fait  un  plus  grand  commerc<?  qu'en  aucun 
port  de  la  mer  Noire.  Le  trafic  le  plus  ordinaire  eft  depoiffon 
falé ,  Se  de  Caviar ,  qui  vient  de  la  mer  de  2,abache ,  Se  qui  le 
tranfporte  dans  l'Europe  ,  8c  jufques  aux  Indes.  On  dit  que 
l'on  prend  dans  cette  mer  des  poifîbns ,  qui  pèlent  huit  à  neuf 
cens  livres  chacun ,  Se  dont  on  fait  trois  ou  quatre  quintaux  de 
Caviar.  La  raifon  que  les  gens  du  pays  apportent  de  l'abondan- 
ce Se  de  k  groffeur  des  poiflbns ,  qui  fe  trouvent  dans  la  mer  de 
Zaba'che,  eft  que  fon  eau  eft  limonneufe  ,  Se  peu  falée  ,  à 
caufe  du  Don  ou  Tenais ,  qui  s'y  jette  :  c'eft  pourquoi  elle  atti-' 
re,  difent-ils,  le  poilïbn  du  Don,  Se  de  la  mer  Noire;  Se  le 
nourrit  Se  l'engraiffe  en  peu  de  temps.  La  pèche  fe  fait  depuis 
le  mois  d'Oftobre  jufqu'en  Avril.    Outre  le  tranfport  du  poilïbn , 


CAF. 


f 


CAG. 


de.  vient  encore  prendre  à  CafFa,  du  blé,  du  beurre,  Se  du  fel,'  d'une  certaine  racine  qui  leur  fert  de  pain.Ontrduye  dans  leur  pays 
pourConftantinople,  &pour  d'autres  lieux.  Le  beurre  decepaïs  des  chevaux  &  des  ânes  fauvages,  qui  font  mouclietez  de  pluùeurs 
cft  le  plus  excellent  de  Turquie.  Les  Vénitiens  ont  fouventdeman-  couleurs  très-vives  Êc  très-belles.  Ordinairement  les  chevaux  font 
dé  permiflion  d'y  négocier,mais  on  la  leur  a  toujours  refufée.  L'an  bien  faits,&  ont  le  dos  8c  le  ventre  tachetez  de  jaune.de  noir,d'écar- 
1 6  7  z .  le  Chevalier  Quirini  fit  de  grandes'  dépenfes  pour  robtenir,ik  late,&  d'azur  :  mais  la  peau  des  ânes  fauvages  cft  marquée  de  blanc 
l'obtint  en  ef&t;mais  le  Douanier  de  Gonftantinople  la  fit  révoquer,  8c  de  couleur  de  noilétte.  En  1 66i .  les  Sonqaas  portèrent  une  de  ces 
ayant  remontré  au  Grand- Vifir,  que  le  négoce  des  Vénitiens  lijr  la  peaux  au  C.ip  de  Bonne  Elperance ,  Se  la  donnèrent  pour  du  tabac 
mer  Noire  étoit  très-dommageable  au  Grand-Seigneur,8c  à  fon  E-  aux  HoUandois.qui  l'ayant  remplie  de  paille,  la  fufpendirent  dans  la 
tat  j  Que  c'étoit  ouvrir  aux  Princes  Chrétiens  une  nouvelle  voye  de  fale  du  château ,  comme  une  chofe  digne  de  la  curiofîté  des  étran- 
communiquer,&  de  fe  lier  avec  ceux,qui  font  fur  les  côtes  de  cette  gers  qui  prenent  terre  fur  cette  côte.Ces  Cafres  font  voleui-s  de  pro- 
mer,  lefquclsfupportent  avec  peine  le  joug  des  Turcs:  Que  cette  teifion.Sc  tout  le  bétail  qu'ils  peuvent  enlever,ell:  de  bonne  prife.Les 
permiflion  ruïneroit  une  infinité  degens,fujets  duGrand-Seigneur,  :  autres  Hottentots  ne  fçauroient  ni  les  attraper ,  ni  les  trouver  dans 
parce  que  les  Vénitiens  feroient  en  forte  d'être  feuls  les  voituriers  _  leurs  cavernesXçurs  habits  font  des  peaux  de  bufle  coufués  enfem- 
de  la  mer  Noire,  8c  que  chacun  croiroit  avoir  plus  de  fureté  de  ;  ble,  dont  ils  font  une  eipece  de  manteau.  Les  femmes  portent  utl 
s'embarquer  avec  fes  marchandifes  fur  leurs  vaiffeaux.  Ces  raifons  J  parafol  fait  de  plumes  d'autruche ,  qu'elles  attachent  autour  de  leur 
furent  écoutées  du  Grand-Vifir,  qui  ordonna  au  Gouverneur  de  t_ête.LesN<î>»/îg»«jfe  tiennent  à  plus  de  cent  cinquante,8cquelquei 
Gonftantinople,  de  ne  point  laifferpaiferlevaiflèau  Vénitien  à  la  fois  à  deux  cens  lieues  du  Cap  de  Bonne  Efperance.  Ce  ibnt  des 
mer  Noire.  *  Le  Chevalier  Chardin ,  Voyage  dePerfe  en  167^.  gens  de  belle  taille.  Ils  fe  couvrent  le  corps  de  peaux  de  bêtes ,  em- 

GAFFE',  boiffon  faite  avec  de  l'eau  8c  une  efpece  de  féves  d'Ara-  bellies  de  grains  de  verre  de  Cambaye,qu'ils  achètent  des  Portugais* 
bie,  qu'on  rôtit,  8c  qu'on  réduit  en  poudre,  pour  en  faire  une  !  P»"  des  brebis  &  des  chèvres ,  pénétrant  fouvent  jufque  dans  lÉ 
décodtion,que  l'on  croit  être  bonne  à  la  fanté.LesTurcs  ufent  beau-  i  Monomotapa.  Les  homm^es  ont  une  plaque  d  y^-oire  au  devant  d  Ji 


coup  de  cette  boiflbn  8c  s'en  fervent  à  toutes  les  heures  du  jour 
Elle  eft  aufli  très-commune  en  quelques  Etats  de  rEurope,comme 
en  Angleterre  8c en  Hollande.  Voyez  le  Traité duCajfé,  duThé.  8cc. 

C  A  F  F I L  A ,  troupe  de  gens ,  qui  s'affemblent ,  pour  paflèr 
avec  plus  de  iûreté  dans  les  Etats  du  Grand-Mogol ,  en  la  terre-fer- 
me de  l'Inde.  C'eft  ce  qu'on  appelle  ailleurs  caravanne.  *  Mande- 
flo  ,  tome  2.  ii'Olearius. 

CAFRERIEjOuPays  des  Cafres,  pays  d'Afrique , 
qui  occupe  la  côte  la  plus  Méridionale  de  toute  l'Ethiopie ,  aux  en^ 
virons  du  Cap  de  Bonne  Efperance.  Les  uns  commencent  ce  pays 
par  le  Cap  Nègre  du  côté  de  Congo,  8c  le  finiffent  à  la  rivière  de 
Cuama  qui  le  fepare  du  Zanguebar  ;  8c  les  autres  le  commencent  8c 
le  finiflènt  au  Tropique  du  Capricorne,tant  deçà  que  delà  le  Cap  de 
Bonne  Efperance.  Toutes  ces  côtes  de  la  Cafrerie  ont  onze  ou  dou- 
ze cens  lieues  de  longueur.  Elles  fo»t  bornées  dans  les  terres  par  u- 
ne  longue  chaîne  de  montagnes ,  que  les  monts  de  la  Lune  forme , 
&  qui  enferment  le  Monomotapa.  Les  Portugais  ont  nommé  Ficos 
fragofos, pointes  ou  roches  aiguës,  cette  partie  des  montagnes  qui 
s'avancent  du  côté  du  Cap  de  Bonne  Efperance,  qui  eft  le  plus  con- 
fiderable  du  pays ,  8c  la  pointe  la  plus  Méridionale  de  l'Afrique.  Ce 
mot  de  Cafre  veut  âaefansRetsgio»&iona.doTmécenoni3.ux  ha- 
bitans  de  ce  pays ,  parce  qu'on  a  crû  qu'ils  n'avoient  point  de  Reli- 
gion. Ils  ont  divers  Rois ,  8c  entr'autres  ceux  de  Malemba,de  Chi- 
canga ,  de  Sedanda ,  de  Quietava ,  de  Cefala ,  de  Matavan,  8cc.  Les 
peuples  y  font  noirs ,  brutaux ,  cruels;  8c  il  y  en  a  même  d'anthro- 
pophages.^es  Cafres  du  côté  de  l'Orient  font  beaucoup  plus  civils, 
&  pluheurs  font  fuj  ets  au  Roi  de  Monomotapa.  Ceux  qui  font  près 
de  la  mer  vendent  leurs  denrées  aux  étrangers.  On  comprend  dans 
le  pays  des  autres  le  royaume  de  Zofala ,  Cefala ,  ou  Sofala ,  qui  eft 
fi  abondant  en  or  8c  en  élephans ,  que  quelques-uns  le  prenent  pour 
rOphir  oià  Salomon  envoyoit  fa  flotte.  Les  Portugais  y  ont  la 
fortereflè  de  Cofala  vis-à-vis  Madagafcar  ;  8c  les  Hollandois  y  ont 
aufli  celle  de  Chef  de  Table ,  qu'ils  nomment  Tafeléay. 

CAFRERIE,  ou  côte  des  Cafres,  pays  vers  la  pointe  Mé- 
ridionale de  l'Afrique ,  qui  a  l'Océan  Indien  à  l'Orient  :  l'Océan  E- 
thiopique  à  l'Occident  :  l'Océan  Méridional  au  Midi  ;  8c  les  royau- 
mes de  Matanian  8c  de  Monomotapa ,  avec  la  côte  de  Zanguebar , 
ou  les  montagnes  de  la  Lune ,  au  Septentrion.  C'eft  unpayshabi- 


bas  ventre ,  8c  les  femmes  fe  couvrent  cette  partie  d'une  belle  peau. 
Elles  portent  un  parafol  fur  la  tête,comme  celles  des  Sonqsicis,S<.  ont 
le  refte  du  corps  nud.  CesCafresobeïflJntàunRoi.  Lorfqu'ils  re- 
çurent les  Hollandois  en  1661 ,  une  troupe  de  joueurs  d'inftrumens 
les  vint  faluer:  ils  fouffloient  chacun  dans  un  rofeau ,  dont  le  fon 
imitoit  celui  d'une  trompette  marine.  Le  Roi  régala  les  Hollandois 
de  lait  8c  de  chair  de  mouton;  8c  ceux-ci  lui  firent  prefent  d'eau  de 
vie ,  de  tabac ,  de  grains  de  corail ,  8c  de  quelques  morceaux  de  cui- 
vre. Les  HeufaqHas  demeurent  fort  loin ,  au  Nord-Ouëft  du  Cap; 
On  n'a  jamais  été  dans  leur  pays;  8c  on  en  a  feulement  vu  quel- 
ques-uns qui  étoient  venus  fur  la  côte  avec  le  CaeiàesChainonquas, 
pour  faire  trafic  de  bétail.Ils  font  Pafteurs,comme  les  autresCafres, 
mais  ils  ont  cela  de  particuKer  qu'ils  s'adonnent  à  l'agriculture.  Ils 
cultivent  entr'autres  une  certaine  racine,  qu'on  nomme  Dachf(.,<:pi 
étant  infufée  dans  de  l'eau  enyvre  comme  le  vin  le  plus  fort^  On  dit 
que  ces  Heufaquas  tendent  des  pièges  pour  attraper  des  lions,  qu'ils 
apprivoifent ,  8c  les  rendent  auflTi  dociles  que  des  chiens  ;  jufque- 
là  même  qu'ils  les  mènent  avec  eux  à  la  guerre,8c  les  lâchent  contre 
leurs  ennemis  dans  la  chaleur  du  combat.  ;Les  Brigeudis  n'ont  point 
encore  été  vus  des  Voyageurs  :  on  a  feulement  ouï  dire  que  c'étoit 
un  peuple  fort  riche  en  bétail.  Les  Hancumquas  demeurent  auprès 
des  Heufaquas ,  mais  on  n'a  point  de  commerce  avec  eux. 

La  plupart  des  Cafres  ont  le  teint  bazané  8c  olivâtre ,  le  nez  plat  j 
les  lèvres  grofl£S ,  8c  le  vifage  affreux.  Ceux  qui  ont  quelque  com- 
munication avec  les  Hollandois  fe  civilifent  peu-à-peu  :  les  autres 
font  fort  fauvages ,  8c  vivent  dans  une  grande  ignorance.  Leurs  ar= 
mes  font  l'arc  8cles  flèches  avec  un  zagaye ,  ou  un  javelot.  Ils  ne 
fe  nourrifl"ent  que  de  racines  cuites  dans  l'eaujou  rôties  fur  les  char- 
bons; de  la  chair  de  leurs  plus  méchantes  bêtes,  (qu'ils  ne  tuent 
point,  li  elles  ne  font  vieilles  ou  malades  )  ou  du  poiflbn  qu'ils  trou- 
vent mort  fur  le  rivage.  Ils  fe  font  un  morceau  délicat  d'un  chien 
de  mer,  8c  il  ne  leur  en  manque  pas,  car  il  en  vient  par  centaines  fur 
la  côte;  8c  les  Sauvages  les  tuent  à  coups  de  bâton.  Ils  s'adonnent 
aufli  à  la  chaflè  des  élephans ,  des  élans ,  des  rhinocéros ,  des  tigres  * 
des  lions,  8cdesbufleSi  Les  Cafres  vivent  fort  long-tems,  8c  la 
plupart  vontjufques  à  centjoufix  vingts  ans.  On  enterre  les  morts 
aflis  8c  nuds ,  8c  l'on  obfèrve  dans  leurs  fimerailles  une  cérémonie 
très-fâcheufe:car  tous  les  parens  du  deftmt  font  obligez  de  fe  cou- 
per le  petit  doigt  de  la  main  gauche  pour  le  jetter  dans  la  folïèau- 


té  par  divers  peuples ,  qui  ont  chacun  leurs  Chefs  particuliers.  Les  près  du  mort.  C'eft  pourquoi  ils   n'aiment  pas  à  voir  mourir  leurs 
principaux  de  ceux ,  qu'on  a  découverts,  font  les  Goringhaiconas,  parens.  Les  Cafres  vivent  à  la  campagiie  fous  des  tentes ,  faites  de 


les  Gorachouquas ,  8c  les  Goringhaiquas,  qui  demeurent  tout  vers 
le  Cap  de  Bonne  Efperance ,  à  cinq  lieues  aux  environs  du  fort  des 
Hollandois ,  8c  les  Cochoquas ,  les  Cariguriquas ,  les  Hofaas ,  les 
Chainouquas ,  les  Cobonas ,  les  Souquas ,  les  Namaquas ,  les  Heu- 
faquas,  lesBrigoudis,8clesHancumquas.  Voici  ce  que  les  Voya- 
geurs nous  difent  de  ces  peuples  dans  leurs  Relations.LesGor/B^to- 
conas,  que  les  HoUandois  appellent  i%*c^w^w/,  c'eft-à-dire,  How- 
mes  d'eau,  font  quatre  ou  cinq  familles  de  Cafres ,  qui  font  environ 
le  nombre  de  cinquante  peribnnes ,  fous  la  conduite  d'un  Chef. 
Les  Gorachouquas ,  fiirnommez  Larrons  de  tabac,  font  trois  ou 
quatre  cens  hommes  capables  de  porter  les  armes,qui  ont  aufli  leur 
Capitaine.  Les  Goringhaiquas ,  ou  Gens  du.  Cap ,  parce  que  ce  font 
eux  qui  s'attribuent  la  propriété  du  Cap  de  Bonne  Efperance , 
,  peuvent  fournir  environ  quatre  cens  bons  Soldats,  8c  obeiffent  à  un 
petit  Prince.  Les  Cochoquas,  on  Soldanhars ,  font. quatre  ou  cinq 
cens  familles,  qui  occupent  quinze  ou  feize  villages  dans  les  vallées 
de  Saldanha-bay ,  qui  Ibnt  à  vingt-fèpt  lieues  du  Cap  de  Bonne  Ef- 
perance ,  vers  le  Nord-Ouëft.  On  dit  qu'ils  ont  plus  de  cent  mil- 
le bêtes  à  cornes,8c  que  leurs  moutons  au-lieu  d'une  laine  frifée  ont 
le  poil  long  8c  moucheté  de  diveriès  couleurs.  Ces  peuples  ont  un 
Chef,  lequel  prend  le  titre  de  C(!^^2«e ,  8c  prétend  être  le  Roi  de 
tous  les  Cafres  qui  demeurent  aux  environs  du  Cap,a  quatre  vingts 
•  lieues  à  la  ronde,  hes  Cariguriquas  if.\es  Hofaas  demeiiTent -proche 
des  vallées  de  Saldanha-bay,  Se  font  le  métier  de  Pafteurs.    Tous 
ces  Hottentots  ou  Cafres  habitent  vers  le  Cap  de  Bonne  Efperance  : 
ceux  dont  je  vai  pai-ler,  font  plus  éloignez  de  la  côte.  Les  Chai- 
nouquas demeurent  à  plus  de  trois  mois  de  chemin  du  Cap;  leur 
Chef  eft  habillé  d'une  peau  de  léopard ,  8c  a  tout  le  corps  reluifant 
de  graifle,  félon  la  coutume  du  pays.     Les  Coionas  ibnt  2.u-deli 
des  Chainouquas.  Ce  font  des  anthropophages ,  qui  rôtifîent  tout 
vifs  ceux  qu'ils  attrapent ,  fans  épargner  les  Cafres  même  :  ce  font 
les  plus  noirs  d'entre  lesNegres,8c  ils  portent  les  cheveux  fort  longs. 
Les  Sonquas  habitent  fur  de  hautes  montagnes.  Les  hommes  8c  les 
femmes  s'adonnent  à  la  chaflè.  Aufli  ne  vivent-ils  que  de  venaifon,8c 


branches  d'arbres,8c  couvertes  de  nattes  de  jonc. Il  y  en  a  de  fi  gran- 
des qu'une  famille  de  trente  perfonnes  s'y  peut  retirer.  Tous  les 
Hottentots  du  Cap  pai'lent  la  même  Langue ,  mais  elle  eft  fi  confu- 
fe,  que  leurs  mots  reflTemblent  plutôt  au  fon  des  cloches ,  qu'à  des 
paroles  articulées.  Le  Langage  des  Bas-Bretons  8c  des  Bafques  eft 
fort  doux  en  comparaifon  du  leur.  Qiioi  que  les  étrangers  ne  puil- 
fcnt  apprendre  leur  Langue ,  les  Cafres  néanmoins  apprenent  bien 
celle  des  étrangers  8c  il  y  en  a  déjà  beaucoup  qui  fe  font  entendre  en 
Flamand.  Ces  peuples  ne  font  pas  beaucoup  d'état  des  toiles,des  é- 
tofes  de  laine ,  des  miroirs ,  ni  des  fonnettes  dont  les  Nègres  font  fi 
amoureux;  mais  ils  eftiment  le  fer ,  le  cuivre ,  le  laiton,  les  haches , 
les  coiiteaux ,  8c  autres  pareils  inflrumens.  Ils  aiment  aufli  le  co- 
rail ,  le  tabac ,  8c  l'eau  de  vie.  Ils  donnent  une  vache  pour  deux  pie- 
ces  de  laiton  de  la  largeur  de  la  main ,  aVec  un  morceau  de  tabac.  A 
l'égard  de  leur  Religion ,  ils  reconnoiflènt  qu'il  y  a  un  Être  Souve- 
rain ,  auquel  ils  donnent  le  nom  de  Humrrta  :  mais  ils  ne  l'adoreni 
gueres  ,  que  quand  il  leur  envoyé  du  beau  tems;8c  ils  fe  plaignent 
de  lui,  lorfque  le  vent  ou  la  pluye,Ie  froid  ou  la  chaleur  les  incom- 
modent. Ils  rendent  aufli  quelque  culte  à  la  Lune ,  lorfqu'elle  com- 
mence à  paroître  :  alors  ils  paffent  toute  la  nuit  à  chanter  8c  à  dan- 
fer.  *Dapper,  Defcrip.de  l'Afr.  SUP. 


[  Il  faut  ajouter  à  cela ,  qq^on  nomme  Cafres  ces  peuples  du  mot 
Arabe  Cufir ,  8c  au  pluriel  Cafiruna,  nom  que  les  Arabes  donnent  à 
tous  ceux  qui  nient  l'unité  d'un  Dieu.  *  Ludolt.  Hi/l  .^th.l.  i.c, 

CAGAN,ouGacan,  nom  qu*on  croit  avoir  été  commun 
aux  Rois  des  Huns.  Und'entr'euxiejettaavecfes  troupes  fur  les 
terres  de  Sigcbert  Roi  d'Auftrafîe,fur  k  fin  du  VI.  Siècle.  Ce  Prin- 
ce les  vainquit  d'abord  ;  mais  étant  revenus  deux  ans  après  en 
5-7 1 .  ou  yy  2 .  au  lieu  d'armes  ils  fe  fervirent  d'enchantemens.  Ce 
qui  épouvanta  fi  fort  les  François  qu'ils  furent  inveftis  fans  fe  pou- 
voir défendre.  Sigebert  ne  pût  fortir  de  cette  extrémité  qu'à  force 
d'argent ,  Se  en  leui-  fourniflànt  encore  des  vivres  dont  ils  avoient 

befom  s 


8  CAG.  CAH. 

befoin.  *Gregoii-edeTours,/.  4.  fè.  iS-é-ir-Aimoin,  li.^.ch. 
6,^  1 1. 

C  A  G  A  N  U  S ,  Roi  des  Avares ,  dans  la  Scythie  Européenne, 
ayant  tué  Giiulfe;  Duc  des  Lombards  en  Italie,  Scafliegeantla 
ville  de  Frioul  en  6 1 2.  avec  une  puilTante  armée,  fut  vu  par  Romil- 
da  femme  de  Gifulfe,  lorfqu'il  viiitoit  fes  troupes  dans  le  camp; 
&  cette  Princeffe  fut  fi  charmée  de  la  beauté  de  ce  jeune  Roi,  qu'el- 
le lui  fit  Içavoir  's'il  vouloit  l'époufer,  elle  lui  livreroit  la  ville. 
Ce  Barbare  accepta  lesoiftes,  entra  dans  la  ville ,  &  la  prit  pour 
femme  pendant  un  jour:  mais  le  lendemain  il  l'expofa  à  douze 
jeunes  foldats ,  pour  aflbuvir  la  paflîon  de  cette  Princeflè  lafcive  & 
impudique,  après  quoi  il  la  fit  empaler.  Il  ne  fut  pas  content  de 
cette  inhumanité,  il  fit  fortir  tout  le  peuple  de  la  ville,  y  mit  le 
feu,  &  brûla  toutes  les  richeffes  que  les  Princes  Lombards  y  avoient 
renfermées  depuis  long-tems  comme  dans  un  lieu  de  fureté.  *  Sa- 
belllié.ô.SUP. 

CAGLI,  ouCaglio,  Cale,  Calk,  Callium  ,  ville  d'Ita- 
Ee  dans  le  Duché  d'Urbin,  de  l'Etat  Ecclefîaftique ,  avecEvêché 
fuflragantd'Urbin.  Elle  a  eu  durant  quelque  tems  le  nom  deCKe 
S.  Ange.  Cagli  eft  fituée  au  pied  des  montagnes ,  vers  le  confluant 
de  la  rivière  de  Cantiano  &  de  Boafi ,  entre  Urbin  8c  Eugubio. 

CAGLIARI,  Caglier,  ou  Caileri,  en  Latin 
Calaris,  ville  capitale  de  Tlfle  de  Sardagne,  avec  Archevêché  & 
fiege  du  Viceroi.  Elle  eft  fituée  fur  un  petit  mont ,  au  bord  de  la 
mer ,  avec  Un  bon  port;  Se  elle  eft  divifée  en  trois  bourgs  differens. 
Outre  fon  commerce  qui  la  fait  valoir,  elle  eft  encore  habitée  par 
une  partie  de  la  Nobleffe  del'Ifle.  Elle  donne  fon  nom  à  un  cap 
voifinditC/i^oC/ï^toJ.  Tite-Live,  Pomponius  Mêla  &  Pline, 
parlent  de  Cagliari;  ce  qui  témoigne  que  c'eft  une  ville  très-ancien- 
ne. Il  en  eft  aulTi  fait  mention  dans  l'Itinéraire  d'Antonin  8c  dans 
Claudien.  Jacques  II.  Roi  d'Aragon laprit  en  1336.  Et  depuis  ce 
tems ,  elle  eft  foûmife  aux  Efpagnols  aulîi  bien  que  le  refte  de  l'Ifle. 
Cette  ville  a  pourtant  des  privilèges  fînguliers.  Le  fiege  Métropo- 
litain y  eft  fondé  dès  les  premiers  fiecles  du  Chriftianilme ,  puifque 
le  célèbre  Lucifer  en  étoit  Prélat  fous  l'Empire  de  Conftantin  le 
Grand  8c  de  Conftantin  lefeune.  Il  y  aun  Ouvrage  Latm  impri- 
mé l'ani  6  3  9 .  à  Cagliari  fous  ce  titre  :  Defenfiofanciitatis  B.  Lucife- 
ri,  n.cnon  frimatus  Archkfifcofi  Calaritani.  *  Tite-Live,  li.  30. 
LeandreAlbertijDe/r. //■-*/.  Le  Mire,  Not.Effc.  Orfc.  Claudian , 
tleBel.GHJ. 

Tenditur  in  longum  Calaris,  tenuemqiteper undas ,  érc 

C  A  G  L I O.  Cherchez  Cagli. 

CAGNATI,  (Marcilio)  de  Veronne,  célèbre  Médecin,  a 
vécu  au  commencement  du  XVII.  Siècle,  fous  les  Pontificats  de 
Clément  VIII.  8c  de  Paul  V.  Il  étudia  à  Padouë  fous  Zabarella ,  8c 
ayant  fait  un  très-grand  progrès  dans  les  Langues ,  dans  les  belles 
Lettres ,  dans  la  Philofophie ,  8c  dans  la  Médecine ,  il  s'acquit  beau- 
coup de  réputation.  Aulfi  fut-il  choifi  entre  tant  de  grands  hom- 
mes qu'avoit  alors  l'Italie ,  pour  enfeigner  à  Rome,  où  il  paflale 
refte  de  fa  vie.  Cagnati  étoit  extrêmement  mélancolique  ,  paroif- 
foit  même  fevere ,  8t  ne  parloit  qu'avec  peine  :  mais  s'exprimoit 
pourtant  dans  les  occafîons  avec  une  admirable  facilité  8c  avec 
beaucoup  (^'éloquence.  Nous  avons  divers  Ouvrages  de  fa  façon.De 
fanitate  tdenda  lié.  U.  Opufcida'varia ,  é^c.  *  Janus  Nicius  Ery- 
thra:us,  Ipin.J.Imag.lllufi.c.^i.  Vander  Linden ,  de  Script.  Medic, 

CAQNAZZO,  (  Jean  de  Tabie  )  eft  connu  fous  le  nom  de 
Tabienfif ,  bien  que  le  fien  fût  Cagnazzo ,  ou  Cagnatius  ,  mais  il 
eut  celiii-là  du  lieu  de  fa  naifîànce ,  qui  eft  un  bourg  fur  la  côte  de 
Gènes  8c  dans  le  diocefe  d'Albinga.  Ce  bourg  efi:  aujourd'hui  fa- 
meux par  fes  bons  vins  mufcats.Jean,Religieux  de  l'Ordre  de  Saint 
Dominique,  fut  ami  du  Cardinal  Cajetan ,  à  qui  il  dédia  fa  Somme 
des  cas  de  confcience  ;  qu'on  appelle  ordinairement  Sumtna  Tabie- 
naoM  Summa  Simmarum.  U  vivoit  en  I5'i4.  *  Bellarmin  ,  de 
Script.  Ecclef.ljzsndeT  Alberti,  Defcript.Ital.  Antoine  de  Sienne, 
^eilluflr.  Domin.  Soprani ,  Scrit.  Ligur. 

CAGNOLI ,  (  Belmonte)  connu  fous  le  nom  de  VAbbate  Ca- 
gnoli.  Italien,  a  été  aflèz  eftimé  au  commencement  du  XVII. 
Siècle.  Il  avoit  à  la  vérité  de  bonnes  qualitez ,  mais  ces  qualitez 
étoient  accompagnées  de  tant  de  défauts,que  les  uns  obfcurciflbint 
les  autres.  Il  a  laiflé  divers  Ouvrages  en  profe  8c  en  vers,  comme 
un  Poërr.e  de  la  deftruftion  d'Aquilée ,  un  Eloge  de  Saint  Grégoire 
le  Grand,  8cc.  *  Janus  Nicius  Erythrœus ,  Pin.I.lmag  iUuft.c.^. 
Le  Mire ,  Je  Script.  Sic.  XVII.  é^c. 

CAGNOLI,  (Jérôme)  Jurifconfulte  ceIebre,étoit  de  Verceil, 
8c  fon  mérite  le  fit  aimer  du  Duc  de  Savoye ,  qni  le  fit  Confeiller 
d'Etat ,  8c  Chevalier  de  l'Ordre  de  S.  Lazare,  Il  profefla  affez  long- 
tems  à  Turin,8c  puis  à  Padoue ,  où  la  Republique  de  Venife  l'attira; 
8c  il  y  mourut  le  i.  Février  de  l'an  if y  i.  âgé  de  5-9.  ïlacompofé 
divers  Ouvrages.  Vari^  legumenarrationes.  Devitaf^regimineboni 
îrincipis,  ^c.  *Thomafini,  inElog. 

CAHIER,  (Pierre- Viftor  Palma)  Dofteur  en  Théologie  de  la 
Faculté  de  Navarre ,  avoit  quitté  le  Calvinifme  pour  embraflêr  la 
Rehgion  Romaine.  Il  mourut  au  Collège  de  Navarre  en  1 6 1  o.le'8. 
jour  de  Mars,  8c  fut  en  terré  le  lo.dansT'EglifedefS.  Viftor,  ou  il 
avoit  élu  fa  fepulture  par  fon  teftamenf.  Il  a  écrit  l'Hiftoire  de  ce 
qui  s'eft  paiTé  pendant  fept  années  depuis  la  paix  de  Vervins ,  faite 
en  15-98. 8c  deux  Livresjdontl'un  eft  intimié  CmfiUumpiumde  com- 
ponendo  Keligionis  dijftâio  ;  8c  l'autre,  Remède  aux  diJfolntions publiques, 
préfenté  à  Mcflieurs  du  Parlement.  *  J.  de  Toxx\o\iiç,Antiq.Abbat.S. 
yiiîor.  [Il  fe  nommoit  plûtôtCayf*.  Voyez  M.Bayle,CuT  cet  Article.] 

C  A  H  O  R  S,  fur  le  Lot ,  ville  de  France ,  capitale  de  la  provin- 
ce de  Querci,  avec  Evêché  fuffragant  de  Bourges ,  SenêchauiTée  , 
8c  Univcrfité.  C'eft  U  Divona  Cadiircorum  des  Anciens ,  que  les 
Auteurs  du  bas  Empire  nomment  Caditrcum.  Elle  eft  fituée  dans 
une  peninfule.que  forme  la  rivière  du  Lot,Sc  elle  eft  élevée  d'un  cô- 
té fur  un  rocher  cfcarpé ,  où  étoit.  autrefois  bâtie  la  citadelle.  Ca- 


CAJ- 

hors  eft  une  ville  ancienne,airezgrande,8i  bien  peuplée.  Ptolomce 
8c  Pline  en  font  mention.  Aufone  aflûre  qu'Exupere  fameux  Rhé- 
teur de  Touloufe  mourut  en  cette  ville,qui  a  été  depuis  honorée  par 
la  naiflânce  de  Jacques  d'OlTat ,  premièrement  EvêquedeFrejus, 
puis  Cardinal,8c  Souverain  Pontjfe,fous  le  nom  de  Jean  XXII.C'efl 
ce  Pape ,  qui  pour  témoigner  l'amour,  qu'il  avoit  pour  fa  patrie ,'  y 
fonda  l'an  1 3  3 1 .  une  Univerlité,  qui  a  eu  en  divers  tems  des  Profef- 
feurstrès-celebres.  Bzovius  s'eft  trompé  en  difant  que  ce  Pape  y 
fonda  l'Evêché.il  y  eft  établi  dès  les  premiers  llecles  du  Chriftianil- 
me .L'Eglife  Cathédrale  de  Saint  Etienne  eft  des  plus  anciennes ,  8c 
on  croit  même  que  Saint  Martial  la  confacra.Il  y  a  eu  plufîeurs  il- 
luftres  Evêques;  Genulphe,  Urfîcin,  Didier ,  8c  Ambroilè  y  font  re- 
connus pour  Saints  ;  les  plus  renommez  des  autres  font  Geraut 
Heâor ,  Guillaume  Bertrand ,  8c  François  Cardaillac ,  Geraut  de 
Ëarras,Sicard  de  Montagu,  Hugues  Geraldi,  Guillaume  d'Arpajon, 
Jean  de  Cafternau ,  Louis  d'Albert,8c  Dominique  de  Carrete  Car- 
dinaux', Pierre  Bertrand ,  Antoine  Ebrard  de  S.Sulpice ,  Pierre  Ha- 
bert ,  Alain  de  Solminihac,  8cc.  Ce  dernier,  dont  la  mémoire  eft 
en  bénédiction,  y  tint  un  Synode  l'an  1639.  Outre  la  Cathédrale , 
il  y  a  grand  nombre  d'autres  Eglifes,de  Monafteres,  8c  un  Colleo-e 
de  Jefuites  depuis  l'an  lôoy.L'Evêque  prend  le  titre  de  Comte  de 
Cahors,8t  on  y  dit  qu'il  eft  en  droit  d'officier  avec  la  botte  8c  les  épe- 
rons. Quelques  Auteurs  ont  pris  cette  ville  pour  l'Uxellodunum,au.i 
fut  la  dernière  qui  fe  défendit  dans  les  Gaules  contre  Céfar  ;  mais 
bien  qu'elle  ait  été  dans  le  Quercy,  il  n'y  a  pas  apparence  que  ce  foit 
Cahors.La  rivière  de  Lot  fert  aux  habitans  pour  diverfes  manufac- 
tures ,  8c  on  l'y  paflè  fur  trois  ponts  de  pierre.  Cahors  fouflfrit  beau- 
coup dans  le  XVI.  Siècle,  durant  les  guerres  civiles.  En  15-62.  les 
Huguenots ,  avec  le  fecours  des  écoliers ,  qui  étudioient  en  Droit 
fous  François  Roaldes  grand  Jurifconllilte ,  commencèrent  à  y 
faire  des  prêches  publiquement ,  ayant  fait  venir  de  Montauban  un 
Miniflré  nommé  Dominique  Ceftat.  Les  Catholiques  s'en  formali- 
ferent ,  8c  prirent  les  armes  pour  l'empêcher,  ce  qui  ne  fe  put  faire 
fans  que  plufîeurs  y  perdifiènt  la  vie.  En  15-80.  le  Roi  Henri  IV, 
qui  n'étoit  alors  que  Roi  de  Navarre ,  prit  la  ville  après-un  fiege  de 
trois  jours ,  8c  la  mit  au  pillage.  Cahors  étoit  en  ce  tems-là  une  ville 
forte ,  tant  par  fon  afliette,  quwpar  le  moyen  d'un  château  bâti  fur 
un  roc,  quiadepuis  été  détruit.  *  Ptolomée,  //.  2,  Pline,  //.  a,.. 
ch.  19.  Grégoire  deTours.  //.  2.  ch.  z.^li.  ç).ch.  20.  Hijl.  Hau- 
KCerxe,  Hift.d'Aquit.li.  i.ch.S.De  Thou, Hiji.  li.^i.  (^  feq.  Du 
Cheihe ,  Rech.desant. des  villes.  Papire  Màffon ,  Defir.flum.Gall. 
Sainte  Marthe,  Ga/Ï.C^r//?.  François Roaldez,  Difcours  des  chofes 
mémorables  de  Cahors ,  en  1482.  Guillaume  de  la  Croix,  deEpifi. 
Cadurc.  é^c. 

C  A  J  A  D  O ,  (Henri)  connu  fous  le  nom  d'HENRicus  Caj  a- 
Dus ,  Poète  Portugais ,  vivoit  fiir  la  fin  du  XV.  Siècle ,  vers  l'an 
1495'.  Un  de  lès  oncles  nommé  Nonio  Cajado  lui  perfuada  de  paf- 
fer  enItalie,où  la  réputation  d'AngePolitien  l'appelloit  d^is  long- 
tems;  8c  où  il  s'attacha  à  ce  grand  homme,  8c  confultaaufll  les 
Sçavans  qui  étoient  à  Florence ,  à  Ferrare ,  8c  à  Bologne.  On  pu- 
blia en  I  j-o  I .  un  Recueil  de  fes  Poëfîes  fous  ce  tître ,  Eclog£  (^  Epi- 
grammata.  Cajado  étudia  aufli  en  Droit  comme  on  en  peut  juger 
par  ces  vers  qu'il  envoya  à  fon  oncle. 

Legibus  incumbo ,  Noni,  tua  jujfa  fecutus  : 

Namque  jubere  potes,  ^  pater  &  dominas , 
Jngenium ,  Mufas ,  litam  tibi  debeo  ;  C^far 

Non  dan  flura  poteft ,  no»  date  plura  Deus. 

On  ne  fçait  pas  en  quel  tems  il  eft  mort.  *  Erafme ,  in  Cicett 
François  Beroalde,  inRefp.  ad  Texeir.  Nicolas  Antonio,  Bibl,  Script. 

"'fP-     .  .       . 

CAJANEBURG,  Voyez Cajanie. 

CAJANIE,  ou  Bothnie  Orientale ,  province  de  Suéde  dans 
la  Finlande,  entre  le  golfe  de  Bothnie  8c  la  Laponie.  Le  principal 
de  fes  bourgs  eft  Cajaneburg  avec  une  fortereffe ,  près  du 
lacd'Oulo.  Voyez  Bothnie. 

CAJ  ANS.  Cherchez  Caïnites. 

CAJAPHAS.  Cherchez  Caïphe. 

CAJAZ!Z,08cGaiazzo,  Calatia ,  ville  d'Italie  dans  le 
royaume  de  Naples ,  en  la  Terre  de  Labour,  avec  Evêché  fuffra- 
gant de  Capouë.  Elle  eft  fituée  près  de  la  rivière  du  Vulturne , 
entre  Capouë,Thelefe,8c  Caluy.  Cajazzo  eft  aujourd'hui  peucon- 
fiderable ,  elle  eft  pomtant  ancienne  ;  Ciceron,  Céfar ,  Pomponius 
Mêla,  Pline,  8cc.  en  font  mention. 

CAIENNE,  ou  la  Caienne ,  eft  une  ifle  de  l'Amérique  Méri- 
dionale dans  la  Guyane ,  environ  à  cent  lieues  de  la  rivière  des  A- 
mazones;  elle  regarde  au  Midi  l'embouchure  de  la  rivière  de  Ca- 
ienne, qui  lui  donne  fon  nom.  Cette  rivière  a  fa  fource  dans 
les  montagnes  près  du  lac  de  Parime ,  prend  fon  cours  par  le  pais 
desGalibis,  8c  le  continue  près  de  cent  lieues.  L'ifle  que  cette  ri- 
vière embraflè  a  de  longueur  à-peu-près  fept  lieues,  environ  trois 
de  largeur,  8c  prefque  dix-huit  à  vingt  de  circuit.  Elle  eft  bonne 
8c  fertile;les  François  s'y  font  établis  les  premiers  en  1 625-.  8c  y  ont 
le  fort  de  Ceperou  8c  quelques  autres  colonies  depuis  l'année  1635'. 
Mais  n'y  ayant  pas  eu  toujours  un  fuccès  favorable,  ils  ont  été  con- 
traints plufieurs  fois  de  fe  retirer .  Ils  y  revinrent  en  1 640  8c  enco- 
re en  165-2.  en  165-4.  ils  s'en  retirèrent  faute  de  fecours.  Les  Hol- 
landois  s'y  habituèrent  vers  l'année  165-6.  8c  ils  yrefterent  juf- 
qu'en  1 664.  ils  en  furent  chaflèz  par  les  Sieurs  de  Tracy  8c  de  la 
Barre.  Les  François  s'y  étant  ainfi  retablis,en  furent  chaflèz  l'année 
1 67  6.  par  les  Hollandois ,  qui  à  leur  tour  en  furent  chaflèz  l'année 
1677  .par  M.le.Vice- Amiral  d'Eftrées.Confultez  le  Voyage  de  Biet- 

CAJETAN.  Cherchez  Boniface  Vliï.  Sa  famille  étoit  ori- 
ginaire d'Efpagne,  comme  je  l'ai  dit  ailleurs,  8c  vint  s'établir  en 
Italie  dans  la  ville  de  Cajete  ;  on  aflure  que  c'eft  de  là  qu'elle  prit  le 

nom 


CAJ.  CAL 

jiomdeCajetan.  Il  yaeuplulîeursCardinauxdccenom.  Le  plus 
ancien efl: Je A*(  Cajet an, ainli nommé;  parce  qu'il  étoitdeCa- 
jette.  Il  tut  éiû  Pape  fous  le  nom  de  Gelafe  IL  Grégoire  Ca- 
jet an,  natif  de  Pife  félon  Ughel ,  a  été  mis  au  nombre  des  Car- 
dinaux par  le  PapePafchal  II  .vers  l'an  1 1  o^.où  il  ligna  cette  fameu- 
lè  tranfaélion  duPape  avec  l'Empereur  pour  les  Evêchés  d'AUema- 
gne.en  i  n  i .  £c  l'année  d'après  il  fe  trouva  au  Concile  de  Latran. 
Ughel  lixe  le  tems  de  fon  décès  en  1 1 2 1 .  mais  il  eft  fur ,  qu'il  eft 
mort  devant  l'an  1 1 1 8  .Girard  CAjETAN,Chanoine  de  Pife,ftit  mis 
au  nombre  dcsCardinaux  par  Eugène  Ill.en  i  if  o.Anafl:afeIV.ren- 
voya  Légat  en  Allemagne ,  &  il  mourut  en  revenant  l'an  n  5-4.  B  e- 
NOiT  Cajetan  étoit  neveu  d'un  autre  Cardinal  de  ce  nom  , 
qui  eft  le  même  qui  fut  depuis  Pape  fous  celui  de  BonifaceVlII.Ce- 
lui-ci  fut  nomme /extase;  Celefbin  V.  le  créa  Cardinal  Diacre  du 
titre  de  SaintCôme  Se  deSaint  Damien,aux  quatre-tems  deSeptem- 
bre  de  l'an  iiSM--  il  mourut  en  1296.  François  Cajetan,  na- 
tif d'Anagnie ,  étoit  neveu  du  même  Boniface  VIII,  qui  le  fit  Car- 
dinal en  1 295.  Ciaconius  dit ,  qu'avant  cette  promotion  il  avoit  été 
Chanoine  de  Port, Chapelain  du  Pape,&  Threforier  de  l'Eglife  Ro- 
maine. Il  prit  le  parti  de  fon  oncle  contre  Guillaume  deNogaret,& 
ilm0urutle9.de  l'an  1317.  Jean  Cajetan  desUrfms,  Romain 
de  nation,fut  crééCardinalDiacre,du  titre  de  Saint  Theodore,Ie"  17. 
Décembre  de  l'an  1316.  par  Jean  XXII.  qui  l'envoya  Légat  en  Ita- 
lie. Il  s'acquita  aflèz,  bien  de  cette  commiffion,  &  il  mourut  à  Avi- 
gnonl'an  1 329.  ANTOiNECAjETAN,Romain,  étoit  Patriarche  d'A- 
quilée,8c  fut  eftimé  par  fa  naiflànce  &  par  fon  merite.Le  PapeBoni- 
tace  IX.  fe  voulant  faire  des  créatures  lui  donna  le  chapeau  de  Car- 
.  dinalen  1402.II  eut  beaucoup  de  part  aux  affaires  de  fon  tems, 8c  il 
mourut  l'onzième  Janvier  de  l'an  1412.  Son  corps  fiit  enterré  dans 
l'Eglife  de  la  Minerve ,  où  l'on  voit  fon  épitaphe.  Nicolas  Cj^e- 
-TAN  de  Sermonete  naquit  à  Rome,  le  vingt-quatrième  Avril  i^i6. 
Le  Pape  Paul  IILqui  étoit  fon  parent,le  créa  Cardinal  le  1 3 .  Mars  de 
l'an  1538.  qui  n'étoitquele  12.  de  fon  âge.  Depuis ,  il  fut  Légat  en 
Tofcane,Archevêque  deCapouë,&  protefteur  du  royaume  d'Ecof- 
fe.Il  mourut  en  i  jSf.fic  fut  enterré  dans  l'Eglife  de  nôtre  Dame  de 
Lorette ,  où  il  s'étoit  fait  élever  un  tombeau ,  qu'on  y  voit  encore. 

CAJETAN,  Cardinal.  Chercher  de  Vio ,  Se  Boniface  VIII. 

CAJETE.  Cherchez  Gaieté. 

CAIFUNG ,  ville  autrefois  capitale  de  la  province  de  Honan 
dans  la  Chine.  Elle  étoit  fituée  dans  un  fond  au  fud  de  la  rivière  de 
Huang,qui  n'en  eft  éloignée  que  d'une  lieuë  &  demie:8c  parce  que 
l'eau  de  ce  fleuve  étoit  beaucoup  plus  haute  que  le  terrpir  de  la  ville, 
•il  y  avoit  une  grande  digue  toute  de  pierre,qui  la  retenoit  &  l'empê- 
choit  d'inonder  la  campagne.  Lors  que  cette  viUe  fut  afliégéepar 
l'ufurpateurLyncungh-en  1 642,les  aflîegez  percèrent  la  digue  pour 
fubmerger  l'armée  ennemie;  ce  qui  réuffit ,  &  obligea  les  alfiegeans 
de  fe  retirer  fur  des  hauteurs  :  mais  les  mêmes  eaux  ayant  pris  leur 
cours  vers  Caifung ,  8c  y  venant  fwidre  avec  impetuolité,renverfe- 
rent  toutes  les  maifons,noyerent  plus  de  trois  cens  mille  habitans, 
&  firent  ungrand  lac  de  cette  ville,qui  étoit  autrefois  leféjour  des 
Empereurs.  Ambaflàdedes  HoUandois  au  Japon,  iUP. 

CAILLERI.  Cherchez  Cagliari. 

CAIMACAN ,  dans  l'empire  Otthoman ,  eft  le  nom  du  Gou' 
verneur  de  Conftantinople,qui  eft  comme  le  Lieutenant  du  Grand- 
Vifir.  Outre  celui-là ,  il  y  en  a  encore  un  autre,qui  eft  toujours  au- 
près du  Sultan.  On  choiiit  ordinairement  pour  Caimacan  de  Con- 
ftantinople  un  homme  courageux ,  intrépide ,  8c  capable  de  refifter 
aux  infuîtes  des  JanifTaires  8c  des  autres  troupes ,  qui  fe  pourroient 
mutiner  en  l'abfénce  duGrand  Vifîr,fous  prétexte  du  méchant  gou- 
vernement des  Miniftres.  Quand  il  arrive  quelque  incident  entre  les 
gens  de  guerre,  ou  entre  les  Ambafîàdeurs,  le  Caimacan  en  donne 
aufli-tôt  avis  au  Grand  Vilîr ,  ou  bien  il  va  recevoir  les  ordres  du 
Grand-Seigneur.  Lors  que  le  Grand  Vilîr  eft  à  Conftantinople ,  le 
Caimacan  n'a  aucune  autorité.On  a  vu  de  ces  OlEciers  parvenir  à  la 
charge  de  Grand- Vifir.  SOT. 

CAÏMAN ,  ifle  de  l'Amérique  Septentrionale  dans  le  golfe  de 
Mexique.célebre  par  la  pêche  des  tortues.  Elle  eft  au  Septentrion  de 
l'iUe  de  Cuba ,  8c  on  la  nomme  Caiman  U grande,  pour  la  diftinguer 
d'une  autre  de  ce  nom  fur  le  même  golfe  dite  Caiman pequegna ,  la 
^e/rfeC«i»3«»,  aujourd'hui  aux  Anglois. 

CAIMI,  ouCaimo,  (Eufebe)d'tjdiné,  Evêque  de  Cita-nova, 
a  vécu  dans  le  XVIISieclciil  étoit  firere  de  Pompée  excellent  Méde- 
cin dontje  parlerai  dans  la  fuite.  Leur  famille  eft  originaire  de  Mi- 
Ian,où  elle  a  été  des  plus  confiderables,8c  depuis  elle  s'établit  dans  le 
Frioul  en  l'Etat  de  Venife,8c  Jacques  Caimo  y  fut  père  de  ces  deux 
grands  hommes  dont  je  |)arle.Eufebe  étudia  à  Padouë  fous  le  Jurif- 
confulteMenochius,8c  s'etant  beaucoup  avancé  dans  la  connoilTan- 
ce  du  Droit  Civil  8cCanon,il  eut  des  emplois  importans  àUdiné,qui 
étoit  fa  patrie,8c  fut  un  de  ceux  que  le  Sénat  avoit  nommés  pour  fi- 
xer les  limites  de  cette  province.  Depuis  il  eut  une  Chanoinie  àA- 
quilée,8c  ayant  été  envoyé  à  Venife  en  1 606.  pour  y  complimenter 
le  nouveau  Doge  Jean  Bembo,il  s'y  acquit  tant  de  réputation  ,  que 
l'Evêché  de  Citta-nova  d'Iftria  o\iy£moma  ayant  vaqué  peu  de  tems 
après  par  la  mort  de  François  Monini,qui  étoit  auffi  d'Udiné ,  Eufe- 
be  Caimo  fut  nommé  pour  remplir  fa  place.  C'étoit  un  Prélat  de 
grand  merite,fçavant,zelé,8c  ami  de  la  paix.Il  mourut  en  1 640 .  âgé 
de  75-.  U  a  laiflë  quelques  Ouvrages  manufcrits.  Rejfonfirum -votu- 
minall.  Deretrailuli.UI.jHris  mifcellanea.  *Thomafîni,  in  Vit. 
illufi.  -uiror. 

CAIMI,  ou  Caimo  ,  (Pompée)  d'Udiné ,  célèbre  Médecin , 
étoit  frère  d'Eufebe  dont  je  viens  de  parler.  Il  étudia  fous  Jérôme 
Mercurialis,8c  comme  il  avoit  un  efprit  propre  pour  les  Sciences  8c 
pour  les  Langues ,  il  s'y  avança  beaucoup ,  &c  fa  doftrine  lui  acquit 
une  grande  réputation.  Plufîeurs  Princes  d'Italie  s'empreflbient  à 
i'envi  de  l'attù-er  dans  leur  Cour.mais  étant  appelle  à  Rome,  il  y  fut 
domeftique'du  Cardinal  de  Montalte  8c  Profeifeur  au  Collège  Ro- 
Tem.  a. 


CAi. 


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main.  Depuis  le  Sénat  de  Venife  l'ayant  attiré  à  Padouë ,  il  y  en- 
feigna  encore  la  Médecine,  8c  il  publia  divers  de  fes  Ouvrages,  8c 
entr'autres  III.  livres  De  m//Wow»«?o.  Céfar  Crcmonini  improu- 
va fes  principes,comme  Céfar  Lagala  l'avoit  déjà  fait  à  Rome.  Ce- 
pendant ,  la  pefte  étant  à  Padouë ,  Caimi  fe  retira  à  Titiano  dans  te 
Frioul,8c  il  y  mourutle  30.  Novembre  del'an  1 631  âgé  de  63.  Ou- 
tre le  Traité  dont  j'ai  parlé,il  en  a  écrit  divers  autres.  De feériumpa- 
triJarum  indicationibus.  De  mbilitate.  Dell' mgegno  humano ,  é'd 
*  Thomalini,  in  Vit.  illuft.  viror.  Imperialis,  w  Muf.  Hijlor.  Ta- 
n^^'^iCMsErythixas,PimcJ.imag.illft/i.c.îT.6>c. 

CAIMO.  CherchezCaimL      ^      ^         "'  '^ 

CAIMO,  (Marc-Antoine)  Jurifconfulte  de  Milan,  Profeflèuf 
dans  lUniverfitedePavie,avécuen  i^-j-o.  L'Empereur  Charles  Vj 
1  honora  de  fon  eflime.  Il  a  écrit  fur  le  Code,  8cc. 
,S^'^'.^°'^^  ^^  '^°'^  ^'g"'fie  '*':'P*-fitim,  fils  aîné  d'Adam 8c 
d  Eve,  naquit  au  commencement  de  la  féconde  année  duMonde,gc 
laboura  le  premier  la  terre.  Il  offroit  des  fruits  de  fon  travail  à  Dieu, 
8c  fe  laiffa  h  fort  emporter  à  l'envie ,  voyant  que  les  facrifices  de  fort 
trereAbel  avoient  été  mieux  reçus  que  les  fièns,  qu'il  le  tua  l'an' 
1 3  o.du  Monde.  Son  crime  ne  lui  ouvrit  point  les  yeux  ;  8c  lors  que 
Dieuluidemandaoùétoit  Abel,il  lui  répondit  qu'il  ne  fçaVoitoù 
il  étoit,  8c  qu'il  n'en  étoit  pas  le  gardien.  A  caufe  de  ce  crime  il  fut 
maudit  8c  condamné  à  être  vagabond  fur  la  terre.  Après  avoir* 
couru  long  tems,  il  établit  fa  demeure  en  un  lieu  nommé  Nodi 
ou  il  eut  plufîeurs  enfans.  Mais  tant  s'en  faut  que  fon  châti-^ 
ment  le  rendît  meilleur ,  qu'au  contraire  il  devint  encore  pii-e.- 
Car  il  s'adonna  à  toutes  fortes  de  voluptez ,  ravit  pour  s'enrichir 
le  bien  d'autrui ,  ralTembla  des  méchans  8c  des  fcelerats ,  dont  il  fe 
rendit  le  chef,  8c  leur  apprit  à  commettre  toutes  fortes  de  crimes 
8c  d'impietez.  Il  fut  le  premier,  qui  mit  des  bornes  pour  diftin- 
guer les  héritages ,  8c  qui  bâtit  une  ville.  Il  la  nomma  I.noch  ou 
Enochie;J[\i  nom  de  fon  fils  aîné  ,  l'enferma  de  murailles  8c  la 
peupla  d'habitans.  L'ancienne  Tradition  des  Hébreux ,  que  Saint 
Jérôme  femble  approuver ,  8c  qui  l'a  été  depuis  par  Rupert ,  Raba^ 
nus Maurus,Liranus, Cajetan,  Abulenfis,  8c  par  divers  autres  i 
rapporte  des  chofes  aflèz  fingulieres  touchant  la  mort  de  Caïn .  Car 
elle  afsûre  qu'il  fut  tué  parLamecqui  allant  à  la  chaire,8c  voyant  re- 
muer les  feuilles  d'un  buiflbn  fous  lequel  le  même  Caïn  étoit  cou-^ 
ché,crut  que  c'étoit  une  bête  fauve,  lui  décocha  une  flèche  8c  le  tua.- 
l'an  688.  du  Monde,felonTorniel  8c  Salian.Les  autres  eftiment  que 
ce  ne  fut  que  l'an  701.  Quoi  qu'il  en  foit  ,  plufîeurs  des  Pères 
obferyent  que  Caïn  a  été  l'origine  delà  maifon  du  Diable ,  comme 
Abel  l'eft  de  celle  de  Dieu.Saint  Auguftin  remarque  plufîeurs  autres 
chofes ,  comme  qu'Abel  eft  la  figure  du  Sauveur  du  Monde  gc  des 
Chrétiens perfécutez, 8c que Cam  Teft des perfécuteurs.  Mais  ces 
réflexions  ne  font  pas  de  ce  fojet.  *  Genefe,  c.  4.  Jofeph,  //.  i. 
Ant.c.i..  S. Jérôme,  ef.ixj.adDamaf.q.  i.  Tomiel , Salian , 8c 
Sponde,  in  jinnal.  Vet.  Tejlam.  Si  Auguftin ,  /;.  tf.de  Ctv.  c.  1 .  Pere-> 
rius,  Liranus,  8cc.  in  c.  ^.Gen. 

CAïNAN  l'uincien,  fils  d'Enos,  naquit  l'an  526.duMonde,- 
Son  père  étoit  âgé  de  quatre-vingt-dix  ans.  Il  eut  Malaléel  àfoixan^ 
te  8c  dix  ans ,  le  396.  du  Monde,  8c  il  mourut  âgé  de  neuf  cens  dix  ,- 
en  1 2  3  f.  du  Monde.  *  Genéfe,  f.  Torniel ,  8c  Salian ,  in  AmM. 

CAiNAN  lefeme,fih  d'Arphaxad ,  né  l'an  1694.  du  Monde , - 
fon  père  étant  âgé  de  trente-cinq  ans.  Sala  fon  fils  naquit  l'an  1724; 
8c  pour  lui,  il  mourut  âgé  de  trois  cens  foixante  ans  i  en  205-3.  d« 
Monde.  *  Genéfe  1 1  .v.  i^.  félon  les  Septante ,  8c  Luc.  3 .  i;.  3Ô. 

CC^  Il  faut  remarquer  que  le  nom  de  ce  fécond  CaiJian  ne  fe 
trouve  ni  dans  l'Original  Hébreu  de  la  Genélë  8c  du  Deuterono- 
me,  ni  dans  la  Vulgate,  ni  dans  la  Paraphrafe  Chaldaïque  ,  ni 
dansjofephe,  ni  dans  Philon,  ni  dans  Théophile  d'Antioche ,  ni 
dans  Jule  Africain.ni  dans  S.Epiphanejmais  feulement  dans  la  Tra- 
duftion  des  Septante,  8c  dans  la  Généalogie  de  S.  Luc^ommejc 
l'ai  marqué.  Plufîeurs  Auteurs  croycnt  qu'il  s'y  eft  glilTé  par  la  fau- 
te des  CopLftes  ;  foutiennent  que  dans  les  plus  vieux  exemplaires 
il  ne  fe  trouve  point  ;  8c  font  d'avis  qu'on  l'omette.  Auguftin  d'Eu^ 
gubio ,  Sixte  de  Sienne ,  £c  quelques  autres  Modernes  le  difent  un 
peu  hardiment.  Cajetan ,  Janfenius  de  Gand ,  8c  d'autres  s'effor- 
cent de  trouver  un  milieu  à  cette  difficulté,  en  foutenant  que  S.Lud 
a  fuivi  Amplement  la  Verfion  des  Septante ,  qui  de  fon  tems  étoit  la 
plus  reçuë.Mais  les  plus  fçavans  Modernes,  après  grand  nombre  de 
Pères  Grecs  8cLatins,reriennent  la  généalogie  deCaïnan,8c  avouënÇ 
qu'il  vaut  mieux  confefler  qu'on  ne  fçait  pas  la  caufe  de  l'omifl^ion 
de  fon  nom  dans  l'Hebreu.que  d'accufer  de  corruption  le  Texte  de 
rEvangelifte:ou  d'avoir  fuivil'erreur  des  Septantexe  queTorniel  8c 
Salian  prouvent  par  de  Iblides  raifons,8c  par  l'autorité  de  Saint  Au- 
guftin, de  Bellarmin,  de  Pererius,2c  de  plufîeurs  autres  Modernes, 
Le  même  Salian  établit  cette  vérité ,  par  vingt-fix  ou  vingt-fept  ar-» 
gumenstrès-perfuafîfs.  *  Sixte  de  Sienne,  /(.  f.Biél.  S.  num.  88. 
Auguftin  d'Eugubio ,  in  cap.ii.  Genef.  Cajetan ,  in  cap.  3 .  Luc.  ]an- 
fenius, Ccn.Evang.c.  i4.Genebrard,  ;» C^ro». Torniel , Sponde,  8ç 
Salian ,  in  Annal.  Vet  Tefl.  A.  M.  1 694.  ^c. 

CAïNITES  ,  ou  Caians  ,  Hérétiques  ,  Seûe  de  Gnofti'.' 
ques  dans  le  II.  Siècle.  Ils  furent  appeliez  du  nom  de  Caïn,  qu'ils 
difoient  avoir  été  formé  par  une  vertu  celefte  8c  très-puiffante  :  au 
lieu  qu'Abel  l'avoit  été  par  une  vertu  plus  foible.Ils  foûteiiôient  que 
pour  être  fauve  il  falloit  éprouver  toutes  chofes,8c  commettre  tou- 
tes fortes  d'aftions  infâmes  pour  contenter  fa  luxure.  Ils  imagi-i 
noient  un  grand  nombre  d'Anges,  aufquels  ils  donnoient  des  noms 
barbares ,  attribuant  à  chacun  un  péché  particulier ,  de  forte  quô 
quand  ils  vouloient  faire  quelque  méchante  aâion ,  ils  invoquoienï 
celui  qu'ils  lui  faifoient  prélidcr.Ils  avoient  compofé  un  Livre,  fous 
le  titre  A'Afcenfion  de  St .  faul  St  ciel ,  qui  étoit  rempli  de  blafphemes 
8c  d'impuretez  execrables,comme  fi  elles  eulTent  été  ces  paroles  fe- 
crettes  que  l'Apôtre  avoit  entendues  dans  fon  raviffement.Ilshono> 
roient  d'un  culte  particulier  Caïn ,  Coré ,  Dathan ,  Abiron ,  les  So- 
B  domitca 


îô  CAL 

domitesi  Se  fur-tout  Judas ,  le  traître  Difciple ,  Comme  celui  qui 
par  fa  trahifbnavoit  donné  lieu  à  la  mort  de  Jesus-Christ.  Ils  fe 
îèrvoient  aufll  d'un  Evangile,  qui  portoit  le  nom  de  cet  Apôtre  in- 
fidèle. *  Tertullien  , //.  dePr^/cr.  cap.  33.  47.  è'c.  S.  Jérôme  ,  //. 
1 .  c,  3 ;.  S.  Epiphane , Ur.  3 3 .  S.  Auguftin ,  mp.  tS.  des  her. Baro- 
nius,  ^.C.  145-.  ^     -   ,   ,         ,    , 

C  A  ï  P  H  A  S ,  ou  Chaipha ,  ville  de  Phemcie  fituee  le  long  de  la 
mer ,  au  pied  du  mont  Carmel.  On  eftime  que  c'étoit  Porphyreum, 
dont  il  eft  parlé  dans  Stephanus  de  Byzance.  Elle  avoit  le  fiege  d'un 
Evêché  futftagant  de  Tyr,  &  dans  le  tems  que  les  Chrétiens  étoient 


CAI.CAK.CAL. 

man ,  troifiéme  Calife  de  Syrie  :  ainfi  c'eft  la  première  ville  que  Ici 
Mahometans  bâtirent  en  Afrique  .La  mofquée.qu'Occuba  y  fit  con» 
ftruire  ,  eft  fort  fuperbe ,  Se  c'eft  où  l'on  voit  les  fépnlcres  des  Rois 
de  Tunis.Il  y  avoit  ime  A  cademie  compofee  de  plulieurs  Doftcurs, 
où  l'on  accouroit  autrefois  de  tous  les  côtés  d'Afrique ,  comme  les 
François  viennent  à  Paris  ,•&  les  Efpagnols  à  Salamanque.  Tout  le 
pais  d'alentour  eft  plein  de  fablons ,  où  il  ne  croît  ni  blé  ni  fruits  ; 
c'eftpourquoionen  apporte  d'ailleurs.  On  n'y  boit  que  de  l'eau 
de  citerne ,  parCe  qu'il  n'y  a  ni  fource ,  ni  puits ,  ni  rivière.    Lors 

ju..w...iwi— ...  . -, i  querEmpereurCharlesQiiintchaflàBarberoufledeTunisenij-35-. 

maîtres  de  la  "ferre  Sainte,  il  y  avoit  des  Seigneurs  à  Caïphas  qui  j  les  habitans  de  Cairoan  élurent  pourRoi  le  principal  AlfaquioidDo- 
étoient  très-puiffans.  LeP.Labbeenarapporték  généalogie  dans  lâreur  de  la  grande  mofquée;  mais  il  fut  tué  par  Dragut.qui  lefur- 
finLknage  d'outre-mer.  Voyez  Steph.  le  yi.omi,Var.Sac.f.?,ï%.  pritdenuit,  8c  fe  rendit  maître  de  la  place ,  laquelle  eft  encore  au- 
CAïPHË,  ou  Caiaphas  ,  Grand  Sacrificateur  des  Juifs  ,  Ijourd'liui  au  pouvoir  des  Turcs.  *  Marmol,  i/«  r^W2ae,//f.<5.5i7i'. 
fuccedâ  à  Simon  fils  de  Canuth.  l'an  1 9.  de  falut.    Il  interrogea  Je-I     CAIROAN,  Cherchez.  Cirene. 

sus-Christ  pour  fçavoir  s'il  étoit  fils  de  Dieu ,  &  lui  entendant  j  CAIUS  &  LUCIUS ,  fils  d' Agrippa  &  de  Julie  fille  d'Augufte , 
répondre  clairement  qu'il  l'étoit,  il  déchira  fa  robe,  comme  s'il  ,&  adoptez  par  cet  Empereur.  Dès  qu'ils  commencèrent  à  paroître 
eût  ouï  un  exécrable  blafpheme,  ne  fongeant  pas  que  cela  lui  étoit  i  dans  lernonde,  le  peuple  Romain  leur  offrit  le  Confulat;  mais 
défendu  par  la  Loi ,'  dans  le  Levitique ,  chap.  ïi .  11  condamna  à  |  comme  ils  n'avoient  pas  encore  quinze  ans ,  Augufte  voulut  qiTils 
mort  le  Sauveur  du  monde,comme  les  Evangeliftes  le  remarquent,  ft  contentafTent  de  la  qualité  de  Confuls  défignez.  LesCheva- 
Quelque  tems  après  l'Empereur  Vitellius  le  démit,environ  l'an  36.  liers  Romains  les  déclarèrent  Princes  de  lu  jeuneffe  ,  c'eft-à-dire 
de  grâce ,  de  fa  dignité ,  qu'il  avoit  retenue  près  de  dix-fept  ans  ;  ce  '  Chefs  de  l'Ordre  équeflxe.  Ils  moururent  dans  un  âge ,  où  ils  ne 
qui  l'affligea  fi  fenliblement ,  qu'il  fe  donna  lui-même  la  mort  de  faifoient  que  commencer  à  goûter  le  bonheur  de  leur  fortune.  Le 
defefpoir ,  félon  ce  qui  eft  rapporté  dans  les  Conftitutions  de  S.Cle-  P-  Noris  ,  Auguftin  de  Veronne ,  Profeffeur  de  l'Hiftoire  Eccle- 
ment.  Nicephore  dit  le  même  d'Anne.  *Jofephe,  //'.  18.  Ant.c.  fiaftique'dans  l'Univerfité  de  Pife  ,  &  depuis  Cardinal,  a  fait  en 
2. S. Clément,  1»  Cmfi.  li.  8.  ci. Nicephore, iij/?.//.2.c.io.  érc.'i  lôSi.unLivredeDiffertations,  dont  la  féconde  contient  jaVie 
Cherchez  Ananus  I.  A^  ces  deux  jeunes  hommes.  *  Tacite.  SUP. 

CAIRE,  ou  Le  Caire,  fur  le  Nil,  ville  d'Afrique  ,  capitale  \  S.  CAIUS,  ou  Gai  us.  Pape,  Efclavon  de  naiCTance  ,  Se  pa- 
de  l'Egypte.Les  Arabes  l'ont  nommée  Alchabir,?i^  d'autres  Alchmr.  rent  de  l'Empereur  Diocletien.il  fut  élu  après  Eutychien  l'an  283 . 
Elle  eft  grande ,  bien  peuplée ,  8c  même  marchande  ;  mais  elle  di-  Le  ((jbin  qu'il  eut  d'animer  les  Martyrs  à  la  mort,8c  fur  tout  fa  nièce 
minuë  extrêmement.  Se  eft  devenue  bien  différente  de  ce  qu'elle  Sufanne,  fille  de  Gabin,  que  Diocletienvouloit  marier  à  Maximin 
étoit ,  lors  qu'elle  fervoit  de  demeure  aux  Sultans  d'Egypte.car  elle  Galère fon  gendre ,  8e fon  afTocié  à  l'Empire,  lui  acquit  la  même 
eft  maintenant  fous  la  domination  des  Turcs ,  depuis  que  Selim  la  couronne  du  martyre  l'an  296.II  avoit  tenu  le  fiege  douze  ans,  qua- 
prit  l'an  15-17  .fur  les  Mammelus,qui  l'avoient  gardée  environ  deux  tre  mois,8e  cinq  j  ours,8e  fait  quatre  ordinations  au  mois  deDécem- 
cens  foixante  Se  dix  ans.  Marmol  croit,  que  la  véritable  ville  du  brejilfitvingt-cinqPrêtres,huitDiacres,  Se  cinq  Evêques,  pour  di- 
Caire  fut  fondée  par  un  Renégat  Efclavon;  qu'elle  contenoit  fîx  verfesEglifes.On  lui  attribue  mie  Epitre  écrite  à  un  Prélat  nommé 
mille  maifons  bien  bâties,avec  plufîeurs  riches  palais  qui  répondent  Felix.Il  ordonna  auifi  que  les  Evêques  pafferoient  par  tous  les  fept 
fur  la  rivière ,  8e  une  mofquée  admirable  par  fa  ftrufture.  Il  ajoute  Ordres  inférieurs  de  l'Eglife,  avant  que  de  pouvoir  parvenir  à  l'E- 
auffiquelavilledeMemphis,où  les  Pharaons  tenoient  leur  iiege,  pifcopatjfans  qu'il  ait  pourtant  étabfi  ces  Ordres  qui  l'étoientdéja 
Se  qui  eft  aujourd'hui  détruite,  étoit  fur  le  canal  duNU,  à  quel-  3epuislesApôtres.*Eufebe,en/^C^ro».e^//.7.c.l6iH(/Z. Nicephore, 
ques  lieuè's  du  Caire ,  où  l'on  voit  encore  fes  ruines.  QuelquesAu-  ^-à.c.i^.T.I.Conc.  Onuphre,  Genebrard  ,  Platine,  Baronius, 
teurs  veulent  que  le  Caire  d'aujourd'hui  foit  la  Babylone  d'Egypte  ^^.C.  281.196.  Le  Martyrologe  Romain ,  au  iz.A-vril. 
desAnciens;mais  ils  fetrompentjOn  en  voit  encore  les  mafuies  près  Caius  ,  ou  Gaius  ,  Patriarche  de  Jerufàlem  ,  fils  de  Caius! 
du  Caire.  Il  y  en  a  qui  divifent  cette  ville  en  quatre  parties,qui  font  Rufus ,  de  qui  la  maifon  d'Augufte  étoit  fortie  ,  félon  Suétone» 
£oulac,levieilCaire  ylenouveau  Caire  iS^Carafat , qui  ontun  vuide  Nous  fçavons  fetilement  qu'il  vivoit  dans  lell. Siècle,  vers  l'an  160; 
confiderable  entre  deux.  Ils  ajoutent  que  ces  quatre  parties  enfem-  qu'il  fut  élu  après  Symmachus  ,  8e  que  Julien  II.  lui  fucceda* 
ble,  avec  leurs  fauxbourgSjOnt  dix  ou  douze  lieues  de  longjfept  ou  *Eufebe,  Baronius,  Genebrard,  8ec. 

huit  de  large,vingt-cinq  de  circuitjSe  que  toutes  enfemble  ont  feize  '  CAIUS,  ou  Gaius,  Prêtre  de  l'Eglife  Romaine  8e  perlbn- 
ou  dix-huit  mille  rues,  lix  mille  mofquées  publiques,  8c  vingt  mille  nage  très-fçavant ,  vivoit  dans  le  III.  Siècle.  Il  difputa  publique- 
particulieresjdeux  cens  mille  maifons,  8e  un  très-grand  nombre  de  ment  contre  Proclus ,  célèbre  difciple  de  Montanus ,  8e  le  confon- 
■phces,6iix.ars  ou  marchez.  Mais  ceux  qui  regardent  les  chofes  fans  dit  de  telle  forte  qu'il  demeura  fans  réponfe.  Le  Pape  Zephyrin, 
prévention  8e  fans  vouloir  exagérer,  avouent  que  leCaire  feparé  des  après  cette  vi£toire,excommunia  tous  ceux  qui  fuivoient  les  Mon- 
bourgï8cdesmafures  qui  l'environnent,  n'eiî pas  plus  grand  que  taniftes;  cela  arriva  l'an  2  ly.Caius  donnaau  pubKc  cette  Difpute , 
Paris,qu'il  ti'y  a  rien  d'extraordinaire ,  que  les  rués  y  font  beaucoup  qu'Eufebe  avoit  vûë,8e  qui  Contenoit  à  fon  avis  des  preuves  invinci- 
étroites,8e  qu'enfin  cette  ville  eft  beaucoup  diminuée  de  ce  qu'elle  a  bles  contre  les  Montaniftes.  C'eft  tout  ce  que  nous  en  fçavons,cette 
été.  C'eft  la  ruine  du  négoce  qui  a  rendu  cette  ville  moins  confide-  Pipce  s'étant  perdue  avec  plufîeurs  autres  de  l'Antiquité.  *  Eufebc, 
rable ,  car  depuis  les  navigations  des  Indes  nous  recevons  en  Europe  ^'fi-  ^-  ^-  c-  ^S-  ''•  i-c^i.li.ô.c.io.  S.  Jérôme ,  de  Script.  Eccl.  c.  5-9. 
de  ce  côté  les  denrées  qui  ne  nous  venoient  autrefois  que  duCaire  Se  Honoré  d'Autun,  de  Lum.Eccl.c.  60.  Photius ,  Cod.  48.  Baronius ,  iif 
d'Alexandrie.  Le  Caire  a  un  château  fur  un  roc,  qui  eft  très-beau  Se  ^»»<i/-Bellarmin.  T.I.  Controv.liv.  i.c.iy.  éfc. 
affez  fort  ;  les  peintures  Se  les  ornemens ,  qui  y  reftent ,  ont  encore  '  CAIUS,  Macédonien,  difciplede  S.  Paul  dans  le  I.  Siècle,  fut 
quelque  chofe  qui  fe  reffent  de  la  magnificence  desSoudans  d'Egyp-  pris  avec  Ariftarque  par  les  feditieux  d'Ephefe,que  Demetrius  Or- 
te.  Sa  vue  fur  la  ville,  fur  le  Nil,  8e  fur  les  campagnes  voifînes  eft  fevre  avoit  animez  contre  l'Apôtre.  Ils  furent  conduits  authéa- 
incomparable.  L'eau  y  eft  portée  du  fleuve  fur  un  aqueduc  de  trois  tre;  Se  un  Magiftrat  appaifà  le  tumulte.  *Dansles  Aâ:es,c.  19.V, 
cens  cinquante  arcades.  L'on  va  dans  le  Caire  fur  des  ânes,comme   29- d'c.  20.-^.4. 

on  fait  à  Paris  en  carroflë.Les  Turcs  y  ont  introduit  cette  coutume,  '  CAIUS,  (Jean)  natif  de  Norfolc.  en  Angleterre  ,  8e  célèbre 
afin  de  garder  les  chevaux  pour  eux.  Il  y  a  diverfes  manufactures,  Médecin,vivoit  vers  l'an  ij-j-S.  Il  étudia  dans  fon  pais.  Se  puis  en 
8e  entre  autres  de  ces  beaux  tapis  que  nous  appelions  tapis  de  Tur-  Italie  dans  l'Univerfité  de  Padouë,  fous  Jean-Baptifte  Montanus  ;  8c 
quie.  Les  voyageurs  ne  manquent  pa^d'aller  voir  les  pyramides  8c  étant  revenu  en  Angleterre  i  il  s'y  fitconfiderer  par  fa  dodtrine  8c 
les  momies<[ui  font  près  du  Caire ,  Se  les  greniers  8e  le  puits  de  Jo-  par  fon  mérite.  Il  a  compofé  divers  Ouvrages. De  medendi  tnethodo. 
feph,  qa^on  trouve  dans  la  ville.  Mais  en  cela ,  comme  en  d'autres  Annotationes  m  Galenum,(^c.  *  Pitièus,  de  Script,  Angl.  Vaa. 
chofes^ils  nous  en  font  fouvent  bien  accroire.  *  Marmol, /.  1 1  .cap.  der  Linden,  de  Scrip.Med.  é^c. 
24.  éf2-S-  Texeira,  li.  i.  Sanut,  li.  9.  Léon  d'Afrique,  part.^.\      CAIUS  Oppius.  Cherchez  Oppius 


Vincent  le  Blanc ,  Céfar  Lambert ,  Montconis,  Thevenot,Sanfon, 
Du  Val,  Sec. 

Concile  du  Caire. 
Quelques  Ecclefiaftiques  Se  quelquesjefiiïtes  le  tinrent  l'an  I5-82 . 


C  A  K  E  T ,  royaume  de  la  Géorgie  vers  le  mont  Caucafe ,  8c 
qui  eft  proprement  l'ancienne  Iberie.  Il  a  été  conquis  par  le  Roi 
de  Perfe,8e  le  Prince  n'a  plus  maintenant  que  la  qualité  de  Viceroi. 
Les  villes  de  ce  royaume  font  aujourd'hui  toutes  ruïnées,à  la  rélèr- 
ve  d'une,  nommée  auffi  Caket.  On  connoît  par  les  ruines  qu'elle 


par  ordre  du  Pape  GregoireXIII.pour  faire  connoître  les  erreurs  de  étoit  grande  8e  magnifiquement  bâtie.    On  dit  que  ce  font  les  peu- 
Neftorius  8e  de  Diofcorus  aux  Cophtes ,  8e  les  ramener  dans  le  fein  'pies  Septentrionaux  du  mont  Caucafe ,  fçavoir  les  Alains.les  Huns, 
de  l'Eglife.  Le  Patriarche  de  ces  Cophtes  y  alfifta  avec  les  Abbez  8e   Sec.  qui  ont  ravagé  8e  défolé  tout  ce  pais. 
les  perfonnes  les  plus  confiderables  de  fa  communion.  On  Iç ur  fit  "         ' 

avouer  qu'il  y  avoit  deux  natures  en  Jesus-Christ  ,  8e  ils  ab- 
jurèrent leur  créance  de  bouche  ;  mais  le  Patriarche  étant  mort  au 
commencement  de  l'année  fiiivante ,  fon  Vicaire,  qui  prétendoit 
à  cette  dignité  ,  empêcha  qu'on  ne  le  fît  par  écrit.  *  Poffevin , 
T.  IT.  Appar.S^onÀe,  A.C.  if Si. num.  23. 

CAIROAN  ,  que  les  Arabes  nomment  Cuiravan ,  ville  d'A- 
frique dans  le  royaume  de  Tunis.  C'eft  [tThyfdrus  des  Anciens, 
dont  il  eft  fait  mention  dans  Ptolomée ,  dans  Pline ,  dans  Jule  Ca- 
pitolin ,  dans  l'Itinéraire  d'Antonin ,  Sec.  Elle  eft  fituée  fur  la 
rivière  dite  Capullia ,  dans  une  campagne  fterile ,  à  douze  ou  quinze 
lieues  de  la  mer.  C'eft  la  capitale  d'un  gouvernement ,  8e  la  reliden- 
ce  d'un  Pontife  de  la  Loi  Mahometfhe. 

CAIROAN,  ou  Carvan  ,  que  les  Arabes  appellent  Caim- 
■van,  ville  du  royaume  de  Tunis  en  Afrique,  vers  le  golfe  de  Ca- 
pes.EUefutfonde'el'aiiéji.  parOccuba,Generalde  l'armée  d'Od- 


Le  Chevaher  Chardin^ 
Voyage  de  Perfe ,   1673.  ^^P- 

C  A  L  A  B  E  R ,  (Nicolas)  Hérétique ,  étoit  Efpagnol.  Il  pu- 
blioit  des  erreurs  dans  le  XIV.  Siècle ,  Se  à  la  pouriùite  de  l'Inqui- 
fiteur  d'Aragon,  il  fut  brûlé  en  i^S9-  *  Sponde  ,  A.C.  i}fç. 
num.  4. 

C  A  L  A  B  E  R ,  (Quintus)  a  compofé  un  Poème  Grec ,  intitulé 
lesParalipomenes  d'Homère, -par ce  que  c'eft  la  fuite  8e  l'achèvement 
de  rihade.Cet  Auteur  eft  vulgairement  connu  fous  le  nom  de  CaU- 
ber ,  à  caufe  que  cet  Ouvrage  fut  trouvé  par  le  Cardinal  Beffarion 
dans  un  ancien  Monaftere  de  Saint  Nicolas  près  de  la  ville  d'Otran- 
te  en  Calabre  ;  ce  qui  eft  auffi  remarqué  dans  la  Grammaire  Greque 
de  Conftantin  Laicaris  :  mais  il  femble  qu'il  y  ait  plus  de  raiibn  de 
l'appeller  i'?wyr»fe» ,  puis  qu'il  dit  de  lui-même  ,  qu'il  s'eft  occupé  à 
Smyrne  à  pmtre  lesillujtres  brebis  des  Mufes.  D'où  l'on  peut  juger 
que  Smyrne  étoit  fa  patrie ,  ou  du  moins  qu'il  y  a  tenu  école  : 
mais  c'eft  fans  fondement  que  quelques-uns  ont  cru  qu'il  étoit 

Romaiiî 


CAL 

Romaili.  Aurefte ,  de  quelque  nation  qu'il  ait  été ,.  c'eft  un  Auteur 
poli  &  agréable ,  qui  approche  fort  de  Mufée ,  &  qui  ne  cède  guère 
à  Homère  même ,  ni  dans  l'invention  ni  dans  le  ftyle.  *  Voflius  (le 
FoëtisGr£cis. 

C  A  L  A  B  R  E ,  province  d'Italie  dans  le  royaume  de  Naples , 
ai?ec  titre  de  Duché.Elle  eft  bien  différente  de  ce  qu'elle  a  été  autre- 
fois ,  &  comprend  moins  de  pais  que  dans  le  tems  qu'elle  fut  poflè- 
dée  par  les  Meflapiens,  fortis  d'un  certain  Meflapus,  qui  donna  fon 
nom  au  pays.  Elle  prit  depuis  celui  des  Calabres  venus  de  la  grande 
Grèce.  La  partie  de  la  province  qui  eft  voifme  du  golfe  de  Tarente 
fut  habitée  par  les  Salentins  ;  8c  par  fucceflion  de  tems  le  nom  de 
Fouille  fut  employé  à  lignifier  le  païs  qui  s'étendoit  depuis  les  Fe- 
rentins  jufqu'en  Calabre ,  comme  le  remarque  Cluvier.  Ainfi  en  ce 
temsjla  Calabre  comprenoit  tout  ce  qui  eft  au  bout  de  l'Italicentre 
la  mer  Adriatique  &  la  mer  Mediterranée,fçavoir  la  Terre  d'Otran- 
tCjla  Terre  de  Barry,la  Balilicate,Sc  tout  ce  qui  eft  à  l'entour  du  gol- 
fe de  Tarente.  Aujourd'hui,  la  Calabre  occupe  le  pays  des  Brutiens 
&  une  partie  de  la  grande  Gréce.ainlî  nommée,  parce  que  plulieurs 
Grecs  s'y  établhent.  C'eft  la  partie  la  plus  Méridionale  de  l'Italie  du 
côté  de  la  Sicile,dont  elle  n'eft  féparée  que  par  un  petit  détroit.  Elle 
eft  proprement  une  prefqu'ille.  Car  elle  a  le  golfe  de  Tarente  Scia 
mer  Ionienne  au  Levant  &  au  Midi,&  la  mer  Tyrrhene  ou  de  Tof- 
cane  au  Couchant,  la  Bafilicate  lui  eft  au  Septentrion.  Sa  divifîon 
ordinaire  eft  en  citerieure,  ou  haute;  &  en  ultérieure ,  ou  baflè.  La 
Calabre  citerieure  occupe  la  partieSeptentrionale,où  elle  a  un  Ifth- 
me  renommé  dans  l'Hiftoire,  par  la  muraille  qu'y  bâtit  autrefois 
Licinius  Craffus  contre  les  troupes  de  Spartacus  chef  des  efclaves 
révoltez.  Ce  fut  l'an  68 1  .de  Rome,  74.  avant  la  naiiîance  du  Fils  de 
Dieu.  Cofènza  eft  la  ville  capitale  de  cette  partie  de  la  Calabre.  Les 
autres  font  Roflàno  Archevêché,  Caflàno ,  S.  Marco ,  Biiignano  , 
Montalto,  Amatea,  Martorano,  Cariati,Umbriatico,  Stringoli,  qui 
font  toutes  villes  Epifcopales.  Roflàno,  Bifîgnano,  Tarlia ,  Cyrifa- 
no,  Strongoli,Caftiglioni  ont  titre  de  Principauté,Paole,8cc.La  vil- 
le des  Sybarites,renommée  dans  les  écrits  des  Anciens,étoit  encore 
dans  cette  partie  de  la  Calabre.  La  bafle  ou  ultérieure  a  S.  Severi- 
no  &  Regio  Archevêchez,Cotrone,Ifola,Belcaftro,Taverna,Nicaf- 
tro,  Cantazaro,Squillace,Monte-Leone,Tropea,Mileto,  Nicotera , 
Oppido ,  Girace ,  &  Bove  avec  Evêché,  Maida,  Satriona ,  Mileto , 
Roccella,SciglioouSilla,  &  S.  AgathaPrincipautez,  Seminaraoù 
les  François  défirent  Ferdinand  d'Aragon  en  i496.8cGioïaoùils 
furent  défaits  en  i  fo  3 .  La  Calabre  n'eft  pas  un  pays  également  fer- 
tile,ellereft  même  très-peu  en  certains  endroits,  bien  qu'en  d'au- 
tres elle  le  foit  beaucoup.Sâ  fituation  la  rend  très-importante.  Elle 
a  été  foûmife  aux  Romains ,  Se  puis  aux  Empereurs  de  Conftanti- 
nople ,  iufques  dans  le  IX.  Siècle ,  que  les  Sarrafîns  s'en  rendirent 
maîtres  vers  l'an  827 .  De  là  ils  faifoient  des  courfes  dans  le  refte  de 
l'Italie.  Le  célèbre  Robert  Guichard  Normand  les  en  chafla  dans  le 
XI.  Siècle  ;  il  fut  fait  Duc  de  la  Fouille  &  de  la  Calabre  en  i  ofç.  & 
il  mourut  en  1 08/.  Il  avoir  un  frère  qui  s'établit  dans  la  Sicile.  Ro- 
ger le  fécond  de  fes  fils  eut  la  Calabre,  qu'il  laiflà  à  Guillaume ,  &■ 
celui-ci  la  céda  à  fon  coufm  Roger  II ,  qui  fut  Roi  de  Naples  & 
de  Sicile,  fameiix  par  fon  courage&parjTes  conquêtes.  Il  mou- 
rut en  1 1  fi.  avec  cet  éloge  d'avoir  fournis  la  Fouille ,  la  Calabre , 
la  Sicile ,  8c  une  partie  de  l'Afrique  :  ce  qui  eft  exprimé  dans  ce  vers 
qu'il  avoit  fait  graver  fur  fon  épée  : 

Appulus  0>  Calaber,  Siculus  mihi  fervlt ,  ç^'Afer. 

Depuis  ce  feems,  la  Calabre  a  fait  partie  du  royaume  de  Naples  , 
Se  les  fils  de  fes  Rois  ont  quelquefois  porté  le  titre  de  Ducs  de  Cala- 
bre, comme  Charles  fils  du  Roi  Robert,  Jean  d'Anjou  fils  du 
Roi  René,  Nicolas  fds  du  même  Jean,  8cc.  La  Calabre  eft  fujet- 
te  à  de  fâcheux  tremblcmens  de  terre ,  comme  ceux  qu'elle  fouf- 
frit  depuis  l'an  163  8.  jufqu'en  i64i.dontnous  avons  une  Relation 
lînguliere  fous  ce  titre ,  Hiftorico  racconto  dei  Terremoti  délia,  Cala- 
briadel'anno  lô'^^.finalanno  1641.  dut  A^atio  de  Somma.  Ce  Li- 
vre fut  imprimé  à  Naples ,  en  un  volume  in  oBavo ,  la  même 
année  1641.  *  Pline,  li.^.c.  11.  Ptolomée,  //.  3.  Strabo,  /;.  6. 
Cluvier,  //.  3.  Mevuh, Cofmografh. part: z.  li./^..  c.  27.  Leander 
Alberti,  Dc/cr.  If«/.  Gabriel Barrius ,  de antiq.  ^JiiuCalaé.  Ce- 
drene ,  Curopalate ,  Sulmonte ,  CoUenucio ,  8cc. 

CVLAHORA,  ville  d'Efpagne  dans  la  CaftiUe  la  vieille,  avec 
Evêché  autrefois  fuffi-agant  de  Tarragone  8c  puis  de  Burgos.  Elle 
eft  fituée  fur  l'Ebre ,  qui  y  reçoit  la  rivière  de  Cidacos  de  Caftiglia. 
L'Evêché  de  la  Calzade ,  oudeS.DomingodelaCalzade,  fut  uni 
àcelui  de  Calahora  en  i236.Plineparlededeuxvillesdecenom, 
CalapirrisNafcica,  ècCalagurrisFièularia.  La  première  étoit  en- 
tre les  peuples  de  Hufca ,  8c  l'autre  dans  le  pays  des  Gafcons  félon 
Surita.  Quintilien  8c  Prudence  étoient  de  Calahora.  Ce  dernier  en 
parle  en  ces  termes  :  InFeriStep.Hymn.y. 
Nofira  geflabit  Cahgunis  ambos , 
^uos  veneramur ,  ^c. 
*Sant3L,adItmer.  Anton.  DeMarca,  Hifl.  deBeam.  Nonîus,Me- 
rula,  8cc. 

CALAIS,  ville  8c  port  de  mer  de  France  dans  cette  partie  de 
la  Picardie  qu'on  appelle  pays  reconquis  ,  depuis  qu'on  l'ôta  aux 
Anglois.  Quelques  Auteurs  croyent  qu'elle  eft  le  Vortus  Iccius  des 
Anciens,  qui  n'en  doit  pas  être  loin.  Le  Sieur  Sanfon  aeftimé 
que  ce  Tortus  Iccius  eft  celui  de  Boulogne.  La  ville  de  Calais  , 
comme  plufieurs  autres ,  fut  nommée  du  nom  de  tout  le  pays,  qui 
étoit  celui  de  Caletes ,  que  quelques-uns  mettent  depuis  l'embou- 
chure de  la  rivière  de  Seine  jufques  à  celle  d'Aa.  Onaflure  que 
le  port  de  Calais  fiit  commencé  fous  Baudouin  IV.  dit  Belle-barbe 
ou  le  Barbu ,  Comte  de  Flandres;  qu'on  le  nomma  Scalas  ou  Fetref- 
(e  ;  8c  que  Philippe  Comte  de  Boulogne ,  un  des  mécontens  qui  fe 
liguèrent  contre  la  régence  de  Blanche ,  mère  de  Saint  Louis ,  fit 
entourer  de  murailles  la  ville,  qui  n'étoit  auparavant  qu'un  fimple 
bourg.  Edouard  III,  Roi  d'Angleterre  l'emporta  l'an  1 347 .  fur  les 
Tome  II, 


CAL 


ti 

François;  après  un  fiege  d'environ  dix  ou  onze  riioîs ,  fans  Ouï  lé 
Roi  Philippe  de  Valois  la  pût  fecourir.  Jean  de  Vienne ,  qui  y  corn-* 
mandoit  ,  abandonné  de  toute  forte  d'efperance  ,  &  fe  voyant 
prelfè  de  toutes  parts  fur  terre  8c  fur  mer ,  la  rendit.  Nos  Hiftoires 
parlent  allez  du  courage  de  ceux  de  Calais  en  cette  occafion.  Dcj 
puis ,  les  Anglois ,  qui  par  le  moyen  de  ce  port  fe  vantoient  d'avoir 
les  clefs  de  la  France  pendues  à  la  ceinture ,  le  conferverent  deux 
cens  dix  ans ,  jufqu'à  ce  que  le  Duc  de  Guife  la  prit ,  après  un  fiéo-e 
de  neuf  ou  dix  jours,  au  commencement  de  l'an  15-^8.  L'Archi- 
duc Albert  d'Autriche ,  Gouverneur  pour  le  Roi  d'Eftagne  dans 
les  Pais-Bas,  prit  Calais  l'an  1 5-96. 8c  elle  fut  rendue  deux  ans  après 
au  Roi  Henri  IV.  par  un  des  articles  de  la  paix  de  Vervins  Lors 
que  la  ville  fut  prife  par  le  Duc  de  Guife ,  elle  étoit  défendue  de 
trois  baftions,  8c  d'un  quattiéme  qui  regardoit  le  Midi  où  étoit  la 
vieille  citadelle;  mais  depuis  elle  a  été  fortifiée  encore  plus  remi- 
heremcnt,  8c  fes  fortifications  confiftent  en  neuf  grands  baftions 
Royaux,  avec  ceux  de  la  citadelle ,  8c  en  plufieurs  autres  ouvra-' 
ges  tous  revêtus  de  pierres,  8c  fes  environs  font  remplis  de  forts 
de  forte  que  Calais  eft  une  des  plus  importantes  villes  du  royaume' 
EUe  a  un  double  foffè  fort  large  8c  profond ,  où  paffe  la  rivière 
deHames,  qui  coule  le  long  des  murailles;  8c  divers  ruilTeaux 
qui  arrofent  plufieurs  marais  qui  font  à  l'entour ,  s'y  viennent'auflt 
décharger  dans  les  foflèz.  On  ne  peut  aller  dans  la  place  que  par 
ce  marais,fi  ce  n'eft  par  la  chauffée,qu'on  appelle  le  point  de  Nieul- 
lay;  8c  l'on  ne  peut  entrer  dans  le  port  qu'avec  la  permifllon  de  la 
garnilon  du  Risban.  Ce  port  eft  divilé  en  deux,  l'undit/eC/i- 
'legray ,  l'autre  plus  grand  eft  fermé  de  deux  moles  revêtus  de  pier- 
res. Une  partie  de  la  rivière  coule  dans  la  ville ,  où  il  y  a  de  l'autre 
côté  un  canal,  ce  qui  fert  beaucoup  à  y  entretenir  le  commerce 
Calais  n'eft  pas  une  grande  ville ,  mais  elle  eft  bien  bâtie  8c  très- 
peuplée  ,  les  rues  y  font  belles  8c  droites.  Celle ,  qui  commencé 
à  la  porte  de  terre  8c  qui  aboutit  au  port ,  eft  la  plus  confiderable - 
elle  paflTe  par  le  milieu  de  la  grande  place ,  où  eft  la  Maifon  de  ville  ' 
8c  on  voit  tout  proche  le  palais  de  l'auditoire  avec  la  tour  dû 
guet.  Il  y  a  d'autres  belles  maifons,  des  Eglifes  magnifiques 
plulieurs  Monafteres ,  8c  divers  Forts.  Calais ,  en  Latin  Caletum  ] 
donne  fon  nom  au  détroit  de  fept  lieues,  qui  eft  depuis  la  France 
jufques  à  Douvres  en  Angleterre.  Ceft  ce  que  nous  appelions  k 
PaJJage  ou  ?as  de  Calais,  8c  les  Anglois  The  Strait  of  Calais.  *  Pa- 
pyreMaflTon,  Defcr.fium.GaU.  Du  Chefne,  Recherches  des  anti- 
quit.  des  villes.  DeThou,  Biji.li.ip.  DupleixScMezeray,  Ja/î.</e 
France,  ^c. 

CALAïSScZetes,  frères ,  fils  de  Borée  8c  d'Orithuye  8c 
auxquels  les  Poètes  attribuent  des  ailes.  Ils  firent  le  voyao-e  de  Col- 
chide avec  les  Argonautes,  8c délivrèrent  Phinée ,  Roi  dePaphla- 
gonie  ou  de  Bithynie ,  des  Harpyes ,  qui  l'incommodoient.  Enfin 
ils  furent  tuez  par  Hercule.  On  les  nommoit  énfans  de  Borée ,  ou 
du  Nord,  pour  dire  qu'ils  étoient  d'un  pais  Septentrional  à  l'égard 
de  la  Grèce ,  fçaivoir  de  Thrace.  Les  Poètes  ont  depuis  changé  le 
père  de  ces  deuxjeunes  hommes  en  un  vent,  8c  leur  ont  attribué 
des  ailes,  afin  qu'ils  reflèmblaffent  à  leur  prétendu  père  en  quelque 
chofe.  *Ovid.Me^vi.Lloyd,  8cc.  r  1     1 

C  A  L  A  M  A ,  ancienne  ville  d'Afrique ,  entre  Hippone  8c  Conf- 
tantine,  quiaeuEvêchéfuffragantdeCarthage.  Il  en  eft  fouvent 
parlé  dans  les  écrits  de  Saint  Auguftin ,  8c  principalement  dans  le  2 s 
livre  contre  les  Donatijles  8c  dans  lo  2 .  des  RetraBations.  , 

C  A  L  A  M  A ,  autre  ville  d'Afrique,  dans  le  royaume  d'Alger  8c 
près  de  la  rivière  de  Malvia ,  au  pied  des  montagnes. 

CALAMATA,  ville  d'Afrique,dans  le  royaume  d'Alger ,  près 
de  la  rivière  dite  Major.  *  Marmol  8c  Jean  de  Léon ,  Defcr.  Af. 

C  ALAMATA.bourg  de  la  province  de  Belvédère  dans  la  Morée. 
Il  eft  aflTez  peuplé ,  quoi  qu'il  n'ait  pas  de  murailles  pour  fe  mettre  à 
l'abri  d'une  furprife.  Il  y  a  fur  une  hauteur  voiiîne  un  château ,  qui 
étoit  fortifié  aflèz  régulièrement ,  8c  où  les  habitans  pouvoient  fe 
mettre  en  fûretéimais  le  Generahfllme  Morofmi  s'en  rendit  maître 
en  1 68  j.  8c  le  fit  détruire.  *  P.  Coronelli ,  Defiription  de  la  Morée. 

CALAMIANES,  ifle  des  Indes.  Cherchez  Paragoya 

CALAMINUS,(  George  )  Allemand ,  étoit  de  Silber'berg. 
en  Litin  Argentimonrium ,  bourg  dans  la  Siléfie.  Son  père  étoit 
un  pauvre  Ouvrier  nommé  Norich ,  8c  ce  nom  étoit  celui  de  fa 
famille.  George  avoit  tant  de  génie  pour  les  Lettres  qu'on  lui 
confeilla  de  s'y  attacher  ,  8c  il  quitta  Ion  nom ,  pour  prendre 
celui  de  Cakminus ,  comme  c'étoit  l'entêtement  de  plufieurs  Sça- 
vans  de  fon  tems.  Il  étudia  à  Breflau ,  à  Heidelberg  ,  à  Stras- 
bourg ,  8c  ailleurs  ;  8c  enfuite ,  après  avoir  été  Précepteur  de  Mef- 
fleurs  de  Coligni  en  France  8c  des  Princes  de  Wirtemberg ,  il  en- 
feignaàLintz,  8c  il  mourut  le  i.  Décembre  de  l'an  ij-pj.  âgé 
de  48.  ans.  Il  a  compofé  des  éloges  des  hommes  illuflres  en  vers,  a 
traduit  quelques  Tragédies  d'Euripide,  8cc.  *  Melchior  Adam, 
in  Vit.  German.  FhiloJ. 

CAL ANDRINO.  Cherchez  Çalendrino. 

C  A  L  A  N  U  S ,  Philofophe  Indien,' fuivit  Alexandre  le  Grande 
des  Indes  jufqu'en  Perfe;  8c  ayant  paflel'elpace  de  quatre-vingt- 
trois  ans  ,  làns  avoir  jamais  été  incommodé  d'aucune  forte 
de  maladie,  comme  il  fut  arrivé  en  Perfe  ,  étant  travaillé 
d'une  colique,  il  réfolut  de  fe  faire  mourir.  Il  pria  le  Roi  de  com- 
mander qu'on  lui  drefllt  un  bûcher ,  8c  que  quand  il  feroit  deA 
fus ,  il  y  fît  mettre  le  feu.  Alexandre  le  voulut  détourner  de  ce 
defîêin  :  mais  voyant  que  quoi  qu'il  lui  pût  dire ,  il  demeuroit 
ferme  dans  fa  réfolution,  il  fiit  contraint  de  lui  accorder  ce  qu'il 
demandoit.  Mais  comme  il  eftimoit  ce  Philolbphe  ,  il  voulut 
1  honorer  fa  mort  d'une  pompe  funèbre ,  qui  fût  digne  de  la  ma- 
gnificence d'un  grand  Prinee.  Il  fit  mettre  l'armée  en  bataille ,  or* 
donna  certaines  perfbnncs  pour  répandre  les  plus  précieux  par- 
fums ,  qu'on  pourroit  trouver ,  fur  le  bûcher  ;  fur  lequel  Cala- 
nus  fe  fit  porter  couronné  à  la  mode  des  Indiens.  Il  s'y  coucha  dou- 
B  i  cernent 


ïx  CAL. 

cement;&  lorfque  la  flamme  vint  le  faifir.il  demeura  toujours  dans 
lamêmepofture,  fans  jamais  fe  mouvoir  8c  fans  donner  aucun 
iigne  de  douleur.  On  dit  que  comme  on  lui  demanda  s'il  n'avoit 
rien  à  dire  au  Roi,  qui  ne  voulut  pas  affilier  à  cefpeaacle,  il  re- 
pondit qu'il  n'avoit  rien  à  lui  faire  favoir ,  parce  qu'il  le  rever- 
roit  dans  peu  de  tems  à  Babylone.  Ces  paroles  furent  comme  un 
oracle,  qui  marquoit  la  prochaine  mort  d'Alexandre.  Cela  arriva 
l'an  4-  7 .  de  Rome,trois  mois  avant  la  mort  d'Alexandre.,*  Qumte- 
Curfe,  //.  lo.  Arrian,/».  7.  Valere Maxime,  //.  i.  c.  10.  ix.  26. 
Strabon,  /;.  15-. 

CALAPHATES.  Cherchez  Michel  V.  '     „^^ 

CALARUEGA  ,  ou  Calaroga  ,  petit  bourg  dEfpagne  , 
dans  la  Caftille  vieille  &  dans  le  diocefe  d'Ofma,  ell  célèbre  par 
la  naiflancedeS.Domimque  de  Guztoan,  Fondateur  de  1  Ordre 
ucs  Prêcheurs* 

c  A  L I  s  I O  ,  (  Marius  de  )  Francifcain  ,  Profeffeur  de  la 
Langue  Hébraïque  à  Rome ,  a  compof&une  Concordance  de  la 
Bible  imprimée  au  même  lieu  en  1611.  &  elle  contient  quatre 
grands  volumes  infoi'w.  Cet  Ouvrage  a  été  loué  de  tous  les  habi- 
les gens,  8c  même  par  les  Proteftans.  En  effet,  cette  Concor- 
dance, quieft  proprement  une  Concordance  des  mots  Hébreux, 
eft  un  ouvrage  admirable;  car  outre  les  mots  Hébreux  de  la  Bi- 
ble qui  font  dans  le  corps  du  Livre  avec  la  verfion  Latine  vis-à-vis, 
on  trouve  aux  marges  les  différences  de  la  verlîon  des  Septante 
2c  de  la  Vul^ate  ;  de  forte  qu'on  voit  tout  d'un  coup  en  quoi 
ces  trois Bibîes conviennent 8c en  quoi  elles  différent.  Déplus, à 
la  tête  de  chaque  mot  il  y  a  une  efpece  de  Diaionaire ,  où  l'on  ap- 
porte l'explication  de  chaque  mot  Hébreu ,  Se  on  le  compare  en 
même  tems  avec  les  autres  Langues  voifmes  ,  favoir  avec  la 
Chaldaïque,  la  Syriaque,  8c  l'Arabe  ;  ce  qui  eft  d'une  grande  utili- 
té pour  connoitre  la  fignifîcation  des  motsHebreux.Le  fond  de  cet- 
teConcordanceHebraique  a  été  pris  de  laConcordance  dujuif  Rab- 
bi  Nathan,imprimée  àVenife,qui  a  été  enfuite  augmentée  parRab- 
bi  Mardochée ,  8c  imprimée  à  Bâle.  *  Mémoires  des  favans.  SUP. 
CALATAGIRONE  ,  petite  ville  de  Sicile  'dans  les  monta- 
gnes. Elle  eftpeuconfiderable,  8c  on  l'a  bâtie  fur  les  ruines  de 
l'ancienne  Calata.  D'autres  en  mettent  une  autre  de  ce  nom  en 
Sicile , 

CALATAGIRONE,  (Bonaventure)  Sicilien  ,  Général 
des  Cordeliers ,  vivoit  en  1600.  c'étoit  un  homme  qui  ne  man- 
quoitni  d'efprit  ni  de  conduite.  En  15-98.  il  fe  trouva  au  Traité 
de  paix  qui  fe  conclut  à  Vervins,  8c  qu'il  avoit  propofée  dès  l'an- 
née précédente.  Le  Roi  Henri  le  Grand  lui  témoigna  beaucoup 
d'eftime,  8c  lePapeClement  VlII.lenommaPatriarchedeCon- 
ftantinople,  l'envoya  depuis  en  France  pour  les  aôaires  du  Mar- 
quifat  de  Saluées. 

CALATAJUD,  ville  d'Efpagne  daiis  le  royaume  d'Ara- 
gon ,  Biléilis  nova.  Elle  eft  fituée  au  pied  d'une  haute  montagne , 
fur  le  Xalon ,  qui  y  reçoit  une  autre  rivière  dite  Rio  Baubula ,  vers 
les  frontières  de  la  Caftille ,  entre  Saragolfe  8c  Medina-CœU.  Il  y 
a.  un  rocher  détaché ,  fur  lequel  eft  bâti  un  château ,  qui  comman- 
de la  ville.  Cette  ville  eft  grande  8c  belle ,  8c  dans  une  campagne 
fertile.  Divers  Auteurs  parlent  de  Calatajud  ,  comme  de  l'an- 
cienne B/&/«,  qui  étoft  la  patrie  de  Martial.  Mais  ce  qui  fait  de 
la  peine ,  c'eft  que  ce  Poète  afsûre  que  fa  patrie  étoit  fituee  fur  une 
IjiO^jtagne  : 

Videb'ts  altam,  LSemiane,  Biléilim 
Aqiiis  ^  armh  nohilem. 
Cependant  Calatajud  eft  dans  une  plaine 
chofe  plus  fortement  en  ces  termes  : 

Montanamque  mihi  Cale^urim ,  ^  Bilhilim  acut'is 
tendent  em  fcopulis. 
Et  Martial  s'expliquant  encore  en  faveur  de  fa  patrie ,  dit  le  même 
de  la  fituation  de  Bilbilis  : 

Mmiicipes ,  Augujia  mihi  quos  Bilbilis  acri 
Monte  créât:  rapiés  quos  Balo  cingit  aquis. 
On  peut  poiutant  croire,  8c  c'eft  le  fentiment  de  divers  Auteurs, 
que  Calatajud  a  été  bâtie  près  des  ruines  de  Bilbilis.  D'autres  ajou- 
tent qu'un  Arabe  fit  bâtir  cette  ville  ,  à  laquelle  il  donna  fonnom, 
2c  que  Bilbilis  ayant  été  déjà  ruinée ,  ceux  qui  vinrent  après ,  la 
confondirent  avec  Calatajud,qu'on  a  même  nommée  Bilbilis  nova. 
Quoi  qu'il  en  foit,-il  eft  fur,  qu'on  voit  encore  les  mafures  de 
ceUe-ci  ,  dans  un  endroit  que  ceux  du  pais  nomment  Baubula. 
*Martial,  li.  i.  ep.  49.  ^  li.  lo.e^.  io3.Aufone,e/i.  zj-.Nonius, 
if(/^.  (T.  2J-.  Merula ,  Surita,  8cc. 

CALATRAVA ,  Ordre  militaire  en  Efpagne ,  fiât  inftitué  fous 
Sanche  IIL  Roi  de  Caftille.  Ce  Prince  ayant  conquis  le  fort  châ- 
teau de  Calatrava  fur  les  Maures  d'Andaloufie ,  le  donna  aux  Tem- 
pliers ,  lefquels  manquans  de  cœur  pour  le  défendre ,  le  lui  ren- 
dirent. Don  Raimond  natif  de  Bureva  dans  la  Navarre ,  Abbé 
du  Monaftere  de  Sainte  Maîie  de  Hytero ,  de  l'Ordre  de  Cîteaux , 
accompagné  de  plufieurs  perfonnes  de  confideration ,  s'offrirent 
de  défendre  cette  place ,  que  le  Roi  leur  donna  ;  8c  l'Ordre  flit 
établi  en  115-8.  Il  s'augmenta  beaucoup  fous  le  règne  d'Alphonfe 
If  Noble  Roi  de  Caftille  ;  de  forte  que  les  Chevaliers  demandè- 
rent d'avoir  des  Grands-Maîtres.  Le  premier  fut  Dom  Garcia  Re- 
'don,le  fécond  Dom  Martin  Ferez,  de  Sion,  puis  Dom  Nugno  Ferez 
deQuignonez  ,8cc.jufqu'à  Dom  Garcia  Lopez  de  Padilla,  lequel 
étant  mort  l'an  1489,  Ferdinand  8c  Ifabelle  annexèrent  laGrande- 
Maîtriiè  de  Calatrava  à  la  couronne  de  Caftille.  Innocent  VIII.  y 
confentit.  Alexandre  VI.  Léon X.  8c  Adrien  VI.  y  annexèrent  de- 
puis les  trois  Grandes-Maîtrifes.  La  première  maifon  de  cet  Ordre 
fut  à  Calatrava ,  puis  à  Ciruelos ,  à  Buxeda,à  Corcolos,au  châ- 
teau de  Salvaterrai8c  du  tems  de  DomHugno  Hernandez  douzième 
Grand-Maître,  le  Chef  de  l'Ordre  fut  établi  à  Conos.    Le  Pape  1 


CAL 


Alexandre  III.  l'approuva  en  1 1 64. 8c  Innocent  III.  le  confirma  eii 
1 1 98.  On  trouve  encore  à  préfent  quatre-vingtsCommanderies  de 
cet  Ordre  en  Efpagne.  Au  commencement  lesChevaliers  portoient 
la  robe  8c  le  fcapulaire,  comrtie  les  Religieux  de  Cîteaux;  mais 
le  Pape  BenoîtXIII.les  difpenfa  de  cet  habit,8c  Paul  III.  leur  permit 
de  fe  marier  une  fois.  Leurs  armes  font  d'or  àlacroixfleurdelifée 
de  gueules  (les  autres  difent  definople)  accoftée  en  point  de  deux 
entraves  ou  menotes  d'azur;  les  Chevaliers  portent  de  même  fur 
l'eftomac  une  croix  rouge  qui  leur  fert  de  devife.  *  Francifcus 
Bravo  de  Acugna ,  dell'origin.  ^progr.  de  l'Ord.de  Calatr.  Michaël 
Maragnon .  delorig.  ^  inji.  Ord.  Calatr.  Gabriel  Lafo  de  la  Vega , 
Ordin.milit.d'E/p.  Le  Mire,  JeOrdin.  eqiiejl.  D.Roderic  de  Tolè- 
de ,  Mariana ,  Fauyn ,  8c  Baroniùs. 

CALAZOPHYLACES ,  certains  Prêtres  entre  les  Grecs ,  qui 
prenoient  garde  aux  grêles  8c  aux  tempêtes,  pour  les  détourner  par 
le  facrifice  d'un  agneau ,  ou  d'un  poulet.  Que  li  ces  petits  animaux 
leur  manquoient ,  ou  s'ils  n'en  tiroient  qu'un  fînilbre  augure ,  ils  fe 
découpoient  le  doigt  avec  un  ganif  ou  un  poinçon,8c  croyoient  ain- 
fi  appaifer  la  colère  des  Dieux  par  leur  propre  lang.  Ilsavoient  été 
inftituez  par  Cleon ,  comme  remarque  Giraldi ,  au  liv.  des  Dieux 
des  îayens.  Il  faut  plutôt  lire  Chalazophylaces  ;  du  mot  Grée 
%«Aa^a,  c'eft-à-dne ,  ^?-é/e.  SUP. 

CALCAGNINI  ,  (Celio)  Chanoine  de  l'Eglife  de  FerrarCi 
Poète  8c  Orateur ,  vivoit  au  commencement  du  XVI.  Siècle.  Il 
étoit  natif  de  la  même  ville  de  Ferrare  ;  8c  Paul  Jove ,  qui  n'épargne 
perfonne  dans  fes  médifances ,  afsûre  que  le  père  de  Calcagnini 
étoit  un  homme  de  mérite ,  mais  que  fa  mère  étoit  inconnuë.Quoi 
qu'il  en  foit ,  il  apprit  les  Langues,8c  il  écrivoit  avec  affez  de  facilité 
en  Latin,  8c  faifoit  de  bons  vers.  Le  même  Paul  Jove  ne  lejuge 
pas  fi  heureux  en  profe,  puifque,  félon  lui,  fon  ftile  eft  rude,  les 
exprelfions  languiffantes ,  8c  querempliflàntfondifcours  de  cita- 
tions ,  pour  faire  voir  qu'il  ne  manquoit  pas  d'érudition ,  il  tombe 
dans  le  ridicule  8c  devient  ennuyeux.Il  mourut  en  15-40. Se  fut  enter- 
ré dans  l'Eglife  des  Dominicains  de  Ferrare ,  aufquels  il  laifla  fa  Bi- 
bliothèque. *  Paul  Jove  ,  in  'E.log.  Leandre  Alberti  ,  Defcr.  Ital. 
Louis  Jacob ,  des  Bihl. 

CALCAGNO  ,  en  Latin  Calc  an  eus  ,  (Laurent)  natif 
de  Brelfe  en  Italie ,  vivoit  d^ns  le  XV.  Siècle.  C'étoit  un  des 
plus  célèbres  Jurifconfùltes  de  fon  tems,  8c  dont  la  naiffanceSt 
les  emplois  donnoient  un  nouveau  luftre  à  là  doârine.  Il  compofà 
divers  Ouvrages  ;  De  ccmmendatione  fttidiorum.  De  feftem  pecca- 
tisrr>ortaiibus.  De  conceptieneSanH^Maridt.  Confilia,  Q'c.  Il  mou- 
rut en  1478.  *  Tritheme  ,  </ê  5irn^f.  Eai.  Leandre  Alberti ,  De/cr. 
Itd.  érc. 

CALCAR ,  ville  d'Allemagne  dans  le  Duché  de  Cleves ,  à  l'E- 
le£tcur  de  Brandebourg.  Elle  eft  fituée  fur  la  rivière  de  Mena  une 
lieue  du  Rhin  8c  à  deux  de  Cleves  ,  avec  un  château.  Calcar  eli 
aifez  bien  fortifiée ,  les  rues  y  font  étroites ,  &  on  n'y  voit  rien  de 
coniîderable  qu'une  belle  place ,  où  eft  la  maifon  de  ville. 
CALCEDOINE.  Cherchez  Chalcedoine. 
CALCEDOINE ,  ancienne  ville  de  l'Afie  Mineure  ,  main- 
tenant de  la  Natolie ,  fur  la  côte  de  la  mer  de  Marmora ,  à  l'entrée 
du  canal  de  la  mer  Noire.  Elle  étoit  autrefois  fort  célèbre,  mais 
ce  n'eft  plus  qu'un  village ,  rempli  de  ruines.  On  n'y  voit  plus  ces 
fameux  temples  de  l'Antiquité  Payenne,  ni  ces  belles  Eglifes  de  la 
primitive  Eglife.  Il  y  a  feulement  pour  Eglife  une  petite  partie  de 
celle  de  Sainte  Euphemie ,  qui  eft  encore  aujourd'hui  fur  pié ,  où  le 
peu  de  Grecs  qui  demeurent  dans  cette  ville  font  leur  office.  Ce  fut 
Aufone  dit  encore  la  dans  cette  Eglife ,  où  fut  célébré  le  quatrième  Concile  general.Pour 
ce  qui  eft  des  autres  antiquitez  ,  il  n'y  refte  que  quelques  tombeaux 
8c  infcriptions  brifees ,  avec  une  partie  d'un  bel  aqueduc.  Le  port 
n'eft  plus  fermé  de  chaînes, comme  il  étoit  autrefois ,  pour  en  dé- 
fendre l'entrée  :  mais  bien  qu'il  foit  ouvert ,  il  n'en  eft  pas  plus  firé- 
quenté  pour  cela.  Chrylbpolis,  qu'on  nomme  à  préfent  5Vr«Wri , 
luifervoitd'arcenal8cdemagazin,pour  conferver  fes provifions. 
Mais  enfin  les  Perfes ,  les  Goths ,  les  Sarrafîns ,  8c  les  "Turcs  l'ont 
entièrement  ruinée.  Les  Empereurs  de  Conftantinople ,  qui  ne 
fongeoient  qu'à  agrandir  cette  luperbe  ville ,  y  ont  employé  les  dé- 
pouilles de  Calcédoine.  Le  grand  aqueduc ,  qui  eft  proche  de  la 
Solimanie  à  Conftantinople ,  8c  la  meilleure  partie  de  cette  Mof- 
quée ,  ont  été  bâtis  du  débris  de  cette  ancienne  ville.  *  Grelot,  Voya- 
ge de  Conftantinople.  SUP. 

C  A  L  C  H  A  S ,  Devin ,  qui  fùivoit  les  Grecs  au  fiége  de  Troye. 
Il  connut  que  la  flotte  étoit  retenue  au  port  d'AuHdepar  l'indigna- 
tion de  Diane ,  donna  le  moyen  de  l'appaLfcr ,  8c  afsura  que  Troye 
ne  pourroit  être  emportée  que  la  dixième  année  du  fiége.  A  fon  re- 
tour étant  paffé  dans  rionie,il  fut  fi  fâché  de  fevoir  vaincu  par 
Mopfus,qui  devina  ce  qu'il  n'avoit  pu  connoître,  qu'il  en  mourut 
de  déplailir.  *  Homère ,  Iliad.  Virgile  ,  Enetd.  Pline  parle  d'ua 
autre,  au  li.  j.  c.  11. 

CALCHINIA,  fille  unique  de  Leucippus  Roi  deSicyone  dans 
le  Peloponnefe ,  fucceda  à  fon  père ,  8c  époufa  MelTapus  Capitaine 
de  vaifièau  qui  l'avoit  violée.  Pour  couvrir  ce  deshonneur  ,  elle 
fit  accroire  aux  Sicyoniens  que  c'étoit  Neptune  qui  l'avoit  forcée , 
8c  non  pas  ceMeffapus.  Elle  régna  environ  quarante-fept  ans ,  Se 
mourut  l'an  du  monde  2246.  Peratus  fon  fils  monta  enfuite  fur  lo 
throne.  *Eufebe.  SUP. 

C  A  L  C  H  U  T ,  certain  lieu  en  Angleterre ,  Calchutum.  Il  n'eft 
connu  que  par  un  Concile ,  que  Grégoire  Evêque  d'Oftie  8c  Théo- 
phylaâedeTodi;  Légat  du  Saint  Siège  fous  le  Pape  Adrien  I,  y 
tinrent  l'an  787.  Nous  en  avons  encore  vingt  chapitres  dans  le  VII. 
T.  des  Conciles. 

CALCONDYLE.  Cherchez  Chalcondyle  ,  8cDemetriuS 
Chalcondyle. 

CALCULUS,  (Guillaume)  Religieux  de  l'Ordre  de  Saint 
I  Benoît 


CAL, 

Benoît  en  l'Abbaye  de  Jumieges,  avécudansIeXII.  Siècle,  vers 
l'an  II 20.  Il  écrivit  divers  Ouvrages.  *  ArnoulWion,  Gefner, 
gcc. 

CALDAS  DE  PERE  IRA,  (Jean)  Jurifconfulte  Efpa- 
gnol ,  natif  de  Tuy  dans  la  Galice ,  8c  originaire  de  Portugal ,  a  vé- 
cu au  commencement  du  XVII  Siècle.  Il  a  compofé  divers  Ouvra- 
ges de  Droit,  que  nous  avons  en  quatre  volumes,  ^iftiones  fi- 
re»fes,  0>Co>îtroverfi£  civiles.  Syntagma  de  umverfojure  EmfhyteU- 
îico ,  écc  *  Nicolas  Antonio ,  Bibl.  Hifp.  é^c.  _  1 

CALDERA,  (Edouard)  Jurifconfulte  Portugais ,  a  vécu  en 
1 6 1  o.Nous  avons  divers  Ouvrages  de  fa  façon,  Vanariim  leBionum 
Juris  lib.  IV.  De  error'tbus  Fragmaticorum ,  Q--c.  Nicolas  Antonio, 
SM.Hifp. 

CALDERIN,  (Jean)  de  Bologne ,  fils  adoptif  de  Jean  An- 
dré ,  joignit  dans  le  XI V.  Siècle  une  vertu  folide  à  une  très-grande 
érudition.  Jean  André,dont  j'ai  parlé  ailleurs ,  l'adopta  après  avoir 
perdu  fon  fils  Boniconte ,  qui  étoit  un  dofte jeune  homme  &  qui 
avoit  déjà  donné  des  preuves  de  fa  capacité  par  unTraité  deAffella- 
timibMs  é>  Acctifatiombus.Cs  fécond  fils  d'adoption  étoit  aufli  digne 
d'un  fi  grand  père.  Il  vivoit  environ  l'an  1 3  60.  &  a  laiflë,  outre  des 
Commentaires  fur  les  Livres  des  Decretales ,  d'autres  Pièces  fort 
eftimées.  *  Forfter ,  //.  3.  Hijt.  Jum ,  c.  z6.  Bellarmin.  de  Script. 
Ecc/.Bumaldi,  Bibl.  Bon.  i&c. 

CALDERIN.  Cherchez  Domitius  Galderinus; 

CALDERIN,  (Jean)  vivoit  dans  le  XVI.  Siècle ,  en  î  5-7 1 . 
car  ce  fut  en  cette  année  qu'il  publia  un  Ouvrage  intitulé  de  Hareti- 
cis,  où  il  parle  de  tout  ce  qui  regarde  l'oiHce  d'un  Inquifiteur  de  la 
foi.  *  Le  Mire,  deScript.ii.tc.  XVI. 

CALDERIN  O,  bain  fameux  à  dix  milles  de  Vérone  en  Ita- 
lie ,  que  l'on  appelle  ordinairement  le  bain  de  Vérone.  Ses  eaux  font 
très-làlutaires.  Se  plufieurs  Auteurs  ont  écrit  de  leur  vertu  pour  la 
guerifon  des  maladies.  *Beyerlink,  Tom.  i.SUP. 

CALDERON,  (Antoine)  Efpagnol ,  nommé  à  l'Archevê- 
ché de  Grenade,  étoit  deBaeza  ville  dans  le  diocefe  de  Tolède. 
Il  s'avança  extrêmement  dans  les  Lettres,  &  fur  tout  dans  la  Philo- 
fophie ,  8c  on  le  choiiit  pour  l'enfeigner  dans  l'Univerlité  de  Sala- 
manque.  Enfuite  il  s'attacha  à  l'étude  de  la  Théologie ,  8c  y  fit 
aflèz  de  progrès.  On  lui  donna  une  Chanoinie  dans  la  même  ville 
de  Salamanque ,  depuis  il  en  eut  une  autre  à  Tolède,  8c  enfin  on  le 
choiiit  pour  être  Précepteur  de  l'Infante  d'Efpagne  D.  Therefe 
d'Autriche,  qui  a  été  Reine  de  France.  En  165-2.  le  Roi  Philippe 
IV.  le  nomma  à  l'Archevêché  de  Grenade,  8c  Dom  Antonio  Gal- 
deron  mourut  en  1 6f4.  avant  qu'avoir  été  facré.  Il  compofa  quatre 
ou  cinq  Ouvrages  ditferens  pour  l'immaculée  conception  de  la 
Sainte  Vierge.  Un  de  Saint  Jacques,  8cc.  *  Nicolas  Antonio ,  Bibl. 

CALDERON,  (Jean-Alfonfe)  Avocat,  natif  de  Noriuela 
daii?  le  diocefe  de  Tolede,a  été  en  eftime  en  Efpagne  vers  l'an  1 640 
11  compofa  cinq  ou  fix  gros  volumes  des  droits  du  Roi  d'Efpagne , 
qu'on  l'obligea  de  réduire  à  la  moitié ,  8c  il  les  publia  fous,  ce  titre , 
£/  Imperio  de  la  MonaiOjUia  d'Effagna.  *  Nicolas  Antonio  ,  hibl, 
Hifp. 

CALDERON,  (Pierre)  connu  fous  le  nom  de  Dom  Pedro 
Calderon  de  la  Barca ,  Chevalier  de  l'Ordre  de  Saint  Jacques  8c 
Chanoine  de  Tolède.  Il  eft  célèbre  par  les  belles  Comédies  Efpa- 
gnolcs  qu'il  a  compofées ,  8c  que  nous  avons  en  trois  parties,  dont 
la  dernière  a  été  imprimée  en  1 664.  *  Nicolas  Antonio,  Bièl.  Hifp. 
Ô>c. 

C  A  L  D I U  S ,  c'eft  ainfi  qu'en  tranfpofant  quelques  lettres  les 
Soldats  appellerent  par  dérifion  l'Empereur  Claudius  ;  comme  on 
ditdepuisBiberiuspour  Tiberius',  8cMeropour  Nero.  *  Suétone. 
SUP. 

C  A  L  E  B ,  fils  de  Jephunné ,  naquit  l'an  2  j-o6.  du  Monde.  Il 
fut  choifi  entre  ceux  de  la  tribu  de  Juda,  pour  aller  avec  les  Dé- 
putez des  autres  tribus  reconnoître  la  terre  de  Canaan.  Il  en  fit 
un  rapport  fidèle ,  s'oppofa  avec  Jofué  à  ceux  qui  décourageoient 
le  peuple ,  qui  les  voulut  lapider  j  8c  Dieu  fit  paroître  fa  gloire  , 
pour  les  défendre  des  violences  de  ces  murmurateurs.  Aufli  ils  fu- 
rent les  feuls  de  cette  multitude ,  qui  entrèrent  dans  la  terre  de 
promifllon.  Caleb  eut  en  partage  le  païs  d'Hebron.  Il  promit 
la  fille  Axa  à  celui  qui  emporteroit  la  ville  de  Carjath-Sepher  , 
comme  je  le  dis  ailleurs  :  ce  qu'Othoniel  fit.  Caleb  mourut  âgé 
de  cent  treize  ans  ,  en  2617.  du  Monde.  *  Nombres,  13.  14. 
'  c^  fuiv.  Jofué  ,  ^  14.  8c  If.  Juges  ,  i.  Jofephe  ,  //.  13.  dei 
Ant.  ^  li.  j.  c.  2.  Torniel  8c  Salian,  aux  Ann,.  Cherchez 
Axz. 

C  A  L  E  C  A  S.  Cherchez  Emanuel  Calecas. 
CALECUT,  ou  Calicut ,  Cakcutium ,  ville 8c royaunïe des 
Indes ,  dans  le  païs  de  Malabar  en  la  prefqu'ifle  deçà  le  Gange. 
Les  habitans  donnent  à  leur  Roi  le  nom  àeSamorioa  Zamorm  , 
c'eft-à-dire ,  fouverain  Empereur  ,  8c  Dieu  fur  la -terre  i  8c  ils  le 
choifilfent  de  la  race  de  Bramene ,  qui  fit  bâtir  ,  félon  eux ,  la 
ville  de  Calicut.  La  richeflè  du  païs  conlifte  en  poivre  8c  en  pier- 
reries, ce  qui  le  fait  fréquenter  par  les  Marchans  étrangers.  Les 
Portugais  ne  s'y  font  jamais  pu  bien  établir,  bien  qu'ils  y  ayent 
remporté  de  glorieufes  vidloires  fur  la  fin  du  XVI  Siècle.  On 
y  trouve  diverfes  fortes  de  Religions  :  des  Payens ,  des  Mahome- 
tans ,  des  Arabes ,  des  Chrétiens  de  Saint  Thomas ,  8c  de  ceux  qui 
ont  été  convertis  par  les  Miflîonaires.  Le  Roiafbuvent  promis 
d'embrafl'er  la  Religion  Chrétienne  ;  rnais  il  n'a  jamais  exécuté 
fes  promefîès.  Ce  Prince  fe  fait  fervir  fort  magnifiquement,  man- 
ge avec  grande  fobrieté ,  8c  ne  fe  pare  qu'aux  jours  de  grande  fo- 
Icnnité.  La  ville  eft  renommée  par  le  négoce,  avec  un  bon  port. 
Elle  eft  fituée  entre  Granganor  8c  Cochin  qui  lui  font  au  Midi  ; 
8c  Cananor  qu'elle  a  au  Septentrion.  Le  Roi  eft  puiflànt.  *  Jar- 
ric,  Barbofa,  Linfcot,  &c. 
■     Tomi  IL 


CÂL 


'i: 


CALEMBERG,  païs  d'AUemagfte  dans  la  bafli Saxe  & 
dans  le  Duché  de  Brunlwic.  Il  eft  fitué  le  long  du  Wefer  entra 
Hanover,  Gottinghen  ,  Hamelen,  8cc.  Ce  païs  a  appartenu  à 
Jean-Frederic  Duc  de  Brunfwic  ,  Lunebourg  ,  Calemberg  & 
Grubenhagen,  qui  fe  fit  Catholique  en  163 1.  Il  faifoit  fa  réfî- 
dence  à  Hanover.     Voyez  Brunfwic ,  Maifon. 

CALEMBERG,  ou  Kalemberg ,  Cefius  ou  Cetius  mom 
montagne  d'Allemagne  dans  l'Autriche,  où  elle  s'étend  depuis  lé 
Danube  jufques  au  Save,  8c  fe  divife  en  diverfes  parties ,  qui  ont 
aufli  differens  noms.  ^ 

CALENDARIO,  (Philippe)  célèbre  Architefte ,  8c  Sta- 
tuaue,  fe  mit  en  réputation  à  Venilè,  du  tems  de  Marin  Faletri 
Doge  de  cette  République  l'an  1 3^4.  Ce  fut  lui  qui  fit  dans  la  pla- 
ce (le  Saint  Marc  ces  beaux  portiques  foutenus  par  des  colonnes  de 
marbre,  qui  font  le  circuit  de  cette  place;  au-deflûs  defquels  on 
voitdefuperbesbâtimens,  ornés  de  bas  reliefs ,  8c  de  riches  pein- 
tures. .  Cet  ouvrage  qui  fiit  admiré  de  tout  le  monde,  lui  attira 
de  grandes  recompenfes  de  la  République ,  8c  le  Dogemême  vou- 
lut l'honorer  de  fon  alliance.  *  Egnat.  l.%.c.\\.  sue 

CALENDERS,  forte  de  Religieux  Mahometans,ainfi  nom- 
mez de  Santon  Calenderi  leur  fondateur.  Ce  Santon  étoit  du 
nombre  des  Abdals ,  dont  je  parlerai  dans  cet  article.  Il  pronon- 
çoit  incefîammentlenomdeDieu,  au  fon  de  fa  flûte,  &  conti- 
nuoit  cette  mulique  nuit  8c  jour.  Il  marchoit  la  tète  nuë ,  8c  fans 
chemife,  couvrant  fes  épaules  d'une  peau  de  bête  fauvage  8c 
ayant  une  manière  de  tablier,  dont  la  ceinture  étoit  ornée  de  p'ier- 
res  precieufes,  mêlées  avec  de  faux  diamans.  Ses  difciplesnes'ar; 
donnent  qu'aux  divertiflTemens  8c  aux  plaifirs,  8c  font  plutôt  une 
fefte  d'Epicuriens,  qu'une focieté  de  perfonnes  Religieufes.  Ils 
eftiment  le  cabaret  aufli  faint  que  la  mofquée ,  8c  croyent  autant 
honorer  Dieu,  enfefervant  librement  de  fes  créatures,  que  les 
autres  l'honorent  par  leurs  dévotions  8c  par  leurs  aufteritez.  On 
les  appelle  Abdals,  ou  Abdallas,  en  Arabie  8c  en  Perfe,  c'eft-à'-dire , 
^  des  gens  confacrez.  k  Dieu.  Ceux-ci  font  fimplement  habillez  d'u^ 
I  ne  tunique  de  plufieurs  pièces,  8c piquée  comme  desmatelats. 
Quelques-uns  ne  fe  couvrent  que  d'une  peau  velue ,  ayant  au  lieu 
de  ceinture  un  ferpent  de  cuivre,  que  leurs  Dofteurs  leur  donnent 
quand  ils  font  profeflîon ,  &  qu'ils  portent  comme  une  marque  de 
leur  fcience.  On  voit  ces  Abdals,  dans  les  marchez  8c  les  places  pu- 
bliques ,  prêcher  les  miracles  de  leurs  Saints  ,  5c  maudire  Abu-be- 
ker,  Omar,Ofman,  8cHanife,  que  les  Turcs  honorent  :  com- 
me aufli  les  Saints  des  TartaresUsbeques,dont  ils  font  des  contes  ri- 
dicules pour  les  faire  méprifer.  Ils  mangent  tout  ce  que  leurs  audi- 
teurs leur  donnent ,  Se  prennent  l'argent  qu'on  leur  préfente  ;  c'eft 
pourquoi  on  les  appelle  Kdanderan.  Ils  font  la  plupart  abandon- 
j  nez  à  toute  forte  de  vices;  8c  font  non  feulement  le  métier  de  Char- 
I  latans ,  mais  auffi  celui  de  Voleurs .  Pour  ne  les  point  recevoir  dans 
ilesmaifons,  à caufe de leui-s débauches 8c de  leurs  larcins;  on  les 
oblige  de  fe  retirer  dans  les  chapelles  que  l'on  a  bâties  exprès  pro- 
che des  mofquées.  *Ricaut,<^e  l'empire Onoman.Okznus, tom.  != 
\SUF. 

CALENDES.  Cherchez Ralendes; 
I  CALENDION,Patriarched'AntiochedansleV.Siecle,fut 
élu  l'an  482.  par  les  Evêques  de  Syrie,  après  la  mort  d'Etienne. 
,  Comme  il  etoittrès-zelé  pour  la  foi  orthodoxe,  auflTi-tôt  qu'il  fut 
ordonné ,  il  aflèmbla  un  Synode ,  fit  fçavoir  fon  éleélion  au  Pape 
Simplicius  qui  gouvernoit  l'Eglifè,  8c  fit  prononcer  anatheme  con- 
tre Timothée  ,^lurus.  L'ardeur  qu'il  témoigna  à  défendre  la 
ReUgion ,  lui  attira  la  haine  des  Hérétiques ,  qui  dirent  à  l'Empe- 
reur Zenon  qu'il  avoit  favorifé  la  révolte  d'IUus  8c  de  Léonce ,  que 
Verine  belle-mere  de  l'Empereur  avoit  fait  révolter.  Ce  Prince  , 
j  fans  examiner  la  vérité  de  l'accufation,  lé  relégua  dans  l'Oafis;  8c 
rétabHt  Pierre  le  Foulon.  Celui-ci  avoit  autrefois  ufurpé  la  chaire 
Epifcopale,  8c  fut  chaflSpar  l'Empereur  Léon,  commeje  l'ai  re- 
marqué ailleurs.  Ce  fut  fur  la  fin  de  la  même  année  48  2 .  que  Calen- 
dion  fut  envoyé  en  exil,  où  il  mourut.  Son  nom  fe  trouve  dans  les 
Faftes  de  i'Egiife  Latme  8c  de  la  Grecque.  *  Baronius ,  »»  Annal,  é' 
Martyr. 

CALENDRIER,  fuite  des  mois  qui  compofent  l'Année. 
Ce  mot  vient  de  Calendes,afi.i  eft  le  nom  que  lesRomains  donnoient 
au  premier  jour  de  chaque  mois.  L'hiftoire  du  Calendrier  Romain , 
8c  du  Calendrier  de  I'Egiife,  eft  aflTés  curieufe.pour  avoh-  place  dans 
ce  Dictionnaire -.c'eft  pourquoi  j'en  remarquerai  ici  l'origine  8c  la 
réformation. Le  Calendrier  Romain  fiit  drefl"é  par  Romulus  fonda- 
teur de  la  ville  de  Rome ,  lequel  ayant  plus  de  connoiffance  des  af- 
faires de  la  guerre  que  du  mouvement  des  aftres ,  compofa  fon  an- 
née de  dix  mois  feulement ,  dont  le  premier  étoit  le  mois  de  Mars , 
8c  enfuite  Avril,  Mai,  Juin,  Quintil ,  depuis  appelle  Juillet, 
Sextil,  depuis  nommé  Aoiit,  Septembre ,  Oftobre ,  Novembre, 
Decembre.Il  donna  3 1  .jours  à  Mars ,  à  Mai ,  à  Quintil ,  8c  à  Oâo- 
bre  ;  8c  30.  à  chacuti  des  fix  autres:  de  forte  qu'ils  faifoient  tous  en- 
femble  3  04.  jours.  Numa  Pompilius,  qui  régna  après  lui ,  réforma 
pour  la  première  fois  ce  Calendrier ,  8c  imita  à-peu-près  les  Grecs  j 
qui  compofoient  leur  année  de  douze  moisLunaires  de  30.  8c  de 
29.  jours  l'un  après  l'autre ,  ce  qui  faifoit  35-4.  jours.  Comme  il  ai- 
moit  le  nombre  impair,  par  une  fuperftition  qu'il  tenoit  des  Egyp- 
tiens, il  fit  fon  année  de  3j-f.  jours,  8c  lui  donna  douze  mois, 
fçavoir,  Janvier,  Février ,  Mars ,  8cc.  Janvier  étoit  de  29.  jours. 
Février  de  28,  Mars,  Mai,  Quintil,  8c  0<ftobre  de  31.  jours, 
8c  les  fix  autres  de  29.  Il  ne  fe  mit  pas  en  peine  que  Février  eût  un 
nombre  pair  .parce  qu'il  l'avoit  deftiné  aux  facrifices  qui  fe  faifbien  i 
aux  Dieux  des  enfers,  à  qui  ce  nombre,comme  malheureux,  fem- 
bloit  appartenir  .Numa  voulut  que  le  mois  de  Janvier,  qu'il  plaça  au 
folftice  d'Hyver ,  fût  le  premier  mois  de  l'année.Sc  non  plus  celui 
de  Mars ,  que  Romulus  avoit  mis  à  l'équinoxe  du  Printemps.  Il 
fe  fervit  auffi  de  Fintercalation  des  Grecs ,  qui  ajoûtoient  un  mois 
B  3  furnij.; 


14  CAL.  ' 

furnumeraire  de  deux  en  deux  ans ,  lequel  étoit  compofé  alter- 
nativement de  ii.  ou  de  23.  jours,  pour  égaler  l'année  civile  au 
cours  du  Soleil ,  qui  fait  fa  révolution  en  365-.  jours,  &  près  de  6 
heures.  Il  ordonna  en  même  tems  aux  Souverains  Pontifes  de  mar- 
quer au  peuple  le  tems  Se  la  manière  de  cette  interpoiition  de  mois 
extraordinaires  :  mais  par  ignorance,  ou  par  iiiperflition  ,  ou 
pour  quelque  intérêt  particulier ,  ils  mirent  les  chofes  dans  une  li 
grande  confuiion  que  leurs  fêtes  arrivoient  dans  lesfaifons  entiè- 
rement oppofées  a  celles  où  elles  dévoient  être  célébrées  fuivant 
leur  inflitution ,  8c  que  l'on  faifoit  les  fêtes  d'Autonne  au  Prin- 
tems,  &  celles  d'Eté  dans  le  milieu  de  l'Hyver.  Ce  defordre  fut 
fi  grand ,  que  Jule-Céfar ,  Diâateur  &  Souverain  Pontife ,  après 
avoir  gagne  la  bataille  de  Phariale ,  ne  crut  pas  que  la  réformation 
du  Calendrier  fût  une  chofe  indigne  de  iès  foins.  Il  fit  venir 
d'Alexandrie  un  célèbre  Aitronome  nommé  Sofigenes ,  qui  régla 
l'Année  fur  le  cours  du  Soleil,  8c  ayant  compoie  le  Calendrier  de 
3(5/.  jours,  laiffa  les  lix  heures ,  pour  en  faire  un  jour  au  bout  de 
quatre  ans,  qui  feroit  ajouté  dans  le  mois  de  Février,  avant  le 
24.  jour  de  cemois,que  les  Romains  appelloient  le  fixiéme  avant 
les  Calendes ,  félon  leur  manière  de  compter  ;  d'où  efl:  venu  le  nom 
de  Biflèxte  ,  parce  qu'alors  on  difoit  deux  fois  Sexto  Calendas. 
Pour  placer  les  dix  jours  dont  l'année  Solaire  de  36^*  jours  fùr- 
paffoit  celle  de  Numa  de  ^f.  il  ajouta  deux  jours  à  chacun  des 
mois  de  Janvier ,  de  Sextil ,  8c  de  Décembre ,  qui  n'en  avoient 
que  29.  8c  tm  jour  à  chacun  de  ces  quatre  autres.  Avril,  Juin, 
Septembre  ,  8c  Novembre  :  laiflànt  le  mois  de  Février  de  28. 
jours  aux  années  communes ,  8c  de  29.  à  la  Biiîèxtile.  Et  com- 
me (par  la  négligence  de  ceux  à  qui  on  avoit  commis  le  foin  de 
la  diilribution  des  mois  intercalaires  )  le  commencement  de  l'an- 
née fe  trouvoit  alors  précéder  de  67.  jourslefolftice  d'Hyver,  8c 
que  c'étoit  auffi  l'année  de  l'intercalation  du  mois  de  23.  jours, 
ce  qui  faifoit  90.  jours,  cette  année  de  lacorreftion  du  Calen- 
drier faite  par  Jule-Céfar,  fut  de  quinze  mois ,  Se  de  445-.  jours, 
c'efl:  pourquoi  on  l'appeUa  P  Année  de  confufion.W  ei^ïm.'goït'mtàc 
remarquer  ici  que  cet  Empereur  voulant  s'accommoder  en  quel- 
que manière  aux  efprits  des  Romains ,  accoiitumés  il  long-tems 
à  l'année  Lunaire ,  fit  commencer  la  première  année  du  Calen- 
drier Julien  un  jour  de  la  nouvelle  Lune  qui  fuivit  le  folftice  d'Hy- 
ver, 8c  qui  vint  alors  huit  jours  après:  8c  c'eft  de  là  que  les  an- 
nées Juliennes  ont  commencé  depuis ,  environ  huitjours  après  le 
folftice  du  Capricorne.  Il  ne  fiit  pas  difficile  aux  Romains,  qui 
commandoient  prefque  à  toute  la  terre  ,  de  faire  recevoir  par- 
tout cette  correttion  que  Jule-Céfar  avoit  faite  du  Calendrier , 
Se  d'en  introduire  l'ufage  parmi  les  nations  même  les  plus  éloi- 
gnées. Les  Grecs  ceflèrent  en  ce  tems  de  fe  fervir  de  l'année  Lu- 
naire, 8c  de  faire  leur  intercalation  de  45-.  jours  tous  les  quatre 
ans.  Les  Egyptiens  fixèrent  leur  Xèwoule  i.  jour  de  leur  année, 
quipaffoit  auparavant  d'une  faifon  en  une  autre.  Les  Hébreux  en 
firent  autant ,  8c  ce  Calendrier  devint  le  Calendrier  de  prefque  tous 
les  peuples. 

Les  premiers  Chrétiens  gardèrent  les  mêmes  noms  de  mois ,  la 
même  quantité  de  leurs  jours,  8c  la  même  intercalation  d'un  jour 
dans  l'année  Biiîèxtile.  Ils  ôterent  du  Calendrier  Romain ,  ou  Ju- 
lien ,  les  lettres  Nundinales ,  (  qui  marquoient  les  jours  des  Af- 
femblées  ou  Feries  ;  )  8c  en  mirent  d'autres  en  leur  place  pour  mar- 
quer le  Dimanche ,  8c  les  autres  jours  de  la  femaine.  Au  lieu  des 
fêtes  profanes  8c  des  jeux  des  Romains.,  ils  rangèrent  par  ordre  les 
fêtes  8c  les  cérémonies  de  la  véritable  Religion.  Vers  le  commen- 
cement du  VI.  Siècle,  l'Abbé  Denys  furnommé  leFetit,  voyant 
les  differens  ufages  des  Eglifes  d'Orient  8c  d'Occident,  poiu-  le  tems 
de  la  célébration  de  Pâques ,  propofa  une  même  forme  de  Calen- 
drier ,  fuivant  la  période  Viâorienne ,  compofée  des  cycles  du 
Soleil  8c  de  la  Lune ,  8c  rapportée  à  la  naifTance  de  Jesus-Christ. 
Jufques  alors  la  plupart  des  Chrétiens  avoient  compté  les  années  du 
tems  de  la  fondation  de  Rome ,  ou  des  Confuls  Se  des  Empereurs. 
Qaelques-uns  commençoient  à  compter  ou  du  jour  de  la  paillon 
du  Sauveur ,  ou  de  l'ère  des  Martyrs  fous  l'Empereur  Diocletien  : 
mais  Denys  le  Petit  trouva  plus  à  propos  de  commencer  une  nou- 
velle époque  à  l'incarnation  de  J.  C.  8c  cette  ère  de  Denys  le  Petit 
eft  encore  en  ufàge  à  la  Cour  de  Rome  dans  les  dates  des  Bulles  8c 
des  Brefs.  Néanmoins  peu  de  tems  après ,  les  Chrétiens  commen- 
cèrent à  compter  depuis  la  naifTance  de  Nôtre-Seigneiu: ,  gardant 
toujours  la  coutume  des  Romains ,  à  l'égard  du  commencement 
de  l'année  fixé  au  prem  ier  j  our  de  Janvier. 

Ce  Calendrier  de  l'ancienne  Egïife  faifoit  connoître  affès  préci- 
sément les  nouvelles  Lunes ,  Se  par  confequent  le  tems  de  la  fête 
de  Pâques  :  mais  la  fuite  de  quelques  fîecles  fit  découvrir  que  ce 
calcul  ne  s'accordoit  pas  entièrement  avec  le  mouvement  du  Soleil 
8c  de  la  Lune ,  Se  que  la  fête  de  Pâques  ne  fe  célebroit  plus  à  la 
pleine  Lune  du  premier  mois.  Cette  erreur  dans  l'Aftronomie  étoit 
très-dangereufe ,  parce  que  la  fête  de  Pâques  auroit  infenflblement 
remonte  jufques  en  Hyver ,  puis  auroit  paffé  en  Autonne ,  Se  de 
là  en  Eté.  Ce  fut  dans  le  deffein  de  remédier  à  ce  defordre,  que 
le  Pape  Grégoire  XIII.  envoya  fur  la  fin  du  XVI  Siècle  des  Brefs 
aux  Princes  Chrétiens ,  Se  aux  Univerfîtez  les  plus  célèbres ,  pour 
les  inviter  à  chercher  les  moyens  de  rétablir  l'équinoxe  du  Prin- 
tems  dans  fon  véritable  lieu.  Après  avoir  reçu  l'avis  de  tous  les 
Sçavans,  il  réfolut  de  retrancher  dix  jours  dans  le  Calendrier  : 
ce  qu'il  ordonna  par  une  Bulle  de  l'année  15-81.  Ainfi  le  lende- 
main de  la  fête  de  S.  François,  quieftle  4.  Oâobre ,  on  comp- 
ta ij-.  au  lieu  de  ^.  Par  ce  moyen  le  jour  ,  qui  avant  la  cor- 
-  reftion  s'appelloit  l'onzième  d'Oûobre  ,  devint  cnluite  le  vingt  8c 
unième ,  8e  de  même  dans  les  autres  mois.  Ce  qui  fit  que  l'é- 
quinoxe du  Printems  ,  qui  tomboit  fur  l'onzième  de  Mars ,  fe 
trouva  au  vingt  8c  unième,  comme  il  y  étoit  lors  du  Concile  de  Ni- 
cce  l'an  32J.   Le  même  Pape  Grégoire  trouva  auffî  un  moyen 


CAL. 

pour  empêcher  un  pareil  defordre  à  l'avenir ,  en  retranchatlt  uJi 
jour  Bifléxtil  de  cent  ans  en  cent  ans.  Voyez  Biflèxte.  Au  ref- 
te,  cette  corre£tion  a  été  reçue  avec  foumiflion  de  tous  les 
peuples  qui  font  demeurés  dans  l'obéiflimce  de  l'Eglife  :  mais  les 
Grecs  Schifmatiques  8c  les  Hérétiques ,  foit  d'Allemagne  ,  de 
Suéde ,  de  Danemarc ,  ou  d'Angleterre ,  n'ont  pas  voulu  en  admet- 
tre l'ufage  parmi  eux ,  quoi  qu'ils  en  reconnoiflènt  la  néceflité. 
Peut-être  que  les  AUemans  s'y  feroient  foûmis ,  fi  la  chofe  avoit 
été  ordonnée  par  l'Empereur ,  Se  du  confentement  des  Etats  de 
l'Emphe:  mais  ni  l'Empereur  ni  les  Princes  Catholiques  n'ont 
pas  jugé  à  propos  de  faire  des  reglemens  fur  ce  fujet.Louïs  le  Grand 
Roi  de  France  fit  recevoir  cet  ulàge  du  Calendrier  Grégorien  dans 
la  ville  de  Strasbourg  en  1682. mais  ce  fut  unefuitenéceflaire  du 
culte  de  laReligionCatliolique  qu'il  y  a  rétablie.Il  y  a  eu  même  plu- 
lîeurs  Sçavans,  qui  ont  écrit  contre  cette  reformation  ;  entr'autres 
Mœftlinus  ProfclTeur  en  Mathématique  à  Tubinge,Scaliger,gc  Gc- 
orgius  Germanus.Nous  avons  aufli  une  conllruâion  nouvelle  d'un 
Caiendrier,faite  par  M.  Viete,8c  adreffée  à  fa  Sainteté  avec  des  No- 
tes fur  les  défauts  qu'il  difoit  avoir  remarquez  dans  le  Grégorien. 
C'eft  ce  qui  obligea  le  doéle  Clavius,un  de  ceux  qui  ont  eu  plus  de 
part  à  cette  correâion,  de  donner  au  pubUcpar  l'ordre  de  Clément 
VIII,  un  Traité  du  Calendrier,pour  éclaircir  les  doutes,8e  répondre 
par  forme  d'apologie  à  tout  ce  que  l'on  y  trouvoit  à  redire.  Sethus 
Calvilius  eft  venu  long-tems  après,qui  a  prétendu  faire  voir  par  les 
Oblèr varions  Aftronomiques  de  Tycho-Brahè.qu'il  faudra  bientôt 
faire  de  grands  changemens  dans  le  Calendrier.  Mais  voici  com- 
ment l'illuftre  Tycho-Brahé  en  parle  lui-même  :  Ceux-là  fi  donnent 
bien  de  la  peine inutilement ,c^Hi  travaillent aurétahliffement del'année 
far  les  tables  deCopernic,^  c'efi  en  vain  qu'ils  prétendent  par  là  comèat- 
tre  la  nouvelle  réformation  Grégorienne ,  tant  parce  qu'elle  s'accorde  an 
plus-prés  avec  les  règles desmouvemens céleftes, que parcequilejl difficile 
d'arriver  à  laderniereprécijionMlueliemémen'eft pas abfolumentnécef- 
fdire.Ce  témoignage  eft  d'autant  plus  confiderable,que  Tycho-Bra- 
hé étoit  de  la  Religion  Proteftante,  Se  que  fa  fcience  extraordinaire 
'  l'a  fait  nommer  à  jufte  titre /e  Reftatiraceur  de  l'A/irommie.  Outre  le 
nom  de  Gr«gow»,qui  fut  donné  au  Calendrier  après  fa  corredlion  > 
I  ileutaufli  celui  de  Calendrier  nouveau ,  parce  qu'il  eft  différent  de 
I  l'ancieuiSc  celui  de  Calendrier  perpétuel ,  parce  que  la  difpolition  des 
I  épaâ:es,qui  font  mifes  à  la  place  du  Nombre  d'Or,  le  rendra  utile 
i  en  tout  tems ,  quelque  nouveauté  que  l'on  puiflè  découvrir  dans  les 
'•  mouvemens  céleftes.  *Blondel,H///i?;/-e  dh  Calendrier  Romain.Y  oyez 
\  Année.  SUP. 

I      CALENDRINO,  ouC al andrino,  (Philippe)  Car- 
dinal,  étoit  de  Sarzane ,  8c  frère  utérin  du  Pape  Nicolas  V.  un  des 
j  plus  illuftres  Pontifes  qu'ait  eu  l'Eglife  dans  ces  derniers  fiecles. 
j  Celui  dont  je  paiie,  etoit  auifi  un  homme  d'un  rare  mérite,  fa» 
I  ge ,  Se  craignant  Dieu.  Il  fut  premièrement  Chanoine  8c  Archidia- 
cre de  Lucques ,  Se  enfuite  Evêque  de  Bologne  ;  Se  le  Pape  Nico- 
,  las  V,  qui  donnoit  tout  à  la  vertu  Se  au  mérite,  le  mit  au  nombre 
des  Cardinaux  en  1448.  Quelque  tems  après,  il  fut  Légat  dans 
j  la  Marche  d'Ancone ,  où  il  gouverna  avec  tant  de  prudence  8c  de 
modération ,  que  les  peuples  de  cette  province  le  comblèrent  de 
1  mille benediélions.  Pie  II.  le  fit  grand-Penitencier  de  l'Eglife,  8c 
1  Paul  II.  le  pourvut  de  l'Evêche  de  Port.     Philippe  Calendrino 
fe  trouva  à  l'éleélion  de  Sixte  IV.  8e  mourut  à  Bagnaia  dans  le 
j  diocelè  de  Viterbe,  le  22.  Juillet  de  l'an  1476.  âgé  de  73.     Son 
corps  fut  porté  à  Rome  8c  enterré  dans  l'Eglife  de  S.  Laurent  in 
I  Lucina ,  où  l'on  voit  fon  épitaphe.   *  Platina  ,  in  Nie.  V.  Sigo- 
j  nius ,  /;.  4.  Garimbert ,  Onuphre ,  Ciaconius ,  Ughel ,  Aubery , 

;8CC. 

j  CALENIUS,  (Gautier )  Anglois  ,  né  dans  la  Cambrie , 
c'eft-à-dire ,  dans  la  Principauté  de  Galles ,  Se  Archidiacre  d'Ox- 
]  fort ,  vivoit  du  tems  de  Henri  I.  Roi  d'Angleterre ,  environ  l'an 
I  II 20.  Il  fit  une  addition  de  plus  de  quatre  cens  ans  à  l'Hiftoire  de 
fon  pais,  qu'on  traduiiit  depuis  en  Latin  ;  Se  on  la  mit  même  en 
abbregé.  Cet  Ouvrage  eft  intitulé  AuHuarium  Aanalium  Britannu. 
Il  écrivit  encore  de  reins  fui  temporis ,  e^c*  Balseus  8c  Pitfeus ,  De 
Script. /ingl.  Voffius,  li.  2.  de  Hift.  Lat.  c.  48. 

C  A  L  E  N  T  E  R.les  Perfes  nomment  ainfi  le  Thréforier  Se  Re- 
ceveur des  finances  d'une  province.  Il  a  la  direéiion  du  domaine 
du  Roi ,  fait  la  recette  de  fes  deniers ,  8c  rend  compte  au  Con- 
feil ,  ou  par  l'ordre  du  Roi  au  Chan ,  qui  eft  le  Gouverneur  de  la 
province.  *  Olearius ,  Voyage  de  Perfi.  SUP. 

CALENTIO,  ouCalentius,  (Elifius)  Poète  ,  étoif 
ItaUen ,  né  dans  le  royaume  de  Naples ,  Se  vivoit  fur  la  fin  du  XV. 
Siècle,  vers  l'an  1480.  en  même  tems  que  Jovianus  Pontanus  8c 
queSannazar.  Ces  deux-ci.  Se  les  autres  grands  hommes  de  fon 
tems  l'honorèrent  de  leur  amitié.  Il  a  écrit  de  très-jolies  élégies  Se 
diverfes  pièces  en  vers,8e  entr'autres  un  Poëme  du  combat  des  rats 
contre  les  grenouilles ,  dont  le  fujet  eft  tiré  d'Homère.  Calentius 
avoit  de  bonnes  qualitez,  mais  le  panchant,qu'il  eut  pour  l'amour  , 
le  rendit  malheureux.  Il  l'avoue  lui-même  dans  ces  vers  : 

Talia  fofi  cineres  de  me  toto  orbe  legantur, 
Scriptaque  fint  ttimulo  earmina  digna  meo, 

Ingenium  natura  dédit ,  fortuna  Poéts, 
Défait ,  atque  inofem  vivere  fecit  amor. 

On  ne  fçait  pas  en  quel  tems  il  mourut  :  mais  ce  fut  du  ntoins 
avant  l'an  1 5-03.  auquel  deccda  Pontanus.  Car  nous  avons  une  Epi- 
tre  de  ce  dernier  écrite  à  LucioCalentio,  fils  de  celui  dont  je  par- 
le, qu'il  exhorte  de  fe  rendre  digne  de  la  réputation  que  fon  père 
s'ètoit  acquife  par  fon  efprit.  On  voit  qu'il  y  travailloit  alors.  Son 
père  lui  avoit  recommandé ,  en  mourant  ,  de  mettre  cette  épi- 
taphe fur  fon  tombeau ,  qu'il  avoit  lui-oaême  compofée  : 

Sit 


CAL 

•Slt  iibi,  fit  f dix  <Èf  faufium  iter^ 
^ui  fim  difcito  paucis ,  (odes: 
titc  ego  vntesjaceo  Calentius , 
Somno  fifitus  gravi , 
Donec  me  tubicen  £theris  exciteti 
Vocans  ad  fias  Suprûm  fedes. 
Legtftin'  ?  amabo  die  abiens ,  -valt. 


•  .     .  CÀL  ij 

le  fils  de  la  foeur  du  Roi  qui  fuccedc  à  la  couronne,parce  qu'ils  cro- 
yant que  ce  moyen  eft  le  plus  fur ,  pour  avoir  un  fucceffeur  du  fang 
Royal ,  la  Reine  pouvant  avoir  des  enfans  d'un  autre  que  du  Roi , 
particulièrement  du  Bramen  ;  &  ceux  de  fa  fœur  étant  toiijours  da 
fang  Royal,  comme  leur  mère.  *Mande{lo,rtfw. 2.</'01earius= 
Dellon ,  Relation  des  Indes  Orientales.  SUT. 
CALIDIUS,  (L.Julius)  Poète ,  fort  homme  de  bien^  vivoit 


*  Paul  Jove,  in  Elog.  BoS.c.^f.  Cornélius  Tollius.w  ^/i^«»</.Pierius  en  5- 1 7 .  de  Rome ,  environ  40 .  ans  avant  l'Ere  des  Chrétiens,  8c  la 
Valerianus,  deinfelicit.  Littéral.  CLXXXV.  Olympiade.  Après  la  profcription  des  Chevaliers  , 

C  A  L  E  N  U  M.  Cherchez  Carinola.  P.  Volumnius ,  ami  d'Antoine,  l'écrivit  au  catalogue  des  Profcrits 

CALEPIN,  (Ambroife)  étoit  de  Calepio ,  petit  village  près  )  à  caufe  des  grands  biens  qu'il  avoit  en  Afrique;  mais  T.PomponiuS 


de  Bergame ,  dont  il  a  tiré  le  nom  de  Calepin ,  fous  lequel  il  eft  fort 
connu  ;  il  vivoit  dans  le  XV.  Siècle  8c  au  commencement  du  XVI. 
11  prit  l'habit  de  Religieux  dans  l'Ordre  des  Auguftins,où  fa  vertu  8c 
fa  do&rine  le  firent  beaucoup  eftimer.  Il  travailla  long-tems  à  fon 
Diâionnaire,  qu'il  fit  imprimer  la  première  fois  en  1^03 .  Depuis , 
cet  Ouvrage  a  été  augmenté  par  PalTerat  8c  par  d'autres.  Ambroife 
Calepin  mourut  en  15-10.  *  Jofeph  Pamphile,  inChron../îugu/i. 
Leander  Alberti ,  DeJcr.Ital. 

CALEPIO,  bourg  d'Italie  près  de  Bergame,  donne  fon  nonî 
aune  vallée  dite  valle  di  Calefio,  près  dulacd'Ifeo.     Il  eft  litué 
"  fur  rOglio,  8c  les  Auteurs  Latins  le  nomment  Calepium,èc  {es  habi- 
tons Cakfini.  C'eft  de  là  qu'on  a  formé  le  nom  d'Ambrolius  Cale- 
pinus,  qui  étoit  natif  de  Calepio. 

C  A  L I  A  R I ,  (Paul)  Peintre  célèbre ,  connu  fous  le  nom  de 
Paul  Verdnese.  Il  étoit  de  Vérone,  oii  il  nâquiten  15-31. 
de  Gabriel  Caliari  Sculpteur  .Paul  apprit  à  deffiner  8c  à  peindre  fous 
Antonio  Badile  un  de  fes  oncles,8ccomme  il  avoit  un  admirable  gé- 
nie pour  la  Peinture,  il  y  fit  bientôt  de  merveilleux  progrès.  En 
"■  eftet,  étant  encore  extrêmement  jeune,  il  peignit  quelques  ta- 
bleaux à  Vérone  dont  on  fit  une  eftime  particulière.  Le  Car- 
dinal Hercule  de  Gonzague  engagea  Caliari  à  venir  à  Mantouë  pour 
y  travailler  auDbme,8c  il  s'y  acquit  beaucoup  de  réputation  .Depuis 
il  travailladans  quelques  autres  villes  d'Italie ,  8c  s'arrêta  enfin  à 
Venife.  Son  mérite  y  trouva  les  récompenfes  qui  lui  étoient  jufte- 
ment  dues ,  8c  il  s'y  fit  des  amis  illuftres.  C'eft  là  qu'il  acheva  tant 
de  merveilleux  Ouvrages  dont  plufieurs  fe  font  répandus  dans  tou- 
te l'Europe,  8c  qu'il  tut  confnlté  8c  employé  pour  tous  les  grands 
deflèins  du  Palais  Ducal,  de  la  Bibliothèque  de  Saint  Marc  ,  de 
la  Sale  du  Confeil  des  Dix ,  8cc.  Il  fit  une  feule  fois  un  voyage 
à  Rome ,  en  compagnie  de  Jérôme  Grimani  Procureur  de  Saint 
Marc,  8c  AmbafîadeurencetteCour.  Il  retourna  bientôt  à  Venife 
ëc'  continua  à  y  achever  ces  pièces  excellentes ,  qui  rendront  fon 
nom  immortel  à  lapofterité.  Il  mourut  au  mois  d'Avril  de  l'an 
15-88.  Paul  Veronefe  avoit  un  frère,  nommé  Benoit  Caliari,  8c 
deux  fils,  dont  je  parlerai  dans  la  fuite.  Benoît  étoit  Peintre  8c 
Sculpteur.  Il  travailla  fous  fon  frerc ,  8c  fes  pièces  paflènt  fous  cel- 
les de  Paul.  C'étoit  un  homme  extrêmement  laborieux ,  mais  fans 
ambition.  Ilmouruten  if^g.  âgé  de  60  ans.  Les  deux  fils  de  Paul 
Veronefe  étoient  Ch  a  rl  es  8c  Gabriel  Caliari.  Le 
premier  avoit  un  très-beau  génie  pour  la  Peinture:  dès  l'âge  de  dix- 
huit  ans  il  faifoit  des  pièces  qui  égaloient  celles  des  plus  habiles 
_  maîtres.  On  croit  qu'il  auroit  furpaflë  fon  pere,s'il  eût  vécu  aùffi 
long-tems  qu'on  le  Ibuhaitoit  ;  mais  comme  il  étoit  extrêmement 
délicat,  8c  qu'il  travailloit  avec  une  très-grande  application,il  fe  gâ- 
ta la  poitrine ,  8cmouruten  15-96.  lazô.annéede  fon  âge.  Grabriel 
fon  frère  s'adonna  au  négoce,quoi  qu'il  fît  quelque  tableau  de  tems 
à  autre.  U  mourut  de  pefte  en  1 631.  âgé  de  63. ans.  *  Vafari,  w 
Vit.de' Fitt. Kiàoihi  Vit.de' Pit.Venet.  0-c. 

C  A  L I  C  U  T ,  ville  8c  royaume  fur  la  côte  de  Malabar  dans  la 
prefqu'ille  de  l'Inde  au  deçà  du  golfe  de  Bengala.  Ceux  du  païs  l'ap- 
pellent CwVo/;» ,  c'eft-à-dire,  Torterejfeducoq;  parce  que,  difeht- 
ils ,  le  royaume  de  Calicut  ne  s'étendoit  pas  autrefois  plus  loin  que 
le  chant  du  coq.  Le  plus  beau  commerce  des  Indes  s'y  faifoit  dans 
le  XVI.  Siècle,  8c  on  y  voit  encore  quantité  de  riches  Marchands. 
Ce  fut  là  où  les  Portugais  abordèrent ,  quand  ils  découvrirent  les 
Indes  Orientales ,  mais  ils  ne  fçûrent  pas  profiter  long-tems  de 
la  bienveillance  du  Roi  ,  qui  les  chafla  ,  dit-on ,  à  caufè  de 
leur  ingratitude  ,  &  des  outrages  qu'ils  faifoient  à  fts  Sujets. 
Les  Anglois  s'y  font  établis  depuis  long  tems,  8c  y  ont  bâtiu- 
ne  maifon  fur  un  lieu  élevé,  parce  que  celle  qu'ils  avoient  aupa- 
ravant a  été  fubmcrgée  dans  une  inondation.  Ce  païs  eft  bas  8c 
fujet  à  des  débordemens  d'eaux.Le  fable  du  rivage  ell  mêlé  de  mor- 
ceaux d'or  très-fin ,  que  chacun  peut  chercher  8c  ramaffer  pour 
fon  profit.  Lafortereffe,  que  les  Portugais  avoient  bâtie  en  15-29. 
aflèz,  loin  du  rivage  j  fe  voit  à  plus  de  deux  lieues  en  mer,  a  de- 
mi fubmergée ,  &  les  barques  paflènt  aifément  entre  ce  château  8c 
la  terre.  Cette  ville  étoit  autrefois  le  féjour  du  Zaittorin  ,  ou 
Roi  de  Calicut:  mais  il  n'y  demeure  plus,  8c  il  y  a  inis  un  Gpu- 
verneur,  qui  loge  dans  le  palais.  On  appelle  ce  Gouverneur  j  le 
'B.ajador.  Les  Gentilshommes  de  ce  pais ,  qui  s'appellentNiayrej, 
portent  des  braflêlets  de  perles ,  8c  des  anneaux  d'or ,  pour  fe  dif- 


Atticus,  quiétoitfonami,ledélivrade,cedanger.  CorneliusNe- 
pos,  qui  rapporte  ces  chofes,ajoûte  que  le  iiéclcauquel  il  vivoit ,  lè 
pouvoit  vanter  aVec  raifon  d'avoir ,  après  la  mort  de  Lucrèce  8c  de 
Catulle,  porté  le  plus  excellent  Poète  qui  fe  fut  jamais  vu.  *Cor-> 
nehus  Nepos ,  dans  la  Vie  d'jOticus. 

C  A  L I F  A  ;  les  Perfes  donnent  ce  hom  au  Régent,  qui  enièignë 
àdxisxsnc  Metz.id  ou  Mofyaée,  qui  fert  de  temple,  8c  d'école.  Le 
Molla  eft  le  Prêtre  du  temple,  8c  le  Principal  du  Collège.  *  Olearius, 
Voyage  de  Ferfc.    SUP. 

CALIFE;  ce  nom  étoit  propre  aux  fiicceflèurs  de  Mahomet» 
que  l'on  appellaC,!!/j/"«is  Syrie,  lors  qu'ij  s'éleva  d'autres  Califes 
qui  ufurpcrent  l'autorité  fouveraine,  en  Perfe,  en  Egypte  ,  8c 
en  Afrique.  Du  règne  de  Mahomet  II.  en  814.  l'Empire  Ma- 
hometan  étoit  divifé  en  cinq  parties.  Mahamet ,  Calife  de  Sy- 
rie, quitta  la  ville  de  Damas,  8c'  tranfporta  fon fiége à Bagdat , 
qu'il  fit  bâtir  fur  les  ruines  de  Seleucie,  aune  journée  de  l'ancien- 
ne Babylone,  c'eft  pourquoi  on  le  nomma  auffi  Calife  de  Baby- 
lone.  Abdala  fon  frère  fut  CaUfe  du  Caire  en  Egypte.  Il  y 
eut  un  troifiéme  Calife  à  Carvan ,  &  un  quatrième  a  Fez,  en  Bar- 
barie: outre  le  Calife  d'Efpagne ,  qui  prit  auffiie  titre  de  Roi.  De 
tems  en  tems  il  y  a  eu  des  Califes  fo/t  puiflàns  dans  la  Perfe , 
8c  d'autres  dans  la  Cappadoce ,  dans  la  CÙiéie ,  8c  dansla  Mefo- 
potamie.  Pifafire,  qui  regnbit  en  95-8.  fut  le  dernier  Calife  en 
Afie ,  dont  les  Turcs  fe  rendirent  les  maîtres  :  8c  il  ne  refla  que  le 
Calife  d'Egypte,  8c  ceux  d'Afrique,  8c  d'Efpagne.  *  Marmol, 
de  l'uifrique,  iiv:  2. 

SUCCESSION    CHRONOLOGI  Q_U  E 

des  Califes ,  ou  fucccffeurs  de  Mahomet ,  qui  ont  régné  en  Syrie. 


Commencement 
du  règne. 


Mahomet    mort   en    632. 


632. 
634. 
648. 
65-8. 
682. 
686. 
687. 
708. 
718. 
721. 
723. 

7^7- 
746. 
748. 
749. 

7i'4- 
760. 
781. 
792. 
814. 
834. 
849. 
865-. 
873. 
908. 
9f8. 


Abubéquer,  beau-père  de  Mahomet. 

Omar. 

Odman,  ouOfman. 

Moavia. 

Jezid. 

Abdala. 

Abdulnialic. 

Gualid.    ■ 

Soliman  Hafceîa. 

Omar  II. 

Jezid  IL 

Gualid  m 

Jezid  elGélid, 

Héchcn.  , 

Marvan,  fils  de  Mahaniet.' 

Abubaba. 

Abdala  II.  fils  de  Mahafflet. 

Mahamet  Méhédi ,  8c  fon  filsi 

Aron  Rachid. 

Mahamet  II.  fils d' Aron,  Se  Abdala, 

Imbraèl. 

Mémon. 

Ozmen. 

Caym  Adarri, 

Cofdar. 

Pifafire ,  dernier  Calife  de  Syrie, 


Années 
d»  régné 


14 


t 


16 
8 

30 


11  y  eut  depuis  des  Califes  en  Syrie ,  mais  on  ne  les  confideroit  que 
comme  Souverains  Pontifes.  Elvir ,  fils  de  Pilafîre  ,  fut  Calife 
d'Egypte  vers  l'an  99o;£c  fes  fuc*ej(lèurs  régnèrent  jufques  en  1 1 64^ 
que  Saladin  fe  rendit  maître  de  l'Egypte ,  prenant  la  qualité  de  &»- 
ilan  ou  Sultan ,  8c  laiflant  le  titre  de  Calife  aux  Grands  Prêtres  de  la 
Loi  de  Mahomet.    SUP. 

C  A  L I F  O  R  N I  E ,  Me  de  l'Amérique  Septentrionale,  dans  k 
mer  de  Sud ,  qui  aboutit  au  nouveau  Mexique  ou  la  nouvelle  Gre- 
nade, 8c  n'en  eft  feparée  que  par  un  bras  de  mer.  Sa  longueur  eft  de 


tinguer  des  perfonnes  de  moindre  condition ,  qu'ils  nom  ment  Poly-  ^^  *  ^'^P'^  <^™5  Yieaés  du  Septentrion  au  Midi ,  depuis  les  promon- 
(ts.  Il  y  a  plufieurs  de  ces  Nayres  qui  ne  fe  marient  point ,  parce  toires  appeliez  Caf  Blanc,  Cap  de  Saint  Sebaflien,  S^CaboMendo- 
qu'ils  ont  la  liberté  de  voir  les  femmes  8c  les  filles  de  leurs  camara-  """'  ju^es  à  un  autre  promontoire  dit  CabodeSanLucar,  Lè 
des  quand  il  leur  plaît.  En  entrant  dans  la  maifon ,  ils  laiflènt  leur  paffage  étroit  de  la  mer,  qui  fépare  cette  ifle  de  la  terre-ferme,  eft: 
épée  8c  leur  rondache  à  l'entrée,  pour  marquer  qu'ils  y  font  ;  8c  le  pommé  par  les  Efpagnols  marvermejo,  ou.  mer  rouge.  On  a  cru 
maître  même  de  la  maifon  voyant  ces  armes  paflè  outre,  8c  n'y  en-  1  long-tems  que  la  Californie  n'étoit  qu'une  prefqu'ifle;  mais  au- 
tre point.LesN/jyr«  portent  tous  les  armes.ac  fe  trouvent  ordinai-  Ijourd'hui  on  eft  perfuadé  du  contraire.  Lepaiseftfec,  fterile,  8c 
rement  auprès  de  la  perfonneduRoi,pour  fa  garde  8c  pour  l'accom-  1  froid»  bien  que  dans  une  afllette  qui  devroit  être  plutôt  chaude  8c 
pagner  à  la  guerre.  Tous  les  Po/yaj  font  gens  de  métier ,  ouMar-  j  tempérée.  On  y  pêche  des  perles  dans  la  mer  Vermejo  à  l'Orient 
chands.  Le  Roi  de  Calicut  ne  mange  rien  qui  n'ait  été  auparavant  j  des  côtes  de  Californie,  8c  fur  les  côtes  de  la  nouvelle  Grenade  ou 
préfentéàfonP«^0(/e,  ou  Idole.  Il  y  a  encore  cela  de  particulier  en  inouvean  Mexique.  *Herrera,  Defc.  Amer.ii.  énc 
ce  royaume ,  que  la  nouvelle  Reine  (aufli-bien  que  toutes  les  épou-  CALlGARI,  ou  Pelacani  ,  (François)  de  Florence,  Profefleur 
fes)  eft  mife  entre  les  mains  d'un  Bramen ,  pour  en  difpofer  avant  la  des  Mathématiques ,  vivoit  en  1 5-15-.  Il  écrivit  en  ItaUen  un  Traité 
confommation  du  mariage  :£c  que  ce  n'eft  pas  le  fils  du  Roi,  mais  1  d'Algèbre,  8c  treize  livres  d'Arithmétique  pratique,  qu'il  dédia 

i  "  '      ■•-■--     ^  àjule 


tt 


CAL 


à  Jule  de  Medicis ,  depuis  Pape  fous  le  nom  de  Clément  VIIL 
*  Pocciancius ,  de  Script.  Florent. Voffms,  deMathem.  &c. 
■  GALIGNON,  (Sof&ey)  Maître  des  Requêtes,  &  puis  Chan- 
celier de  Navarre,  fous  Henri  le  Grand,  étoit de Dauphiné.  Le 
Sieur  de  Lefdiguieres ,  depuis  Connétable  de  France ,  contribua 
beaucoup  à  fon  élévation.  Voici  un  éloge  que  Nicolas  Chorier  lui 
a  confacré,dans  fon  Hiftoire  de  Dauphiné  abbregée  pour  IVl  Je  Dau- 
phin. Sofrey  de  Cdignon  ami  de  Revol  étoit  en  même  tems  dans  les  fins 
grandes  affaires.  Le  Roi,  n'étant  ^ue  Koi  de  Navarre,  l'avoit  em- 
ployé dans  les  flus  difficiles:  tl  n'en  avait  pas  alors  d'autres,  En  étant 
devenu  Roi  de  France ,  il  n'eut  pas  de  Miniftre  qu'il  eftimâtplus.  H  le 
fit  Chancelier  de  Navarre.  VEdit  deNjmteseJtJonOuvrage-.ilytra- 
vaillaplusquenulautre.  Il  étoit /(avant  en  tout  genre  de  Littératu- 
re. Uamêmefait  des  Vers  en  nôtre  Langue  ;  Du  Ferdier  en  a  confer- 
vé  plufieurs  dans  fa  Bibliothèque ,  les  autres  font  péris.  Il  avait  dans 
les  Mitres  un  difiemement admirable:  pour  embarrajfées  qu  elles fuf- 
ftnt,  ily  trouvait  d'abord  le  point  qui  les  décidait.  Ilmturuten  1607. 
âgé  de  f  6.  ans,  laijfant  au  Rai  unfenfible  regret  de  fa  perte.  Celle  des 
grands  hommes  comme  lui  ne  fe  répare  jamais.  Il  faifoit  profejjbn 
de  la  Religion  P.  R.  Ces  Vers ,  que  Du  Verdier  Vauprivas  nous  a 
confervez,  font  une  Satire  intitulée ,  Le  mépris  des  Dames.  *  Du 
Verdier,  JÎ/^/.f.  11 40.  Chorier,  HiJi.deDauph.T.II.p.zz^. 
'  CALIGULA, (Caïus Céfar) fÛs de Germanicus 8c d'Agripi- 
né,  fucceda  à  fon  grand-oncle  Tibère  à  l'Empire,  l'an  trente-fept 
de  1  E  s  u  s-C  H  R I  s  T.  On  aflûre  que  comme  il  naquit  dans  l'ar- 
mée, onluidonnalenomdeCaligula,  tiré  d'une  chauiTure  mi- 
litaire qui  s'appelle  ainfi.  Pour  reconnoître  la  grâce  que  Tibère  lui 
avoit  faite  de  le  nommer  fon  foccaflèur ,  impatient  de  fe  voir  le 
maître  du  monde,  ill'étrangla,  dit-on,  des  fes  propres  mains, 
aux  abois  de  la  mort.  Le  commencement  de  fon  règne  fut  aflèz 
modéré,  mais  cela  dura  peu;  &  fa  cruauté  lui  ayant  bientôt  fug- 
eeré  divers  prétextes  pou^ faire  punir  desinnocens,  il  ne  s'occupa 
plus  qu'à  répandre  du  fang.  Pendant  qu'il  fouilloit  fes  mains  du 
maflàcredesplusilluftresperfonnagesduSenàtScde  l'Empire,  il 
fe  deshonoroit  foi-même  par  les  inceftes  qu'il  commit  avec  fes 
propres  fœurs.  Ildiflipaenpeudemoisdes  trefors  imrHenfes  que 
Tibère  avoit  amaflèz.  en  plulieurs  années.  On  dit  qu'ils  fe  mon- 
toient  félon  nôtre  façon  de  compter  à  foixante  8c  deux  millions,  fix 
cens  foixante  8c  quinze  mille  écus  d'or.  Après  cela  il  ne  fit  point  de 
fcrupule  des  plus  horribles  injuftices  8c  des  plus  grandes  balfeflès, 
qu'il  croyoit  utiles  pour  lui  faire  trouver  de  l'argent.  Sa  plus  hau- 
te folie  fut  de  vouloir  palTer  pour  Dieu .  Il  faifoit  ôter  la  tête  aux 
images  des  Divinitez,  anciennes  8c  y  faifoit  mettre  la  fienne  en  la 
place.  Il  fe  tenoit  entre  les  ftatuës  de  Caftor  8c  de  Pollux  pour  fe 
•faire  adorer  ;  8c  fe  vantoit  de  coucher  avec  la  Lune.  Son  plus  vio- 
lent delir  fut  de  faire  placer  fa  llatuë  dans  le  temple  de  Jerufa- 
lem ,  à  caufe  de  la  difficulté  qu'il  fçavoit  que  les  Juifs  apporteroient 
à  lui  rendre  un  honneur  que  leur  loi  condamnoit.  Il  donna  or- 
dre en  3  9.  à  Pétrone,  Gouverneur  de  Syrie,  de  faire  tailler  une 
ftatuëquile  repréfentât  fous  la  forme  de  Jupiter,  8c  de  la  faire 
placer  dans  le  Sanftuaire.  Ce  dernier  vit  tant  de  confternation  dans 
l'efprit  de  tous  les  Juifs  de  l'Orient ,  que  craignant  quelque  révol- 
te, ou  pour  quelque  autre  motif,  il  écrivit  a  l'Empereur  que  les 
Ouvriers  n'avoient  pas  pu  achever  la  ftatuè".  Galiguîa  connut  fon 
deffein ,  8c  entra  en  une  fureur  étrange  contre  lui.  Cependant , 
Agrippa  fils  d'ArUtobule ,  qu'Herode  le  Vieil  avoit  fait  mourir , 
ayant  entendu  la  propofition  du  Prince ,  tomba  évanoui ,  8c  lui 
écrivit  depuis  une  Lettre  fi  touchante ,  qu'il  promit  de  ne  faire  au- 
cune innovation  dans  le  temple  des  Juifs.  Mais  comme  il  étoit 
fort  inconftant,  il  s'en  repentit  d'abord.  Il  commanda  que  dans 
Rome  on  fît  un  cololfe  doré,  8c  fa  refolution  étoit  de  le  faire  placer 
dans  le  Sanftuaire ,  avant  que  l'on  ne  fçut  aucunes  nouvelles.  Mais 
Dieu  arrêta  fes  rrialheureux  deflfeins ,  &  le  punit  de  fes  crimes  par 
la  main  de  Caffius  Chereas  Capitaine  de  fes  Gardes  le  14.  Janvier 
de  l'année  41.  après  une  domination  de  trois  ans,  dix  mois,  8c 
huit  jours.  *  Dion,  Suétone ,  Aurelius  Viâor ,  dans  fa  Vie.  Tzd- 
te ,  aux  Ann. ]o&Tphe ,  II.  18. e§'  i^.des  Antiq.  e^/i.  2.  delaGuerre. 
Philon,  dans  la  Relation  de  l'ambaffade  dont  il  était  le  chef,  envoyée  par 
les  Juifs  d'Alexandrie  à  Caligula. 

11  ne  vouloit  pas  feulement  être  adoré  comme  un  Dieu,  8c  être 
appelle  lenouveaufupiter,  fe  failànt  dorer  la  barbe,  8c  prenant' 
une  foudre  à  la  main:  mais  il  affeftoit  de  repréfenter  en  fa  perfonne , 
tous  les  Dieux  8c  toutes  les  Déeffes.  Il  portoit  tantôt  un  trident , 
comme  Neptune:  tantôt  un  caducée ,  comme  Mercure:  8c  tan- 
tôt une  lyre,  comme  Apollon.  Quelquefois  il  prenoit  une  pique 
8c  un  bouclier ,  pour  refîèmbler  aMars  ;  ou  une  mafliiè' ,  pour  re- 
préfenter Hercule.  Souvent  il  s'habilloit  en  Venus ,  avec  une  cou- 
ronne de  myrte  :  puis  en  Diane ,  avec  le  javelot  8c  le  carquois. 
Quand  il  n'étoit  ni  Dieu  ni  Déeffe ,  il  fe  fervoit  d'un  manteau  bro- 
dé d'or ,  de  pierreries,  8c  de  perles.  Quelquefois  il  s'avifoit  de  faire 
le  brave ,  avec  le  corfelet  d'Alexandre,  qu'on  avoit  tiré  du  tombeau 
de  ce  Conquérant  :  mais  ii  marchoit  ordinairement  avec  les  orne- 
mens  triomphaux,  c'efl:--à-dire,avec  la  couronne  de  laurier  ou  d'or, 
le  bâton  d'y  voire ,  la  robe  bordée  de  pourpre,  8c  la  cafaque  brochée 
à  palmes.  *  Chevreau,  Hiftoire  du  Monde ,  li.  3.     SUl'. 

oS'  Voici  fon  portrait  tiré  des  Médailles  8c  des  Hiftoriens.  Il 
avoit  le  menton  relevé,  qui  marquoit  fa  cruauté,  8c  un  vifage  com- 
pofé ,  qui  n'étoit ,  comme  dit  Tacite ,  qu'une  fauflê  couverture  à 
{es  delTein»  criminels.  11  affeâoit  quelquefois ,  dit  Suétone ,  un  re- 
gard terrible,  pour  imprimer  de  la  crainte  dans  le  cœur  de  ceux  qui 
l'approchoient  ;  ce  qui  étoit  un  ligne  d'un  peu  de  folie,  marquée 
d'ailleurs  par  le  cou  délié ,  le  front  grand ,  les  jambes  minces ,  &  le 
corps  mal  proportionné.  1 1  étoit  chauve  près  du  fommet  de  la  tête: 
8c  ce  défaut  montroit  qu'il  étoit  adonné  aux  débauches  des  fem- 
mes. *  Spon  ,  Recherches  Curieufes  d'Antiquité.    SU  P. 

CALIGURITAINS ,  anciens  habitans  de  la  ville  qu'on  nom- 


CAL  •      ^ 

me  à  préfent  Galahorra ,  dans  la  Caftille  vieille  en  Efpagne,  Ils  foû' 
tinrent  le  liège  de  leur  ville  contre  l'armée  de  Pompée ,  avec  tant 
d'opiniâtreté ,  qu'après  avoir  mangé  toutes  les  bêtes ,  les  cuirs ,  8c 
les  autres  choies  qui  avoient  quelque  peu  de  fubftance ,  ils  mangè- 
rent enfin  leurs  femmes  8c  leurs  enfans ,  qu'ils  faloient  comme  des 
pourceaux.  *  Valere  Max.  liv.  7.  ch. 6.    SUP. 

CALINGIENS,  anciens  peuples  de  l'Inde ,  vers  la  mer , 
parmi  lefquels  on  dit  que  les  femmes  portoient  des  enfans  dès  l'âge 
de  cinq  ans,  8c  n'en  vivoient  que  huit  au  plus.  *  Pline;  liv.ô.ch, 
17.     SUP. 

C  A  L I  P  P  E ,  Mathématicien  de  Cyz,ique,étoit  en  grande  efti- 
me  dans  la  Grèce.  Prenant  garde  qu'il  ne  pouvoir  pas  ajufteravec 
alfez  d'exaftitude  les  années  Solaires  avec  les  Lunaires ,  8c  trou- 
vant du  défaut  en  l'ordre  de  Meton ,  il  inventa  une  période  qui 
contenoit  quatre  cycles  Metoniques ,  chacun  de  dix-neuf  ans;  8c 
en  tout  de  foixante  8c  feize  années ,  ou  dix-neuf  Olympiades.  Il  la 
commença  fur  la  fin  du  mois  de  Juin ,  8c  la  troifiéme  année  de  la 
CXII.  Olympiade,  qui  étoit  la  41 9.  de  Nabonaflàr ,  4384.  delà 
période  Julienne ,  4î4.deRome,  37i4.duMonde,  330.  avant 
J  E  s  u  s-C  H  R  ï  s  T  ;  Ariftophon  étant  Archonte  d'Athènes ,  8c  la 
même  année  que  Darius  fut  tué  par  BeîTus.  *  Ptolomée ,  //.  3 . 
p.  63.  Gr.  éd.  Petau,  li.  2.  c.  16.  é'  l'-  '°.  c-  37.  doBr.tetnp.' 
Voifius  ,  de  Math.  c.  33.  §.  ij.  Scaliger  ,  in.  Not.  ad  Eujeo. 
Chron.  Riccioli,  Chron.  refarm.  ér^. 

CALIS,  ouGadis,  que  les  Anglois  8c  ceux  des  Païs-Bas 
nomment  Galis-Malis ,  ifle  8c  ville  d'Elpagne  furies  côtes  de  l'An- 
daloulie.  Elle  a  été  connue  à  toute  l'Antiquité,  fous  le  nom  de 
Gadei  8c  de  Gadira.  Elle  fut  fondée  par  les  Phéniciens,  qui  la  nom- 
merentainfî,  8c  ce  mot  enleur  langue  lignifie  ««e^^pj'e,  ou  unen- 
clos.  Elle  en  eut  encore  d'autres ,  comme  celui  de  T»r<e^J  ;  ce  que 
Feftus  Avienus  exprime  ainfi  : 

Hic Gadir urbs e/i ,  diBaTarteffusprius. 
Strabon  dit  qu'il  y  avoit  autrefois  deux  villes  de  ce  nom  ;  mais  Pli- 
ne n'en  met  qu'une ,  dite  fulia  Gaditana,  parce  que  Jule-Céfar 
ayant  fournis  l'Efpagne  y  laiffa  une  colonie  deRomains.On  croyoit 
auffi  autrefois  que  Cadis  étoit  comme  le  terme  de  la  navigation  , 
qu'on  ne  pouvoit  pas  avancer  davantage ,  parce  qu'au  delà  on  trou- 
voit  le  détroit  de  Gibraltar  8c  les  colomnes  d'Hercule.  C'eIt  peut- 
être  pour  cette  raifon  qu'on  y  avoit  bâti  un  temple  au  m^me  Her- 
cule qui  y  amena  les  bœufs  de  Gerion.  C'ell:  dans  ce  même  tem- 
!  pie  où  l'on  dit  que  Jule-Céfar  verfa  des  larmes ,  en  fe  fouvenant 
jdecequ'Alexandre/cGraWavoitfaità  l'âge  de  33.  ans.  On  dit 
'qu'elle  a  été  la  patrie  de  L.  Cornélius Balbus ,  8c  du  Poète  Ga- 
nius ,  qui  vivoit  du  tems  de  Martial ,  lequel  ep  parle  en  ces  terâies: 

Gaudent  jocofa  Canio  Gades  fuo. 
Golumella  aflure  aulTi  lui-même  que  Cadis  étoit  le  lieu  de  fanait 
fance  : 

Et  mea  quam  générât  Tartejft  Itttore  Gades. 
L'Ifle  de  Calis  eft  plus  longue  que  large ,  dans  un  grand  golfe  l 
auquel  elle  donne  fon  nom ,  entre  l'embouchure  du  Guadalqui- 
vir  8c  TarilFe.  Elle  n'eft  feparée  de  la  terre-ferme  que  par  un  petit 
bras  de  mer  qu'on  y  palTemêmefur  un  pont  dit /*/>«««»?  f^i'»»/». 
Prefqu'au  bout  de  l'Ille ,  du  côté  du  Septentrion ,  il  y  a  un  petit 
golfe  fermé  d'une  langue  de  terre,  où  eft  bâtie  lavilledeCadis, 
qui  a  EvêchéfufïragantdeSeyille.  Elle  a  vers  la  mer  des  rochers 
efcarpez ,  qui  lui  fervent  de  remparts ,  8c  vers  la  terré  il  y  a  un 
folTé  à  fond  de  cuve  rempli  d'eau,  avec  deux baftions  qui  occu- 
pent toute  la  largeur  del'Ifle,  de  forte  que  Cadis  en  lèmbleêtre 
une  féconde.  De  chaque  côté  du  rivage ,  8c  fur-tout  à  l'entrée  du 
port,  il  y  a  divers  forts ,  entre  lefquels  ceux  de  S.  Filipo  8c  de  S. 
Sebaftiano  font  les  plus  confiderables.  On  a  même  eu  foin  d'en 
bâtir  un,  fur  un  rocher  qui  s'élève  au  milieu  de  la  mer.  Les  Efpa- 
gnols  n'ont  rien  négligé  pour  fortifier  cette  place,  quoi  qu'elle 
ne  le  foit  peut-être  pas  aulfi  régulièrement  que  celles  qu'on  forti- 
fie à  la  moderne.  C'eft  le  rendez-vous  ordinaire  de  leurs  galions 
8c  de  leurs  plus  grands  vaiffeaux ,  à  cauiè  que  le  port  eft  excellent. 
Outre  cela  Cadis  eft  une  clef  d'Efpagne ,  8c  une  des  trois  qu'on 
dit  que  l'Empereur  Charles  V.  recommanda  au  Roi  Philippe  II. 
fon  fils,  8c  dont  la  garde  étoit  d'une  extrême  importance  pour  la 
conlèrvation  de  cet  Etat.  Les  deux  autres  étoient  Fleffingue  8c  la 
Goulette ,  l'une  dans  les  Païs-Bas ,  8c  l'autre  en  Afrique.  *  Pline , 
l. 4.  c.  2 2 . 0- '.  f . c.  j.  Pomponius  Mêla,  li.-^.c.6.  Silius  Italiens ,  li. 
I.  ©■  3.  Nonius,  Hïfp.  c  .9.  Mariana,  Marinaeus,  Merula,  S. 
Bochart,  in  Chanaane,  lib.  I.  c.  34. 8cc.  Voyez  Cadis ,  qui  eft  le  véri- 
table nom  de  cette  ville  8c  non  Calis.qui  n'en  eft  qu'une  corruption. 
C  A  L I S  T  E ,  ou  Kauisch  ,  ville  8c  fiege  d'un  Palatinatdans 
la  grande  Pologne ,  qu'on  croit  être  la  mêiîie  que  Ptolomée  ap- 
pelle CaZ^M.  Jean  Sprow,  Archevêque  de  Gnefne,  y  affembla 
un  Concile  l'an  i45'7. 

CALISTE  NICEPHORE.  Cherchez  Nicephore. 
[C  A  L I X  T  E ,  (George),Théologien  célèbre  parmi  les  Luthé- 
riens ,  étoit  né  dans  le  Holftein ,  à  Medelbuy ,  village  de  la  jurif^ 
didiiion  de  Sleswilc,  le  14  de  Décembre  15-86.  Son  pereétoitMi- 
niflre,  8c  le  deftina  dès  fa  jeuneffe  à  l'étude  de  la  Théologie.  Il 
fit  lès  études  dans  les  Académies  de  Helmftadt .  de  Jene ,  de  Gies , 
8cc.8c  parcourut  prefque  toutes  lesEcolesProteftantes  d'Allemagne 
Il  voyagea  auffi  avec  Matthias  O  verbeek  Luthérien  riche ,  établi  en 
Hollande.  Cet  homme,  qui  connut  le  mérite  de  Galixte,  8c  qui 
comprit  que  plulieurs  bons  efprits  demeuroient  dans  l'ignorance , 
faute  d'avoir  de  quoi  s'avancer,  aida  Galixte  de  fon  bien ,  8c  fit  la 
même  generofité  a  Hermannus  Conringius ,  8ç  à  d'autres.  Enfin 
Galixte ,  après  avoir  voyagé  en  France ,  en  Angleterre ,  Se  en  Hol- 
lande, retourna  en  Allemagne,  8c  fut  fait  Profellêur  en  Théolo- 
gie en  16 14.  à  Helmftadt.  Il  s'acquitta  de  cet  emploi ,  avec  tant  de 
fatisfaâion  de  ceux  qui  l'avoient  appelle ,  que  Frideric-Ulric  Duc 
de  Brunftvik  ne  voulut  jamais  permettre  qu'il  allât  ailleurs,  quoi 

qu'il 


CAL. 

iju'il  fût  appelle  en  1 63  j .  par  Erneft  Duc  de  Weymar.  Il  avoit  pris , 
dans  fes  voyages ,  8c  par  fes  études ,  un  efprit  de  modération,  qui 
faifoit  qu'il  ne  çondamnoit  pas  volontiers  ceux  qui  n'étoient  pas  de 
Ion  fentiment ,  en  des  dogmes  qui  ne  font  pas  de  l'eflènce  de  la 
Religion.  Outre  cela ,  il  avoit  compris  que  ceux  de  {à  communion 
donnoient  en  divers  lieux  trop  d'autorité  à  Lutlier ,  Se  n'ofoient 
s'éloigner  de  fes  fentimens  en  quoi  que  ce  foit ,  par  une  efpece  de 
fuperftition.  Ces  fentimens  lui  attirèrent  bien  des  ennemis ,  parmi 
ceux  qui  eftiment  trop  Luther,  &  qui  condamnent  rigoureufement 
ceux  qui  ne  font  pas  de  leur  opinion  en  tout.  Il  mourut  le  18.  de 
Mars  en  16/6.  Entre  les  dernières  paroles  qu'il  dit,  celles-ci  font 
remarquables:  fefouhaite,  dit-il,  de  mourir  fous  Jefus-Chrifî:  Chef 
i/e  tEgLife  ,  dans  ta  fei  de  la  véritable  IgUfe  Caiholique ,  ^  dans 
l'amour  de  tous  àeux  qui  fervent  fincerement  (^r  qui  aiment  Dieu  le  Fe- 
te,  le  Fils  ,  i^  te  S.  Efprit.  Je  ne  condamnerai  aucun  de  ceux  qui 
errent  dans  des  queftions  non  nécejfaires ,  ^  j'efpere  que  Dieu  me  par- 
donnera ,  fi  j'ai  erré  dans  des  chofes  de  cette  nature ,  comme  il  a  pu 
arriver.  L'aîné  de  fes  fils  nommé  Frederic-Ulric  ell  à  préfent  (en 
1690.)  Profeflêur  en  Théologie  à  Helmftadt.Son  père  a  laifle  quan- 
tité d'Ouvrages ,  dont  on  peut  voir  le  catalogue  dans  le  Théâtre  des 
Hommes  Illujires  de  Vreher.  Il  y  a  eu  aulTi  un  J  urifconfulte  Allemand 
nommé  Thomas  Calixte,  mort  à  Wittemberg  en  ifpi-] 

CALIXTE.  Cherchez  Califte. 

CALIXTINS.  Cherchez Calliftins. 

CALLAO,  ôuCallAo  de  lima,  Callaum ,  petite ifle 
de  l'Amérique  Méridionale ,  fur  la  côte  du  Perou,vis-à-vis  de  la  vil- 
le de  Lima  ou  de  los  Reyes ,  dont  elle  ferme  le  port.  Il  y  a  un  petit 
bourg  avec  un  château  fur  le  rivage. 

[CALLEPIUS,  Intendant  de  trois  provinces  fous  Conllant, 
l'an  cccxL.yac.Gothofredi Profopographia  Cod.  Theodofiani.] 

C  A  L  L I A  S ,  certain  Poète  d'Athènes,qui  fit  une  Tragédie  fort 
îngenieufede  la  Gratamaire ,  Se  qui  conipofa  des  Comédies^  On 
ne  fçait  pas  bien  en  quel  tems  il  a  vécu.  *  Athénée,  li.  10.  Vof- 
lius ,  des  Hift.Grecs,  li.  i.c.ii.  des  Poètes ,  p.  86.  des  quatre  arts  Po- 
/)»/.  c. i.§.z.Scaliger,//.  i.dere  Foëe,c.S.  érc. 

C  A  L  L I A  S ,  Auteur  qui  étoit  de  Syracufe  ;  il  compofa  l'Hif- 
toire  de  Sicile  3  8c  s'étant  lailfé  corrompre  aux  préfens  d'Agatho- 
cles,0  écrivit  à fon  avantage.  Ses  Ouvrages  font  fouvent  alléguez 
J>ar  les  Anciens.  *  Jofephe,  li.  1.  contre  ^ppion.  Athénée  ,  li.  12. 
Elien, Hifi.anim.li.  16.^.28.  Denys  d'Halicarnaflè,  li.  i.deAnt. 
IR-om.  Macrobe  ,  li.  j.Saturnal.  c.  19.  Suidas.  Voffius,  /.  i.  des 
Jiifl. Grecs,  c.ïf. 

C  A  L  L I A  S ,  nom  d'un  Général  des  Athéniens ,  8c  de  quelques 
autres  dont  Xenqphon ,  Paufanias ,  8c  Plutarque  font  mention. 

CALLIAS,  inventa  le  vermillon ,  l'an  349.  de  Rome,  félon 
Pline;  //.  33.C.7. 

CALLIAS,  de  Mityléne,  Auteur  Grec ,  qui  avoit  écrit  quelques 
ouvrages  de  Grammaire,dont  parlent  Athénée,//.  3.8c  Strabon,/r.3. 

CALLIASELE'EN,  Prêtre  des  Sybarites  en  Italie ,  ayant 
manqué  à  fon  devoir  dans  un  facrifice ,  8c  craignant  d'être  puni , 
s'enfuit  à  Crotonc ,  où  il  donna  des  avis  pour  prendre  la  ville  de  Sy- 
taris.  Les  Crotoniates  proilterent  de  cette  tiahifon ,  8c  détruifirent 
Cette  ville.  *  Hérodote,  li.^.SUP. 

CALLIAS ,  célèbre  Architeéle  8c  Ingénieur  ,  natif  d'Arados , 
îfle  de  Phenicie ,  s'acquit  de  la  réputation  à  Rhodes  par  fes  nouvel- 
les inventions.  IlfituncJnachineavec  laquelle  il  enlevoit  uneifc- 
lépole  par-deflus  la  muraille.  L'Hélépole  étoit  une  efpece  de  tour  rou- 
lante pour  approcher  d'une  ville  afliegée ,  8c  de  là  combattre  les  en- 
ïiemis,  qui  etoient  fur  les  murailles.  *  Vitruve,//.  lo.Sl/P. 

CALLICRATE,  HiftorienGrec,  étoit  de  Tyr,  8c  vivoit 
environ  fur  là  fin  du  III.  Siéqle,  vers  l'an  280.  Il  compofa  la  Vie 
de  l'Empereur  Aurelien.  *  Vopifcus ,  dans  Aurelien. 

CALLICRATE  ,  Sculpteur  ingénieux  ,  gravoit  des  vers 
d'Homère  fur  un  grain  de  miUct ,  8c  fit  un  chariot  qu'on  pouvoir 
cacher  fous  l'aile  d'une  mouche;  8c  des  fourmis  dont  on  ne  pou- 
voir diftinguer  les  membres.  On  ne  fçait  pas  en  quel  tems  il  a  vécu. 
*  Pline  ,  //.  7.  c.^l.é'  H-  l^.  cf.  Elien,  //,  i.c.ij.Hift.  Plu- 
tarque, T>aB.r.inStoic. 

CALLICRATES,  Grec  fort  confideré  dans  l'Achaïe ,  foij- 
mit  fa  patrie  à  l'Empire  Romain,  8c  empêcha  que  les  Achéens  ne 
fiflènt  alliance  avec  Perfée  Roi  de  Macédoine.  Il  fit  même  en  forte 
que  l'on  n'écoutât  pas  les  Ambaflàdeurs  de  Perfée;  mais  ilfiit  en- 
liiite  puni  de  fa  perfidie  par  Menalcides.  *  Paufan.  Hv.6.  SUP. 

CALLICRATIDAS,  Général  des  Lacedemoniens ,  rem- 
porta de  grands  avantages  fur  fes  Athéniens ,  8c  fe  dévoua  unique- 
ment au  bien  de  fa  patrie.  Il  prit  la  ville  de  Methymne ,  8caffiegea 
dans  Mityléne  Conon  Général  des  ennemis.  Les  Athéniens  accou- 
rurent au  fecours ,  donnèrent  le  combat  près  des  ifles  nommées 
uîrginufes  ,  8c  Callicratidas  fut  noyé  au  commencement  de  l'an 
347.  de  Rome.  *Xenophon,  l.i.HiJl.Gmc. 

[CALLICRATIDAS,  Auteur  Grec  ,  dont  on  trouve  un 
fragment  confiderable  dans  St^éée ,  Serm^  lxviii.] 

[CALLIDEM  E,Auteur  que  Pline  cite,en  parlant  de  l'Eubée, 
Hj^.N^ï.Liv.IV.c.  12.] 

CALLIDIUS,  ou  Cornélius  CALLiDius,de Gou- 
3e  en  Hollande ,  dont  le  véritable  nom  étoit  Loos  ou  Loos  eus,  vi- 
voit fur  la  fin  du  XVI.  Siècle ,  8c  fut  Doâeur  de  Mayence ,  8c  Cha- 
noine de  Goude.  Depuis ,  les  guerres  civiles  l'ayant  obligé  de  fortir 
de  fon  pais ,  il  vint  à  Bruxelles ,  où  il  fut  Vicaire  d'une  Paroiflè , 
&  mourut  le  4.  Février  de  l'an  ij-pj-.Callidius  compofa  un  Traité 
DeveraacfalfaMagia,  qui  fut  condamné,  8c  qu'il  fut  lui-même 
contraint  de  defavouër.  Ses  autres  Ouvrages  furent  mieux  reçus. 
Les  principaux  font ,  Illuflrium  mriufque  Germania  Scriptorum  Cata- 
logus.  Defesfio  urbis  ^  orbis,  ^c.  Valere  André ,  £ié/.  Belg. 

CALLIMACHUS,  Capitaine  Athénien ,  fut  élu  General 
dans  le  confeil  de  guerre  que  ksÂtheniens  tinrent  avant  la  bataille  de 
Tom.  II.  ''-.-- 


I  .    CAL    .  if 

Marathon.  Il  fut  de  l'avis  de  Miltiade ,  qui  étoit  de  livre]-  Ccfiâbat 
auxPerfes,  ôc  après  la  bataille  il  fut  trouvé  tout  percé  de  flèches  j 
8c  néanmoins  debout.  *  Suidas.  SUP. 

CALLIMACHUS,  Médecin  Grec , fit  un  Traité c^es  cou^ 
ronnes  dont  on  fe  fervoit  dans  les  feftins ,  pour  montrer  les  mauvais 
effets  de  l'odeui- des  fleurs  dont  elles  étoient  compofées ,  qui  blef- 
foient  fouvent  le  cerveau,  8c  caufoient  de  grandes  maladies.  *  Pli- 
ne, BiJl.l.2.i.c.iii.SUP. 

CALLIMACHUS,  fameux  Poète  Grec ,  étoit  de  Cyrené 
viUed'Afi-iquc,  fils  de  Battus,  8c  difciple  d'Hermocrate /e  Cr.3»»- 
mairien.  Ce  Poète,  qui  étoit  aulTi  Hiilorien ,  fut  un  des  plus  fça- 
vans  hommes  de  fon  tems,  qui  compofa  plufieurs  livres,  mais  Û 
naimoit  pas  les  longs  ouvrages  ,  auffi  n'en  fit-il  qu'un  qui  eût 
quelque  étendue  ,  qu'U  intirula.  Us  Paufes  ;  8c  lors  qu'on  lui 
demandoit  pourquoi  il  aimoit  tant  les  petits  ouvrages,  il  répondoit 
qu  un  grand  Livre  étoit  toujours  un  grand  mal.  On  trouve  encîJ^ 
re  la  même  penfée  à  la  fin  d'un  de  fes  Hymnes  ;  mais  elle  eft 
expliquée  d'Une  manière  un  peu  différente  :  il  dit  que  l'Euphrate  efb' 
un  grand  fleuve  ;  mais  que  pour  lui  il  aimeroit  mieux  ces  petite.^! 
fontaines  claires  8:  paifibles ,  dont  toutes  les  gouttes  font  agréablesi 
que  toute  la  fange  8c  tout  le  limon  des  grandes  rivières.  Il  enfeigna 
la  Grammaire  en  Egypte  avec  beaucoup  de  réputation ,  8c  eut  en- 
tr 'autres  difciples  le  Poète  Apollonius ,  qui  reconnut  mal  les  obliga- 
tions qu'il  avoit  à  fon  maître  :  c'efl:  pourquoi  Callimachus  fit  contre 
lui  un  Poème  très-piquant,  où  il  le  defîgnoit  fous  k  nom  A' Ibis,  8c 
faifoit  contrelui  toutes  les  imprécations  qu'Ovide  a  depuis  tradui- 
tes en  Latin  dans  l'ouvrage  intitulé ,  In  Ibim.ïl  ne  no^s  eft  rien  refté 
de  Callimachus ,  finon  quelques  Èpigrammes  8c  quelques  Hyrnnes,- 
Son  ftyle  eft  net  8c  fort.  Voyez  Voflius  ,  des  Hiji.  Grecs ,  chap.  8.' 
Jonfius ,  liv.  2 .  chap.  f.  Tanegui  le  ¥eVTe,Vies  des  Poètes  Grecs. SUP. 

CALLIMACHUS,  dit  le  feune.  Poète  héroïque ,  fils  d'iinc 
fosurdece  premier,  félon  Suidas.  Il  vivoit  un  peu  après  ce  pre- 
mier, la  CXXXII.  Olympiade,  l'an  5-00.  de  Rome.  On  en  met  un 
autre  de  Colophon ,  aufll  Poète,allegué  par  Tatian,  orat.  ad  Gent.  8c 
par  Eufcbe,//.  lo.Prsp.Evang.p.  zH^.de  l'édit.  de  Robert  Etienne. 

CALLIMACHUS  ,  Poète  ,  qui  étoit  natif  d'une  ville  d'Om- 
brie  appellée  Mevanie ,  aujourd'hui  Bevagea,  dans  le  Duché  de  Spo- 
lete.  On  ne  fçait  pas  en  quel  tems  il  vivoit ,  mais  feulement  que 
Mevanie  étoit  la  patrie  de  Properce,  lequel  parle  de  Callimachus  ,' 
au  li,  4.  eleg.  i . 

Umbria  Remàfiipatm  à'dUimack 

[Il  y  a  grande  apparence  que  Properce  entend  parler  de  lui-même 
dans  ce  vers,  8c  qu'il  fe  nomme  le  Çallimaque  Romain,^3ice  qu'il  ex- 
celloit  dans  la  même  efpece  de  Poëme.que  Çallimaque  de  Cyrene. 
Ainli  c'eft  en  vain  que  l'on  cherche  un  Poète  Grec  en  Ombrie.j 

CALLIMACHUS  EXPERIENS,  (Philippe)  natif  dé 
San-Geminiano  dans  les  Etats  de  Florence,  ce  quiadojinéocca- 
fion  à  quelques  Auteurs  de  dire  qu'il  étoit  Florentin.  Il  étoit  ea 
eftime  dans  le  XV.  Siècle ,  8c  fut  obligé  de  fortir  d'Italie ,  pour  évi- 
ter la  haine  du  Pape  Paul  II.  qui  l'accufa  d'avoir  confpiré  contre  fx 
perfonne.  Il  fe  retira  en  Pologne,  où  le  Roi  Cafimir  le  choifit 
pour  êtrePrécepteur  de  fes  enfansjSc  fon  mérite  le  rendit  confidera- 
ble à  ce  Prince,^  Jean  Albert  fon  fils  8c  fon  fucceflêur,  8c  à  Matthias 
Corvin.  Callimachus  a  compofé  plufieurs  Ouvrages  d'Hiftoirej 
celle  d'Attila ,  trois  Livres  des  guerres  de  Ladiflas  V.  Roi  de  Polo- 
gne 8c  de  Hongrie ,  tué  à  la  bataille  de  Varnes ,  un  Livre  de  ce  que 
les  Vénitiens  firent  pour  exciter  les  Perfes  8c  les  Taitares  contre  les 
Turcs  ;  8c  quelques  autres  citez  par  Tritheme ,  par  .'^ponde ,  8c  par 
d'autres  fous  l'an  1490.  qui  fut  celui  de  la  mort  de  Callimachus  Ex- 
periens.  *  Volaterran,/».  7.  Cromer,  li.  30.  Michou.  ii.  4.  c.yS: 
Paul  Jove , in  Elog. doSl.^i .  Voffius, des  Hift. Lat.lib.  3 . c. 8. ^d 

CALLIMACHUS,  célèbre  Architecte , (nommé  x«z;Çc= 
Tsxvoç  ,  c'eft-àrdire  ,  oj*i  ne  trouve  jamais  fes  ouvrages  ajfez  bien 
faits)étoitàe  Corinthe ,  Se  travailloit  peu  de  temps  après  la  60.' 
Olympiade.  Il  tailloit  le  maibre  avec  une  délicateflè admirables 
Ce  fut  lui  qui  inventa  le  chapiteau  Corinthien ,  orné  de  feuilles 
d'acanthe,  par  une  rencontre  qui  mérite  d'êtrç  fçûè.  Une  jeune 
fille  de  Corinthe  étant  morte ,  fa  nourrice  pofa  fur  fon  tombeau 
dans  un  panier  quelques  petits  vafes  que  cette  fille  avoit  aimez  pen- 
dant fa  vie ,  8c  afin  que  le  tems  ne  les  gâtât  pas  ii  tôt ,  elle  couvrit 
le  panier  d'une  grande  tuile.  Il  arriva  par  hazard ,  que  ce  panier 
fut  pofé  fur  la  racine  d'une  plante  d'acanthe,  d'où  il  Ibrtit  au  Prin-i 
tems  des  feuilles  8c  des  tiges  qui  s'élevèrent  le  long  des  côtés  du 
panier ,  8c  rencontrant  les  bords  de  la  tuile ,  furent  contraintes  de  fe 
recourber  en  leur  extrémité,  8c  de  fake  le  contournement  des  vo- 
lutes. Callimachus,  palfant auprès  de  ce. tombeau,  vit  ce  panief 
environné  de  ces  feuilles  ;  8c  cette  forme  nouvelle  lui  ayant  plû ,  il 
en  imita  la  manière  dans  le  chapiteau  des  colomhes  qu'il  fit  depuis 
à  Corinthe,  étabUffant  fur  ce  modèle  les  proportions  6c  lesmefu= 
resde  l'ordre  Corinthien.  Il  réufliflToitauflifort  bien  dans  laPein-i 
ture ,  8c  dans  la  Sculpture ,  dont  il  faifoit  fa  principale  occupation; 
On  remarque  encore  qu'il  fit  pour  le  temple  de  Minerve  à  Athènes,- 
une  lampe  d'or ,  dont  la  mèche  étant  de  cette  efpece  de  lin  qu'on  ' 
tire  de]3.-piene  Amyanthe ,  éclairoit  nuit  8c  jour  pendant  un  an  en- 
tier, fans  qu'il  fût  befoin  de  renouveller  l'huile  de  la  lampe.*  Vi-; 
truve,  /(.  4.  ch.  i.  Pline, /ra.  34. Paufanias /w.  i.  .<A//c. Felibien  ^ 
Vies  des  ArchiteSies.  SUP. 

[CALLIMORPHUS,Hiftorien,qui  avoit  écrit  l'Hift^ire  des  Par-' 
thes,8c  quelques  autrcsOuvrages.  i.aw»de  la  manière  d'écrire  l'HiA 
toire.] 

CALLINICÛS,qui  avoit  foin  des  vafts  facrez  de  l'Eglife  dé 
Conftantinople ,  fut  fait  Patriarche  en  691.  après  la  mort  de  Paul 
III.  Il  étoit  ennemi  de  l'Eglife  Romaine ,  Se  amateur  des  nouveau^' 
tez.  Ce  qui  porta  Juftinien  le  Jeune,  qui  prit  Conftantinople  en 
7  05-  à  lui  faire  crever  les  y eux,8e  l'envoyer  en  cet  état  à  Rome  *  Ba- 
ronius,.4.C.6pi.»,  4.703,^,  i.j^c.  Theophanes , Cedrenus. 

C  GAi--- 


iS 


CAL. 


C  A  L  L I N I C  U  s ,  dit  Sutorius  ,  fils  de  Gaius  ,  SofWfte  de 
Syrie,  onde  l'Arabie Pctiée,  félon  les  autres,  vivoitdans  le  II. 
Siècle.  Ilenfeignaà  Athènes  fous  l'Empire  d'Antoni.n  h  Débon- 
naire. II  compolk  un  Ouvrage  de  la  Dédicace ,  dédié  àGalien;  un 
de  la  mauvaife  imitation  de  l'art  Oratoire ,  dédié  à  Lupus  ,  que 
quelques-uns  croyent  être  ouRutiliusLupusRhétoricien.oufon  fils; 
un  en  dix  livres  des  Hiftoires  d'Alexandrie ,' cité  par  Saint  Jérôme; 
un  des  Sedes  des  Pliilofophes,&c.  *  S.  Jérôme ,  Tnfat  in  Dum.  Sui- 
àas,Yoffms,iiesHift.Grea,li.i.c.i^. 

CALLINICUS,  natif  d'Heliopolis  en  Syrie,  inventa  1  an 670. 
cette  forte  de  feu ,  qu'on  nomme  ordinairement  lefeuGrec  ou  Gré- 
geois, que  l'Empereur ConftantinPo^owa?,  ou  /«B/iJ-^»,  employa 
avec  tant  de  fuccès  pour  brûler  les  navires  desSarrafins,comme  Zo- 
naras  &  d'autres  l'ont  remarqué.  Les  Curieux  pourront  confulter 
Valturinus ,  qui  enfeigne  comment  on  prépare  la  matière  de  ce  feu. 
* Zonaras, in Confl. Fogon. Valturinus, li.ii. dere mliidri, c.  9.  Jean 
BaptiftePort3,/i.  i2.3eiïM/!g-.  nat.  Jule  Céfar  Scâliger,  îxercit, 
c  j.  ^//7. 5.  Cardan,  </e  Suét.li^  2.  Samulth,  in  Not,'a4-Panv,  P.  IL 
rer.memor.iit.iç.  ^ 

CALLINICUS.  Cherchez Seleucus ÏI. 
C  A  L  L I N  U  S ,  Poète  Grec ,  qui  faifoit  des  Élégies.     On  ne 
fçait  pas  bien  en  quel  temsiiavécu,  mais  feulement  qu'il  eft  cité 
par  Athénée,  au  li.ii.  par  Clément  Alexandrin,  au  li^  i .  des  Tapijf. 
&  par  Strabon ,  aa  li.  1 3 . 

C  A  L  L I O  P  E',  une  des  Mufes ,  qui  préfide  à  la  Rhétorique  8c 
à  la  Poèïie  Héroïque.  C'eft  pour  cela  que  les  Anciens  l'invoquoient, 
quand  ils  décrivoient  les  belles  aftions  des  Héros.  Ils  la  repréfen- 
toient  fort  jeune,  couronnée  de  fleurs ,  tenant  en  fon  bras  gauche 
plufi.eurs  guirlandes  de  laurier,  &.  en  fa  main  droite  trois  Livres, 
fçavoir,  l'Odyflêe,  l'Iliade,  gcl'Eneïde. 

CALLIPATRIA,  femme  Eléenne  ou  du  pais  d'Elide ,  fqa- 
chant  que  c'étoit  un  crime  à  toutes  celles  de  fon  fexe  de  pafTer  le 
fleuve  Alphée  durant  les  jeux  Olympiques ,  ne  lailTa  pas  de  trans- 
greilèr  cette  loi ,  en  fe  déguifant  fous  l'habit  d'un  Lutteur.  Elle 
tiit  reconnue ,  mais  fon  pereScfes'freres  étant  de  ceux  qui  avoient 
remporté  le  prix  àlaIutte,on  lui  pai'donna  ;  81  on  fit  enfliite  une 
loi,par  laquelle  il  fut  ordonné  qu'à  l'avenir  les  Lutteurs  entreroient 
tout  nuds  dans  la  lice.  *  Paufanias  ,  Cœl.  Rhod.  hv.  14.  chap.T.4,. 
SVP. 

[CALLIPPE,  Mathématicien  deCyz.i(|ue  ;  difciple  d'Eu- 
doxe ,  8c  contemporain  d' Ariftote.  Il  eft  cite  par  Achdles  Tatius 
fur  Aratus,  par  Simplicien  fur  le  2.  Liv.  d' Ariftote  decoeloSx.'pai 
d'autres.  Voyez  yo/î».  Me»>y3  Bibliotheca  Grxca.] 

CALLIPPE,  HiftoriendeCorinthe,compofaimeHiftoire  des 
Orchomeniens  ,  félon  Paufanias  ,  dans  le  livre  9.  où  il  rapporte 
quelques  vers  de  lui.Il  y  a  aufli  eu  un  CapitaineAthenien  de  ce  nom; 
&  un  Philofophe,  qui  difoit  que  la  félicité  confiftoit  dans  le  plaifir 
honnête.  *Diogene  Laërce,Fi>i/eZ«»o»,<»«//.  7.  Cherchez  Calipe. 

CALLIPPE,  Tyran  de  Sicile ,  eft  celui  qui  afTaffma  Dion , 
qui  avoit  rendu  la  liberté  à  la  Sicile ,  8c  s'en  fit  le  Tyran.  Ce  fut 
l'an  400.  de  Rome  ,  environ  35-4.  avant  Jesus-Christ.  Mais 
le  ciel  permit  qu'il  fut  tué  du  même  couteau,  qu'il  avoit  employé 
pour  ravir  la  vie  à  ce  grand  homme.  *  Plutarque,  in  Dion,  au  Trai- 
té de  la  mauvaife  honte ,  ^c. 

CALLIPPIDAS,  Hiftorien  Grec.  On  nefçait  pas  enqueltems 
il  a  vécu.  Il  a  écrit  un  Traité  des  Scythes.  Strabon  le  met  entre 
ceux  qui  ont  écrit  des  menfonges ,  comme  Hellanicus ,  Hérodote, 
&  quelques  autres ,  auli.ii. 

CALLIRHOE',  fontaine  de  Judée  à  l'Orient  duJourdain,dont 
les  eaux  chaudes  tomboient  dans  le  lac  Afphaltite ,  8c  n'étoient  pas 
feulement  médicinales ,  mais  très-agréables  à  boire.  Jofephe,qui 
farle  de  cette  fontaine  ,  remarque  qu'Hérode  étant  tombé  dans 
une  horrible  maladie ,  y  vint  pour  prendre  les  eaux,  qui  ne  lui  lèr- 
virent  de  rien  ,anli.iy.  ch.  8.  Pline  8c  Paulànias  parlent  de  quelques 
autres  fontaines  de  ce  nom. 

CALLIRHOE', fontaine  dans  le  pais  d'Attique  ,  dont  les 
Poètes  ont  fouveot  fait  mention.  Strabon  en  parle ,  auffi  bien  que 
Thucydide ,  li,  2.  On  dit  qu'elle  avoit  neuf  tuyaux.  Ce  que  Stace 
exprime  ainli  dans  le  i  z.  livre  de  la  Thebaïde: 

Et  cjuùs  Callirhoë  novies  erranlibus  undis. 
CALLIRHOE',  fille  de Scamandre , époufa Tros troifiéme 
Roi  de  Dardanie  ,  qui  prit  de  lui  le  nom  de  Troye  ;  8c  eut  trois 
fils  ;  Ilus  ,  quilaiifa  fon  nom  à  la  même  ville  ;  Ganymede  enlevé 
par  Jupiter  ,  ou  félon  d'autres  par  Tantale  Roi  de  Méonie  ,  ou 
Paphlagonie  ;  8c  Aflaraque  père  de  Capis ,  ëc  grand  père  d'Anchife. 
*  Melfala  Corvinus ,  de  l'extraHion  d'Augufie.  Homère ,  Virgile , 
Eufébe ,  en  la  Chron.  éfc 

CALLIRHOE',  fille  de  Lycus  Tyran  de  Libye ,  laquelle  ayant 
délivré  fon  mari  Diomede  des  embûches  que  fon  père  ^ui  avoit  dref- 
fées ,  fut  il  fâchée  de  s'en  voir  délaiftee ,  qu'elle  fe  pendit  de  defef- 
poir ,  en  détcftant  l'infidélité  de  cet  ingrat. 

C  A  L  L 1 R  H  O  ES  fille  du  fleuve  Achelous.  Elle  époufa  Alc- 
meon,  lequel  ayant  été  aiTaflmé ,  Achelous  obtint  de  Jupiter  que 
les  enfans  devinflènt  plus  âgez  qu'ils  n'étoient ,  pour  être  ainfi  en 
état  de  vanger  la  mort  de  leur  père,  *  Ovide  ,li.  ^.Metam. 

S.  C  A  L  L I  S  T  E  ou  C  A  L I  s  T  E  I.  de  ce  nom ,  Pape ,  Ro- 
main ,  que  quelques  Auteurs  nomment  Domiiius  Calixtus  ,  fut 
mis  fur  la  chaire  de  S.  Pierre ,  après  la  mort  de  Saint  Zephyrin, 
l'an  219.  La  bonté  ,  que  l'Empereur  Alexandre  Severe  fils  de 
Mammée  eut  pour  ks  Chrétiens,  8c  la  fentence  ,  qu'il  prononça 
en  leur  faveur ,  leur  faifant  rendre  une  place ,  que  les  Taverniers 
de  Rome  avoient  ufurpée ,  lui  donna  la  penfée  de  bâtir  une  Egli- 
fe  au  même  lieu.  Ce  qu'il  exécuta  en  l'honneur  de  l'enfantement 
de  la  Sainte  Vierge  ,  au  tems  auquel  on  croyoit  poj  tradition , 
qu'en  ce  même  lieu  une  grande  abondance  d'huile  étoit  fortie  de 
la  terre  ,  pour  annoncer  aux  hommes  l'avènement  de  J  es  u  s- 


CAL 

Christ,  qui  eîll'Oina  du  Seigneur.  Cette  Eglife  s'appelife 
aujourd'hui  Nôtre  Dame  au  delà  Uti  Tibre.  "  Les  Confeillers  de 
l'Empereur,  qui  n'avoient  pas  les  mêmes  fentimens  que  lui  pour 
les  Chrétiens  ,  exercèrent"' contre  l'Eglife  uiie  perfécution  du- 
rant laquelle  ce  Pontife  filt  arrêté.  Il  demeura  long-tems  en 
prifon;8c  fut  jette  dans  un  puits  le  14.  Septembre  de  l'an  224, 
ayant  tenu  le  liège  cinq  années,  un  mois,  £c  douze  jours.  Il  don.^ 
na  cinq  fois  les  Ordres  îàcrez  au  mois  de  Décembre,  où  il  ordon- 
na feize Prêtres ,  quatre  Diacres,  8c  huit  Evêques.  On  lui  attri- 
bue' l'inftitution  ou  confirmation  du  jeûne ,  que  l'on  nomme  let 
quatre-tems;  une  Epître  à  un  Evêque  nomme  Benoît ,  8c  une  autre 
aux  Prélats  de  France.  Il  bâtit  un  cimetière  qui  porta  fon  nom. 
Le  Mai'tyrologe  Romain  eri  fait  mention  le  14.  jour  d'Oâobre. 
Quelques  Auteurs  difent  qu'il  ne  fut  élu  qu'en  221.  8c  qu'il  fut 
mirtyrifé  en  226.  Il  n'y  a  pas  d'apparence  qu'il  ait  été  long-tems 
retenu  en  prifon,  qu'on  l'y  ait  fait  languir  de  faim ,  8c  qu'il  ait  été 
battu  tous  les  jours  à  coups  de  verges  Se  de  bâtons  par  ordre  de 
l'Empereur.  Il  éft  plus  croyable  que  la  brutalité  8c  la  haine  des 
peuples  contre  les  Fidèles  ayant  excité  le  trouble,  le  faint  Pontife 
fut  jette  dans  un  puits;  ce  qui  convient  mieux  en  effet  à  quelque 
évenemait  extraordinaire ,  qu'à  un  jugement  régulier.  *  Baro- 
nius,  in  Annal,  i^r- Martyr.  Onuphre,  Genebrard,  8c  Gautier, 
in  Chron.  Anaftafe  ,  Platine  ,  Ciaconius  ,  Du  Chefne,  Papyre 
Maifon  ,  8cc.  in  Vit.  Pontif.  Thomas  Valdenfis  ,  Eckius  ,  Coc- 
cius  ,  8cc. 

C  A  L  L I S  T  E  II ,  un  des  grands  Papes  que  l'Eglife  aiteu,étoili 
François,  8c  Archevêque  de  Vienne  en  Dauphiné.  Son  nom 
étoit  Guy  de  Bourgogne  ;  il  étoit  cinquième  fils  de  Guillaume 
le  Grand,  8c  frère  dcRàinaud  8c  d'Etienne,  Comtes  de  Bourgo.^ 
gne,  gc  oncle  d'Adelaïs  Reine  de  France,  femme  du  Roi  Louis 
VI.  dit  le  Gro^, fille  d'Humbert  II.  Comte  de  Maurienne  ,  8c 
de  Gifle  de  Bourgogne  foeur  de  Guy  dont  je  parle.  Il  fut  mis  fur 
le  fiége  de  l'Eglife  de  Vienne  en  1083.  8c  remplit  fi  bien  tous  les 
devoirs  d'un  faint  Pafteur,  qu'on  le  crut  digne  de  l'être  de  l'Eglife 
univerfelle.  Et  en  effet  il  fut  élu  dans  l'Abbaye  de  Cluni,  où  il 
aflîftoit  aux  funérailles  de  Gelafe  II.  fon  prédeceffeur  ;  8c  prit  le 
nom  de  Califte,  parce  qu'il  fut  couronné  le  14.  Oétobre,  qui 
eft  le  jour  auquel  l'Eglife  célèbre  la  fête  du  faint  Pontife  ,  dont 
nous  avons  parlé.  Il  avoit  été  élû  au  mois  de  Février  de  la  même 
année  il  19.  La  crainte,  qu'il  eut  que  les  Cardinaux ,  qui  étoient 
à  Rome  ,n'approuvaflènt  pas  fon  èledlion ,  8c  que  cela  ne  fût  le  fu-i 
jet  d'un  nouveau  fchifme  dans  l'Eglife,  fut  la  caufe  qu'il  s'oppoû 
d'abord  à  cette  éleéiion.  Car  outre  que  Guy  ëtoit  très-modeftci 
fa  crainte  n'étoit  pas  déraifonnableaufujet  d'un  fchifme  ;  il  y  ea' 
avoit  déjà  un  dans  l'Eglife  par  les  intrigues  de  l'Empereur  Henri  V, 
qui  avoit  contraint  le  Pape  Gelafe  de  fuir  en  France ,  8c  avoit  fub- 
rogé  Maurice  Burdin,  Archevêque  de  Prague,  en  fa  place,  com- 
me je  ledis  ailleurs.  Mais  la  vertu  de  Gelafe  étoit  fi  bien  connue, 
que  chacun  ratifia  fon  éleftion.  Avant  fon  départ  de  France, ii 
tint  des  Conciles  à  Vienne,  à  Touloufe,  àRheims;  8c  confirma  à 
Laon  l'Ordre  de  Prémontré.  De  là  il  paflà  à  Rome ,  où  il  fut  re- 
çu le  3.  Juin  1120.  8c  y  célébra  en  1123.  le  I.  Concile  Ge- 
neral de  Latran,  pour  établir  la  paix  entre  les  Papes  8c  les  Empe- 
reurs. Il  avoit  fait  metti-e  en  prifon  l'Antipape  Burdin,  qui  s'op- 
pofoit  à  ce  calme;  8c  Calixte  mourut  le  13.  Décembre  de  l'aa 
1 124.  après  f.  ans,  10.  mois,  8c  13.  jours  de  fiege.  Outre  piu- 
fîeurs  Epitres ,  ii  a  écrit  un  Livre  de  la  vie  des  Saints  ;  8c  un  des 
miracles  de  Saint  Jacques  l'Apôtre ,  auquel  il  avoit  une  particulière 
dévotion  .Vincent  de  Beau  vais  rapporte  prefque  tout  ce  dernier  Ou- 
vrage  dans  fon  Miroir  Hiftorial.  Les  autres  Traitez ,  qu'on  attribuS 
à  Calixte  II ,  font  ,  Thefaurus  pauperum.  De  contraéiibus  illicitis, 
VitaCaroliMagni,  ^c.  Ce  Pape  étant  encore  Archevêque  de  Vien." 
ne  fonda  l'Abbaye  de  Bonnevaux  en  Daupliiné ,  8c  fit  de  grands 
biens  aux  Eglifes  de  fon  diocefe.  *  S.  Antonin  ,  i^i^f.  Tritheme, 
^e&n/>f.E«/.  Vincent  de  Beâuvais,//'.  lô.Spec.  c.  ^o.é'feq-  Poflè- 
vin,  inAppar.  Baronius , Ciaconius , Papire  Maifon,  Du  Chelhe, 
8cc.  de  Vit.  Pontif.  Louis  Jacob,  £/^/.  Pontif.  Sainte  Marthe,  Gall. 
Chrift.  Chorier ,  Hift.  du  Dauph.  f^c. 

CALLISTE  III.  Pape ,  nommé  auparavant  Alfonfe  deBor- 
gia,  étoit  Efpagnol,  natif  de  Xativa  dans  le  diocefe  de  Valence. 
Scsparens  l'éleverent  avec  grand  foin.  IlétudiaàLerida.où  s'étant 
avancé  dans  la  Jurifprudence  Civile  8c  Canonique ,  il  fut  jugé  digne 
dé  l'enfeigner ,  8c  eut  même  une  Chanoinie  ea  cette  ville.  Alfon- 
fe V.  Roi  d'Aragon  le  choifît  pour  çtre  fon  Secrétaire ,  il  agit  mê- 
me avec  un  grand  foin  pour  finir  le  fchifme  en  Aragon ,  8c  le  Pa- 
pe Martin  III.  lui  donna  l'Evêché  de  Majorque.  11  ne  l'accepta 
pas  pourtant ,  ou  du  moins  il  n'en  prit  pas  poflèflion  ,  8c  il  eut 
depuis  celui  de  Valence.  Le  Roi  Alfonfe  l'employa  en  diverfes  né-^ 
gociations,  8c!ePapeEugeiKlV.le  fit  Cardinal  en  1444.  Il  fut 
élu  Pape,  après  la  mort  de  Nicolas  V.  le  8.  Avril  de  l'an  14//. 
On  dit  qu'il  étoit  alors  âgé  de  plus  de  foixante  8c  feize  ans.  Saint 
Vincent  Ferrier  lui  avoit  prédit  qu'il  feroit  Pape  ,  long-tems 
avant  qu'il  le  fût,  8c  dans  cette  alliirance  il  fit  vœu  de  faire  la 
guerre  au  Turc.  Et  en  effet  il  excita  toute  l'Europe  à  prendre 
les  armes  ;  mais  fes  deflèins  n'eurent  pas  une  ifliië  auffi  avanta- 
geufe  qu'il  le  fouhaitoit.  11  canoniza  le  Saint  qui  lui  avoit 
prédit  fon  élévation  à  la  Papauté  ;  de  quoi  le  Pape  Pie  1 1, 
donna  depuis  les  lettres,  que  nous  avons  dans  le  I.  volume  du 
Bullaire  ,  parmi  les  Conltitutions  de  ce  Pape.  On  remarque 
qu'étant  Evêque  8c  Cardinal  ,  il  ne  poffeda  jamais  d'autre 
bénéfice  en  commande  ;  il  avoit  accoutumé  de  dire  ,  parlant 
de  l'Eglife  de  Valence  qu'il  fe  contentoit  d'une  époufe  vierge. 
Auffi  quand  il  fut  Pape ,  il  n'en  voulut  jamais  donner  aux  perfonnesj 
qu'il  en  croyoit  indignes.  Il  fe  trompa  pourtant  à  l'égard  de  quel- 
ques-uns de  fes  parcns.  Calixte  III.  mourut  le  fixiéme  Août 
de  l'an  i4f8.  Il  a  écrit  quelques  Epitres,  §4  on  lui  attribue  l'Office 

«le 


CAL 

ié  la  Transfiguration.    11  a  fîegé  3.  ansj  3.  mois,  8c  ïp. jours. 

*  Genebrard ,  Ciaconius ,  Sponde ,  Bzovius ,  Rainaldi ,  Platine , 
£\irita,  &c. 

CALLISTE  ,  Antipape.  Les  Partifàns  de  l'Empereur  Fride- 
ric,  qui  avoient  créé  Antipape  Oâavien,  Cardinal  de  Sainte  Cé- 
cile, à  qui  ils  donnèrent  le  nom  de  Viftor ,  contre  Alexandre  III, 
élurent  Guy  de  Crème  qu'ils  nommèrent  Pafchal  III.  Et  après  la 
mort  de  ces  fameux  Pontifes ,  Jean  Abbé  de  Strume  fut  mis  en  leur 
place  en  1 170.  Ils  lenommerentCallifteIII.&  il  porta  et  titre  juf- 
qu'en  1177-  qu'il  fut  dégradé  au  Concile  de  Venife ,  où  l'accord  iè 
ht  entre  le  Pape  &  l'Empereur;  &  l'année  d'après  il  fe  vint  jetter 
à  Frefcati  aux  pieds  d'Alexandre ,  qui  le  reçut  charitablemcnt,&:  le 
fit  même  lèoir  à  là  table.  *  Baronius ,  m  Aanal. 

CALLISTE  I.  de  ce  nom,  Patriarche  de  Conftantinople  ,  vi- 
voit  dans  le  XIV.  Siècle.  Il  avoit  été  Moine  au  mont  Athos  ,  & 
lùcceda à Ifidore  l'an  ijfo.  &  non  pas  1360.  comme  veutOnu- 
-  phre  ;  il  tint  le  fiége  environ  quatre  ans  ,  bien  que  PontanuS  en 
mette  dix.  *  Cantacuzene  ,  li.  4.  th.  26.  Gnuphre  ,  in  Chron. 
Sponde ,  in  Armnl. 

CALLISTE  II,  Patriarche  de  Conftantinople  ,  aVoit  auffi 
été  Moine ,  comme  c'eft  la  coiàtume  dans  l'Eglife  Grecque.  On  dit 
qu'il  fucccda  à  Angélus  Corarius  l'an  1406.  &  qu'il  tint  le  iiége  du- 
rant treize  ans  julqu'en  1419.  *Sponde,  A.C.\àf06.n.ii. 

CALLISTE,  certain  Poète  Grec ,  qui  vivoit  dans  le  IV-Sié- 
cle  ,  du  tems  de  Conftance  Se  de  Julien  l'A^ofiat.  Nicephore 
Callixte  parle  de  lui.  Il  dit  que  ce  Poète  fuivoit  toujours  le  même 
Julien,  éc  qu'il  compolà  même  un  éloge  à  la  louange  de  ce  Prince. 

*  Nicephore ,  /(.  xo.HiJl.  c.  34.  Socrate ,  li.i.c.iS.  &c. 

CALLISTHENE  ,  qui  étoit  d'Olynthe  ,  Philofophe  8c  Dif- 
ciple  d'Ariftote,  fuivit  la  cour  d'Alexandre  k Grand,  mais  là  fé- 
verité  &  Ion  peu  de  complailànce  le  rendirent  odieux  à  ce  Prince. 
S'étant  oppolé  au  deflèin  que  fes  courtifans  avoient  de  l'adorer  à 
la  façon  des  Perfes ,  Alexandre  lui  en  fçut  li  mauvais  gré ,  8c  fut  II 
piqué  de  la  liberté  qu'il  fe  donnoit  de  parler  làns  refpeâ ,  qu'il 
l'accula  d'avoir  trempé  dans  une  conjuration  contre  là  perlbnne, 
dont  fes  Pages  furent  convaincus ,  8c  le  fit  mourir.  Callillhene  fut 
expoleauxlions,  ran417.de Rome, en  laCXIII.  Olympiade,  Se 
trois  ans  avant  la  mort  d' Alexandrc.Quelques  Auteurs  eftiment  que 
cette  conjuration  avoit  été  fuppofée  pour  perdre  Callillhene.  Quoi 
qu'il  en  foit ,  on  lui  attribue  une  Hiftoire  d'Alexandre  le  Grand, 
éc  d'autres  Ouvrages,qui  font  très-fouvent  alléguez  par  les  Anciens. 

*  Vlativque ,  in  Alex.  Quinte-Curfe , /;'.  8.  Arrian  ,  /;.  ^.Htft.Juf- 
ùn.  li.  iz.  VolTius ,  de Hiji.  Grac.  li.  1.  c.ç.  ^c. 

CALLISTHENE  ,  Hiftorien  Grec ,  du  pais  des  Sybarites  , 
dans  la  grande  Grèce.  On  ne  fçait  pas  en  quel  tems  il  a  vécu,  mais 
feulement  qu'il  compofa  une  Hiftoire  des  Galates ,  ra^Mrixci ,  dont 
Plutarquecitele23.1ivre,  ScStobéele  13.  *Plutarque,  de  Ftum. 
Stobée,  Serm.  de  n,orb.  VolTius.rfe  Hifi.  Gr&c.  li.  3. 

CALLISTINS,  ou  Calixtins  ;  on  donna  ce  nom  à  ceux  de 
Prague ,  qui  s'oppoferent  aux  Thaborites  dans  le  XV.  Siècle.  Ils 
fuivoient  la  Doftrine  de  l'Eglife  Romaine  en  toutes  chofes ,  hor- 
mis au  retranchement  de  la  coupe.  Quelques  Relations  de  Polo- 
gne nous  apprennent  qu'on  trouve  encore  de  ces  fortes  de  Calliftins 
dans  ce  royaume.  *Sponde,  ^.C.  i42i.».2.    ■ 

CAL  LISTON,  fille  de  Lycaon  ,  Roi  d'Arcadie.  Une  des 
Nymphes  de  Diane,  qui  fut  abulèe  par  Jupiter  ;  ce  qui  fâcha  li  fort 
Junon ,  qu'elle  la  metamorphofa  en  ourlé ,  avec  un  fils  nommé  Ar- 
cas,  qti'elle  eut  de  lui  i  8c  Jupiter  les  plaça  depuis  au  ciel.  *  Ovide, 
Meîa.m.lib.  i.fab.  s.éf6. 

CALLISTRATE,  Hiftorien  Grec,  écrivit  uti  Traité  des  Sa- 
mothraces ,  allégué  par  Denys  d'HalicarnalIè ,  //.  i.  îles  Ant.  Kom. 

CALL I S  TRATE ,  Orateur ,  dont  parle  Xenophon,  //'.  C.Hifl. 

CALLISTRATE,  Poète  Comique  d'Athènes,  vivoit  en  la 
xcvii. Olympiade, Se  fut  rival  d'Ariftophane. 

CALLISTRATE,  Auteur ,  qui  etoit  de  Ténédos ,  8c  a  fait 
des  Commentaires  fur  Aratus. 

CALLISTRATE,  (Domitius)  Auteur  d'une  Hiftoire  d'He- 
raclée ,  que  Stephanus  allègue  très-fouvent  ;  8c  quelques  autres  de 
ce  nom,  rapportez  par  Voffius,  l.  3.  des  Hi/î.  Grecs,  p.  338.  </« 
Math.c.i-}.^.  11. 

[CALLISTRATON,  Auteur  Grec  qui  avoit  écrit  des  Mé- 
chaniques.  Athenaus  in  Mechanicis.] 

CALLIXENE,  Hiftorien ,  étoit  de  PJiodes.  On  ne  fçait  pas 
en  quel  tems  il  a  vécu.  Il  lailîà  un  Ouvrage  d'Alexandrie  félon 
Athénée,  //. f. 

CALLIXENEa  écrit  un  Traité  des  Peintres  8c  des  Sculp- 
teurs, comme  nous  l'apprenons  de  Photius ,  enfaBiélioth. 

CALLIXENE,  General ,  qui  mourut  de  faim ,  dont  parle 
Xenophon ,  auli.i.  Hift. 

C  A  L  L  O  E  T ,  (Jean)  Evêque  de  Treguier  ou  Lantringuet  en 
Bretagne ,  vivoit  au  commencement  du  XVI.  Siècle.  11  étoit  Bre- 
ton, 8cfbrti  d'une  famille  noble  dans  cette  province.  -Son  mérite 
le  fit  confiderer  8c  lui  procura diverfes  charges;  ilfçavoit  les  bel- 
les Lettres ,  le  Droit ,  &  la  Théologie.  Il  fut  Chantre  de  Cornouail- 
le  ou  Quimpercorentin ,  8c  enluite  de  Treguier ,  dont  il  fut  élu 
Evêque  après  Robe  Art  Guibé ,  8c  il  mourut  au  Mont  S.  Michel  le 
4.  Septembre  de  l'an  \<io^.  *  Sainte  Marthe ,  G^ï//.  Chrifi. 

C  A  L  L  O  T ,  (Jacques)  célèbre  Graveur,étoit  fils  de  Jean  Cal- 
lot  ,  Héraut  d'armes  de  Lorraine ,  8c  naquit  à  Nanci  l'an  i  ^93 .  Son 
grand  père  Claude  Callot ,  Exemt  des  Gardes  du  corps  du  Duc  de 
Lorraine,  fiât  annobli  par  le  Duc  Charles  II.  en  coniideration  des 
lèrvices  qu'il  lui  avoit  rendus  dans  les  armées.  Quoi  qu'il  fût  d'u- 
ne tamille  qui  dès  i4i7.avoitpoircdé  les  premières  charges,  fous 
les  derniers  Ducs  de  Bourgogne ,  il  ne  fe  flatta  point  d'une  fotte  va- 
nité,8c  il  ne  crut  point  déroger  à  fanoblelfcen  s'adonnant  au  travail 
«ù  fes  inclinations  le  portoient.Dès  l'âge  de  douz,e  ans  ilfortit  delà 
Tom.  U. 


,     CAL  ,^  Il 

maifon  de  fon  pere,8c  prit  le  chemin  de  Rome,pour  y  voir  les  belles 
chofes  dont  il  avoit  entendu  parler.  Comme  l'argent  lui  manqua  \\ 
fe  mit  avec  une  troupe  de  Bohémiens  qui  alloient  auffi  en  Italie ,  8c 
lesfuivitjufqu'àFlorence.Lorsqu'ily  fut  arrivé.il  quitta  cette  com- 
pagnie, 8c  rencontra  un  Officier  du  Grand-Duc,  qui  le  prit  auprès 
de  lui,  8c  l'envoya  deffiner  chez  un  Peintre  nommé  CàntaGallin^ 
qui  étoit  en  réputation.  Se  qui  s'appliquoit  à  la  gravère.  De  là  ij 
continua  fon  voyage  jufques  à  R'ome,où  il  fut  reconnu  par  des  Mar- 
chands de  Nancy  qui  leremenerent  à  fes  parens.  Mais  il  les  quitta 
bientôt  après,  8c  retourna  en  Italie,  ayant  alors  environ  quator- 
ze ans.  EnpalTant  à  Turin,  il  rencontra  fon  frère  aîné  ,  que  fort 
père  y  avoit  envoyé  pour  quelques  afiàires,  lequel  le  remena  en- 
core une  lois  à  Nancy.  Tout  cela  ne  put  empêcher  que  Callot  né  ' 
contentât  la  paffion  qu'il  avoit  de  voir  les  beaux  Ouvrages  de 
R.ome.  Ilobtmtfoncongédefonpere,8c  alla  à  lafuited'un  Geii- 
tilhomme  que  le  Duc  de  Lorraine  envoya  vers  le  Pape.  Lors  qu'il 
fut  arrivé  à  Rome.il  s'appliqua  à  deffiner,  8c  à  graver  au  burin  Ibus 
Philippe  Thomaffin ,  qui  étoit  de  Troyes  en  Champagne ,  8c  qui 
s'étoit établi  à  Rome.  Après  il  alla  à  France,  où  le  Grand -DuC 
l'employa  à  fon  fervice ,  avec  plufieurs  autres  excellens  Ouvriers!, 
Callot  commença  alors  à  deffiner  en  petit  ,  8c  eut  pour  cela  uii  gé- 
nie li  heureux,  qu'il  s'eft  rendu  incomparable  dans  cette  forte  de 
travail.  Il  quittaauffi  le  burin  pour  graver  à  l'eau  forte,  parce 
que  les  ouvrages  de  cette  manière  s'exécutent  plus  promptement,Sé 
reçoivent  mieux  l'efprit  8c  la  vivacité  que  l'Ouvrier  leur  infpire.  A- 
près  la  mort  du  Grand-Duc  de  Florence ,  Callot  forma  le  delFein  de 
retourner  en  fon  pais.  Il  arriva  en  ce  tems,que  le  Prince  Charles,  qui 
venoitdeRome,  le  vit  en  paffant  à  Florence,  8c  ayant  admiré  lei^ 
pièces  qu'il  y  avoit  travaillèesjl'engagea  à  le  fui vre  enLorraine ,  pro- 
mettant de  lui  faire  donner  de  bons  appointemens  parle  Duc  Hen- 
ri deLorraine,fonbeau-pere.CeDuclereçutavecjoye,Sclui  don- 
na une  penfion  fort  honnête.  Alors  il  époufa  une  jeune  Demoifellé 
nommée  Catherine  Kuttinger,qui  tirolt  fon  origine  d'une  noble  fa- 
mille deMarfal.  Ce  fut  en  162^.  8c  il  étoit  âgé  de  trente-deux  ans. 
Pendant  qu'il  étoit  à  Florence ,  il  examina  le  vernis  desfaifeurs  dé 
luts,  qui  fe  feche  8c  durcit  promptement,  8c  obferva  qu'il  étoit 
beaucoup  plus  propre  pour  les  ouvrages  qu'il  faifoit ,  que  le  vernie 
mol.  C'eft  pourquoi  il  en 'apporta  une  aflez  bonne  quantité,  lors 
qu'il  revint  à  Nancy;  8c  fut  le  premier  qui  le  mit  en  ufagedans  là 
gravure  à  l'eau-forte.  Il  fe  propofa  auffi  de  ne  faire  fouvent  qu'uri 
lèul  trait ,  pour  graver  les  figures  ;  groffiflànt  plus  ou  moins  les 
traits,  fans  fefervir  de  hachures.  En  quoi  il  a  été  imité  depuis, 
non  feulement  dans  de  petites  figures  8c  par  des  Graveurs  à  l'eau- 
forte,  mais  dans  de  grandes  ordonnancés,  8c  par  des  Graveurs  ati 
burin.  Sa  réputation  fe  répandant  par  toute  l'Europe,  l'infantci  ' 
d'Efpagne  le  fit  venir  à  Bruxelles ,  lorS  qile  lé  Marquis  de  Spinola 
affiegeoit  Breda,afin  de  deffiner  le  fiege  de  cette  \iile;ce  qu'il  fit,  Se' 
il  le  gravaenfuite.il  vint  en  France  l'an  ii528,8c  le  Roi  Louis  XIIL 
lui  donna  ordre  de  deffiner  le  liège  de  la  Rochelle ,  8c  celui  de  l'Iflé 
de  Ré,  qu'il  vint  graver  à  Paris.  Après  avoir  été  bien  récompenfé 
du  Roi ,  il  s'en  retourna  à  Nancy ,  où  il  continua  de  travailler  avec 
tant  d'application  qu'il  ne  fe  trouve  aucun  Graveur  qui  ait  fait  un  li 
grand  nombre  de  pièces  que  lui,8c  dans  l'efpace  d'une  vie  auffi  cour- 
te qu'a  été  la  lienne  :  car  on  en  compte  jufques  à  treize  cens  quatre- 
vingt.  Il  eft  vrai  que  Tempefte  a  grave  jufqu'à  dix-huit  cend 
pièces,  mais  il  a  vécu  plus  long-tems;  8c  tout  ce  qu'il  a  fait  n'eit 
pas  également  bien,ni  d'une  manière  auffi  fine  que  ce  qu'on  voit  dé 
Callot.  Lors  que  feu  Monlieur  le  Duc  d'Orléans  Gallon  de  France 
le  retira  en  Lorraine,  il  lui  fit  graver  plufieurs  planches  de  mon- 
noyés ,  8c  il  voulut  même  apprendre  de  lui  à  deffiner.  Pour  cela 
il  alloit  tous  les  jours  avec  le  Comte  de  Maulevrier  au  logis  deCallotj 
ou  il  paflbit  deux  heures  de  tems  à  prendre  des  leçons.  Le  Roi , 
ayant  affiegé  8c  réduit  à  Ion  obeiflànce  la  ville  de  Nancy  en  1631-; 
envoya  quérir  Callot ,  8c  lui  propofa  de  repréfen ter  cette  nouvelle 
conquête,  comme  il  avoit  fait  la  prife  delà  Rochelle:  mais  Callot 
fupplia  faMajeftéde  vouloii-  l'en  difpenfer ,  parce  qu'il  étoit  Lor- 
rain ,  8c  qu'il  croyoit  ne  devoir  rien  taire  contre  l'honneur  de  fon 
Prince  8c  contre  fon  pais.  Le  Roi  reçut  fon  excufe ,  8c  dit  que  le 
Duc  de  Lorraine  étoit  bien-heureux  d'avoir  des  Sujets  li  fidèles  8c  fi 
âffediionnez.  Quelques  Courtifans  dirent  allez  haut  qu'il  faloit  l'o- 
bliger d'obéir  aux  volontez  de  faMajefté.ce  que  Callot  ayant  enten- 
du ,  il  répondit  avec  beaucoup  de  fermeté ,  qu'il  fe  couperoit  plu- 
tôt le  pouce ,  que  de  faire  quelque  chofe  contre  fon  honneur ,  li  ont 
vouloit  le  contraindre.  Le  Roi ,  bien  loin  de  fbulFrir  qu'on  lui 
fît  aucune  violence ,  le  traita  toujours  fort  favorablement,  8c  pour 
l'attirer  en  France  lui  fit  offrit  mille  écus  de  penfion ,  s'il  vouloit 
s'attacher  à  fon  fervice:  mais  Callot  témoigna  qu'il  ne  pouvoit  quit- 
ter le  lieu  de  fa  naiflànccoù  il  feroit  toiijours  prêt  de  travailler  pour 
fa  Majefté.  Néanmoins,  comme  dans  la  fuite  il  vit  le  mauvais  état 
où  la  Lorraine  fut  réduite  après  la  prife  de  Nancy ,  il  fit  deflèin  de  le 
retirer  à  Florence  avec  fa  femme,mais  fa  mort  renverfa  fes  deflèinsV 
Il  mourut  le  28.  Mars  lôj-g.âgéde  quarante-trois  ans.  Il  fut  en- 
terré dans  le  Cloître  des  Cordeliers  de  Nancy ,  à  l'endroit  où  fes  pa-„ 
rens  avoient  leur  fepulture  :  8c  on  luidrelîàune  épitaphc,  où  il  eft 
repréfenté  à  demi-corps  fur  une  table  de  marbre  noir.  *  Felibien,- 
Eneretiens  fur  les  Vies  des  Peintres.  SUP. 

CALMAR,  ville  de  Suéde  dans  rOftro-Gotîe  ■,  eft  capitale  de  - 
la  Smalandie ,  fur  la  frontière  de  Danemarc.  Elle  eft  fortifiée  ré- 
gulièrement avec  un  port  fur  la  mer  Baltique.  Auffi  fa  citadelle  efi 
extrêmement  eftimée  dans  tout  le  Septentrion.  Calmar  fut  prefque 
brûlée  en  1647  ;  mais  depuis  on  l'aréparée.C'eft  l'endroit  où  s'em- 
barquent ordinairement  les  Suédois  qui  palîent  en  Allemagne.  Elle 
donne  fon  nom  à  ce  détroit  qui  eft  entre  cette  ville  8c  l'ille  de  Got- 
land ,  dit  Calmar/und. 

C  A  L  N  E ,  autrefois  place  célébré  en  Angleterre ,  dans  le  Com- 
té de  Kent.  Il  y  fut  tenu  l'an  077.  un  Concile,  où  les  Clercs  récla- 
C  î  mereaf- 


2,0  C>ALs 

mereut  du  tort  duc  leur  faifoit  Saint  Dunftan,  de  mettre  des  Moines 
à  leur  place.  On  dit  que  le  plancher  de  la  fale  de  l'aflèmblee  tomba , 
&  que  le  feul  Saint  Dunftan  ne  fut  point  bleffé.  *  Matthieu  de  Weft- 
mmfitx,adtlit.UeBede,del-H,ft  d'Angl.li.z.  i  i.Baronius.^.C.pyp. 
'  CALO,  (Pierre) de  Venife,  Religieux  de  l'Ordre  de  S.  Do- 
minique, vivoitdaus le XIII. Siècle,  environ  l'an  1300;  Se  écri- 
vit une  Vie  des  SS.  8c  d'autres  Traitez.  *  Leandre  Alberti ,  deVtr. 
Uluftr.Ord.S.Bomin.  „„    j   r- 

CALOCERE,  Intendant des-chameaux dans  1  ifle de Cypre, 

vivoit  au  commencement  du  IV.  Siècle.  Il  eut  l'imprudence  defe 

faire  déclarer  Roi;  mais  ayant  été  vaincu  par  Dalmatius  neveu  de 

Conftantin  le  Grand,{\  fut  envoyé  à  cet  Empereur  qui  le  fit  écorcher 

•  tout  vif  8c  brûler  dans  la  ville  de  Tarfe  en  Cilicie. 

CALO-JEAN,  ou  Beau-Jean,  ou  Joanmtz. ,  Roi  des  Bulga- 
res dans  le  XIII.  Siècle ,  fe  foûmit  à  l'Eglife  Romaine  ,  fous  In- 
nocent III.  en  I20Î  ,  fit  laguerreàl'EmpereurBaudouïnjSc  l'ayant 
pris  dans  une  embufcade  qu'il 'lui  avoit  dreffée ,  le  tint  prifonnier 
plus  d'un  an  à  Trinobis  ou  Ernoë  capitale  de  la  Bulgarie ,  8c  puis  le 
fit  mourir  fur  la  fin  de  Juillet  de  l'an  iio(5.  Ileutauffitantdehame 
contre  les  Grecs,  qui  iuivoient  le  parti  des  Empereurs,  qu'il  n'avoit 
point  de  plus  grand  plaifu-  que  de  les  faire  mourir;  8c  pour  cela  il  fut 
nomme  Komanicide.  Il  mourut  de  pleurelle  à  Theffalomque.*  Jean 
George ,  Nicetas ,  8cle  P.  Outreman ,  Confiant.  Belg.  Sponde ,  A. 
C.  izoï.ïiof.&c. 

CALO-JEAN  ,  ou  Beau  Jean  ,  Cherchez  Jean  II.  Comne- 
ne ,  8c  Jean  VI.  Paleologue ,  Empereurs  d'Orient. 

CALOMNIE,  Divinité,  à  qui  les  Athéniens  avoient  confacré 
des  autels.  Elle  étoitappellée  par  les  Grecs  Afa^oAiî ,  Diaéolé,  d'où 
eftvenulenom  de  Dia^/ff,  que  nous  donnons  au  Démon, comme 
au  père  de  toute  calomnie.  Le  tableau  de  cette  DéeiTe,  fait  par  Apel- 
lès ,  eft  mis  au  nombre  des  excellens  Ouvrages  de  ce  grand  Peintre. 
On  y  voyoit  la  Calomnie  repréfentée  en  grand  avec  tous  fes  accom- 
pagnemens.  La  Crédulité  y  paroiffoit  avec  de  grandes  oreilles  fem- 
blablesàcellesdeMidas,  tendant  les  mains  à  la  Calomnie  qui  s'ap- 
prochoitjaux  deux  cotez  de  la  Crédulité  étoient  l'Ignorance  8c  le 
Soupçon;  celle-là  fous  la  figure  d'une  femme  aveugle ,  8c  celui-ci 
comme  un  homme  d'une  mine  affés  refrognée ,  marquant  quelque 
fecrette  inquiétude ,  mais  néanmoins  exprimé  avec  un  tel  artifice, 
que  pai-  fa  contenance  il  fembloit  s'applaudir  d'avoir  découvert 
quelque  chofe  de  caché.  Au  miheu  du  tableau ,  en  face  de  la  Crédu- 
lité ,  paroiffoit  la  Calomnie  comme  une  femme  très-belle  8c  très-a- 
juftée,mais  irritée,ayant  le  regard  farouche  8c  les  yeux  ardens  de  co- 
lere.EUe  portoit  de  la  main  gauche  un  flambeau  allumé,8c  de  la  main 
droite  elle  traînoit  un  petit  enfant ,  qui  iniploroit  par  fes  cris  le  fe- 
cours  du  ciel. Elle  étoit  précédée  de  rEnvie,fous  la  forme  d'un  hom- 
me maigre  8c  fecdévoré  par  fes  propres  chagrins;8c  elle  étoit  fuivie 


de  deux  femmes^ui  fembloient  prendre  foin  de  fes  ornemens  8c  de 
cequiregardoitronfervice.Cesdeuxfuivantes  étoient  l'impollure 


CAL. 

Montagne  des  fmges ,  parce  qu'on  y  trouve  grand  nombre  de  cei 
animaux.  *  Botero ,  Relat.  d'Eff.  Cherchez  Gibraltar. 

CALPURNIA,  femme  de  Jule-Céfar,  fille  de  L.Pifon.  Elle 
fongca  avant  le  jour  auquel  Célar  fut  affafllné,que  le  faîte  de  la  mai- 
fon  tomboit ,  8c  qu'on  poignardoit  fon  mari  entre  fes  bras  ;  8c  tout 
à  coup  les  portes  de  la  chambre  s'ouvrirent  d'elles-mêmes.  Après  la 
mort  de  fon  mari ,  elle  fe  retira  chez  M.  Antoine ,  8c  y  porta  une 
'  fomme  très-confiderable  d'argent  êc  tous  les  papiers  de  Céfar.dont 
le  même  Marc-Ailtoine  profita  depuis  affez  bien.  *  Suétone  8c  Plu- 
tarque,  in  JuLCafar. 

CALPURNIA,certaine  femme  Romaine  peu  modefte,  qui  plaida 
elle-même  fa  caufe  avec  tant  d'emportement,que  les  Magiftrats  fu- 
rent obligez  de  faire  un  édit,par  lequel  ils  défendoient  aux  perfonnes 
de  ce  fexe  de  plaider.  *  Paral.c.20. Antonius Auguftinus,  de  legib.  Qr-c. 
■  CALPURNIA,  filledeMarius,quilafacnfia,  Scdont  Plutar- 
que  fait  mention.  *Plutarque;'«P^r;»//. 

CALPURNIA ,  loi  que  les  Romains  avoient  contre  le  larcin 
des  Magiftrats ,  dite  Calpurnia  reJ>etHndarum ,  8c  deux  autres  Cal- 
furnia de ambitH ,  Sx.Calfurnia militarh.*  P3ia.Lc.  20.  AntoniusAu- 
guftinus ,  de  legib. 

CALPURNIENS,  famille.   La  famille  des  Calpurniens  étoit 
très-confiderable  à  Rome.     Plutarque  la  fait  defcendre  de  Calpus , 
qu'on  croit  avoir  été  un  des  fils  de  Numa  Pompilius ,  Roi  des  Ro- 
mains. C'étoit  aufli  le  fentiment  d'Ovide ,  qui  s'en  exprime  ainli  ; 
— Nam  quid  memorare  necejfe  eft , 
Ut  domus  h  Calpo  nomen  Calpurnia  ducat  ? 
Cette  famille  étoit  diviiëe  en  deux  branches,  dont  l'une  avoit  le  fur- 
nom  de  Frugi,  de  gens  de  bien;  8c  toutes  deux  avoient  auffi  celui 
de  Pi/on.  Ovide  nous  apprend  l'origine  de  ce  nom  dans  ces  vers: 
Claraque  Pifonn  tulerit  cognomina  frima , 
Humida  callofa  cum  pmferet  hordea  dextra. 
Un  C.  Calpurnius  Pison  fut  Conful  en  5-74.  de  Rome  avec 
A.  Pofthumius  Albinus.     Avant  lui  il  y  avoit  eu  vers  l'an  494. 
M.  Calpurnius  ,    qui  rendit  un  très-grand  fcrvice  à  la  Repu- 
blique en  Sicile.  Le  Confiil  Attilius  s'étoit  engagé  dans  un  défile, 
d'ouilneferoitjamaisfbrtiûnsle  lêcours  de  Calpurnius ,  dont  je 
parle.Ce  vaillant  homme  alorsTribun  militaire  ayant  pris  trois  cens 
foldats,marcha  droit  aux  ennemis,8c  les  combattit  avec  une  ardeur 
fi  déterminée,  que  l'armée  eut  loifir  de  fc  dégager  8c  de  iè  mettre  au 
large.  La  fortune  couronna  la  valeur  8c  la  condidte  de  Calpurnius  _, 
non  feulement  en  ce  qu'il  fàuva  l'armée,  fuivant  le  projet  qu'il  avoit 
fait  ;  mais  auffi  en  ce  qu'il  ne  refta  point  dans  cette  occafion,8c  qu'il 
jouît  de  toute  la  gloire  diàë  à  une  fi  belle  aâion.     Calpurnius 
PisoN  beau-pere  de  Jule  Célàr,  celui  quifutConfiil  l'an  75-3.  de 
Rome,  auquel  plufieursChronologues  mettent  la  naiflànce  dé  Je- 
sus-Christ.     Tacite  dit  qu'il  mourut  dans  le  tems  qu'il  devoit 
être  condamné  par  Tibere,/f .  4.  Armai.  Valere  Maxime  fait  mention 
d'un  Calpurnius  Pison  Confiil  ,  lequel  ayant  délivré  la  Sici- 


&  la  Flatterie.  Dans  une  diftance,qui  permettoit  encore  de  diftin-  lf<le  la  fureur  des  efcavesfbgitifs,  recompenû de  toutes  fortes  de 
auer  les  obiets.on  voyoit  la  Verité.qui  fembloit  marcher  vers  l'en-  |  ^ons  mditaires  les  foldats  qm  avoient  bien  fervi ,  8c  ne  donna  a  fon 
droit  où  étoit  la  Calomnie,8c  derrière  laVerité  étoit  leRepentir  fous  ^'^  4"^  j^  témoignage  qu  il  meritoit  une  couronne  d  or  de  trois 
un  habit  lugubre  C'eft  ainfi  qu'Apellès  avoit  ingenieulément  dé-  ^'^res ,  dont  il  lui  legueroit  la  valeur ,  dans  fon  teftament  ;  ajou- 
peint  laCabmnie  dans  ce  tableau,dont  il  fit  prefent  àPtoloméeCapi-  ^ant  qu  un  fige  Magiftrat  ne  devoit  jamais  rien  donner  qui  put  re- 
tained'Alexandrcpourfevanger  de  la  calomnie  d'un  autre  Peintre,  tourner  en  fa  mailon  ,  /;.  4.  c.  3.  ex.  11.  Calpurnius  Bestia 
qui  l'avoitinjuftementaccufe^d'avoir  eu  part  à  une  conjuration  fai-  Noble  Romain  ,  ayant  ete  gagne  par  une  fomme  d  argent  ,  fut 
te  contre  ce  grand  Roi.  Il  eft  aifé  d'entendre  ce  que  fignifioit  cha-  f^ufe  par  M.  Caecdius  d  avou- empoiionne  fes  femmes,  félon  Pline, 
que  partie  de  ?etexceUen.touvrage.Lacalomnie,quidecliirerinno-  *^^^^'_  /<.  3  7_:':i_-_  Cherchez  Pifon. 
cence,8c  qui  porte  par  tout  un  feu  dangereux,n'eft  reçue  que  par  u- 
ne  fotte  ou  malicieufe  crédulité ,  êc  cette  crédulité  ne  vient  que  d'i- 
gnorance ou  de  foupçon.Le  calomniateur  ajufte  tout  ce  qu'il  dit  par 
le  moyen  de  l'impôfture ,  8c  il  fe  fert  de  la  flatterie  pour  s'infinuer 
dans  Fefprit  de  celui  qui  l'écoute.  Mais  la  vérité  paroît  tôt  ou  tard , 
qui  découvre  la  malice  du  menfonge  ;  8c  il  ne  refte  à  la  calomnie 
qu'un  cuifant  repentir,qui  fait  fon  partage  8c  fa  peine.  *  Theophraf- 
te,  Lucien ,  auTraitéde  ne  pas  croire  facilement  U  calomnie. SUF. 

CALOT.  Voyez Callot. 

C  ALO  YERS,  Religieux  Grecs  de  l'ordre  de  S. Bafile,  ou 
de  S.  Elie,  ou  de  S.  Marcel,  qui  fuivent  prefque  la  même  règle., 
8c  portent  tous  un  même  habit ,  dans  toute  la  Grece,fans  aucun 


CALPURNIUS.  Cherchez Bibulus. 
T.  CALPURNIUS,  ou  Calphurnius,  Sicilien  ,  Poète  Latin, 
vivoit  fous  l'Empire  de  Carus,8cde  fes  fils  Carinus  8c  Numerien.  II 
a  écrit  des  Eclogues ,  qu'il  dédia  à  Nemefîanus  de  Carthage,  auffi 
Poëte.  Nous  avons  encore  fept  de  ces  pièces  de  lui;  Se  nous  appre- 
nons d'une  Lettre  d'Hincmarc  de  Rheims  à  Hincmarc  de  Laon,  que 
de  fon  tems  on  lifbit  les  vers  de  Calpurnius  dans  les  cla&s. 
*  Lilius  Giraldus ,  aux  dial  des  Foët.  Volfius ,  des  Foët.  Lat.  c.  4. 
Il  parle  d'un  autre,  au  c.  8.  qu'on  croit  différent  de  celui-ci.  U 
compofi  une  Comédie  qu'il  nomma  Fhronefis.  La  meilleure  Edition 
eft  celle  de  Janus  Uliiitius ,  in  1 2 . 

CALSERY ,  petite  ville  des  Indes,dans  les  Etats  du  Grand  Mo- 
golScdans  le  royaume  de  Jamba  ,  environ  à  vingt-cinq  ou  trente 

changement  ,  ni  réforme  particulière  ;   8c  fans  avoir  auffi  rien  { lieues  du  Gange.  Quelques  Auteurs  la  prennent  pour  £/?<»?»  C<e/âr« 

relâché  de  leurs  anciennes  conftitutions.    Ils  mènent  une  vie  fort  de  Ptolomée. 

retirée  8c  fort  pauvre ,  8c  ne  mangent  jamais  de  viande.    Outre 


cette  abftinence  continuelle, ils obfervent encore  pendant  l'année 
quatre  Carêmes ,  fans  compter  plufieurs  autres  jeûnes,  que  toute 


CALVAIRE ,  montagne  près  de  Jerufilem ,  fur  laquelle  le  Sau- 
veur du  monde  fbufirit  la  mort.Origene,  Saint  Athanafe,  Saint  Epi- 
phane.  Saint  Baiîle ,  Saint  Chryfoftome ,  TertuUien ,  Saint  Ambroi- 


l'Eglife  Grecque  garde  religieufement  :  8c  dans  ces  tems  de  jeûnes  (fg ,  Saint  Auguftin ,  Se  plufieurs  autres  faints  Doâreurs,  Grecs  8c  La- 
ils  ne  mangent  ni  œufs ,  ni  beurre ,  ni  poiffon.  Les  Arméniens  jtins,  rapportez  par  Torniel  8c  Salian  dans  les  Annales  de  L'Ancien  Tef- 
en  retranchent  encore  l'huile.  Quand  néanmoins  ils  veulent  trai-  \tament  ,^zx'&^oviva%d'^sles  AnnaUsdel'igUfe ,  8c  par  les  Interpré- 
ter ceux  qui  les  vifitent  en  Carême ,  ils  ne  laiffent  pas  de  faire  d'af-  tes  fur  la  Genefe ,  ont  cru  qu'Adam  fut  enterré  fur  cette  montagne, 
fez  bons  ragoûts.  Ceuxquifont  fcrupule  de  manger  dupoiflon,  1  fè  fondant  fur  ce  qui  eft  dit  au  Livre  de  Jofuéc^.î/>.  i  r.  qu'un  certain 
garniffent  leur  table  de  toutes  fortes  d'huitres  8c  de  coquillages,  8c  j  Adam  avoit  été  enfeveli  à  Hebron.  Mais  la  verfion  des  Septante  les  a 
de  plufieurs  compolîtions  faites  avec  des  œufs  8c  des  laittesdepoif-  1  trompez.  .  ^^/«w  fignifie  là  un  homme,  qui  étoit  un  de  ces  géans 
fon, c^ui  font  beaucoup  plus  délicates  que  les  poiffons  mêmes.  Les  que  les  Saintes  Lettres  nomment  de  larace  d'Enac.  Plufieurs  faints 
•Arméniens  ne  veulent  ni  beurre ,  ni  huile  dans  leurs  fauffes ,  ils  fe  Peres  ont  auffi  affuré ,  après  une  ancienne  tradition,  qu'Abraham 
fervent  d'amandes ,  de  piftaches ,  8c  de  noix  pilées  dans  un  mortier,  eut  ordre  d'immoler  fon  fils  Ilàac  fur  ce  même  mont ,  que  les  He- 


qui  étant  mifes  fur  le  réchaut  font  un  meilleur  effet  que  nôtre 
beurre.  Pendant  leurs  jeûnes  ils  ont  cela  de  particulier ,  qu'ils  ne 
croyent  point  du  tout  pécher  en  mangeant  quelque  chofe  entre  les 
repas ,  pourvu  que  ce  ne  foit  ni  chair ,  ni  poiflbn ,  ni  œufs ,  ni 
beurre ,  ni  huile.  Mais  les  plus  aufteres  fe  contentent  de  manger 
une  feule  fois  le  jour  un  peu  de  pain  8c  quelques  herbes  amorties  fur 
le  feu  avec  quelques  grains  de  fel ,  8c  ne  boivent  que  de  l'eau. 
*  Grelot ,  Voyage  de  Conftantinople.  SUP. 

C  A  L  P  E ,  haute  montagne  de  F  Andaloufie,que  l'on  a  prife  pour 
une  des  colomnes  d'Hercule.  Elle  eftoppofée  du  côté  d'Afrique  à 
i'Abyla  des  Ancieiis,que  les  Efpagnols  nomment  Sierre  de  las  monas. 


breux  nommoient  Golgotha.  L'Empereur  Adrien  y  fit  depuis 
dreffer  en  1 3 1 .  des  Idoles  de  Jupiter  8c  de  Venus ,  en  haine  des 
Chrétiens,  comme  nous  l'apprenons  de  Saint  Jérôme ,  de  Sulpice 
Severe ,  de  Saint  Paulin ,  de  Saint  Ambroife ,  8c  de  quelques  autres. 
Conftantin /e  Gî-iïn(/ 8c  Sainte  Hélène  fa  mère  abolirent  depuis  tous 
ces  trophées  de  l'idolâtrie ,  8c  firent  bâtir  des  Eglifes ,  au  même  lieq, 
félon  Eufebe,  enla  Vie  de  l'Empereur  Conftantin.  Saint  Jérôme 
8c  Sozomene  parlent  auffi  d'une  croix  toute  rayonnante  de  lumière , 
qui  fut  vue  en  plein  jour  fur  le  Calvaire ,  l'an  35-1 .  ou  fclon  d'autres 
en  35-3.  lors  que  l'Empereur  Conftance  favorifoit  avec  pl^s  de 
paillon  l'erreur  des  Ariens. SaintCyrille  Patriarche  dejerufalem  écri- 
vit 


CAL. 


ii 


vit  cette  merveille  au  Prince,pour  lui  faire  fçavoir  que  c'e'toit  par  de  largeur  ;&  fa  voUtéeft  haute  d'environ  huit  piez.  A  main  droite- 
cefignedeilôtreiàlut,que  Jesus-Christ,  dont  il attaquoit la di-  en  entrant  du  côte  Septentrional ,  on  voit  l'autel ,  qui  couvre  lé 
vinite,avoit  vaincu  le  monde;  8c  que  c'étoit  par  lui  lèul  qu'on  pou-  cercueil  où  fut  mis  le  corps  de  Nôtre  Sauveur ,  qui  elt  long  defix 
voit  être  vittorieux  fur  la  terre  JUèmble  que  ce  Confiance  comprit  1  piez, ,  large  de  trois  ,  &  haut  de  près  de  deux  &  demi.     Le  de- 


cette  vérité  ;  car  failànt  la  guerre  à  Magnence,  il  avoir  la  croix  dans 
fis  enlcignes,&  fit  battre  des  médailles  où  l'on  voit  qu'il  tient  cet  e- 
tendart  à  la  main,  avec  ces  mots  à  l'entour  :  En  cejignetaferas  -vtiin- 
qiierir.  [Les  paroles,  en  ce/igne  tu  feras  vainqueur, n'ont  ■point  rzf- 
port  à  la  croix  qui  parut  à  Jerulalem  du  tems  de  Cyrille ,  mais  à 
celle  que  Conftantin  vit,  Se  iur  le  modelle  de  laquelle  il  fit  faire  Ces 
étendarts.  Voyez Eulèbe,  dans  ta  ViedeConftantincMf. xxvin.  ^ 
feq-'\  Les  Grecs  fâifoient  autrefois  la  fête  de  l'apparition  de  cette 
croix  far  le  Calvaire;  ce  qui  le  peut  voir  dans  leur  iVlenologe  au  7. 
jour  du  mois  de  Mai.  Nous  avons  encore  la  Lettre  que  Saint  Cyrille 
écrivit  à  Confi:ance,dans  laquelle  il  témoigne  que  cette  croix  s'e- 
tendoit  depuis  la  montagne  de  Calvaire  julques  a  celle  des  Oliviers, 
dans  une  étendue  de  quinze  ftades  ou  trois  quarts  de  lieuë,  &  là 
largeur  y  étoit  proportionne'e.Ce  fpeâacle  fit  embraflèr  laReligion 
Chrétienne  à  un  grand  nombre  de  Juifs  &  de  Payens.  *  S.  Jérôme , 
ep.  3 .  ad  Paul.  S.  Paulin,  ef.ii.S.  Ambroife,  in  fyà/.  43 .  Sulpice  Sé- 
vère, iï/)?. /('.  î.Sozomene;  li.^.c.^.i^c. 

CALVAIRE,  auparavant  nommé  G<)lgotha,-ptàts  montagne 
au  Septentrion  &  proche  des  murs  de  Jerulâlem.Toute  cette  mon- 
tagne ,  ou  la  plus  grande  partie ,  a  été  renfermée  dans  un  grand  en- 
clos, qui  comprend  l'Eglife  du  S.Sepulcre ,  environnée  de  plufîeurs 
Chapelles  &  de  petites  Eglifes  particulières ,  avec  les  logemens  des 
Catholiques ,  des  Grecs ,  des  Arméniens ,  des  Suriens,  des  Coptes 
ouCophtes  Se  des  Abyffms.  A  l'entrée,  qui  eft  du  côté  du  Midi , 
il  y  a  un  grand  parvis,  où  l'on  voit  à  main  droite  le  logement  des 
Arméniens ,  celui  des  Coptes,  Se  une  Chapelle  de  la  Sainte  Vierge , 
nommée  Stabat  Mater  :  &  à  main  gauche  le  logement  des  Grecs , 
avec  la  grofîè  tour  quarrée ,  qui  fcrvoit  autrefois  de  clocher.  En 
fece  de  l'entrée  du  parvis  eft  le  grand  portail  de  l'Eglilc  du  S.  Sé- 
pulcre, auprès  duqueleft  une  ftation  des  Turcs.  Au  bas  de  ce  por- 
tail on  voit  une  grande  quantité  de  clous  enfoncez,  j  ulques  à  la  tête 
entre  les  pierres  du  pave,  fur  lelquels  il  faut  neceffairement  paflèr. 
Ils  y  font  mis  à  grands  coups  de  marteau  par  lePatriarche  desGrecs, 
lequel  tous  les  ans  étant  revém  de  fes  habits  Pontificaux  excommu- 
nie tous  les  Catholiques  Romains  ou  Latins ,  comme  ils  nous  ap- 
pellent,8c  pour  marque  de  l'anathême  qu'il  prononce,il  enfonce  des 
clous,a vec  défenfc  de  les  ôter,lur  peine  de  cinq  cens  baftonnades ,  5c 
de  payer  une  groflè  amende  au  Bâcha  8c  au  Cady  de  la  ville.  Etant 
avancé  dix  ou  douze  pas  dans  l'Eglife ,  oti  trouve  la  pierre  de  l'onc- 
tion ,  qui  eft  la  place  où  Jesus-Christ  fut  embaumé  felon  la 
coutume  des  Juifs.Vis-à-vis  de  cette  pierre  il  y  a  trois  tombeaux 
de  quelques  Rois  de  Jerufàlem ,  dont  les  Schifmatiques  ont  effacé 
les  infcriptions.  A  main  droite  eft  une  Chapelle,  où  l'on  voit  le 
tombeau  de  Godefroi  de  Bouillon,  I.  Roi  de  Jeruâlem  ,  8c  ce- 
lui de  &n  frère  Baudouin  I.  qui  lui  fucceda  à  la  couronne.  Ces 
deux  tombeaux  font  fort  fimples  ,  portez  fur  quatre  petites  co- 
lomnes  de  pierre  d'un  piedxie  haut.  Proche  de  là  eft  la  Chapelle  du 
crucifiement  ,  qui  eft  le  lieu  où  Jesus-Christ  fut  attaché  à  la 
croix,  8c  où  elle  fut  dreflëe.  Saint  Jérôme  dit  que  cette  place  du 
Calvaire  demeura  cachée  depuis  l'Empire  d'Adrien,  jufques  à  celui 
de  Conftantin  le  Grand ,  pendant  cent  quatre  vingts-ans  ou  environ:  ' 
ce  qui  arriva  par  la  malice  des  Payens ,  qui  la  couvrirent  de  terre,8c 
y  mirent  deflus  une  Idole  de  Venus,afin  d'en  éloigner  les  Chrétiens. 
Mais  Sainte  Hélène  fit  enfermer  cette  place  dans  l'enclos  de  lagran- 
deEgliiè,avec  le  Saint  Sépulcre ,  fur  lequel  étoit  l'Idole  de  Jupiter. 
Cette  Chapelle  eft  très-magnifique ,  fi  voûte  8c  lès  murailles  étant 
revêtues  de  peintures  à  la  Molàique ,  compolees  de  petites  pierres 
claires  comme  le  cryftal,  dont  les  diverlès  couleurs  font  extrême- 
ment vives  8c  éclatantes;  ce  qui  paroîtroit  encore  davantage  li  les  fi- 
gures n'étoient  pas  un  peu  noircies  de  la  fumée  des  lampes  qui  y 
brillent  continuellement.'De  cette  Chapelle  du  crucifiement,failànt 
le  tour  le  long  d'autres  Chapelles  qui  environnent  l'Eglifcon  va  du 
côté  du  Nord  à  la  Chapelle  de  rapparition,qui  eft  le  lieu  où  Nôtre 


dans  de  ces  chapelles  8c  l'autel  font  revêtus  de  tables  de  maibrc  gris, 
mais  qui  eft  noirci  de  la  fumée  de  foixante  8c  deux  lampes  d'argent, 
qui  y  lont  continuellement  allumées,  fçavoir  4.4.dans  le  S.Sepulcrcj 
8c  1 8.  dans  la  Chapelle  de  l'Ange,dont  il  y  en  atrente  aux  Religieux, 
Se  le  refte  aux  Chrétiens  Grecs  6c  Schifmatiques ,  qui  ontla  liberté 
d'y  faire  leurs  dévotions  ;  mais  il  neleur  eft  pas  permis  d'y  dire  la 
Meffe ,  parce  que  les  Catholicjues  Romains  y  ont  lèuls  ce  droit. 

Dans  la  première  grotte ,  à  côté  de  la  porte  du  S.  Sépulcre ,  étoit 
la  grande  pierre,  longue  de  cinq  piez  Se  demi,  large  de  ti-ois  piez 
deuxpouces*,  8c  épailfede  neuf  pouces  Sedemi,  qui  avoitfervi  à 
fermer  l'entrée.  Elle  y  étoit  encore  du  tems  de  S.  Cyrille ,  vers  l'art 
3  80;  Se  Saint  Jemme ,  qui  mourut  environ  quarante  ans  après ,  écrit 
qu'elle  y  étoit  aufli  de  fon  tems:  mais  depuis  elle  a  été  tranfportée 
en  l'Eglife  bâtie  au  lieu  où  étoit  la  maifon  de  Caiphe  fur  le  mont  de 
Sion.Vis-à-vis  de  la  porte  du  S.Sepulcre  il  y  a  une  pierre  quarrée,qui 
tient  encore  par  le  pié  à  la  roche  même  de  laquelle  elle  a  été  taillée  i 
felon  la  Tradition ,  pour  fervir  d'appui  à  la  grande  pierre  qui  fer- 
moit  l'entrée  du  monument.  Quelques  Auteurs  célèbres  ont  écrit 
qu'outre  cette  pierre  quarrée  il  y  en  avoit  encore  deux  grandes  i 
dont  l'une  bouchoit  la  porte,  Se  l'autre  le  cercueil.  D'autres  dilent 
que  l'une  de  ces  pierres  fermoit  l'entrée  de  la  première  o-rotte ,  Se 
l'autre  celle  de  la  lèconde ,  qui  eft  proprement  le  Sépulcre ,  quoi  que 
l'on  comprenne  auffi  toutes  les  deux  Ibus  le  nom  de  Sépulcre.  Mais 
l'Ecriture  Sainte  ne  parle  que  d'une  pierre,  8c  la  Traditioh  y  eft 
conforme. La  raifon  le  perfuade  aulîi  ;  car  outre  les  preuves  de  cette 
vérité  que  l'on  peut  tirer  de  l'Evangile,  il  eft  certain  que  l'entrée  dé 
la  première  grotte  étoit  une  ouverture  aufli  vafte  que  la  grotte  mê- 
me,  ce  qui  le  voit  en  d'autres  fepulcres,Se  l'on  n'auroit  pas  pu  trou- 
ver de  pierre  allez  grande  pour  la  fermer. 

De  la  nef,  on  entre  dans  le  chœur,  qui  eft  vers  l'Orient.  Ce 
chœur  eft  fermé  d'un  mur  de  clôture  tout  autour ,  comme  ceux  des 
Monafteres.  La  principale  porte  eft  vis-à-vis  du  S.Sepulcre.  Il  eft 
diviîë  en  deux  parties  par  un  très-beau  balufti-e  de  bois  doré ,  où  il  y 
a  trois  portes ,  une  grande  au  milieu ,  8e  deux  moyennes  aux  cotez; 
Dans  la  première  partie ,  qui  eft  le  chœur  des  Grecs ,  on  voit  à  côté 
de  l'entrée  une  pierre  de  marbre ,  ronde  Se  creufée  de  quatre  doigts, 
que  les  Orientaux  difent  être  k  milieu  de  la  terre,à  caufe  de  ce  paflà- 
ge  du  Prophète  Roi  au  Pfeaume  7  3 .  Deusautem  Rexnofieroperatus 
efifalutemmmedioterrx.  MaisS.Jerômeexplique  cepaflào-ede  la 
ville  de  Jerufàlem  ,  qui  étoit  en  ce  tems-là  au  miHeu  des  terres  con- 
nues de  la  plupart  du  monde;5e  d'ailleurs  ce  n'eft  pas  là  l'endroit  d« 
crucifiement  ,  dont  j'ai  parlé  au  commencement  de  cet  article. 
Dans  la  féconde  partie ,  qui  eft  le  chœur  des  Catholiques ,  vis-à-vis 
de  la  grande  porte  du  baluftre ,  eft  le  grand  autel ,  avec  un  petit  au 
côté  de  l'Evangile,où  le  Prêtre  prépare  toutes  les  chôfes  néceflàires 
pour  la  Meffe.  On  y  voit  dans  le  fond  lefiege  du  Pape,  auquel  oui 
monte  par  fixdegrcz.  Adroite,  unpeupiusbas,  eft  celui  du  Pa- 
triarche de  Conftantinople  ;  8e  à  -gauche  celui  du  Patriarche  d'Ale- 
xandrie, aufquels  on  monte  par  quatre  degrez.  Les  fieges  des  Pa- 
triarches d'Antioche  Se  dejerufalem  font  de  l'autre  côté  du  baluftrC;) 
vers  le  chœur  des  Grecs.Tout  le  chœur  eft  couvert  d'un  beau  dôme 
de  pierres  de  taille ,  foûtenu  de  gros  piliers.  Prefque  entre  les  deux 
premiers ,  proche  de  la  grande  porte  du  chœur  qui  regarde  le  Sepul- 
cre.eft  un  autel,fur  lequel  le  Patriarche  des  Grecs  monte  le  jour  du 
Samedi  faint  pour  diftribuer  fon  feu  célefte.  Cette  cérémonie  s'eft 
établie  à  caufe  du  miracle  qui  fe  faifoit  autrefois  dans  le  S.  Sépulcre, 
où  la  veille  de  Pâques  une  flamme  de  feu  defcendoit  vifiblement ,  &: 
y  allumoit  les  lampes  qu'on  y  avoit  éteintes  le  jour  du  Vendredi 
iàint  :  Se  ce  feu  deicendoit  non  feulement  dans  le  S.  Sepulcre,mais 
encore  quelquefois  fur  les  lampes  de  l'Eglife  à  la  vûë  de  tout  le  peu- 
ple. Le  Pape  Urbain  II.  parle  de  ce  miracle  dans  la  harangue  qu'il 
prononça  en  l'affemblée  du  Concile  deClermont  l'an  lop/.  Et  du 
tems  de  Baudouin  I,  du  nom  ,  Roi  de  Jerufàlem,  cette  merveille 


Seigneur  apparut  à  la  Sainte  Vierge  après  là  refurreftion.  Cette  |  continuoit  encore ,  comme  rapporte  Fulcherius  de  Chartres,  lequel 
Chapelle  appartient  aux  Catholiques ,  Se  les  Religieux  de  S.Sauveur  î  ajoute  que  pendant  le  règne  de  ce  même  Roi  il  y  eut  une  grande  dé- 
y  célèbrent  l'Office  divin  nuit  Séjour  à  la  Romaine.  Là  fe  voyent  I  folation  parmi  les  Chrétiens ,  qui  ne  purent  obtenir  le  feu  du  ciel  le 
de  très-riches  ornemens ,  qui  y  ont  été  donnés  par  les  Rois  &:  les  j  Samedi  faint ,  8c  ne  le  virent  que  le  matin  du  jour  de  Pâque ,  après 


Princes  Chrétiens ,  Se  princip'alement  par  le  Roi  de  France ,  Se  par 
celui  d'Elpagne.  Les  Religieux  ont  le  privilège  d'y  fonner  leur  Of- 
fice avec  une  petite  cloche ,  ce  qui  eft  bien  rare  en  toute  la  Terre 
Sainte.  Leur  logement  eft  à  côté.  En  tournant  à  l'Occident,  on 
trouve  les  chapelles  des  Suriens ,  des  Coptes ,  Se  des  Abyffins. 

Voilà  une  bonne  partie  de  ce  qu'il  y  a  de  plus  remarquable  autour 
de  l'Eglife  du  S.  Sépulcre,  dont  il  faut  maintenant  repréfenter  la 
fbuétîire.  La  nef ,  qui  eft  du  côté  de  l'Occident,  eft  une  rotonde, 
dont  le  dôme  eft  d'une  belle  charpenterie  de  bois  de  cèdre ,  couver- 
te de  plomb ,  Se  qui  reçoit  le  jotir  par  une  ouverture  ronde  au  faîte, 
fermée  d'un  treillis  de  fil  de  fer.  Elle  eft  environnée  de  fix  gros  pi- 
liers quarrez  de  pierre  de  taille ,  8e  de  dix  colomnes  de  marbre ,  lef- 
quelles  font  dix- lèpt  arcades,  qui  foûtiennentune  belle  Se  grande 
galerie.Au  milieu  de  cette  nef  eft  le  Saint  Sépulcre ,  revêtu  de  tables 
de  marbre  blanc ,  8c  entouré  de  dix  petites  colomnes  aufli  demar- 


avoir  fait  une  proceffion  au  temple  deSalomon,marchans  tous  nuds 
piez,8c  accompagnons  leurs  prières  de  pleurs  8c  de  gemiffemens.Le 
feu  facré  defcendoit  encore  du  tems  de  Baudouin  II.  vers  l'an  1 1 205 
mais  on  ne  fait  pas  précifement  le  tems  que  ce  miracle  a  fini,de  mê- 
me qu'on  ignore  le  tems  de  fon  commencement.  Il  y  a  apparence 
qu'il  a  ceffé  un  peu  après  les  premiersRois  dejerufalem,parce  que  le 
zèle  des  Princes  Chrétiens  fe  ralentit ,  8e  que  les  Catholiques  Ibuil- 
loient  cette  terre  fainte  par  leurs  vices,au  lieu  de  l'honorer  par  leurs 
vertus,8e  d'imiter  la  pieté  de  ceux  qui  en  avoient  fait  la  conquête  fur 
les  infidèles.  Ceux  qui  douteront  de  k  vérité  de  ce  feu  célefte, 
doivent  fe  fouvenir  des  exemples  pareils  que  la  Sainte  Ecriture  nous 
fournit  du  feu  qui  defcendoit  du  ciel  pour  confumer  les  facrifices, 
ou  pour  punir  les  impies. 

A  l'égard  de  la  cérémonie  qui  fe  fait  maintenant.c'eft  une  trompe- 
rie des  Grecs  qui  font  gens  adonnez  aux  luperftitions,8e  qui  tâchent 


bre  qui  foûtiennent  une  plate-forme ,  lùr  laquelle  font  élevées  dou-  j  de  fe  mettre  en  crédit  parmi  le  peuple ,  failànt  fecrettement  du  feu 


ze  petites  colomnes  jointes  deux  à  deux ,  failànt  fix  arcades ,  qui 
portent  un  dôme  couvert  de  plomb.  Sous  ces  arcades  il  y  atoii- 
jours  dix-huit  lampes  allumées ,  fins  celle  du  milieu  de  la  voûte.  Au 
dedans  de  ce  bâtiment  eft  la  roche ,  où  eft  taillé  le  fepulcre  de  Nôtre 
Seigneur.  Il  contient  deux  petites  grottes  ou  caveaux  tenans  l'un  à 
l'autre.  La  première  grotte  eft  appellée //ïC»a/)e//e</e /'^»^e,  par- 
ce que  c'eft  le  lieu  ou  l'Ange  apparut  aux  faintes  femmes  qui  al- 
loient  embaumer  le  corps  du  Fils  de  Dieu .  La  féconde  eft  le  facré 
tombeau  defefui-ChriJi.  Elle  alixpiez.  de  longueur,  8c  fix  piez 
Tom.  Il,      ~ 


avecunfuiildansleS.Sepulcre,oùcntre  lePatriarche  accompagné 
de  deux  Evêques  feulement.  Voici  l'ordre  de  cette  cerémonie.Tou- 
tes  les  lampes  de  l'Eglile  font  éteintes ,  le  S.  Sépulcre  fermé  à  la  clefi 
8e  la  porte  gardée  par  fix  Janiffaires  gagés  pour  cet  effet  Environ  u- 
nc  heure  après  midi ,  tous  les  Schifmatiques,  Grecs,  Arméniens,Su- 
riens,8e  autres,commencent  à  courir  autour  du  S.  Sépulcre  par  ban- 
des de  quatre  ou  cinq  qui  lé  tiennent  par-dcffous  les  bras ,  crians  dé 
fois  à  zutt:e,Eleefon,Eleefon.  A  mefure  que  le  monde  arrive ,  la  confu- 
lion  Se  le  defordre  s'augmentent:  les  uns  crient  comme  des  infenft  x 
G  j  powr 


%%  CAL. 

pourappellerle  feu  du  ciel,  les  autres  courent  &  font  des  poftures 
extravagantes-.les  femmes,qui  font  dans  les  galeries,ou  fur  des  écha- 
fauts ,  font  de  leur  côté  de  grandes  exclamations ,  élevant  les  mains 
au  ciel,  &  faifant  des  geftes  ridicules.  Cette  fête  de  courfesSc  de 
cris  ayant  duré  plus  de  quatre  heures,environ  fur  les  cinq  heures  les 
Grecs  font  leur  proceffion ,  où  après  plufîeurs  Prêtres ,  Evêques ,  & 
Archevêques ,  tous  vêtus  de  riches  châpesàlaGreque,  c'eft-à-dire, 
fermées  par  devant  8c  retrouffées  fur  les  bras,le  Patriarche  vient 
précédé  de  quatreDiacres  qui  marchent  en  arrière,  &  Tencenfent 
continuellement.il  eft  revêtu  d'une  tunique  de  velours  à  fond  d'or , 
&  d'une  chape  de  toile  d'argent  :8c  il  porte  une  tiare  prefque  toute 
d'or,tenant  lôn  bâton  paftoral  à  la  main  gauche,8c  une  petite  croix  à 
la  droite-avec  laquelle  il  bénit  le  peuple.  Après  avoir  fait  la  procef- 
fion trois  fois  autour  du  S.Sepulcre,le  Patriarche  y  enWe  avec  deux 
Evêques ,  pendant  que  les  Turcs  gardent  la  porte ,  de  crainte  que 
quelqu'autre  n'en  approche.  Là  ayant  battu  un  fuzil  qui  y  eft  caché, 
ou  qu'il  porte  fur  lui,  il  fait  du  feu  8c  allume  une  "es  lampes  ,  8c 
deux  paquets  de  bougies ,  qu'il  diftribuë  en  fortant  :  puis  il  va  à  l'en- 
trée du  chœur ,  où  il  monte  fur  l'autel  de  pierre  qui  y  eft ,  pour  en 
diflribuer  d'autres  au  peuple.  Cependant  on  allume  toutes  les  lam- 
pes de  la  grande  Eglife ,  Se  celles  des  Chapelles  des  Arméniens ,  des 
Suriens ,  des  Coptes ,  8c  des  AbyiTins ,  ce  qui  fait  une  grande  lu- 
mière qu'il  femble  que  toute  l'Eglife  foit  en  feu. 

Après  avoir  fait  la  defcription  du  S.  Sépulcre ,  il  faut  dire  quelque 
cholè  des  fondateurs  8c  des  réparateurs  de  cettcEglife.Vers  l'an3  26. 
pendant  que  l'Empereur  Conftantin  leGrand  faifoit  paroître  fon  zè- 
le pour  la  Religion  Chrétienne,rimperatrice  Hélène  fa  mère  entre- 
prit le  voyage  de  la  TerreSainte,où  elle  découvrit  lavraye  croix  a- 
vec  les  inftrumens  qui  avoient  fervi  à  la  paffion  de  Jesus-Christ. 
L'Empereur  ayant  appris  ces  heureufes  nouvelles,fit  enclorre  leCal- 
vaire,8c  bâtir  l'Eglife  du  S.Sepulcre,avec  toute  la  magnificence  pof- 
llble.  Il  donna  la  charge  de  ce  fomptueux  bâtiment  à  l'Evêque  Ma- 
caire ,  8c  lui  écrivit ,  qu'il  defiroit  que  cet  édifice  furpaffât  tous  les 
autres  du  monde  en  beauté  8c  en  richeflès ,  comme  il  les  furpallbit 
en  fainteté.  Environ  neuf  ans  après ,  le  même  Empereur  fit  dédier 
cette  Eglife ,  à  laquelle  on  donna  le  nom  de  Martyrion,  c'eft-à-dire, 
lieu  de  martyre ,  o\i  de  témoignage ,  parce  que  Jesus-Christ  y  avoit 
fouiïert  le  plus  cruel  des  fourmens,  8cyavoit  témoigné  l'excès  de 
fon  amour  pour  les  hommes.  En  61  f.  Chofroës  II.  Roi  de  Perlé 
s'empara  de  la  Judée,pilla  la  ville  de  Jerufalem,  détruifît  l'Eglife  du 
S.  Sépulcre ,  &.  emporta  la  vraye  croix.  Mais  l'Empereur  Hera- 
clius  vainquit  cet  Infidèle  douze  ans  après ,  Se  l'obligea  à  rendre 
cette  fainte  croix  qu'il  reporta  lui-même  fur  fes  épaules,  8c  lapofa 
au  même  endroit  duCalvaireJ'an  628.  Il  donna  ordre  enfuiteà  l'E- 
vêque Modefte ,  fucceflèur  de  Zacharie ,  de  faire  rétablir  l'Eglife. 
Mais  à  peine  le  bâtiment  fut-il  commencé  que  les  Arabes  fe  rendi- 
rent maîtres  delavillede  jerufalem.  Néanmoins,  à  la  faveur  de 
l'Emperevur  Conftantin  Monomaque ,  les  Chrétiens  obtinrent  la  per- 
niiiTion  de  rebâtir  le  Saint  Sepulcre,8c  les  autres  Eglifes.Ce  qu'ils  fi- 
rent vers  l'an  1 044.L' Archevêque  deTyr  dit  dans  fonHiftoire,qu'ils 
ne  bâtirent  que  la  Rotonde,  qui  couvre  8c  enferme  le  S.Sepulcre ,  8c 
que  Godefroi  de  Bouillon  I.  Roi  de  Jerufalem  fit  rétablir  en  1099. 
le  chœur  que  l'on  voit  aujourd'hui.  *  Doubdan,  Voyage  de  laler- 
re  Sainte.  SU  P. 

C  A  L  V I ,  ville  d'Italie  dans  la  terre  de  Labour  au  royaume  de 
Naples  ,  avec  Ëvêché  fuf&agant  de  Capouè'.  Les  Anciens  l'ont 
nommée  Cales ,  8c  ont  prétendu  qu'elle  avoit  été  bâtie  par  Calais 
fils  de  Borée.  Elle  eft  àcinqou  fix  lieues  de  Capouë.  "Tite-Live, 
Ciceron ,  Virgile ,  Horace ,  8cc.  parlent  de  Calvi.  Les  François  8c 
les  Turcs  l'afliegerent  inutilement  en  ij'fj'. 

CALVI,  Ville'de  l'iae  de  Corfe ,  aux  Génois.  Elle  eft  fituée 
fur  la  mer  ,  où  elle  fait  à  l'Occident  de  cette  ifle  un  golfe  dit 
Golfodi  Calvi.  La  Ville  a  un  bon  port  avec  une  forterelTe  conlide- 
rable. 

CAL  VI,  (Lazaro)  Peintre  de  Gènes,  étoit  en  eftime  dans  le 
XVI.  Siècle.  Marciano  Calvi  de  Santa  Agatha  en  Lombardie  s'étant 
venu  établir  à  Gènes ,  y  eut  Agoftino  Calvi  Peintre  de  peu  de  ré- 
putation ,  8c  Agoftino  fut  père  de  Lazaro ,  qui  naquit  en  1 5-0 1 .  Ce- 
lui-ci apprit  à  peindre  dans  le  palais  du  Prince  Doria  fous-Perino 
del  Vaga.  C'étoit  un  efprit  ardent ,  beaucoup  attaché  au  travail , 
mais  fi  furieufement  jaloux ,  que  prenant  garde  que  Jacques  Bar- 
gone  jeune  Peintre  le  furpaffoit  dans  fes  deflèins,  il  refolut  de  s'en 
défaire.  Voici  comme  il  s'y  prit.  Un  foir  foupant  avec  Bargone  8c 
fept  ou  huit  autres  Peintres  de  leurs  amis ,  Calvi  But  fur  la  fin  du  re- 
pas dans  une  bouteille  remplie  de  vin ,  qu'il  préfenta  à  fes  camara- 
des ,  8c  quand  ce  fut  à  Bargone  à  boire ,  il  lui  doima  une  bouteille 
dans  laquelle  il  avoit  mis  du  fel  8c  d'autres  drogues  qui  lui  firent  per- 
dre l'efprit.  Calvi  avoit  auffi  foin  de  fe  ménager  des  amis  fidèles , 
qui  applaudiflbient  à  tout  ce  qu'il  faifoit. Mais  le  Prince  Doria  ayant 
employé  divers  Peintres  pour  peindre  l'Eglife  de  S.  Matthieu ,  fans 
y  mettre  Calvi  du  nombre,  il  en  eut  tant  de  dépit,  qu'il  renonça 
à  la  Peinture  8c  porta  les  armes.  Quelque  tems  après  fes  amis  l'obli- 
gèrent de  reprendre  fes  pinceaux.  Il  le  fit  avez  affez  de  réputation, 
8c  il  ne  mourut  qu'en  1607  .âgé  de  i  oy.  ans ,  ne  laifîànt  qu'une  fille, 
qu'il  avoit  mariée  richement.  *  Confultez  Rafaël  Soprani ,  in  Vite 
de'  Fit.  Genou. 

CALVI,  (Pantaleon)  frère  de  cet  autre ,  qui  étoit  auifi  Pein- 
tre aflèz  célèbre ,  lequel  mourut  en  15-87.  âgé  de  84.  ans.  Tl  laif- 
fa  quatre  fils  tous  Peintres ,  mais  dont  les  ouvrages  n'ont  égalé  ni 
ceux  de  leur  père,  ni  ceux  de  leur  oncle,  *  Rafaël  Soprani,  in  Vite 
de' Fit.  Genou. 

G  AL  VIDA,  Roi  des  Scythes,  fils  de  Gnure,  régna  conjoin- 
tement avec  fon  frère  aine  nommé  Saiilie ,  Se  régna  i'eul  après  la 
mort  de  ce  frère.  Les  Hiftoriens  aflurent  que  Calvida  n'eut  point 
de  part  à  la  mort  d'Anachariis  fon  frère  cadet,qui  fut  tué  par  Saiilie. 
''Suidas.  S UP. 


CAL 

0^  Càlvida  étoit  du  tems  deSolon,8cpar  confequentduten'<l 
deCyrus  ou  peu  auparavant.  C'eft  ce  qui  nous  porteroit  à  croire 
que  Thomyns  étoit  femme  de  Calvida  ;  qu'elle  régna  après  lui  ;  8c 
que  fon  fils  unique  nommé  Sargapifes  ayant  été  tué  parCyrus,com- 
me  Juftin  le  rapporte ,  elle  rendit  la  couronne  par  fa  mort  au  fils  de 
Saiilie  nommé  Idathyrfe.  Voyez  Saiilie.  SUP. 

CALVIN,  (Ignace)  Hiftorien.  On  ne  fçaitpas  en  quel  tems 
ilavécu.  Il  aécritun  Ouvrage,  qui  eft  cité  par  Plme,/».  10.  £-.'48. 
Plufieurs  Romains  ont  porte  le  même  nom,comme  Domitius  Cal- 
vinus,  Conful,  8cc.  dont  je  parle  ailleurs. 

CALVIN,  (Jean)  étoit  deNoyon  ville  de  Picardie,  où  il  nâ- 
quhle  lo.Juilletde  l'an  ij-op.  Son  père  Gérard  Cauvin  étoit  de 
Pont-l'Evêque  petit  village  près  deNoyon,  8c  fa  mère  nommée 
Jeanne  Franque  ou  le  Franc  etoit  fille  d'un  Hôte  de  Cambrai.  Ils 
eurent  fix  ent-ans,8c  ils  deftinerent  Jean,qui  étoit  despuînez,à  l'E- 
gUfe,  lui  procurant  des  benefices.Car  il  eut  la  Prébende  ou  Chapelle 
de  Nôtre-Dame  de  la  Geline  dans  l'Eglife  de  Noyon ,  8c  puis  la  Cu- 
re de  Pont-l'Evêque ,  mais  il  eft  fur,  qu'il  ne  fut  jamais  ni  Prêtre  ni 
Chanoine  de  la  même  Eglife  de  Noyon.  Gérard  Cauvin  avoit  d-ux 
frères  à  Paris ,  où  ils  avbient  boutique  de  Maréchaux ,  l'un  nommé 
Richard  Cauvin  demeuroit  près  de  Saint  Germain  l'Auxerrois ,  8c 
l'autre  nommé  Antoine  demeuroit  près  de  Saint  Merry.  Il  leur  re- 
commanda fon  fils,  lequel  ayant  un  admirable  génie  pour  les  Let- 
tres ,  il  l'envoyoit  en  cette  ville ,  où  il  étudia  dans  les  Collèges  de  là 
Marche  ou  de  Vuinville,  8c  dans  celui  de  Montaigu ,  fousMaturin 
Cordier.  Il  y  fit  un  fi  grand  progrès  dans  la  Langue  Latine  8c  dans 
la  Philofophie ,  qu'il  s'y  acquit  beaucoup  de  réputation.  Quelque 
tems  après ,  il  alla  à  Orléans  pour  y.étudier  en  Droit  fous  Pierre  l'E- 
toile connu  fous  le  nom  de  Petrus  Stella ,  8c  le  mérite  d'André  Alciat 
l'attka  à  Bourges,où  il  étoit  Profeiîeur  en  Jurifprudence.  Ce  fut  en 
cette  ville  qu'il  apprit  la  Langue  Grecque  ibus  Melchior  Wolmar , 
Allemand  natif  de  Rothwyl.avee  lequel  Calvin  fit  une  étroite  ami- 
tié. Marguerite ,  Reine  de  Navarre  8c  Ducheffe  de  Berry ,  l'avoit 
fait  venir  à  Bourges.où  il  étoit  Profefleur  en  Langue  Grecque ,  8c 
comme  il  étoit  Lutherien,ilenfeignoit  autant  cette  doârine  que  le; 
Grec.  Calvin  avoit  déjà  du  panchant  pour  cette  même  doârrine  , 
il  s'y  attacha  encore  davantage.  Enfuite,  ayant  appris  la  mort  de 
fon  père  il  revint  à  Noyon  ,  8c  comme  il  avoit  de  grands  talens  pour 
écrire  8c  pour  parler,  8c  qu'il  étoit  prévenu  de  fon  mérite,  car  en 
effet  il  n'en  manquoit  pas ,  il  revint  à  Paris  y  chercher  dequoi  s'é- 
tablir plus  avantageufement.Avant  que  de  partir  de  chez  lui ,  il  ven- 
dit fes  deux  bénéfices ,  l'un  à  Antoine  Marher,8c  l'autre  à  Guillau- 
me du  Bois  dit  Bo//»j  ,  qui  iffuivit  depuis  à  Genève.  Calvin  étant» 
Paris  y  étudia  quelque  tems  en  Théologie  ,  8c  continua  d'appren- 
dre les  Langues  Hébraïque  8c  Chaldaïque,qu'il  avoit  déjà  commen- 
cé d'étudier  à  Bourges.  Cependant,  comme  il  avoit  beaucoup  d'ef. 
prit,  qu'il  parloitbien,8c  qu'il  commençoit  à  débiter  fes  nouveau- 
tez,  on  le  préfenta  à  la  Reine  de  Navarre  fœur  du  Roi  François  I; 
8c  cette  Princeflè ,  qui  avoit  un  grand  panchant  pour  ces  opinions 
nouvelles ,  l'écoutoit  favorablement.  Mais  fon  bonheur  ne  dura 
paslong-tems:  Jean  Calvin  fut  obligé  de  fortir  de  Paris,foit  que  ce 
fût  parce  que  le  Roi  avoit  donné  ordre  d'en  chaflèr  tous  les  Luthé- 
riens, qui  eft  le  nom  qu'on  donnoit  alors  à  tous  ceux  qui  s'atta- 
choient  aux  nouveautez  dans  les  chofes  de  la  Religion.  Il  avoit  alors 
publié  des  Commentaires  fur  les  livres  de  la  Clémence  deSeneqiie,{o\xi 
le  nom  de  Calvinus,(]yi\  étoitRomain,Sc  qu'il  a  toujours  gardé  ;  bien 
que  celui  de  fon  père  fût  Cauvin ,  comme  je  l'ai  dit.  IlpaiTa  dans 
rAngoumois,8c  s'arrêta  à  Angoulême,  où  il  prit  le  nom  de  Depar- 
çan  ou  de  Happeville,&c  y  fubfifta  avec  le  fecours  de  la  Langue  Grec- 
que qu'il  enfcignoit ,  d'où  il  fut  furnommé /«;>«/>  Grec.  Louis  da 
Tillet  Chanoine  de  cette  ville  8c  Curé  de  Claix ,  avoit  de  la  confide- 
ration  pour  Calvin,8c  fournit  à  fon  entretien.  Il  le  fuivit  même  en 
Allemagne,  oùjean  du  Tillet  fon  frère  le  fut  prendre  8c  le  ramena 
en  France.  Pour  Calvin ,  il  s'arrêta  quelque  tems  à  Bâle ,  8c  Bucer 
l'ayant  préfenté  à  Erafme,  ce  grand  homme  qui  fe  connoiflbit  affez 
en  gens,  s'étant  entretenu  avec  lui  de  la  Religion ,  dit  hautement 
que  l'Eglife  avoit  élevé  en  la  perfonne  de  ce  jeune  homms  une  pefte 
quiluiferoit  fatale.  (Ce  fait  n'eft  tiré  que  deFlorimond  de  Rai- 
mond,  qui  eft  un  faifeur  de  Roman ,  8c  qui  met  cette  pointe  dans  la 
bouche  d'Erafme  :  video  oriri  magnam  pefiem  in  Ecclejia  contra  Eccle- 
Jiam.Culvin  n'étoit  déjà  plus  dans  l'Eglile  Catholique  Romaine  en 

I  f  34.8c  quand  ii  y  auroit  été,il  n'y  auroit  rien  dans  ces  paroles  de  di- 
gne du  génie  d'Erafme,  puis  que  tous  lesHéretiques  fontfortis  de 
rEglilë,8c  qu'il  n'y  a  rien  là  qui  couvienne  particulièrement  à  Cal- 
vin.)Il  ne  fe  trompa  pas.Calvin  revint  encore  enFrance,8c  comrhen- 
ça  à  publier  fes  nouveautez  à  Poitiers,à  Angoulême,8c  à  Bourdeaux. 

II  avoit  des  partifans  qui  ttavailloient  a  lui  faire  des  créatures. 
[Ceci  eft  faux,  voyez  M.Bajle.]  Les  plus  zelez  étoientVeron.le  Ra- 
tnaflcur,  8c-Bonhomme,qui  alloient  de  tous  cotez  foUiciter  lesReli- 
gieux  8c  les  Religieufes  à  Ibufcrire  aux  fentimens  de  ce  nouvel  Apô- 
ne,  qui  leur  permettoit  de  fe  marier.  Ils  cbantoient  une  certaine 
chanfon,  que  Calvin  avoit  lui-même  compofée,avec  ce  refrain:  O 
MoinesMomes,iliJoui  faut  marier. Cœlienarmm  glorinmDei. Mzh  cvzi- 
gnant  d'être  pris  il  fe  retira  durant  quelque  feras  àNeracoù  il  étoit 
fous  la  proteâiion  de  la  Reine  de  Navarre,  8c  enfuite  il  revint  à  Bâle, 
où  il  publia  fesLivres  des  inftitutions  en  i  fjj-.s'étant  fervi  des  lieux 
communs  de  Melanchthon,d'Oecolampade,8t  de  quelques  auttes 
pour  les  compofer.Ce  fut  en  cette  occaiion  qu'ayant  fait  l'anagram- 
me de  fon  nom, il  trouva  celui  d'Alcuin.dont  il  fe  fervit  pour  orner 
cet  Ouvrage  qu'il  dédia  au  Roi  François  I.Mais  il  n'eut  pas  à  la  cour 
tout  l'accueil  8c  le  fuccès  que  les  amis  des  nouveautez  en  atten- 
doient.Calvin  efperoit  d'y  être  bientôt  rappellé,il  i'e  trompa  en  cela, 
comme  en  bien  d'autres  chofcs.Pour  fe  confoler  de  ce  malheur ,  ii 
rélolutdepafler  en  Italie  chez  la  Ducheffe  de  Fcrrare,  fille  du  Roi 
Louis  XII.  Elle  protbgeoit  les  Proteftans.  Calvin  y  reprit  fon  ù.n- 
cimnoxn  àt  Happevi'Xe  iCis  il  y  avoit  du  danger  de  fe  faire  connol-' 

tre. 


tre.  il  fiit  bien-tôt  las  de  Ferrare ,  il  revint  en  FraiicCj  &  paîlàiitran 
ïfj6.  par  occalion  à  Genève ,  où  Guillaume  Farel  &  Pierre  Viret 
ûvoient  commence  de  prêcher  les  opinions  des  Sacramentaires ,  on 
l'y  retint,&  il  y  reçutle  titre  de  Prédicateur  Sç  de  Doâcur.  Mais  ibn 
efprit  altier  n'ayant  pas  plii  à  quelques-uns  des  principaux  citoyens , 
ils  s'y  partagèrent  à  fonfujet.  Il  y  travailla  à  faire  une  confédéra- 
tion de  la  ville  de  Genève  avec  quelques  Cantons  des  Suiifes  &  prin- 
cipalement avec  celui  de  Berne,  Scil  prit  foin  d'accorder  ces  nou- 
velles Eglilès,!  dont  la  diviiionauroit  ruiné  leur  parti.  Ilyenavoit 
toujours  un  formé  contre  lui  dans  Genève,  d'oii  il  fut  obligé  de  for- 
itir  en  I  j-3 8.  &  Farel  fut  chaffé avec  lui.,  Calvin  vint  à  Bâle  &  puis  à 
Strasbourg,:  où  il  .publia  fes  Commentaires  fur  l'Epître  de  S.Paiil  aux 
Romains,  &  travailla  à  inftruire  ceux  qui donnoient dans iêsfen- 
timens,  8c  à  convaincre  grand  nombre  d'Anabaptiftes ,.  qui  s'étoient 
retirez  dans  cette  ville.  Entre  ces  derniers  ilyenavoit  un  de  Liège 
jiomméjean  §terder  ouSterdurius ,  quiavoit.une  femme  nommée 
Jdelette  de  Bure ,  '■  qui  étant  demeurée  veuve  devint  l'époufe  de  Cal- 
vin. BplfeC,  qui  a  écrit  la  Vie  de  Calvin,  rapportes  ce  fujetdes 
çhofes  allez,  particulières  ;  mais  peut-être  en  dit-il  trop.  [Bollècne 
dit  riend'Idelette. .  Voyez,  Mr.Bayh.  ]  iCalvin  n'eut  d'enfans  de  cette 
femme,  qu'une  fille,  qui  mourut  jeune  iScl'ayant  perdue  il  ne  fe 
voulut  plus  remarier,  non  qu'il  condamnât  les  fécondes  noces ,  mais 
parce  que  le  mariage  lui  étoit  contraire,  &  qu'une  femme  eft  fou- 
vent  un  grand  pbflacle  à  un  homme  de  Lettres;  Cependant,  il  fè 
trouva  aux  alTemblées  tenues  l'an  i  ^4 1 .  à  Wormes  8c  à  Ratisbonne , 
8c  de  là  il  revint  à  Genève ,  où  il  arriva  au  mois  de  Septembre.  Le 
parti  de  ceux  qui  l'avoient  fait  challèr  étoit  diffipé,  8c  fès  amis  fè 
trouvèrent  les  plus  puifTans  dans  cette  ville ,  où  il  pafîa  lerefte  de  fès 
jours,  aime'  8c  confideré  de  tous  ceux  defiSeâc.  Leplaiiirdefè 
voir  Chef  de  parti  flattoit  agréablement  fon  ambition  6c  fà  vanité. 
On  peut  dire  même  qu'il  y  facrifia  fon  repos ,  étant  toujours  dans  le 
travail  8c  continuellement  occupé  à  écrire.  Etant  de  retour  à  Genè- 
ve, ilydreflàunformulairedelàconfeflionde  foi,  de  la  difcipli- 
ne  Eccleliaftique ,  8c  du  Catéchifme,  àl'ufige  de  ceux  de  fà  Seéte.  II 
étoit  confulté  dans  toutes  les  aft'aires ,  on  s'en  tenoit  à  fès  dédiions , 
ildonnoitlamiirionauxMiniftresdefonparti,  8c  c'eft  avecrai.fbn 
que  divers  Auteurs  l'ont  appelle /eP«^e</eGé»e^'e.  Il  avoir  un  beau 
génie,  une  pénétration  d'efprit  admirable ,  ime  grande  délicatellè , 
beaucoup  d'éruditionjmais  il  manquoit  d'humilité  Chrétienne,  fans  ' 
laquelle  toutes  les  plus  belles  qualitez  de  l'efprit  8î  toutesles  vertus 
font  de  feuffes  vertus  8c  des  qualitez  nuifibles.  Cet  efprit  de  vanité 
ie  rendoit  furieufèment  opiniâtre  dans,  fès  fèntimens,  il  vouloit 
qu'on  fo.ufcrivît  aveuglément  à  ce  qu'il  avançoit,  êc  il  répondoit 
avec  aigreur  6c  avec  emportement  à  ceux  qui  ofoientle  contredire.  1 
Ce  caraélere  paroît  afTez  dans  fès  écrits,8c  on  y  voit  régner ^par  tout  1 
cet  efprit  piquant  8c  chagrin,  qui  pare  alTez  adroitement  les  coups  j 
qu'on  lui  porté,  mais  qui  s'évapore  en  injures  atroces ,  qui  mord 
iàns  raifon ,  8c  manque  enfin  de  cette  honnêteté  qui  eft  la  marque  du 
Chrétien  8c  de  l'honnête  homme.  Cette  humeur  chagrine  8c  fëve- 
re  le  rendoit  même  cruel,  8c  fiir-toutflirlafindefèsjoursi  Mi- 
chel Servet  Efpagnol  fit  expérience  de  la  cruauté  de  Calvin,  qui  le  fit 
brûler  en  if f3.  à  Genève.  Il  y  pubUoit  une  doâxine  contre  le 
myftere  de  la  Trinité,  8c  Calvin  entreprit  de  prouver  à  cette  occa- 
lion qu'on  peut  faire  mourir  les  Hérétiques.  Outre  le  Livre  des /»- 
ftitutwns  dont  j'ai  parlé  ,  il  a  laiflé  l'Harmonie  des  trois  premiers 
Evangiles,  des  Commentaires  fur  S.  Jean,  fur  les  Epitres  de  Saint 
Paul,  fiir  quelques  Prophètes,  8c  divers  autres  Traitez,  qu'on  a 
recueillis  en  IX.  volumes.  Il  a  auffi  écrit  contre  Servet ,  contre  Jes 
Anabaptiftes,  contre  les  Libertins  Quintinus  8c  Coppinus.  Dans  les 
dernières  années  de  fà  vie ,  il  devint  valétudinaire,  toujours  rêveur , 
mélancolique ,  8c  fotivent  incommode  à  fès  amis.  Il  fe  vit  attaquéde 
la  goûte,  des  heinorroïdes ,  d'une  fièvre  phtifîque,  d'une  difficulté 
de  refpirer,  de  la  migraine  i  d'une  perte  de  fàng,  8c  il  mourut  , 
dit-on,  maudilTant la penfée qu'il avoit eue  d'écrire  8c  d'enfeigner 
une  doâïine  qui  le  devoir  rendre  malheureux  pour  une  éternité. 
Ceux  de  fon  parti  n'en  parlent  pasainlî,  quoi  qu'ils  avouent  que 
Calvin  étoit  accablé  de  plufîeurs  fortes  de  maux.  Car  tous  ceux, 
qui  ont  travaillé  à  la  vie  de  Calvin,  en  ont  parlé  félon  les  intérêts 
&  les  mou  vemens  de  leur  amitié  ou  de  leur  haine.  Ceux  qui  font 
de  l'Eglifè  Prétendue  Réformée,  lui  domient  toutes  fortes  d'élo- 
ges, 8c  lui  attribuent  de  grandes  vertus;  Au  contraire  les  Catho- 
liques le  déteftent  comme  un  Hérefiarque ,  qui  a  introduit  le  fchis- 
ine;  8c  ils  ont  raifbn  de  ne  pas  reconnoître  en  lui  tous  ces  grands 
talens  que  Théodore  de  Beze  lui  donne  dans  l'Abrégé  de  fa  Vie 
qu'on  voit  à  la  tête  de  fes  Ouvrages.  Il  n'y  parle  que  de  fès  viâoires 
&c  de  fès  triomphes  ,  quoi  que  fès  avantages  ne  fbient  pas  auffi 
.confîderables ,  qu'il  prétend  nous  le  faire  accroire.  A  la  vérité  Cal- 
vin étoit  fça  vaut ,  mais  il  a  très-mal  employé  fafcience.  Il  faut 
avouer  de  même  qu'il  étoit  extrêmement  laborieux  8c  tout-à-fait 
definterefTé ,  mais  iln'eft  pas  auffi  facile  de  lejuftifier  de  l'ambition 
que  de  l'avarice  ,  je  l'ai  déjà  remarqué.  Il  mourut  le  17.  Mai 
€n  ij-64.âgé  de  cinquante-quatre  ans,  dix  mois ,  Se  dix-fèpt  jours. 
De  Thou,  à  qui  ceux  dupai-tideCalvinnedéplaifoientpas,  par- 
le ainli  de  cette  mort  fous  l'an  15-64.  après  avoir  parlé  de  celle  de 
l'Empereur  Ferdinand  :  Unpeu devant , dit-il ,  yeanCahindeNoyon 
enVermandois ,  ferfinnage  dun  efprit  vif  ^  I une  grande  éloquence, 
t^  parmi  tes  Vroteftans  Théologien  de  grande  réputation,  étoit  mort  le 
3.0.  Mai,  ayant  été  travaillé  durant  fept  ans  de  diverfes  maladies. 
"Néanmoins  iln'enfutpas  moins  afpdudansfa  charge ,  ^  cela  ne l'emfê- 
(ha  jamais  d'écrire  i  II  mourut  à  Genève,  où  il  avoit  enfeigné  vingt- 
trois  ans  de  fuite,  d'une  difficulté  de  refpirer  ,  âgé  de  cinquante-fx 
ms  prefque  accomplis.  *  Papire  MafTon,  Jérôme Bolfec,  6c Théo- 
dore de  Beze,  in  Vita  Calv.  Florimond  de  Raimond  ,  Surius, 
Sponde  ,  Fevardent  ,  Opmeer,  Jaques  Lanigey  ,■  Sleidan,  De 
Thou,  Melchior  Adam,  Dupleix,  Mezerai,  gcc. 
CALVIN  (Jean)  Il  en  eftparlé  amplement  dans  l'article  pré- 


/     ...  .    , \   C~AL  i_^ 

cèdent  ,/rnakçe.q\ïe  l'on  envadirejiedépIairapasiuxOnrieux.So'îi 
père  fut  Gérard  (3au.vin,fils  d'unBateliisr  (A  Tonnelier-  de.  Pont-l'E- 
vêque  près  dt;  Npyon.i  8c  iâ.mei£:;  J^imc  le  Franc ,  -fillo  d'un  Ca- 
baretier  dç. Cambrai ,  qui  s'étoit  vcnjn  habituer  à  Noyon ,  auffi-bieii 
queOciârdfon  gendre ,  lequel  .fat-ipiGlque  tems  Coinmis  dans  les 
termes ,  8c  devint  enliiiteProcurcui-  Fifcal  du  Comté  de  Noyon,8c 
Secrétaire  de  l'Evêché.  Jean  Cauvin  fut  envoyé  à  Paris  par  fes  pd- 
rens,quileTccommanderent  à  liichardCauvinSerrurierdemeurani: 
en  laru.e  de  S.jGetmam  de  l'Auxerrois.  Ce  bon  Artifan ,  qui  a  tou- 
jours pa-Mé  dans  la  foi  Catholique,  luifit faire  fes  Humanités ati 
Collège  de,  la,  Marche ,  8c  fon  cours  de  Philofophie  au  Collège  dé 
Montaigu.Il  avoit  été  pourvu  dès  l'âge  d'onze  ans  de  la  Chapelle  de 
Nôtre-Dame  de  la  Geline  dans  l'EgHfe  de  Noyon,8c  avoit  obtenu  ^ 
dix-huit  ans  laCure  de  Maitevilie.qn'ii  permuta  deux  ans  après  avec 
celle  de  Pont4'£vêque  près  de  Noyo.'i.Son  père  néanmoins  ne  vou- 
lut pas  qu'il  étudiât  en  Theologie;8c  l'envoya  à  Orléans  pour  y  évaH 
dier  en  Droit,  fous  le  fçavant  Profeflèur  Pierre  de  l'Etoile.,,  qui  fii't 
depuis honoréd'une charge.de  Préfîdentau  Parlement. -De  là,  fani 
avoir  pris  aucun  degré ,  il  futà  Bourges  pour  y  entendre  le  célébra 
j  JurifconfulteAlciat,qui  lifoit  ^vec  un  concours  extraordinaire  dânS 
\  cette  Univérfite ,  la  plus  flôHlTânte  qui  t«t  alors  en  France  pour  lé 
Droit.  Il  avbitdéja  pris  à  Paris  quelque  teinture  de  l'herefie ,  qui  lui 
j  fut  infpirée  parfon  alliéRobert01i.rcrân:mais  ce  fut  à  Bourges  qu'il 
-acheva  de  fè  gâter  l'efprit  par  li  .'grande  communication  .qu'il  eut 
I  avec  Melchior  Wolmar  Al.lemand,Profeflèur  de  la  Langue  Gréquei 
lequel  étoit  Luthérien,  quoi  qu'il  contrefît  encore  le  Catholique. 
Calvin  apprenoit  en  même  tems  la  Langue  Gréque,  l'Hébreu,  8c 
le  Syriaque,  pour  s'adonner  à  la  leéhire  de  l'Ecriture  Sainte  5  §c 
J  s'inltruif ànt  dans  la  do6trine  de  Luther  8c  de  'Zuingle ,  il  alloit  fbu- 
vent  faire  l'apprentifîàge  de  fes  prêches  aux  environs  de  Bourges,  8c 
■  fur-toùtà  Lignieres ,  où  le  Seigneur  du  lieu  prenoit  plaifir  à  l'enten- 
dre. Ainfi  comme  il  s'appliquoit  à  tant  de  chofes,  il  ne  fe  rendit  pas 
I  fortfçavant;  8c  Théodore  de  Beâe  fon  grand  Panegyrifte  avoue 
lui-même  quç  Calvin  n'étudia  jamais  en  Théologie.  C'eft  pour- 
quoi ceux-là  fè  trompent,  qui  s'imaginent  que  la  diftérence  qu'il  y 
a  entre  Iterelie  de  Luther  8c  celle  de  Calvin ,  c'eft  que  la  première 
eft  matérielle 8c groffiere ,  8c l'autrefubtile  8c fpirituelle ,  car' c'eft 
tout  le  contraire,  Luther  étoit  Doâeut  en  Theologie,6c  habileDoe- 
teur:  mais  Calvin  ne  fut  jamais  Théologien,  il  fçut  feulement  lé 
Droit  Civil  Se  les  Langues.  .  .    ■ 

Après  la  mort  de  fbn  père,  il  s^'en  retourna  à  Nbybn,  &  y  vendit 
fes  deux  bénéfices,  puisenij-jz.  il  revint  à  Paris ,  où  n'ayant  en- 
core qu'environ  vingt-quatre  ans,il  fit  imprimer  un  aflèz  beauGom= 
mentaire  fur  les  deux  Livres  que  Seneque  a  faits  de  la  Clémence.  Ce 
fut  alors  qu'ayant  mis  fon  nom  en  Latin  Calvinus  au  titre  de  fon  Li= 
vre,  on  l'appella  Calvin.  Il  fe  mit  après  à  dogmatifèr  fecretement 
dans  les  maif bns,  8c  eut  en  1 5-3  3 .  un  grand  commerce  avec  Nicolas 
Cop,  Reûeurdel'UniverfitedeParis,  .lequel  étoitdelanouvelle 
Seâe,  quoi  qii'il  parût  Catholique.  Le  Lieutenant  criminel  Jean 
Morin  voulut  fe  faiiir  de  fa  perfonne ,  mais  étant  allé  au  Collège  du 
Cardinalle  Moine ,  où  il  logeoit ,  il  trouva  qu'il  s'étoit  évadé  par  là 
fenêtre,  d'où  il  s'étoit  coulé  à  bas  avec  les  draps  du  lit ,  qu'on  y  trou" 
va  encore  attachés.  Calvin  s'étant  ainfi  fauve ,  fe  retira  à  Angoulê- 
me,  où  ayant  fèduit  l'efprit  du  Chanoine  Louis  du  Tillet,  ilcom- 
pofa  dans  fa  maifbn  à  Claiz ,  dont  ce  Chanoine  étoit  Curé ,  la  plus 
grande  partie  de  fon  IniUtution.  Du  Tillet  revint  de  cet  égarement 
par  les  remontrances  de  fon  frère  Jean  du  Tillet,  ce  célèbre  Greffier 
du  Parlement  ;  de  forte  que  Calvin  étant  abandonné  de  fbn  Patron» 
&  n'ofant  plus  fe  monti-er  à  Angoulême,  en  alla  chercher  d'autres  à 
Poitiers.  Il  y  fèduiiit  plufîeurs  Officiers  du  Préfidial ,  8c  quelques 
Doéteursdel'Univerlité,  entr' autres  un  Profeffeur en  Droit,  qui 
abandonna  fà  chaire  pour  aller  prêcher  de  ville  en  ville  la  doftriné 
deCalvin,8c  fefit  s.^-pe\ki  Bonhomme.  On  lui  donna  àufTi  le  nom 
deMinifire,  paîce  qu'auparavant  fàprofeffion  étoit  de  lire  le  Droit  ■ 
dans  la  Miniflrerie  (c'eft  ainii  qu'on  appelle  l'école  de  Droit  à  Poi- 
tiers:) 8c  de  là  eft  venulenomdeM(»//^?-e,  qui  a  été  depuis  com.. 
mun  à  tous  les  Prédicateurs  de  la  Religion  Prétendue  Reformée. 

Calvin  voyant  qu'il  n'y  avoit  pas  de  fiireté  pour  lui  en  France ,  fe 
fàuvaàBâle,  où  il  acheva  fbn  Inftitution,  qu'il  eut  la  hardiefîè  de 
dédier  au  Roi  François  I.  Mais  cela  ne  fervit  qu'à  augmenter  la  ri- 
gueur des  ordonnances  contre  les  Hérétiques.  Il  pafïà  enfuite  les 
Alpes ,  8c  fè  rendit  à  la  cour  du  Duc  de  Ferrare ,  pour  attirer  à  fbii 
parti  la  Duchelfe ,  qui  protegeoit  ouvertement  les  Luthériens.  Il  fè 
déguifa alors ,  prenant  l'habit  d'unEcclefiaftique,8clefurnomde 
Hafpeville  :  mais  craignant  d'être  mis  à  l'f  nquilition,il  ne  demeura 
pas  long-temps  auprès  de  cette  DucheiTe,  dont  il  achevanéanmoins 
de  pervertir  l'e:^rit.  S'étant  évadé  de  Ferrare,  il  vint  à  Genève, 
où  Guillaume  Farel  le  reçut  avecjoye.  En  tf^6.  Ils  partagèrent 
entr'eux  les  emplois  de  leur  miniftere.  Farel  continua  fès  prêches,  8e 
Calvin ,  qui  n'avoit  nulle  grâce  à  parler  en  public ,  fè  chargea  d'y  en- 
fëigner  la  Théologie ,  quoi  qu'il  ne  l'eût  j  amais  étudiée.  Mais  com- 
me ils  entreprirent  d'établir  des  nouveautés  qui  ne  plaifôient  pas ,  8c 
qu'ils  ne  voulurent  pas  fe  conformer  à  l'ufage  de  Berne ,  qui  etoit  dé 
communier  avec  des  hofties;  les  Bernois  firent  en  forte  auprès  des 
Syndics,qu'on  les  bannit  par  arrêt  comme  fèditieux,l'an  i /3  S.Après 
quoi  Farel  fe  retira  à  Neafchâtel,8c  t  al  vin  à  Strasbourg,où  il  obtint 
permilTion  de  dreffer  une  Eglife  à  fa  mode  pour  les  François  qui  s'f 
étoient  réfugiez,  8c  d'y  enfeigner  fa  Théologie.  Ce  fut  là  qu'il  revit 
fon  Inftitution  Chrétienne;  qu'il  publia  fon  Commentaire  fur  l'E- 
pitre  aux  Romains  ;  8c  on  dit  qu'il  époufà  la  veuve  de  Jean  Sterder 
Anabap'tifte,  Il  alla  enfuite,  avec  Bucer  8c  les  autres  Députés ,  à  la 
conférence  de  Wormes ,  en  1 5-40 .  8c  puis  à  celle  de  Ratisbonne. 

Quelque  tems  après ,  il  fut  rapellé  à  Genève ,  où  il  établit  fà 
do&ine  8c  fadifcipline  en  15-41.  A  l'égard  de  fà  doftrine ,  on  ne 
peut  douter  qu'il  n'ait  fuivi  celle  des  Vaudois,  particulièrement  en 
ce  iju'il  dit  qu'il  n'j  a  dans  la,Cenedu  Seigneur  que  du  pain  8c  du 

m» 


G  AL  1       .  CAL 

balançoit  alors ,  comme  il  fit  affés  long-tems ,  entre  Zuingle  8c  Lu- 
ther ,  tenant  quelque  chofe  de  tous  les  deux  :  ce  qui  fit  que'ceux,qui 
avoient  eu  communication  avec  lui ,  fe  nommèrent  Luthero-Zuin- 
gliens ,  pour  ne  fe  pas  ruiner  les  uns  les  autres  par  la  diverfité  de  leurs 
dogmes.  Ainli  en  peu  de  tems  l'Univerfité  deParisfe  trouva  rempUel 
d'etrangers,qui  s'iniînuerent  dans  les  maifons  des'perfonnes  de  qua-* 
lité ,  &  fe  donnèrent  la  liberté  d'interpréter  la  Bible  félon  leur  fens, 
qu'ils  prétendoient  être  conforme  au  Grec  &  à  l'Hébreu.  L'Evêque! 
de  Meaux,nommé  Guillaume  Briçonnet,fe  laifla  iurprenclrepar  ces 
nou  veaux  Do'fteurSjSc  voulut  avoir  auprès  de  klïqâélques-uns  de 
ceux  qui  avoient  le  plus  de-téputâtion ,  fçaVoir  Guillâuriie  Farel  de 
DauphinévJacquesFabriouleFevre,  Arnaud  RouflèUSc  Gérard 
Rouiîèl  de  Picardie.  Ces  quatre  femerent  adroitement  leurs  erreurs 
dans  le  diocefè  de  Meaux;6c  comme  Je  defordre  qu'ils  y  caufoientft 
fit  bientôt  connoître.leParlementdeParisnommadesCommiflàireS 
pour  informer  contre  ceux  qui  en  étoicnt  les  Auteurs  :  ce  qui  «pcfjii 
vanta  ces  premiersMiniftresdel'hérelie,  lefquelslelauverentcn  Al», 
iemagne.  Cependant  les  Informations  ayant  été  fâitesje  Parleméiit 
rendit  un  Arrêt  en  i  j-iy ,  par  lequel  il  décréta  ptife  de  corps  contre 
ceux  qui  étoient  nommés  dans  les  Informations.    Gfette-lîërèfie  rit 
laiiTapasde  faire  de  nouveaux  progrès,  principalement  dans  Paris", 
par  la  protedtion  qu'on  trouva  moyen  de  lui  donner  à  laCour  auprès 
de  la  Duchelfe  d'Alençon.Maf  guérite  de  Valois,fœur  de  François  I, 
laquelle  fut  mariée  depuis  àHenrid' A  Ibret,  Roi  de  Navarre.  Cette 
Princeffe  étant  allée  en  Bearn  avec  le  Roi  fon  époux  reçut  à  fa  Cour 
plulleurs  de  ceux  qui  fuyoient  les  pourfuites  de  lajuftice,entr'aurres 
GerardRouflèl.qu'elle  prit  pour  fonDireâ:eur,&  le  fit  Abbé  de  Clai- 
rac  &  puis  Evêque  d'OleronJui  donnant  ainfi  le  moyen  de  jetter  ea 
Bearn  les  fondemens  de  l'hérefie ,-  qu'on  acheva  d'y  établir  après  fa 
mort.  Car  durant  fa  vie  il  ne  fijt,à  proprement  parler,ni  Zuinglien, 
ni  même  Luthero-Zuinglien ,  Se  beaucoup  moins  Catholique.quoî 
qu'il  affeftât  de  le  paroître.  Cet  Evêque  Hérétique  acheva  de  gâter 
l'efprit  de  la  Reine  de  Navarrejaquelle  venant  fouvent  à  Paris  tâcha 
de  gagner  le  Roi  François  L  en  faveur  desNovateurs ,  qu'elle  louoit 
fans  ceife  en  fa  préfence,comme  des  gens  de  bien,8c  très-fçavans.En 
I  j-J  3 .  elle  mena  le  Roi  au  Sermon  du  Curé  de  Saint  Euftache,  nom* 
mé  le  Coq ,  qui  prêcha  affés  clairement  le  dogme  de  Z,uingle  tou- 
chant le  faintSacrement ,  le  déguifant  néanmoins  fous  des  expref^ 
Seigneurie  de  Genève ,  lequel  fut  envoyé  à  Noyon  pour  informer    fions  équivoques.Ce  qui  ayant  un  peu  ébranlé  le  Roi,les  Cardinaux 
de  la  vie  de  Calvin.  Mais  les  Proteftans  s'infcrivent  en  faux  contre  '  dcLorraine&deTournon  obligèrent  ce  Curéàferetraéterpubli- 
cette  pièce ,  parce ,  difent-ils ,  qu'on  ne  trouve  rien  de  cela  ni  dans  j  quement  &  en  préfence  de  faMajefté.La  cabale  que  l'on  avoit  faite  à 
les  Regifbes  du  Chapitre  de  l'Eglife  Cathédrale  que  l'on  fauva  de    laCourneferalentitpaspourcemauvaisfuccès,  &laRe^nedeNi'• 
^embrafement  arrivé  en  iffi-  ni  dans  les  Informations  très^exac^   varre  eut  encore  l'adreffe  deperfuaderaFrancoisI.de  faire  venir  àPa- 
tes  qu'on  en  a  faites  à  Noyon  de  nos  jours.  Ilsdifent  que  cette  opi-  ris  Philippe  Melanchthon ,  dontelle  lui  parla  comme  d'unhomme 
nion  commune  eft  fondée  fur  ce  qu'un  autreJeanCauvin  fon  neveu,   paifîble  &  d'efprit  doux ,  qui  pourroit  utilement  travailler  avec  les 
Chapelain  de  la  même  EgUfe  *  ne  s'étant  pas  corrigé  après  quelque    Théologiens  Catholiques  au  rétabliffement  de  l'ancienne  police  de 
châtiment  qu'ilavoit  reçu  pour  fon  incontinence,  fut  privé  de  fon   l'Eglife.Mais  le  Cardinal  de  Tournondefabufa  le  Roi,&  lui  fit  révff- 
bénéfice ,  comme  on  le  marque  dans  les  Regiflres  de  ceChapitre:  ce  |  quer  la  permifTion  qu'il  avoit  donnée  à  Melanchthon  de  venir  à  la 
qui  n'arriva  que  long-tems  après  que  Calvin  fut  forti  du  royaume,    j  Cour  .Ce  Prince  ordonna  en  i  j-jf.qu'on  fit  la  plus  majeftueufe  &  la 
Pour  rendre  juflice  à  la  verité.il  faut  convenir  que  cetHérefiarque  !  plus  dévote  proceifion  que  l'on  ait  j  attiais  vue  dans  Paris .  Tous  les; 
aVOit  beaucoup  d'efprit  6c  d'éloquence.  On  dit  qu'il  relifoit  tout  fon  '  OrdresReligieux,tout  leClergé  de  toutes  les  Eglifes,le  Chancelier.Sc 
Ciceron  chaque  année ,.  pour  cultiver  fonftyle  ;  quoi  qu'au  juge-  |  tout  leConfeil,leParlement  en  robes  rouges.la  Chambre  des  Comp- 
mentdePapireMaironilreffembleplusàcelui  de  Tacite  8c  de  Se-  |  tes,&  les  autres  Compagnies,laVUle,8c  tous  les  Officiers  y  afliflerent 
neque,  qu'au  flyle  de  ce  Prince  des  Orateurs.  Il  étoit  infatigable  au  :  chacun  en  fon  rang,  L'Evêque  de  Paris  Jean  du  Bellay  portoit  le 
travail ,  comme  il  paroît  par  la  multitude  de  fesOuvrages;  extrême-  i  très-faint  Sacrement  fous  un  dais  magnifique ,  porté  par  Monfei- 
inentfobre,8cfipeuinterefré,qu'ilnelaifra  qu'environ  deux  cens    gneur  le  Dauphin  ;  par  les  Ducs  d'Orléans  &d'Angou}êmefes  deux 
écus  de  bien  à  fa  mort,  y  compris  fes  meubles  8c  fes  livres.  Mais  ce  |  frères  j  8c  par  le  Duc  de  Vendôme  premier  Prince  dufang.  Le  Roi 
peu  de  bonnes  qualitez  fut  mêlé  de  beaucoup  de  mal  :  étant  certain  '  fiùvoit  immédiatement ,  tête  nue ,  un  flambeau  à  la  main ,  fuivî 
qu'il  a  été  un  des  hommes  du  monde  le  plus  chagrin  ,  le  plus  colère,  'de  tous  les  Princes ,  des  Officiers  de  la  couronne,  des  Cardinaux, 
8i  le  plus  fatirique,  comme  fes  amis  même  le  lui  reprochèrent,  8c   des  Evêques,  des  Ambafîadeurs  ,  8c  de  toute  la  Cour,  marchant 
entre  autres  Martin  Bucer.  Quoiqu'il  affeââtde  faire  paroître  un  '  tous  deux  à  deux,  8c  chacun  tenant  un  flambeau  allumé.  Les  In- 
erand  mépris  des  honneurs  du  monde ,  il  étoit  néanmoins  très-fii-   ftrumens  8t  la  Mufique  accompagnoient  cette  augufte  cérémonie, 
perbe  dans  le  fond  de  rame,voulant  exercer  un  empire  abfolu  fur  les  [  dans  laquelle  on  fut  depuis  la  Paroiffè  du  Louvre  jufqu'à  Nôtre-Da- 
autres  Miniltres  fes  Collègues ,  qu'il  regardoit  comme  fesDifciples,  '  me.  Après  cela  le  Roi  étant  monté  dans  la  Grand'  Sale  de  l'Arche- 
ou  même  comme  fes  Efclaves.PapireMalfon  fait  auffi  le  portrait  de  !  vêché.fitfuruncefpecedethroneun  difcours  très-pathetique ,  8c 
fon  corps  en  cette  manière  :  Il  dit  que  Calvin  étoit  d'une  flature  me-  I  exhorta  tous  les  affillans  à  retenir  conflamment  la  veritableReligion 


vin,  fans  préfence  réelle  8c  locale  du  corps  8c  du  faiigde  Jesùs- 
Christ  ;  en  ce  qu'il  ne  veut  ni  vénération  ni  invocation  des  Saints , 
ni  chefvifible  de  l'Eglife,  ni  Hiérarchie,  ni  Evêques,  ni  Prêtres, 
ni  Meffes ,  ni  Fêtes ,  ni  Imagésvmi  Croix,  ni  Benediâions  ,ni  au- 
cune des  cérémonies  de  l'OificeDivin.  Pour  les  chpfes  qui  deman- 
dent plus  de  fcience,  (à  la  referve  de  ce  qu'il  enfeigne  touchant 
l'Euchariftie) il  a  prefque  tout  pris  de  Luther;  comme, tous  les 
articles  de  fon  hérefie ,  qui  concernent  la  liberté  de  l'hommck  juf- 
tification  par  la  feule  foi ,  les  bonnes  œuvres ,  8c  autres  fembla- 
bles  erreurs.  Ainfi  Calvin  n'eft  véritablement  qu'un  habile  Gopifte, 
qui  a  tout  pris  des  Hérétiques  quil'ont  précédé  ;  8c  fon  Inftitution , 
qui  eft  fon  Ouvrage ,  n'eft  à  proprement  parler  qu'un  Recueil  de  ce 
qu'il  a  choifi  de  plus  à  fon  goût  dans  les  Ecrits  deLuther  gc  deMelan- 
chton,  deZuingleScd'Oecolampade;  Il.efl  vrai  néanmoins  qu'il  a 
pjus  de  politefTe  que  Luther,8c  qu'il  donne  à  ce  qu'ilécrit.en  Latin , 
un  tour  beaucoup  plus  fin  8c  plus  délicat.oii  il  paroît  bien  de  l'efprit, 
de  la  vivacité ,  8c  du  feu  :  mais  c'eft  un  feu  qui  eft  plus  âpre  que  bril- 
lant; car  Jon  ftyle  eft  trop  aninié,8c  il  infulte  fouvent  à  iès  Adverfai- 
lesavectropdefierté.  A  l'égard  de  la  difcipline,il.  la  régla,  de  fon 
autorité,  à-peu-prèsde  la  manière  qu'on  la  voit  dans  les  Eglifes 
Brétenduës  ReforméesjétablifTant  dés  Confiftoires,des  Colloques,8c 
des  Synodes.des  Anciens,des  Diacres,8c  des  Surveillans,la  forme  des 
prières  8c  des  prêches ,  Se  la  manière  de  célébrer  laCene,de  baptifer, 
&  d'enterrer  les  mortsi  Depuis  qu'il  eut  établi  à  Genève  fa  nouvelle 
Eglife,  il  ne  fortit  plus  de  cette  ville  ;  où  il  fe  rendit  très-puilfant , 
8c  d'où  il  envoya  des  Miniftres  dans  les  autres  lieux.  Il  mourut  d'un 
afthmeSc  d'une  fièvre  étique ,  le  lô.jour  de  Mai  15^64.  en  fa  cin- 
quante-fixiéme  année.  Théodore  de  Beze ,  Se  les  Ecrivains  Hugue- 
nots après  lui,  difent  qu'il  expira  paiûblement  en  louant  Dieu.  Les 
autres  au  contraire ,  8c  même  quelques  Luthériens ,  affûrent  qu'il 
mourut  en  defefperé,  jurant  8c  blafphemant  lenoin  de  Dieu,  8c 
niaudiiTant  fa  vie  8c  fes  écrits  avec  d'horribles  imprécations.  Mais 
il  y  a  lieu  de  ne  déférer  ni  aux  uns  ni  aux  autres,8c  l'on  peut  dire  qu'il 
y  a  de  l'exaggeration ,  qui  tient  ou  da  panégyrique  ou  de  la  fatire. 

Bolfec,  qui  a  connu  particulièrement  Calvin  à  Genève,  afiûre 
qu'iifutenfàjeuneflefuftigé,  8c eut  la  fieur-de-lis  ,  pour  un  cri- 
me infâme  8c  déteftable.  Il  ajoute  qu'ilenavûuneatteftationde 
Meffieurs  de  Noyon ,  entre  les  mains  de  Bertelier ,  Secrétaire  de  la 


diocre ,  qu'il  avoit  le  vifage  long ,  fort  maigre  8c  bazanéje  poil  noir 
avant  que  la  vieillefTe  l'eût  blanchi,la  barbe  claire  8c  longue,les  yeux 
vifs  8c  étincelans,  le  nez  aquilin ,  la  voix  éclatante,  8c  l'air  defàgréa- 
ble  8c  rebutant.  *  Maimbourg ,  Hiftoire  du  Calvinifme.  SUP. 

[Comme  l'équité  naturelle  demande  que  l'on  écoute  les  deux  par- 
ties, avant  que  déjuger  de  quelque  différent  que  ce  foit;  ceux  qui 
voudront  fçavoir ,  s'ils  doivent  croire  divers  faits  injurieux ,  que 
l'on  dit  de  Calvin ,  font  obligez  auparavant  de  lire  fes  Apologiftes,8c 
particulièrement  la  Dg'ïByê  ie  Calvinpar  Charles  Drelincourt ,  qui  a 
entrepris  de  réfuter  ce  qu'on  a  dit  contre  Calvin ,  par  des  Aéles  au- 
thentiques 8c  par  les  témoignages  mêmes  des  Auteurs  Catholiques. 
Outre  cela  dans  la  relation  queMoreri  8c  leSttpplemerst  donnent  deCal- 
vin ,  ils  ne  fe  contentent  pas  de  marquer  les  faits,mais  ils  pénètrent 
dans  les  motifs  fecrets  qui  l'ont  fait  agir.  Pour  fçavoir  s'ils  ont  rai- 
fon,il  faudroit  avoir  lu  fes  livres ,  8c  examiné  fa  do£fa:ine,pour  voir 
fi  l'on  y  trouve  des  marques  de  l'orgueil  ,  8c  de  la  mauvaife  foi 
qu'on  lui  attribué .  A  près  cela  on  pourra  j  uger.fî  nos  Auteurs  ont  rai- 
fon  ;  mais  fans  cet  examen,  il  eft  injufte  d'en  faire  aucun  jugement.] 
2W.  iSay/c  a  monti'é  dans  fa  Critique  Générale  8c  dans  fon  Di£tion- 
naire ,  que  Maimbourg  s'étoit  trompé  ,  en  quantité  de  faits. 

C  A  L  V  ITSi  I  S  M  E ,  doftrine  de  Calvin ,  ou  feéte  de  ceux  qui 
fui  vent  fes  erreurs.  Pour  fçavoir  comment  il  naquit  en  France,  il 
faut  remarquer  que  le  Roi  François  I.  voulant  faire  refleurir  les  bel- 
les Lettres  dans  fon  royaume ,  donna  Ueu  à  plulieurs  perfonnes  fa- 
van  tes  d'y  venir  de  toutes  parts  ,pour  y  enfeigner  la  Philofôphie  8c 
les  Langues,principalement  dans  Paris. Luther  8c  Zuingle.qui  com- 
mençoienten  ce  tems-la  à  former  deux  partis  contre  l'EglifêCatho- 
lique  ,  envoyèrent  en  France  l'an  i  j-z  i  .ce  qu'il  y  avoît  parmi  eux  de 
y  1  is  habiles  jeunes  hommes.  Le  rendés-vous  des  Seftateurs  de  l'une 
&,  de  l'autre  hérefie  étoit  à  Strasbourg  auprès  de  Martin  Bucer ,  qui 


des  Rois  très-Chrétiens. Le  même  jour  vers  le  foir,  fîx  Luthériens, 
qui  avoient  été  condamnez  par  Arrêt  du  Parlement ,  furent  brûlez, 
à  petit  feu.  Depuis  ce  tems-là ,  le  Roi  ne  voulut  plus  fou  fîrir  qu'oa 
lui  parlât  des  Hérétiques,  que  pour  les  faire  rigoureufement  punn- 
par  le  feu,  comme  on  fit  par  toute  la  France.  Il  fçût  même  rame- 
ner par  fes  puiflàntes  remontrances  la  Reine  de  Navarre  fa  fceur, 
quiprotefta  n'avoirjamais  prétendu  renoncer  à  la  foi  Catholique, 
non  plus  que  le  Roi  fon  mari.  Les  Doûeurs  de  l'hérefie  prirent 
prefque  tous  la  fuite,  8c  fe  retirèrent  les  uns  en  Allemagne,les  autres 
en  Suiflè,8c  la  plupart  à  Geneve.où  ceux  du  Canton  deBerne  avoient 
introduit  les  erreurs  de  Zuingle ,  8c  où  la  Religion  Romaine  fut  en- 
tièrement abolie  en  1 5-3  5-.  comme  on  peut  voir  dans  l'article  de  Ge- 
nève. Calvin  s'y  retira  en  i^S^-  ^  fut  fort  bien  reçu  par  Guillau- 
me Farel ,  qui  partagea  avec  lui  les  emplois  de  fon  miniflere,  8c  le  fit 
Profeffeur  en'Theologie.Ayant  été  tous  deux  chaffés  de  la  ville  com- 
me des  feditieuxjl'an  ifjS.  Farel  fe  retira  à  Neufchatel,Sc  Calvin 
à  Strasbourg ,  d'où  quelque  tems  après  il  fut  rappelle  à  Genève. 

Alors  Calvin  y  établit  fa  doftrine  8c  fa  difcipline  en  15-41  .Pour  en 
former  une  jufteidée,il  eftnéceffàire  de  reprendre  la  chofe  de  plus 
haut ,  8c  de  voir  quelle  en  a  été  l'origine.  Depuis  que  Berenger 
Archidiacre  d'Angers ,  qui  commença  à  nier  avec  opiniâtreté  la 
préfence  réelle  de  Jesus-Christ  dans  le  Saint  Sacrement  ,  eut  été 
condamné  par  les  Conciles  de  Rome  en105-o.105-9.8c  1079. 8c  de 
Tours  en  1 05- j-.8c  que  cetArchidiacre  y  eut  folemnellement  retraâé 
fon  erreur;  l'Eglife  jouit  d'une  alTez  grande  paix,  jufqu'à  ce  que 
quatre-vingts  ans  après  elle  fut  troublée  par  une  nouvelle  herelie , 
que  Pierre  Valdo,  Chef  des  Vaudois,  publia  en  1 160.  Ce  Bourgeois 
de  Lyon  ,  qui  étoit  un  homme  ignorant  ,  mais  riche  ,  s'alla 
mettre  dans  l'efprit  que  laMeife,  le  Purgatoire ,  l'autorité  du  Pa- 
pe ,  8ç  autres  femblables  points  de  foi ,  étoient  de  pures  inventions 

des 


CAL. 

èes  hommes:  &  s'étant  érigé  en  Apôtrcil  s'attira  un  grand  nombre 
de  difciplcs ,  par  les  aumônes  qu'il  taifoit  aux  pauvres.  Ces  Fanati- 
ques s'étant  difperiez  par  toute  l'Europe ,  pour  y  prêcher  leurs  dog- 
mes, J.e  multiplièrent  étrangement,  8c depuis  on  les appella non 
feulement  K/i«</i)",  ou  ?  ouvres  de  Lyon,  mais  auffi  Albigeois ,  Pi- 
cartls ,  &  ArnalJijhs ,  en  France;  Boémens ,  en  Allemagne  ;  LelUrds , 
en  Angleterre  ;Fraï/ce/i  ou  Frérots,  en  Italie;  Turlufins.  en  Flan- 
dres ;"&  ailleurs  d'autres  noms,  tirés  des  lieux  où  ils  avoientfemé 
leurs  erreurs ,  ou  du  nom  de  leurs  plus  fameux  Prédicans ,  ou  même 
donnez,  par  dérilîon.  Les  Rois  Philippe  Augujk  ,  Louis  VIII ,  8c 
•Saint  Louis, dans  le XIII. Siècle,  les  exterminèrent,  à  la  réferve 
de  quelques-uns,qui  s'allèrent  habituer  dans  quelques  vallées  des  Al- 
pes vers  le  Dauphiné.  Cette  hérefieafîoibUe  de  la  forte,  ficprefque 
éteinte ,  reprit  de  nouvelles  forces  après  environ  deux  cens  ans,lors- 
que  Wiclef  d'une  part,8c  JeanHus  avec  Jérôme  dePrague  de  l'autre, 
en  ayant  pris  ce  qu'ils  voulurent,  y  ajoutèrent  quelque  chofe  de  plus 
fubtil.  Au  fiecle  liiivant ,  parut  Luther ,  qui  étant  encore  plus  habile 
homme ,  forma  fon  Lutheranifme ,  compofé  d,e  ce  qu'il  choifit  des 
uns  8c  des  autres ,  8c  de  ce  qu'il  inventa  fur  les  points  un  peu  plus 
Théologiques ,  comme  ceux  qui  concernent  le  péché  originel ,  la 
grâce,  lajuftificationde  l'homme,  8c  les  facremens:  en  quoi  il 
fut  fuivi  d'abord  d'une  grande  partie  desAllemans,8c  puis  abandon- 
né de  plulieurs  de  fes  principaux  difciples ,  comme  de  Carloftad,de 
iZuingle,  8c  d'Oecolampade ,  qui  fe  firent  Sacramentaires.  Voilà 
quelle  fut,felon  les  Catholiques,l'origine  du  Calvinifme ,  qui  n'eft ,  à 
proprement  parler ,  qu'un  ramas  des  erreurs  de  tous  ces  gens-là.  Les 
plus  célèbres  des  Proteftans  conviennent  que  Calvin  a  pris  pour  le 
tonds  de  fa  doétrine  celle  des  Vaudois,  particulièrement  en  ce  qui  re- 
garde le  Saint  Sacrement ,  la  Meffe ,  le  Purgatoke ,  l'Invocation  des 
Saints.la  Hiérarchie  de  rEglife,8c  fes  Cérémonies;  A  l'égard  des  au- 
tres points  qui  font  plus  Théologiques ,  il  a  prelque  tout  pris  de  Lu- 
tker,comme  toiis  les  articles  de  là  dodlrine  qui  concernent  la  liberté 
de  rhomme,laquelie il détruitda  grâce,  qui,  îèlon lui ,  atoûjours  fon 
effet,8c  emporte  la  volonté  de  l'hommç  par  une  neceflite  abfoluë:  la 
juftificationparla  foi  feule  :  la  juftice  de  Jesus-Christ,  qui  nous 
eft  imputée  :  les  bonnes  œuvres  uns  aucun  mérite  devant  Dieu  :  les 
Sacremens,  qu'il  réduit  à  deux,  8c  aufquels  il  ôte  la  vertu  de  confé- 
rer la  grâce  :  la  foi ,  qu'il  fait  conlifler  dans  une  prétendue  certitu- 
de qu'on  fera  fauve  :  l'impoiTibilité  des  commandemens  de  Dieu  : 
■  l'inutilité  8c  la  nullité  des  vœux ,  à  la  réferve  de  ceux  du  Baptême;  8c 
autres  femblables  erreurs ,  qu'il  a  tirées  des  Livres  de  Luther ,  pour 
en  faire  la  plus  grande  partie  de  fon  Inftitution.  Il  faut  avouer  né- 
anmoins que ,  comme  il  vouloit  être  Chef  d'un  nouveau  parti,il  y  a 
ajouté  du  lien.  Par  exemple,  il  dit  que  la  foi  eft  toujours  mêlée 
de  doute  8c  d'incrédulité;  Que  la  foi  8c  la  grâce  ne  fc  peuvent  ja- 
mais perdre  ;  que  le  Père  éternel  n'engendre  pas  continuellement 
fon  fils  ;  Que  Jesus-Christ  n'a  rien  mérité  à  l'égard  du  juge- 
ment deDieu;QueDieu  a  créé  la  plupart  des  hommes  pour  les  dam- 
ner,  parce  qu'il  lui  plaît  ainlî, 8c  avant  que  de  prévoir  leurs  crimes. 
Pour  ce  qui  regarde  l'Euchariftie ,  c'eft  là  le  point  capital  ;  en  quoi 
l'herefie  de  Calvin  eft  différente  de  celle  de  Luther,  qui  a  toujours 
Cru  la  prélènce  reelledansleSaintSacrement.il  eft  vrai  que  Calvin 
aflûre  que  Jesus-Christ  nous  donne  réellement  fon  làcré  corps 


CAL  i^ 

la  Baftille  les  Confeillers  du  Faur  8c  du  Bourg,  8c  Ordonna  peu  âprè^j 
qu'on  en  fît  autant  des  lix  autres  ;  mais  on  n'en  put  arrêter  que  trois 
qui  furent  pris  en  leurs  maifons,  lavoir ,  Fumée ,  de  la  Porte ,  gc  de  " 
Foix;  les  trois  autres  s'étant  évadez,.  On  travailla  enfoite  au  procès 
de  ces  prifonniers ,  mais  avant  qu'on  eût  achevé,le  Roi  fut  malJreu- 
reufement  blelfé  8c  mourut  le  lo  Juillet  lyf  p.  François  II,  qui  lui 
fiicceda ,  fit  continuer  le  procès  aux  Conlèillers ,  quoi  qu'on  eût  eu 
avis ,  que  les  Hérétiques  avoient  fait  une  conlpiration  pour  les  ti- 
rer delà  Baftille,après  avoir  mis  le  feu  en  plulîeurs  quartiers  deParis; 
8c  qu'ils  eulTeat  même  fait  affaffiner  le  Prélident  Maynard,  qui  étoit 
'très-zelé  pour  la  vrayeReligion.L' Arrêt  ayant  été  rendu,du  Bourg, 
continuant  toujours  à  foûtenir  fesfentimens  jufquesfur  l'échelle, 
fut  pendu,  8c  brûlé  en  la  place  de  Grève  le  13.  Décembre.  Les 
autres  furent  partie  fufpendus  de  leur  charge  pour  un  tems,8c  partie 
renvoyez  abfous ,  parce  qu'ils  parlèrent  dans  leurs  Interrogatohes 
en  aflèz  bons  Catholiques. 

Après  cela  on  publia  contre  les  Huguenots  des  édits  encore  plils 
lànglans,  que  ceux  du  feu  Roi,  8conlespourlliivitpartout,  print-- 
cipalement  à  Paris  avec  plus  de  rigueur  qu'on  n'avoit  jamais  fait. 
Mais  enfin  le  parti  des  Calviniftes ,  déjà  rempli  de  mécontens  des 
plus  Grands  du  Royaume ,  excita  d'étranges  defordres  qui  ont  pref- 
que  defolé  toute  la  France.  Pour  en  connoître  les  caufes  8c  les  mo- 
tifs ,  il  faut  remarquer ,  qu'il  y  avoit  alors  à  la  Cour  deux  maifons 
très-illuftres,qui  tenoient  le  premier  rang  après  les  Princes  du  fang  : 
lavoir ,  la  maifon  de  Guife ,  8c  celle  de  Montmorency.  Le  Chef 
de  celle-ci  étoit  le  fameux  Anne  de  Montmorency  Connétable  de 
France,puiframment  foûtenu  par  fes  cinqfils  8c  par  les  troisColigny 
fes  neveux,Odet  Cardinal  de  Châtillon,  Galpard  de  Coligny  Amiral 
de  France,8c  François  d'Andelot  Colonel  de  l'Infanterie  Françoife. 
La  maifon  de  Guilè  avoit  pour  Chefs.le  Duc  de  Guilè,8c  le  Cardinal 
deLorraine  fon  frère ,  8c  ces  deux  Princes  avoient  l'honneur  d'êtra 
oncles  du  Roi  François  Il.qui  avoit  époufé  Marie  Stuard  Reine  d'E- 
colfe,  fille  de  Jaques  V.  Roi  d'Ecoffe,  8c  de  Marie  de  Lorraine, 
fœur  du  Cardinal  8c  du  Duc  de  Guife.  La  Reine  mère  Catherine  de 
Medicis  porta  le  Roi  François  II.  adonner  l'intendance  des  armées 
8c  des  finances,8c  la  direâion  des  affaires  publiques,  au  Duc  de  Guife 
8c  au  Cardinal  de  Lorraine.LesPrinces  du  fang,  qui  en  parurent  mé- 
contens,fiirent  éloignés  fous  quelques  fpécieux  prétextes. LeConné- 
table,  qui  n'eut  plus  le  commandement  desarmées,fe  retira  dans  fa 
maifon.Il  y  avoit  parmi  les  mécontens  deux  grandsPrinces,  Antoine 
de  Bourbon  Roi.de  Navarre,8c  Louis  Prince  de  Condé  fon  frere,quî 
s'étoient  déjà  lailTés  gagner  par  lesCalviniftes.Pour  ce  qui  regarde  les 
Colignis,ils  avoient  auifiembralTé  la  nouvelle  doârine,  quoiqu'ils 
n'en  fiflènt  pas  pubKquement  profeffion.Ainfi  ces  Princes  8c  les  Co- 
lignis  fe  mirent  à  la  tête  des  Huguenots ,  qui  n'avoient  point  encore 
de  Chefs ,  8c  en  firent  un  puiflànt  pai'ti ,  non  feulement  contre  les 
Guifes ,  mais  auffi  contre  l'Eglife  Catholique.  Alors  les  principaux 
Miniftres  Proteftans  réfolurent  entre  eux  de  chercher  les  moyens  de 
fe  défaire  des  Guifes,pour  avoir  la  liberté  de  leurReligion.Ils  tinrent 
une  alTemblée  fort  fecrette  à  la  Ferte  fous-Jouare ,  oii  ;  félon  l'avis 
des  Théologiens, des  Canoniftes, 8c  des  Jurifconfultes,c'eft-à-dire , 
des  Miniflxes ,  des  Profeflcurs,gc  des  Avocats  Proteftans  d'Allema- 
gne, on  conclut  que  l'on  pouvoit  prendre  légitimement  les  armes 


en  la  fainteCene,  mais  il  ajoute  que  c'eft  par  la  foi,  8c  en  nous    poiu-felàifirduDucdcGuife  8c  du  Cardinal  de  Lorraine,qui  avoient, 
""■"■""  ■         ^     ,    ■      ,  difoit-on,ufurpé  le  gouvernement  de  rEtat;pourvu  qu'un  Prince  du 

làng,  qui  en  ce  cas  étoit  légitime  Magiftrat ,  voulût  être  Chef  de 
l'entreprife.  Cela  étant  approuvé  de  toute  l'afTemblée ,  le  Prince  de 
Condé  lé  refolut  à  être  leurChefà  condition  qu'on  n'attenteroit  rien 
contre  le  Roi  8c  la  maifon  Royale.ni  contre  l'Etat.&c  donna  la  con- 
duite de  cette  entreprife  au  Sieur  de  la  Renaudie.Celui-ci  aflèmbla  à 
Nantes  dans  le  mois  dejanvier  de  l'année  i  j-6o.un  grand  nombre  de 
Gentilshommes  8c  deDeputez  des  Eglilès  Proteftantes,qui  délibérè- 
rent de  la  manière ,  du  tems ,  8c  du  lieu  de  l'exécution  :  8c  il  fut 
arrêté  que  cinq  cens  Gentilshommes,  8c  mille  hommes  de  pié,  con- 
duits par  trente  Capitaines  choifîs  ,  fe  rendroient  dans  le  10.  dd 
Mars  par  différentes  routes  à  Blois ,  où  la  Cour  devoir  être  encore  en 
ce  tems-là  ;  8c  fous  prétexte  de  préfenter  une  requête  au  Roi ,  fe  fai-i 
firoient  de  fon  logis ,  pour  y  exécuter  ce  que  l'on  avoit  réfolu  contre 
les  Guifes.  On  eut  bien-tôt  des  avis  de  cette  confpiration ,  dont  un 
Avocat  Proteftant  découvrit  toutes  les  particularitez:8cpour  rom- 
pre les  meltires  des  conjurca,on  mena  d'abord  laCour  àAmboife.On 
apprit  enfuite  le  nouveau  projet  qu'ils  avoient  fait  depuis  que  laCour 
étoit  fortie  de  Blois,  8c  on  fut  que  l'entreprife  fe  devoit  exécuter  le 
16.  Mars.  Ainfi  il  ne  fut  pas  difficile  de  les  prendre  les  uns  après 
les  autres.  Le  corps  de  la  Renaudie ,  qui  fut  tué  comme  il  tâchoit  de 
rallier  fes  gens ,  fut  pendu ,  puis  mis  en  quartiers  fur  le  pont  d'Am- 
boife:8cles  principaux  de  fes  Capitaines  eurent  la  tête  tranchée^ 
Après  cela,le  Duc  de  Guife  fut  déclaré  Lieutenant  Général  dans  tout 
le  royaume,  avec  le  pouvoir  le  plus  abfolu  qu'aucun  ait  jamais  eu, 
depuis  les  Maires  du  Palais.  Le  Prince  de  Condé  voyant  qu'on  Yoh^ 
fervoit,trouva  moyen  de  s'évader,8c  de  fe  retirer  enBearn,auprès  du 
Roi  de  Navarre  fon  frère.  Pour  les  Colignis ,  la  Reine  ni  ère ,  qui 
avoit  delfein  de  s'en  fervk  pour  balancer  la  puilfance  desGuilès,em^ 
pécha  par  fon  adrelTe  qu'on  ne  les  mêlât  dans  cette  affaire  :  de  forte 
que  les  Chefs  des  Huguenots  étant  toujours  fur  pie ,  leur  parti ,  qui 
fembloit  abbatu,  par  l'exécution  d'Amboife,  parut  avec  autant  de 
fierté  qu'auparavant.En  effet,Paulon  de  MouVans  £c  Charles  du  Puy 
de  Montbrun  ravagerent,run  la  Provence,8c  l'autre  le  Dauphiné  ;  8c 


communiquant  fon  efprit  8c  fa  vie ,  quoi  que  fa  chah  n'entre  pas 
dans  nous:  ce  qui  eft  l'erreur  de  2.uingle8cde  tous  iesSacramen- 
tairesi 

Il  envoya  de  Genève  des  Miniftres  dans  les  autres  lieux,  où  fon 
opinion  étoit  reçue'.  Il  en  envoya  auffi  en  France ,  mais  ils  n'y  fai- 
foient  leurs  prêches  8c  leur  Cène  que  fort  fecrettement,  parce  qu'on 
obfcrvoit  exaftement  en  ce  tems-là  les  édits  du  Roi  contre  les  He- 
retiques;ce  qui  parut  dans  l'exécution  des  Vaudois  de  Merindol  8c  de 
Cabrieres.  Henri  II.  ayant  lîiccedé  à  François  I.  en  1547,  fit  con- 
tre ceux  de  la  Prétendue  Religion  des  édits  encore  plus  rigoureux 
que  ceux  de  fon  prédecelfeur.  Il  fit  publier  le  fameux  édit  de  Châ- 
teau-Briant,  donné  le  17  Juin  ij'j'i  ,  par  lequel  renouvellant  tous 
les  anciens  édits  contre  les  Heretiques,il  donna  même  auxJugesPré- 
fidiauxle  pouvoir  de  les  juger  fouverainement  ;  il  ordonna  que  per- 
fonnene  fût  reçu  en  aucun  Office  Royal ,  ni  à  profeflér  aucune  Sci- 
ence, fans  avoir  une  boimeatteftation  qu'il  étoit  Catholique; 8c  que 
les  Mercuriales  fc  tinflènt  dans  les  Cours  Souveraines,pour  y  traiter 
avant  toutes  chofes  des  aflàires  de  la  Religion.  Mais  malgré  tous  ces 
édits  8c  toutes  les  rigoureufes  exécutions,  cette  Se£te  nelaiifoit 
pas  de  faire  de'nouveaux  progrès  en  France ,  8c  de  s'étendre  dans 
toutes  les  provinces.  Après  la  funefte  bataille  de  Saint-Quentin, 
que  les  François  perdirent  en  1 5-5-7 .  les  Proteftans  tirant  avantage  de 
1  afHiâion  pubUque,fe  bazardèrent  de  faire  leurs  afleftiblées  en  plein 
jour,  dans  le  Pré-aux-Clercs,pour  y  chanter  à  haute  voix  les  Pfeau- 
mes  de  Clément  Marot.  Mais  la  paix  ayant  été  faite  en  1 5-5-9.  le  Roi 
réfolut  de  régler  les  affaires  de  la  Religion,8c  voulut  affifter  à  laMer- 
curiale  qui  fe  tint  le  i  o.  Juin  aux  Auguftins  de  Paris,  (parée  que  l'on 
préparoit  les  chambres  du  palais,pour  la  folennité  des  noces  de  Ma- 
dame Elifabeth  de  France  fa  fiUe  avec  le  Roi  d'Efpagne.)  Il  y  alla 
donc ,  accompagné  des  Princes ,  des  Cardinaux ,  du  Connétable ,  8c 
des  autres  Grands  du  royaume.  La  plupart  s'accordèrent  d'abord  à 
demander  un  Concile  Général  :  mais  il  y  eut  grande  diverfité  d'a- 
vis dans  la  fuite:car  les  uns  vouloient  que,lùivant  l'intention  du  Roi, 
on  procédât  cependant,  felon  la  rigueur  des  édits  8c  des  ordonnan- 


ces ,  contre  ceux  qui  tiendroient  opiniâtrement  une  dodirine  con-    le  Calvinifme  alloit  dominer  dans  ces  deux  provinces ,  fl  les  troupes 
4-t.o,'...i  A  ^«lu  j„  \'-u^]:r^  /->_,.T-_t; T .. r^.'\^ ; — ..  „,,» —     j,,  d  «:  ^'r^-^fr^^t-  T^..rtTv.,..t-^r»-»^nt-  rVinflfi  ces  deux  farrieux  Chefs  des 


traire  à  celle  de  l'Eglife  Catholique.  Les  autres  foûtenoient  qu'on 
devoit  adoucir  les  peines  qui  leur  fembloient  trop  rigoureufes.  Et 
<iuelques-uns  demandèrent  la  liilpenlion  de  l'exécution  des  édits 
contre  ceux  que  l'on  difoit  être  Heretiques,8c  parurent  même  adhé- 
rer aux  nouvelles  opiniqns.  Ceux-ci  fiirent  le  Préfident  du  Ferrier , 
les  Confeillers  Fumée,  du- Val,  Viole,  de  la  Porte,  de  Foix,  du 
Faur,  8c  du  Bourg,  Le  Roi  fit  prendre  fur  le  champ,  £4  mener  à 
Totn.  U,  '  -    " 


du  Roi  n'eulTent  promptement  chaffé  ces  deux  fanieux  Chefs  des 
Proteftans.  En  même  tems ,  les  Huguenots,appuyez  de  la  Reine  de 
Navarre,  s'étendirent  jufques  dans  une  grande  partie  de  la  Guyenne: 
Scl'Amirahàquifa  charge  donnoit  un  grand  pouvoir  danslaNor-^ 
mandie ,  les  y  maintenoit  avec  tant  de  hauteur ,  qu'on  faifoit  le 
prêche  publiquement  à  Diepe  ,  au  Havre  ,  à  Caeri  ,  8c  en  quel- 
ques autres  villes  maritimes  :  ce  qu'on  eût  fait  même  à  Rouën,fi  les 
^    -  D  plus- 


t6  CAL. 

plus  confiderables  du  Parlement  ne  s'y  fuffent  vigoureufement  op- 
pofés. 

Tant  d'entreprifes,  que  les  Calvmiftes  faifoient  tous  les  jours  im- 
punément ,  obligèrent  le  Duc  de  Guife  8c  le  Cardinal  de  Lorraine  à 
preflèr  fortement  la  Reine  de  confentir  à  rétabliflèment  de  l'Inqui- 
lition.Le  Chancelier  de  l'Hôpital  propofa  un  expédient,  &  fuivant 
fon  avis  le  Roi  fit  au  mois  de  Mai  ij6o.  l'édit  de  Remorantip 
qui  portoit  que  la  connoiflance  de  crime  d'hérefie ,  n'appartiendroit 
qu'aux  feulsPrélats,mais  que  tous  ceux  qui  parleroient  de  leurs  dog- 
mes hérétiques ,  foit  en  particulier  ou  en  public ,  gc  qui  écriroient 
en  faveur  des  nouvelles  opinions ,  feroient  punis  félon  la  rigueur 
des  ordonnances  comme  criminels  de  leze-Majefte'.  Cet  édit  con- 
tenta tout  le  monde,excepté  les  Huguenots,qui  l'appellerent  l'Inqui- 
fition  d'Efpagne.'Né^nmoins  parce  qu'on  en  differoit  l'exécution,  ils 
ne  laifferent  pas  d'agir  avec  autant  de  liberté  qu'auparavant  fous  la 
protedtion  de  l'Amu  al,lequel  ofa  même  préfenter  au  Roi  de  la  part 
de  tous  lesProteftans  de  France  une  requête ,  par  laquelle  ils  deman- 
doient  qu'on  leur  permît  d'avoir  des  temples  pour  y  exercer  publi- 
quement leur  prétendue  Religion:  mais  cette  requête  fijtrejettée. 
Après  quoi ,  le  Roi  ordonna  que  les  Evêques  fe  rendroient  à  la  Cour 
dans  le  i  o.de  Janvier  i  j6 1 .  pour  aller  tous  enfemble  auConcile  Ge- 
neral ,  ou  pour  en  tenir  un  National  :  ce  qui  fut  caufe  que  lePape  Pie 
IV.  ne  dift'era  plus  à  rétablir  celui  de  Trente.  Et  cependant  les  Etats 
du  Royaume  furent  convoqués  à  Meaux ,  Se  puis  à  Orléans.  Ce  fut 
là  que  le  Prince  de  Condé  fut  arrêté-.mais  le  Roi  étant  mort  au  mois 
de  Décembre  de  la  même  année,il  fut  rappelle  à  la  Cour  par  laReine 
mère  Catherine  de  Medicis ,  laquelle  eut  la  régence ,  à  condition  de 
ne  rien  ordonner  fans  le  confentement  du  Roi  de  Navarre,  qui  i^t 
nommé  Lieutenant  General  du  Royaume.  Alors  ce  Prince  protégea 
haurement  les  Calviniftes,  qui  firent  impunément  en  public  tous  les 
exercices  de  leur  Religion;?c  l'on  fit  même  le  prêche  dans  le  château 
de  Fontainebleau ,  fans  que  la  Reine  Catherine  l'empêchât.  On  pu- 
blia en  même  tems  un  édit  en  faveur  des  Huguenots.par  lequel  les 
bannis  furent  rappelles  êc  rétablis  dans  leurs  biens.  Ces  defoidres 
firent  tant  d'horreur  auConnétable.qu'il  abandonna  le  parti  desPrin- 
ces  &  de  l'Amiral  fon  neveu ,  &  fe  reconcilia  avec  le  Duc  de  Guife. 
Ayant  attiré  de  fon  côté  le  Maréchal  de  Montmorency  fon  fils ,  ces 
trois  grands  hommes  s'unirent  étroitement  pour  maintenir  laReli- 
gion  Catholique  contre  toutes  les  entreprifes  des  Calviniftes,  qui 
donnèrent  à  cette  union  le  nom  de  TriurTi-virat. Cependa.nt  Y  A  mirai 
de  Coligni  préfenta  au  Roi  la  même  requête  qu'il  avoir  préfentée 
fix  mois  auparavant  au  feu  Roi ,  pour  avoir  des  temples  dans  tout 
le  Royaume:  fur  quoi  on  fit  à  Saint  Germain  en  Laye  le  fameux  édit 
de  Juillet  en  lydi  ,  par  lequel  il  étoit  défendu  d'inquiéter  perfonne 
pour  le  fait  de  la  Religion:de  forte  néanmoins  que  l'on  ne  feroit  au- 
cunes afîemblées  ni  en  pubhc  ni  en  particulier ,  où  il  y  eût  d'autre 
exercice  que  celui  de  la  Religion  CathoHque  Se  Romaine  ,  jufqu'à 
la  décifion  du  Concile  General. 

Au  mois  d'Aoiàt  de  l'an  ij-6i.  on  tint  le  fameux  Colloque  de 
PoifTy ,  c'eft-à-dire,une  Conférence  entre  les  Prélats  £c  les  Dofteurs 
Catholiques  d'une  part ,  &  les  Miniftres  Proteftans  de  l'autre ,  pour 
chercher  quelque  voye  d'accommodement ,  &  convenir  des  cho- 
fes  qui  fe  dévoient  propofer  au  Concile  General.Après  plufieurs  dif- 
putes  fans  rien  conclure,laReine  ne  voulut  plus  que  laConférence  fe 
nt  entre  un  fi  grand  nombre  de  perfonnes ,  8c  elle  ordonna  que  cinq 
Dofteurs  de  chaque  côté  conféreroient  enfemble  à  S.Germain,potir 
voir  s'ils  pourroient  convenir  d'une  Formule  de  foi  fur  leSacrement 
de  l'Euchariftie.  Ces  Députés  furent  d'une  part  Jean  de  Montluc 
Evêque  de  Valence ,  Pierre  du  Val  Evêque  de  Séez ,  8c  les  Doâeurs 
Claude  d'Efpence ,  Louis  Boutiller ,  8c  Jean  de  Salignac  :  8c  de  l'au- 
tre côté  ces  cinq  Miniftres ,  Beze ,  Pierre  Martyr  ,  Marlorat ,  des 
Gallards ,  8c  de  l'Efpine.  Après  cinq  jours  de  Conférence,  on  dref- 
-fa une  Formule  connue  en  ces  termes,  Nohj  confejfons  g«e*jEsus- 
Christ  en  fa  ja'mte  Cène  nous  frefente ,  donne  ,  ^  exhibe  ijeritahle- 
ment  la  fubftance  Je  fon  corps  Qf  de  fon  fang  ,  par  l'opération  de  fon 
Saint  E/prit  ,  c?"  9'^^  ^o"^  recevons  (^  mangeons  facmmentalement , 
fpirttueUement  ,  ^  par  foi  ce  propre  corps  qui  ejl  mort  pour  nous  , 
pour  être  os  de  fesof,  chair  de  fa  chair ,  afin  d'en  ètrevivifiés,  ^  mper- 
cevoirtoutcequi  efi  neceffaire  à  -nôtre  falut.  Et  pource  que  la  foi  ap- 
puyée fur  laparole  de  Dieu  mus  fait  (§<  rend  préfentes  les  chofes  promi- 
fes,  ^queparcettefoinousprenonsvrayementQ'defaitle'vrai^  na,- 
iurel  corps  ^  fang  de  Nôtre-Seigneur  par  la  vertu  du  Saint  Efprtt  s 
à  cet  égard  nous  confejjbns  la  préfence  du  corps  (^  du  fang  d'icelui  Nôtre 
Sauveur  en  lafainteCene.Le  Sacramentaire  Lavatherus  8c  le  Miniftie 
Beze  ont  dit  que  le  Doâeur  d'Efpence  8c  fes  Collègues  s'accordè- 
rent avec  les  cinq  Minifixes  en  cette  Formule  de  toi  :  mais  Mon- 
fietir  de  Sponde  a  foùtenu  que  c'eft  une  impofture  ,  puis  qu'il 
eft  certain  que  ces  Dofteurs  avoient  auparavant  prouvé  très-iblide- 
ment  la  préfence  réelle  8c  locale  de  Jesus-Christ  au  iàint  Sacre- 
ment de  l'autel;  que  le  Pape  Pie  IV.  leur  donna  de  grandes  louan- 
ges après  le  Colloque ,  8c  que  le  Doâeur  d'Efpence  en  fon  particu- 
her  nous  a  laiflë  dans  les  écrits  une  dodtrine  très-Catholique, 8c  tou- 
te contraire  à  cette  Formule.  Ilya  donc  grande  apparence,que  les 
Evêques  de  Valence  8c  de  Sèez,qui  étoient  députés  avec  les  troisDo- 
&urs,  Scpanchoient  fort  en  ce  tems-là  du  côté  des  Calviniftes, 
dreffcrent  eux  feuls  avec  les  cinq  Miniftres  cette  Expofition  de  foi 
touchant  leSaintSacrement  de  l'Euchariftie.Scqu'ils  la  firent  préfen- 
ter à  la  Reine,  comme  ayant  été  faite  du  commun  confentement  de 
tous  les  Députés.  Cette  Princefiè  l'envoya  à  raflèmblee  des  Arche- 
vêques 8c  des  Evêques,  quitravailloit  alors  à  PoifTy  à  faire  des  ré- 
glemens  pour  rétabhr  la  difcipline  Ecclefiaftique  dans  ce  Royaume. 
Ces  Prélats  déclarèrent  cetteFormule  captieufe  8chéretique,Sc  fup- 
plierentleRoi  d'exterminer  ces  Hérétiques ,  s'ils  nevouloient  pas 
figner  cet  autre  Formulaire  de  foi  touchant  l'Euchariûie  ;  Nous 
croyons  (^  confejfons  qu'au  faim  Sacrement  de  l'autel  le  -vrai  corps  ^ 
fang  </e  J  E  s  u  s-C  H  R I  s  T  eJl  réellement  ©■  tranffubflantieUcment  \ 


CAL 

fous  les  éfj.eces  du  pam^dtt'vin,paT  la  vertu  ^ptùffancede  làdivU 
ne  parole  prononcée  par  le  Prêtre,  fetil  Minière  ordonné  à  cet  effet,  félon 
l'wjii^ution  2J>  commandement  de  Nôtre  Seigneur  J  E  s  u  s-C  H  R  i  s  T. 
Les  Miniftres  demandoient  toujours  à  haranguer  8c  à  difputer-,  fans 
vouloir  rien  conclure:  mais  les  Evêques  demeurèrent  fermes  dans 
la  réfolution  de  ne  plus  traiter  avec  eux ,  s'ils  ne  fignolent  le  Formu- 
laire qu'on  leur  préîèntoit ,  ce  qu'ils  ne  voulurent  pas  faire.  Ainfi 
fut  rompu  le  fameux  Colloque  de  PoilTy.  Après  cette  Conférence, 
l'Amiral  continua  de  protéger  de  plus  en  plus  les  Calviniftes ,  qui  fi- 
rent publiquement  leur  prêche  au  fauxbourg  Saint  Marceau ,  dans 
un  lieu  appelle  le  Patriarche ,  joignant  l'Eglife  de  Saint  Medard.  II 
obtint  aulîi  l'édit  de  Janvier  en  ij-6i.  qui  leur  permettoit  l'exercice 
libre  de  leur  Religion  par  tout  le  Royaume ,  excepté  dans  les  villes 
clofes ,  8c  dans  les  fauxbourgs  de  Paris.  Ramus ,  célèbre  Profefléur 
àParis,abbattit  alors  en  plein  midi  toutes  les  images  qui  etoient  dans 
la  Chappelle  du  Collège  de  Prefle ,  dont  il  étoit  Principal.  Cela  fut 
en  partie  caufè  qu'outre  que  l'on  informa  contre  lui,  le  Parlement 
ordonna  par  fon  arrêt  du  9.  Juillet  ifôg.  que  tous  les  Officiers  8c 
Suppôts  de  rUniverfité,  les  Principaux ,  les  ProfelTeurs ,  8c  les  Ré- 
gens de  tous  les  Collèges  8c  de  toutes  lesCommunautés  fignaflènt  le 
Formulaire  de  foi,  que  laSorbonne  avoit  drefle  en  if^i.  contre 
l'hérefie  de  Calvin. 

Prefque  en  même  tems  le  Roi  de  Navarre  quitta  le  parti  Hugue- 
not ,  8c  fe  mit  à  la  tête  du  Triumvirat ,  compofé  du  Duc  de  Guiiè , 
du  Connétable ,  8c  du  Maréchal  de  Montmorency ,  pour  défendre 
la  véritable  Religion  :  le  Prince  de  Condé  fe  fit  Chef  desHuguenots: 
8c  ce  fut  alors  que  commencèrent  les  premiers  troubles  ;  c'eft-à-di- 
re ,  la  première  guerre  civile  que  le  Calvinifme  fit  naître  en  France. 
Le  Prince  s'étant  rendu  maître  d'Orleans,les  Huguenots  furprirent 
après  un  très-grand  nombre  de  villes  dans  prefque  toutes  les  provin- 
ces.Peu  s'en  falut  queTouloufe  ne  tombât  fous  leur  puilfance.Rouén 
y  futréduitparlatrahifon  des  Calviniftes  qui  étoient  dans  la  ville, 
mais  l'armée  Royale  la  reprit  le  lô.Odlobre,  après  cinq  femaines 
de  fiége.  On  y  trancha  la  tête  à  Jaques  du  Bofc  d'Efmendreville , 
fécond  Préfident  en  la  Cour  des  aides ,  qui  étoit  fort  attaché  au  par- 
ti Huguenot.  Le  Sieur  de  Crofe  Gouverneur  du  Havje,  qui  avoir 
mis  cette  place  entre  les  mains  desAnglois  par  ordre  du  Prince  de 
Condé,  le MiniltreAuguftin Marlorat,  deux Confeillers de  ville, 
8c  deux  Bourgeois  furent  pendus  pour  le  crime  de  rébellion..  En- 
viron un  mois  après ,  le  Roi  de  Navarre  mourut  à  Andely  de  la  blef^ 
fure  qu'il  avoit  reçue  au  fiége  de  Rouen.  La  femeufe  bataille  de 
Dreux  fe  donna  la  même  année  au  mois  de  Décembre,  entre  les 
Catholiques  8c  lesHuguenots.Le  Duc  de  Guife  demeura  viâorieux, 
8c  fit  prilbnnier  le  Prince  de  Condé  :  mais  le  Connétable  tomba  en- 
tre les  mains  des  Calviniftes ,  8c  fut  mené  à  Orléans.  L'année  fiii- 
vante  le  Duc  de  Guife  alla  mettre  le  fiége  devant  Orléans ,  oii  il  fut 
afTalTinéparlefceleratJeanPoltrot.  Onfitenfuite  la  paix ,  8c  l'édit 
d'Amboife  du  19. Mars  1^63.  qui  portoit:  ^e  tes  Seigneurs  Tro- 
teflans  hauts  Ju(liciers  auraient  dans  leurs  maifons  l'exercice  libre  de 
leur  Religion ,  pour  eux  ^  pour  leurs  Sujets.  ®  «  en  tous  les  Saillia~ 
ges  e^  Senéchauffees  {la  ville  &  '"  Prévôté  de  Paris  exceptées)  il  y 
auroit  une  ville  ajfgnée,  dans  un  fauxbourg  de  laquelle  les  Huguenots 
pourroient  avoir  Un  prêche ,  comme  aufjî  dans  toutes  les  -villes  où  l'exer- 
cice de  la  nouvelle  Religion  fefaifoit  avant  le  y.  de  Mars.  S!) ue  toutes 
les  villes ,  que  tenaient  les  Huguenots ,  feroient  remifes  en  la  puiffance 
du  Roi ,  (^  toutes  les  Eglifes ,  qu'ils  avoient  occupées  .feroient  rendues  aux 
Catholiques.  Et  que  les  Prifonniers  de  guerre  feroient  élargis  fans  ran- 
çon. Les  premiers  troubles  ayant  été  pacifiez  par  cet  édit ,  la  Reine 
Catherine  le  déclara  pour  les  Catholiques  contre  les  Huguenots,qui 
reprirent  les  armes,  fous  prétexte  qu'on  avoit  deffein  de  les  extermi- 
ner du  Royaume.  Ils  furent  défaits  en  1^-67 .  dans  la  plaine  de  Saint 
Denys  :  mais  le  Connétable  fut  bleffé  à  mort  dans  cette  bataUle.Le 
Prince  de  Condé,ayant  tiré  du  fecours  des  Calviniftes  d'Allemagne, 
affiégea  Chartres  en  ij-68. 8c  alors  on  fitla  paix  à  Long-jumeau,  8c 
l'édit  du  23 .  Mars ,  dont  les  principaux  articles  furent ,  S)ue  l'édit 
de  la  pacification  d'Orléans  feroit  obfervé  purement  ^  [implement. 
^ue  le  Prince  i;^  ceux  qui  ï avoient  fuivi  renonceroient  à  toutes  ligues. 
Et  qu'ils  remettraient  promptement  entre  les  mains  du  Roi  toutes  les 
villes  (^  toutes  lesplaces  qu'ils  avaient  occupées.  Mais  les  Huguenots 
ne  voulurent  pas  rendre  la  Rochelle ,  ce  qui  donna  lieu  aux  troifié- 
mes  troubles ,  pendant  lefquels  fe  donna  la  bataille  de  Jarnac ,  oii  le 
Prince  de  Condé  fut  tué  en  1/69.  L'Amiral  ayant  réparé  cette  perte 
pai-  le  fecours  des  Reitres  8c  des  Lanfqucnets  d'Allemagne ,  perdit 
encore  la  bataille  de  Montcontour ,  après  laquelle  il  remit  fur  pié  de 
nouvelles  troupes  :  mais  les  deux  armées  étant  en  préfence ,  on  fit  la 
paix  au  mois  d'Août  i^jo.  L'édit  que  le  Roi  accorda  aux  Hugue- 
nots portoit,  qu'outre  les  villes  oià  ils  faifoient  le  prêche,  il  leur 
feroit  encore  permis  de  le  faire  dans  deux  autres  villes  qu'on  leur 
j  aflîgna  en  cliaque  province  ;  8c  qu'ils  auroient  pour  deux  ans  quatre 
villes  de  fureté  ,  favoir  la  Rochelle  ,  Montauban  ,  Cognac ,  8c 
(la  Charité.  Cettepaix dura  jufqu'en  15-72. que  l'Amiral 8c prefque 
tous  les  Huguenots  furent  maflacrés  à  la  journée  de  la  S.  Barthe- 
lemi. 

,  Le  Roi  Charles*IX.  obligea  enfuite  le  Roi  de  Navarre  8c  le  Prinœ 
de  Condé  d'abjurer  leur  hérefîe,  8c  d'embraflèr  la  Religion  Ca- 
tholique. Mais  les  Hérétiques  devinrent  plus  obftinés,  8c  fe  ren- 
dirent plus  puiflàns  que  jamais ,  fous  le  règne  d'Henri  ÏII.  ayant 
pour  Chef  8c  Protedleur  le  Roi  de  Navarre ,  qui  gagna  plufieurs  ba- 
tailles contre  l'armée  de  la  ligue ,  8c  étant  parvenu  à  la  couronne 
de  France  fous  le  nom  d'Henri  IV.  fit  en  leur  faveur  ledit  de  Nan- 
tes l'an  1^98.  Dix  ou  douze  ans  après  la  mort  de  ce  grand  Prince, 
ils  fe  révoltèrent  :  mais  le  feu  Roi  Louis  XIII.  ayant  pris  la  Ro- 
chelle ,  capitale  de  leur  nouvelle  Republique  qu'ils  vouloient  établir 
en  France ,  8c  toutes  leurs  autres  places ,  les  réduifit  entièrement 
fous  fon  obéiflance.  Il  ne  put  néanmoins  abolir  cette  hérefie;  ce 
qu'a  fait  le  Roi  Louis  k  Grand,  par  un  fage  mélange  de  juftice  Se  de 

clemen- 


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CAL 

démence,  de  fermeté  5c  de  douceur;  Il  a  fait  agir  fa  jufticeavec 
beaucoup  de  fermeté.Premierement,  lors  qu'il  a  tait  abatre  les  tem- 
ples que  lesCalviniftes  avoient  bâtisfic  ufurpés  depuis  plus  de  foixan- 
tê  ans ,  &  qu'il  a  défendu  l'exercice  de  leur  prétendue  Religion  en 
quantité  de  lieux  où  il  fe  faiioit  contre  les  édits  même  qui  les  favori- 
ioientleplus.  Secondement ,  en  ôtantaux  médians  Catholiques  la 
liberté  de  changer  de  Religion ,  8c  aux  Huguenots  convertis,celle  de 
retourner  au  Calvinifme  par  l'apoftafie.En  troiïiéme  lieu ,  en  aboHf- 
fant  les  Chambres  mi-parties ,  oià  les  criminels  de  la  fauflè  Religion 
trouvoicnt  un  afyle.  En  quatrième  lieu ,  lors  qu'il  a^té  à  tous  ceux 
qui  s'obftiner oient  dans  l'héreiie  toute  efperance  de  pouvoir  préten- 
dre aux  dignités ,  aux  charges ,  &  aux  offices ,  fur-tout  dans  fa  mai- 
fon.  Sa  clémence  Se  fa  bonté  ont  paru,  lors  qu'il  a  cherché  tous  les 
moyens  de  ramener  doucement  lesHéretiques  dans  le  fein  de  l'Egli- 
lé  dont  leurs  Ancêtres  fe  font  feparés.Il  a  pris  foin  qu'on  envoyât  de 
bons  &  de  favans  MilTionnaires  jufques  dans  les  vallées  desAlpes:  il 
a  fait  dillribuer  des  fommes  très-conliderables  aux  pauvres  conver- 
tis,&  a  comblé  de  grâces  &  de  faveurs  tous  ceux  qui  ont  abjuré  l'hé- 
relie.Après  avoir  commencé  ce  grand  deiîèin  par  une  conduite  fi  la- 
gc  &  Il  juiîe ,  il  a  enfin  défendu  l'exercice  public  de  la  Rehgion  Pré- 
tendue Reformée  dans  tout  fon  Royaume ,  par  un  édit  donné  à 
Fontainebleau  au  mois  d'Oârobre  i68j-. 

Il  eft  important  d'en  remarquer  ici  les  motifs  &  les  principaux 
chefs.  SaMajefté  y  déclare,  que  le  Roi  Henri  le  Grand  voulant 
empêcher  que  la  paix  qu'il  avoir  donnée  à  fcsSujets,ne  fiît  troublée  à 
l'occafion  de  la  Religion  Prétendue  Reformée ,  (comme  il  étoit  ar- 
rivé fous  les  règnes  des  Rois  fes  prédeceflèurs)  régla  par  fon  édit 
donné  à  Nantes  au  mois  d'Avril  1 5-p8.ce  qui  regardoit  ceux  de  cette 
Religion,  pour  maintenu-  la  tranquiUité  de  fon  Royaume,afin  d'être 
plus  en  état  de  travailler,  comme  il  avoit  réfolu  de  faire,  pour  réunir 
à  l'Eglife  ceux  qui  s'en  étoient  fi  facilement  éloignés.  Et  comme 
l'intention  de  Henri  le  Grand  ne  put  être  effectuée  à  caufe  de  fa  mort 
précipitée  ;  ceijx  de  la  Religion  Prétendue  Reformée  firent  de  nou- 
^  velles  entreprifes  pendant  la  minorité  du  Roi  Louis  XIII,lefquelles 
donnèrent  occafîon  à  les  priver  de  divers  avantages  qui  leur  avoient 
été  accordés  par  l'éditde  Nantes.  Néanmoins  Louis  XIII.  leur  ac- 
corda depuis  un  nouvel  édit  àNîmes  en  Juillet  i  ôip.pour  rétablir  la 
tranquillité  dans  le  Royaume,  &  dans  le  defîèin  de  profiter  de  ce  re- 
pos pour  exécuter  ce  que  le  Roi  Henri  IV.  avoit  réfolu.  Mais  les 
guerres  avec  les  étrangers  étant  furvenuës,en  forte  que  depuis  1 63  j-. 
jufques  à  la  trêve  conclue  en  1684.  avec  les  Princes  de  l'Europe,  le 
Royaume  avoit  été'peu  de  tems  fans  agitationjon  n'avoit  pas  pu  fai- 
re autre  cholè  pour  l'avantage  de  la  Religion ,  que  de  diminuer  le 
nombre  des  exercices  de  laReligionPrétenduëReformée  par  l'inter- 
diâion  de  ceux  qui  s'étoient  trouvés  établis  contre  la  difpofition  des 
édits  de  Nantes  &  de  Nîmes,Sc  de  fupprimer  les  Chambres  mi-par- 
tiesjdont  l'éreâion  n'avoit  été  faite  que  par  provifion.Qu'enfuite  la 
Majefté  profitant  du  repos  de  fes  peuples,  s'eft  appliquée  à  recher- 
cher les  moyens  ds  parvenir  au  fuccès  du  deffein  des  Rois  Henri  IV. 
êcLouïsXIII.de  forte  que  la  plus  grande  partie  de  fesSujets  de  laRe- 
ligion  Prétendue  Reformée  avoient  déjaembrafiie  la  Religion  Ca- 
tholique. Et  qu'enfin  les  chofes  étant  en  cet  état ,  il  étoit  a  propos 
d'effacer  entièrement  la  mémoire -des  troubles  Se  des  maux  que  le 
progrès  de  la  fauffeReligion  avoit  caufés  dans  le  royaume,8c  de  ré- 
voquer entièrement  l'édit  de  Nantes ,  8c  tout  ce  qui  a  été  fait  depuis 
en  faveur  de  cette  Religion.  Pourdefi  juftes  caufes,  le  Roi  Louis 
/cG;-^»(/fupprime  8c  révoque  l'édit  de  Nantes  donné  en  15-98.  8c 
l'édit  de  Nîmes  fait  en  1629.  8c  en  confequence  ordonne  que  tous 
les  temples  de  ceux  de  la  Religion  Prétendue  Reformée,  iitués  dans 
fon  Royaume  8c  terres  de  fon  obéiffancejfoient  abbatus  8c  démolis  : 
défend  l'exercice  de  cetteReligion  en  quelque  lieu  que  ce  foit;  8c  en- 
joint à  tous  les  Miniilres,  qui  ne  voudront  pas  embraffer  laReligion 
Catholique  5  Apoftolique ,  Se  Romaine.de  fortir  du  Royaume,  pro- 
mettant -à  ceux  qui  voudront  fe  convertir ,  une  penfion  d'un  tiers 
plus  forte  que  les  appointemens  qu'ils  touchoient ,  à  caufe  de  leur 
fonâion  de  Miniftres.  A  l'égard  des  enfans,  qui  naîtront  de  ceux  de 
la  Religion  Prétendue  Reformée,fa  Majefté  veut  qu'ils  foient  doré- 
navant baptifés  par  les  Curés  des  paroiffes,8c  élevés  dans  la  Religion 
Catholique.  Elle  fait  auiB  défenfes  à  tous  fes  Sujets  de  la  Religion 
Prétendue  Reformée  de  fortir  du  Royaume ,  ni  d'en  tranfporter 
leurs  biens ,  fous  peine  des  galères  pour  les  hommes,  8c  de  confifca- 
tion  de  corps  Se  de  biens  pour  les  femmes .  Elle  ordonne  que  les  dé- 
clarations rendues  contre  les  Rclaps(ouHuguenots  convertis  qui  re- 
tourneront au  Calvinifme  )  foient  ponâuellement  exécutées  :  8c 
enfin  elle  permet  à  ceux  de  la  Religion  Prétendue  Reformée  de  de- 
meurer dans  fon  Royaume ,  d'y  continuer  leur  commerce,  8c  de 
jouir  de  leurs  biens ,  à  condition  de  ne  point  faire  l'exercice  de  leur 
Religion  ni  de  s'aflèmbler  fous  prétexte  de  prieres.Par  un  autre  édit 
du  mois  de  Janvier  1686.  le  Roi  ordonne  que  tous  les  enfans  de  fes 
Sujets  de  la  Religion  Prétendue  Reformée ,  depuis  l'-âge  de  cinq  ans 
jufques  à  celui  de  fcize  accomplis,  foient  élevés  dans  laReligion 
Catholique  Ibit  par  leurs  parens  Catholiques ,  ou  par  autres  perlbn- 
nes  nommées  par  les  Juges  des  lieux,ou  par  les  foins  desAdminiftra- 
teurs  des  hôpitaux  généraux.  Au  mois  de  Mai  de  la  même  année, 
fa  Majefté  a  fait  une  déclaration,  par  laquelle  il  eft  défendu  aux  nou- 
veaux CathoUques  de  fe  retirer  dans  les  pais  étrangers  ;  cette  éva- 
fion  étant  une  marque  qu'ils  veulent  y  trouver  la  liberté  de  conti- 
nuer dans  les  erreurs  qu'ils  femblent  avoir  quittées. 

oj^  Certains  Ecrivains  ont  tâché  de  faire  palier  dans  leurs  libelles 
tous  ces  effets  de  la  jufticc,  delaprudence,£cde  la  fermeté  du  Roi , 
pour  une  perfécution  qu'on  leur  a  faite,  contre  la  difpofition  des 
édits  des  Rois  fes  prédeceffeurs ,  8c  même  de  ceux  de  fa  Majefté. 
Mais  l'injuftice  de  leurs  plaintes  paroît  évidemment,fi  l'on  confide- 
.  re,que  dans  la  plupart  des  chofes  dont  ils  fe  plaignent,on  n'a  fait  que 
leur  ôter  ce  qu'ils  avoient  ufurpé  contre  les  édits ,  comme  les  tem- 
ples qu'on  a  démolis  dans  les  comjnenceinens;  ou  ce  dontonabu- 
Tom.  U.  '  '  '     ' 


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foit  contre  l'intention  des  mêmes  édits ,  comme  les  Chambres  mi- 
parties  :  ou  enfin  ce  qu'on  ne  leur  avoit  jamais  accorde ,  comme  dé 
Jailfer  aux  Catholiques  la  liberté  de  profefler  le  Calviniime,  laquelle 
n'aétépermifeparces  édits  qu'aux  feals  Huguenots  qui  l'av oient 
demandée.  Il  faut  encore  remarquer ,  que  ces  édits  n'ont  été  obte^ 
nus  que  durant  la  minorité  du  Roi  Charles  IX.  ou  par  des  Rebelles 
qui  les  demandoient  les  armes  à  la  main ,  étant  foiitenus  de  l'étran- 
ger qu'ils  avoient  introduit  en  France  :  que  quelques-uns  ont  été  ac- 
cordés par  provifîon  feulement ,  comme  il  eft  porté  dans  les  arrêts 
de  leur  enregiftremenf.  8c  que  tous  enfin  ont  été  taits  dans  l'urgente 
neceflite  des  tems,  &  pour  certaines  raifons  qui  ne  fubiiftent  plus 
maintenant.  Si  donc  les  Hugunots  ont  trouvé  bon  que  l'edit  de 
Juillet,  favorable  à  la  Rdigion  Catholique,  fût  révoque  par  celui 
de  Janvier ,  contre  une  ponéffion  paifible  de  près  de  douze  fiécles  ; 
fur  la  remontrance  du  Chancelier  de  l'Hôpital  qui  fit  extrêmement 
valoir  cette  maxime ,  ^  u'ilfunt  que  Us  cdits  s'accommodent  aux  tems 
O'aHxperfinnes:  ont-ils  raifon  de  fe  plaindre  de  ce  qu'on  a  révoqué 
les  édits  que  leur  étoient  favorables ,  par  un  autre  qui  remet  les  Ca- 
tholiques dans  leur  ancienne  poffeffion  ;  maintenant  que  les  tems 
font  bien  changez ,  Se  que  les  perfonnes  ne  font  plus  dans  l'état  où 
elles  étoient  alors.  Et  puis,  il  eft  certain  que  les  Huguenots  ont  fou- 
vent  contrevenu  à  ces  édits  par  des  entreprifes  très-criminelles  con- 
tre l'autorité  du  Roi:  c'eft  pourquoi  on  a  pu  juftement  révoquer 
les  grâces  qu'on  leur  avoit  accordées.  On  peut  ajouter  que  le  Roi 
a  pu  faire  fort  équitablement  à  l'égard  des  Huguenots ,  ce  que  plu- 
fieurs  Princes  Proteftans  font  à  l'égard  des  Catholiques  ,  à  qui  ils 
ôtent  le  libre  exercice  de  la  vraye  Religion  dans  leurs  Etats,  quoi 
qu'ils  n'ayent  pas  les  fujets ,  ni  les  raifons  qu'a  eues  le  Roi  Louis  te 
Grand-pom  révoquer  des  édits  que  la  feule  neceifité  des  tems  avoit 
fait  accorder ,  afin  d'appaifcr  la  fureur  des  guerres  civiles.  *  Maim- 
bourg ,  Hiftoire  du  Calvinifmei  SU^, 

[On  peut  remarquer  fur  rarticleduCalvinifniecequel'on  a  ré- 
marqué fur  celui  de  Calvin.  Mais  outre  cela,  on  doit  faire  refle- 
xion fur  trois  chofes.  i .  Il  paroît ,  pai-  la  relation  de  nôtre  Auteur , 
tirée  de  Maimbourg ,  que  d'abord  que  les  Proteftans  entreprirent  de 
reprendre  en  France  ce  qu'ils  croyoient  devoir  être  changé  dans  la 
Religion  Romaine ,  on  ne  leur  repondit  qu'en  les  menaçant  de  les 
brûler ,  8c  en  les  brûlant  effedlivement ,  quand  on  les  pouvoit  failir. 
Cette  conduite ,  loin  de  deshonorer  les  Réformez ,  eft  capable  de 
donner  un  préjuge  favorable  pour  eux  à  ceux  qui  y  feront  reflexion; 
puisque  l'on  fait  que  la  vérité  a  été  fouvent  traitée  de  la  forte  ,  par 
ceux  qui  étoient  dans  l'erreur.  2;  Comme  Dieu  n'a  dit  en  aucun 
endroit  que  les  Rois  font  revêtus  du  pouvoir  de  régler  les  dogmes 
que  l'on  doit  croire ,  ni  que  le  plus  foible  parti  doit  fe  foûfflettre  au 
plus  tort;  on  ne  peut  pas  dire,  félon  les  principes  d'aucune  Reli- 
gion, que  les  Reformez  fuirent  obligez  de  fe  foûmettre  au  juge- 
ment du  parti  oppofe.Cela  étant  ainfi ,  lors  que  les  Rois  8c  leurs  Mi- 
niftres ont  voulu  les  contraindre  à  fe  foûmettre  à  un  pouvoir ,  qu'ils 
n'a  voient  point ,  faut-il  s'étonner  11  les  peuples  ont  détendu  par  les 
armes  une  liberté ,  qu'ils  croyoient  tenir  immédiatement  de  Dieu, 
8c  qu'ils  en  tenoient  en  efîèt ,  félon  les  principes  communs  de  tout 
le  Chriftianifme?  Si  une  grande  partie  des  Sujets  du  Roi  du  Japon  fe 
faifoient  Chrétiens ,  voudroit-on  qu'ils  fefoûmilfent  au  jugement 
de  ce  Prince  Idolâtre  ?  S'il  les  vouloir  contraindre  de  fuivreXa  Reli- 
gion ,  contre  le  droit  divin ,  ces  peuples  feroient-ils  un  grand  mal  de 
défendre  leurs  droits  naturels  par  la  même  force ,  par  laquelle  on  les 
attaqueroit  ?  En  vérité  le  droit  de  fe  défendre  eft  pour  le  moins  aufti 
bien  fondé ,  que  celui  d'attaquer  .On  ne  peut  pas  dire  qu'il  y  ait  rien 
là  de  féditieux,  parce  que  la  fedition  ne  vient  pas  de  ceux  qui  ne  de- 
mandent que  d'être  foufferts,  mais  de  ceux  qui  refufent  defouffrir, 
8c  qui  employent  la  violence  pour  foutenir  des  droits,que  l'on  re- 
connoît  qu'ils  n'ont  point.  3.  Pour  ce  qui  regarde  la  révocation  de 
l'édit  de  Nantes  en  France,l'Auteur  fuppofé  qu'il  n'y  a  point  d'édits, 
ni  de  traitez  avec  leurs  Sujets ,  que  les  Rois  ne  puiffent  révoquer. 
Sans  examiner  le  fonds  de  cette  maxime ,  ce  devroit  être  là  un  myf- 
tere  d'Etat  que  l'on  ne  dît  point ,  parce  que  li  les  peuples  viennent 
un  jour  à  faire  réflexion  là-delîus  ,  ils  ne  pourront  avoir  aucune 
confiance  dans  la  foi  de  leurs  Princes,  8c  dès  qu'il  fe  fera  quelque  fe- 
dition ,  elle  ne  finira  que  par  la  ruine  totale  de  l'un  ou  de  l'autre  des 
partis,puis  que  l'on  regardera  les  traitez  comme  des  pièges  fâcheux 
que  les  Princes  tendent  à  leurs  Sujets.  Outte  cela  les  peuples  com- 
prendront par  là  qu'on  ne  les  regarde  plus  comme  de  fîmples  Sujets, 
obligez  à  certaines  chofes ,  mais  comme  des  Efclaves,qui  n'ont  pas 
droit  de  fe  plaindre,  qu'on  leur  ôte  la  vie  8c  les  biens  ;  parce  qu'ils  ap- 
partiennent en  propre  auxSouverains,àquiDieu  les  a  donnez  immé- 
diatement ,  pour  en  rendre  compte  à  lui  feul.  Si  les  peuples  étoient 
bien  convaincus  que  les  Princes  s'imaginent  avoir  ces  droits ,  pour- 
roit-on  les  empêcher  de  regarder  les  Princes  comme  les  ennemis  du 
genre  humain ,  8c  quelles  fâcheufes  conféquences  ces  penfées  n'au- 
roient-elles  pas  ?  Du  côté  des  Princes,la  feule  crainte  de  Dieu  feroit- 
elle  un  frein  alTez  fort ,  pour  les  empêcher  de  s'abandonner  aux  der- 
niers excès?  Ainii  en  flattant  les  Princes  d'une  manière  fiodieufe, 
on  perd  lans  y  penfer  8c  eux  8c  leurs  Sujets,  8c  l'on  renverfe  de  fonds 
en  comble  la  focieté  civile.  Mais ,  il  y  a  un  milieu  à  tenir  en  ces  doc- 
trines ,  qui  peut  porter  les  peuples  a  robéiflànce,Sc  les  Princes  à 
n'abufer  pas  de  leur  autorité.  Ces  derniers  n'ont  même  qu'à  être  ' 
médiocrement  honnêtes  gens ,  pour  être  adorez  de  leurs  Sujets.} 

CALVINISTES, c'eft  le  nom  qu'on  donne  aux  Seâateurs  de 
Calvin  ,,  qu'on  connoît  encore  fous  celui  de  Sacramentaires  , 
de  Prétendus  Reformez,  de  Protestans,  8c  plus 
communément  de  Huguenots.  L'origine  de  ce  dernier  nom 
eft  incertaine.  U  y  en  a  qui  difent  qu'il  prit  naiflànce  à  Tours,8c 
qui  le  tirent  du  nom  de  Hugon  ;  parce  que  ces  Novateurs  faifoient 
leurs  affemblées  no£turnes  à  la  porte  Hugon;  ou  parce  qu'ils  ne  for- 
toient  que  durant  les  ténèbres ,  comme  certain  Lutin ,  ou  efpric 
nofturne  qu'ils  nopiment  le  Roi  Hugon ,  8c  lequel  félon  les  con- 
D  X  tt» 


Ê.$ 


CAL 


tes  du  peuple ,  courj:  durant  la  nuit  par  les  rues  de  cette  ville.  Quel 
ques  autres  ont  cru  qu'ils  furent  nommez,  ainii  après  la  harangue  de 
certains  députez,  de  leur  parti  ;  qui  commençoit  par  ces  mots ,  Hue 
nos  -vemmus.  Il  y  en  a  qui  l'attribuent  à  la  réponfe  de  quelques  Alle- 
mansjefquels  ayant  été  furpris ,  après  la  conjuration  d'Amboife,fur 
ce  qu'on  leur  dcmandoit  d'oii  ils  étoient ,  comme  ils  n'entendoient 
pas  la  langue ,  ils  répondirent  en  Latin  les  mêmes  paroles ,  Hue  nos 
•venmtis.  Et  les  Courtifans ,  qui  n'entendoient  pas  auiTi  le  Latin ,  fe 
difoient  les  uns  aux  autres  qu'ils  étoient  à' Hue  nos.  PMeurs  ailù- 
rent  pourtant  avec  plus  de  raifon  que  ce  nom  eft  venu  du  motSuifle 
Bidgenojfen  ou  Eidgnos ,  qui  veut  dire  Liguez,  ou  Conféderez.  Ils 
ajoutent  que  ce  nom  ftit  corrompu  par  ceux  de  Genève,  &  que  de 
là  il  fut  porté  en  France  par  les  Religionnaires  mêmes,qui  voyoient 
qu'on  les  appelloit  ainJi  en  cepaïs.  Quoiqu'il  enfoitde  l'origine 
de  ce  nom ,  ilfufEt  de  remarquer  que  ce  funefte  fchiime  a  caufe  des 
maux  incroyables  à  la  France. 

OS^  Les  principales  opinions  des  Calviniftes  tirées  des  écrits  de 
Calvin ,  8c  exprimées  dans  les  quarante  articles  de  la  Confeflîon  de 
foi  qu'ils  préfenterent  au  Roi  de  France ,  dans  leurs  Catcchifmes 
&  dans  leur  Difcipline  Ecclefiaftique ,  font  contre  le  facrifice  de  la 
Meflé,  le  mérite  des  bonnes  œuvres,  la  préfence  réelle  du  corps  du 
Fils  deDieu  dans  leSâcrement  de  l'autel,le  nombre  &  l'efEcace  des 
Sacremens,  les  confeils  Evangeliques ,  les  vœux  de  Religion  &  les 
particuliers,8c  contre  lajuftification.il  y  en  a  plufieurs  autres ,  qui 
font  rapportées  par  Prateole  ou  du  Preau,  par  Florimond  de  Rai- 
mond ,  par  Sponde ,  par  Schluflèbourg  Lutlierien,qui  a  fait  le  Ca- 
talogue des  Hérétiques ,  Se  qui  y  met  Calvin  8c  f*s  adhérans;8c  par 
pluiieurs  autres ,  entre  lefquels  les  Cardinaux  du  Perron,  Bellarmin, 
de  Berulle,8c  de  Rictelieu ,  qui  ont  écrit  contre  ces  erreurs ,  ne  font 
pas  des  moins  illuftres.  Peut-être  y  a-t-il  de  l'exagération  dans  les 
cent  hérefies ,  que  le  P.  Gautier  leur  attribue  dans  fa  Chronologie, 
8c  qu'on  pourroit  les  réduire  à  moins.  Nous  pouvons  encore  faire  le 
mêmejugementde  ce  qu'a  écrit  le  P.  François  Feuardent  Corde- 
lier,Do£i:eur  de  Paris,  lequel  a  marqué  miUe  quatre  cens  erreurs  des 
Calviniftes  dans  l'Ouvrage  qu'il  nomme  Theomachia  Cahinifiica. 

CALVISIUS,  Romain,  vivoit  fous  l'Empire  de  Tibère,  l'an 
3y.defalut.  IlaccufaAgrippinemcredeNeron,  à  la  prière  de  Ju- 
Êa  Silana,mais  ayant  été  trouvée  innocente ,  Calvifius  fut  envoyé  en 
exil,8c  rappelle  quelque  tems  après,conime  le  ditTacite./»'.  1 3  .©> ' 1 4. 
Il  y  a  eu  aufli  Calviiius  T.ellus ,  8c  Calvifius  Sabinus  ,  Confuls  Ro- 
mains. J'en  parle  ailleurs. 

CALVISIUS ,  (Seth)  Allemand ,  étoit  de  Grofleb  petit  bourg 
dans  la  Thuringe.  Il  a  vécu  au  commencement  du  XVIÎ  Siècle ,  8c 
il  a  publié  divers  Ouvrages  de  Chronologie. En  1 6oj-.il  publia  la  pre- 
mière fois  fa  Chronologie  Latine,felon  les  principes  de  Jofeph  Sca- 
liger  qui  lui  donne  de  grands  éloges.En  1 6 1 1  .il  fit  imprimer  un  Ou- 
vrage contre  le  Calendrier  Grégorien ,  fous  ce  titre,  Eknchus  Cxlen- 
darii  à  Papa  GregorioXIII.  comfroiati.  Il  préparoit  une  féconde 
édition  de  &  Chronologie ,  quand  il  mourut  en  1 6 1 7 .8c  on  la  réim- 
prima corrigée  en  i6zo.  *Scaliger,  ef.  308.  ^  404.  David  Ori- 
gan, w  Pr^e/ar.E/eac^.  Voffais,  de  Scient.  Math.  c.  68.  §.  ao.Quen- 
ftedt ,  de  Pair.  Do9.  é'C- 

CALVO ,  (Antoine)  Cardinal ,  Evêque  de  Todi ,  étoit  de  Ro- 
me ,  où  s'étant  avancé  dans  les  Lettres  Û  eut  une  Chanoinie  à  Saint 
Pierre,  Scenfuiteilfutpourvude  l'EvêchédeTodi.  Cette  dignité 
le  fit  connoître  au  Pape  Innocent  VII ,  lequel  étant  perfuadé  de  là 
prudence  8c  de  fon  adreffe  dans  les  afiàires,le  mit  au  nombre  desCar- 
dinaux  en  1405-.  Grégoire  XII.  fe  fèrvit  de  lui  en  diverfes  occa- 
lions,lui  donna  l'Archiprêtré  de  Saint  Pierre,oii  il  eut  ordre  de  ré- 
former les  Chanoines ,  8c  lui  fit  beaucoup  de  bien.  Comme  Calvo 
étoit  reconnoiflànt ,  ce  fut  à  l'extrémité  qu'il  abandonna  ce  Pape, 
pour  fe  joindre  au  Concile  de  Pifè.  Les  Cardinaux ,  qui  étoient  dans 
cette  affemblée ,  lui  en  écrivirent  une  Lettre  injurieulè ,  que'Theo- 
doric  de  Niem  a  coftfervée.Il  donna  fon  conlèntement  pour  l'élec- 
tion d'Alexandre  V.  8c  mourut  le  i.  Oârobrede  l'an  141 1.  ^Cia- 
conius ,  in  Innoc.  Vil.  0>  Alex.  V.  Ughel ,  Ital.  facr.  Auberi ,  Hift .  des 
Caid.  t^c. 

CALVO,  (Boniface)  Poète ,  vivoit  dans  le  XIÎI.  Siècle.  Il 
étoit  de  Gènes  ;  ayant  été  exilé  de  fon  pais ,  il  vint  en  Provence  8c 
puis  paflà  en  Efpagne,  où  il  fut  très-bienreçu  dans  la  Cour  de  Ferdi- 
nand III.  Roi  de  Caftille.  Ce  fut  vers  l'an  IZ48.  fur  la  fin  du  tegne 
de  ce  Prince ,  qui  fit  Chevalier  Boniface  Calvo ,  8c  celui-ci  y  devint 
amoureux  de  la  Princeflè  Berangere.  Ucompolà  diverfes  pièces  de 
Poëfîe  en  langue  Provençale,Italienne,8c  Efpagnole ,  8c  mourut  peu 
de  tems  après.  *  Jean  Noftradamus ,  Vies  des  Poët,  Provenf.  La 
Croix  du  Maine,  Bièl.Franf.  Soprani  8c  Juftiniani,  Scrittor.delU 
Ligur.  érc 

CALUS,  que  d'autres  nomment  Talus  neveu  de  Dédale,  fils  de 
là  fœur.fiit  un  des  élevés  de  fon  oncle,8cipventa  la  fcie  8c  le  com- 
pas; dont  Dédale  conçût  une  telle  jaloufîe,  qu'il  le  tua.  Ce  fut  pour 
ce fujet  qu'il fortit d'Athènes, où  ilavoit  commis  cette aftion ,  8c 
qu'il  s'enfuît  dans  l'ifle  de  Crète.  *  ApoUodore  ,  Bibl.  Lib.lII.^.a. 
Paufanias ,  //.  9.  SUP. 

C  A  L  V  U  S ,  (Cornélius  Licinius)  Orateur  célèbre  de  fon  tems, 
vivoit  en  690.  de  Rome ,  en  la  CLXXIX.!  Olympiade  ,  8c  64. 
ans  avant  l'Ere  Chrétienne.  Il  étoit  ami  de  Catulle ,  à  qui  il  envoya 
de  méchans  vers  d'Auteurs  inconnus ,  pour  le  divertir  durant  la  fête 
des  Saturnales.Ce  Poète  lui  écrivit  répigramme,qui  eft  la  quator- 
zième de  celles  qui  nous  reftent  de  lui.  Il  le  raille  aufli  de  fa  petite 
taille  dans  l'épigramme  5-4,8c  en  la  97  .il  lui  recommande  de  pleurer 
la  mort  de  Quimilia  qu'il  avoit  aimée.  Ovide  parle  de  lui  dans  l'élé- 
gie de  la  mort  de  Tibulle,8c  Horace  dans  fes  Satires,  tf.  i.Sat.  10. 

CALYDON  ,  ville  d'Etolie,  qui  a  donné  fon  nom  à  cette  fo- 
rêt où  les  Poètes  feignent  que  Meleagre  tua  un  fanglier  prodigieux. 
Il  y  a  aufli  une  forêt  de  ce  nom  en  Ecoflè ,  8c  un  bourg  que  ceux  du 
pus  nomment  DitnksU.  On  donne  auflTi  ce  nom  à  une  partie  de 


CAL.  CAM. 

l'EcoiTe  8c  à  la  mer ,  vers  le  Septentrion ,  Oceanus  câledoniw.Li  ville 
de  Calydon  en  Etoile  a  eu  le  liège  d'un  Evêque ,  8c  elle  avoit  été  ca- 
pitale du  pais.  Xenophon,  Strabon,  Paulànias,  Stephanus,  &;ci 
en  font  nrention. 

CALYDONI,  eft  un  petit  château  d'Italie  dans  le  Vicentin  j 
8c  donne  fon  nom  à  une  noble  famille  de  Vicence,  ville  dans  l'Etat 
de  Venife. 

CALZA,  ouGalza,  Ordre  militaire  de  Venife  ;  ilfut  infti- 
tué  à  l'occafion  de  celui  de  la  Bande  en  Efpagne;  pour  drefTcr  la  jeu- 
neffe  aux  exercices  de  la  guerre,  tant  fur  mer  que  fur  terre.  On  le 
renouvella  l'an  1 5-62. ce  qui  a  fait  croire  à  quelquesAuteurs  que  c'eft 
en  ce  tems  feulement  qu'il  fut  établi.  *Giuftiniani,  Hift.Venet. 

C;ALZADA,  laCalzade,  ou  S. Domingo  de  la 
Calzada  ,  Calciata  ,  ville  d'Efpagne  dans  la  Caftille  vieille  , 
8c  le  petit  pais  de  Rioja  autrefois  de  la  Navarre.  Elle  a  eu  Evêché 
fuf&agant  de  Burgos ,  uni  depuis  l'an  1136.  à  celui  de  Calahorra. 
Calzada  eft  iituée  dans  les  montagnes ,  8c  elle  eft  célèbre  par  la  dé- 
votion à  S.  Dominique,  dont  elle  a  même  le  nom. 

CAMALDOLI,  Ordre  Religieux  ,  fondé  par  Saint  Romuald 
fur  la  fin  du  X  Siécle.Ce  Saint  donna  à  fes  Mornes  les  règles  de  Saint 
Benoît ,  avec  quelques  conftitutions  particulières  8c  un  habit  blanc, 
après  une  vifion  qu'il  eut  de  plufieurs  perfonnes  ainfi  vêtues ,  qui 
montoient  par  une  échelle ,  qui  touchoit  le  ciel.  Il  étoit  de  Ravcn- 
ne ,  d'une  maifon  illuftre ,  mais  il  le  devint  bien  davantage  par  ia 
fainteté.  Ayant  rencontré  dans  les  Monts  Appennins,  près  d'Arez- 
zo,  une  aôreufe  folitude  dite  Campo  iWaiWi,  peut-être  du  nom  de 
celui  àqui  la  terre  appartenoit,  il  commença  vers  l'an  1009.  à  y 
bâtir  ce  célèbre  Monaftere  qui  a  donné  le  nom  à  tout  l'Ordie.  Ce 
Monaftere  eft  dans  la  Romandiole  de  l'Etat  de  Florence  au  deçà  de 
l'Arne ,  il  y  a  un  petit  bourg  qui  a  le  même  nom.  La  Congrégation 
des  Hermites  de  Saint  Romuald,  ou  du  Mont  de  la  Couronne,  eft 
une  branche  de  celui  de  Camaldoli ,  avec  lequel  il  fit  union  en  i  j-i  2. 
Paul  Juftinien  de  Venife  commença  fon  étabUlTement  en  ij-10.  8c 
fonda  le  principal  Monaftere  dans  l'Appennin ,  en  un  lieu  nommé  le 
Mont  de  U  couronnejÀdixmïïlesàe'PtYouie.  Il  en  dédia  l'an  ij-fr. 
l'Eglife  au  Sauveur  du  monde.  *'  Pierre  Damien  ,  in  Vita  S.  Jio- 
mual.  Baronius,  in  Annal.  ^Martyr.  Rainaldi,  Sponde, 8cc. 

CAM ARELLI ,  (François)  de  Vicence ,  célèbre  Jurifconfulte , 
avècueni64o.  fous  le  Pontificat  d'Urbain  VIII.  11  a  été  beaucoup 
confidcré ,  par  fa  doiftrine  8c  par  fes  Ouvrages.  *  loannes  Imperia- 
lis,  in  Muf.  Hift. 

CAMARINE,  ville  de  Sicile ,  fut  bâtie  félon  Eufebe ,  l'an 
ifo.  de  Rome,  en  laXLIV.  Olympiade,  ouenlaXLV.comme 
veut  le  Schohafte  de  Pindare.  Les  Syraculàins  la  raferent  cin- 
quante-deux ans  après  ;  8c  elle  fut  depuis  rebâtie  par  un  certain  Hip- 
ponas.  Thucydide  en  parle ,  8cPolybe,  Diodore  de  Sicile  ;  Pline, 
Strabon,  8cc.  en  font  aufli  mention  ;  8c  Virgile  ,  ii.  3.  JEneïd. 
Camarine  a  été  depuis  entièrement  ruinée.  Son  nom  eftrefté  aune 
rivière  de  Sicile.  Cette  ville  eft  encore  célèbre  par  ce  qui  arriva  aux 
habitans,  à  caufè  de  certains  marais  puans  qui  les  incommodoient 
fort.  Car  ayant  prié  l'oracle  de  leur  apprendre  ce  qu'ils  dévoient 
faire,  ils  fçurentque  s'ils  les  deflëchoient ,  ils  en  feroient  plus  in- 
commodez. Mais  cette  réponfe  leur  femblant  ridicule, ils  firent 
écouler  les  marais;  8c  il  arriva  que  les  ennemis  entrèrent  depuis  par 
cet  endroit  dans  leur  ville;  d'où  eft  venu  le  proverbe,  Movere  Ca- 
marinam ,  pour  exprimer  un  malheur  qu'on  fe  procure.  *  Eraf- 
me,  Adag.-tit.  Malum  acctrfitum.  Thucydide  ,  Hift.  li.  6.  ^  7. 
Polybe  ,  au.  li.  i.  Diodore  ,  li.  14.  Phne,  //.  3.  c.  S.  Strabon  , 
U.  6.  Hcrodote,  //.  7.  Leander  Alberti,  Défi,  de  Sicile. 

CAMARINHA.  Cherchez  Caceres,  8cc. 

CAMATERE.  Cherchez Bafde  II.  Patriarche  de Conftanti- 
nople. 

CAMB,  ou  K  AMP,  Cambus,  rivière  d'Allemagne  dans  la  hau- 
te Autriche.  Elle  a  la  fource  vers  les  frontières  de  la  Bohême,  8c 
elle  fe  jette  dans  le  Danube. 

CAMBADAGI,  Difciple  de  Xaca ,  enfeigna  aux  Japonois 
d'adorer  le  Diable,  8c  enchanta  cette  nation  par  les  effets  prodigieux 
de  fa  Magie.Cucubao  l'aida  à  introduire  le  culte  des  Démons  dans  le 
Japon.  *  Kircher ,  de  lu  Chine.  SUP. 

CAMBAJA  ,  Cambaie  ,  ou  Guzarate  ,  ville  8c  royaume 
des  Indes  ,  dans  les  Etats  du  Grand-Mogol.  Ce  royaume  eft 
partie  en  prefqu'ifle,  entre  les  golfes  de  l'Inde  8c  de  Cambaie ,  par- 
tie en  terre-ferme  qui  s'avance  vers  leDecan.  La  ville  capitale  eft 
Armedebad  ou  Amadabad ,  les  autres  font  Cambaie ,  Surate ,  Ba- 
roch,Diu,8cc.  La  ville  de  Cambaie  eft  fituéeaubout  d'un  golfe  au- 
quel elle  donne  Ion  nom  à  l'embouchure  de  la  rivière  de  Carari.  Elle 
donne  auflfifbnnomà  ce  royaume.  Elle  eft  fi  confiderable  qu'oa 
la  nomme  ordinairement  le  Caire  des  Indes.  Elle  a  de  bonnes  mu- 
railles de  pierre  de  taille  avec  douze  portes,  les  mailbns  Ibnt  grandes 
8c  belles ,  8c  la  ville  eft  tout-à-fait  marchande  8c  riche.  Guzarate 
eft  une  province  de  cet  Etat;  2t  elleeft  fi  confiderable  que  quelques- 
uns  ont  appelle  de  fon  nom  tout  le  païs.Les  habitans  font  Payens  ou 
Mahometans.  Ils  aiment  les  lettres  ,  fe  fervent  de  toutes  fortes 
d'armes,  8c  font  ingénieux.  Le  pais  eft  fertile  en  ces  denrées  qu'on 
apporte  des  Indes;  8c  a  des  mines  de  cornalines ,  dediamans,  & 
d'autres  pierres  precieufès.  Il  y  a  aufli  toute  forte  de  grains, de 
fruits ,  d'animaux ,  du  coton ,  de  l'anis ,  de  l'opium  ,  des  huiles , 
favons ,  fucres,8cc.  avec  des  manufaftures  de  toile.de  coton ,  de  ta- 
pis ,  cabinets ,  8cc.  que  les  habitans  font  très-bien  8c  débitent  de  m.°- 
me;  étant  les  plus  habiles  marchands  des  Indes.  Enfin  Cambaie  a 
plus  de  trente  bonnes  villes  où  le  négoce  fleurit.  On  dit  qu'autre- 
fois fon  revenu  s'eft  monté  jafqu'à  vingt  millions  d'or  par  an.  Il  y 
avoit  alors  des  Rois ,  quimettoient  de  furieufes  armées  en  campa- 
gne. Aujourd'hui  cet  Etat  dépend  du  Grand-Mogol ,  comme  je 
l'ai  remarqué.  *Barboiâ,  Linfchot.  Maffee  ,  H^.  des  Ind.  San- 
fon,  &c. 

CA  M- 


•CAM. 

C  A  M  B  A  L  U ,  ville  du  Catay  ,  que  quelques-uns  nomment 
MuoncheH ,  &  la  font  capitale  de  tout  l'Empire  du  Grand-Cham  des 
Tartares.  Elle  eft  le  féjour  ordinaire  du  Prince.  On  lui  donne 
vingt-quatre  milles  d'Italie  de  circuit ,  avec  douze  portes ,  Se  autant 
de  tauxbourgs ,  par  où  abordent  continuellement  grand  nombre  de 
Marchands  des  Indes  8c  de  la  Chine.  Mais  il  eft  difficile  de  par- 
ler aufll  furement  d'un  païs  dont  nous  n'avons  aucune  Relation  ;  & 
il  ne  faut  pas  être  furpris  ii  les  Auteurs  rapportent  fi  diverfcment  ce 
qui  regarde  cette  ville  &  iâlituation.  *  Marc  Pôle ,  i;.  2,.  Mercator , 
jitlas  Mun.  Cluvier ,  U.j. 

C  A  M  B  A  L  U,  ville ,  que  la  plupart  des  Géographes  ont  fait  ca- 
pitale du  Catay,qu'ils  ont  cru  être  un  des  principaux  païs  de  la  Tar- 
tarie.  Mais  on  a  reconnu  que  Cambalu  Se  Peking  étoient  deux  noms 
d'une  même  ville,  &  que  le  Catay  étoit  la  partie  Septentrionale  de  la 
Chine.  On  voit  à  Lisbonne  en  Portugal  le  profil  de  cette  ville ,  avec 
cette infcription ,  Vifia  de  laCitailade CamèaluinTartaria:  c'eft- 
à-dire,  profil  de  la  ville  de  Cambalu  en  Tartarie.  Il  eft  entre  plu- 
lieurs  autre  profils  &  plans  des  villes  d'Orient ,  dans  PAfandegue  ou 
maifon  de  la  douane.  Cette  erreur  a  été  découverte  par  les  HoUan- 
dois  dans  le  voyage  qu'ils  ont  fait  à  la  Chine ,  &  par  le  P.  Kirker  Je- 
fuite ,  dont  les  Relations  nous  ont  appris  que  la  ville  de  Peking , 
capitale  de  la  Chine  Septentrionale,  eft  celle  que  les  Sarrafins  Scies 
Molcovites  appellent  Cambalu.  Il  eft  vrai  que  le  profil  de  Cambalu 
eft  différent  de  celui  de  Peking  que  les  HoUandois  ont  apportéjmais 
cela  vient  de  ce  que  les  HoUandois  ont  repréiènté  Pekipg  dans  un 
autre  alpedl.  Se  vu  d'un  autre  côté.  Aurefte,  la  manière  des  bâti- 
mens  eft  femblable ,  Scl'on  fçait  d'ailleurs  que  les  Tartares,qui  font 
au  Nord  de  la  Chine,  font  des  peuples  vagabonds ,  8c  qui  n'ont 
point  de  villes  telles  qu'on  a  décrit  Cambalu,  où  l'on  rapporte  qu'il 
y  a  des  palais ,  des  pagodes  ou  temples ,  des  arcs  triomphaux  ,  8c 
des  monumens  publics ,  dont  la  magnificence  eft  extraordinaire. 
*  Ambâffade  des  HoUandois  à  la  Chine ,  fart.  1.  SUPi 

C  A  M  B  A  Y  E.    Cherchez  Cambaie. 

C  A  M  B  D  E  N.    Cherchez  Camden. 

C  A  M  B  E  L.    (Archibald)  Voyez  Argiles 

C  A  M  B I S ,  (iVIarguerite  de  )  DemoifeUe  Françoiiè ,  femme 
du  Baron  d'Aigremont  en  Languedoc.  EUearenduiôn  nom  cé- 
lèbre, par  deux  Traduârions  qu'elle  publia  dans  le XVI.  Siècle, 
fivoir  un  Traité  Italien  de  Jean-George  Triffin,  de  ce  que  la  fem- 
me veuve  doit  faire  durant  &n  veuvage  ;  8c  une  Lettre  de  confola- 
tion  écrite  par  Boccace  à  Pino  de  Roflî ,  qui  étoit  exUév  Ils  font 
tous  deux  imprimez  à  Lyon  chez  Guillaume  RouviUe,  celui-là  en 
ij-j'4.  Se  l'autre  en  ijj6.  *  La  Croix  du  Maine  ,  8c  Du  Verdier 
Vauprivasj  Bièl.Franf.  HUarion  de  Cofte ,  dansfesElog.  où  il  cite 
M.CoUetet. 

CAMBOJE,  ou  Camboge,  royaume  de  la  prefqu'ifle 
de  l'Inde ,  au  delà  du  golfe  de  Bengala.  Il  eft  iïtué  fur  la  côte  Mé- 
ridionale ,  entre  les  royaumes  de  Siam ,  de  Chiampaa ,  81  de  la  Co- 
chinchine.  Sa  ville  capitale  de  mente  nom ,  8c  que  l'on  nomme 
aufli  Ravecca,  eft  à  foixante  Ueuës  de  la  mer,£ûr  un  des  bras  du  fleu- 


CAM. 


i^ 


c  A  M  B  R  A  Y ,  fur  l'Efcaut,ville  dans  les  Païs-Bas  avec  Arche- 
vêché ,  capitale  d'un  petit  pais  dit  le  Cambrefis.  C'eft  le  Camera- 
cum  des  Anciens ,  à  4.  lieues  de  Douay ,  à  7 .  de  Valenciennes ,  8c 
autantdeS.Quentin.  Elle  eft  grande,  belle,  bien  bâtie,  8c  une  des  ' 
plus  fortes  vUles de  l'Europe,  avec  deux  citadelles,  (^elques  Au- 
teurs ont  écrit  que  Camber  Roi  des  Sicambres  en  eft  le  fondateur. 
Adon  remarque  que  Clodion  Roi  de  France  la  conquit  l'an  44r .  El- 
le fut  depuis  le  partage  du  Roi  Charles  le  Chau-ve  l'an  843 .  81 87  o. 
après  la  mort  de  Lothaire  IL  enfuite  elle  devint  le  fujet  de  la  guerre 
entre  les  Rois  de  France ,  les  Empereurs,  8c  les  Comtes  de  Flandres 
Baudouinl.  Comte  de  Flandres  la  prit  8c  la  donna  àfonfilsRaouL 
Les  Empereurs  la  déclarèrent  cité  libre;  nonobftant  cela  les  Fran- 
çois ne  cédèrent  jamais  leurs  droits.  En  15-41.  le  Roi  François  I 
lui  accorda  la  neutralité.  Mais  l'Empereur  Charles  Quint  la  prit 
l'an  15-43.  par  intelligence  avec  l'Evêque  qui  étoit  de  la  maifon  de 
Croui ,  y  mit  garnifon,8c  la  brida  par  une  citadelle  qu'il  fit  bâtir  aux 
dépens  des  habitans,  leur  faifant  accroire.que  c'étoit  pour  les  empê- 
cher de  tomber  entre  les  mains  des  François.  Elle  changea  encore 
de  maître,  quand  le  Duc  d'Alençon ,  frère  du  Roi  Henri  III ,  fut 
fait  Comte  de  Flandres  en  ij-Sz.  II  étoit  maître  de  Cambray ,  qu'il 
avoit  remife  l'année  précédente  àjean  deMontlucSieur  deBaîagny . 
Celui-ci  fe  joignit  depuis  au  parti  de  la  hgue  ,  comme  je  le  dis 
ailleurs';  8c  il  fit  enfuite  fa  paix  avec  le  Roi  Henri  le  Grand,  qui  le 
fit  Prince  de  Cambray  8c  lui  donna  le  bâton  de  Maréchal  de  France, 
en  1 5-94.  Mais  il  perdit  peu  de  tems  après  cette  viUe ,  que  les  Efpa^î 
gnolsliyfurprirent,  8c  Q  fut  encore  obligé  de  leur  remettre  la  ci- 
tadelle, lep.Oftobredel'an  15-95-.  Les  habitans  reconnurent  Phi- 
lippe II.  Roi  d'Efpagne;  mais  l'Archevêque  s'en  étant  plaint  8c  fai- 
fant voir  qu'U  étoitSeigneur  deCambray,il  obtint  qu'il  auroit  la  juf- 
tice  8c  un  certain  domaine  dans  la  ville  8c  dans  le  païs  deCambrefisj 
dont  la  proteélion  demeureroit  auRoi  d'Efpagne  avec  les  citadelles; 
Ainfi  lesEfpagpols  étoient  véritablement  maîtres  deCambray,qu'ils 
àvôient  très-bien  fortifiée ,  ils  y  entretenoient  une  groflê  garnifon, 
8c  la  réputation  de  cette  ville  s'étoit  teUement  augmentée  dans  Id 
XVII.  Siècle,  qu'elle  paflbitfourune  place  imprenable.  Elle  ne  l'a 
pourtant  pas  été  pour  le  Roi  Louïs  le  Grand.  Ce  Monarque  ayant 
emporté  Valenciennes  au  commencement  de  l'an  167  7. affiégea  en- 
fuite  Cambray ,  8c  ayant  foûmis  la  viUe  en  peu  de  tems,  il  obligea  la 
citadelle  à  fe  rendre  le  1  o.  du  mois  de  Mars.  Ainfi  Cambray  eft  en- 
core aujourd'hui  aux  François  ks,  anciens  maîtres.  EUe  eft  fituée 
fur  la  rivière  de  l'Efcaut  qui  la  traverfe  d'un  côté.  La  grande  cita- 
delle eft  fur  un  Ueu  éminent ,  d'où  eUe  commande  fur  toute  la  villes 
fes  fofîèî,  font  taiUés  dans  fe  roc ,  ce  qui  a  fervi  à  hauflèr  fes  murail- 
les. Les  murailles  de  la  ville  font  aufli  revêtues  de  bons  baftions,8c 
entourées  de  profonds  foflêz ,  principalemenfdu  côté  de  l'Orient, 
où  eft  la  citadelle ,  dont  une  partie  eft  enclofe  dans  les  murailles  de  la 
ville.  De  là  elle  s'étend  doucement  jufques  à  lariviere,  où  l'on  a 
bâti  un  fort  qui  défend  de  ce  côtéCambrai,laquelle  fe  trouvant  de  ce 
même  côté  dans  un  païs  aflêz  bas,  on  pourroit  inonder  &s  environs 
en  y  lâchant  les  écluîes  qui  y  retiennent  les  eaux.    Les  autres  forts 


ve  Mecon ,  qui  déborde  tous  les  ans ,  comrne  le  Nil ,  8c  comme  le  j  font  de  la  même  importance.L'EgUfe  Métropolitaine  de  Nôtre  Da- 
Manam  au  royaume  de  Siam.  Il  commence  à  s'enfler ,  dès  le  mois  |  me  eft  très-belle.LeChapitre  eft  auffi  des  plus  confiderables  desPaïs^ 


.  _  lepremierPrélatde  Cambray,  ayant  ete  envoyé  en 

chinchinois,  de  Malais,  81  de  Portugais  qui  y  trafiquent.  Le  Roi  France  du  tems  du  Pape  Siricius,  environ  l'an  408.  Cet  Evêché  fut 
de  Camboje  eft  tributaire  du  Roi  de  Siam.  Son  palais  eft  fortifié  depuis  uni  à  celui  d'Arras  jufqu'à  l'an  1 095-.  Le  Pape  Paul  IL  l'éri- 
d'unc  bonne  paHffade,  au  lieu  de  muraiUes.  On  y  voit  quelques  gea  en  Archevêché  l'an  15-5-9.  à  la  prière  de  Philippe  II.  Roi  d'EP 
^'  "  '■  ^  "'    pagne.  On  lui  donna  pour  fuf&agansArras,Tournay,S.Omer,  8c 

Namur.  Ainfi  Cambray  fut  ôté  à  Rheims ,  au  defavantage  de  l'Egli- 
fe  Gallicane ,  à  qui  celle  de  Flandres  étoit  foûmiiè.  Les  Archevêques 
de  Cambray  prennent  le  titre  de  Ducs  de  Cambray,  de  Comtes  du 
Câmbrefîs,8c  dePrinces  de  l'Empire.Il  y  en  a  eu  plufieurs  parmi  eux 
qui  ont  été  célèbre^  par  leur  merite,par  leur  naiirance,8c  par  leur  doci- 
trine ,  comme  leB.  Odon  ou  Odoard  qui  étoit  d'Orléans, Burchard, 
Lietard,  Nicolas  de  Ghievres ,  Roger,  Warin ,  Pierre  de  Corbeil' 
JeandeBethuné,  Geofroy,  8c  Nicolas  de  Fontaines ,  Eno-elran  dé 
Crequi ,  Guillaume  de  Hainaut ,  Pierre  de  Levis ,  Guy  d'Auver- 
gne ,  Guy  de  Vantadour ,  Robert  de  GéneVB  élu  Pape  contre  Ur- 
bain VI.  fous  le  nom  de  Clément  VII.  Pierre  d'AUli  Cardinal ,  Jean 
de  Bourgogne ,  Jacques ,  Guillaume ,  8c  Robert  de  Croy  ou  Crouï , 
dont  le  fécond  étoit  Cardinal ,  Maximilien  de  Berghes  premier  Ar- 
chevêque de  Cambray ,  Louïs  de  Berlaimont ,  Jean  Sarrazin ,  Jean 
Richardot  i  François  Vandenburch,  8cc.  Outre  l'Eglife  Métropole 
il  y  en  a  plufieurs  autres  à  Cambray ,  les  Collégiales  de  Saint  Gery  8c 
de  Sainte  Croix,  lesAbbaïes  du  Sépulcre,  8c  Saint  Aubert,  avec 
diverfes  Paroiflès ,  Monafteres ,  8c  un  CoUege  de  Jefùïtes.Les  rues 
font  grandes  8c  propres ,  Se  les  plus  belles  aboutiflènt  à  une  place  où 
eft  la  maifon  de  viUe ,  où  les  étrangers  vont  admirer  une  horloge  cu- 
rieufe  qu'on  y  voit.  Cambray  eft  auffi  renommée  par  fes  manufac- 
tures,8c  fiur  tout  par  fes  toiles.  La  guerre  en  avoit  éloigné  le  com- 
merce,mais  il  y  a  apparence  qu'il  s'y  rétablira,  depuis  que  cette  ville 
eft  devenue  Françoiie.  *  Gxtxchaxàin, Defcrip.  duPaïs-Bas.  Adrien 
Scrieck ,  in  Orig.  Belg.  Gazey ,  Hift.  £cclef:  du  Pats-Bas.  Arnoul  Reis 
de  Douay,  Be/g.CM)2.  Sainte  Ma.nhe,Gall.Chrifi.]eaji  leCarpen- 
tier,  HiJl.deCambr.  Le  Mire ,  Valere  André ,  8cc. 
Conciles  de  Cambray. 
MaximiUen  de  Berghes  en  aflèmblaun  Provincial  l'an  t5-65'.pour 
fatisfaire  à  ce  que  le  Concile  de  Trente  avoit  ordonné  qu'on  en  cele- 
breroit  fou  vent.  Il  tintun  Synode  en  15-67-  Louis  de  Berlaimont 
fon  fucceflèur  convoqua  en  15-86.  un  Concile,  auquel  Jean  François 
Bonhomio ,  Evêque  8c  Comte  de  Verceil ,  8c  Nonce  Apoftolique 
avec  pouvoir  de  Légat  h  Latere ,  préfîda  avec  lui.     On  met  un  Sy- 


piecesd'artUleriedelaChine,  Se  vingt-cinq  pièces  de  canon ,  qu'il 
a  retirées  de  deux  navires  HoUandois ,  qui  avoient  fait  naufrage  fur 
la  côte;  Les  Seigneurs  de  la  Cour  font  diftinguez  en  Okinas  ,  en 
Tonimas ,  en  Nampras ,  8c  en  Sabandars ,  qui  ont  chacun  leur  rang, 
mais  le  plus  fouvent  fans  aucune  fonâion  particulière ,  à  'la  réièrve 
des  premiers  qui  fbnt  les  plus  confiderables  de  tous ,  8c  font  comme 
les  Confèillers  d'Etat.  Il  n'y  a  dans  la  ville  qu'une  feule  pagode  ou 
temple ,  dont  les  Prêtres  ont  leur  maifon  tout  proche.  Le  païs  eft 
très-fertile;8c  les  habitans  ont  de  l'inclination  pour  laReligionChré- 
tienne,  que  plufieurs  d'entr'eux  ont  embralTée  s  comme  nous  l'ap- 
prenons desRelations  nouvelles.Les  vivres  y  fbnt  en  fi  grande  abon- 
dance, que  les  habitans  donnent  pour  peu  de  chofè  les  cerfs ,  les 
bœufs ,  les  porcs ,  les  Uévres ,  8c  toute  forte  de  volaille ,  auflî  bien 
que  les  citrons ,  les  oranges  ,  les  cocos ,  8c  les  autres  fruits  du  païs. 
Les  Portugais  s'y  font  fi  bien  établis,qu'ils  ont  empêché  que  lesHol- 
landois  n'y  fifTent  commerce.  Le  palais  du  Roi  de  Camboje  eft 
muni  non  feulement  de  plufieurs  pièces  de  canon,mais  auffi  de  fèize 
clephans,  8c  défendu  par  deux  regimens  de  fes  Gardes.  Les  Con- 
fèillers d'Etat  de  ce  Prince ,  qu'on  appelle  Okinas ,  comme  je  l'ai 
dit  ci-defTus ,  lorfqu'ils  vont  à  l'aflèmblée,  portent  avec  eux  chacun 
un  fàc  en  broderie  d'or,  dans  lequelU  y  a  troisboitesd'or  remplies 
decardamtmum  8c  d'autres  chofcs  de  bonne  odeur.  Quand  ils  font 
en  préfènce  de  leur  Roi ,  ils  s'afTéient  à  terre  en  demi-cercle ,  8c  ont 
derrière  eux  les  Toni ,  ou  Grands  du  royaume.  Les  Prêtres'font  ceux 
qui  approchent  de  plus  près  la  perfonne  du  Roi.  Lors  qu'un  Am- 
baffadeur  eft  admis  à  l'audience ,  il  eft  afîis  au-defîbus  des  Okinas ,  à 
Vingt-cinq  pas  du  Roi.  *  AmbafTade  des  HoUandois  au  Japon. 
Mandeflo  ,  Tome  2.  d'Olearius.  SUP. 

CAMBRA,  furnommée  la  Belle  à  caufè  de  fon  excellente 
beauté ,  étoit  fiUe  de  Belin  Roi  des  Bretons ,  anciens  peuples  du  païs 
que  nous  nommons  à  préfent  Angleterre ,  ou  Grand'Bretagne.  Cet- 
te PrincefTe  avoit  tant  d'efprit  &  de  prudence ,  que  le  Roi  8c  les 
grandsSeigneurs  la  confultoient  comme  un  oracle,&:  fui  voient  tous 
fès  confeUs.  Les  Sicambriens  furent  ainfi  appeUés  de  fbn  nom 
Cambra.  Elle  gouverna  ces  peuples  environ  quarante  ans ,  fuivant 


les  loix  qu'elle  leur  donna:  8c  elle  inventa  la  manière  de  fortifier  les  nodeen  1398.  tenu  par  Pierre  d'Ailli  Cardinal  8c  Evêque  deCam- 

citadelles.  Après  s'être  aquis  beaucoup  de  gloire ,  elle  mourut  l'an  bray,  un  en  15-5-0.  par  Robert  de  Crouï,  un  en  i3oo.dans  lequel 

du  Monde  35-90.  *Pitfeus,  dtllluftr.Angl.  SUP.  on  publia  des  Ordonnances  Synodales  ;  8c  quelques  autres. 

Tom.U.  D3  CAM- 


Td 


^ô    '  CA'M.  1  CAM. 

?       .     „„„+„  T     /->  .-_ti-iip  rlpc  PiVq- Bas  ,    Toachirn  Camerarius,  dont  j'ai  parlé,  étoit  de  Nuremberg,  OÙ 

CAMBREStS  ,  ou  Le  Cambresis  '   ^°"^'5'J^^^  le  6.  Novembrederan  i„4.  Il  foûtint la reputatioli que 

entre  la  Picardie ,  a  Flandres  ,1  Arto  s ,  «^  ^  Hamaut    U  elt  d  env^   ^^^  4   ^  ^^_^  ^^^^  ^^^  ^^^)^i^^_  ^^  ,^^.^  ^^^^  ^t^  meilleures 

ron  dix  lieues,  aie  prendre  depuis  ^^.'^f^^^^^^^^  &  enfuite  il  alla  en  Italie  ,  où  il  étudia 

lonjufquesàlaviUe^^Jeu^^^C^^^^^^ 

iv^ateauvjaiuuiti  „   ,  ^    __ n.  i  ^.   pourroient  tenir  lieu  de  mente.  Il  fuftit  de  nommer  Fallopius  , 

Aquapendente  ,  Capivaccio' ,  Aldroandus  ,  &  Vincent  Pinelli  , 
pour  être  perfuadé  de  ce  que  je  dis.  Etant  de  retour  chez,  lui ,  il 
fit  une  étude  particulière  de  la  Chymie  &  de  la  Botanique ,  &  non 
feulement  il  eut  loin  de  cultiver  un  jardin  où  l'on  trouvoit  les  plan- 
tes les  plus  curieulcs  ;  mais  encore  il  acheta  la  Bibliothèque  Botani- 
que de  Gefîier,  de  forte  que  toutes  chofes  contribuoient  à  le  fatisfai- 
re.  Quelque  réfolution  qu'il  eût  faite  de  s'éloigner  des  mailbns  des 
Grands  ,  il  ne  put  fe  dérober  à  ceux  qui  le  venoient  confuiter. 
Camerarius  làifla  des  enfans  de  trois  femmes,  £c mourut  le  ii. 
Oâobre  de  l'an  ifpS.  Ses  Ouvrages  font  Hortus  Medicus.  Dt 
re  rujlica.  De  Flantis  EpiJloU,  û'c.  *  Melchior  Adam,  m  Vit. 
Med.  Germ.  Van  der  Linden ,  de  Script.  Med.  é^c. 

CAMERARIUS,  (Philippe)  Jurifconfulte,  Confeiller  de  la 
République  de  Nuremberg ,  eft  le  même  qui  fut  a!rrèté  prifonnier 
à  Rome ,  comme  j  e  l'ai  remarqué  en  parlant  de  Joachim  fon  père. 


V  aleChâteauouv^.i..^».^  ^- ,   ,  r       i        r   »  i 

Roi  Henri  II.  Scie  Roi  d'Efpagne.cette  paix  1,  defavantageufe  a  la 
France,  puifqu'on donna  cent  quatre-vingts  dix-huit  places  conli- 
derables  pour  S.  Quentin,  Ham,&  le  Catelet.  JeanleCarpentiera 
publié  depuis  l'an  1 664.  une  Hiftoire  de  Cambray  &  du  Cambre  is. 

C  AMBRIE,partie  du  Païs  &  de  la  Principauté  deGalles  enAngle- 
terre ,  fur  la  côte  Occidentale  qui  regarde  1  Irlande,Il  y  fût  tenu  un 
Concile  environ  l'an  4.65-.felon  Matthieu  de  Weftmunfter.  Les  An- 
elois  le  nomment  Zambre ,  &  on  le  prend  ordinaurement  pour  tout 
le  pais  de  Galles  ou  Walle?,  comme  je  le  dis  ailleurs 

CAMBRY,  (Jeanne  de)  connue  fous  le  nom  de  Jeanne  Marie 
delaPréfentation,  étoit  de  Tournay ,  aie  de  Michel  de  Cambry. 
Elle  fût  Religieufe  de  l'Ordre  de  Saint  Auguftin ,  puis  Reclufe  àLil- 
le,  où  elle  mourut  eh  1639.1e  19.  Juillet.  Elle  écrivit  divers  Ou- 
vrages ,  Scentr'autres  la  ruine  de  l'amour  propre,  &  le  bâtiment  de 
ramourdivm.*-Loms]iCoh,£i6Ldesfemm.illuft.        , 

GAMBYSES,  Perfan  de  médiocre  naiiiance  ,  vivoit  la  L 


Olvmniade  l'an  1 74.  de  Rome,  &  environ  3474.  ou  yy.du  Monde.  '  H  mourut  vers  l'an  i6zi.  c'eft  lui  qui  a  compofe  les  Méditations 
aKs  derder  Roi  des  Medes,  lui  fit  l'honneur  de  le  choifir  ,  Hiftonques  qu'on  a  traduites  en  diverfes  langues,  &  quelques  au- 
po/rtpo;ferfafflleMandane,cr^^^^^^^^ 

dlfrsri^iheSn^^^^^^^^^ 

rre'^a  dont  les  rameaux  couvro.^^^^^^^^^ 

les  Devins  lui  avoient  dit  que  le  fils,  qui  naitroit  de  Manûane ,  le  '  „      ,,  ,„.refois  titre  de  Duché   Cette  ville  eft 

déthroneroit  Cambyfes  eut  Cyrus  qui  fe  mit  fur  le  throne  de  fon  «  i>polete,  6c  elle  a  eu  autrefois  titre  deUucne.  L-ette  ville  elt 
aveuî   *  Tuft  n,1^  l  Herodore,  U.  u  ou  Clio.  j  ancienne.     Tite  Live  rapporte  dans  le  9.  livre  de  1  Hiftoire  Ro- 

CAMBYSES,  fécond  Roi  de  Perfe  ,  étoit  fils  de  Cyrus  ,  au-  maine,  que  le  frère  de  Fabms  Maximus,  qui  etoit  mande  pour 
cuei  il  fucceda  fur  le  throne  des  Perfes  &  des  Medes  l'an  ^ij.  de  obferver  la  contenance  des  ennemis  des  Romains ,  fut  bien  reçu 
quel  u  lui-Lcua  iui  ,    „  ,     .    „  „-„i,,f  Pii^p  lo  o-Mprrp  rnntrp  paJ  ceux  de  Camerme.     Il  ajoute  dans  le  18,  livre ,  qu  ils  tourm- 

Uomp  I  entra  en  Eevpte,  la  loumit,  6c  voulut  taire  la  guerre  contre   f        ,  „  .   .       ,.  ,      -'  ,,  ac-   ^     o^i_ 

lSkanfdelacSe;ùétoitletempled'HammoS,&lesEthio-  rent  a  Scipion  lix  cens  hommes  pour  aller  en  Afrique.  Strabon, 
pkns- mais  fon  armée  ayant  été  enfévelie  dans  les  fables ,  en  allant  !  Pl'ne ,  8c  PtolomeecH  parlent,  aufli  bien  que  Cefar ,  8c  Siliuslta- 
détruireletempled'Hammon.ilchangeadedelfem.  Sonregnefut|"cus,  <».  ».  , 

S  ans  &  cinq  mois.  Car  étant  tombé  en  phrénefie,&  ayant  fait!  Vel  rafimlaud^nde  Corners,  éc.  _ 

mouSnfrere^anyoxares  ou  Smerdis,  il  mourut  de  rage,  après ,  Leander  Albert,  remarque  les  divers  changemens,  qui  font  arrivez 
me  bleffure  qu'il  fefit^à  la  cuilTe,  l'an  ^i^.  de  Rome,qui  étoit  fan  ,  au  gouvernement  de  cette  ville.  Nous  avons  les  Statuts  &Ordon- 
^c,rduMonde   fîz  avantl'Ere  des  Chrétiens ,  k  LXIV.Oly  m-  ijances  de  deux  Synodes  qu'on  y  a  tenus,  1  un  en  15-84.  fous  Galpard 

IfadevÏreM^xr^^^^^^^^^^^ 

crPrinceexerçaà  l'égard  d'un  mauvais  Juge.  Car- il  le  fit  écorcher  !  «"e  vdle ,  il  y  a  dans  la  Campagne  de  Rome,  Camerino ,  aujour^ 

tout  vit    &  étendre  fa  peau  fur  le  tribunaloù  fe  rendoit  la  j-afticei .  ^  ^"i  Carnerota.fondee  par  CamerRoi  des  Aborigenes,felon  le  me- 

vodrtquefonfils,auquelilaccordalachargedecepere  infortuné,   -"T-"'!'--  Alh-t,.  Rnn..,).,=  v„nnn,tf«  hnh.t.ns.  comme  veu, 

y  fût  lui-même  affisî  pour  fe  fou  venu-  de  mieux  faire.  *  Hérodote 

U.  3.  ou  X&«/;>.  Julien,  li.i.ch.ç.  Diodore  de  Sicile ,  //.  2,  Valere 

Maxime,  //'.6.c.3.c;ï.  ii.é'f-  , 

C  AMD  EN,  ou  Cambden  ,  (Guillaume)  ne  a  Londres  en 
Angleterre,  le  2.  de  Mai  iffi.&  mort  le  9. de  Novembre  1623.1! 
a  publié  divers  Ouvrages,  &  entr'autres  une  defcription  de  la  grand'- 
Bretagne,  qui  lui  a  fait  donner  le  furnom  de  StrAton  d'Angleterre,  les 
Annales  d'Angleterre  8c  d'Irlande  fous  le  règne  d'Elizabeth,8c  d'au- 
tres Traitez,  des  Auteurs  anciens  dupais.  *JufteLipfe,  ad.li.  12. 
Am.  r,îc.Saumaife,  Yoffius ,M.Ba.Yle , dans  foaDiaiomaire.è^c. 

CAMENECIA,  ville.  Cherchez,  Kaminieck. 

[CAMENIUS  Vicaire  de  l'Afrique,  fous  Valentinien  le  jeune, 
encccLXXxi.  Il  en  eft  fait  mention  dans  le  Code  Theodofien ,  «/>. 
de  Decurionibui.  1. 84.] 

CAMERARIUS ,  (  Barthelemi  )  de  Benevent,  publia  en  i  j-fô.un 
Ouvrage  de  la  Grâce  81  du  Libre- Arbitre  contre  Calvin ,  des  Dia- 
logues de  la  Prédeftinatioa ,  du  Jeûne,  8c de  l'Aumône,  Sec. 

CAMERARIUS  ,  en  Allemand  Cammermeister,  (Joachim) 
étoit  de  Bamberff  ville  d'Allemagne  dans  la  Franconie",  où  il  nâ-  .  „  ,  .  .  „  , ,  ,       ,       -„     . 

Se  12'Avruioo.  Sa  famiufy  étoit  ancienne  8c  conliderée,  C'eft  ce  qui  a  fait  que  les  autresCalvmiftes  ont  parle  dans  leursEcnts 
maisillarenditencore  beaucoupplus  iUuftre  par  fon  érudition  &  ;  de  1  Ecole  de  Saumur,comme  d  un  parti  oppofe  au  pur  Calvinifme- 
Sn  mérite  II  fit  de  grands  progrès  dans  les  beUes  Lettres ,  dans  Cameron  a  publie  peu  de  Livres  de  Ion  vivant ,  8c  entr  autres  une 
FesLanVs,dans  l'Hiftoire,dans  le!  Mathématiques,dans  la  Médeci-  Conférence  avec  Tilenus ,  intitulée  I).^.^^^^ 
SicZs  la  Pol  tique.  D^  fi  grandes  qualitez  le  rendirent  cher  à  "'^«'Z"  «  -'^-^.^'one.  Leyd^  mno  1622.  Et  un  autre  Livre  auffi 
SeSerfonnesIlKiftresdelbn  temsA  les  plus  grands  Princes  ^n  latm,  imprime  faumur  en  1624^  ou  il  défend  fon  opinion 
f'ho2erent  deU,^  amitié,comme  lesEmpereurs  Charles  V.ScMa-  '  touchant  la  Grâce  8c  le  Libre-Arbitre.  On  a  imprime  après  fa  mort 
ximMI  II  enftTgna  ave^  applaudi ffement  à  Nuremberg ,  à  Tu-  '  f"  ^rde^iones ,  ou  Leçons  de  Théologie ,  qui  contiennent  1  expk- 
S  &àLe  ipfic  &mourutle  ly.Avril  de  l'an  1^74,  ttant  entré,'  cation  de  certains  paifages  de  l'Ecriture  en  forme  de  Lieux  com- 
£dSioursfculVirent,enla75-defonâge.Etant^^^^^^  ST='  ^c  à  la  manière  des  Controverhftes.  H  eft diftus dans foa 

aepuis7.jou_rsicuiLmciu,tii     /j  &  ftyle.  Ses  exprime  avec  beaucoup  de  netteté.  On  a  aufliimprime 


me  Leander  Alberti;  Romulus  vainquit  fes  habitans,  comme  veut 
Denys  d'Halicarnaflè ,  //.  2. 

CAMERINUS ,  Poète  Latin ,  qui  compofaun  Poème d'HeâorJ 
Il  eft  mis  par  Ovide  au  nombre  des  Poètes  de  fon  tems  : 

^M({ue cmitdomito  Camerinui  ab  HeUore  Trojam.  Ovide,  li.\.de 
FoHto,  el.6.  * 

CAMERON,  (Jean)  Ecofîois  de  Glafcow ,  a  été  un  des  plus 
célèbres  Théologiens  des  Proteftans  de  France.  Il  fortit  fort  jeune 
de  fon  païs,  8c  étant  venu  à  Bourdeaux  en  1 600 ,  les  Calviniftes  de 
ce  lieu-là  voyant  fes  rares  qualitez,  8c  fon  érudition  dans  les  belles 
Lettres,  le  firent  étudier  en  Théologie  à  leurs  dépens,8c  il  fut  enfui- 
teMiniftre  de  leur  Eglife.  Mais  le  lieu  où  il  s'aquit  le  plus  de  réputa- 
tion ,  fut  à  l'Académie  de  Saumur ,  où  il  enfeigna  la  Théologie  en- 
viron trois  ans.  Il  fut  Auteur  d'un  nouveau  Syfteme  de  la  Grace,les 
Calviniftes  étant  alors  fort  partagez  entr'eux ,  à  caufe  des  nouvelles 
opinions  d'Arminius  ,  defquelles  Cameron  approcha  fort.  Les  plus 
Savans  hommes  qu'ils  ayent  eu  dans  leur  parti ,  comme  Amiraut, 
Cappel ,  Bochart ,  Daillé ,  £c  quelques  autres ,  ont  fuivi  fes  fenti- 
mens  ;  étant  perfuadez  que  les  fentimens  de  Calvin  fur  la  Grâce , 
fur  le  Libre- Arbitre ,  8c  fur  la  Prédeftination ,  étoient  trop  durs. 


il  y  conipofa  ces  vers 

Morte  nihil  tempe(livâ  ejfe  optatius  ajunti 
Sed  tempejlivam  quis  putat  efe  faurn? 

^{i  putat ,  ille  fapit.  Namqiie  ut  fatdia -vitA, 
Sic  (^  qui/que /hx  tempera  mortis  habet. 
Camerarius  avoit  épouféAnne  deTruclies  deGrunfperg,d'une  no- 
ble famille,8c  il  en  eut  neuf  enfans ,  cinq  fils  8c  quatre  filles.  Les  fils 
font  Tean  Confeiller  duDuc  de  PruflèiJoachimMédecin.dontje  par- 
lerai dans  la  fuite,  Philippe  Jurifconfultejequel  ayant  été  mis  à  l'in- 
quifition  à  Rome ,  en  fut  tiré  à  la  prière  de  l'Enlpereur  8c  du  Duc  de 
Baviere;Jean  auffi  Médecin,qui  a  écrit  divers  Ouvrages;8c  Geofroy. 
Il  a  traduit  de  Grec  eiiLatin  lesOeuvres  d'Herodote,deDemofthene, 
de  Xenophon,d'Euclide,  d'Homère,  de  Theocrite ,  de  Sophocle ,  de 
Lucien,  de  Theodoret,  de  Nicephorc,  de  S.  Grégoire  deNyffcScc. 
Outre  cela  il  a  compofé  laVie  de  PhilippeMelanchthon  qui  étoit  fon 
ami,cclle  d'Eobau  de  Heflè,8c  a  publie  le  Catalogue  des  Evêques  de 
diverfes  Egliles,des  Lettres  en  Grccdes  Poëlies.Scc .  Il  a  aufli  publié 
les  Comédies  de  Plaute,fur  deux  anciens  MSS.  *  Jeremias  Solmius, 
i„NarratJe'vitaJoech.Camer.?a.ul]ove,inElog.c.  146.  Voflius,<i/e 
Math.c.ôj.-^.  14.  Melchior  Adam,  inVit.Girm.Philof.Tamehe , 
deThou,  JufteLipfe,  8cc. 
CAMERARIUS,  (Joachim)  Médecin celebre,fils de  1  autre 


àGéneveen  1632.  des  Remarques  favantes  8cjudicieufesfurtout 
le  Nouveau  Teltament ,  avec  le  titre  de  Myrolhecium  Evangelicum: 
8c  on  les  a  inférés  depuis  dans  les  Critiques  d'Angleterre.  *  Mémoi- 
res Hiftoriques.  SUP. 

CAMIENICUM,  ville.  Cherchez  Kaminieck. 

CAMILLA,  (la  Signora)fœur  du  Pape  Sixte  V,  étoit  la  femme 
d'un  habitant  du  village  des  Grottes ,  proche  de  la  ville  de  Montalte 
dans  la  Marche  d'Ancone.  Lorfque  fon  frère  Félix  Peretti ,  appel- 
lé  depuis  leCardinal  de  Moptalte ,  eut  été  créé  Pape  fous  le  nom  de 
Sixte  V,elle  fut  mandée  à  Rome,  8c  y  vint  accompagnée  des  enfans 
de  fa  fille.  Comme  elle  approchoit  de  la  ville ,  les  Cardinaux  de  Me- 
dicis ,  d'Efte ,  £c  Alexandrin  furent  au  devant  d'elle ,  8c  la  conduiii- 
rent  dans  un  palais,  où  ils  la  firent  habiller  en  Princeffe,  croyant 
faire  ainfi  leur  cour  au  Pape ,  qui  aimoit  cette  fœur  avec  beaucoup 
de  tendrelfe.  Ces  Cardinaux  la  conduifirent  enfuite  chez,  le  Pape , 
8c  la  lui  préfenterent;  mais  Sixte  V.  la  voyant  avec  des  habits  fi  ma- 
gnifiques ,  fit  femblant  de  ne  la  pas  connoître ,  8c  fe  retira  dans  une 
autre  chambre.  Camilla  retourna  le  lendemain  au  Vatican,  avec  fes 
habits  ordinaires  :  8c  alors  le  Pape  l'embraffa ,  8c  lui  dit ,  Vous  êtes  à 
fréfenc  ma  fœur ,  (^  je  ne  prêtais  pas  qu'un  autre  que  moi  vous  don- 
ne la  qualité  de  Princejfe.  Il  la  logea  dans  fon  palais  de  Sainte  Marie 
Majeure,  £c  lui  aifigna  une  penfion  fort  honnête;  mais  il  lui  dé- 

fendJ!; 


CAM. 

ÎFendit  de  j"c  mêler  d'aucunes  affaires,  &  de  lui  demander  aucune 

grâce:  à  quoi  eUe  obéit  ii  ponftuellement  ,   qu'elle  fe  contenta   -„.„..„.....^..,  ^u/icuiutuneureuiementqu-u  y  aQui<- 

d'obtenir  des  Indulgences  pour  une  Confrérie  établie  dansl'Eglife)  de  grands  honneurs  &  de  grands  biens,  liétoitnéen  1498  &mo   ' 
du  Refuge  de  Naples ,  dont  on  l'avoit  fait  Proteûrice.  *Gregorio'!  ruten  ij-6o.  *Petrus  Albinus,  in  Chron.  Mifn  tit  zr    Me\ch{^l 


elebre  jurifconfulte.  Les  Princes  de  la  maifon  de  Saxe  l'employé- 
:nt  dans  leurs  aiiaures,  Stilyreuiritfiheureufementqu'il  y  aqui<- 


Leti,  Hifioiredtt  Pape  Sixte  V.  SUP. 

CAMILLE,  Reine  des  Volfques,  qui  fut  tuée  en  conduifant 
Bu  fecours  à  Turnus  &  aux  Latins ,  contre  Enée.  C'efl:  Aruns  ou 


Adam,  inVii.Jurif.German.  ^c. 


I      CAMOENS  (Louis le)  Portugais,  Poëte célèbre , que ceuji 
.=»„..,,■  ^^  ^°"  pais  appeUent  ie  Pîr^i/e./eP„-,«^«/,  étoit  fils  d'un  Gentil- 

Aronce  qui  la  tua.  Se  il  en  fut  d  abord  puni.  *  Virgile,  //.  u-  nomme  nommé  Simon  Vaz  le  Camoens  8c  d'Anne  Macedo.  Il  fit 
\Mneid.  _        „.,„.,       ,,.,.    .       „  ^.     l^P,^"^'^«'^ansrUniverfitédeConimbre,&  dès  fon  plus  jeune  âge 

CAMILLE,  (M.  Funus  )  Conful ,  Tribun  Militaire ,  &  Dic-  ^  il  donna  des  marques  de  cet  admirable  génie  qu'il  avoïtpour  laPoe- 
tateur  Romain ,  a  été  un  des  plus  grands  hommes  de  l'ancienne ,  fie.  Mais  il  juftifia  auffi  en  fa  perfonne  que  les  Mufes  ont  fouvent 
Rome.  IldéfitIesFalifques,8cprit,aprèsunfiegededix  ans  ,  enj  très-peudebonheur;&fîfonnomeftutifujetdegloireauPortuo-ali 
35-8.  deRome,  la  ville  de  Vej  es,  d'où  il  remporta  un  très-grand  j  il  lui  eil:  un  reproche  continuel ,  d'avoir  laiffé  vivre  8c  mourir  d^s 
butin;  l'ayant  diftribué  aux  foldats  contre  fonvœu,  il  fut  exilé,  j  la  mifere  un  homme  qui  méritoit un  peu  plus  de  confideration. 
mais  ce  ne  ftit  que  quelque  tems  après.  Avant  cela  il  dédia  le  temple  i  Le  Camoens  étant  né  Gentilhomme ,  8c  fe  voyant  fans  bien ,  por- 
de  Junon ,  8c  celui  de  Matute  ou  Leucothée.  Durant  fon  exil  en  ta  d^abord  les  armes  avec  affez  de  réputation ,  8c  fut  envoyé  à  Ceuta 
364.  les  Gaulois  Senonois  ayant  affiegé  Rome,  Camille ,  qui  étoit  i  en  Afrique,  que  les  Portugais  tenoient  alors.  Ufe  fignala  endiverfes 
à  Ardée ,  amena  du  fecours ,  donna  bataille  aux  ennemis,  les  défit ,  occafîôns ,  8c  dans  une  oii  fon  pouflâ  un  peu  fortement  les  Maures  ■ 
gc  mérita  le  nom  de  fecmd  Komulus  êc  de  reftaurateur  de  fa  patrie ,  !  il  perdit  malheureufement  un  œil  qu'on  lui  creva  d'un  coup  de  flé- 
empêchant  que  les  Romains  quittant  leur  ville  ne  fe  retiralfent  à  j  che.  Après  cela  étant  revenu  en  Portugal ,  Se  n'y  trouvant  aucun 
Vejes.  Apres  cela  il  remit  les  loix  en  leur  première  vigueur ,  con- 1  établilTement ,  il  réfolut  de  palfer  dans  les  Indes.  Il  le  fit ,  8c  fa  Mu- 
traignit  les  Volfques  de  fe  rendre,  8c  défit  les  Eques ,  Tofcans,  Sc.felui  procura  quelques  amis  parmi  les  Oficiers  de  l'armée  navale' 
autres  peuplesvoiiîns.EnaffiégeantFalerieversl'anjôo. un  Maître  mais  ayant  compoié  de  vers  fatiriquescontreun  des  principaux" 
d'école  lui  amena  les  enfans  des  plus  confiderables  familles  de  cette  j  qui  n'eftimoit  pas  afléz  les  Ouvrages  d'efprit,il  fut  obligéde  s'exile? 
ville.  Camille  les  reçut ,  mais  fans  fouiller  fa  gloire  par  la  lâcheté  ^  volontairement  pour  fe  dérober  à'îa  ventreance  de  ce  puifTant  adver- 
de  cet  homme;  car  il  l'envoya  lié  à  Paierie,  8c  le  fit  accompagner  j  faire.  Le  Camoens  fe  retira  jufques  fur  les  fi-ontieres  de  la  Chine, 
par  ces  enfàns.  Ce  qui  charma  fi  fort  les  habitans,  qu'ils  fe  rendirent  j  8c  enfuite  ayant  eu  le  moyen  de  revenir  à  Goa ,  il  repaifa  en  Portu- 
à  ce  généreux  ennemi.  Le  brait  d'une  nouvelle  courfc  des  Gaulois  |  gai  ;  mais  le  vaifTeau  fur  lequel  il  revenoit  s'étant  brilé  contre  un  ro- 
en  Italie  obligea  le  Sénat  de  le  créer  Diftateur  pour  la  cinquième  Icher,  il  faillit  à  fe  noyer,  car  ayant  perdu  dans  ce  naufrage  tout  ce 
fois,  en  387.  Il  défit  les  ennemis ,  qui  s'étoient,  avancez  jufques  |  qu'il  avoit  gagné  dans  les  Indes,  il  ne  fe  fauva  qu'à  peine  à  la  nagé; 


Chrétienne.  *  Plutarque ,  dans  fa  Vie.  Tite  Live  ,  //.  j.  Florus, 
//.  I.  Aurelius  Viâor,</«^owJ»?ei<//»/?.f.23.  Diodore,Orofe,8cc. 

CAMILLE,  [L.  Furius]  Conful  Romain,  8c  Diélateur,  étoit 
fils  du  premier ,  8c  fe  rendit  digne  d'un  f1grandpere.En404.il  fut 
nommé  Diftateur  ,  Se  l'année  d'après  étant  Conful  avec  Appius 
Glaudius  Craflùs  qui  mourut  d'abord ,  il  fut  obligé  de  s'oppofer  feul 
aux  Gaulois.  ïl  eut  le  bonheur  de  les  vaincre,  8c  ce  fut  en  cette  oc- 
calion  que  Valerius  tua  un  Gaulois  par  l'affiftance  d'un  corbeau , 
qui  voltigeoit ,  dit-on,  autour  de  fa  tête ,  d'où  il  rapporta  le  nom 
deCorvinus.  En  416.de  Rome,  L;  Furius  Camillus  étant  Con- 
ful avec  C.  Menenius  Nepos  ,  ils  défirent  entièrement  les  Latins,8c 
furent  honorez  de  ftatuè's  équeftres  ou  à  cheval  ;  ce  qui  n'avoit  en- 
core été  fait  pour  periônne.  Camille  prit  aulTi  la  ville  d'Antium ,  8c 
ayant  ôté  toutes  les  galères  qui  s'y  trouvèrent  dans  le  port ,  ii  en 
fit  porter  les  proues  d'airain  dans  la  tribune  aux  harangues,  qu'on 
appella depuis Rq?r<i  8c  pro  Rojlris.  En  419.  deRome,  il  fut  en- 
core Conlùl  avec  Decius  Junius  Brutus  Sc^eva.  Ce  dernier  fe  mit 
en  marche  contre  les  Peligniens ,  les  Marfes ,  8c  les  Veftiniens ,  8c 
s'avança  contre  les  Samnites  ;  mais  étant  furpris  de  maladie  dans 
la  route,il  nomma  Diâateur  le  plus  fameux  Capitaine  de  fon  tems, 
qui  étoit  L.PapifiusCurfori  *Tite-live,  /;.  7.  e^  S.Pline,  Ii.  34. 
Cf. Florus,  8cc. 

CAMILLE,  étoit  le  nom ,  que  les  anciens  Romains  don- 
noient  aux  jeunes  garçons ,  qui  aifirtoient  le  Prêtre  de  Jupiter  dans 
les  facrifices ,  comme  auifiauxjeuneslîlles.quiétoient  employées 
dans  la  célébration  des  facrés  myfteres.  De  là  vient  que  Mercure 
dans  l'ancienne  langue  des  Hetruriens  étoit  appelle  Camille,  c'eft-à- 
dire,  Mini/Ire  des  Vieux,  comme  le  témoigne  Plutarque  en  la  Vie  de 
Numa.  Bochart  remarque  que  lesDevins  8c  les  Miniftres  des  Dieux 
étoient  appelles  Kffyêww  par  les  Htbreux,  comme  les  Romains  les 
nommoient  Cafmilks,  des  mots  Hébreux  Co/»2e-e/,c'eft-à-dire,dans 
la  langue  fainte ,  Mimflres  de  Dieu.  *  Samuel  Bochart ,  F.l.liv.  z. 
des  Anim.  c.  36.    SXJP. 

CAMILLE  Scribonien ,  fut  élu  Empereur  par  les  Romains 
ennuyés  du  règne  de  Glaudius ,  mais  il  fut  bientôt  abandonné  des 
fiens  8c  tué  enfuite.  Alors  fa  femme  Arria ,  montrant  du  courage 
au  deffus  de  fon  fexe ,  ne  voulut  pas  lui  furvivre ,  8c  fe  donna  la 
mort  en  même  tems ,  l'an  de  J.  C.  41.  *  Tacite,  dam  laVie  d'A- 
gricola.  Pline,  liv.  3.     SUP. 

C  A  M I  L  L  U  S  de  Lellis.    Cherchez  Lelli. 

C  A  M I S ,  Idoles  qu'adorent  les  Japonois,8c  principalertient  les 
Bonzes,  ou  Miniltres  de  la  fedtedeXenxus.  Ces  Idoles  repréfen- 
tent  les  plus  illuftres  Seigneurs  du  Japon ,  à  qui  les  Bonzes  font  bâ- 
tir de  magnifiques  temples ,  comme  à  des  Dieux ,  ou  qu'ils  invo- 
quent pour  obtenir  la  fanté  du  corps,  Sclaviftoirefur  leurs  enne- 
mis. *  Kircher ,  delà  Chine.     SUP. 

C  A  M  M  A ,  Dame  de  Galatie ,  épciufa  Sinatus ,  qui  étoit  con- 
fideré  dans  le  pais.  Ce  qui  fâcha  fi  fort  Sinorix ,  qui  aimoit  éper- 
dûmentCamma,  qu'il  fit  mourir  Sinatus.  Cependant, la  veuve 
fe  retira  dans  un  temple  de  Diane ,  pour  y  pleurer  la  perte  qu'elle 
venoit  de  faire ,  8c  Sinorix  la  folHcitoit  continuellement  de  l'épou- 
fer ,  faifant  agir  fes  foins  d'un  côté ,  8c  fes  parens  de  l'autre  pour  l'y 
porter.  Cette  Dame,  feignant  de  déférer  quelque  chofe  aux  fer- 
vices  de  l'un ,  8c  aux  prières  des  autres ,  promit  de  le  prendre  pour 
mari.  Pour  cela ,  l'ayant  fait  venir  dans  le  temple  où  la  cérémo- 
nie des  époufailles  fe  devoit  faire,  elle  lui  préfenta  la  coupe  nuptiale, 
dans  laquelle  elle  avoit  mis  une  boiflbn  empoifonnée;  8c  comme 
elle  vit  que  Sinorix  en  avoit  bû  la  moitié ,  elle  avala  le  refte ,  protef- 
tant  qu'elle  mourbit  contente ,  après  avoir  vangé  la  mort  de  Sina- 
tus. Th.  Corneille  en  a  fait  le  lujet  d'une.  Tragédie.  *  Plutar- 
que ,  des  vertus  des  femmes. 

CAMMERMEISTER.    Cherchez  Camerarius. 

CAMMERSTAD,  (George)  Allemand, de Mifnie, fut uS 


avons  de  lui  fous  le  titi-e  de  AsLufiadas,  qu'il  dédia  l'an  15-69, 
au  Roi  Dom  Sebaftien.  Mais  ce  Prince  étoit  alors  fi  jeune,  8c  ceux 
qui  approchoient  de  fa  perfonne  avoientii  peu  d'eftime  pour  laPoë- 
be ,  que  le  malheureux  Camoens  fe  vit  frulfré  de  tout  ce  qu'il  avoit 
Il  raifonnablement  efperé  de  fon  Ouvrage.Il  rampa  donc  le  refte  dé 
fes  jours  à  Lisbonne ,  8c  y  mourut  accablé  d'ennuis  8c  de  mifere  l'art 
iJ/P-  âgé  d'un  peu  plus  de  j-o.  Outre  fon  Poème ,  dontj'ai  parlé, 
qu'on  a  traduit  endiverfes  Langues,  nous  avons  un  Recueil  de  fes 
PoèTies,  fous  le  titre  de  Rimas  de  Luis  de  Camoens.  Ses  autres  Ouvra- 
ges fe  font  perdus.  On  reproche  à  Camoens  de  n'être  pas  aifcz  clair. 
Il  mêle  aufli  un  peu  trop  les  fables  du  Paganifme  avec  les  veritez  dé 
nôtre  Religion ,  8c  il  parle  fans  difcretion  des  Divinitez  profanes 
dans  un  Poème  Chrétien.  Sa  Vie  eft  en  tête  de  fon  Poème ,  qu'oii 
pourra  confulteraufli-bien  que  Nicolas  Antonio,  Bibl.  Hifp. 

CAMOS,  (Marc- Antoine)  Religieux  de  l'Ordre  de  Saint  Au- 
guftin,  vivoitfurlafinduXVI.  Siècle.  U  étoit  de  Barcelonne,  & 
étant  né  dans  une  maifon  noble  il  fe  vit  obligé  par  honneur  d'en 
foutenir  l'éclat ,  à  la  guerre  8c  ailleurs.  Mais  ayant  perdu  là  femme, 
à  l'âge  de  38.  ans,  il  fe  defabufa  auffi  de  toutes  les  vanitez  du  fiécle 
8c  entra  parmi  les  Religieux  de  l'Ordre  de  Saint  Auguftin.  Quoique 
dans  un  âge  aflTez  avancé ,  il  étudia  en  Philofophie  8c  en  Théologie 
avec  les  jeunes  Religieux  ;  8c  y  fit  un  grand  progrès.  Depuis  , 
étant  nommé  à  l'Archevêché  de  Trani  dans  la  terre  de  Bari ,  il  paf- 
fa  en  Italie  pour  y  folliciter  fes  Bulles,  gcmouruten  i6o6.  danslà 
vîUe  de  Naples.avant  que  de  les  avoir  reçùës.U  étoit  alors  âgé  de  63 . 
ans.  Nous  avons  quelques  Ouvrages  de  fa  façon ,  comme  Microf- 
como  y  gobierno  umverfal  del  Hombre  Chrijliano  ,  g^c.  *  Nicolas 
Antonio,  Bibl. Hifp. 

CAMPAGNA,  ville  du  Royaume  de  Naples,  dans  la  Princi- 
pauté ultérieure ,  avec  titre  de  Mai-quifat  8c  Evêché  fuf&agant  de 
Conza ,  auquel  on  a  uni  celui  de  Satri  qui  eft  une  ville  ruinée.  Cam- 
pagna  eft  du  côté  de  Salerne  à  trois  ou  quatre  lieues  de  la  mer; 

CAMPAGNA  DI  ROMA,  ou  Campagne  de  Rome. 
Cherchez  Latium. 

C  A  M  P  A  N  A ,  (Albert)  de  Florence ,  s'eft  'aquis  beaucoup  de 
réputation  par  fon  érudition.  Il  favoit  les  belles  Lettres ,  la  Philo- 
fophie ,  8c  la  Théologie ,  qu'il  a  profeffées  à  Pife  8c  puis  à  Padouë. 
Il  étoit  dans  la  dernière  de  ces  villes  extrêmement  incommodé ,  8c 
s'étant  confié  avec  un  peu  trop  de  bonne  foi  à  une  certaine  femme , 
qui  avoit  entrepris  de  le  guérir ,  il  mourut  d'apoplexie  le  24.  Sep- 
tembre de  l'an  1 63o.Albert  Campana  avoit  compofé  diversOuvra  « 
ges  dont  on  n'a  publié  qu'une  traduélion  de  la  Pharfale  de  Lucain 
en  Langue  Italienne.  *  Thomafini ,  in  Vit.  illufl.iiror. 

CAMPANELLA,  (Thomas)  Religieux  de  l'Ordre  de  Saint 
Cominique ,  étoit  de  Stilo  petit  village  de  la  Calabre.  Dès  l'âge  de 
1 3 .  ans ,  il  prit  l'habit  de  Religieux ,  8c  comme  il  avoit  beaucoup  dé 
génie  il  fe  fit  eftimer.  On  dit  qu'étudiant  en  Philofophie ,  8c  fon 
Profefîèur  s'étant  engagé  d'aller  argumenter  à  des  Thefes  dans  la 
ville  de  Confenza  8c  fe  trouvant  incommodé  ,  il  pria  le  Frère  Cam-» 
paneUa  d'aller  difputer  à  fa  place.  Il  le  fitavectantdefuccès,  que 
tout  le  monde  en  fut  fàtisfait ,  8c  on  le  flatta  même  d'avoir  le  génie 
deTelefîus.  Ces  louanges  firent  impreffion  fur  fon  efprit,  il  vou- 
lut avoir  le  Livre  de  Telelius ,  il  le  lut  avec  empreflèment ,  il  don-' 
na  même  dans  fes  fentimens  8c  dans  fa  manière  de  philolbpher ,  St 
ayant  depuis  fu  qu'on  avoit  écrit  contre  ce  Philofophe ,  il  trarail-t 
la  à  fon  apologie  8c  alla  à  Naples  pour  la  faire  imprimer.  En  arri-' 
vant  en  cette  ville  ScpaffantdevantunmonafteredeRecolets,  il 
vit  une  fi  grande  quantité  de  monde  qui  y  entroient  6c  qui  en  for- 
toient,  qu'il  eut  la  curiofité  d'en  apprendre  laraifon.  On  lui  dit 
qu'on  y  foutenoit  des  Thefes  de  Philofophie.  Il  y  entra  donc  com-» 
me  les  autres ,  8c  ayant  obtenu  la  permilTion  d'y  difputer ,  il  s'en  a- 
quitta  fi  bien,  qu'il  s'attira  des  éloges  de  tous  ceux  qui  fe  trouvèrent 
dans  cette  affemblée ,  Se  les  Religieux  de  fon  Ordre  le  menèrent  en 

îriompbd 


'6^ 


CAM 


triomphe  dans  leur  Monaftere.  Quelque  temè  après ,  il  affifta  à 
d'autres  Thefes  de  Théologie ,  qu'un  ancien  Proteflèur  de  fon  Or- 
dre faifoitfoutenir.  Le  P.  Campanella  y  parla  avantageufcnïent  de 
quelqu'une  des  propofitions  qui  etoient  dans  ces  Thefes.  L'ancien 
î'rofeiîeur  méprifant  ces  louanges,  l'interrompit  brufquement,  ôc 
lui  ditquecen'étoit  pas  l'affaire  d'un  jeune  homme  comme  lui, 
qui  ne  faifoit  que  de  fortir  de  la  Philofophie ,  de  juger  des  queftions 
de  Théologie.  Ce  mépris  aigrit  labile  de  F.  Thomas,  il  s'emporta 
■furieufement  à  fon  tour ,  &  répondit  à  l'ancien  Profeflèur  qu'il  étoit 
un  ignorant  ;  ■&  que  tout  jeune  qu'il  paroiffoit,  il  en  favoit  plus  que 
lui,  &  qu'il  étoit  en  état  de  lui  apprendre  la  Théologie.  Ce  Reli- 
gieux oftenfé  déclara  la  guerre  à  Campanella  :  ce  fut  par  les  caballes 
de  ce  vieux  Profeflèur  ,  qu'on  le  pourfuivit  avec  une  très-grande 
inhumanité.  On  dit  qu'ayant  divulgué  quelques  fecrets  de  la  Mo- 
narchie Eipagnole ,  ibn  ennemi  prit  occalion  de  l'accu  fer  d'avoir 
voulu  trahir  la  ville  de  Naples  &  la  livrer  aux  ennemis  de  l'Etatpu- 
tre  cela,  ilfiitaccuféd'hérelieScmisàl'Inquilition.  Les  Juges  de 
ce  terrible  tribunal  le  tinrent  vingt-cinq  ans  en  prifon,  jufqu'à  ce 
que  le  Pape  Urbain  VIIL  s'interelfant  pour  là  liberté ,  il  en  fortit  8c 
vint  a  Paris  l'an  1634.  On  l'avoit  traité  de  la  manière  du  monde  la 
plus  cruelle,  juiquesàleteniràlaqueftioni^,.  heures  de  iuite.  Le 
Cardinal  de  Richelieu  lui  fit  du  bien.  Il  enlèigna  une  Philofophie , 
qui  fut  goûtée  de  peu  de  perfonries;  quoi  que  le  Profeflèur  fût  fort 
ieftimé  dans  le  monde.  Un  homme  de  fon  pais ,  qui  a  fait  fon  éloge, 
avoue  qu'il  avoit  beaucoup  d'elprit  &  peu  de  jugement  ;  &  qu'il 
manquoit  de  retenue  8c  de  folidité.  Il  a  écrit  Phyfiologia.  ,^£f- 
tiones  Thyfiologicti.  De  fenfu  rerum,  Atheïfmus  triumfhtitus . 
Opufcula  Vhyfica^  Mathemtttica.  Vo'ética,  Tractutui  Ajirologt- 
eus.  Monarchia  HifpanU  ,  ^c.  Campanella  mourut  à  Paris  au 
mois  de  Mai  de  l'an  1639.  On  dit  qu'étant  tombé  dans  une  grande 
mélancholie  ;  &  ayant  même  un  furieux  dégoût ,  un  certain  hom-  ; 
me  lui  donna  de  l'antimoine  ,  qui  le  tua  quelques  jours  après.  Il 
étoit  alors  en  la  7  i .  année  de  fon  âge ,  mais  il  avoit  pourtant  beau- 
coup de  iànté.  *  Gaflèndi,  in  Vita  Peirefi.  Janus  Nicius  Ery-* 
thràeus.  Pin.  I.  Imag.  iUuft. c.ii.LoTeiao  Cxtiffo, Elog.d'Huom. 

CAMPÂNÛS,  Mathématicien ,  vivoit  dans  le  XII .  Siecle,êc 
étoit  de  Novarre  dans  le  Milânois.  Il  écrivit  iùr  1' Aftronomie,fur  le 
Calendrier,  Se  fur  l'erreur  de  Ptokjrnée.daasla  fijpputation  du  mou- 
vement de  la  Lune  8c  du  Soleil;  8c  quelques  autres  Ouvrages.  Tri- 
theme,  Genebrard,8c  Blancanus  parlent  de  lui  ;  8c  VofTius  croit  qu'il 
y  en  a  eu  deux  de  ce  nom  ,  lie  Math.  c.  7,^.  &Ci 

CAMPANUS,  (Jean- Antoine)  Italien ,  natif  d'un  petit  villa- 
ge nommé  Cavelle,  près  de  Capouë ,  vivoit  dans  le  XV.  Siècle, 
£c  il  devint  Evêque  de  Teromo  dans  l'Abruzzo.  Ce  nom  de 
Campaiius  n'étoitpasceluidefa  famille,  mais  celui  de  &n  pais, 
étant  né  dans  la  terre  de  Labour ,  en  Latin  Camfania.  Il  étoit 
fils  d'un  pauvre  paifan;  &  fa  mer^l'enfanta  à  la  campagne  fous 
un  laurier.  Il  fut  deftiné  à  gai^der  des  brebis  ;  mais  un  bon  Prêtre 
l'ayant  pris  à  fon  lèrvice ,  lui  enfeigna  le  Latin,  8c  il  s'avança  fi  bien 
qu'il  fut  envoyé  l'an  147 1 .  en  Allemagne,pour  y  perliiader  la  guerre 
contre  les  Turcs.  II  harangua  dans  la  Diète  de  Ratisbonne ,  avec 
applaudiflèment.  Il  prononça  l'Oraifon  funèbre  deCalixte  III.  Pie 
II.  le  fit  Evêque,  Paul  II.  lui  donna  penfion:  mais  n'ayant  pas  fû 
fi  bien  le  maintenir  auprès  de  Sixte  IV.  il  fut  exilé,  8c  mourut  à 
Siennel'an  1477.  Il  a  écrit  la  Vie  de  Pie  II,  celle  d'André  Brachius, 
Grand  Capitaine  de  Peroufe  ;  &  plulieurs  autres  Ouvrages  en  proie 
&  en  vers.  Michel  Fermes  a  écrit  fa  vie.  Divers  grands  hommes 
lui  ont  drelfé  des  éloges  funèbres  ;  en  voici  un  de  la  façon  d'Ange 
Politien  : 

lUe  ego  lailrigeros  cm  cinxit  ^  infula  crines , 
Campanus,  Rom£  delicium ,  hicjaceo: 
Mzjocu ,  dilîanmt  Charités ,  nigrofale  MomUs  ,■ 

MercuriHs  niveo ,  tinxit  utrsque  Venus. 
Mi  joca ,  mi  rifus ,  pUcuit  mihi  uterque  cupido , 
Si  méfies ,  proculhinc ,  ij.HS.fo ,  viator ,  abi. 
*  Volaterrari ,  li.ii.  Antr. Liïio Giraldi , ■  Dial.  i . de Poëtifui temp. 
Pauljove,  inElog.doB.c.  22.  Voflfius,  Le  Mire ,  Sponde ,  Poflè- 
vin  ,  Gefiier ,  &c. 

CAMPANUS,  (Jéati)  Allemand ,  étoit  originaire  du  païs  de 
Juliers,8c  vivoit  vers  l'an  15-30. Ilfuivit  Luther  durantdeux  ans;  & 
puis  faifant  lèéte  à  part ,  il  enfeigna  à  Wittemberg  touchant  la  Cène 
une  opinion  non  feulement  contraire  à  Luther ,  mais  encore  diffé- 
rente de  celle  des  autres  Sacramentaires.  Il  enfeignoit  aufll  que  le 
Fils  8c  le  Saint  Efprit  n'étoient  pas  deux  perfonnes  différentes  de 
celle  du  Père.  Ainfi  il  débitoit  des  opinions  étranges,  que  les  Catho- 
liques 8c  les  Protellans  ont  également  en  abomination.  *  Prateole , 
nj.Ccimp.  Florimond,  li.i.c.  i6.».7.0fîus,  /;.  i.desher.  Sponde, 
A.  C.  jj^i.n.  10. 

CAMPASE ,  ou  P  A  N  c  A  s  T  E ,  eft  le  nom  d'une  belle  femme , 
qu'on  dit  qu'Alexandre  le  Grand  aimoit.  Il  commanda  à  Apellès  de 
la  peindre;  8c  ce  Peintre  en  étant  devenu  amoureux,  le  Roi  la  lui 
céda.  *  Pline,  li.  35-.  c.\o. 

CAMPATOIS,  Sede d'Hérétiques,  que  S.  Jérôme,  écri- 
vant contre  lesLuciferiens,appclle  bdemois.Ws  s'élevèrent  contre  l'E- 
glilè  dans  le  IV.  Siècle,  ils  fuivoientlado&inedesDonatiltesSc 
des  Circoncellions.  *  Prateole ,  au  mot  Campatois. 

CAMPEGGI,  famille.  La  famille  de  Campeggi  a  eu  plufieurs 
Cardinaux,  dontje  parlerai  dans  la  fuite.  Elle  eft  en  coniideration 
en  Italie  ,  depuispluiieursfiecles.  Ugolin  C  am  p  EoGifutfi 
efl:imé  vers  le  XIII.  Siècle,  que  ceux  de  Pife  le  choilirent  pour  être 
leur  General.  Un  de  fes  defcendans  nommé  Barthelbmi 
Campeggi  fut  eftimé  par  fa  probité  8c  par  fa  doftrine.  11 
vivoitiurlafinduXIV.  Siècle,  8c  il  s'exila  volontairement  de  fa 
patrie  pour  n'être  pas  obligé  de  luivre  le  parti  des  Guelphes.  Mais 
le  tems  de  fon  exil  ne  lui  fut  pas  inutile ,  ill'employa  a  l'étude  du 


CAM. 

Droit  Civil  8c  Canon  Se  y  fit  un.  très-grand  progrès.  Son  fils  J  e  a  w 
Campeggi  s'avança  encore  davantage  dans  cette  fcience ,  qu'il 
enfeigna  avec  beaucoup  de  réputation  à  Padouë  8c  ailleurs.  Il  a  laiflé 
divers  Ouvrages,  qui  témoignent  que  fa  fcience  étoit  profonde. 
Les  plus  importans  font ,  Confilia.  TraSatusdeJîatutis.  Deimmu~ 
mitate.  De  dote,  i^pc.  Ce  lavant  hcfmme  eut  divers  enfans  8c  entre 
[autres  le  Cardinal  Campeggi ,  dont  je  pai-le  ci-après  ,  qui  m'a 
.donné  occalion  de  parler  des  perfonnes  Illuftres  de  cette  famille.  Il 
s'étoit  marié  avant  qu'il  fongeât  à  fe  faire  Ecclefiaftique.  Il  époulà 
Françoife  Guafta vilain ,  8c  il  en  eut  trois  fils  8c  deux  filles  ;  Rodol- 
phe ,  qui  fut  Général  des  Vénitiens  ;  Jean-Baptifl:e  ,  Evêque  de 
Majorque,  l'un  des  plus  doftes  Prélats  de  fon  liecle ,  Alexandre, 
Cardinal ,  dontje  ferai  encore  mention ,  Louïfe,  femme  de  Camil- 
le Fantuccio  de  Bologne  ;  8c  Eleonor ,  mariée  à  Alphonfe  Con- 
trario-de  Ferrare.  Alexandre  Campeggi  fut  élevé  avec 
beaucoup  de  foin ,  8c  il  eut  pour  maîtres  les  plus  favans  homm  es  de 
fonfiecle;  comme  Lazare  Bqnamici,  PierrePorrhano,  8c  Antoine 
Bernardi,  qui  fut  depuis  Evêque  de  Caferte.  Il  répondit  fi  bien  à 
tous  ces  foins,  qu'il  fut  bien-tôt  en  état  de  poflfeder  les  principales 
charges  de  la  Cour  de  Rome ,  8c  puis  les  plus  belles  dignitez  de  l'E- 
glife.  Et  en  effet ,  le  Pape  Paul  III.  le  fit  Clerc  de  la  Chambre ,  lui 
donna  d'autres  emplois,  8ceni;-4i.iiréleva  fur  le  fiége  Epifcopal 
de  l'Eglife  de  Bologne  là  patrie.  Le  Concile  de  Trente  ayant  été 
transfère  en  cette  ville,  les  Prélats  s'aflèmblerent  chez  Alexandre  Se 
Jean-Baptifte  Campeggi ,  8c  on  y  remarqua  cinq  Prélats  de  cette  fa- 
mille proches  parens  du  Cardinal  Laurent;  favoir,Thomas  8c  Marc^ 
Antoine  fes  frères;  l'un  Evêque  de  Feltri,8c  l'autre  de  Groffete,  Jean 
Evêque  de  Parente  fon  neveu,  fils  d'Antoine-Marie  fon  frère;  8c 
fes  fils  Jean-Baptifte  Evêque  de  Maj  orque ,  8t  Alexandre  qui  l'étoit 
de  Bologne.  Ce  dernier  fut  auflî  Vicelegat  à  Avignon  ,  où  il  étu- 
dia aflèz  adroitement  les  defleins  des  Huguenots,  qui  cherchoient 
à  fe  jetter  fur  les  terres  de  l'Eglife.  Il  s'aquit  tant  de  réputation  par 
fa  conduite ,  que  le  Pape  Jule  III.  le  fit  Cardinal  au  mois  de  Novem- 
bre iffii  8c  il  mourut  trois  ans  après,  le  vingt-cinquiéme.Septem- 
breii'f4- âgé  de  quarante-huit  ans.  Dans  le  XVII.  Siècle  le  Comte 
Rodolphe  Campeggi  s'eft  aquis  beaucoup  de  réputation , 
non  feulement  par  les  connoiflTances  qu'il  avoit  du  Dtoit,  mais  en  ^ 
core  par  fes  Poëlies.  11  mourut  le  vingi-huitieme  Juin  de  l'an  1 624. 
8c  nous  avons  de  lui  deux  Tomes  de  Poëlie,  un  Poème  intitulé  Le 
lacrjme  di  Marin  Vergine.  L'italinconfolada ,  qui  eft  un  Epithalame 
qu'il  fit  en  1620.  pour  le  mariage  de  Madame  Chriftine  de  France 
avec  Viftor-Amédée  Duc  de  Savoye.  Thomas  Campeggi 
Evêque  de  Feltri,qui  vivoit  dans  le  XV.  Siècle,  a  compofé  un  Traité 
du  Célibat  des  Prêtres ,  un  du  Pape ,  8cc.  Un  autre  C  a  m  i  l  l  o 
Campeggi,  Théologien  de  l'Ordre  de  Saint  Dominique ,  fut 
eftimé  dans  le  Concile  de  Trente ,  8c  grand  Prédicateur.  Ce  dernier 
étoit  de  Payie. 

CAMPEGGI,  [Laurent]  Cardinal,vivoit  dans  le  XVI.  Siècle  ; 
Il  étoit  de  Bologne ,  né  dans  une  famille  qui  eft  en  coniideration  en 
Italie,  8c  fils  de  Jean  Campeggi,  favant  Jinifconfulte ,  dont  j'ai 
parlé.  Laurent  s'avança  aufli  beaucoup  dans  la  Jurifprudence  Civi- 
le Se  Canonique ,  8c  fut  même  premièrement  Profelfeur  en  Droit 
à  Padouë.  Enfuite,  après  la  mort  de  fa  femme,s'étant  fait  Ecclefiaf- 
tique ,  il  eut  des  emplois  confiderables ,  8c  fut  enfin  Cardinal.  Il 
contribua  beaucoup  à  la  réduftion  de  la  ville  de  Bologne  fous  l'au- 
torité du  Saint  Siège",  8c  Jule  II.  lui  en  voulant  témoigner  fa  te- 
connoiflTance ,  le  fit  pourvoir  d'un  office  d'Auditeur  de  Rote,  puis 
de  l'Evêché  de  Feltri ,  8c  en  fuite  l'envoya  Nonce  en  Allemagne  8c 
à  Milan.  Léon  X.  lui  confia,  à  lui  8c  à  Thomas  Campeggi  fon 
frère,  le  gouvernement  des  villes  deParmeScdePlaifance,  8c  le 
renvoya  Nonce  en  Allemagne.  Ce  fut  en  ce  tems  qu'il  le  créa  Car^ 
dinal  le  i .  Juillet  de  l'an  15-17.  Il  eut  alors  le  titre  de  Saint  Thomas, 
qu'il  changea  depuis  pour  ceux  de  Sainte  Marie  de  delà  le  Tibre 
&  pour  les  Êvêchezd'Albe,  dePaleftrine,  8c  de  Sabine.  I!  revint 
à  Rome  au  mois  de  Janvier  de  l'an  15-18.  8c  l'année  d'après  on  l'en- 
voya Légat  en  Angleterre,  pour  y  le  ver  des  décimes  contre  le  Turc. 
Mais  il  ne  réiiftît  pas  en  cette  commilfion ,  il  obtint  feulement  l'E- 
vêché de  Salisburi  pour  lui.  Depuis ,  fous  le  Pontificat  du  Pape 
Clément  VIII.  il  fut  envoyé  Légat  en  Allemagne  contre  les  Luthé- 
riens en  I5-24.8C  il  y  fit  des  ordonnances  pour  la  réforme  des  mœurs. 
Il  fat  aulfi  envoyé  l'an  15-2S.  Légat  en  Angleterre,  pour  être  Juge 
du  divorce  d'Henri  VIII.  qui  vouloit  faire  déclarer  nul  fon  mariage 
avec  Catherine  d'Autriche ,  pour  époufer  Anne  de  Boulen.  Il  ne 
conclut  pourtant  rien ,  8c  le  Pape  le  rapella  l'année  d'après  ,  s'étant 
réfervélaconnoilfance  de  cette  affaire.  Campeggi  revint  en  15-29. 
à  Rome.  Il  étoit  Evêque  de  Bologne  depuis  l'an  15-23.  H  fe  trou- 
va en  cette  ville,  au  couronnement  de  Charles  V.  d'où  étant  re- 
palfé  Légat  en  Allemagne,  il  y  aflifta  à  la diette d'Augsbourg.  A 
fon  retour  le  Pape  étant  mort ,  il  donna  fa  voix  pour  l'éleSion 
de  Paul  III.  qui  le  nomma  en  15-38.  pour  fe  trouver  Légat  à 
Vicenze,  où  l'on  devoit  faire  l'ouverture  du  Concile  qui  s'eft  de- 
puis continué  à  Trente.  Mais  Campeggi  mourut  à  Rome  le  19. 
Juillet  de  l'an  15-39.  Il  avoit  compofe  quelques  Ouvrages  de  Droit, 
qui  n'ont  pas  été  publiez.  *  Sigonius ,  de  Epi/c.  Bomn.  li.  5-.  Ga- 
rambay, //.  i.  Onuphre,  wJCSro».  Sanderus,  de  Schifm.  Angl. 
Surius ,  in  Comment.  Sleidan ,  i»  Annal.  Ugliel ,  Ital.  facr.  Sponde  r 
in  Annal.  Eccl.  Auberi  ,  Hifloiredes  C«r</(»„Bumàldi,  Bibl.  Bo~ 
non,  ^c. 

C  A  M  P  E  N ,  ville  du  Pais-Bas  ,  dans  la  Province  d'Over- 
YflèL  Elle  eft  fituée  fur  la  rive  gauche  de  l'YflTel  près  de  fon 
embouchure  à  cinq  lieues  de  Deventer.  C'eft  une  aflèz  jolie 
ville ,  8c  qui  peut  inonder  ,  lâchant  les  éclulès' ,  la  campagne 
voifîne  qtii  eft  très-baflè.  Les  '\uteurs  qui  écrivent  en  Latin  la 
nomment  Campi.  Cette  ville  a  donné  fon  nom  à  H  e  i  m  e  r  i  c  d  ç 
C  A  M  p  E  N  ,  connu  fous  le  nom  d'H  eimericus  de  Cam- 
po.    11  vivoit  dans  le  XV. -Siècle,  8c  il  enfeigna  la  Philofophie  à 

Co- 


CAM. 

Cologne.  Depuis ,  il  fe  trouva  au  Concile  de  Bâle  ,  où  le  Car- 
dinal Nicolas  de  Cufa  ,  qui  étoit  un  homme  lavant  ,  fit  une 
eftime  particulière  de  celle  d'Heimeric  de  Campen  ,  Se  lui  per- 
fuada  même  d'écrire  quelques  Traitez.  Je  crois  que  celui  De «»c- 
îoritate  Concilti  ,  fut  le  plus  conliderable.  Il  s'attacha  eniîiite  à 
Eugène  IV.  &  publia  même  les  raifons  qu'il  avoit  eu  d'en  ufer  ainfî, 
dans  une  Apologie  que  nous  avons  encore.  Etant  de  retour  dans 
les  Pais-Bas ,  il  enfeigna  quinze  ans  de  fuite  la  Théologie  à  Louvain, 
&  il  y  mourut  en  1460.  Outre  les  Ouvrages  dont  j'ai  parlé,  il  a 
écrit  ComfendiHtn  ^uifiionum.  Safer  Sententias  lib,  IV.  DeEjfe. 
De  Ejfentia.  Compendium  div'morum.  ^^UAftiones'varuié'f.  Jean 
Campen,  dit  vulgairement  Van  den  Campen ,  étoit  de  la  même 
ville.  Il  vivoit  au  commencement  du  XVI.  Siècle ,  8c  favoit  très- 
bien  les  Langues  qu'il  enfeigna  à  Louvain.  Le  Pape  Léon  X.  le 
fit  venir  à  Rome,  où  il  lui  donna  une  Chanoinie;  en  revenant  dans 
les  Païs-Bas,il  mourut  de  pefte  à  FriboUrg  enBrifgaw  l'an  ij'sS. 
il  laifTa  une  Grammaire  Hébraïque,  des  Paraphrafes  fur  lesPfaumes, 
fur  l'Eccleliafte ,  Sec.  Cet  Auteur  eft  différent  d'un  Jean  Campen 
Religieux  de  l'Ordre  des  Carmes  ,  qui  vivoit  en  1404.  Il  étoit 
des  Pais-Bas ,  8c  il  compofa  des  Commentaires  fur  les  Sentences. 
^iodlibetorum  ofus.  SummuU  Artium ,  çyc,  *  Tritheme,<^e  Scrift. 
Zccl.  Valere  André,  Bibl.  Belg,  ^c, 

[CAMPESTER ,  Poète ,  comme  il  femble ,  de  la  baiTe  Latinité', 
qui  avoit  compofé  un  Poème  intitulé  Catabolica  ou  iitftrnalia  ,  au 
rapport  de  Fuigence ,  de  Continentia  Virgilii^ 

CAMPIAN ,  (Edmond)  de  Londres ,  Jefuite ,  a  vécu  dans  le 
XVI.  Siècle.  Il  étudia  à  Oxfort  ,  8c  depuis  étant  attiré  par  les 
Proteftans  ,  il  fiit  reçu  Diacre.  Mais  quelque  tems  après  il  fit 
abjuration.  Enjfiiiteilvint  à  Douay,  où  il  y  avoit  un  Séminaire 
d'Anglois,&  étant  paffé  à  Rome,il  s'y  fit  Je&ïte  en  1 5-7  3  .Après  fon 
Noviciat ,  on  l'envoya  à  Vienne  en  Autriche  ,  8c  puis  à  Prague.d'où 
on  lerappella  àRome.  En  ij-8o.  il  eut  ordre  depaffer  en  Angle- 
terre, où  il  foûtint  le  parti  Catholique ,  avec  courage,  8c  y  iîgna 
defonfangladoârine  qu'il  défendoit.  Ce  fut  le  28.  Novembre 
de  l'an  1/81.  fous  le  règne  d'Elizabeth.  Campian  compofa  plu- 
fleurs  Ouvrages ,  dont  les  plus  confiderables  font  une  Chronologie 
univerfelle  ,  8c  un  Traité  adreffé  aux  Univerfîtez  d'Angleterre , 
où  il  rapporte  dix  rÂfons  pour  prouver  la  vérité  de  la  Religion  Ca- 
tholique. *  Sponde,  A.  C.  ij-So.  ».  11.  ifSi.  n.  10.  Gautier  8c 
Riccioli,  enlaChron.Vit^&xs ,  Ribadeneira,  êcc. 

CAMPI ANO ,  petite  ville  d'Italie  dans  le  Val  de  Taro ,  que  ceux 
An^iis nommant StatttdiValdiTaro.  Elle  efl:  fîtuée  près  de  la  ri- 
vière de  Taro  ;  8c  comme  elle  eft  importante  pour  le  paflàge ,  les 
Ducs  de  Parme,à  qui  elle  appartient ,  ont  eu  foin  de  la  faire  fortifier. 

CAMPION,  certain  Hiftorien  Grec.  Nous  ne  favons  pas  en 
quel  tems  il  a  vécuj  mais  feulement  qu'il  eft  cité  par  Vitfuve,dans  la 
Préface  du  livre  feptiéme,8c  ■ç2xVo&.\is,l.7,.c.-joJesMath.^.  i  .[Cam- 
■pion  n'eft  pas  un  nom  Grec ,  cet  Auteur  fe  nommoit  Carpion ,  8c 
Vitruveix.VoJj!Us  le  nomment  ainfi.  Nôtre  Provençal  ne  favoit  ce 
qu'il  copioit ,  8c  il  n'eft  pas  fur  de  fc  fier  en  lui ,  qu'après  avoir  vu 
les  fources.] 

CAMPOBASSE ,  Comte  Napolitain ,  étant  venu  au  fervice  de 
Charles  Duc  de  Bourgogne ,  fils  de  Philippe /e  £0»  confpira  enfui- 
te  contre  ce  Prince ,  8c  le  fit  airafliner  l'an  1477-  *  Mezeray  ,  au 
règne  de  Louis  XL  SUP. 

dAMFOGABIO.  Voyez  Gabiens. 

CAMPOIS ,  Hérétiques  ,  qui  lùivoient  les  erreurs  des  Ariens 
dans  le  IV.  Siècle.  Ils  fe  glorifioient  de  la  communion  de  l'Eglife,8c 
cependant  ils  foutenoient  trois  hypoftafes,avec  certains  erransjc'eft 
à-dire ,  trois  fubftances  dans  la  Trinité  j  au  lieu  de  croire  une  même 
Subftanceou  Eflènce  en  trois  Perfonnes  Divines  ,  qu'on  appelle 
ièlon  l'ufage  commun  de  l'Eglife  trois  hypoftafes  ou  fubfiftances. 
*  Saint  Jérôme ,  ep.  adDamaf.  Prateole ,  au  mot  Campois^ 

CAMPOLONGO,  (jEmilius)  dePadouë,  a  été  ProfefTeur  en 
Médecine.  Outre  qu'il  favoit  les  Langues  8c  les  belles  Lettres  ,  il 
s'attacha  particulièrement  à  l'étude  des  Ouvrages  d'Ariftote  8c  de 
Gahen.  En  15-78.il  futnommé  ProfeiTeur  en  Médecine  dans  l'U- 
niverfîté  de  Padouë ,  8c  coi.rinua  cet  exercice  jufqu'à  iàmort,  qui 
arriva  au  mois  d'Oftobrede  l'an  1604.  Il  fut  enterré  dans  la  Cha- 
pelle quefàfamflleaaux  Servîtes  de  la  même  ville,  où  l'on  voit 
une  infcription  qu'Annibal  Campolongo  fon  fils  Jurilconfulte  y  fit 
élever.  Outre  des  Confultations ,  qu'on  a  publiées  avec  celles  des 
autres  Médecins  d'Italie ,  nous  avons  de  lui ,  Methodus  confultandi. 
DeVarielh.  De  Arthritide.  *Thomafin,  mElog.HluJl.vir.I'.I. 

CAMPSON  ,  Sultan  d'Egypte  ,  Circaflien  de  nation  ,  lequel 
ayant  été  élevé  fur  le  throne  par  les  Mammelus  au  commencement 
du  XVI.  Siècle,  fut  tué  par  les  faéHeux ,  dix-huit  mois  après.  On 
dit  que  c'étoit  un  homme  qui  avoit  beaucoup  de  courage,mais  qu'il 
manquoit  de  conduite. 

CAMPSON  -  CAVRI  ,  Sultan  d'Egypte  ,  fût  élevé  vers  l'an 
15-04.  par  les  Mammelus  à  cette  dignité ,  qu'il  refufa  au  commen- 
cement, confiderant  les  malheurs ,  qui  étoient  arrivez  en  li  peu  de 
tems  aux  Princes  d'Egypte ,  par  la  faâion  des  plus  confiderables  de 
l'Etat.  La  fortune ,  qui  l'avoit  tiré  delà  mifere  de  l'efclavage  pour 
le  mettre  au  nombre  des  Mammelus ,  lui  fit  avoir  les  premiers  em- 
plois auprès  des  Sultans ,  8c  le  plaça  enfin  fur  le  throne.  11  gouver- 
na avec  une  prudence  admirable;  car  ayant  fait  mourir  fans  bruit 
les  plus  remuans ,  il  calma  les  troubles  du  Royaume,  8c  puis  envoya 
des  troupes  dans  les  Indes,pour  en  chalîêr  les  Portugais;  8c  adoucir 
fes  Sujets  par  le  commerce.  Il  eft  vrai  que  fes  delTeins  ne  réulTirent 
pas  bien  de  ce  côté-là ,  car  les  mêmes  Portugais  défirent  fon  ar- 
mée navale,  le  troifieme  Février  de  l'an  15-09.  Campfonfut  l'ar- 
bitre de  l'Orient  ,  8c  comme  le  contrepoids  entre  deux  puifTans 
Monarques,  IfmaëlRoi  dePerfe,  8c  Selim  Empereur  des  Turcs. 
Il  fut  enfin  opprimé  par  ce  dernier ,  par  la  lâcheté  d'un  de  fes  Sujets 
nommé  Caierbey ,  Gouverneur  d'Alep  Se  de  Comagene.  Car  Se- 
lim ayant  fait  femblant  de  marcher  contrçIfmaël,vint  contreCajlip- 
Tom.  U,  ---        - 


CAM. 


n 


fon,  qui  l'attendoit  avec  fon  armée.  Les  armées  fe  rencontrèrent 
dans  la  Comagene ,  au  même  lieu  où  deux  ans  auparavant  les  Turcs  \ 
avoient  défait  les  Perlès,Caierbey  s'aquittant  de  la  promelTe  qu'il  a-> 
voit  faite  à  Selim,fe  mit  de  fon  parti.Cette  lâcheté  mit  les  Mamme- 
lus en  déroute,8c  Campfon  âgé  de  plus  de  foixante  8c  dix  ans,  chargé 
de  ventre  8c  de  hernie,  tomba  de  Ion  cheval  Se  fut  écrafé  ^  l'an  irx6i 

*  Leunclavius ,  //.  1 7 .  Paul  Jove ,  //.  1 7 .  Baudier,H//if/^ej  Turcs,  ^c.  ' 

CAMPULUS,  neveu  du  Pape  Adrien.  Voyez  Pascal.  SUP. 

CAMPVS  piorum ,  lieu  célèbre  en  Sicile,  près  de  Catane,  où 
les  deux  frères  Amphinomus  8c  Anapus  fauverent  lùr  leurs  épaule.* 
leur  père  8e  leur  mère  des  flammes  du  Mont  Etna ,  comme  Valere 
Max.  le  recite,  li.j.c./^.  SVP. 

LE  GAMSIN,eft  le  tems  de  Pâques/elon  le  langage  des  Coptes  ; 
ou  Chrétiens  d'Egypte.  SUP. 

CAMUS,  (Antoine  le) Chevalier ,  Sieur  de  Jambevilk,  Mar^ 
quis  de  MiUebois ,  Sec.  Préfident  au  Parlement  de  Paris ,  étoit  fila 
de  Martm  le  Camus  Confeiller  dans  le  même  Parlement ,  mort  ea 
1 5-64.8e  petit-fils  de  Charles.Confeiller  auSenat  de  Milan  fous  Fran- 
çois I.  On  alTure  que  leur  maifon  a  été  originaire  de  Poitou ,  où  el- 
le poflëdoit  la  terte  de  la  Borde-Popeliniere;  Antoine  dont  j  e  parle  ^ 
perdit  fon  père  à  l'âge  de  1 2.  ans ,  Se  ce  malheur  ne  fer  vaut  qu'à  lut 
donner  du  courage,  il  fe  fit  fi  bien  diilinguer  entre  les  jeunes  gens 
defavolée,  qu'à  l'âge  de  22.  ans  le  Roi  Charles  IX.  le  pourvut  de 
l'oifice  de  Confeiller  au  grand  Confeil.Ce  fut  en  1 5-7  3 .  8c  Henri  III. 
y  ajouta  en  I5-85-.  la  charge  de  Maître  des  Requêtes^  Henri  IV. 
l'employa  en  diverfescommiflions.  Se  en  15-90.il  lui  donna  l'In^ 
tendance  de  la  juftice  en  Normandie.  Mi  de  Mayenne  le  fit 
prifonnierdeguerreàlaprifede  Ponteau-de-mer ,  où  il  témoigna 
qu'il'  n'a  voit  ps  moins  de  bravoure  à  Ibûtenir  les  droits  de  fon  Prin* 
ce  les  armes  a  la  main,  que  de  probité  dans  l'adminiftration  de  la 
juftice.  Cependant,  il  perdit  fon  équipage,  8c  fa  rançon  futmifeà 
douze  mille  livres,  que  fàMajefté  fournit  elle-même ,  8e  honora  le 
Sieur  le  Camus  d'une  charge  de  Confeiller  en  fes  Confeils  d'Etat  6c 
Privé ,  8e  enfuite  d'une  de  Prélident  en  1 5-95-.  Après  cela  il  fer  vit  en- 
core le  Roi  dans  le  Limolin ,  8c  à  fon  retour  il  fut  honoré  de  la  di- 
gnité de  Prélident  au  Mortier ,  dont  il  a  fait  l'exercice  depuis  1602.- 
jufqu'eni  619.  qu'U  mourut.  Il  eut  de  Dame  Marie  le  Clerc  deujé 
fils  8c  trois  filles ,  dont  il  ne  refte  qu'Anne  le  Camus ,  qui  a  été  ma- 
riée en  premières  noces  avec  M.  Claude  Pinart ,  Gentilhomme  de  la 
Chambredu  Roi ,  premier  Baronde  Valois ,  Marquis  de  Comblifi , 
Sec.  8e  en  fécondes  avec  M.  François  Chriftophle  de  Levi,  Duc  de 
Damville ,  Gouverneur  du  Limofîn,  8c  Capitaine  de  Fontainebleau, 
mort  en  166 1.  Elle  n'a  point  eu  d'enfans  de  ces  deux  mariages.- 

*  Bl3achaid,Hi/tJes  Préftd.du  Parlem.  de  Paris  ^  des  Matt.  des  Req> 

[CAMUS,  (Etienne  le)  Evêque  de  Grenoble  ,  nommé  pif 
Louis  XIV.  Se  devenu  Cardinal ,  làns  nomination  ,  par  le  mou- 
vement propre  d'Innocent  XI,  en  1687 .  Il  mené  une  vie-exemplai-' 
re ,  8c  s'aquitte  de  tous  les  devoirs  d'un  bon  Evêque  julqu'en  1 697,' 
qu'on  écrit  ceci.J 

CAMUS,  (Jean  l'ierre)  Parifien ,  Evêque  de  Bellay  ,fut  nom-» 
mé  par  le  Roi  Henri  IV.  8c  confacré  par  Saint  François  de  Sales,  l'an 
1609.  "Tous  les  cœurs  de  fes  Diocefains  lui  étoient  ibùmis,  char- 
mez par  fa  pieté  8c  par  fa  vertu.  U  quitta  fon  Evêché  à  Jean  dePal^ 
felegue  l'an  1 629.il  fut  Grand  Vicaire  de  François  de  Harlay,Arche- 
vêque  de  Rouen,  8e  puis  il  fe  retira  enfin  à  l'hôpital  des  incurables 
de  Paris,8c  y  mourut  âgé  de  foixante  8c  dixans^en  165-2,  ayant  été 
nommé  par  le  Roi  Louis  le  Grandà  l'Evêché  d'Arras,dont  il  n'avoit 
pas  encore  eu  les  BuUeSi  II  a  été  un  des  grands  Prédicateurs  de  fort 
tems;  8c  il  a  compofé  grand  nombre  de  Livres,  qui  font  entre  les 
mains  de  tout  le  monde.  *  Sainte  Marthe,  Gall.  Chrijl.  Guichenon , 
Hiftoire  de  Brejfe  ^  de  Bug.  (^d 

CAMUS ,  (Nicolas  le)  Secrétaire  du  Roi ,  ptiis  Confeiller  d'Etàtj 
s'aquit  beaucoup  de  gloire  dans  le  manîment  des  grandes  affaires , 
où  il  fut  employé.  Il  mourut  en  1648. -âgé  de  quatre-vingts  ans.  Il 
avoit  époulë  Marie  Colbert  morte  en  1 642  ,  dont  il  a  eu  dix  enfans  i 
fîx  garçons  8c  quatre  filles;  i.  Nicolas  le  Camus;  2.  Antoine  le  Ca- 
mus; 3.  Edouard  le  Camus;  4.  Etienne  le  Camus;  5-.  André  Girard 
le  Camus  ;  6.  Jean  le  Camus  ;  7 .  Marie  ;  8 .  Catherine  ;  9.  Françoifc  j 
8c  I  o.  Claude  le  Camus; 

1.  Nicolas  le  Camus,  Confeiller  au  grand Confeil , Pfoctiteur 
Général  de  la  Cour  des  Aides ,  puis  Confeiller  d'Etat ,  Se  Intendant 
de  l'armée  en  Italie  8e  en  Languedoc ,  laiffa  cinq  fils  Se  deux  filles. 
Le  premier  des  cinq  fils  eft  Nicolas  le  Camus ,  qui  a  été  Confeiller 
au  grand  Conlèil ,  puis  Procureur  Général  de  la  Cour  des  aides ,  Se 
qui  eft  aujourd'hui  (1688.)  premier  Préfident  de  la  même  Cour 
des  Aides.  Il  a  époufé  Marie  Larcher ,  fille  de  Michel  Larcher  , 
Préfident  de  la  Chambre  des  Comptes ,  dont  il  a  eu  cinq  fils  ;  Ni- 
colas le  Camus ,  Confeiller  de  la  Cour  des  Aides ,  puis  Maître  des 
Requêtes;  François  le  Camus,  Marquis  de  Bligny ,  Colonel  du  Régi- 
ment de  Saintonge  :  M.  l'Abbé  le  Camus,Prieur  de  Beré  :  M.le  Che- 
valier le  Camus,Lieutenant  de  vaiffeau  du  Roi ,  Inort  à  Meffine  :  Se 
M.  le  Camus  de  la  Grange.Le  fécond  fils  de  NicoIas,Confeiller  d'E- 
tat,8c  Intendant,étoit  Charles  le  Camus ,  Sieur  de  Montaudier.Gou-' 
verncur  de  Menouillon  en  Provence ,  mort  depuis  quelques  années. 
Le  troifieme  eft  Etienne  le  Camus ,  Cardinal ,  Evêque  Se  Princd 
de  Grenoble.  Le  quatrième ,  Girard  le  Camus  ,  ci-devant  Maître 
des  Comptes.  Et  le  cinquième ,  Jean  le  Camus  Maître  des  Requê-- 
tes  honoraire ,  8e  Lieutenant  civil. 

2.  Antoine  lé  Camus,  Seigneur  d'Emery ,  fécond  fils  deNico-^ 
las ,  Secrétaire  du  Roi ,  fut  premièrement  Confeiller  au  Parlement 
de  Paris,  puis  Maître  des  Requêtes.  8c  enliiite  Préfident  en  la  Cham-^ 
bre  des  Comptes  de  Paris,  8e  enfin  ContrôleurGéneral  des  Finances. 
Il  a  lailTé  trois  fils  ;  favoirDenys  le  Camus  Sieur  de  Courferin,Pré-' 
fîdent  en  la  Cour  des  Aides  ;  André  le  Camus  Sieur  d'EmerinvillC) 
Confeiller  au  Parlement  de  Mets;  8c  Etienne  le  Camus,  Chanoine 
Relier  de  Sainte  Génevieye. 

E  3.  £» 


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3.  Edouard  le  Camus,  Confeiller  au  Parlement  de  Grenoble, 
Ipuis  à  celui  de  Paris,  gc  enfuite  Procureur  Général  de  la  Cour  des 
Aides,  quitta  fa  charge  pour  fe  faire  Prêtre ,  8c  mourut  en  1674. 

4.  Etienne  le  Camus,  Maître  des  Comptes,  puis  Surintendant 
âes  bâtimens,  mourut  en  1673. 

f.  André  Girard  le  Camus,  premièrement  Confeiller  au  grand 
Confeil ,  puis  Procureur  Général  de  la  Cour  des  Aides,Sc  enfin  Con- 
seiller d'Etat. 

6.  Jean  le  Camus,  qui  avoit  été  Confeiller  au  Parlement,  puis 
Maître  des  Requêtes  &  Intendant  en  Champagne,mourut  en  1 680. 

7.  Marie  le  Camus  fut  mariée  à  Michel  Particelli,  Seigneur  d'E- 
meri.  Surintendant  des  Finances.  Elle  mourut  fort  âgée  en  1678. 

8.  Catherine  le  Camus,  Carmélite  augrand  Couvent  de  Paris, 
inourut  en  1668.  ^ 

9 .  Françoiiè  le  Camus ,  mariée  à  René  le  Roux ,  Maître  des  Re- 
quêtes, puis  Confeiller  d'Etat,  eft  morte  en  1680. 

10.  Dame  Claude  le  Camus  époufa  Claude  Pellot,  premier  Préfi- 
xent au  Parlement  de  Rouen,  &  mourut  en  1668. 

*  Mémoire  de  la  famille  des  Camus.  SUP. 

CAMUSAT,  (Jean)  célèbre  Imprimeur  de  Paris,étoit  de  tous 
les  Libraires  de  Paris  celui  qu'on  eftimoit  le  plus  habile.  Car  ou- 
tre qu'il  étoit  très-entendu  dans  ta.  profefTionjil  étoit  homme  de  bon 
ièns.  Il  n'imprimoitaulfi  que  de  bons  Ouvrages:  de  forte  que  c'é- 
toit  prefque  une  marque  infaillible  de  bonté  pour  un  Livre ,  que  d'ê- 
tre de  fon  impreffion.  C'eft  ce  qid  porta  l'Académie  Françoife  à  le 
choifir  pour  ion  Libraire.  Relut,  de  iAcui.  Vran^ife.  SUP. 

CAMUSAT,  (Nicolas)  Chanoine  de  Troyes  en  Champagne, 
a  vécu  dans  le  XVII.  Siècle,  &il  s'eft  acquis  beaucoup  de  réputa- 
tion parmi  les  gens  de  Lettres  par  fa  dodbrine  &  par  fa  pieté.  Nous 
avons  divers  Ouvrages  de  fa  façon,&  entre  autres  un  intitulé  Promp- 
tunrium  frcrarum  antiquitatum  TricaJJîns,  Diœcefis ,  ^c.  qu'il  publia 
en  1 6 1  o .  Nicolas  Camulàt  moiurut  fort  âgé  vers  l'an  1 6jj. 

C AN  DE  L'ESCALE.  Cherchezl'Efcalej 

CANA,  petite  ville  de  Galilée,  dans  la  tribu  deZabulon,  où 
le  fils  de  Dieu  fit  fcn  premier  miracle ,  changeant  l'eau  en  vin ,  aux 
noces  où  il  fe  trouva.  Depuis  ,  paflànt  en  cette  même  ville ,  il  y 
guérit  le  fils  d'un  petit  Prince  ou  Officier  du  Roi.  S.  Jean  en  fait 
mention,  c.i.?^  4.  car  c'eft  ainfi  que  fe  doivent  entendre  ces  paro- 
les de  l'Evangelifte  :  C'eji  là  que  Je  fus  fit  fon  fecsnd  miracle.  Je 
veux  dire,  que  c'eft  le  fécond  qu'il  fit  à  Canaicomme  Saint  Auguf- 
tin  l'explique  en  accordant  les  Evangeliftes  au  Traité  qu'il  a  fait 
pour  cela.  Nathanaël  étoit  de  Cana.  *  S.  Jérôme ,  dt  Loc.  Hebr. 
S.  Auguftin,  Concord.  Evang.  li.  4.  cap.  10. 

0^"  Il  faut  remarquer  pour  ce  qui  regarde  les  noces  de  Cana,  que 
quelques  Auteurs  ont  cru  que  ce  mariage  étoit  celui  de  Saint  Jean 
l'Evangelifte,  lequel  ayant  vu  la  merveille  que  Jesus-Christ  avoit 
opérée ,  quitta  Ion  époufè  pour  le  fiiivre.  Mais  tout  cela  eft  làns 
fondement ,  nul  des  Anciens  n'en  a  parlé ,  &  0  lêmble  même  con- 
traire à  ce  que  l'Eglife  chante duDifciple  bien-aimé.  Nicephore  fils 
de  Callifte  a  écrit  que  c'étoitle  mariage  de  Simon  le  Cananéen,  qui 
fut  depuis  un  des  Apôtres,  fùrnommé  le  ZeUoMle  Jaloux. SaxatE- 
piphane  raconte  auiîi  que  pour  confirmation  de  cette  merveiUe  du 
changement  d'eau  en  vin ,  le  même  miracle  le  faifoit  tous  les  ans  à 
pareil  joiï,  enplufieurs  fontaines  de  diverfès  provinces ,  8c  nom- 
jne  des  fources  de  la  Carie  8c  de  l'Arabie ,  dont  lui  ou  fes  Difciples 
avoient  bu.  Pline  dit  la  même  choIè  d'une  qui  étoit  dans  l'Ifle  d'An- 
dria ,  auprès  du  temple  de  Bacchus ,  qui  avoit  le  goût  du  vin  le  jour 
des  Nones  de  Janvier.  Il  attribue  ce  prodige  à  la  puilTance  de  cette 
faulTe  Divinité ,  mais  fi  la  cholè  eft  véritable ,  il  lèmble  qu'elle  pro- 
cédoit  de  la  feule  vertu  du  Fils  de  Dieu ,  qui  vouloit  qu'il  y  eût ,  mê- 
me parmi  les  Payens ,  une  preuve  de  fon  premier  miracle.  Ces  cho- 
fes  font  pourtant  bien  incertaines ,  8c  fiir  des  faits  fî  extraordinaires 
il  me  fuffit  de  rapporter  les  fentimens  des  Auteurs ,  iànsy  ajouter 
mes  réflexions.  *  S.  Epiphane,  hxr.  fi.  Nicephore,-  Hifi.li.ix. 
10.  Baronius,  in  Armai. 

CANA  petite  ville  de  Galilée  ,  où  Jésus  Christ  fit  &n  pre- 
mier miracle  ,  changeant  l'eau  en  vin  ,  aux  noces  auxquelles  il 
avoit  été  invité  avec  la  Vierge.  Ce  n'eft  plus  qu'un  pauvre  village, 
habité  par  des  Mahometans  :  8c  l'Eglife,  que  l'Impératrice  Sainte 
Hélène  y  avoit  fait  bâtir  à  la  place  de  la  maifon  où  Nôtre  Seigneur 
fit  ce  miracle ,  n'eft  plus  en  la  di^ofition  des  Chrétiens.  C'eft  un  bâ- 
timent fort  ancien ,  tout  de  pierres  de  taille ,  qui  comprend  l'Eglife, 
foûtenuë  au  mUieu  d'un  rang  de  colonnes ,  8c  la  maifon  où  demeu- 
Toient  les  Ecclefiaftiques.  Entte  l'EglifqSc  le  logement,  eft  une 
cour  affez  fpacieufe ,  fur  la  porte  de  laquelle  il  y  a  une  grande  pierre 
qui  fert  de  linteau,  où  font  taillées  en  relief  trois  cruches ,  avec  une 
écriture  ancienne ,  à  moitié  eftàcée,  qui  fait  connoître  que  c'eft  le 
lieu  où  Jésus  Christ  changea  l'eau  en  vin.  L'Eglife  eft  maintenant 
profanée  par  les  Infidèles ,  qui  la  font  fervir  de  Mofquée  :■  8c  le  loge- 
ment eftoccupé  par  des  Santons  ou  ReligieuxMahometans.*Doub- 
dan,  Voyage  de  la  TerreSainte.  SUP. 

CANADA,  grand  pais  de  l'Amérique  Septentrionale ,  qui  eft 
aufli  nommé  la  Nouvelle  France,  parce  que  les  François  en  oc- 
cupent la  meilleure  partie ,  8c  y  ont  diverfes  colonies.  Outte  ce- 
la ,  ils  le  découvrirent  l'an  1^04.  8c  Jean  Verrazan  Florentin  prit 
l'an  ii-zf.poflèflîon  de  ce  pais  au  nom  du  Roi  François  I.  Apres  la 
mort  de  Verrazan ,  qui  fut  pris  8c  mangé  par  des  Sauvages ,  Jaques 
Cartier  de  Saint  Malo  fournit  ces  mêmes  terres  en  I5-34.  Les  Fran- 1 
çois ,  qui  avoient  négligé  ces  navigations,  y  furent  engagez  à  l'occa- 
fion  de  celle  de  la  Floride,  fous  le  règne  de  Cliarles  IX.&du  tems 
de  Henri  IV.  en  1604,  on  y  envoya  une  colonie,  "î^i  s'eft  augmen- 
tée toutes  les  années.  On  a  donné  le  nom  des  villes  de  France  à  cel- 
les qui  ont  été  bâties  en  ce  pais,  8c  outre  piufieurs  Miflions,  quel- 
ques Ecclefiaftiques  de  France  en  entreprirent  une  pour  cepaïs  en 
1640.  qui  a  produit  dans  la  fuite  du  tems  des  fruits  confîderables , 
par  la  converiîon  d'un  bon  nombre  de  ces  Sauvages  ,  qu'eux  & 


CAN. 

les  ântresMiffionaires  s'efforcent  tous  les  joui's  d'ecIairer  des  lumic-" 
res  de  l'Evangile.  Au  refte  fous  le  nom  de  Canada  on  comprend  tout 
ce  qui  eft  aijx  cotez  de  la  grande  rivière  de  Canada  ou  de  Saint  Lau- 
rent,, depuis  les  Iflesqui  font  au  devant  de  fon  embouchiu-e  en  re- 
msntant  le  long  de  cette  même  rivière  j  tant  qu'elle  nous  eft  con- 
liuë,  ôc  depuis  les  golfes  6cdéttoitsdeDavis8cdeHudfon,jufques 
à  la  nouvelle  Efpagne.  Ainfi  fous  ce  nom  8c  dans  cette  étendue  de 
pais  on  peut  comprendre  les  ifles  des  Terres  Neuves ,  la  terre  de 
Labrado  ,  le  Canada  particulier ,  qui  donne  fon  nom  au  pais  , 
l'Acadie ,  le  Saguenay  ,les  Iroquois,les  Hurons ,  les  Algonquins,  8c 
un  ttès-grand  nombre  d'auttes  peuples  qui  nous  font  inconnus.  Les 
Européens  ont  donné  des  noms  particuliers  à  ces  païs  dont  ils  font 
les  maîttesj  car  c'eft  dans  le  Canada,  qu'outre  la  nouvelle  Fran- 
ce ,  on  trouve  la  nouvelle  Bretagne  ,  la  nouvelle  Angleterre ,  h 
nouvelle  Hollande,  8c  la  nouvelle  Suéde.  La  terre  eft  pleine  de 
bois;  8c  d'une  température  aflèz  froide.  Elle  nous  fournit  des  caf- 
tors ,  des  morues ,  de  l'huile  de  baleine ,  8cc.  8c  il  y  a  grande  quan- 
tité de  bois.Les  Sauvages  y  font  diftribuez  en  piufieurs  nations  fous 
le  gouvernement  de  leurs  Samagos ,  qui  font  les  aînez  de  leurs  fa- 
miUes.  Ils  y  parlent  piufieurs  Langues.  Les  peuples  y  font  prefque 
tous  barbares ,  8c  comptent  leurs  années  par  le  cours  du  Soleil ,  lea 
mois  par  celui  de  la  Lune ,  8c  les  fiifons  par  ce  qui  arrive  de  plus  re- 
marquable en  chacune.  Dans  le  froid  ils  fe  couvrent  de  peaux 
d'élans,  de  caftors,  de  loutres,  ou  d'ours,  prefque  à  la  façon  que 
les  Anciens  ont  peint  Hercule,  Se  que  nous  peignons  Saint  Jean  BapM 
tifte.  Ils  portent  de  grands  bas  en  hyver,  8c  ils  ont  toujours  la  têtq 
nuë.  Les  femmes  fe  mettent  pourornemens  les  bagatelles  qu'on 
leur  porte  de  ce  païs.  Us  ont  entr'eux  leurs  feftins  dans  leurs  maria- 
ges, leurs  viftoires,  gela  réception  de  leurs  amis,  8c  y  prennent 
force  tabac ,  d'où  peut-être  ils  appellent  ces  réjouïflànces  Tabagies , 
8c  y  mangent  quelquefois  la  chair  de  leurs  ennemis  pris  en  guerre. 
Ils  époufcnt  diverfes  femmes,qui  font  pourtant  prelque  toutes  fté- 
rilesjcar  comme  les  maris  les  abandoiment,lorfqu'elles  font  groflcs, 
elles  mangentd'une  certaine  racine  qui  les  fait  avorter ,  quand  elles 
commencent  à  le  devenir.  Les  filles  font  peu  fages,  mais  les  fem- 
mes mariées  le  font  par  force.Les  Sauvages  marquent  au  vilàge  cel- 
les qui  ont  péché,  ils  coupent  un  morceau  de  chair  fiir  le  front  à 
celles  qu'on  trouve  une  féconde  fois  en  faute ,  ^  on  les  fait  mourir 
làns  rémiflion,quand  on  les  lùrprend  une  troifîéme  fois.  Us  ont  des 
jeux  d'exercice ,  avec  diverfes  fortes  de  chaffes  affez  fingulieres ,  8c 
leur  Religion  ne  l'eft  pas  moins.  Leurs  Prêtres  les  entretiennent 
dans  ridolatrie ,  8c  comme  ces  Prêtres  font  Magiciens ,  ils  ont  pour 
l'ordinaire  une  fin  funefte,8c  les  Sauvages  les  tuent  dans  leurs  feftins. 
Les  peuples,avec  qui  les  François  négocient ,  font ,  outre  les  peuples 
du  Canada  particulier ,  les  Hurons,  les  Algonquins ,  les  Attiquame- 
ques ,  Nipffuriniens ,  Montagnets  ,  ceux  de  Saguenay  ,  de  l'Aca- 
die,  8cc.  Ce  négoce  ne  fe  fait  que  par  échange ,  ils  nous  donnent  des 
peaux  de  caftors,  de  loutres,  demarttes,  de  loups  marins  ,  8cc. 
pour  du  pain,  des  pois,  des  fèves,  des  pruneaux,  des  marmites, 
des  chaudrons,  des  haches,  desalaines,  poinçons,  couvertures, 
8c  pour  d'autres  chofesfemblables.,  Le  Canada  particulier  eft  à  la 
droite,  8c  delTus  la  plus  baife  partie  de  la  grande  rivière.  Nous  y 
avons  diverfes  réfidences  ou  colonies  dans  Sainte  Croix  àTadouflàc, 
dans  Saint  Jofeph  à  Québec ,  où  il  y  a  un  hôpital ,  8c  des  ^rfulines. 
Cette  colonie  de  Québec  établie  depuis  l'an  1608.  eft  laplusconfî- 
derable.  Il  y  a  encore  d'auttes  réfidences  dans  Saint  Jofeph  de  SU- 
lery,  une  autte  de  la  Conception ,  à  Richelieu,  Monreal,8cc.  On 
n'y  oublie  rien  pour  faire  recevoir  leChriftianifmeàces  pauvres 
Sauvages.  Ceux  qu'on  a  inftruit  font  très-fidéles.  *  Linfchot,  Les- 
carbot,  Du  Val,  Sanfon,  les  Relations  du  Canada ,  gcc. 

CANADA,  ou  S.  Laurent  ,  grande  rivière  de  l'Amérique 
Septentrionale,  une  des  plus  belles  du  njonde.  EUcadeux  cens 
braffes  de  profondeur  ,  vingt-cinq  ou  ttente  lieues  de  largeur  à 
fon  embouchure ,  où  eft  le  golfe  de  Saint  Laurent,  8c  enfuite  les  iiles 
de  Terre  Neuve.  Son  cours  ,  à  ce  qu'on  affure ,  eft  déjà  connu 
de  près  de  cinq  cens  lieues.  On  prétend  que  par  les  lacs,où  l'on  croit 
qu'elle  a  fà  fource,  on  pourra  trouver  le  chemin  qu'on  a  cherché  de- 
puis fi  long-tems  ,  je  veux  dire  d'aller  aux  Indes  Orientales  par 
l'Oueft.  ^ 

CANADA,  grande  rivière  du  Canada  dans  l'Amérique  Sep- 
tenttionale.  On  la  nomme  auttement  le  fleuve  de  Saint  Laurent ,  à 
caufe  que  les  vaiflêaux  François ,  qui  la  reconnurent.entterent  dans 
foij  embouchure  le  jour  de  la  fête  de  Saint  Laurent.  Ce  fleuve 
prend  fa  fource  dansla  partie  Occidentale  de  l'Amérique ,  Se  reçoit 
enfuite  deux  auttes  rivières  très-confiderables  ,  qui  viennent  du 
Nord ,  fivoir  celle  de  Saguenay ,  8c  celle  que  l'on  appelle  les  Trois- 
Rivieres,  parce  qu'elle  eft  formée  de  ttois  auttes  qui  s'y  joignent, 
II  fe  rend  dans  le  golfe  nommé  de  Saint  Laurent, vers  l'ifle  deNa- 
tifcotec ,  8c  l'ifle  de  Terre-Neuve.  On  y  ttouve  une  quantité  pro^ 
digieufe  de  poiifons ,  non  feulement  d'eau  douce,mais  auffi  de  mer. 
Les  rivages  de  ce  fleuve  font  fort  agréables ,  étant  revêtus  d'arbres, 
8c  de  vignes  làuvages.  Son  canal,  qui  eft  exttémement  large,  con- 
tient piufieurs  grandes  ifles.  L'ifle  aux  coudriers  eft  ainfi  nommée, 
parce  qu'elle  eft  remplie  de  coudriers -.elle  a  ttois  lieues  de  long, 
8c  deux  de  large.  L'ifle  d'Orléans  étoit  auttefois  appellée  l'ifle  de 
Bacchus  à  caufe  de  l'abondance  des  vignes  fauvages  qui  y  croiffenr. 
Sa  longueur  eft  de  fîx  Keuës ,  8c  fà  largeur  d'une  demie.  Les  ter- 
res,qui  font  vers  les  bords  du  fleuve  de  Canada,  font  habitées  par  des 
Sauvages,  qui  paroiifent  d'une  humeur  fombre  8c  mélancolique ,  8c 
font  néanmoins  aflèz  joyeux.  Us  parlent  lentement ,  8c  avec  réfle- 
xion. Ceux  qui  demeurent  proche  de  Québec  s'occupent  à  la  pê- 
che des  anguilles  depuis  la  mi-Septembrejufques  au  mois  d'Odio- 
bre ,  8c  en  gardent  de  feches  pour  ITiy  ver.  Lors  des  plus  grandes 
neges ,  qui  couvrent  quelquefois  la  terre  de  trois  piez  de  haut ,  ils 
s'exercent  à  la  chafTe  des  caftors,  &  s'attachent  des  manières  de 
raquettes  fous  les  piez  pour  marcher  plus  ferme  fui-  la  nege.  Lors 

qu'ils 


CAR 

qu'ils  ont  mangé  leurs  anguilles  &  leur  venaifon ,  ils  cherchent  des 
limaçons;  8c  ii  la  faim  les  prellè,  ils  tuent  même  leurs  chiens. 

Ces  Sauvages  font  extrêmement  portez  à  la  vengeance ,  Se  exer-- 
cent  fur  leurs  ennerriis  une  cruauté  extraordinaire.Ils  ont  beaucoup 
de  perfidie,  &.  l'on  ne  peut  jainaisfe  fier  à  leurs  promeflès.  Ils  vi- 
vent la  plupart  fans  religion  &  fans  loix.  îl  y  a  quelques  Magiciens 
8c Sorciers,  qu'ils  nomment  Fillotoas,  qui  feignent  de  parler  fa- 
ihilierement  au  Démon,  &  d'en  recevoir  des  oracles  pour  lacon- 
noiflance  de  l'avenir.  Quelques-uns  les  repréfentent  comme  des 
hommes  forts  laids  8c  difformes ,  quoi  qu'ils  ibient  allez,  bien-faits, 
&  d'une  médiocre  ftature.  Leur  couleur  ell brune  ou  olivâtre,  mais 
"cela  vient  des  drogues  dont  ils  fe  frottent  pour  cet  effet ,  non  pas 
de  la  nature.  Il  y  en  a  qui  fe  marquent  auffi  la  peau  de  certaines 
figures  qu'ils  font  avec  des  pointes  de  ferrement,  L'été  ils  vont 
tout  nuds ,  mais  l'hyver  ils  iè  couvrent  de  peaux  d'élans,de  caftors, 
8c  d'autres  bêtes  fauvages.  Leurs  armes  font  l'arc,  8c  les  flèches, 
unemaifuëdebois,  8c  un  bouclier  couvert  de  cuir.  Les  filles,  dès 
qu'elles  ont  atteint  l'âge  de  quatorze  ou  quinze  ans,  s'abandon- 
nent indifféremment  à  ceux  qui  leurplaifent:puis  après  avoir  paf- 
fé  un  an  dans  cette  lafcive  liberté ,  elles  clioifiiîènt  un  mari ,  avec 
lequel  elles  vivent  chaftement  le  refte  de  leurs  jours.  Si  elles  fe  trou- 
vent fteriles ,  il  eft  permis  aux  maris  de  les  répudier,  8c  d'en  pren- 
dre d'autres.  Quand  ils  enterrent  leurs  morts ,  ils  mettent  auprès 
d'eux  leurs  habits,  leurs  armes,  8c  ce  qu'ils  ont  le  plus  aimé  pen- 
dant leur  vie.  Ceux  qui  ont  quelque  religion ,  croyent  l'immor- 
talité de  l'ame ,  8c  qu'il  y  a  en  l'autre  nionde  un  lieu  de  délices  où  les 
défunts  vivent  avec  leurs  amis .  Les  Sauvages  qui  habitent  depuis  le 
Saut  de  Saint  Louis julques  à  l'embouchure  du  fleuve,  favoirles 
Montagnois,  lesCanadois,  lés  Souriquois ,  ne  cultivent  point  la 
terre  8c  mènent  une  vie  fort  pauvre.  Mais  ceux  qui  demeurent  au 
delïïis  du  Saut ,  comme  les  Algoumequins ,  les  Ochaiftaguins ,  8c 
les  Iroquois ,  enfemencent  les  champs ,  6c  recueillent  d'affez  bon- 
nes moilTons. 

Les  Attigouantans  ,  qui  habitent  vers  le  lac  de  Camplain, de- 
meurent dans  des  loges  faites  en  forme  de  fours ,  couvertes  d'écor- 
ces  d'arbres ,  longues  d'environ  trente  verges ,  8c  larges  de  fix.  De 
côté  8c  d'autre  il  y  a  un  plancher  élevé  à  quatre  pieds  de  terre,  fur  le- 
quel ils  repbfeht  pendant  les  chaleurs  de  l'été.  Ils  couchent  l'hyver 
lur  des  nattes  auprès  du  feu,  qu'ils  y  allument  en  plufieurs  endroits 
félon  le  nombre  des  fainilles  qui  y  demeurent ,  y  ayant  quelquefois 
jufques  à  vingt  familles  qui  fe  tiennent  dans  une  même  café  ou  lo- 
ge.Leur  provilion  la  plus  ordinair^ft  du  mays ,  8c  des  fèves  de  Tur- 
quie.Ils  trouvent  la  chair  de  chienSc  d'ours  fort  delicate,8c  la  fervent 
dans  leurs  feflins  avec  celle  des  bêtes  làuvages.  Plufieurs  d'entr'eux 
fe  peignent  le  vilàge  de  noir  ou  de  rouge  mêlé  av«cde  lagraiflé 
d'ours.Les  hommes  ne  s'employent  prefque  à  autre  chofe  qu'à  la 
chaflè,à  la  pêche,8c  à  la  marchandife.Les  femmes  fuivent  leurs  ma- 
lis  à  la  guerre,8c  fervent  à  porter  lebagage.Ils  vivent  fans  loix  8c  fans 
rehgioh,fî  ce  n'eft  qu'ils  aflèmblent  quelquefois  un  Confeil  des  plus 
vieux  dans  chaque  village,pour  délibérer  de  ce  qu'ils  ont  à  faire  ;  8t 
qu'ils  honorent  fiiperftitieufement  une  certaineDivinité  qu'ils  nom- 
ment Oqui.  C'efl:  un  nom  qu'ils  donnent  à  tout  ce  qu'ils  admirent 
extraordinairemcnt,  8c  même  à  leurs  Magiciens ,  que  d'autres  Sau- 
vages appellent  Maniions.  Ces  Magiciens  exercent  la  Médecine  8c 
la  Chirurgie ,  8c  fe  mêlent  de  prédire  l'avenir;  Leur  manière  de  pra- 
tiquer la  Médecine  êft  extravagante  :  car  ils  ne  font  autre  chofe  que 
danfer ,  chanter ,  8c  boii'e  auprès  du  malade ,  pour  le  guérir ,  diiènt- 
ils,  par  cette  réjouïlfance.  Pendant  l'hyver  ,  qui  dure  depuis  le 
commencement  de  Décembre  jufques  à  la  fin  de  Mars ,  ils  paflènt 
d'ordinaire  le  tems  à  faire  bonne  chère  ,  8c  invitent  les  villages 
voiiins  à  leurs  fêtes  qu'ils  appellent  Taéagos:  de  forte  qu'il  s'y  trouve 
quelquefois  jufqu'à  cinq  cens  Sauvages  avec  leurs  femmes  8c  leurs 
enfans.  Dans  ces  divertiflèmens  ils  le  déguifent ,  8c  courent  par  les 
villages  chantant  8c  danfant ,  avec  les  filles  qui  font  alors  extraordi- 
ijairement  parées.  *De  L^iet ,  Hijîoire  du  nouveau  Monde.  SUP. 

CANAL  artificiel,  lieucreufé,  pour  recevoir  les  eaux  delà 
mer ,  ou  d'un  fleuve.  Les  Anciens  ont  fouvent  travaillé  inutile- 
ment pour  rompre  des  ifthmes,8c  trancher  les  terres ,  dans  le  delTein 
de  faire  uiie  communication  par  eau  d'un  lieu  à  un  autre.  Hérodo- 
te rapporte  que  lesGmdiens,peupIes  de  la  Carie  dans  l'Afie  Mineure, 
entreprirent  de  couper  l'ifthme,  qui  joint  la  prefqu'ifle  deGnido 
a  la  terre-ferme  :  mais  que  l'oracle  les  en  détourna ,  comme  d'un 
ouvrage  qui  leur  feroit  pernicieux.  Plufieurs  Rois  d'Egypte  ont 
tâché  de  joindre  la  mer  Rouge  à  la  Méditerranée  ,  pat  un  canal 
Creufé  depuis  la  mer  Rouge  jufqu'à  un  des  bras  du  Nil ,  qui  le  va  dé- 
charger dans  la  Méditerranée.  Cleopatre  tenta  auflî  ce  deflèin  ;  8c 
Soliman  II.  Empereur  des  Turcs  y  employa  cinquante  mille  hom- 
mes ,  qui  y  travaillèrent  fans  effet.  Les  Grecs  8c les  Romains  voulu- 
rent fajffe  un  canal  à  travers  l'ifthme  de  Corinthe  qui  joint  la  Morée 
à  l'Achaïe,  pour  aller  de  la  mer  Ionienne  dans  l'Archipel.  Le  Roi 
Demetrius ,  Jule  Célàr ,  Caligula ,  8c  Néron  y  firent  tous  leurs  ef- 
forts, mais  fans  aucun  fuccès:  Sc-l'on  remarque  même  que  tous 
ceux  qui  s'obftinerent  à  cette  entreprife,eurent  une  fin  malheureulè. 
Du  temps  de  Néron ,  Lucius  Verus ,  un  des  Généraux  de  l'armée 
Romaine  dans  les  Gaules,entrepritdejoindre  la  Saône  8c  laMolêUe 
par  un  canal  tiré  de  l'une  à  l'autre,  8c  de  faire  une  communication 
entre  la  mer  Méditerranée  8c  la  mer  d'Allemagne,par  une  navigation 
continuelle  fur  le  Rhône,  la  Saone,la  Mofelle ,  8c  le  Rhin:  ce  qu'il 
n'exécuta  pas ,  à  caufc  de  la  jaloufîe  de  Helius  Gracilis ,  qui  empêcha 
fon  deffein.  Charles  Bernard,au  Traité  qu'il  a  fait  de  la  conjoniftion 
des  mers ,  propofe  de  faire  une  communication  entre  la  mer  de 
Provence  8c  l'Océan  vers  la  côte  de  Normandie ,  en  joignant  la 
rivière  d'Ouche  à  celle  d'Arman&n ,  vers  Gros-bois ,  où  elles  ne 
Ibnt  éloignées  que  de  trois  lieues.  Ainfî  on  traverferoit  la  France 
par  le  Rhône,  la  Saône ,  l'Ouche ,  Armanfon ,  l'Yonne ,  8c  la  Seine, 
dont  on^ourroit  encore  couper  quelques  détours  Si  méandres,  où 
Jim.  lï.  ' 


CAN.  .^ 

elleferpente  en  certains  endroits.  Le  RoiLomsXilt.  îîf  faire  le 
canal  deBriare  pour  joindre  la  Loire  à  la  Seine,  par  la  rivière  de 
Loin  :  8c  le  Roi  Louis  XIV.  a  fait  creufer  celui  de  Languedoc  pour 
faire  une  communication  entre  la  mer  Méditerranée  8c  l'Ocèan.par 
la  Garonne.  *Bergier,  Hijloire  des  grands  chemins.  Bernard,  lielà 
conjonHion  des  mers.  SUP. 

C  A  N  A  N  O  R ,  ville  8c  royaume  de  la  prefqu'ifle  de  l'Ihde  deçà 
le  Gange  dans  le  Malabar.Il  aboutit  au  fleuveGangerocora,où  cota- 
mence  leMalabar,8c  s'étend  jufqu'à  Puripatan.Outre  la  ville  capitale 
qui  lui  donne  fon  nom,  il  a  Cota ,  Mangate,  Marabia,  Choraba ,  Sec: 

*  Cananor  a  environ  vingt-cinq  lieues  le  long  de  la  côte.LesHollan- 
dois  ont  pris  depuis  quelque  tems  la  capitale.  Le  Roi  de  ce  païsai 
pofledelesiflesde  Divandurou  8c  de  lalicut  parmi  les  Maldives 

*  Maffee ,  H,ft.  des  Indes ,  U.  1 1 .  Barbofa,  li.ç.c.t.  Linfchot ,  8cc. 

CANAPE  ,  (Jean)  Médecin  du  Roi  François  I,  vivoit  en 
I J42. La  Croix  duMame  le  nomme  Lefteur  public  des  Ghirur<rien3 
a  Lyon.n  traduilit  divers  Ouvrages  des  Anciens  en  nôtre  langue,  &: 
il  en  compofa  d'autres  enLatin  8c  en  François .  Confultez  les  Biblio- 
thèques Françoifes  delà  Croix  duMaine  8c  de  duVerdierVauprivas. 

C  A  N  A  R  A ,  royaume ,  ou  plutôt  grand  pais ,  de  la  preiqu'ifle 
deçà  le  Gange,  dans  le  Narlîngue  ou  Bilhagar.  Barbofa  le  nomma 
Tulamar.  La  rivière  de  Gangerocora ,  qu'il  a  au  Midi ,  le  fépare  du 
Malabar,  8c  celle  d'Aliga  au  Septentrion  du  royaume  deCuncan 
ou  Cunkan.  Il  a  à  l'Orient  des  «loiitagnes,  qui  lui  fervent  de  bornes 
avec  leBifnagar  particulier;  8c  au  Couchant  la  mer  des  Indes.  Il 
comprend  les  royaumes  d'Onor  Se  de  Baticala  fur  la  côte  ;  8c  plus 
avant  dans  la  terre-ferme  Borçopa ,  qui  s'avance  aux  montao-nes  de 
Gâte.  *  Texeira ,ti.i.e.ii.  Linfchot,  Barbofa ,  Sanfon ,  gcc*^ 

C  A  N  A  R  A  ,  royaume  de  la  prefqu'ifle  de  l'Inde  au-deçà  du 
golfe  deBengala,  fur  la  côte  Occidentale.  Le  Roi  de  Canara  84 
la  plus  grande  partie  de  les  Sujets  font  Payens,  les  autres  font  Maho.^ 
metans.  Les  Canarins  font  ennemis  des  Malabares ,  8c  leur  font  une 
guerre  continuelle.  Ils  font  tous  bons  foldats,  8c  s'entendent  par- 
faitement bien  à  miner.  Leurs  manières  approchent  fort  de  celles 
qu'obfervent  les  Sujets  du  Mogol ,  dont  le  Roi  de  Canara  eft  tribu- 
taire. La  bizarrerie ,  avec  laquelle  ils  folemnifent  leurs  grandes  fê- 
tes, eft  furprenante.  On  porte  les  Idoles  en  triomphe  fur  un  char 
orné  de  fleurs ,  dont  les  roues  ont  de  gros  crochets  attachez  aux 
rayons ,  fur  lefquels  ceux  qui  veulent  iîgnaler  leur  zèle ,  fe  jettent 
à  corps  perdu,  pour  tourner  avec  la  roue.  D'autres  fe  couchent  à  ter- 
re ,  pour  être  écrafez  fous  le  poids  du  chariot  ;  8c  tous  perilTent  de  la 
forte  ,  d^ns  la  folle  penfée  qu'ils  obtiendront  l'immortalité  ,  en 
mourant  ainfi  pour  la  gloire  de  leurs  Dieux.  La  manière,  dont  on 
punit  les  criminels  dans  leCanara ,  eft  digne  d'être  remarquée.  On 
les  expofe  tout  nuds ,  piez  Se  poings  liez ,  fur  le  fable,  au  plus  grand 
Soleil ,  pour  .y  périr  peu  à  peu  par  la  violence  de  la  chaleur,  8c  par  les 
piquûres  des  mouches*  Quoi  que  ce  royaume  foit  petit  ,  il  eiî 
néanmoins  fi  fertile ,  qu'il  fournit  prefque  tous  les  Européens  de 
ris:  outre  ce  que  l'on  en  porte  dans  les  ifles  de  la  Sonde,  8c  dans  les 
autres  pais  d'Orient.  *  Dellon ,  Relation  des  Indes  Orientales .  SUP. 

CANARIES,  ifles  à  l'Occident  de  l'Afrique ,  que  les  Anciens 
nonimoient  Fortunées ,  à  l'oppofîte  de  la  Mauritanie ,  ou  royaume 
de  Maroc,  prefque  vis-à-vis  des  caps  deBoyador  8c  de  Non.  El- 
les font  fept  en  nombre ,  bien  que  les  Anciens  n'en  ayent  connu  que 
fix.  La  plus  importante  eft  Canarie ,  avecunevilledumêmenom. 
Cette  ifle  a  dix-huit  ou  vingt  lieues  de  tour ,  8c  elle  eft  la  principale, 
non  feulement  à  caufe  de  fa  fertilité,  mais  parce  que  c'eft  la  demeure 
du  Gouverneur.  La  ville  de  Canarie  ou  cité  des  palmes  eft 
grande,  belle,  8c  bien  peuplée.  Les  autres  villes  font  Tedle,  Galder,- 
8cGuja.  Il  y  auifi  dans  l'ifle  douze  moulins  à  fucre.  Leurs  grains 
fe  recueillent  deux  fois  l'année ,  en  Février  8c  en  Mai ,  8c  il  y  a  par 
tout  grande  quantité  de  fruits.  Les  autres  ifles  font  Tentrefe,  l'ifle 
de  Palma ,  l'ifle  de  Fer ,  Fuerte- Ventura ,  Gômera ,  8c  Lancelote. 
Pline  dit  que  le  grand  nombre  des  chiens,  qu'on  y  troisvoit,  les  fit 
nommer  Cananes.Elles  furent  découvertes  par  un  François  nomma 
Bethencourt  du  tems  du  Pape  Clément  VLquilçs  donna  l'an  1543,- 
à  Louis  Comte  de  Clermont ,  fils  d'Alfonfa  de  la  Cerda  furnommé 
l'Exherité,  qui  étoit  forti  du  fang  de  France  8c  d'Efpagne.  Elles 
ont  depuis  eu  divers  maîtres  en  divers  tems;  8c  font  enfin  venues 
au  pouvoir  des  Efpagnols.  Les  habitans  font  Catholiques  ;  il  y  a 
un  Evéché  à  Canarie  :  8c  le  terroir  eft  très-fertile  ,  fur-tout  en 
bons  vins,  dont  il  paflètous  les  ans  près  de  feize  mille  tonneaux 
en  Angleterre.  L'ifle  de  Fer  ou  Ferrera  eft  célèbre ,  à  ce  que  l'on 
dit,par  un  arbre  qui  fournit  de  l'eau  aux  habitans;  n'y  ayant  point 
de  fource  dans  toute  l'étendue  de  fon  terroir.  C'eft  une  nuë,qu'ori 
voittoiljours  fur  cet  arbre,  où  elle  fe  réfout  en  eau  fur  les  feuilles 
qui  diftillent  continuellement  dans  des  réfervoirs ,  où  les  habitans  la 
puifent.  Le  tour  du  tronc  de  cet  arbre,  à  qui  les  Efpagnols  don- 
nent le  nom  de  &int ,  eft  de  douze  piez  ,  fa  hauteur  depuis  le  piedj 
de  quarante  ;  8c  le  diamètre  de  fes  branches  de  cent  vingt.  Il  porte 
un  fruit  avec  un  noyau ,  en  form.e  de  gland ,  d'un  goût  aromatique 
très-excellent.  Les  autres  en  parlent  un  peu  autrement.  *  Pline  j 
^(.6.c.  ji.Sanut,  Gramaye  ,  Linfchot ,  Vincent  le  Blanc,  Sanlbn, 
Mariana ,  Jérôme  Benzon ,  8c  Thomas  Nicolas  dans  fes  Voyages.' 

CANARIES,  ifles  de  la  mer  Atlantique,  fur  les  côtes  d'Afiri- 
que.  Quelques-uns  en  comptent  fept ,  favoir  Lancelote ,  Forta- 
venture,  la  Canarie,  Teneriffe,  Gomere,  l'ifle  de  Fer  ,  &  l'ifle 
de  Palme.  D'autres  y  ajoutent  Madère,  l'ifle  des  Sauvages,  la 
Roche ,  êc  la  Gracieufe.  Parmi  les  Anciens ,  Proclus  en  compte  dix^ 
Ptolomée  fix,  8c  Plutarque  deux.  Elks  nous  étoient  inconnues 
dans  le  XIV.  Siècle.  Il  eft  remarqué  dans  les  Hiftoriens  de  Gènes  < 
qu'en  1 191.  DoriaScVivaldo,  accompagnez  d'autres  Avantu- 
riers,  entreprirent  un  voyage  vers  ces  côtes  d'Afrique ,  3.vecdeuî; 
galeres;mais  qu'on  n'eut  depuis  aucunes  nouvelles  d'eux.  La  même 
entreprife ,  félon  quelques-uns ,  fut  tentée  par  Louis  de  la  Cer- 
da, Comte  de  Clermont,  petit-fils  d'Alfonfe  de  la  Cerda,  lequel 
É  i  étois 


%6 


CAN. 


étoit  petit-fils  d'Alfonfe  X.  Roi  de  Caftille.  Ce  Comte  ayant  ouï 
dire  que  ceux  de  Gènes  &  de  Catalogne  avoient  fait  voile  jufques  à 
cesilles,  feréfoluten  1 3  44.  de  les  chercher,  &  il  en  eut  le  don  par 
avance  du  Pape  Clément  VI.  qui  l'en  couronna  Roi  dans  Avignon. 
Mais  il  abandonna  fon  entreprife.pour  venir  prendre  emploi  dans  la 
guerre  que  la  France  avoit  contre  les  Anglois.^  Jérôme  Surita,  qui 
dit  à  peu  près  la  même  chofe,  rapporte  que  l'an  1343'.  Louis  de 
laCerda,  Comte  de  Clermont ,  fut  couronné  Roi  des  Canaries ,  à 
condition  qu'il  iroit  les  conquérir,  &  qu'il  y  feroit  prêcher  la  foi: 
maisquecedeffeinneréuffit  pas.  Qu'en  i39f.  des  Avanturiersde 


Guipufcoa,  &  d'Andalouiie  enEfpagne,  allèrent  à  la  découverte 
decesifles,  &  qu'ils  pillerattLancelote,  avec  quelques  autres.  Il 
ajoute  qu'Henri  III.  Roi  de  Caftille  permit  en  140 1.  la  conquê- 


te des'Canaries  à  Robert  de  Braquemont,  qui  en  donna  la  commil^ 
iion  à  Jean  de  Bethencourt  {an  parent  :  &  que  celui-ci  obtint  le  titrb 
de  Roi ,  £c  bâtit  une  fortereffe  dans  l'ifle  de  Lancelote»  Voyez 
Bethencourt.  *  Benzoni,  Hiftotre  du  Nouveau  Monde.  Goma- 
re,  Hifioire  des  Indes.  Jérôme  Surita ,  Compientaire  fur  l'Itinérai- 
re cFAntonin.  SUP. 

C  A  N  A  T  H  E  ,fontaine  près  de  Nauplie ,  dite  aujourd'hui  Na- 
polie  de  Romanie.  Paufanias  aflûre  que  Junon  fe  lavant  tous  les  ans 
dans  cette  fontaine  devenoit  encore  vierge  ,  au  ii.  8.  Ptolomée 
parle  de  Canathe  ville  de  la  Celefyrie,  laquelle  a  eu  enfuite  Evêché 
luffragant  de  Boftra.  * 

CANAVESE  ,  ou  II  Canavese  ,  pais  de  Piémont  en  Ita- 


CAR 

cher  les  courfes  des  voleurs ,  qui  feifoient  de  continuels  brigahdageà 
fur  les  firontieres  de  ces  quatre  provinces  ,  8c  iè  retiroient  fijr  les 
montagnes.  Il  y  a  un  beau  pont  de  bateaux  à  Cancheu ,  bâti  fur 
cent  trente  bateaux,  attachés  avec  des  chaînes  de  fer.  On  voit  des 
moulins  fur  la  rivière ,  faits  comme  ceux  d'Italie  8c  d'Allemagne  5 
8c  on  s'en  fert  pour  faire  monter  les  eaux ,  8c  les  faire  entrer  dans  les 
campagnes  femées  de  ris.  *  Martin  Martini ,  Defcriftion  de  la  Chi- 
ne, dans  le  Recueil  de  Thevenot,  vol.  3.  SUP. 

C  A  N  D  A  C  E ,  nom  commun  à  toutes  les  Reines  de  Meroé. 
L'Eunuque  d'une  de  ces  Princeflês,  revenant  de  Jeruiàlem,où  com- 
me Profely  te  il  étoit  allé  rendre iês  vœux  au  temple,  rencontra  le 
Diacre  Philippe  quilebaptifà,commeil  eft  rapporté  dans  les  Aftes 
des  Apôtres ,  chaf.  8.  Ce  nouveau  converti  fut  l'Evangelifte  de 
Jesus-Christ  en  Ethiopie  ,  félon  le  témoignage  de  Saint  Irenée, 
de  Saint  Jérôme ,  de  Saint  Cyrille  de  Jerufalem,d'Eufebe  8c  de  di- 
vers autres  làints  Dofteurs.  Saint  Dorothée  ajoute,  qu'il  prêcha 
auffi  dans  l'Arabie  heureufe  8c  dans  l'ifle  de  Taprobane  ;  éc  qu'il 
fut  enfin  honoré  de  la  couronne  du  martyre.  Pour  Candace  en  parti- 
culier,Strabon  parlant  des  viftoires  que  Petronius  remporta  en  Afri- 
que ,  dit  que  de  ces  quartiers  étoient  les  Capitaines  de  cette  Reine, 
qui  regnoit  de  fbn  tems  en  Ethiopie ,  qu'elle  étoit  d'un  courage  mâ- 
le 8c  n'avoir  qu'un  œil.  Continuant  enfuite  à  parler  des  viftoires  de 
ce  Romain ,  il  fait  mention  des  Ambaflàdeurs  que  cette  Princeflb 
lui  envoya,  8c  comme  elle  ne  voulut  pas  lui  accorder  les  deman- 
des ,  il  lui  prit  la  ville  de  Napata  d'où  fe  fàuva  un  de  fes  fils.  Or 


lie,  entre  la  ville  d'Ivrée8ilariviereduPô.  Il  a  été  autrefois  dans  j  félon  le  rapport  des  tems,  cette  Reine  devoit  être  celle  dont  nous 
k  Montferrat ,  mais  préfentement  il  fait  partie  du  Piémont,  ayant  j  parlons.  Cafiubon  n'eft  pas  pourtant  de  ce  fentiment,queMar- 
été  cédé  au  Duc  de  Savoye  par  le  Traité  de  Querafque  de  1634;  1  mol  8c  Jean  de  Barros  eftiment  très-raifonnable  ;  ce  qui  feconfirmc 

C  A  N  A  Y  E ,  (Philippe  la)  Sieur  du  Freine ,  Confeiller  d'Etat ,  même  par  le  témoignage  de  Pline.  *  Saint  Irenée ,  /;.  3 .  caf.  1 2. 
étoit  de  Paris,où  il  naquit  en  ïjji.  Son  père  Jaques  la  Canaye  étoit  Saint  Jerômel,  fur  le  chap.  j-i.  d'If  aïe.  Saint  Cyrille  de  Jeruialem, 
un  célèbre  Avocat ,  qui  le  fit  élever  avec  beaucoup  de  foin.  Dès  l'a-  j  Ca/er/ï.Eufebe,/;.  i.c.  i.  Saint  Dorothée,»»  Synopf.  Strabon,  li.  i-j. 


gede  15-.  ans  on  le  fit  donner  dans  la  créance  des  Calviniftes,  mais 
Dieu  lui  fit  depuis  la  grâce  de  l'en  retirer,  comme  je  le  dirai  dans 
la  fuite.Pour  éviter  le  malheur  des  guerres  civiles  qui  defoloient  alors 
la  France,  il  entreprit  de  voyager  en  Allemagne,en  Italie ,  8cinême 
à  Conftantinople.  Il  publia  la  Relation  de  ce  dernier  voyage  fous  le 
nom  d'Efhemerides.  A  &n  retour  en  France ,  il  parut  dans  le  Bar- 


Pline,  Hijl.  natur.  li.  6.  cap.  ip.Marmol,  li.  20.  cap.  23.  8c  Jean 
de  Barros,  //.j.  chap.  2.  (^c. 

CANDAHAR,  ville  8c  province  de  l'Afie,  autrefois  dans  la 
Perfe,8c  aujourd'hui  dan-s  les  Etats  duGrand-Mogol.  EUe  efl:  aflèz, 
engagée  dans  la  Perfc  qu'elle  a  au  Couchant ,  au  Midi ,  8c  au  Septen- 
trion. Hajacan  lui  eft  au  Levant.  On  dit  que  la  province  de  Canda- 


reau  du  Parlement  de  Paris ,  8c  s'yfiteftimer.  Son  mérite  le  rendit  har  eft  affez  fertile,  8c  lùr-tout  vers  le  Midi,  mais  qu'elle  manqu 
cher  aux  Rois  Henri  III.  8c  Henri  IV.  Le  premier  lui  permit  d'à-  de  bonne  eau,  celle  qu'on  y  trouve  étant  ou  filée  ou  puante.  Les 
voir  une  charge  de  Confeiller  d'Etat;8c  le  dernier  l'employa  dans  des  Pattans,  lesAguans,  8cles  Coulis,  qui  font  des  voleurs,  font  fou- 
négociations  importantes ,  l'ayant  envoyé  Ambaffadeur  en  Angle-  1  vent  des  courfes  dans  cette  province ,  pour  y  attendre  les  caravanes 
terre ,  en  Allemagne ,  8c  puis  à  Venife.  En  i  ^ç)j..  ce  grand  Monar-  '  qui  y  palfent  ordinairement ,  vAant  des  Indes  dans  la  Perfe.  Ce 
que  le  nommaPrelident  de  la  Chambre  mi-partie  de  Caflxes  ;  8c  Mr.  '  paflàge  rend  la  ville  de  Candahar  confiderable.à  caufe  des  droits  que 
de  la  Canaye  exerça  cette  charge  avec  tant  d'integrité.de  fageife.Sc  les  marchandées  y  doivent.  Elle  n'eft  pas  grande,  mais  aflèz  forte 
de  defmtereflèment,  qu'on  peut  dire  que  fa  converllon  fut  larécom-  }  8c  d'une  aflTiette  avantageufe.C'eft  le  fujet  de  la  guerre  entre  lesPeriès 
penfe  de  tant  de  probité  8c  de  mérite.  Jefaibien  que  ceux  delaRe-  |  8c  le  Mogol.  Cusbefcunnan  eft  une  autre  ville  de  cette  province, 
îigion  Prétendue  Reforméeen  ont  parlé  autrement:  maisUs  nous    les  autres  font  très-peu  importantes.J.B.Tavernier,K())'a^Cf</ej/WBJ. 


difpenferont  de  les  croire  fur  ce  fujet.  M.du  Frefne  fut  un  des  Juges 
de  la  célèbre  Conférence  qui  fe  fit  l'an  1 600.  à  Fontainebleau ,  entre 
M.duPerron,alorsEvêqued'Evreux8cpuisCardinal,8c  le  Sieur  du 
PleiTis-Mornay  ;  8c  ce  dernier  défendit  fi  mal  fa  caufe ,  que  plufîeurs 
abandonnèrent  fon  parti.  Celui  dont  je  parle,  fut  un  des  plus  il- 
luflxes ,  8c  le  Pape  Clément  VIII.  lui  en  témoigna  fa  joye  par  une 
Lettre  obligeante.  L'année  d'après  le  Roi  l'envoya  à  Ventfe  en 
qualité  d'AmbaflÂdeur,Sc  il  continua  à  augmenter  fa  réputation  par 
fa  conduite  8c  par  fa  fageflè.  Il  eut  même  le  bonheur  de  contribuer 
à  accorder  les  differens  de  cette  Republique  8c  du  Pape  Paul  V.  qui 
lui  témoigna  hautement  fa  reconnoiflance,  Après  cela  Philip- 
pe de  la  Canaye  revint  en  France  8c  y  mourut  le  27.  Février  de  l'an 
1610.  Ilavoit  compofé  divers  ouvragés  ,  dont  on  a  pubUé  feule- 
ment III.  volumes  («yôiiodefes  AmbaflTades,  où  là  Vie  eft  à  la  tête 
du  premier  tome. 

CANCER ,  (  Jaime)  connu  fous  le  nom  de  J  acobus  Cancerus  , 
Efpagnol,  a  vécu  fur  la  fin  du  XVI.  fiecle,  en  ij'po.  Il  étoit  de 
Balbaftro  dans  le  Royaume  d'Aragon  ,  8c  il  s'établit  à  Barcelon- 
ne  dans  la  Catalogne  ,  où  il  exerça  la  profeffion  d'Avocat  8c  y 
mourut  âgé  de  72.  ans.  Il  a  laiifé  un  Ouvrage  excellent  ,  que 
nous  avons  en  III.  volumes  fous  ce  titre  :  Varix  Refolutionesyu- 
risCxfarei,  Fontifieii  &municipalis  FrincipatusCatalonii.  Coniul- 
tez  Nicolas  Antonio. 

CANCER,  (Jérôme)  Poète  Elpagnol ,  renommé  à  la  Cour 
de  Madrid ,  où  il  mourut  au  mois  de  Septembre  de  l'an  1 6jj.  *  Ni- 
colas Antonio ,  Bibl.  Hifl. 

CANCER,  ou  Ecrevifle  :  un  des  douze  Signes  du  Zodiaque , 


CANDALE  ,  Maifon.  La  maifon  deCANOALE  étoit  une  bran- 
che de  celle  de  Foix.  Archambaud  Sieur  de  Gralli ,  Captai  de  Buch, 
Vicomte  de  Benauges  ,  8cc.  fut  Comte  de  Foix  par  fon  mariage 
avec  Ifabelle  de  Foix  fœur  unique  8c  héritière  de  Matthieu,Com- 
te  de  Foix  ,  comme  je  le  dis  ailleurs.  Archambaud  mourut  en 
i4i2.8clfabelleen  1426.  Leurs  enfans  prirent  le  nom  8clesarmes 
de  Foix.  Le  fécond Gafton  de  Foix,  Captai  de  Buch,  Comte  de 
Benauges,  Chevalier  de  l'Ordre  de  la  Jarretière  en  Angleterre ,  eft 
tige  des  Comtes  de  Candale,  deGurfon,  2c  des  Seigneurs  de  Ville- 
franche.  Il  époufale  10.  Avrilde  l'an  1410.  Marguerite d'Albret 
fille  d'Arnaud  Amanjeu  Sire  d'Albret  8c  de  Marguerite  de  Bourbon, 
&  il  eut  de  ce  mariage  Jean  de  Foix  I, lequel  prit  allianceavec 
Marguerite  de  SufFolk  héritière  du  Comté  de  Candale  en  Angleter- 
re. Ce  Seigneur  laiflià  entr'autres  enfans  Jean  de  Foix  Canda- 
le IL  du  nom  ,  lequel  prit  alliance  avec  Catherine  de  Foix  fà 
coufine ,  fille  de  Gafton  IV.  Comte  de  Foix  8c  d'Eleonor  Reine  de 
Navarre.  Leurs  enfans  furent  Gafton  II.  qui  fuit;  Jean  Archevê- 
que de  Bourdeaux ,  mort  en  ij-27.  ou  28;  un  autre  Jean  Vicomfe 
de  Meille ,  Sieur  de  Gurfon ,  8cc  ;  8c  Anne  de  Foix  Candale  mariée  3 
Ladiflas  VI.  de  ce  nom  Roi  de  Hongrie  8c  de  Bohême ,  8c  mère  de 
'Lonis  ait  le  Jeune,  qui  fucceda  aux  Etats  de  fon  père,  8c  d'Anne 
femme  de  l'Empereur  Ferdinand  I.  Gaston  II.  de  Foix 
Candale  époufaMate  ou  Marthe  d'Aftarac  fille  aînée  8c  heritie- 
rede Jean.  Henri  de  Foix  Candale  fut  Gouverneur  de 
Bourdeaux  en  15-68.  Il  eut  beaucoup  de  part  à  la  faveuv  du  Conné- 
table de  Montmorenci  fon  beau-pere  ;  &  il  fut  tué  en  15-7  3  .au  liège 
deSommieres  en  Languedoc.  11  avoit  époufé  en  iy67.  Marie  de 


lequel  eft  compofé  de  neuf  étoiles ,  qui  repréfentent ,  à  ce  que  l'on    Montmorenci  fille  d'Anne  de  Montmorenci  Connétable  de  France, 


dit,  la  figure  d'une  ecrevifle.  Le  Soleil  entre  dans  ce  Signe  au  mois 
de  Juin ,  8c  fait  alors  le  Solftice  d'Eté ,  commençant  à  révenir  vers 
l'Equateur:  d'où  il  eft  plus  croyable  que  l'on  a  pris  fujet  d'appeller 
cette  Conftellation  Cancer  ,  parce  que  le  Soleil  y  entrant  femble 
marcher  à  reculons  comme  l'écreviflê.  Les  Poètes  ont  feint  que 
c'eft  l'écreviiTe  que  Junon  envoya  contre  Hercule,  lors  qu'il  com- 
battoit  l'hydre  de  Lerna,  8c  qui  le  mordit  au  pié.  Ce  Héros,  di- 
fènt-ils,  tua  cette  ecrevifle  ;  8c  Junon,  pour  la  récompenfer,la  mit 
dans  le  ciel  au  nombre  des  Conftellations.  Hyginus,  Aftromm. 
loëtic.  Cxfius  wCœlo  Aftron.ScPoëtico.  SUP. 

CANCHE  ,  ou  LA  C  anche  ,  ^uentia  8c  Cantius,  rivière  de 
France  en  Picardie ,  a  fa  fource  dans  l'Artois  près  de  Blavincour , 
8c  paiTe  à  Ligny  fur  Canche ,  à  Heidin  où  elle  reçoit  le  Ternois ,  8c 
enfuite  à  Montreuil  8c  àEftaples  où  elle  fe  jette  dans  la  mer. 

CANCHEU ,  grande  ville  de  la  province  Kiangfî,dans  la  Chi- 
ne. Elle  eft  capitale  d'un  territoire  de  même  nom  ,  8c  gouver- 
ne onze  cités.  C'eft  une  ville  fort  marchande  8c  de  grand  abord. 
Il  y  a  un  Viccroi  qui  y  fait  là  demeure ,  8c  commande  à  quelques 
villes  des  provinces  de  Fokien  ,  deQuantung,  8cdeHuquang,qui 
font  voifines  de  Cancheu.  CeViceroi  n'eft  point  inférieur  au  Vice- 
roi  de  laprovincedeKiangfîiScaété  établi  en  ce  païs  pour  empê- 


8c  il  en  eut  une  fille  unique  ,  Marguerite  de  Foix  Candale. 
Celle-ci  fut  mariée  en  ij-87.avecJean-Lôuïs  de  la  Valette,  Amiral 
de  France ,  8cc.  8c  il  en  eut  Henri  de  la  Valette  dit  de  Foix ,  Duc  dé 
Candale,  premier  Gentilhomme  de  la  Chambre  du  Roi ,  mort  à 
Cazal fans  pofterité  l'an  163 9,  Bernard  qui  fuit ,  8c  Louis  Cardinal. 
Bernard  Duc  d'Efpernon  ,  de  C  a  n  d  a  l  e  ,  8cc.  époufa  en. 
1622.  Gabrielle  Angélique  légitimée  de  France  ,  fille  naturelle 
d'Henri  IV,  dont  il  eut  Louis  Charles  Gaston  connu  fous  le 
nom  du  Duc  de  Candale,  mort  à  Lyori  le  18.  Janvier  i6j-8.8c 
Anne  Cliriftine  Louïfe  Religieufe  Carmélite ,  au  fauxbourg  S.  Ja- 
ques à  Paris.  Je  parle  ailleurs  de  la  Maifon  de  la  Valette. 

CANDALE.  Cherchez  Foix ,  (François  de)  Evêque  d'Aire. 
CANDALE ,  Comté  en  Angleterre ,  qui  entra  dans  la  Maifon 
de  Foix ,  par  le  mariage  de  Jean  de  Foix  I.  du  nom  avec  Margue- 
rite de  Suffolk ,  héritière  de  ce  Comté.  SUP. 

CANDAULES,  que  les  Grecs  nommoient  Myrfil,  félon  Hé- 
rodote ,  étoit  fils  de  Myrfus  ou  Melès ,  forti  d'Alcée  fils  d'Hercule. 
Il  fut  le  dernier  Roi  de  Lydie  de  la  famille  des  Heraclides .  On  fixe  le 
commencementde  fon  règne  en  3  3  23.  du  Monde.  Il  aimoit  avec 
tant  de  paflîon  fa  femme,  que  fon  amour  lui  faifoit  croire  qu'elle 
étoit  la  plus  belle  perfonne  du  monde.  Entêté  comme  il  étoit  de  cet- 


CAK 

te  îttiaginatiôn ,  il  voiilut  qu'un  de  fes  Favoris ,  nommé  Gygès ,  h 
vît  toute  nue.  La  Reine  conçut  tant  de  douleur  de  cette  aâion ,  & 
elle  fut  animée  d'une  11  forte  haine  contre  fon  mari ,  qu'elle  con- 
traignit Gygès  ou  de  le  tuer ,  ou  de  fe  préparer  à  la  mort.  Gygès 
préférant  Ion  falut  à  celui  de  fon  Souverain  le  tua  l'an  J340.  du 
]yionde,8c  depuis  époufa  cette  Reine,8c  fe  fitRoi  deLydie,commen- 
çant  la  Dynaftie  ou  lignée  des  Mermnades ,  qui  durajufqu'àladé- 
feite  de  Crœlus ,  l'an  ^  r  o .  de  Rome.  Le  règne  de  Candaules  fut  de 
dix-huit  ans.  *  Eufebe ,  dunsfa  Chron.  &  Hérodote ,  li.  i .  ou  Clio. 

CANDE' ,  ou  C  A  N  D  e'  s ,  Cand^um  8c  Cundenfis  vicus ,  bourg 
deFrancedanslaTouraine  Ssfur  les  frontières  de  l'Anjou.ll  eft  lîtué 
fijr  la  rivière  de  Loire ,  dans  l'endroit  où  elle  reçoit  la  Vienne.  Can- 
dé  eft  encore  célèbre  dans  les  Ecrits  de  Sulpice  Se vere  8c  de  Gregoi- 
■  re  de  Tours,  en  parlant  de  Saint  Martin ,  qui  mourut  en  ce  bourg  le 
II.  Novembre  de  l'an  400.  Candé  eft  encore  le  nom  d'une  rivière 
de  Languedoc  qui  fe  jette  dans  l'Aveirou. 

CANDEA,  ou  Candi,  ville  8c  royaume  des  Indes  dans  l'If- 
le  de  Ceilan.  Ce  royaume  eft  fitué  au  milieu  de  l'Jfle  8c  eft  le  plus 
confiderable  du  pais.  La  ville  fur  la  rivière  de  Trinquilemale  eft  af- 
ièz  grande  8c  bien  peuplée. 

C  A  N  D  E'E  N  S,  anciens  peuples  du  golfe  Arabique ,  que  quel' 
ques-uns  ont  appelles  Opbiophages,  parce  qu'ils  avoient  coutume  de 
lé  nourrir  de  ferpens,  *Pline,/ix'.6.c^.  ^ç.Meh,  liv.  ^.SUP. 
CANDELAIR.     Cherchez  Chaunduler .  | 

CANDELARO,  rivière  d'Italie  dans  le  royaume  de  Naples. 
ElleafafourceauxMonts  AppenninsdanslaCapitanate,  8c  fe  jet- 
te dans  la  mer  Adriatique,  près  de  Manfredonia.  11  ne  la  faut  pas 
confondre  avec  Candelora ,  ville  8c  Principauté  de  l' Anatolie  dans  la 
Caramanie. 
C  A  N  D  E'  S.  Cherchez  Candé. 
CANDI.    Cherchez  Candea. 

C  ANDIDIEN ,  Comte  des  Domeftiques  de  l'Empeteur  Theo- 
dofe  le  Jeune.  C'étoit  une  charge  à  la  Cour  des  Empereurs  de 
Conftantinople.  11  affifta  l'an  431.  par  ordre  de  ce  Prince  aU  Con- 
cile d'Ephefe ,  pour  y  faire  obferver  l'ordre  8c  la  paix  ;  mais  s'étant 
laifîe  gagner  à  Nèftorius ,  il  écrivit  à  l'Empereur  contre  les  Prélats 
Orthodoxes ,  Se  fur  tout  contre  S.Cyrille.  Theodofe  fut  depuis  dé- 
trompé de  ces  calomnies  par  les  lettres  des  Evêques  du  Concile  ;  8c 
il  punit  le  Comte  Candidien.  *  T.  II.  Concil.  Baronius,  A.C.^ii. 

[C  A  N  D 1 D  U  S.  C'eft  le  nom  d'un  des  Martyrs  à'Agamum , 
préfentement  S.  Maurice  en  Chablais.  11  foufirit  fous  Diocletien , 
environ  l'an  cclxxxvi  .  Voyez  ia  paffion  écrite  par  S.  Eachere,  Evê- 
que'de.Lyon,  piTtailes  Adafincera  Theod.  Ruinarti.] 

[CANDIDUS ,  Martyr  de  Seljafte  en  Arménie ,  qui  fouffrit  fous 
Licinius,  en  cccxx.  Voyezlaxx. Homel.duT.  i.deS.Bafile.] 

CANDIDUS,  Auteur  Ecclefîaftique ,  vivoit  au  commence- 
ment du  III.  Siècle ,  vers  l'an  200.  fous  l'Empire  de  Severe;  il  com- 
pofadiverfèsexpUcations  fijrl'oeuvredesllx jours  ,  cpmme  nous 
l'apprenons  de  Saint  Jérôme  8c  d'Eufebe ,  qui  parlent  de  cet  Ouvra- 
ge que  nous  n'avons  plus.  *  Eufebe,  /»  Chron.  Saint  Jérôme,  de 
Scri}t.Eccl.c.^S. 

CANDIDUS,  Hiftorien,  vivoit  fur  la  fin  du  V.  Siècle,  vers 
l'an  490  ;  il  étoit  Ifaurien.  Il  compofa  une  Hiftoire  qui  s'ouvroit 
avec  l'Empire  de  Léon,  ou  de  Zenon,  comme  dit  Voffius  ,  8c 
finiflbit  au  commencement  de  celui  d'Anaftafe.  Il  étoit  Chrétien, 
êc  il  défend  le  Concile  de  Chalcedoine  comme  orthodoxe.  Photius 
rapporte  quelque  chofè  de  lui ,  8c  accufe  fon  ftyle  d'être  trop  Poéti- 
que *  Photius ,  Biil.c.yç.  VolTius,  deHiJi.GrM.li.i.c.ii. 

CANDIDUS,  de  Fuldes ,  Religieux  de  l'Ordre  de  S.  Benoît , 
vivoit  dans  le  IX.  Siècle,  vers  l'an  820.  on  le  nomme  de  Fuldes , 
parce  qu'il  étoit  Moine  dans  cette  Abbaïe  en  Allemagne.  Il  compo- 
fa en  profe  8c  en  vers  la  Vie  de  Saint  Egile  Abbé ,  que  le  P.  Chrifto- 
phle  Brower  publia  en  161 6.  Candidus  compofa  encore  celle  de 
Saint  Baugolfeauffi  Abbé  de  Fuldes,  8cc.  *  Brower,  in  prafat.  ad 
■vit.  ^gil.  Voffius,  deHift.Lat.  Le  Mire,  inAuci.  g^c. 

CANDIDUS,  Prêtre  Anglois,  que  quelques-uns  ont  confon- 
du avec  Candidus  Hugo,qui  eft  ci-apres. Celuidontjeparle,  vivoit 
en  790.  8c  a  fait  quelques  Ouvrages  citez  par  Alcuin. 
'  C  A  N  D I D  U  S ,  (  Hugo  )  ou  White  Religieux  de  l'Ordre  de 
Saint  Benoît ,  étoit  Anglois ,  £c  a  vécu  dans  le  XIII.  Siècle,  vers  l'an 
1217.  On  lui  a  attribué  divers  Ouvrages  8c  entr'autre's  rHiftoîre  du 
Monaftere  dans  lequel  il  étoit ,  dit  Peterborough.  *  Leland ,  Pitlèus, 
yoffius,  8cc. 

_  C  A  N  D I D  U  S,  (Pantaleon)  Miniftre  Proteftant  en  Allemagne, 
étoit  d'Autriche,  oùilnâquitle7.0â:obrederan  15-40.  Le  nom 
de  fâ  famille  étoit  Meih ,  qu'il  changea  à  la  perfuafion  de  Melanch- 
thon,  pour  celui  de  Candidus.  Il  fut  Miniflre  à  Deux-Ponts  8c  mou- 
rut le  3 .  Février  de  l'an  1608.  Il  a  écrit  divers  Ouvrages.  Auftrin- 
corum  lib.  VI,  l'Hiftoire  des  Goths,  des  Tables  Chronologiques 
depuis  le  commencement  du  Monde  jufqu'en  ij'97.  qu'il  continua 
juîqu'en  1602.  Efilafhia  ,  8cc.  *  Melchoir  Adam,  Vit.  Theol. 
Cerm.^c. 

CANDIDUS  DECEMBER,  (Pierre)  Italien  ,  vivoit  dans 
le  XV.  Siècle,  en  1460.  Il  étoit  de  Vigevano  ville  dans  le  Duché 
de  Milan  5  il  s'avança  dans  les  belles  Lettres  8c  dans  les  Lan- 
gues. Il  les  enfêigna  avec  réputation  à  Milan.  Philelphe  l'accufe 
d'avoir  eu  l'efprit  un  peu  trop  médifant  ;  mais  il  y  a  apparence 
qu'il  le  dit ,  ou  par  haine  ,  ou  par  envie ,  parce  que  Candidus 
December  8c  lui  n'étoient  pas  amis  .December  eut  beaucoup  de  part 
dans  la  bienveillance  du  Pape  Nicolas  V.  8c  des  Princes  d'Italie ,  qui 
aimoient  les  Lettres.  Il  traduilîtAppian  Alexandrin.à  la  foUicitation 
d  Alfonfe  V.  Roi  d'Aragon ,  8c  premier  de  ce  nom.  Roi  de  Naples. 
Il  ne  réiifïit  pas  néanmoins  en  cet  ou vrage.foit  qu'il  n'eût  pas  un  bon 
manufcrit ,  ou  pour  quelque  autre  raifon.  Depuis,il  écrivit  la  Vie  de 
PhilippeVifcomtiComte  deMilan.FrançoisSforce  Prince  du  même 
Tom,  U. 


CAR 


Etat  lui  fît  de  grands  biens,  8c  il  mourut  à  Milan,  âgé  de  quatre- 
vmgtsans.  On  voit  fon  épitaphedansl'EglifeS.  Ambroife;*Paul 
Jove,  inElog.ma.c.i^.  Leander Alberti ,  Voffius,  8cc. 

C  A  N  D I  E ,  ou  Crète ,  iQe  8c  royaume  de  l'Europe  dans  la  mer 
Méditerranée,  au  fi.  degré  de  longitude,  8c  au  44.  de  latitude 
tlleeftfituéeà  l'entrée  de  l'Archipel ,  Se  s'étend  de  l'Orient  à  l'Oc- 
cident,  regardant  d'un  côté  rAfie,8cde  l'autre  1* Afrique.  Du  cô- 
te du  Septentrion  elle  eft  battue  de  la  mer  Egée,  8c  de  celle  qui  de 
ionnomeftappelléeCretique  ou  mer  de  Candie;  8c  du  Midi  elle 
reçoit  es  vagues  de  la  Méditerranée ,  qui  n'a  pour  bornes  que  la  Li- 
bye 8c  1  Egypte.  Sa  plus  grande  longueur  fe  prend  du  Cap  Salomoni 
au  Cap  Cornico  ;  8c  contient  foixante  8c  dix  milles  d'Allemagne.  Sa 
largeur  n  eft  que  d'environ  quinze  milles  Germaniques  j  le  païs 
bon  Se  fertile ,  avec  divers  ruifTcaux  8c  quelques  montagnes,  en- 
tre lefquelles  le  Mont  Ida,  aujourd'hui  PJ,lor,ti,  eft  la  plus  haute 3 
Je  Ion  fommet  on  découvre  les  deux  mers.  Les  Anciens  lui  don- 
noient  lenomdeCre?e,  quelques-uns  ont  cru  que  ce  nom  lui  fiit 
impofé  au  fujet  de  la  Nymphe  Crète  fille  d'Hefperus.  Les  autres  le 
font  venu- de  Crés  Roi  des  anciens  Curetés.  Il  y  en  a  quifoùtien- 
nent  Qu'elle  s'appelloit  Aérie,  puis  Cureté  ,  8c  enfin  Macaronefi, 
ceft-à-dire,  ip  fortunée,  à  caufe  de  la  douceur  de  fon  air.  Sesha- 
bitans  ont  été  les  premiers ,  qui  fe  rendirent  puifTans  fur  mer,par  la 
navigation ,  8c  fur  terre  par  Fufage  des  flèches.  Outre  leur  expérien- 
ce fur  la  mer,  ils  enfeigncrent  la  façon  de  mêler  les  efcadronsde 
Cavalerie,  8c  de  drefler  les  chevaux  au  manège.  Ils  furent  auffi 
les  premiers  qui  mirent  les  loix  par  écrit ,  8c  on  croit  même  qu'on  y 
inventa  la  Mufiquc.  Cette  ifle  fut  aulTi  célèbre  par  le  labyrinthe 
de  Minos ,  de  l'invention  de  Dédale ,  par  le  vaiffeau  nommé  le  Tau-^ 
reau  qui  fervit  à  enlever  Europe ,  par  les  amours  de  Pafiphaé ,  &  par 
la  naiffance  de  Jupiter,  à  qui  cette  iHe  étoit  confacrée.  C'eft  pour 
cette  raifon  qu'on  la  nommoit  l'ijle  de  Jutiter,  comme  Virgile  i 
li.^.JEneïd. 

Creta  fovis  magni  média  jacet  infula.  Ponto. 
On  la  divife  aujourd'hui  en  quatre  territoires ,  qui  portent  les  noms 
d'autant  de  villes  principales.  Candie  qui  en  eft  la  capitale ,  la  Ca-^ 
née,  Rettime,  8c  Sittia.  Les  Anciens  lui  ont  donné  jûfqu'à  cent 
villes,  8c  l'ont  nommée  pour  cela  Hecatonpelis.  Ses  habitans  ont 
toujours  pafle  pour  vicieux ,  menteurs ,  8c  pirates.  Ils  obéijent  pre- 
mièrement àdes  Rois,  puis  à  quelques  Capitaines  vivans  en  repu-» 
blique.  Les  Lacedemoniens  fous  la  conduite  de  leur  Roi  Agis  pri- 
rent la  Candie  au  nom  du  Roi  Darius,  l'an  422.  de  Rome.  Mais 
ils  ne  la  gardèrent  pas  long-tems.L.Caelius  Mctellus  étant  Confùl  en 
686.  de  Rome,68.  ans  avant  l'Ere  Chrétienne,la  prit.  Depuis,  cet- 
te ifle  fut  fujette  aux  Empereurs  de  Rome,  8c  à  ceux  de  Conflanti- 
nople,  jufqu'à  l'an  823.  que  les  Sairafms  s'en  failirent ,  8c  y  bâti- 
rent la  ville  de  Candie  qui  a  donné  fon  nom  à  l'ifle.  Nicephore 
Phocaslarepriten962.8cSaintNicony  rétablit  la  foi  Catholique, 
Boniface  Marquis  de  Montferrat  en  étoit  le  maître,  8c  après  kpri- 
fe  de  Conftantinople  par  les  François  8c  les  Vénitiens  il  la  vendit  à 
ces  derniers  par  'Traité  pafTé  le  12.  Août  de  l'an  12 04.  avec  Henri 
Dandolo  Doge  dé  Venife.  C'eft  depuis  ce  tems  que  les  Vénitiens 
étoient  maîtres  de  la  Candie ,  oii  ils  avoient  fait  fortifier  quelques 
places  en  diflèrentes  occafîons.Les  Candiots  fe  révoltèrent  fouvent* 
&  l'an  1 3  64.  ils  fe  voulurent  donner  aux  Génois  ;  mais  la  fage  poH- 
tique  des  Vénitiens  les  a  toujours  foûmis  à  leur  domination.  Les 
Turcs  ayant  fait  mine  d'affieger  Malthe  en  164^.  après  uneprifè 
confiderable  que  les  Chevaliers  conduits  par  le  Commandeur  de 
Bois-Baudran  avoient  faire  en  1644.  d'une  Sultane  8c  d'un  Prince 
Ottoman,  ils  fe  jetterent  pourtant  fur  la  Candie,  où  ils  ont  tou- 
jours continué  la  guerre  jufqu'en  1669.  IlsprirentlaCanée  le26i 
Août  de  l'an  i64f.  Depuis,  ils  ont  tenu  la  ville  de  Candie  affiegée.* 
Le  Pape  Clément  IX.  ayant  été  élevé  au  Pontificat  s'employa  pour 
procurer  du  fecours  à  cette  ville,  contre  les  efforts  des  Barbares. 
Les  François  à  la  foUicitation  de  ce  Pontife  pafferent  les  mers,pour 
aller  donner  des  marques  de  leur  bravoure  pour  ladéfenfe  de  la  foi 
8c  des  Vénitiens  contre  l'ennemi  commun  du  nom  Chrétien.  Mais 
après  une  guerre  opiniâtre  de  plus  de  vingt  ans ,  la  ville  de  Candie 
fut  enfin  obligée  en  1 66^.  de  fe  rendre  aux  Ottomans,  par  une  com- 
pofition  honorable.  J'ai  parlé  des  quatre  parties  de  l'ifle  de  Candie* 
On  dit  que  Gortina  dans  la  vallée  deMefarée  a  été  autrefois  la  capita- 
le. Cette  vallée  eft  au  Midi  de  l'ifle ,  8c  il  y  a  encore  les  campagnes 
de  Life,  LafcLlo  Campo ,  OmalCampo.  On  trouve  de  ce  côté  le 
long  de  la  côte  les  villes  de  Gierapetra ,  Antropoli,  Stramatali ,  Gi- 
irotela ,  Sfacia ,  Fenice.  Les  villes  qu'on  trouve  vers  le  SeptentrioHj 
font  Sittia,  Mirabcl,  Candie ,  Rettimo ,  laCanée»  Celles  de  ter- 
re ferme  font  Certonefè,Cinofà,  Gortina,  Olerno,  &c.  On  af^ 
fure  que  vers  la  fource  du  ruiffeau  ditLenée.qui  eft  auNord  duMont 
Ida  ou  Pfiloriti ,  on  trouve  une  grote  taillée  dans  le  roc,  que  l'on 
dit  être  le  labyrinthe  de  Minos  que  Dédale  y  fit  creufèr ,  comme  jfi 
le  dis  ailleurs.  Les  principales  fortereffes  de  la  Candie  font  leGra- 
bufer,  la  Suda,  8c  Spinalongua,  qui  font  reftées  aux  Vénitiens , 
par  la  dernière  paix  avec  la  Porte.  Pour  la  Religion ,  les  Nobles 
Vénitiens  8c  les  Candiots  y  font  Catholiques  Romains;  mais  les  au- 
tres habitans  de  cette  ifle  fuivent  prefque  tous  les  cérémonies  de 
l'Eglife  Grecque.  Pline,  //.  4.  c.  12.  Strabon  ,  ti.  10.  Solin,  c. 
16.  Pomponius  Mêla,  //.  2.  Cedrene  ,  Zonaras  ,  An.  Gr.  Jufti- 
niani,  Uift.Ven.li.  2.3.4.  &fi<'v-  Sabellicus,  U.  2.  Bellon,  /;.  2, 
Ohfer: c.  4.  e^  /c^.  Du  Gange ,  Hijl.  de  Conft.  &c. 

CANDIE,  ville  de  l'ifle  de  Candie,  à  laquelle  elle  a  donné 
fon  nom.  J'ai  déjà  remarqué  qu'on  eftimequelesSarrafinsenforft 
les  fondateurs.  Elle  eft  fituée  dans  la  partie  de  l'ifle  qui  regarde  le 
Septentrion  vis-à-vis  de  l'ifle  de  Standia,8c  l'art  8c  la  nature  ont  con- 
tribué à  la  rendre  très-forte.  Il  y  a  eu  un  fîege  d'Archevêque  qui 
avoit  neuf  Suffragans.  Les  Turcs  l'affiegerent  en  1645-.  après  la 
bataille  de  Carvaca ,  8c  furent  obhgez  de  fe  retirer  après  y  avoir  per- 
du les  meilleures  de  leurs  troupes.  Ils  la  tinrent  pourtant  bloquée 
E  3  de 


y% 


CÂN'. 


td«près,  jufqu'en  1667.  qu'ils  recommencèrent  le  fiegeau  mois 
de  Mai;  &ne  la  prirent  par  compoiition  qu'en  lâôp.  On  eftime 
oue  les  Infidèles  ont  perdu  cinq  ou  lix  cens  mille  hommes  a  ce  hege, 
quiaexpofé  leur  Etat  à  des  révoltes  fouvent  commencées  dans  la 
ville  de  Conftantinopk.  _  ^ 

GANDISH  ,  ouCavendish,  (  Thomas  )  Gentilhomme 
Anglois,  de  la  Province  deSuffolck.  Après  s'être  fignale  dans 
quelques  combats,  &  avoir  rendu  des  fervices  confiderab  es  a  fa 
patrieai  fit  deffein  de  paffer  dans  1' Amerique,pour  chercher  de  nou- 
veaux hazards.  Dans  cette  réfolution  il  fréta  un  navire  a  fes  dé- 
pens l'an  ij-Sf.  8c  ayant  couru  la  Virginie,  la  Floride,  8c  quel- 
ques illesvoifines,  il  retourna  en  Angleterre  avec  beaucoup  de  n- 
cheflfes.Cefuccès  lui  fit  entreprendre  un  fécond  voyage,  pour  fau-e 
le  tour  du  monde.  Il  partit  du  port  de  Plimouth ,  en  Juillet  i  fSâ. 
avec  trois  galions,  accompagné  de  cent  vingt-cinq  Soldats.  Leur 
première  defcente  fut  dans  un  havre  nommé  Sierra- Liona ,  fur  les 
côtes  de  la  Guinée ,  où  il  fit  im  butin  confîderable.  PafTant  enfuite  la 
ligne  équinoxiale ,  il  arriva  aux  côtes  du  Brefil ,  8c  traverfa  le  dé- 
troit de  Magellan,au  mois  dejanvier  de  l'année  ifSy.  De  là  il  fuivit 
les  côtes  de  Chili ,  puis  dans  l'ifle  de  Californie ,  d'oii  il  fit  voi- 
le aux  ifles  des  Larrons,  puis  aux  Philippines,  Êc  aux  Moluques. 
Enfuite  il  gagna  le  Gap  de  Bonne  Efperance;  8c  ayant  côtoyé  toute 
l'Afrique,  rentra  dans  le  port  de  Plimouth ,  en  Septembre  15-88. 
où  il  apporta  des  richeflès  immenfes.  Trois  ans  après ,  il^  retourna 
au  détroit  de  Magellan,  avec  cinq  navires  ;  mais  la  tempête  le  jetta 
fur  les  côtes  du  Brefil ,  où  il  périt  à  la  fleur  de  fon  âge.  *  Ifaac 
Bullart,  Académie  îles  Arts.  SU  P. 

C  A  N  E'  E  ,  ville  de  l'ifle  de  Candie  capitale  d'un  territoire , 
avecEvêché.  Elle  a  été  nommée  autrefois  Cy^te,  8c  par  les  Grecs 
la  mère  des  villes.  Cette  ville  fut  emportée  par  les  Turcs  le  16. 
Août  de  l'an  i<545-. 

C  A  N  E  N  T  E ,  femme  de  Ficus  Roi  d'Italie.  Elle  s  affligea 
fi  fort  de  la  perte  de  ce  Prince ,  que  fes  douleurs  la  firent  mourir;  8c 
elle  ne  laiilà  rien  de  foi  que  fon  nom,  qui  fut  donné  au  lieu  où  elle 
expira.  *  Ovide ,  //.  14.  Metam.  fub.  6. 

CANEVARI,  (Demetrio)  Médecin ,  étoit  de  Gènes ,  où  il 
naquit  en  if^ç.ïl  étudia  à  RoméjOÙ  s'étant  rendu  très-habile  dans 
les  LanEiies,dans  les  belles  Lettres,  8c  dans  la  Médecine,  il  s'aquit 
beaucoup  de  réputation  Se  de  très-grands  biens ,  8c  y  mourut  en 
1615-.  Jean  Viâor  Rolfi,  connu  fous  le  nom  de  Janus  Nicius  Ery- 
thrsus,  l'accufe  d'avoir  été  avare.mais  d'autres  parlent  avantageu- 
fement  de  lui.  Demetrio  Canevari  lailfa  une  très-belle  Bibhothe- 
que.  Nous  avons  aufîi  divers  Ouvrages  de  fa  façon.  ArsMedkit. 
De  Ligm  fancîo  commentanum  ,  (^c.  *  Janus  Nicius  Erythraeus , 
de'Scrit.  Mf</.  Soprani  8c  Juftiniani,  Scrid  délia  Ligur.  Ottaviano 
Canevari,  8cc. 

CANICULE,  Signe  celefte,  qui  fe  levé  le  feiziéme  jour  de 
Juillet ,  8c  paroît  fur  nôtre  horifon  pendant  fix  fcmaines ,  qu'on 
appelle  Jours  Caniculaires.  Pline,  liv.  10.  ch.  40.  Les  Grecs  ap- 
pellent ce  Signe  Frocyon,  c'eft-à-dire ,  Avant-Chie», -parce  qu'il  y 
a  une  autre  Conftellation  nommée  le  Chien ,  devant  lequel  la  Cani- 
cule fe  lève  un  jour  entier.  Les  Poètes  ont  feint  que  ceChien  fiit  éta- 
bli par  Jupiter  Gardien  d'Europe ,  8c  que  fa  fidélité  mérita  qu'il 
fût  placé  au  ciel.  *  Hyginus  ,  dans  fon  Aftronomie  Poétique,  livi 
z.desSignesCelefles.  Cjefius,  dans  fonCiel Aftronomique (^ Foitique. 
Voyez.  Erigone.  SUF. 

CANILLAC,  (Raimond  de)  Cardinal ,  Archevêque  de  Tou- 


CAR  ■ 

ilfinltfa  vie  ^  fes  études  e»  Auvergne.  Il  avoit  compofé  quelques 
OuvragCLs  qu'on  n'a  pas  eu  foin  de  publier.  Nous  avons  de  lui 
une  Grammaire  Greque  8c  une  Méthode  pour  apprendre  les  Lan- 
gues Orientales  fous  ce  titre ,  Inftitutiones  Linguarum  Syriac&,Aiïy- 
riacA,  ^  ThalrHudicA,  unk  cum  Mthiopic^  ^Arabica  collatione. 

L.CANINIUSGALLUS,  Conful  Romain ,  avec  Vipfa- 
nius  Agrippa,  l'an  7 17.  de  Rome,  8c  37.  avant  l'Ere  Chrétienne. 
Ce  fut  en  la  même  année  que  Jerufalem  fut  emportée  par  Herode, 
alfifté  par  Caïus  Sofius. 

C.CANINIUS  GALLUS,fut  fait  Conful  à  la  place  de  M. 
Plautinus  Silvanus ,  mort  en  exerçant-cette  charge.  C'étoit  l'an  lèpt 
cens  cinquante-deux  de  Rome ,  auquel  Onuphre,  Sigonius ,  Pere- 
rius,  Salian,  Salmeron,  8cc.  mettent  la  naiffanee  du  Sauveur  du 
monde. 

C.  CANINIUSREBILIUS,  Conful  avec  Jule  Céfar,l'an 
fept  cens  neuf  de  Rome.  C.  Trebonius  étant  mort  le  dernier  jour 
de  l'an ,  on  lui  fubftitua ,  pour  fept  heures  feulement ,  C.  Cani- 
nius  Rébilius.  Cequifitdire  à  Ciceron,  que  la  ville  étoit  Migée  à 
la  vigilance  de  ce  Conful,  qui  n  avoit  point  dormi  durant  tout  le  remt 
de  fin  Confulat. 

CANINIUS  RUFUS,amidePlinele  jeune',à  vécu  vers 
l'anSo.defalut.  IlcompofoituneHiftoiredesDacesenvers.     Ce 
que  nous  pouvons  apprendre  du  même  Pline ,  qui  l'exhorte  à  entre- 
prendre de  grandes  chofes.  * Li.  i.ep.^.(^li.h.ep.^. 
C  A  N I S  A ,  ville.  Cherchez  Kanife; 

CANISIUS,  (Henri)  de  Nimegue ,  a  été  non  feulement  uii 
célèbre  Jurisconfulte;  mais  encore  trçs-favant  en  toute  forte  de  Lit- 
térature. Il  étoit  neveu  du  P.  Pierre  Canifîus  ,  8c  ayant  étudié 
dans  l'Univerfité  de  Louvain ,  onlechoifitpourenlèignerleDroit 
Canon  dans  celle  d'Ingolftadt  :  cequ'ilfitjufquesàlafin  de  fa  vie 
avec  beaucoup  de  fuccès.  Henri  Canillus  étoit  aufli  un  homme 
d'un  rare  mérite ,  qui  avoit  beaucoup  de  fcience  8c  de  modeftic, 
une  pieté  folide ,  uue  grande  probité ,  un  merveilleux  difcerne- 
ment,  8c  un  grand  fond  de  jugement  8c  de  prudence.  C'eft  ce 
qu'on  voit  dans  fes  Ecrits,  qui  font  SiimmaJ-urisCanonici.  C»m- 
mentaritlm  in  Régulas  furis.FrdeBio/ies  Académies.  De  Decimis ,  Fri- 
mitiis,  Oélationiius ,  ^  Ufuris.  In  Lib.III.Decreta^in.  De  Spon- 
falibus  ^  Matrimonio  ,  8c  divers  autres  Traitez  d'Hiftoire  &  de 
Droit  Canon  ,  avec  VI.  volumes  d'un  Ouvrage  intitulé  Antique 
Le^iones,  des  anciennes  Leftures ,  c'eft-à-dire ,  un  Recueil  dedi- 
verfes  pièces  curieufes ,  8c  un  thrélbr  pour  l'Hiftoire  du  moyen  âge 
8c  pour  la  Chronologie.  Il  les  publia  en  1601.  2.  8c  3.  ce  qui  fait 
voir  le  tems  auquel  il  a  vécu.  Henri  Canifîus  n'eft  pourtant  rrioTt 
qu'après  1609.  Comme  on  a  négligé  jufquesaujourd'hui[i697.]dc 
réimprimer  fes  VI.  volumes  des  anciennes  Leâure$,8c  que  cet  Ou- 
vrage ne  fe  trouve  que  dans  les  Bibliothèques ,  on  me  faura  peut- 
être  bon  gré  de  marquer  les  Traitez  qu'ils  contiennent ,  8c  ceux 
qu'on  peut  trouver  ailleurs, 

Le  I .  volume  contient  foixante  8c  fcptEpîtres  d'Alcuin ,  que  lé 
Sieur  André  du  Chelhe  a  publiées  en  1 6 1 7 .  avecles  autres  Ouvrages 
du  même  Alcuin.  Une  Lettre  du  P.  Edmond  Campiari,qu'on  trou- 
ve dans  les  Oeuvres  de  ce  Père ,  qu'on  adepuisdonnéesaupublic' 
La  Chronique  deProfpeT,queScaliger  8c  d'autres  ont  eu  foin  de  faire 
réimprirtier.  Weingartenfis  deGuèïfis  Frincipiéus.  EjufdemCiironi- 
conàChriJlonatouJquead  an.  1 197;  Annales  Henrici  Sttronis  ab  ani 
\  1 1^1. ad  i^y^.  Annales Eèerardi  Altaffenjis.  L'Hiftoire  de  Charle- 
magne  en  II.  livres  par  un  Moine  de  Saint  "Gai,  qu'on  trouve  dans 


loufe,  étoit  de  Canillac  dans  le  Givaudan.  Il  entra  parmi  lesCha-   le  premier  tome  des  Hiftoriens  de  France  d'André  du  Chefne,  Her- 
noines  Réguliers  de  Saint  Auguftin,  dans  le  Chapitre  de  Maguelon-  U««»''  ContraSi  Chronicon.      Concilia  Salisburgenfia.  III.  Viennen' 


ne ,  où  fon  mérite  le  fit  bien-tôt  confiderer ,  8c  l'éleva  jufqu'aux  pre- 
mières charges ,  ayant  été  élu  Prévôt  de  cette  Eglife.  II  avoit  une 
grande  connoiflànce  du  Droit  Civil  8c  Ecclefiaftique.  Guillaume 
de  Laudun  Archevêque  de  Touloufe  étant  devenu  aveugle,  fe  démit 
de  cette  Prélature  entre  les  mains  du  Pape  Clément  VI.  lequel  en 
pourvût  en  1 347 .  Raimond  de  Canillac.  En  1 3fo.  il  le  mit  au  nom- 
bre des  Cardinaux ,  8c  il  lui  donna  le  titre  de  Sainte  Croix  de  Jerufa- 
lem, qu'il  changea  fous  le  Pontificat  d'Innocent  Vl.pour  l'Evêché 
de  Paleftrine.  Tout  le  facré  Collège  avoit  une  eftime  fi  particuliè- 
re pour  la  vertu  de  ce  Prélat ,  qu'après  la  mort  d'Innocent  VI.  en 
1362.  il  eut  onze  voix  pour  être  élevé  jfiir  le  Siège  Pontifical.  Ce 
grand  homme  mourut  le  20.  Juin,  de  l'an  1 3  7  3  •  à  Avignon.où  il  fut 
enterré  dans  l'Eglife  des  Frères  Mineurs.  On  lui  attribué  quelques 
Ouvrages  8c  entre  autres  un  des  Recueils ,  Recolleilorum  Liber.  *  Du 
Chefne ,  Hijl.  des  Card.  Frauf.  Frifon ,  Gall.  Furp.  Auberi ,  HiJÏ. 
des  Card.  Sainte  Marthe ,  Gall.  Chrift.  é^c. 

C^  Cette  Famille  des  Marquis  de  Canillac  eft  noble  8c 
ancienne.  Outre  ce  Cardinal ,  elle  a  encore  eu  dans  le  XIV.  Siècle 
Dieu-donné  de  CanillacEvêque  deSaint  Flour.Ces  Seigneurs,fous  le 
nom  de  Beaufort  8c  Montboifrier,fe  font  fignalez  à  la  guerre ,  pour 
le  fervice  de  nos  Rois  8c  de  rEtat,8c  plufieurs  y  ont  payé  de  leur  per- 
fonne.  Dans  le  XVI.  fiecle  ,  ils  prirent  fortement  le  parti  des 
Catholiques  contre  les  Proteftans.  Jean  de  Beaufort  Marquis  de 
Canillac  defendoit  contre  eux  la  ville  de  Xaintes  en  15-70.  Leurs 
alliances  font  aufli  très-illuftres. 

C  A  N I N I O ,  (Angelo)  natif  d' Anghiari  en  Italie ,  vivoit  dans 
le  XVI.  Siècle  ,  8c  fut  célèbre  par  la  connoiflànce  qu'il  avoit  des 
Langues .  Jaques  Augufte  de  Thou  en  parle  ainli  dans  le  1 9 .  livre  de 
fon  Hiftoire.lur  l'année  15-5-7.  qui  fut  celle  de  la  mort  déCaninio. 
Angelo  Caninio  d' Anghiari  mourut  environ  ce  tems-la.  llétoit  illufirepar 
i'exaHeconnoiJfancec^u' il  avoit  non  feulement  de  la  Langue  Greque,  delà 
Latine ,  &  de  l'Hébraïque ,  mais  encore  de  la  Syriaque  ^  de  toutes  les  O- 
rientales.  Ilfut  long  tems , pour ainfî dire,vagabond,enenfeignant  toutees 
ces  Langues  en  Italie ,  à  Venife ,  à.  Fadou'é,à  Bologne,^  puis  m  Efpagne. 
Enfuitejlfut  précepteur  d'André  Dudith  de  Hongrie,quifHt  après  cela  en 


Je  I.  Nous  avons  ces  ConcUes  dans  les  éditions  de  Bini,du  P.Sir- 
mond ,  8c  du  Père  Labbe.  SanBi  Columbani  Foemata.  Le  P.Sirmond 
les  a  fait  réimprimer  en  1 6 1 9 .  avec  les  Opufcules  d'Eugène  de  Tolè- 
de. Foémata  Sdomonis  Waldrammi ,  ^  ^uirinaUa  Metelli  Te- 
gernfeenjls.    Ce  I.  volume  fut  imprimé  en  1601. 

Le  II.  volume  publié  en  1602.  z.cssTv3xte.z,VitaSanéHEmme- 
raniper  Megiufredum  éi'  Atnolfum.  Vita  SanBi  Laniberti.  Gefla  S- 
pifcoporum  Salisburgenfùimi  Wlponi  Fanegyricus.  Udalfcalci  Narrati» 
de  controverfiis  inter  Hermannum  Epifcopum  Auguflanum  ^  Eginonem 
Abbatem  Sanili  Udalrici ,  cum  carminé  de  itinere  ^  obitu  ejufdent 
Eginonis.  VitaBeatiOitonis.ArnonisSalisburgenfis  annotatio five index 
eorum ,  qu&  Eccleflés,  Salisburgenfitradita  funt.  Vita  Sanéii  Erminotdi. 
Vita  SanSi  Guntheri.  Colleciio  Hifiorica  Chronographica  ex  Idacia 
ér'  aliis.  ColkBio  ex  Toromacho  j^  aliis.  Memlogium  Grxcorum , 
interprète  Card.  Sirleto. 

Les  traitez  duIII.  tome  imprimé  en  1603.  font  StinSU  Gregorit 
Thaumaturgi  Anathematifmi  ,  &  duodccim  capita  defide.  SanBi 
Gregorii  Magni  Fapu  i  lib.  III.  Dialogorum  fex  cum  dimidio  capitA 
Gnce  reddita  à  SanSo  Zacharia  Komano  Fontifice.  Il  faut  voir  la  der- 
nière édition  des  Oeuvres  de  Saint  Grégoire  en  1640.  8c  161  f. 
Hippoliti  Thebani  Chronicon.  Anaflafius  Abbas  contra  fuduos. 
Erancicorum  Annalium  Eragmentum  ab  an.  741.  ad  jç^.  Andiç 
du  Chefne  l'a  donné  plus  exaft ,  dans  le  IL  volume  des  Auteurs; 
de  l'Hiftoire  de  France.  Joannis  Ragufini  Ord.  Fradic.  Oratio  in 
Concilia  Bafilienfi.  Elle  fe  trouve  dans  l'édition  des  Conciles  deBini 
8c  du  P.  Labbe.  Mgidius  Carlerius  ad  Articulum  Bohemorum ,  dé 
corrigendispeccatis  pubiicis.  Difputatio  CapituliEccleJiAFragenJis  cum 
Rocky fanai  de  Huffuicis  Controverfiis ,  (^c. 

Le  IV.  volume  auflS  publié  en  1 603.  contient  les  Traitez  fuivans: 
Leontius  Byz,antius  contra  Eutychianoi ,  Nejiorianos  ,  Enantiodocitas , 
ApoUinariflas ,  ^c.  Ces  Traitez  fe  ti'ouvent  encore  dans  la 
Bibliothèque  des  Pères  de  Cologne ,  de  Paris,  8c  de  Lyon.  S.Joannit 
Damafceni  contra  Acephahs  feu  Menephyfilas  ^  Nejiorianos.  Voyez 
la  dernière  édition  des  Oeuvres  de  Saint  Jean  de  Damas  8c  l'addition 
à  la  Bibliothèque  des  Pères ,  par  le  P.  François  Combefis.  Colleila^ 


réputationparfafcienceé'farjesambaJfades,ilenfeignaàFaris,&>enfin\nea  contra.  Severianos.    Nicephori  opufcula  varia.     Theodori  HagiO' 
étant  entré  domeftique  chex.  Gmllanme  du  Frat  JEvéqitede  Clermont,  \politam  difpuicitionei  IIL  HemicHi  Kfilteifer  de  libéra  fradieatione 

■  J  "  ■  vtrbi 


CAR 

■vèrilDei.  Joannes de folemar  contra,  TV.  Artkulum^ohemorUm.  i>e 
tivili  dominîo  Ctericorum.  On  trouve  ces  Traitez  dans  les  éditions 
des  Conciles  de  Bini ,  du  P.  Sirmond ,  8c  du  P.  Labbe.  Vita  SanBiBo- 
nifacii (er  Ù'iUièaUum  ^  Othoîonum  ^uUenfem.  VVaSanSiWilli- 
hiddi.  DefunilationeEccUfAlUuminénJts^Tegernfeenfis.  Item, 
Chronicon  Thailé  fragmentum.  Vit  a  S.  SoU  Angli  Abbatis  Sanlia 
Walpurfù,  SS.  Kiliani ,  Karlomms ,  <^c.  SmUi  Bttrchurdi  >  Sanâi 
Tiemonh. 

Les  Traitez  du  V.  volume  font  S.  Serapipnis  lié.  advfpus  Ma- 
mchaos.  Item,  VidymiAlexiindrm.  Titi  Bojirenfis.  Zctchar'u  Mity- 
hnenjis.  Excerpta  ex  lié.  SanSi  Hippolyti  Fortuen/is  (^  MaKtyris 
Ipift.SauSiGregoni Njjfeni.  Elle  eft  dans  les  Oeuvres  de  ce  Saint 
SanBiBaJïUi  Magni  rationes  fyllogijlics,  contra  Arianos.  Scholim  Bttr 
nomii.  Expqfitio,  SS.  FF.  Mugni  Bafilii  (^  Gregorii  Theologi  de  fmSa 
fide.  Vhoti:  Ifift.  ad  Michaëkm  Bulgctrortim  Regem,.  ^ragmefitum 
ieontii  Cyprii  adver^iùs  Hebrxos.  Vita  SanBi  Mechtildis.  Frederici  I. 
txpeditio  Ajiéi.  Guilhelmi  de  BaldenfelHodoeporiconad  Terrafft  Sunc- 
tarfi.  TheidoriciThuringi  Ord.  Frad.  Lié.  VIII.  de  vitaSan^A, Flifa- 
httlu.  UalitghariiCameracenfis dt  vitiis  ^virtutibas  ^  ordine  Fœ- 
Tiitentium  Lib.  V.  Cet  Ouvrage  èfb  dans  la  Bibliothèque  des  Pères. 
•  Le  P.  Menard  Benediâin  6c  le  Père  Jean  de  l'Oratoire  ont  publié  le 
VI.  livre.  Fœiiitentiale  HaUtgharii.  SetnBi  Ifidori  de  conytrfis_.  Al- 
tumi'EpiftoladeConfeJJîone,  ^c.  Voyez  l'édition  des  Oeuvres  d'Al- 
cuin.  VitaSanéîiAdalberti.  Guntheri Monachi  HifloriaConJiantinor 
politana.  De  Adélaïde  conjuge  Othonis  I.  EpiftoUFatifti  Kegienfis  ^ 
Defiderii  Cadurceni.  Ces  dernières  ont  été  publiées  par  Marquardus 
Freherus&parduChefne.  Evanfii  Epift.  contra  eos,qai  (anguinem 
ammalium  immundum  ejfejudicant.  S.  Adamantii  Scçti  lib.  III.  de 
SanBo  Columbano.  Cogitojc  de  vita  S.  Brigida  lib.  ABa  S.Albani  Mar- 
iyrii.  VitaHenrici  à  Zio'faltach  Sue-vi.  SynodutRegiaticina.  Genea» 
logia  Caroli  Magni.  ABa  S.  Cuthberti  Lindisfarnenfis  Fpifcopi  à  V. 
Beda  carminé  defcripta.  Epigrammata  feu  Hymni  facri  Bernardi , 
Columbani.  &c.  S.  Anthelmi  li.  II.  carminé  defcripti  ,  I.  de  laude 
lirginum ,  H-  de  oBo  principalibus  vitiis.  Theodulfi  elegia ,  ^c.  Le 
i?.  Sirmond  fit  depuis  imprimer  en  1646.  toutes  les  Oeuvres  de 
Theodulphe  Evêque  à'Oxieans.Sermo S. Galli.  Vita  S. M^gnj.  S.  Ore- 
(ii  defex  cogitatiombus  SS.  libellus.  Synodfts  Augujlana  an.  ç^i.  é* 
Engilenheimenjis  an.  94S.  Nous  avons  les  A£tes  de  ces  Synodes  dans 
les  dernières  éditions  des  Conciles. 

Enfin  le  VL  tome  contient  les  Traitez  fùivans:  Barlaami  Epijl. 
Jlumbert,  SilvACandida Epi/copoS.R.  E.  Card.  lib.  adv.  Michaelem 
Tatr.  C.  F.  (^c.  S.Anfelmi  Lticenjis  H.  II.  contra  Guibertum  Anti- 
patam.  Epitomeèellorum,prorecuperatioi3eTemSanBa.  Burchardi 
de  monte  Sion  ,  defcriptio  Terrd  S.  Rudolf  Itinerarium  in  taUfiinam. 
Walajridi  TraB.  de  [ubverfione  Hierafalem.  Alcuini  Homili*  ,  é'C. 
^Voyez  l'édition  des  Oeuvres  d'Alcuin.  Vita  S.  Henrici  Imper. Retatio 
^eorig.fund.^c.Monafterii  Windèergenfis  in  Bavaria.  EpitomeCano- 
)ium,quamAdrianusI.CaroloMagnoRom<ioétHlit.MartyriHmSanBi 
IJefiderii  Viennenfis.  Epift.  Eugippii  in  "vitam  Severini.  Nous  l'avons 
Iflans  le  premier  volume  des  Vies  des  Saints  du  P.Bollandus ,  fur  le  8. 
ïlaxivier. VitaSanBi Gregorii Mag?ti.  Vita  SanBiGebhardi  Con/lantie^- 
fis.  Theodtdfi  <^  Jon&  Foemata.  André  du  Chefne&leP.Sirmond 
ont  depuis  publié  les  Poèmes  de  ces  deux  Evêques  d'Orléans.  Wala- 
fridi  Foëmata.  Strabi  Falden/is  Hortulus.  Hiabani  ^  Nothkeri  Martyr. 
Eckerbardi  de  vita  B.  Notkeri  cognomento  Baléuli.  Monument  a  Salis  - 
burgenfia.  Chronica  Salisburgen/ia.  Defcriptio  Terra  S.  AuBofe  An- 
felmoOrd.Minorum ,  ^ prsfatwJacobiViiriaci  mHifi.  Orient. 

CANISIUS,  (jaques)  natif  de  Calcar  dans  le  Duché  de  Cle- 
ves ,  étoit  Jefuïte ,  8c  a  fait  pluiîeurs  Ouvrages. 

CANISIUS,  (Jean)  Jefuïte ,  8c  neveu  du  P.  Pierre  Canifîus , 
a  fait  divers  Ouvrages.  Confultez  les  Auteurs  citez  après  Pierre  Ca- 
nifius. 

CANISIUS,  (Pierre)  de  Niinegue  dans  le  Païs-Bas ,  Reli- 
gieux 8c  premier  Provincial  de  la  Compagnie  de  J  e  s  t;  s  en  Alle- 
magne, a  été  un  des  plus  grands  hommes  du  XVI.  Siècle.  Sa  pru- 
dence a  paru  dans  les  affaires  où  il  fut  employé  ;  il  témoigna  Ion  zèle 
poiu:  la  Religion  contre  les  Hérétiques  j  8c  il  fit  voir  fon  érudition 
dans  les  Livres  qu'il  a  compoiez,  dans  les  Académies  où  il  enlèigna, 
gc  dans  les  villes  ou  il  a  prêché.Iljparut  avec  éclat  dans  le  Concile  de 
Trente ,  8c  mourut  en  odeur  de  fainteté  dans  le  Collège  deFribourg, 
^u'il  avoir  fondé.  Ce  fut  le  21.  Décembre  1597. âgé  defoixanteSc 
dix-fept  ans.SesOuvrages  font  alTez  connus,fans  que  je  me  mette  en 
peine  d'en  faire  le  dénombrement.  Les  plus  confiderables  font  Sum- 
fna  doBrina  Chrifii/tna,  Inftitutiones  Chrijtiana  pietatis.  De  beatijjt- 
mavirgine  Maria. ér-c.  Les  PP.  Matthieu  Raderus  8c  François  Sac- 
chini  ont  écrit  fa  Vie.  *  Le  Mire,  in  Elog.  £e/^.  Guillaume  Eyfen- 
grein ,  in  Catal.  teft.  verit.  Alegambe  8c  Ribadeneïra ,  Bibl.  Script. 
S.J.Valere  André,  Bibl.Belg.  é'C 

C  A  N I U  S ,  Poète  Latin ,  étoit  de  Cadis ,  8c  vivoit  fous  l'Empi- 
le  de  Domitien.  Il  étoit  ami  de  Martial ,  qui  nous  apprend  que  ce 
Poète  étoit  de  très-belle  humeur ,  8c  qu'il  ne  cherchoit  qu'à  fe  ré- 
jouir. Ceft  dans  la  20.  Epigrammedu  III.  livre,où  il  marque  quels 
jpouvoient  être  les  Ouvrages ,  aufquels  Canius  travailloit. 
Die ,  Mufa ,  quid  agat  Canius  meus  Rnfusi 
XJtrumne  chartis  traàit  ille  viBuris 
Legenda  temporum  aBa  Claudianortim  ? 
An  qua  Neroni  f al  fus  aflruit  fcriptor  ? 
An  éimulator  improbi  jocos  Fhadri  ?  q>c. 
'Ce  Poète  époufa  deux  femmes ,  Theophila  favante ,  nuis  un  peu 
trop  libre  ;  8c  Sapho  moins  éclairée ,  mais  plus  retenue.  Xe  même 
Martialrapporteceque  j'écris,  auli.  ■}.epi^r.6^.&li.-j.ep.6S, 
Caftiorhsc,  Qp  non  doBior  Ma  fuit ,  iQpc. 
CANNARES,  Sauvages  de  k  province  de  Quito,  dans  le  Pé- 
rou, en  l'Amérique  Méridionale.  Ils  font  bien  faits,  8c  agiles  de 
corps.  Ils  portent  leurs  cheveux  longs ,  fnais  ils  les  ti-eflènt  8c  lient 
en  nœuds  autour  de  leur  tête ,  en  forme  de  couronne,  ce  qui  les  dif- 


CAN.    .  i^ 

tihgue  dès  autres  Sauvages.  Leurs  habits  font  de  drap  de  laine  oii 
de  coton;  8c  ils  fe  fervenc  de  bottes  faites  fort  proprement  Leé 
ifemmes  y  font  belles,  mais  elles  aiment  trop  les  Efpagnols  8c  les 
étrangers.  Elles  travaillent  ordinahement  à  la  campagne ,  8c  cultii 
vent  les  terres ,  pendant  que  leurs  maris  font  l'office  des  femmeà 
dans  la  maifon ,  8c  s'occupent  à  filer,ou  à  faire  des  ouvrages  de  laine 
&  de  coton.  Ce  pals  avoitplufieurs  mines  d'or  très-riches ,  queleâ 
Efpagnols  ont  epuifécs.  Le  terroir  eft  bon  pçur  le  froment  8c  pour 
1  orge  :  8c  les  vignes  y  font  aflèz  belles.  ■  Le  magnifique  palais  de 
Thomebamba  etoit  dans  le  pais  de  ces  Cannares;  De  Laet ,  Hif- 
toire  du  Nouzieau  Monde,  SXJB. 

CANNES ,  petite  ville  ruinée  dans  la  PouiUe ,  dite  aujourd'hui 
Cannata  deftrutta.  Elle  devint  célèbre  par  la  viftoire  qu'Annibal 
y  remporta,&  par  la  défaite  de  quarante  mille  Romains,  conduite 
par  le  Conful  Paul  Emile,que  la  ténïerité  de  fon  Collègue  Terentiuâ 
Varro  engagea  au  combat.  Ce  fut  l'an  y 38.  de  Rome,  la  cxli 
Olynipiade ,  8c  environ  2  x6.  ^s  avant  l'Ere  Chrétienne.  Le  même 
f  aul  Emile  demeura  mort  fur  la  place ,  8c  Annibal  envoya  à  Carthâ- 
getroisboiifeauxremplis  d'anneaux  de  ChevaUers  Romains  qui 
avoientpéri  en  cette  funefte  journée.  *TiteLive,  //.  %x.  Florus  » 
/;'.  2 .  c.  6.  Polybe ,  //.  4.  ^c. 

C  A.  N  N  E  S ,  bourg  de  France  en  Provence.  II  eft  fitué  fur  Ja 
mer,  dans  lediocefedeGraffe,  vis-à-vis  des  ifles  de  Lerins.  Clu- 
yier  a  cru  que  l'Oxibius  Fortus  de  Straboii  qu'il  nomme  JEgyptnit 
eroitaCannesimaisilfetrompe.car  ce  bourg  n*a  qu'une  plage  8c 
non  pas  un  port ,  8c  le  pais  des  Oxybiens  étoit  delà  la  rivière  1^  Var; 

CANNIBALES ,  ou  Caraïbes ,  peuples  qui  habitoient  les  ifleâ 
Antilles;  8c qui  n'en  ont  plus  que  quelques-unes.  Us  mangeoient 
les  pnfonniers  qu'ils  faifoient  à  la  guerre ,  après  les  avoir  fait  jeunet 
quelques  joursi8c  dévoroient  les  ennemis  morts  fur  le  champ  de  ba- 
taille. Ils  n'avoientauffi point  de  religion, 8c, blâmoient  l'avarice^ 
La  fréquentation  desEuropéens  8c  fur-tout  desFrançois  les  a  rendus 
plus  doux ,  plus  civilifez ,  8c  plus  traitables.  Cherchez  Antilles ,  8c 
confultez  les  voyages  d'Oviedo ,  de  Herrera,  §1  la  Relation  des  Aa- 
tilles  deRochefort,  en  l'Hifi.  mw.  i.par. 

CANO  ,  ou  Chana  ,  ville  8c  royaume  d'Afrique  dans  la  Nî- 
gritie.  U  a  le  ileuve  Niger  au  Midi ,  Cailèna  à  l'Orient,les  Agades  au 
Couchant,  8c  ledéfert  au  Septentrion.  La  ville  de  Cano  eft  la  ca- 
pitale du  pais ,  les  autres  font  Tairava,Germa,8cc.  Cano ,  fituée  fur 
le  bord  d'un  lac ,  eft  fermée  d'une  muraille  de  bois  8c  de  terre ,  &  \ef 
maifonsyfontdemême.  Les  habitans  du  pais  y  font  prefquetous 
Bergers  ou  Laboureurs.  Le  Roi  étoit  autrefois  puifTant,  Scentre- 
tenoit  de  grandes  troupes ,  dont  il  s'étoit  fervi  pour  fendre  tributai- 
res les  royaumes  de  Zegzeg  8c  de  Caflène  ;  mais  le  Roi  Yfchia ,  fous 
prétexte  de  fecourir  les  Seigneurs  de  ce  pais  contre  le  Roi  de  Cano; 
s'en  étant  défait  par  trahifon,trois  ans  après  fit  la  guerre  à  ce  Princej 
8c  enfuite  d'un  long  fiégcl'obligea  d'époufer  l'une  de  fes  filles ,  8c  de 
lui  donner  la  troifiéme  partie  de  &s  revenus.  *  Sanut,/».  ô.Marmol, 
ij.p.c^.  10.  Jean  de  Léon,  gcc. 

CANO,  guCanus,  (Melchior)  Religieux  de  l'Ordre  de  S.  Do* 
minique,8c  puis  Evêque  des  Canaries,  étoit  Efpagnol ,  natif  du 
bourg  de  Tarancon  dans  le  diocefe  de  Tolède.  lUè  fit  Religieux  à 
Salamanque ,  8c  étudia  fous  le  célèbre  Francifco  Viftoria.  Outre  la 
Philofophie  8c  la  Théologie ,  il  apprit  l'Hiftohe ,  les  belles  Lettres. 
8c  les  Langues.  Onlechoifit  en  15-46.  pour  enfeigner  la  Théologie 
après  la  mort  de  Viâoria.  Il  s'acquit  une  très-grande  réputation  par 
fon  favoir  8c  par  fa  manière  d'enfeigner.  Bai-thelemi  Caranza  du 
même  Ordre  de  Saint  Dominique  8c  depuis  Archevêque  de  Tolède; 
enfeignoit  en  même  tems ,  avec  grand  applaudilTement.  Le  mérite 
de  celui-ci  donna  de  lajaloufie  à  Melchior  Cano.  lis  formèrent  mê- 
me comme  deux  partis.  Leurs  ciprits  étoient  pourtant  biendifîe- 
rens.Caranza  l'a  voit  doux,honnête ,  engageant ,  8c  pourtant  adroit. 
Cano  au  contraire  avoit  une  vivacité  extraordinaire  d'efprit,une  vé- 
hémence furprenante  deparoles,8c  étoit  fier,emporté,£c  ambitieux. 
On  dit  qu'il  contribua  beaucoup  à  la  difgrace  de  Caranza ,  qui  étoit 
homme  de  mérite  8c  bon  Prélat,commeje  le  dis  ailleurs.  Cano  fut 
envoyé  an  Concilede  Trente  fous  Paul  III.  îlfemit  bien  dans  l'eP 
prit  de  Dom  Carlos,  Prince  d'Efpagne ,  8c  puis  dans  les  bonnes  grâ- 
ces du  Roi  Philippe  II.  fon  père:  Peut-être  fut-ce  aux  dépens  du  fils, 
qu'on  traita  cruellcment.Quoi  qu'il  en  Ibit,  il  eft  fur  ;  que  Melchior 
Canus  flatta  toutes  les  paflions  de  Philippe  II.  Il  lui  Ibûtint  entre 
autres  choies ,  qu'il  pouvoit  fahre  la  guerre  à  quel  Prince  que  ce 
fût,  lorfqu'il  s'agiroit  de  faire  valoir  lès  droits.  Ce  point,  qui  re- 
gardoit  principalement  le  Pape,  ne  plut  pas  à  la  Cour  de  Rome  8c 
fut  improuvé  par  toute  l'Univerfité  de  Salamanque.  U  en  eut  en 
récompenfe  l'Evêché  des  Canaries  ,  <jue  Philippe  II.  lui  donna, 
après  la  mort  de  François  delà  Cerda,  qui  étoit  de  fonOrdre.  Mel- 
chior C«nus  ne  fe  hâta  pas  de  fortir  d'Elpagne.on  le  fit  Provincial  de 
la  province  de  Caftille,8c  il  mourut  à  Toledejl'an  15-60.II  lailfa  Loco- 
rum  Theobgicorum  lib.XlI.  qu'on  imprima  après  fi  mort.  Il  y  a  quel- 
quefois desfentimens  un  peu  délicats,  dont  les  Auteurs  ont  par- 
lé diverlèmeût.  Cornélius  a  fait  l'Abrégé  de  cet  Ouvrage.  Les  au- 
tres, que  nous  aVonsde  Cano  font  Re/e5/oiePœ»;rea/M.  De  Sacra- 
mentis,  ^c.  *  Sixte  de  Sienne,  //'.  4.  Bibl.  Sen.  Jaques  Galdi  ,  de 
Script,  non  Eccl.  Pollèvin,  in  App.fac.  Baronius,  in  Not.ad  Mart, 
addiemxi.  Dccemb.  Razzi,  Illufl.  Scrit. Domin.'!>licoks  Antonio , 
Bibl.  Script.  Hifp.  Gabriel  Naudé,  in  Bibliogr.  Folie.  Andréas  Scho- 
tus ,  Alphonfe  Fernandez ,  8cc. 

CANO,  (Sebaflien)  natif  de  Bifcaye  ,  s'étoit  embarqué  avec 
Magellan,  qui  étant  parti  d'Eipagnc  le  10.  Août  ij-19.  8c  ayant 
palfé  le  détroit  auquel  il  donna  fon  nom ,  mourut  dans  l'i  fle  de  Ma- 
tan,  une  des  Philippines.  Après  la  mort  de  cet  illuftre  Voyageur , 
Cano  gagna  les  ifles  de  la  Sonde ,  d'où  il  alla  doubler  le  Cap  de  Bon- 
ne Eiperance.Sc  rentra  dans  Seville  le  8.  Septembre  15-22.  ayant 
fait  le  tour  du  Monde  en  trois  ans  8c  quatre  lèmaines.  L'Empereur 
Charles  Quint  donna  à  Cano  pour  deyiiè  un  globe  terreiîre  avec 

ces 


■40  CAM; 

ces  paroles,  Trlmusme  cinumdedifti,  c'eU-à-àbe,  Tu  m*  as  le  pre- 
mier parcouru  tout  autour.  François  Drack  Anglois  fit  le  même 
voyage  en  i  fSo.  &  le  fit  en  moins  de  trois  ans.  Olivier  de  Nord 
Hollandoislefiteniôoi.en  trois  ansôc  huit  femaines.  Et  de  nos 
jours  François  Palu,  Evêqued'Héliopolis,  Vicaire  Apoftolique  de 
îa  Chine,  allant  au païs  de  faMiffion,  fut  pouflëparla  tempête  a 
Manille  dans  les  Philippines,  d'où  lesEfpagnols  le  renvoyèrent  en 
Europe  par  le  Mexique,  lui  faifant  ainfi  faire  le  tour  du  Monde  mal- 
gré lui.  Il  eft  à  remarquer  qu'il  eft  le  premier  qui  l'ait  fait  par  l'O- 
rient. *  M.  y  Ahbé  àe  Choiii, '  Hijioirede  Salomen:  SUP. 

CANON,  c'eftunmotGrec,  qui  fignifierég/e,  6c  qu'on  a  at- 
tribué à  plufieurs  chofes.  On  dit  par  exemple  le  Ganon  de  la  Meflè , 
le  Canon  de  l'Ecriture ,  8c  les  Livres  Canoniques,c'eft-à-dire ,  ceux 
qui  font  dans  le  Canon  de  la  Bible;  Scaiufli,  les  Canons  des  Conci- 
les.On  appelle  le  Canon  de  la  Meflè  les  prières  que  le  Prêtre  pronon- 
ce en  fecret,  8c  qui  commencent  par  ces  mots,  3ê  ;^(V»r , parce 
qu'ils  font  en  effet  la  règle  de  la  conféciation.  Onnomme,dans  les 
Conciles,  Canons,  les  décifions  qui  fervent  de  règle.  Iln'yaauffi 
que  les  Livres  Canoniques  de  l'Ecriture ,  fur  lefquels  onpuiffe  s'af- 
furer,  comme  fur  une  règle  facrée  6c  divine.  Les  Juifs  ontkurCa- 
non  diftingué  de  celui  des  Chrétiens  :  car  ils  ne  reconnoiffent  pour 
Livres  Canoniques  6c  Divins  que  ceux  du  vieux  Teftament,qui  font 
écrits  en  Hébreu  ;  au  lieu  que  les  Chrétiens  reconnoiflênt  le  vieux  8c 
le  nouveau  Teflament.  Les  Proteftans  ont  adopté  le  Canon  des  Juits 
pour  l'ancien  Teftament  :  mais  les  Catholiques  l'ont  étendu  davan- 
tage ,  y  ayant  auflTi  fait  entrer  plufieurs  Livres  écrits  en  Grec,8c  pof- 
terieurs  au  Canon  des  Juifs.  SUK 

G  A  N  O  N  S  des  Apôtres  ;  ofi  appelle  aînfi  une  efpece  de  Collec- 
tion de  Canons  ou  Loix  Ecclefiaftiques  ,  que  l'on  attribue  à  Saint 
Clément  Pape,  Difciple  de  Saint  Pierre ,  comme  s'il  l'eût  reçue  de 


CAN. 

merent  cependant  le  JFeu ,  qui  fit  fondre  la  cire,  8c  l'eau  venant  à  fe 
répandre  l'éteignit.  Ainfi  ils  avouèrent  que  le  Dieu  des  Egyptiens 
étoit  plus  puifîànt  que  le  leur.  *  Ruffin ,  Hift.  Ecd.  li.ii.ch.zô. 

G  A  N  O  P  E ,  ville  d'Egypte ,  vers  une  des  embouchures  du  Nil, 
qui  en  tire  fon  nom.Peut-être  lui  donna-t-on  ce  nom,parce  qu'on  y 
adoroit  le  Dieu  Ganope.  Quelques  Modernes  eftimentque  c'eftBo- 
chira  d'aujourd'hui,  près  d'Alexandrie.  Elle  a  eu  autrefois  le  fiége 
d'unEvêché.  Cette  ville  efl:  ancienne;  Strabon,  Pline,  Ptoloméc, 
8cc.en  font  mention.  On  a  aufliauque  c'étoit  la  patrie  du  Poète 
Claudien ,  mais  je  remarque  ailleurs ,  qu'il  y  a  plus  d'apparence  que 
ce  Poète  étoit  de  Vienne  en  Dauphiné. 

G  A  N  O  S  A ,  fur  l'Ofante, ville  8c  Comte  d'Italie  dans  le  royau- 
me de  Naples  8c  la  terre  de  Bari ,  avec  Evêché  uni  à  l'Archevêché  de 
Bâri.  Ganofa  eft  fituée  fiir  le  penchant  d'une  colline  qui  a  la  rivière 
au  bas ,  à  cinq  milles  des  mafures  de  Cannes.  Strabon ,  Pline ,  8c  les 
autres  Auteurs  anciens  parlent  aflèz  fouventde  cette  ville,  qu'il  ne 
faut  pas  confondre  avec  Cakossa,  Comté  dans  le  Modenois  j  près 
du  Parmelàn; 

G  A  N  O  S  A ,  ville  de  là  terré  de  Bari ,  au  royaume  de  Naples  ea 
Italie.s'appeiloit  anciennement  e/wî«//»?w.Leander  Albeni  a  cru  que 
c'étoit  la  même  que  Cannes ,  célèbre  par  la  défaite  des  Romains; 
mais  il  s'efb  troinpé  ;  puis  que  Tite  Live,  Strabon ,  Pline ,  8c  Appian 
font  mention  diftinftement  de  ces  deux  lieux,  8c  que  Procope  dît 
clairement  que  Cannfium  éto'it  à  2j-.  ftades  de  Cannes.  Elle  fut 
autrefois  renommée  pour  lès  laines  de  couleur  d'or,  dont  il  fe  faifoit 
de  belles  étoffes  :  8c  ceux  qui  s'en  habilloientétoient  nommez  Qi- 
najinati.  Martial,/ix'.9.?3°  •4-  Ce  fut  en  cette  ville  que  l'Empe- 
reur Henri  IV.  qui  avoit  été  excommunié  par  Grégoire  VII.  iê 
rendit  auprès  de  ce  Pape  pour  fe  foûmettre  à  iâ  difcretion ,  8c  y  fut 
"ablbus  l'an  de  Jésus  Christ  1077.  Sigon. /ix'.  9.  Horace  ; 


ce  Prince  des  Apôtres.  Mais  les  Grecs  mêmes  n'affurent  pas  que  ces  ;  Bilingues  les  habitans  de  Cunufiurn  ,  foit  parce  qu'ils  parloient  les 


Canons  ayent  été  faits  par  les  Apôtres ,  8c  recueillis  de  leur  bouche 
par  Saint  Clément.  Ils  fc  contentent  de  dire,  que  ce  font  des  Ca- 
nons ^ieyô/isvoi  tSv  'ArroqiXm ,  que  l'on  appelle  des  Apôtres.  Et 
apparemment  c'eft  l'ouvrage  de  quelques  Evêques  d'Orient ,  qui 
vers  le  milieu  du  III.  Siècle  ramafferent  en  un  corps  les  chofes  qui 
étoient  en  ufage  dans  les  Eglifes  de  leur  païs ,  &  dont  une  partie 
pouvoit  avoir  été  introduite  par  tradition  dès  le  tems  desApôtres,8c 
l'autre  par  des  Conciles  particuliers.  Il  y  a  quelque  difficulté,  tant 
fur  le  nombre  que  fur  l'autorité  de  ces  Canons.  Les  Grecs  en  comp- 
tent communément  quatre-vingt-cinq ,  mais  les  Latins  n'en  ont 
reçu  que  cinquante,  dont  même  plufieurs  ne  font  pas  obfervez.  Les 
Grecs  comptent  les  cinquante  premiers  à  peu  près  comme  nous, 
mais  ils  en  ajoutent  d'autres,dans  la  plupart  defquels  il  y  a  des  choies 
qui  ne  font  pas  conformes  à  la  difcipline,  ni  même  à  la  créance  de 
l'Eglife  Romaine  :  8c  c'eft  pour  cette  raifon  qu'elle  rejette  les  tren- 
te-cinq derniers  Canons,  comme  ayant  été  la  plupart  inférez  ou 
falfifiez  par  les  Hérétiques  8c  Schifmatiques.  A  l'égard  de  l'autorité 
de  ces  Canons,le  Pape  Gelafe  dans  le  Concile  tenu  a  Rome  l'an  494. 
met  le  Livre  des  Canons  des  Apôtres  entre  les  Apocryphes  ;  6c  cela 
après  le  PapeDamafe,qui  femble  avoir  été  le  premier  qui  détermina 
quels  Livres  il  faloit  recevoir  ou  rejetter.  Suivant  cela,  Ifidoreles 
condamne  auffi ,  dans  le  paffage  que  Gratien  rapporte  de  lui  dans 
la  I  ô.DiftinéHon.Le  Pape  Léon  IX.  au  contraire  excepte  cinquante 
Canons  du  nombre  des  Apocryphes.  Avant  lui,  Denys  le  Petit 
avoit  commencé  fon  Code  des  Canons  Ecclefiaftiques  par  ces  cin- 
quante Canons.  Gratien  dans  la  même Diftinftion  16.  rapporte 
qu'lfidore,ayant  changé  de  fentiment  en  fe  contredilànt  foi-même, 
met  au  deffus  des  Conciles  ces  Canons  des  Apôtres,comme  approu- 
vez par  la  plupart  desPeres ,  fie  reçus  entre  les  Gonftitutions  Cano- 
niques: 8c  ajoute  que  le  Pape  Adrien  I.  ayant  reçu  le  VI.  Concile , 
où  ces  Canons  font  inferez ,  il  les  a  auffx  approuvez.  Maison  peut 
dire  que  Gratien  fe  trompe  ,  6c  qu'il  prend  le  lecond  iConcile  i» 
Trullo,  que  les  Grecs  appellent  fouvent  le  VI.  Concile  ,  pour  le 
premier  Concile  tenu  n»  Trulio ,  qui  eft  véritablement  le  VI.  Oecu- 
ménique ou  Général.  Quant  à  Ifidore  ,  le  premier  paflage  eft 
d'Ifidore  de  Seville ,  8c  le  fécond  eft  d'Ifidorus  Mercator  ou  Pecca- 
tor,  félon  la  remarque  d'Antoine  Aùguftin  Archevêque  de  Tarra- 
gone ,  qui  dit  que  pour  mettre  d'accord  ces  diverles  opinions ,  il 
faut  fuivre  l'avis  de  Léon  IX ,  qui  eft  qu'il  y  a  cinquante  de  ces  Ca- 
nons des  Apôtres  qui  ont  été  reçus,  8c  que  les  autres  n'ont  aucune 


deux  langues ,  la  Latine  8c  la  Gréque  ;  où  plutôt  parce  que  ne  par- 
lant pas  bien  ni  l'une  ni  l'autre  ,  leur  langage  étoit  un  mauvais 
mélange  de  toutes  les  deux.  SUP. 

G  A  N  O  T I O ,  (Lorenzo)  Peintre ,  vivoit  dans  le  XV.  Siècle. 
Il  étoit  de  Padouë ,  où  il  travailla  à  diverfes  pièces ,  8c  il  y  mourut  le 
zS.Marsen  1470.  On  voit  fon  tombeau  dans  le  Cloître  de  l'Eglilc 
del  Santo. 

CANSTAT.  ville  d'Allemagne  dans  le  Duché  de  Wirtemberg. 
Elle  eft  fur  la  rivière  de  Necre  entre  Eflingue  8c  Stugard. 

CANTABRES,  ou  Cantabriens  ,  anciens  peuples  d'Elpa* 
gne,qui  font  proprement  Ceux  de  Guipufcoa  6c  deBii'caye.  Ils  fè 
révoltèrent,  du  tems  d'Augufte,  contre  les  Romains.  Cet  En> 
pereur  fut  en  perfonne  en  Efpagne ,  pour  les  foûmettre ,  8c  après 
les  avoir  défaits  en  plufieurs  rencontres,  il  les  obligea  de  prendre 
la  fuite  fur  les  montagnes  8c  dans  les  déferts;  8c  les  affiégea  enfin 
dans  une  ville ,  où  ilsiè  tuèrent  eux-mêmes,  préférant  la  mort  à  la 
fervitude.  Cela  arriva  en  7 18. 8c  29.  de  Rome,  ij-.  ans  avant  l'Ere 
Chrétienne.Augufte  étant  tombé  malade  durant  cette  guerre ,  iiea 
donna  la  conduite  à  Caius  Antiftius.  Siiius  Itaiicus  parie  ain£  de» 
moeurs  des  Cantabres,  /;.  3. 

Cantaher  ante  ormes ,  hyemifque,  sjlùfaue ,  famififut 
Inviûus ,  palmamque  ex  omni  ferre  laêore  : 
Mifus  amor  populo,  càm  pigra  incanuit  axas, 
Imhelles  jam  dudum  arnios  pervertere  faxs , 
Nec  vit am  fine  Marte  pati,  cjuifpe  omnis  in  armis 
Lucis  caujafita,  (^  damnatum  "vivere  paci ,  (ipc. 
*Strabon,  //'.  3.  Florus,  //. 4.^.12.    Pline,  //.■34.  «.14.  Nômus, 
Hijp.c.^^.(^c. 

CANTACUZENE.  Cherchez  Jean  Se  Matthieu  Cantaoï- 
zene. 

CANTELOUP.  Cherchez  Arnaud  deCanteloup. 
CANTERUS,  (Guillaume)  étoit  d'Utrecht ,  fils  de  Lambert 
Ganter  ou  Canteruè ,  ôc  frère  de  Théodore ,  dontjeparleraidansla 
fuite.  Il  naquit  le  14. Juillet  de  l'an  i5-42.Comme  il  avoit  beaucoup 
d'inclination  pour  les  Lettres ,  il  y  fit  en  peu  de  tems  un  grand  pro- 
grès ,  8c  particulièrement  dans  la  connoiffance  des  Auteurs  anciens, 
8c  des  Langues ,  qu'il  apprit  dans  les  Pais-Bas ,  8c  qu'il  cultiva  du- 
rant les  voyages ,  qu'il  fit  en  France ,  en  Italie ,  8c  en  Allemagne.  H 
s'y  aquit  ramitié  des  Savans  qu'il  connut  dans  ces  Etats ,  8c  il  efti- 
ma  particulièrement  celle  de  d'Aurat,  de  Muret,  de  Sigonius,  8c 


autorité  dans  l'Eglife  Occidentale,  comme  ayant  été  compofez 'deFulviusUrfinus.  Etant  de  retour  dans  les  Pais-Bas  ,  il  s'arrêta 

ou  falfifiez  par  les  Hérétiques.  *  Doujat,  Hifioire  du  Droit  Canon.  ""  " '"    "■"■•"'  "' '"■ — '' " -ii>^.-.:J-   o.:i 

Voyez  Guill.Beveregius,  dans  fa  Préface  fur  ces  Canons ,  8i  dans  fa 
Défenfe  contre  J.  Caillé.  SUP. 

CANON,  pièce  d'artillerie.  On  tient  que  le  premier  qui  in- 
venta le  canon  fiit  un  certaia  Moine  nommé  Bertholde  Schwarts, 
ouConftantinAnklitzen,  fameux  Chimiftc.  On  ajoute  que  l'on 
commença  de  fe  fervir  de  cette  machine  de  guerre  fur  la  mer  de 
Dannemarkl'an  jjfo.maiscenefutgueres  que  l'an  1380.  qu'elle 
fut  en  ufage ,  dans  la  guerre  des  Vénitiens  contre  les  Génois.  Voyez 
Platine ,  Vie  d'Urbain  V.  Six  ans  après ,  l'ufage  de  cette  invention 
paffaen  Angleterre  par  la  prife  que  ceux  de  cette  nation  firent  de 
deux  navires  François  montez  de  quelques  pièces  de  fonte ,  où  l'on 
trouva  des  caques  de  poudre,comme  le  tém.oigne  WaUîngham.  De- 
puis, vers  le  milieu  du XVI.  Siècle  les  Anglois  firent  fondre  des 
canons  de  fer  ;  8c  enfin  le  grand  effet  de  ces  machines  les  a  rendus  fi 
communs ,  que  toutes  les  côtes  de  l'Europe  en  font  bordées ,  8c  que 
par  mer  8c  par  terre  le  canon  fait  les  premières  décharges.  SUP. 

GANOPE,  certain  Dieu  des  Egyptiens ,  extrêmement  hono- 
ré parmi  ces  peuples  fuperftitieux.  Les  Ghaldéens  adoroient  le  feu. 


Louvain ,  où  il  s'occupoit  continuellement  à  l'étude ,  6c  il  y  mourut 
le  18.  Malade  l'an  ij-75'.  n'étant  qu'en  la  33  année  de  fon  âge.  Caa- 
terus  avoit  une  belle  Bibliothèque ,  qu'il  laifla  à  Théodore  fon  frère. 
L'on  voit  dans  l'EglifedeSaint  Jaques  fon  tombeau,  avec  uneépi- 
taphe  que  fon  frère  y  fit  graver.  Nous  avons  divers  Ouvrages  de  iâ 
façon,  Novarum LeSionum lié. VIII.  Syntagmade  ratione emtndandi 
Gr£COsAuBores,^c.  *  Sufifridus  Pétri ,  de  Script.  Frif.  Le  Mire,  i» 
Elog.Belg.  DeThou,  Hijl.  lié.  (Si.  Melchior  Adam  ,  in  Vit.Philof. 
German.  Swert 8c  Valere  André ,  Biét.  Belg. 

CANTERUS,  (Théodore)  frère  de  Guillaume,  dont  j'ai  par- 
lé ,  étudia  à  Paris  fous  Denys  Lambin  8c  devint  très-làvant  dans  les 
Langues.  Depuis  qu'il  fut  revenu  à  Utrecht,  fon  mérita  l'y  éleva 
dans  les  premières  charges  ;  mais  enfuite  ayant  été  exilé,  il  demeu- 
ra quelque  tems  à  Anvers ,  8c  puis  il  alla  à  Leuwarden  8c  y  mourut, 
ce  fut  en  1617.  d'autres  difent  en  iéi5'.âgéde7i.ans.  Ilaécrit  di- 
vers Ouvrages ,  Variarum LeBioriumlié. ll.Nots.  in  ArmhUim,Qrc. 
*  Suffridus  Pétri ,  de  Script.  Fri/.VakTe  André,  Biél.Belg. 

CAN'fHARUS ,  Poète  Grec ,  Athénien  de  naiiTance.  On  ne 
fait  pas  en  quel  tems  il  a  vécu  ,  mais  feulement  qu'il  compofa  quel- 


8c  foûtenoient  que  tous  les  Dieux  lui  rendoient  hommage,  parce  '  ques-Comedies ,  laMedêe,  le  Terée ,  la  Symmachie ,  8c  plufieurs 
qu'il  dévoroit  tout.  Cette  dilpute  porta  les  Sacrificateurs  des  deux  |  autres.  *  Suidas.  Joan.  Meurfii  Biél.Attica. 
nations  à  faire  combattre  leurs  Idoles.     Les  Egyptiens  mirent  fur       CANTIANUS.  Cherchez  Odon. 
celle  de  Ganope  en  guifc  de  tête  une  grande  cruche  trouée  8c  pleine       GANTIMPRE'.  Cherchez  Thomas  de  Cantimpré. 
d'eau  i  Se  bouchèrent  les  trous  avec  de  la  cire.  Les  Ghaldéens  alu-       C  A  N  T I  Q.U  E  D  E  S  CANTIQUES ,  un  des  Livres  canoni- 

1  ques 


CAR 

qnes  du  vieux  Teftament ,  ainfî  appelle  par  excellence  ,  a  été  coth- 
pofë  par  Saloraon  divinement  inlpiré ,  &  contient  en  huit  chapitres 
l'union  myftique  de  J  E  s  t;  s-C  h  r  i  s  t  avec  fbn  Eglife.  Il  y  a 
divers  Auteurs ,  qui  ont  fait, de  très-beaux  Commentaires  fur  cet 
excellent  Livre.  SUP. 

CANTIUNCULA,  (Claude)  de  Mets,  vivoit  vers  l'an  ij-jo. 
C'étoit  un  favant  Jurisconfulte ,  qui  étudia  à  Bâle ,  8c  qui  fut  de- 
puis Chancelier  d'Enfisheim  ,  dans  la  haute  Alface.  On  ne  fi.it 
pas  en  quel  tems  il  eft  mort.  Erafme  parle  avantageufiment  de 
lui.  Il  a  compoie  divers  Ouvrages  ,  De  foteftate  Fnpji  ,  Impera- 
ioris,  (^  Concihi.  Faraphrafei  in  3.  friores  lié.  inft.  yuftiniani.  De 
officia  Juclicis  lié.  II.  (^c.  *  Erafme  ,  1»  Ciceron.  Pantaleon  ,  /«.  3 . 
Trofûp.  Melchjbr  Adam ,  in  Vit.  Gcrm.  Jurifc.  Louis  Jacob ,  Bibl. 
Jontif.  é^c. 

CANTON,  ville  capitale  de  la  province  de  Quantung ,  dans  la 
Chine.  Cherchez  Quangtung  et  Quangcheu.  SUP. 

CANTONS ,  eft  le  nom  que  l'on  donne  aujourd'hui  aux  treize 
peuples  conféderez  qui  compolènt  la  République  des  Suiflès.  Voici 
le  rang  qu'ils  tiennent  dans  les  alTemblées  générales,  ièlon  Plantin. 
Zurich,  Berne , Lucerne, Uri ,  Schw^its , Uiiderwald ,  Zug,  Gla- 
ris,Bâle,Fribourg,Soleurre,  SchafFoulè,  Appenzel.  Sur  quoi  il  faut 
remarquer ,  que  bien  que  le  Canton  de  Zurich  ne  foit  que  le  cinquiè- 
me qui  s'eft  ligué  avec  les  quatre  premiers ,  néanmoins,  en  conlide- 
ration  de  l'antiquité  &  de  la  noblellè  de  cette  ville ,  les  autres  Can- 
tons d'un  commun  confentement  lui  ont  donné  le  premier  rang 
dans  leurs  Diettes ,  dans  les  Ambaflàdes,&  d'autres  aâions  folennel- 
les..  Celui  de  Berne  n'eft  que  le  fécond  en  ordre  :  mais  c'eft  le  plus 
grand  &  le  plus  puiifant  de  tous  :  il  environne  prefque  tout  celui  de 
l,ucerne,au  moins  au  Septentrion,au  Midi,8c  au  Couchant.Les  trois 
j(iiivans,Uri,Schwits,8c  Underwald ,  donnent  le  pas  à  Zurich,  à  Ber- 
ne,&  a  Lucerne,bien  qu'ils  ayent  été  les  premiers  Auteurs  de  la  liber- 
té des  Suiflès ,  Se  qu'ils  fe  foient  alliez  avant  tous  les  autres.  Ils  n'ont 
point  de  villes ,  mais  feulement  des  villages  qui  font  bien  bâtis. 

Schwits  a  communiqué  fon  nom  à  tous  les  autres  Cantons,  foit 
parce  que  l'on  combattit  premièrement  pour  la  liberté  dans  les  ter- 
res de  Schwits ,  ou  que  leur  confédération  ait  comnjencé  dans  ce 
païs.Zug  &  Claris  font  de  peu  d'étenduë,&  hors  la  ville  deZug,il  n'y 
a  que  des  villages.  Bâle  eft  hors  des  hmites  de  l'ancienne  Suiflè , 
néanmoins  à  caufede  l'alliance  il  eft  réputé  aujourd'hui  être  une 
partie  de  la  SuiflTe.  Le  Canton  de  Fribourg  eft  entièrement  enclavé 
dans  celui  de  Berne ,  qui  l'environne  de  toutes  parts  &  qui  lui  four- 


CAR  ,^> 

quatre  belles  rues,  dont  les  maifons  font  peintes  fort  proprement 
*Bede,  HiJi.Ang.  Camden,  Defcr.  Brit.  GQdwin,</e  ip,y:^„^° 

Conciles  de  Cantorbiei 

Saint  Auguftiri ,  Apôtre  d'Angleterre ,  célébra  un  Concile  à  Can-J 
torbie  environ  l'an  604.  ou  60  j-.  pour  l'établiflèment  duMonaftere 
de  Saint  Pierre  &  de  Saint  Paul ,  fonde  près  de  la  même  villei&  pour 
la  célébration  de  la  fête  de  Pâques.  Le  Roi  Ethelbert  V  ,  la  Reine 
Berthe  fa  femme,  ScEadbald  leurfils  s'y  trouvèrent.  Le  fécond 
tutaflemblelanSio.fousWulfret  Archevêque, &  Beornulfe  Roi 
desMarciens.  S.Thomas  en  tint  un  en  1399.  pour  ladefcnfe  du 
Uerge,  &  lareforme  des  mœurs.  Henri  Chichcley  Archevêque 
en  célébra aufll un  l'an  1419.  Richard  Walecher  y  fut  accufé  defe 
lervir  d  un  certam  Livre  remph  de  figures  de  Magie.On  le  condam- 
na a  taire  pénitence ,  8c  le  Livre  fut  brûlé 

C-CA^\Jh'£.l\iS,  Tribun  du  peuple  Romain ,  fe  fit  aimer 
par  la  complaifance  pour  ceux  de  la  lie  du  peuple,  8c  par  le  foin  qu'a 
avoitde  s'oppofer  aux  Nobles.  It-afTembla  le  peuple  l'an  309.  delà 
tondationdelaville,  fur  la  montagne  du  Janicule ,  Se  il  fut  auteur 
d'une  fèdition,  par  laquelle  il  obtint  que  les  familles  du  peuple  fe 
pourroient  allier  avec  celles  des  Patriciens:  ce  qui  n'étoit  pas  per- 
misauparavant.  *TiteLive,/(.4.Florus,//,  i.f/b  2r.  " 

CA  NUS.  Cherchez  Cano. 

C  A  N  U  S ,  (Alexandre)  étoit  d'Evreux  en  Normandie.  H  & 
fit  Jacobin,  mais  il  quitta  l'habit  pour  aller  embraflbr  laRehffion 
des  Proteftans  en  Savoye  fous  Guillaume  Farel ,  8c  revmt  enfuite  en 
France  pour  femer  cette  nouvelle  doftrine.  Etant  à  Lyon  il  fit 
plufieursdifcours -en particulier,  mais  ayant  été  découvert,  il  fot 
arrêté  prilbnnier  8c  condamné  à  la  mort ,  dont  il  'appella  au  Parle- 
ment de  Paris ,  qui  confirma  la  fentence  8c  le  fit  exécuter  en  i  <-34. 
*Theod.Beza,  i/cK»>. ///ay^.  5t7-p.  **' 

CA.NUSIUS ,  ou  Ganusius  ,  Hiftorien  Grec  ,  vivoit  fous  les 
règnes  de  Ptolomée  ^»Zww ,  de  Ptolomée  Dewyj ,  8c  de  Cleopatrej 
Rois  d'Egypte,  environ  20.  ans  avant  l'Ere  Chrétienne.  Il  eft  ci- 
té par  Plutarque,  dans  la  ViedeCéfar.  C'eftlemêmequeGefiier 
nomme  Calilius,  dans  fn  Bibl. 

CANUT,  ou  Kanut,  I.  de  ce  nom,  Roi  d'Angleterre  8c de 
Danemarc,  commença  de  régner  environ  l'an  1014I  II  paflaen 
Angleterre  avec  fon  père  Sunon,  pourvanger  la  mort  des  Danois , 


nit  des  vins.  Soleurre  eft  pour  la  plus  grande  partie  dans  le  Mont  \  qu'Ethelbert  Roi  du  pais  avoit  fait  égorger ,  8c  enterrer  les  femmes 
Jura:  Schaffoufe  du  côté  d'Allemagne  près  du  Rhin  8c  de  la  Forêt  Ijufqu'à  la  moitié  du  corps,  afin  d'avoir  leplaifir  devoir  dévorer  le 
Noire:  8c  Appenzel  au  deflus  de  S.Gai  8c  vers  les  frontières  desGri-  '  refte  par  des  dogues  aftamez.  Après  la  mort  de  Sunon  arrivée  en 
ions.  Ces  Cantons  font  premièrement  diftinguez  en  grands  Scpe-  j  ioi4-iIpouflafes  conquêtes  contreEdmondII.furnomméeCôre-^e~ 
tits:  les  grands  font  Zurich,  Berne ,  Lucerne ,  Bâle,  Fribourg,  l/^^quiavoit  fuccedé  à  Ethelbert,8c  ayant  eu  quelques  defavantao-esi' 
Soleurre ,  8c  Schaffoufe  :  les  petits  font  Uri ,  Schwits ,  Underwald,  ;  il  répara  fes  pertes  par  le  gain  d'une  bataille  ;  8c  ayant  défié  fon  rtval 

2iug,Glaris,8cAppenzel.  On  les  diftingue  encore  à  l'égard  delà  Re- '  "       '      '      '"       "  ■■     -■      

ligion  en  ceux  qui  fuivent  la  Religion  Proteftante ,  qui  font  Zurich, 
Berne,  Bâle,  8c  Schaffoufe;  8c  ceux  qui  fuivent  la  Religion  Ro- 
maine, quifont  Lucerne ,  Fribourg,  Soleurre ,  8c  les  autres  petits 
Cantons ,  à  la  réferve  de  Glaris  Se  d'Appenzel ,  où  les  deux  Reli- 
gions fe  trouvent  mêlées.  A  l'égard  désintérêts,  les  grands  Can- 
tons fe  font  toujours  montrez  attachez  au  fervice  de  la  France,8c  les 
petits  à  celui  d'Efpagne. 

Pour  ce  qui  eft  des  Alliez  des  Cantons ,  il  y  en  a  de  deux  fortes  ; 
les  uns  ont  une  confédération  commune  avec  la  plupart  des  Can- 
tons ,  8c  les  autres  en  ont  une  plus  particulière  avec  quelques  Can- 
tons feulement. 

L'Abbé  de  S.  Gai  a  pour  alliez  8c  proteflreurs  les  Cantons  de  Zu- 
rich, de  Lucerne,  de  Schwits,  8c  de  Glaris:  8c  la  ville  de  S.Gal  eft 
de  fon  côté  alliée  de  Zurich ,  de  Berne ,  de  Lucerne ,  de  Schwits, 
de  Zug ,  8c  de  Glaris. 

Les  Grifbns ,  qui  font  trois  Ligues ,  la  Ligue  Grife,  la  Ligue  de  la 
Maifon-Dieu ,  8c  la  Ligue  des  dix  Communautez ,  8c  qui  ont  aulTi 
les  Souverainetez  de  la  Valteline  8c  du  Comté  de  Chiavenne ,  font  al- 
liez des  feptpremiersCantons,Zurich,Berne,Luceriie,Uri,Schwits, 
Underwald, 8c  Zug. 

Les  Wallefans ,  ou  ceux  du  pai's  Wallais ,  êc  leur  Evêque  ont  pre- 
mièrement une  alliance  bien  particulière  avec  les  Bernois ,  Se  depuis 
avec  les  fept  Cantons ,  qui  fuivent  uniquement  la  Religion  Romai- 
ne, favoir Lucerne ,  Fribourg,  Soleurre,  Zug,. Uri,  Schwits, 
Se  Underwald. 

La  viille  de  MuDioufe  avoit  aulTi  alliance  avec  les  treize  Cantons , 
mais  aujourd'hui  elle  eft  particulièrement  alliée  des  quatre  Cantons 
Proteftans.  A  l'égard  de  ceux  qui  ont  alliance  feulement  avec  quel- 
ques-uns des  Cantons ,  la  ville  de  Genève  aune  confédération  par- 
ticuhere  avec  Zurich  8e  Berne.  La  ville  de  Bienne  8e  celle  de  Neuf- 
châtel  font  alliées  aux  Bernois.  *  Davity,  de  l'Europe.  SUP. 

C  A  NT  O  R  B I  E ,  fur  la  Stour  ,  appellée  auffi  Cantorberi  , 
Kenterburi,ouCaër-Kent,viUe  d'Angleterre  dans  le  Comté  deKent, 
.avec  Archevêché  8c  Primatie  du  Royaume.  Les  Anciens  lui  donnè- 
rent le  nom  de  Dorohemum  ou  Damvernum,  félon  Bede  8e  Anto- 
nin.  Elle  fiit  autrefois  le  fiége  des  Rois ,  durant  la  domination  des 
Saxons  ,  jufqu'au  règne  d'Ethelbert  V.  qui  la  donna  au  Moine 
Auguftin ,  que  le  Pape  Saint  Grégoire  le  Grandavoit  envoyé  en  An- 
gleterre, 8c  qui  fut  le  premier  Prélat  de  cette  ville.  Plufîeurs  de  fes 
Archevêques  ont  honoré  l'Eglife  par  lettrs  écrits ,  par  leur  fainteté. 
Se  par  leur  martyre.  Théodore ,  Saint  Anfelme ,  8c  Saint  Thomas 
font  des  plus  confiderables.-  Le  temple  dédié  en  l'honneur  de  ce 
dernier  a  été  un  des  beaux  édifices  du  pais,  enrichi»  de  grandes  fta- 
tuës  de  marbre  8c  d'argent  maffif  ,  qu'Henri  VIII.  Roi  d'Angle- 
terre fît  enlever ,  auffi  bien  que  le  revenu  de  l'Archevêché ,  qui  étoit 
de  trois  cens  foixante  mille  livres.  Cantorberi  eft  une  des  plus  célè- 
bres villes  d'Angleterre ,  quoi  qu'elle  ne  foit  pas  des  plus  grandes.Sa 
fituation  eft  très-agréable ,  la  rivière  la  di  vife  en  deux ,  il  y  a  trois  ou 

xm.  ;/..  .--         -  -  ^    -- 


en  un  combat  fingulier,  qui  les  fit  amis ,  il  l'obligea  de  partager  avec 
lui  le  Royaume.  Cependant ,  Edmond  ayant  été  tué ,  il  fit  punir  fes 
meurtriers ,  gouverna  lui  feul  le  Royaume,porta  la  guerre  en  Suedci 
conquit  la  Norwege,  Se  fit  relever  la  couronne  d'Ecoffe  de  la  fienne.i 
Il  alla  en  pèlerinage  à  Rome,  l'an  1017.  Se  aquit  le  furnom  de 
Grand.  11  mourut  l'an  1035-.  Se  laiffa  trois  filsjHarald ,  à  qui  ildon-^ 
na  y  Angleterre  ;  Canut ,  qui  eut  en  partage  le  Danemarc;Suvir ,  Ror 
deNorwegejSc  une  fille  nommée  Elfgine  mariée  à  l'EmpereurHen-* 
ri  III.  Il  avoit  eu  Canut  8c  Elfgine  d'Emme  de  Normandie.  *  Mat- 
thieu de  Weftmunfter.H»/?.  .^ngl.  Polydore  Virgile.Du  Chefne,8cc.  ' 

CANUT,II.  fils  de  Canut  I.8e  d'Emme  de  Normandie ,  fut  pre-' 
mierement  Roi  de  DanemarcEe  puis  d'Angleterre.  Il  fùccéda  à  fon 
frère  Harald ,  qui  mourut  peu  de  tems  après  fon  couronnement  en 
1 040.  Les  Anglois  le  reçurent  très-bien  ;  mais  il  reconnut  mal  cette 
affeâ:ion,car  il  fit  mourir  plufieurs  Princes  Se  Grands  du  Royaume, 
8c  chargea  le  peuple  de  beaucoup  de  fubfides.  Pour  vanger'les  inju- 
res qu'Harald  avoit  faites  à  là  mère  Emme,  il  le  fit  déterrer  8c  fit  jet- 
ter  fa  tête  dans  la  Tamife.  Deux  ans  après  fon  avènement  à  la  cou- 
ronne ,  s'étant  trouve  à  une  noce  dans  un  bourg  nommé  Lambeth  ^ 
il  fe  laiflà  tomber  de  fon  fiége  Se  fe  tua  l'an  1 041  .On  crut  qu'il  avoit 
été  empoifonné,  8c  ne  régna  que  deux  ans.  Cependant,  les  Anglois 
prirent  les  armes ,  chafferent  les  Danois ,  8c  firent  une  loi ,  qu'on 
ne  fouifriroit  jamais  le  fceptre  entre  les  mains  d'un  Prince  de  ce 
païs.  *  Polydore  Virgile  8c  du  Chefne,  Bift.  Angl.&c. 

CANUT,  I.  de  ce  nom.  Roi  de  Danemarc  dans  le  IX.  Siècle.' 
fuccéda  à  Eric  III.  fon  père ,  qui  s'étoit  fait  Chrétien.  Il  avoit  aufll 
reçu  le  Baptême,8e  enfuite,  felaillant  tromper  par  quelques  Payens 
ilapdftalialâchement,renonçant  à  la  Religion,que  Froton  fon  fuc- 
ceffeur  rétablit.  *  Saxon  le  Grammairien ,  Hifi.  Dan, 

CANUT ,  II.  8e  III.  Rois  de  Danemarc.  Cherchez  Canut  V 
Se  II.  Rois  d'Angleterre. 

CANUT ,  IV.  de  ce  nom ,  Roi  de  Danemaircnommé  k  Saint  8c 
le  Martyr,  étoit  frère  d'Herald  ou  Herold  le  Fainéant ,-  auquel  iJ 
fuccéda  l'an  1 074.  Il  entreprit  l'expédition  d'Angleterre ,  où  il  per- 
dit la  vie  par  la  malignité  des  impies.  Ce  Prince  fort  dévot  gclbu- 
mis  au  Saint  Siège  fut  tué  dans  l'Eglife  de  Saint  Alban ,  8c  mis  au 
nombre  des  Martyrs  ;  ce  qui  arriva  l'an  i  oSf.  Un  de  fes  fils ,  da 
fon  nom ,  qui  fouflf  it  aufli  le  martyre ,  fut  canonifé  par  le  Pape  A- 
lexandrelll.en  1164.  L'Eglife  faitfàfête  le  ip.du  mois-de  Jan- 
vier. 

CANUT,  V.  Roi  de  Danemarc,  fùccéda  à  Eric  V.versl'aii 
1 147  ,  8c  il  fut  tué  par  Suenon  dans  un  feftin,vers  l'an  i  J^-f  .*Meur- 
fius  8c  Pontanus,  Hiji.  Dan. 

CANUT,  VI.  fils  deValdemar  I.  8c  de  Sophie  fœurdeCanuÉ 
V.  régna  quelque  tems  avec  fon  père;  8c  lui  fuccéda  en  1185-.  Il  fit 
la  guerre  aux  peuples  delà  Pomeranie,  s'oppofa  à  quelques  fedi- 
tieux ,  Se  mourut  vers  l'an  1 2 1  o.  On  dit  qu'il  avoit  époufé  Mathilda 
fille  d'Henri  le  Lw»  Duc  de  Saxe.  *  Pontanus,  Hijt.  Dan. Benvis, 
in  Comment.  Germ.  ér-^, 

F  Qk 


4i 


CAN.  CAP. 


CAP. 


CANUT,  Roi  de  Suéde  dans  le  XII.  Siècle  ,  étoit  fils  d'Eric   la  Relation  de  fon  voyage  de-Siam,  d'oiiil  eft  revenu  avec  les  Am- 


IX.  furnommé  le  Saint.  Il  tua  Charles  VII ,  qui  étoit  foupçonne 
d'avoir  eu  part  à  la  mort  de  fon  père  ;  8c  régna  vingt-trois  ans  avec 
beaucoup  de  gloire  &  de  bonheur.  Il  mourut  vers  l'an  i  zp  i .  ou  9  3 . 
*  Magnus,  Hifi.  de  Suéde,  (yc. 

CANUT,  (Jean  Sebaftien)  natif  de  Guataria  dans  kBifcaye , 
fameux  Pilote ,  vivoit  aucommencementduXVI.Siecle.il  partit 
deSeville  l'an  lyip.  avec  Ferdinand  Magellan  Portugais,  Capitaine 
de  cinq  vaiflèaux ,  Ibus  les  aufpices  de  l'Empereur  Charles  Quint. 
Ils  découvrirent  le  détroit  dit  de  Magellan,  du  nom  de  Ferdinand, 
lequel  étant  arrivé  par  la  mer  du  Sud  aux  Moluques ,  y  mourut  de 
poilbn,  ou  comme  les  autres  diiênt,  en  combattant  auxIflesBo- 
ruflès,  que  quelques-uns  preimentpour  les  Philippines.  Canut  ra- 
mena un  feul  vaifTeau  des  cinq,  lequel  fut  nommé  laviUoire,  Il 
arriva  au  port  de  Seville  l'an  i  ji  2 .  ayant  mis  trois  ans  à  faire  tout  ce 
tour  du  monde  par  eau.  L'Empereur  lui  donna  une  chaîned'or  avec 
la  figure  d'un  Monde,  &ccetteinCcn'ption,?ri>?iuscircH!ndediftitne. 
,*Orofius,  //. ii.Maffée,  /i. S.Mariani,  /».  z6. 

CANUTIUS,  (Tiberius)  Tribun  du  peuple,  fe  déchaîna  con- 
tre Antoine ,  qui  étoit  tenu  pour  ennemi  de  la  République  :  mais 
cette  grande  liberté,  qu'il  prit  à  l'exemple  de  Ciceron ,  lui  coûta  la 
vie ,  auffi  bien  qu'à  cet  illuftre  Orateur.  Antoine  2c  Céfar  lui  ayant 
reproché  que  dans  l'adminiftration  de  fa  charge  il  fuivoit  les  inftruc- 
tions  d'Ifauricus,  qui  avoir  été  Conful,  il  répondit  qu'il  aimoit 
mieux  être  fon  difciple  que  celui  du  calomniateur  Epidius.  *Vell. 
Paterculus,     SUP. 

CAP,  c'eft  ce  que  les  Anciens  nommoient  promontoire ,  qui  eft 
une  pointe  de  terre  élevée  &  avancée  en  mer,  laquelle  on  peut  dé- 
couvrir de  loin,  Scquifert  ordinairement  de  marque  aux  Pilotes 


baffadeurs. 

Les  peuples ,  qui  habitent  la  pointe  Méridionale  de  l'Afrique  vers 
leCapdeBohneEfperance,  font  partagez  en  diverfes  nations ,  qui 
ont  toutes  la  même  forme  de  vivre.Leur  nourriture  ordinaire  eft  du 
lait  8c  la  chair  des  troupeaux ,  qu'ils  nourriflènt  en  grande  quantité. 
Chacune  de  ces  nations  a  fon  Chef  ou  Capitaine,  auquel  elle  obéît: 
8c  cette  charge  eft  héréditaire.  Le  droit  de  fucceifion  appartient  aux 
aînez,a  qui  les  cadets  doivent  rendre  fervice ,  fans  avoir  aucune  part 
à  l'héritage.  Leurs  habits  ne  font  que  de  limples  peaux  de  moutons 
avec  la  laine ,  préparez  avec  de  l'excrément  de  vache  8c  une  certaine 
graiflè,  qui  les  rend  infupportables  à  la  vue  8c  à  l'odorat.  Ces  peu- 
ples n'ont  aucune  connoiflânce  de  la  création  du  Monde  :  ils  ado- 
rent pourtant  un  Dieu,  à  qui  ilsfacrifientdes  viâimes,  pour  en 
obtenir  tantôt  la  pluye ,  tantôt  le  beau-tems,felon  leurs  befoins  :  car 
ils  n'attendent  point  d'autre  vie  après  celle-ci.  Avec  tout  cela  ils  ne 
laiflèntpas  d'avoir  de  bonnes  qualitez ,  étant  ordinairement  fidèles 
êc  charitables  les  uns  envers  les  autres ,  8c  puniiTant  l'adultère  8c 
le  larcin  comme  des  crimes  capitaux.  La  principale  nation  eft  celle 
des  Souquas  ,  que  les  Européens  appellent  Hoientots ,  peut-être, 
parce  que  ces  peuples  ont  continuellement  ce  mot  à  la  bouche ,  lors 
qu'ils  rencontrent  des  étrangers.  Leur  pais  eft  vers  la  côte  Orien- 
tale 8c  Méridionale.  Comme  ils  font  agiles,  robuftes,  hardis.  Se 
plus  adroits  que  les  autres  à  manier  les  armes  qui  font  la  is.~ 
gaye  ,  ils  vont  fervir  chez  les  autres  nations  en  qualité  de  fol- 
dats;  8cainliil  n'y  en  a  pas  une  qui  outre  ceuxdupaïs  n'ait  enco- 
re des  Souquas  qui  compofent  fa  milice.  Ils  font  adonnez  à  la 
chaffe ,  8c  tuent  avec  beaucoup  d'adreffe  des  élephans ,  des  rhi- 
nocéros,  des  élans ,  des  cerfs ,  des  chevreuils ,  8c  plufieuf  s  autres 


poui-reconnoître  les  côtes.  Les  François  appellent  un  promontoire  |  fortes  d'animaux,  dont  il  y  a  une  prodigieufe  quantité  aux  environs 
Cap  ;  les  Italiens ,  Capo  8c  Vunta  ;  les  Efpagnols ,  Cahos,  les  Angl  ois,  j  du  Cap.  Les  Hotentots  étant  perfuadez  qu'il  n'y  a  point  d'autre  vie, 
Vomt,  End,  S^Head,  c'eïi-l-àke,  pointe,  Jln,  èctéte-,  les  HoUan-  ,  ne  travaillent  qu'autant  qu'il  faut  pour  paflér  doucement  celle-ci. 
dois  Hoek  ;  tous  mots  qui  fignifient  la  même  chofe.  SUP.  A  les  entendre  parler  ,  lors  même  qu'ils  fervent  les  Hollandois  pour 

CAP-D'AGUER.  ,  ou  Santa-Cruz  ,  ville  de  la  province  de  ,  avoir  un  peu  de  pain ,  de  tabac,  8c  d'eau  de  vie,  ils  les  regardent 
Sus,  dans  le  royaume  de  Maroc  en  Afrique  ,  fituée  fur  la  côte  comme  desEfclaves,qui  viennent  cultiver  les  terres  de  leur  pais  avec 
au  bas  d'un  cap  que  fait  le  Mont  Atlas,  entre  les  villes  deMeflà  gc  beaucoup  de  peine ,  au  lieu  d'y  vivre  en  repos ,  ou  de  s'occuper  à  la 
de  Tefrane.  Cette  place  doit  lès  commencemens  à  un  Gentilhom-  j  chaiTe.  Mais  quelque  bonne  opinion  qu'ils  ayent  d'eux-mêmes ,  ils 
me  Portugais,  lequel  vers  l'an  ïfoo.  y  bâtit  à  fes  dépens  un  châ-  !  mènent  une  vie  miferable.  Ils  font  mal-propres  jufqu'à  l'excès '*& 
teaude  bois  pour  la  fureté  de  la  pêche  des  morues  8c  d'autres  poif-   il  femble  qu'ils  s'appliquent  à  fe  rendre  affreux.  Quand  ils  veulent 


î'engraiflènt  aulTi  la  tête,8c  e'eft  ce  qui  fait  que  leurs  cheveux  s'a- 
Roi  de  Portugal  voyant  l'importance  de  ce  pofte  pour  la  navigation  maffent  en  petites  toufes ,  auxquelles  ils  attachent  des  pièces  de  cui- 
de  ces  mers,  8c  pour  la  conquête  de  l'Afrique,  acheta  ce  château,  j  vre  ou  de  verre.  Les  plus  confiderables  parmi  eux  portent  auflî 
8c  y  fit  bâtir  une  ville  bien  fortifiée,  où  il  mit  une  bonne  garnifon  '  pour  omemens  de  grands  cercles  d'y  voire,  qu'ils  paflènt  dans  leurs 
avec  quantité  d'artillerie.  De  là  les  Portugais  faifant  des  courfes  par  '  bras ,  au-deffus  8c  au-deflbus  du  coude.  Les  femmes ,  outre  cet 
tout,avecplufieurs  Arabes  8c  Africains,  qui  s'étoient  faits  leurs  Vaf-j  habit,  s'entourent  les  jambes  de  petites  peaux  taillées  exprès,  ou 
faux ,  fe  fuflènt  rendus  maîtres  du  pais ,  fans  la  découverte  des  In-  ;  d'inteftins  d'animaux  :  8c  fe  font  des  colliers  8c  des  ceintures  avec  de 
des  qui  leur  fembla  plus  avantageufe.Cette  ville  fiitprifeen  1^35.  'petits  os  de  différentes  couleurs.  On  dit  qu'ils  ont  quelque  connoiA 


-    -  .  .  Quand  une  femme  a  perdu  Ion  premier 

*^^-  mari,  elle  eft  obligée  de  fe  couper  autant  de  jointures  dedoigt,  en 

CAP  DE  BONNE  ESPERANCE  ,  promontou-e  a  la  pointe  '  commençant  par  le  petit,  qu'elle  fe  remarie  de  fois.  Les  hommes 
de  la  côte  des  Cafres  en  Afrique.  Les  Hollandois  ont  proche  de  ce  1  fe  font  demi-Eunuques  de  jeuneflè ,  croyant  que  cela  fert  beau- 
cap  un  fort  à  cinq  battions  ,  8c  environ  cent  maifons  d'habitans  !  coup  à  augmenter  l'agilité.  Leurs  cabanes  font  faites  de  branches 
éloignées  du  fort  d'une  portée  de  moufquet.Ces  maifons  font  auf-  |  d'arbres ,  couvertes  de  peaux  8c  de  nattes ,  en  forme  de  tentes    La 


fi  propres  dedans  8c  dehors ,  que  celles  de  Hollande ,  8c  la  plupart 
des  habitons  y  font  Catholiques ,  quoiqu'ils  n'ayent  pas  la  liberté  d'y 
exercer  leur^ Religion.  La  fituation  en  eft  belle  ,  8c  le  climat  y  eft 
aflèz  doux.  Leur  Printems  commence  en  Oftobre ,  leur  Eté  en 
Janvier,  l'Autonne  en  Avril,  8c  l'Hyver aumois  de  Juillet.  Les 
chaleurs  y  font  fort  grandes,  mais  ily  a  toujours  un  vent  qui  ra- 
fraîchit l'air.    La  Compagnie  HoUandoilè  des  Indes  Orientales  y  a 


deuxième  nation  des  habifans  du  Cap  eft  celle  des  Namaquas,veis  la 
côte  Occidentale.  Ces  peuples  font  en  réputation  dans  le  pais , 
8c  font  efljmcz  guerriers  8c  puiffansiquoi  que  leurs  plus  grandes  for- 
ces ne  palTent  pas  deux  mille  hommes  portans  les  armes.  Ils  font 
tous  d'une  taille  avantageufe ,  8c  robuftes ,  8c  ont  un  bon  fcns  natu- 
rel, rient  rarement,  8c  parlent  fort  peu.  La  troifiém«  nation  efl: 
ce]ïe  des  Uéiquas,  qui  font  au  milieu  des  terres  :  ceux-ci  font  lar- 


un  très-beau  jardm,  où  l'on  voit  dans  quatre  compartimens  des  ar-  rons  8c  voleurs  de  profeffion:  8c  quoiqu'ils  ne  puiflent  pas  mettre 
bres  8c  des  plantes  les  plus  rares  de  l'Europe,  de  l'Afie,de  l'Afrique,  cinq  cens  hommes  fur  pié ,  il  n'eft  pas  aifé  de  les  vaincre  parce  qu'ls 
&de  l'Amérique.  Au  delà  d'une  grande  montagne  voifme ,  qui  eft  '  ont  des  retraites  dans  des  montagnes  inacceffihks.  Les  Gouriauat 
remplie  d'une  mfimtedegrosfmges,ilyauneplamedeprèsdedix   font  proche  de  la  côte  Orientale  vers  le  Nord,  8c  n'ont  pas  beau- 


lieuës ,  où  les  Hollandois  ont  fait  bâtir  des  habitations ,  qui  le  peu- 
plent tous  les  jours.  La  terre  y  eft  très-bonne ,  8c  rapporte  du  blé 
&  de  toute  forte  de  grains  en  abondance.  Les  naturels  du  pais  ont 
la  phyfîonomie  fine  en  apparence,  mais  Us  n'ont  point  d'efprit.  Ils 
vont  tout-nuds  à  la  réferve  d'une  peau ,  dont  ils  fe  couvrent  le  dos  8c 
ce  que  la  pudeur  fait  cacher.  Leur  nourriture  ordinaire  n'eft  que  de 
lait  8c  de  beurre ,  8c  ils  ne  mangent  gueres  de  viande ,  ni  de  poiffon. 
Ils  ont  une  racine  qui  a  le  goût  de  noifètte ,  qu'ils  mangent  au  lieu  de 
pain-  Ils  font  eux-mêmes  leurs  Médecins  8c  leurs  Chirurgiens ,  fe 
lèrvant  de  fimples  qu'ils  connoiflent  pour  guérir  leurs  maladies  8c 
leurs bleflures.  Les  plus  grands  Seigneurs  font  ceux  qui  ont  le  plus 
debeftiaux,  qu'ils  vont  garder  eux-mêmes.  Ils  n'ont  point  de  Re- 
ligion. Ils  font  feulement  quelques  cérémonies ,  lors  que  la  Lune 

eft  pleine.  Ce  pais  eftremplidebêteslàuvages,  8c  il  y  a  une  gran- 
de quantité  de  lions,  de  tigres,  de  léopards,  de  chiens fauvages, 
'  de  loups,  d'élans,  8c  d'élephans.  Les  originaires  de  ce  pais  n'ont 

pour  armes  qu'une  lance,  dont  le  fer  eft  empoifonné ,  afin  défaire 

mourir  promptement  ces  animaux ,  quand  ils  les  ontblefTez.    On 

y  voit  beaucoup  de  gibier  de  toutes  fortes ,  particulièrement  des 

cerfs ,  dont  le  nombre  eft  prodigieux.  Il  y  a  quantité  de  chevaux 

fauvages,  qui  font  très-beaux ,  8c  ont  la  peau  diverfifiée  de  rayes 

blanches  8c  noires  :  mais  on  a  bien  de  lapeineàlesdomter.  La  mer 

en  cette  baye  eft  fort  poifTonneufe,  8c  les  loups  marins  approchent 

fouvent  des  vailTeaux ,  mais  il  eft  difficile  de  les  tuer ,  parce  qu'ils 

font  cent  tours.  Les  eaux  des  fontaines  8c  des  rivières  y  font  excel- 
lentes.   On  dit  que  les  Hollandois  y  ont  trouvé  des  mines  d'or  8c    tout  ce  que  Je  viens  de  rémarquer ,  on  voit  afléaque  cette  partie  de 

dargent.  Se  qu  lis  les  tiennent  cachées.  *Mandeflo,  tom.  2.  d'O-   l'Afrique  n'eftpas  moins  peuplée,  ni  moins  fertile ,  que  les  autres 

learws.  Voici  ce  que  le  P.Tachard  nous  a  appris  de  ce  païs  dans   qui  font  déjà  découvertes  :&  que  les  peuples  qui  l'habitent  ne  font 


--       -_tpast 

coup  d'étendue.  Les  Gajpquas ,  qui  font  aux  environs  de  l'embou- 
chure du  Fleuve  fans-fin,  font  riches  8c  puiflàns ,  mais  ils  ont  peu 
d'adreflè  dans  le  métier  de  la  guerre.  Les  Giriquas  au  contraire, 
qui  habitent  vers  la  côte  Occidentale,  font  grands  guerriers.  La 
feptiéme  nation  eft  celle  de  Soufiquas  ,c^i  font  les  plus  proches  du 
Cap,  dont  les  Odiquas  font  alliez. 

Dans  i/n  voyage  ,'que  le  Commandeur  du  Cap  de  Bonne  Efperan- 
cefiten  i68j-.  marchant  toujours  àdix  ou  douze  lieues  de  la  mer 
Occidentale ,  il  découvrit  quelques  nations  différentes  vers  le  vingt-* 
huitième  degré  de  latitude,  dans  un  païs  agréable  8c  abondant  ea 
toutes  fortes  de  fruits  8c  d'animaux.  Ces  peuples  font  beaucoup  plus 
traitables  que  les  autres.  Ils  ont  le  corps  bien  fait  8c  robufte:  Se 
ilslaiflènt  floter  leurs  grands  cheveux  fur  leurs  épaules.  Leurs  armes 
font  l'arc  8c  les  flèches,  avec  la  zagaye,  qui  eft  une  elpece  de  lan- 
ce. Leur  vêtement  eft  un  long  manteau  de  peau  de  tigre,  qui  def- 
cend  juiqu'aux  talons.  Parmi  eux  il  s'en  trouve  d'auffi  blancs  que 
les  Européens  :  mais  ils  fe  noirciffcnt  avec  de  la  graiflie  8c  de  la  pou- 
dre d'une  certaine  pierre  noire ,  dont  ils  fe  frottent  le  vifage  8c  tout 
le  corps.  Plufieurs  fe  connoiflent  fort  bien  en  minéraux  ,  qu'ils 
fàvent  fondre  8c  préparer  :  mais  ils  ne  les  eftiment  pas  beaucoup; 
peut-être,  parce  qu'il  y  a  une  grande  quantité  de  mines  d'or,  d'ar- 
gent ,  Se  de  cuivre  dans  leur  pais.  Leurs  femmes  font  naturelle- 
ment fort  blancnes  ;  mais  afin  de  plaire  à  leurs  maris ,  elles  fe  noir- 
ciflint  comme  eux.  Celles  qui  font  mariées  ont  le  delTus  de  la  tête 
rafé,  8c  de  grandes  coquilles  pointues  attachées  aux  oreilles.    De 


CAP. 

jni  cruels  ni  faroUches.Le  Sieur  Vanderfte]l>Coittmandeur  ou  Gou- 
verneur du  Cap  de  Bonne  Efpcrance  ,  le  reconnut  particulière- 
ment dans  Ion  voyage  de  lôSf.  dont  je  viens  de  parler.  Comme  il 
avoit  amené  avec  lui  deux  trompettes ,  quelques  haut-bois,  &  cinq 
ou  iix  violons ,  dès  que  ces  peuples  eurent  entendu  le  l'on  de  ces  inl- 
trumens,  ils  vinrent  enfouie,  8c  firent  venir  leurmufique  com- 
pofée  d'environ  trente  perfonncs ,  qui  avoientprefque  tous  des  inf- 
uumens  differens.  Celui  du  milieu  avoit  une  efjpece  de  Cornet  à 
bouquin  :  les  autres  avoicnt  des  flageolets  8c  des  flûtes.  Cette  fym- 
phonie  étoit  accompagnée  de  danfes  8c  de  fauts,pendant  que  le  Maî- 
tre de  muliquefetenoit  debout  pour  régler  la  mefure  8c  la  cadence 
avec  un  grand  bâton ,  qui  pouvoitêtre  vu  de  tout  le  monde.  *  Le 
P.  Tachard,  Jefuïte,  Voyage  deSiam.  Voyez  auiTi  la  defcription 
de  l'Afrique,  par  O.  Dapper.  SUP. 

CAP  de  Creuz.  Cherchez  Aphrodifée. 

CAP-DE-NON,  promontoire  ou  cap  fur  la  côte  de  la  province 
de  Sus,  au  royaume  de  Maroc.  Ilfutainfi  appelle,  à  ce  que  l'on 
croit,  comme  qui  diroitCaf  </«»()»«//>■/»,  parce  que  l'on  s'imagi- 
noit,il  y  a  trois  cens  ans ,  qu'il  n'y  avoit  point  de  terre  plus  Occiden- 
tale ,  8c  qu'on  ne  pouvoir  aller  plus  outre ,  fans  fe  perdre  dans  l'O- 
céan. *  Baudrand.  SUP. 

CAPACCIO,  ou  CapaccioNuevo,  Caput  aqueum;  ville  d'I- 
talie dans  la  Principauté  citerieure ,  au  royaume  de  Naples  ,  avec 
Evêché  fùftragant  de  Salerne.  C'efl:  une  ville  nouvelle,  lituée  dans 
une  plaine,  étant  autrefois  lur  une  montagne ,  où  en  font  les  rui- 
nes qui  ont  encore  le  nom  de  Capaccio  Vecchio. 

CAPACCIO ,  (Jule  Céfar)  a  été  en  eftime  au  commencement 
du  XVII.  Siécle.Il  étoit  de  Campagna  dans  le  royaume  de  Naples, 
où  fes  parens  n'avoient  rien  qui  les  diftinguât  parmi  leurs  citoyens. 
Son  mérite  a  procuré  des  honneurs  à  fa  famille  ,  qui  la  relèvent 
par-defllis  les  autres ,  qui  lui  étoient  égales.  Il  étudia  à  Naples , 
&  ayant  beaucoup  d'inclination  pour  les  Lettres ,  il  s'y  avança 
extrêmement.  Il  apprit  la  Philofophie ,  la  Juriiprudence  Civile  & 
Canonique ,  8c  enfuite  il  s'attacha  à  la  leélure  des  Poètes  8c  des 
Hiftoriens.  Comme  il  avoit  un  mérite  fmgulicr ,  onlechoiiitpour 
être  Secrétaire  de  la  ville  de  Naples.  Il  tut  un  de  ceux  qui  con- 
tribuèrent le  plus  à  établir  l'Académie  de  gli  Oziojè  dans  la  même 
ville.  Ffançois  de  la  Rovere  Duc  d'Urbin  l'engagea  à  fe  charger  de 
l'éducation  du-Prince  fon  fils ,  &  ce  fut  durant  ce  tems  que  Giulio 
Celàre  Capaccio  compofa  une  partie  des  Ouvrages  que  nous  avons 
de  lui.  Il  mourut  en  163 1.  lia  écxitTrattato  dell'  Imprefe.  Il  Se- 
eretario.  Tredkhe  .^adragefimali.  Il  Principe.  Hijloria  Puteolana. 
Kiftoria  Napolitana  ,  éi>c.  *  Lorenzo  CraflTo  ,  Elog.  d'Huom.  Let- 
ttr.  P.  I. 

CAP  ACE,  (Scipion)  a  écrit  du  royaume  de  Naples.  Il  enefl: 
fait  mention  dans  Laurent  Crailb ,  Elopa  Litteratorum. 

C  A  P  A  N  E'  E ,  un  des  Capitaines  qui  fe  trouvèrent  au  fiége  que 
Polynice  mit  devant  Thebes ,  vers  l'an  2833.  du  Monde.  Il  fut  le 
premier  qui  pofa  l'échelle  fur  les  murailles  de  cette  ville  aflTiégée. 
C'eft  pour  cela  que  les  Poètes  ont  feint  qu'il  fit  la  guerre  à  Jupiter. 

•  Apollodore ,  Hygin ,  8c  Stace  dans  fa  Jhebaïde. 

,  CAP  AX,  dans  l'Ordre  de  Malte,  eft  le  nom  que  l'on  donne 
aux  Chevaliers  qui  ont  fait  cinq  années  de  rélidence  à  Malte,  8c  qua- 
tre caravanes  ;  8c  font  en  état  de  parvenir  à  la  Commanderie. 
SUP. 

CAPE  CE,  (Ettore)  de  Naples  ,  célèbre  Jurifconfulte,  que 
Philippe  IV.  Roi  d'Efpagne  employa  en  diverfes  occafîons.  11  a 
compofé  quelques  Ouvrages  de  Droit,  8c  il  eft  mort  le  10. Août 
de  l'an  16^4.  Lorenzo  CraflTo,  Elog.  d'Huom.  Letter. 

C  A  P  E  C  E ,  Fabio.-  Cherchez  Galeota. 

CAPECE,  (Scipion")  de  Naples,  a  vécu  vers  l'an  ij-j-o. Il 
compofa  divers  Ouvrages  en  vers ,  8c  entre  autres  Deprincipiti  rerum 
lié.  II.  De  D.  Joanne  Baptijla.  lib.  III.  iQ'C.    *   Lorenzo  Craflâ , 
'S.log.  d'Huom.  Leitre. 
■   C  A  P  E  L ,  (Ange)  (Guillaume)  (Louis.)  Voyez  Cappel. 

C  '\  P  E  L  A  N ,  montagne  à  douze  journées  de  Siren ,  capitale 
du  royaume  de  Pegu ,  danslaprefqu'iÔe  de  l'Inde  au-delà  du  golfe 
deBengala.  Il  y  a  une  mine,  d'où  l'on  tire  une  grande  quantité  de 
rubis ,  de  topazes  jaunes ,  de  faphirs  bleus  8c  blancs ,  d'hyacinthes, 
d'amethyftes,  8c  autres  pierres  précieufes  de  différentes  couleurs. 

*  Tavernier ,  Voyages  des  Indes.  SUP. 

CAPELLA,ou Martianus  Mineus Félix Capella.  On  ne  fait 
pas  bien  en  quel  tems  il  vivoit.  On  ignore  de  même  s'il  étoit  Car- 
thaginois, ou  Romain.  Il  y  a  apparence  qu'il  a  vécu  au  commen- 
cement du  VI.  Siècle ,  parce  qu'il  eft  cité  par  Boëce^  on  eftime  auf- 
lî  que  l'Afrique  étoit  fa  patrie ,  8c  il  eft  nommé  parmi  les  Confulai- 
res.  11  a  écrit  de  Nuptiis  Philologis,  lib.  VII.  Francifcus  Vitalis  les 
fit  imprimer  la  première  fois  à  Vicence  l'an  1499. Depuis,  en  15-77. 
on  les  publia  avec  des  Notes  de  Bonaventure  Vulcanius ,  8c  enfin 
Hugues  Grotius  en  donna  une  édition  beaucoup  plus  correfte  en 
l^^^.in  oiîavo.  Voyez  la  Préface ,  8c  confultez  Vollius  de  Hiji.  Lm. 
3.^.7  1 2.  de  Math,  de  Poët.  Lat.  ^c. 

CAPELLA,  Poète  Latin ,  vivoit  fous  l'Empire  de  Jule  Céfar 
.  ou  d'Augufte.  Il  compofoit  des  Vers  Elegiaques,8c  Ovide  fait  men- 
tion de  lui,  li.  4.  de  t'ont,  el.  16. 

Clauderet  imparibus  verba  Capella  modis. 

CAPELLA,  Orateur,  qui vivoitdanslell. Siècle.  Il  fut  un 
de  ceux  que  l'Empereur  Marc  AureleAntonin/ei'&/o/o;i^e  choiiit 
pour  l'éducation  de  Commodus  Ion  fils,  qui  profita  très-mal  des 
foins  de  fes  maîtres.  *  Lampridius ,  in  Commod. 

CAPELLA,  ou  DE  Capilla,  (André)  Evêque  d'Urgel  en  Ca- 
talogne, étoit  de  Valence  eu  Efpagne.  Dès  fon  jeune  âge  il  en- 
tra parmi  les  Jefuïtes,  8c  s'y  avança  beaucoup  dans  les  fciences  8c 
dans  la  pieté,aufli  y  fut-il  eftimé,&c  il  y  eut  même  la  charge  de  Maî- 
tre des  Novices.  Vers  l'an  15-69.  il  entra  parmi  les  Chartreux, 
pour  y  vivre  caché  dans  la  folitude.  Mais  non  ièulement  011  lui  don- 
lom,  II.  ~  - 


CAP,,  ^1 

na  le  gouvernement  de  diverfes  maifons  de  fon  Ordre  ;  ftiais  inémé 
le  Roi  Philippe  II.  le  nomma  ,  en  vertu  d'un  Bref  Apoftolique* 
pour  vifiter  quelques  Monafteres  des  Benediftins  de  Catalogne.  Il 
eut  encore  d'autres  emplois  importans,8c  en  i^-S;.  il  fut  nommé 
a  l'Evêchéd'Urgel,qu'il  gouverna  avec  beaucoup  de  prudence  i-»; 
ansdefuite,  8c  mourut  le  22.  Septembre  en  1610.  Andréde  Ca- 
pilla favoit  le  Latin ,  le  Grec ,  8c  l'Hébreu  ,  8c  il  s'attacha  parti- 
culièrement à  l'étudede  l'Ecriture.  Il  a  compofé  des  Commentai- 
res fur  Jeremie  en  Latin,  8c  divers  autres  Ouvrages  cnEfpagnoIi 
comme  des  Conliderations  fur  les  Dimanches  de  l'année,  fur  les 
jours  du  Carême,  &c  les  fêtes  des  Saints ,  8cc.  *  Jofeph  de  VaUesi 
m  Hiji.  Cart.  Hifp.  Petreius,  Bibl.  Cart.  Le  Mire,  dé  Script.  Sxc. 
XVII.  Nicolas  Antonio ,  Bibl.  Script.  Hifp.  ^c. 

LACAPELLE,  fortercffe  de  France  en  Picardie;  Elle  effi 
dans  cette  contrée  dite  le  Tierache,  vers  les  frontières  du  Hainautj 
environ  à  une  lieue  de  la  rivière  d'Oyfe.qu'elle  a  au  Midi.entre  Lan-^ 
dreci ,  Avefne ,  8c  Guile.  La  Capelle  fut  bâtie  dans  le  XVI.  Siècle  ^ 
pour  s'oppofer  à  ceux  des  Pais  Bas ,  qui  faifoient  des  courfes  dans  las 
Picardie.Dans  le  XVII.  Siècle ,  elle  a  été  fouvent  prife&  reprife.En 
16^6.  les  Efpagnols  la  prirent  fur  le  Baron  du  Bcc,&  l'année  d'après 
le  Cardinal  de  Ja  Valette  la  leur  enleva;  8c  il  perdit  en  ce  fiéo-e  le  Sieur 
de  Bufli  Lamet,  8c  le  Sieur  de  Rambures.  Elle  a  été  aufli  prife  8c  re- 
priiè  d'autres  fois. 

CAPELLIEN,  Préfet  de  la  Mauritanie ,  pour  l'Empereur 
Maximin ,  fur  la  fin  du  III.  Siècle.  Il  attaqua  les  deux  Gordiens,pere 
8c  fils,  qui  s'étoientfait  déclarer  Empereurs  en  Afrique,8c  avoient 
obtenu  que  le  Sénat  approuvât  leur  ékaion.  Le  fils  âgédequaran- 
te-fix  ans  fut  tué  dans  la  bataille  ;  8c  on  ajoute  que  le  père  fe  donna 
lamortdedéplaifir,  l'an  237.  *  ]nk  d-pitolin,  dans  Gordien. 

CAPELUCHE,  Bourreau  de  Paris ,  fe  mit  à  la  tête  des  fédi- 
tieux,  au  mois  d'Août  de  l'année  141  S.  8c  prit  le  parti  du  Duc  de 
Bourgogne,  pendant  les  faftions  des  Armagnacs  8c  des Bourgui- 
gnons.Cette  émotion  ayant  été  appaifée  quelques  jours  après,  Cape- 
luche.qui  beuvoit  à  la  Rapéc  dans  les  Halles.fut  pris,  8c  décapité  par 
ordre  du  Duc  de  Bourgogne,parce  qu'il  s'étoit  trop  familiarifé  avec 
lui ,  Jufques-là  que  le  Duc  ne  le  connoiflànt  pas ,  avoit  fouffert  qu'iî 
lui  eût  touché  dans  la  main.  Ce  Prince  fit  peut-être  réflexion  fur 
ce  que  le  jeune  Pline  appelle  l'attouchement  du  Bourreau  ,fœdtiM 
contagium.  (Epifl.  1 1 .  /.  4.)  *  Jean  Juvenal  des  Urilns  ,  Hiftoire  dti 
Roi  Charles  VI.  SUP. 

CAPERNAUM.  Cherchez  Capharnaiim. 

CAPES  ,  rivière  du  royaume  de  Tunis  en  Afrique  ,  vient  du 
Mont  Atlas ,  8c  va  fe  décharger  dans  la  mer  Méditerranée ,  proche 
de  la  ville  de  Capes ,  où  eft  le  golfe  de  même  nom.  Son  eau  eft  fàlécj 
8c  fi  chaude  quand  on  la  puilè,  qu'il  la  faut  laiiTer  rafi-aîchirà  l'air  ^ 
une  heure  avant  que  d'en  boire.  *  Marmol,  de  l'-iifrique,  1. 1 .  SUP. 

CAPET ,  furnom  de  Hugues  Comte  de  Paris  8c  Duc  de  France  < 
fils  de  Hugues  le  Grand.  Cherchez  Hugues  Capet. 

CAPET,  (Jean)  Chanoine  de  Lille  en  Flandres,  où  il  avoit  pris 
naiflTanCe,  8c  Dodireur  de  Louvain  ,  vivoit  fur  la  fin  du  XVI.  Siè- 
cle, 8cmourutle  12. Mai  de  l'an  15-99.  Il  a  écrit  divers  Ouvrages 
remplis  d'érudition  8c  de  pieté ,  comme  des  Commentaires  furies 
Epi  très  de  Saint  Paul  8c  fur  les  Canoniques.  De  ver  a  Chrijii  Ecclefta, 
dcque  Ecclefis  ^  Scripturs,  auBontate.  De  htrefi  g^  modo  coërcendi 
h&reticos.  De  origine  Caaoaicorum  ^  eorum  officia,  (^c.  *  ValerCj 
André,  Bibl.Belg. 

CAPETANS,  ou  Capétiens,  nom  que  l'on  donne  aux  Rois 
de  France  de  latroifièmerace,  qui  a  commencé  par  Hugues  Ca- 
pet, l'an  987.  Louis  XIV.  furnommé  le  Grand  eft  le  trentième 
Roi  de  cette  famille. 

CAPETE ,  fixiéme  Roi  des  Latins ,  defcendu  d'Enée  ,  régna 
vingt-fix  ans ,  depuis  l'an  3064.  du  Monde.  D'autres  le  nomment 
Atys,  iEgyptus,  ScCapetusSylvius.  On  dit  qu'il  laiflû  Capys  Sylv 
vius,  dont  le  règne  fut  de  24.  ans,  8c  que  ce  dernier  fut  fuivi  d'un 
autre  Capetus  Sylvius  ,  qui  ne  régna  que  13.  années.  *TiteLive, 
MeiTala,  Eufebe,  8c  Denys  d'Halicarnafli. 

CAPETES ,  nom  des  Bourfiers  du  Collège  de  Montaip-u ,  fon- 
dez par  Jean  Standonc  en  1 48  o.  ainfi  appeliez,  parce  qu'ils  portoienï 
de  petits  manteaux ,  que  l'on  nommoit  anciennement  des  capes , 
ou  des  capets.  *  Malingre ,  Antiquités  de  Paris.  SUP. 

CAPGRAVE.  Cherchez  Catgrave. 

CAPHARE'E,  promontoire  fameux  de  l'ide  Eubée,  nommé 
axi)ourd'hm  Capo  deW  oro,  ou  dCapo  Figera ,  dixish.  pointe  Orien- 
tale de  l'ifle  de  Ncgrepont.  Il  eft  très-dangereux  pour  la  navigation, 
à  caufe  de  quantité  de  rochers ,  contre  lefquels  les  vaiilèaux  peu- 
vent heurter  dans  l'orage.  Il  eft  320.  milles  de  l'ifle  de  Schiro, 
à  12.  de  Carifto  ,  8c  à  70.  de  la  ville  de  Negrepont.  C'eft  où 
Nauplius  Roi  d'Eubée  vangea  la  mort  de  fon  fils  Palamede,quî 
fut  tué  par  la  trahilôn  d'UlyflTe.  Car  comme  les  Grecs  revenoient 
du  fiége  de  Troye  ,  Nauplius  fit  allumer  un  fanal  à  la  cime  dd 
cette  montagne ,  pour  faire  croire  pendant  la  nuit  que  c'étoit  un  ha-» 
vre ,  8c  ainfi  plufieurs  vaiflTeaux  vinrent  donner  contre  ces  rochers* 
8c  y  firent  naufrage.  Bochart  tire  ce  nom  du  Syriaque,  Ceipha-rus,^ 
c'eft-à-dire ,  écueil  brifant.  *  Virgile ,  Enéide, l.ii.  Ovide ,  Me-' 
tam.  4.  Prifcien.  SUP. 

CAPH  AR  N  AUM,ou  Capernaum,  villede  la  tribu  de  Neph- 
thali ,  vers  les  limites  de  Zabulon ,  fur  le  rivage  de  la  mer  Tibe- 
riade,  près  de  l'embouchure  du  Jourdain.  Elle  a  été  la  Métropo- 
litaine de  toute  la  Galilée,  où  Jesus-Christ  commença  àpublier 
les  premières  veritez  de  fa  dodtrine  ,  qu'il  y  confirma  par  un 
grand  nombre  de  miracles. Saint  Matthieu  y  faifbit  l'ofiice  de  Pu- 
blicain ,  quand  le  fils  de  Dieu  l'appella  pour  l'élever  à  l'Apoftolat/ 
Cette  ville  eft  aujourd'hui  défolee,  8c  cfepuis  que  Soliman  la  rèdui-  | 
fit  en  cendres ,  elle  n'cft  habitée  que  par  quelques  familles  de  Mau- 
res, qui  tirent  quelques  pièces  d'argent  des  pèlerins  qui  vontvi- 
iiter  les  lieux  faints. 

F  %  LE 


44  CAP.  y  CAP. 

"  LE  CAPI-AGA  ,q\i  Capou-Ag  asi  ,  eft  comme  le  Grand-Maître  années  par  ces  ^gm  Capitohm ,  à  la  façon  des  Olympiades.  L^â 
du  Serrail .  C'eft  le  prem  ier  en  dignité  8c  en  crédit  de  tous  les  Eu-  Chrétiens  y  bâtirent  depuis  en  l'honneur  de  la  Sainte  Vierge  une  E- 
nuques  blancs,  £c  il  eft  toujours  auprès  de  laperfonne  du  Grand  glife ,  dite  ^r«  C«/».  *Denys  d'HalicarnafTe,/;^.  4.  Hi/î.  Baronius: 
Seigneur,  en  quelque  lieu  qu'il  fe  trouve.  C'eft  lui  qui  introduit 
les  Ambaflàdeursà  l'audience  :&  routes  les  grandes  aftaires  paffent 
par  fes  mains,  pour  venir  à  la  connoiflance  du  Prince.  Sa  charge  le 
rend  néceflàire  à  tous  les  autres,  &  lui  attire  de  riches  préfens.Per- 
fonne  ne  peut  entrer  dans  l'apartement  de  l'Empereur,  ni  en  for- 
tir  ,  fans  fon  ordre  :  &  quand  le  Vifir  veut  lui  parler ,  c'eft  le  Ca- 
pi-Agaqui  le  préfente.  Il  porte  le  turban  dans  le  Serrail,  8c  va  par 
tout  à  cheval  par  le  privilège  de  fa  charge.  Il  accompagne  le  Grand- 
Seigneur  j  ufqu'au  quartier  des  Sultanes ,  mais  il  demeure  à  la  porte . 
èa.  table  eft  fervie  aux  dépens  du  Prince ,  8c  il  a  de  plus  dix  Sultanins 
par  jour,  qui  font  foixantc  livres  de  nôtre  monoye.  Il  s'eft  vu  des 
Capi-Agas  qui  font  morts  riches  de  deux  millions ,  ce  qui  retourne 
dans  les  cofres  du  Grand  Seigneur.  Si  le  Capi-Aga  quitte  fa  char- 
ge, 8c  fort  du  Serrail,  il  ne  peut  être  Bâcha.  *  Tavernier,  Rela- 
tion du  Serrail.  SU?. 

CAPILLA.  Cherchez  Capella. 

CAPILUPPI  ,  (Camille)  Italien  ,  fit  imprimer  l'an  ij-7î.  à 
Rome  un  Libelle ,  intitulé  les  Stratagèmes  ,  dans  lequel  il  parloit 
dumaïfacrede  la  Saint  Barthelemi  ,  8c  de  la  fuite  de  toute  cette 
àâion.  Il  yavoit  des  chofes  affez  fîngulieres,  touchant  les  motifs  \  8cdeBalbin,  qu'il  n'adreffe  àperfoime.   Il  en  avoit  fait  pluiieurs 
Se  les  raifons  qu'on  avoit  eues  de  fe  porter  à  cette  violence.  *  De    autres,  qui^ont  péri  par  l'injure  du  tems.  *  Voffius , /i.  i .  <^f  j  Jïi/î. 


App.  Ann.  érc 

CAPITOLIN,  nom  qui  fut  donné  à  Jupiter  ,  à  caufe  du 
temple  qu'il  avoit  au  Capitole.  Ce  Jupiter  Cafitolin  eft  diiferent 
de  Jupiter  Tenant ,  à  qui  Augufte  dédia  un  temple  ,  en  mémoire 
de  ce  qu'il  avoit  été  délivré  d'un  grand  péril ,  lorfque  marchant  la 
nuit  pendant  fon  voyage  d'Elpagne,  la  foudre  tomba  fur  fi  litière, 
8c  tua  celui  qui  la  conduifoit.  *  Suétone,  dam  Augufte.  SXIP. 

CAPITOLIN  ,  ou  Cornélius  Capitolinus  ,  vivoit  dans  le 
III.  Siècle.  Il  eft  Auteur  d'un  Ouvrage  que  nous  n'avons  plus  8c  qui 
eft  pourtant  allégué  par  Trebellius  Pollio,dans  la  vie  des  trente  Ty- 
rans ,  où  il  dit  après  Cornélius  Capitolinus ,  danslavie  d'Odénat, 
que  Zenobie  n'étoit  pas  feulement  une  des  plus  illuflxes,mais  enco- 
re une  des  plus  belles  femmes  de  l'Orient.  Un  autre  Caius  Julius  Ca- 
pitolinus fut  Conful  avec  l'Empereur  Aurelien ,  l'an  174. 

CAPITOLIN,  (Jule)  Hiftorien ,  vivoit  fur  la  fin  du  III.  Siècle 
8c  au  commencement  du  IV,  fous  le  règne  de  l'Empereur  Diode- 
tien,  àquiiladrellèlavie  d'Antonin  h  Débonnaire ,  8c  celle  de  Ve- 
rus.  Il  dédia  celle  de  Claude  Albin ,  de  Macrin,  des  deux  Maximins, 
8c  des  trois  Gordiens  à  Conftantin  ;  8c  il  a  fait  aulTi  celles  de  Maxime 


"rhou,  Hift.  ïi.  21.  &  j-j.LeMire,  de  Script.  Sm.  XVI. 

GAPILUPPI  ,  (Lelio)  de  Mantoué  ,  Poète  célèbre  ,  vivoit 
dans  le  XVI.  Siècle.  Jaques  Augufte  deThou  parle  de  lui  ,  après 
avoir  fait  mention  de  Joachim  du  Bellai  mort  à  Paris  le  i  .Janvier  de 


Lat.c.  7. 

CAPITON,  vingt  -  cinquième  Patriarche  de  Jerufalem,  vivoit 
dans  le  IL  Siècle.  Il  fucceda  à  Julien  II.  8c  tint  le  fiége  julqu'ea 
la  cinquième  année  du  règne  de  l'Empereur  Commode ,  qui  étoiE 


l'an  1^60.  Noms  donnerons,  dit-il,  pour  compagnon  à  joachim  du  Bel- 'h  iSj.dejEsus  Christ.  *Ea{khe,dansfaChron.BstxoBms, 


lai,  Lelio  Capiluppi  de  Mantôuë ,  qui  étoitjon  grand  ami,  ^  quimourut 
irois jours  après  lui  dans Jbnpaïs ,  âgédeôi.ans.  Il  fe  joua/i  heureufe- 
jnent  des  Vers  deVirgile  fon  compatriote,  en  leur  donnant  une  autre  fi- 
vnijlcation,  qu'il  a  en  cela  entièrement  effacé  la  gloire  d'Aufine  ,  de 
ïroba  Falconia ,  ^  des  autres  quife  font  exercez,  fur  le  mêmefujet.  £n 
effet,  outre  les  autres  chofes ,  lia  fait  des  Vers  de  ce  Poëte,  un  ou  deux 
CentOns  de  l'origine  des  Moines ,  de  leur  vie,  dt  leitrs  règles ,  des  céré- 
monies de  l'Eglife ,  du  maldeUafles,  ^  de  diver fes  autres  chofes.  Jn- 
lius  Rofcius  publia  depuis  ces  Centons  à  Rome  en  15-90. 

CAPIS.  Cherchez  Meckaw. 

CAPISTRAN  ,  (Jean)  Religieux  de  S.  François ,  vivoit  dans 
le  XV.  Siècle.  Il  étoit  originaire  de  France  8c  né  au  bourg  de  Capif- 


CAPITON,  Hift:orien  deLycie,  vivoit  fur  la  fin  du  IV.  Siècle. 
Il  a  écrit  huit  Uvres  de  l'Ifàurie ,  de  fon  pais ,  8c  de  la  Pamphylie  , 
8c  a  traduit  l'Abrégé  d'Eutrope;  ce  qui  fait  voir  qu'il  vivoit  après 
Julien;  parce  que  c'eft  fous  îbn  Empire  qu'Eutrope  compofaiba 
Abrégé.  Il  eft  cité  par  Stephanus  de  Byzance  ,  £cc.  *  Voffius , 
Hift.  Gréic.  li.  3 .  de  Foët.  c.  utt.  de  Math.  c.  69.  § .  1 9. 

CAPITON,  ou  Capitp,  Poëte  d'Alexandrie, dont  Athénée  fait 
meiition ,  il  écrivit  des  Commentaires  à  Philopapus.  *  Athenéc, 
//.  7. ce"  8.  [Voyez,  Joan.  Meurfii  Bihlioth.  Grdica.'] 

CAPITON,  connu  fùus  le  nom  de  Wolfgangus  Fabricius 
Capito,  Allemand,  étoit  d'Haguenaw  dans  l'Aliàce  ,  où  il  nâ- 


tran  près  de  la  ville  d'Aquila  dans  l'Abruzze.SonpereGentilhomme  jquiten  1478.  Il  étudia  à  Bâle,  8c  pour  complaire  à  fon  père,  il 
d'Anjou  s'y  étoit  marie  fervant  fon  Prince  Louis  d'Anjou ,  lorique  fe  fit  Médecin.  Depuis  comme  il  avoit  plus  d'inclination  pour  la 
fous  le  règne  de  Charles  VI.  Roi  de  France  il  alla  mener  du  fecours  1  Théologie,  il  en  fit  fon  étude  ordinaire  après  la  mort  de  fon  père, 
au  Roi  de  Naplés  fon  coufm.  Jean  de  Capiftran  fe  fit  Religieux  de  1 8c  reçut  les  honneurs  du  Dodtorat  en  cette  Faculté.  Après  cela ,  il 
Saint  François ,  il  mérita  l'amitié  de  Saint  Bernardin ,  8c  il  fut  deux  '  apprit  les  Langues  8c  particulièrement  l'Hébraïque  ;  8c  le  Cardinal 
fois  Général  de  la  réforme  de  l'obfèrvance ,  à  laquelle  il  avoit  beau-  ;  Albert  de  Brandebourg  Archevêque  deMayence  ayant  fouhaité  de 
coup  contribué.  Son  zèle  étoit  fi  bien  reconnu ,  qu'il  futchoifiln-  )  l'avoir  auprès  de  lui  ,  il  paflà  encore  Dodleur  en  Droit  Canon. 
quiliteur  de  la  Foi ,  8c  Légat  du  Saint  Siège  en  Allemagne,où  il  con-  ,  Ainfî  ayant  connoiflance  de  tant  de  fciences  diverfes ,  il  fe  fit  des 
vertit  quatre  mille  HuiTites.  Il  fut  un  des  plus  célèbres  Hérauts  de  amis  illufties,  8c  le  Cardinal  lui  procura  des  Lettres  de  nobleife  pour 
laCroifade,quelesPapesNicolasV.8cCalixtein.firentpubliercon- ,  lui8cpourfi  famille.  Capiton  donna  dans  les  nouveautez,  au  fil- 
tre les  Turcs;  8c  Une  quitta  jamais  l'armée,  qui  défit  les  Infidèles ,  '  jet  de  la  Religion.  Après  cela  il  le  retira  à  Strasbourg,8c  puis  à  Bâle 
lorfqu'ils  avoient  alTiegé  Belgrade.  Il  mourut  peu  de  tems  après  à  ,  8càHaguenaw.  Il  fe  lia  d'amitié  avec  Bucer  8c  avec  Oecolampa- 
Wilak  en  Hongrie, l'an  145-6.  On  lui  attribue  divers  Ouvrages  ,  de.  Il  époulà  la  veuve  de  ce  dernier  ,  8c  compofa  là  Vie.  Après 
de  l'autorité  du  Pape  8c  du  Concile ,  du  Mariage ,  de  l'Excommuni-  1  la  mort  de  cette  femme  il  en  époufa  une  autre  nommée  Agnès ,  qui 
cation,  de  CamnePœnitentiait,  Speculumconfcientiéi.ôr'C.  Le  Pape  j  étoit  lavante ,  8c  en  état  de  prêcher,  lorfque  fon  mari  étoit  incom- 
Piell,  Blondus,Tritheme,Poflèvin,  Wadinge,  les  Continuateurs  mode.  Capiton  mourut  le  10.  Janvier  de  l'an  i5"4i.  Il  lailîà  divers 
de  Baronius,Bellarmin',  8cc.  parlent  de  lui.    Le  Pape  Grégoire   Onmges.lnftitutionumHeèraicarumlié.II.Enarrationes  in  Habacuc 


XV.  le  déclara  Bienheureux. 

CAPITAINE  Poulin.  Cherchez  Efcaliiî. 

LA  CAPITANATE ,  province  d'Italie ,  dans  le  royaume  de  Na- 
plés. On  dit  qu'eue  eft  ainfi  nommée  depuis  que  l'Empereur  Bafile 


^Ofeam.  VitaJoannisOecolampadii ,  c^c.  *  Pantaleon,  ti.j.Profl 
Scultetus ,  in  Annal.  Surius ,  Sleidan ,  Melchior  Adam ,  Sec. 

CAPITON.  Cherchez  Atteins  Capito. 

CAPITOULS ,  c'eft  le  nom  que  preiment  à  Touloufe  ceux  qui 


y  envoya  un  certain  Capitaine  célebre.Eile  a  au  Levant  8c  au  Septen-  'adminiftrent  les  affaires  de  la  ville,  8c  ont  foin  de  la  police.  APa- 
trion  la  mer  Adriatique ,  au  Couchant  le  Comté  de  Moliffe  ;  8c  au  ris ,  à  Lyon ,  à  Rouen ,  à  Orléans ,  à  Rheims ,  à  Troyes ,  à  Poi^ 
ÎMidi  la  terre  de  Barri ,  la  Balilicate ,  8c  la  Principauté  ultérieure ,  1  tiers ,  à  la  Rochelle ,  8c  aux  autres  villes  de  France ,  entre  la  Garon- 
qui  lui  eft  auifi  en  partie  au  Couchant.  LaCapitanate  eft  l'Afpulia  ne  8c  la  Somme,  rivière  de  Picardie,  on  les  appelle  Echevins  ;  à 
ilaunia  des  Anciens.  Ses  villes  font  Mont-Saint  Ange  avec  Arche-  '•  Bourdeaux ,  Jurats  ;  8c  dans  les  autres  villes  de  Guyenne ,  de  Lan- 
vêché  uni  à  celui  de  Manfredonia ,  Afcoli,Lucera,  Ardona,  Bo-  Iguedoc,  de  Dauphiné ,  8c  de  la  Provence,  Confols,  qui  eft  un  nom 
viano ,  Arpi ,  Fiorenzuola ,  Troya  Siponte ,  8cc.  Le  mont  Gargan  y  pris  des  Romains ,  mais  dans  un  fens  bien  différent.  Dans  quelques 
eft  aulfi  fameux ,  par  l'apparition  de  Saint  Michel ,  8c  e'eftlà  où  eft  j  grandes  8c  bonnes  villes  du  royaume  le  Roi  les  annoblit  après  leur 
la  ville  du  Mont  S.  Ange.  Cette  province  eft  très-fertile  8c  une  des  j  année  d'exercice.  Ils  ont  de  beaux  privilèges  ,  qui  leur  ont  été 
plus  confiderables  du  royaume  de  Naples.  *  Leandre  Alberti ,  i  oftroyez  par  les  Rois.  Le  Chef  de  ces  Magiftrats  eft  appelle  Prévôt 
Defcr.  Ital.  Merula,  Cofmogr.  Scipio  Mazella  ,  Defcr.  del  regno  di  !  des  Marchands  en  plufieurs  villes  ,  comme  à  Paris  ,  à  Lyon  : 


Nap.  érc. 

CAPÎTANES ,  nom  que  l'on  donna  aux  Gouverneurs  des  pla- 
ces dans  la  Fouille  8c  dans  la  Calabre ,  du  tems  que  les  Empereurs 
Grecs  tenoient  ces  provinces  fous  les  Empereurs  d'Allemagne.De 
là  vient  qu'il  y  a  une  province  du  royaume  de  Naples ,  qu'on  appelle 
encore  aujourd'hui  la  Cafuanata.  *  Sigonius ,  liv.  8.  du  Royaume 
d'Italie.   SXJP. 

CAPITANIES,  petits  gouvernemens  dans  le  Brefîl ,  fuivant 
la  divifion  qui  en  a  été  faite  par  lesPortugais  qui  font  maîtres  des  cô- 
tes. Il  y  en  a  quatorze,  dont  les  Capitaines  commandent  chacun 
dans  leur  territoire.  SUP. 

CAPITO,  (Fitinius)  à  qui  Pline  le  Jeune  donne  de  grandes  louan- 
ges. Il  a  fait  quelques  Ouvrages  Hiftoriques.  *li.?i.ep.iz. 

CAPITOLE  ,  nom  de  la  fortereite  de  Rome,où  l'on  bâtit  un 
temple  à  Jupiter.  Tarquin  l'Ancien  en  jettales  premiers  fonde- 
mens  l'an  159.  de  Rome,8c  Tarquin  le  Superbe  l'acheva  eii  2  21 .  On 
lui  donna  le  nom  àe  Capitole  d'une  tête ,  que  les  Latins  nomment 
caput ,  qui  y  fut  trouvée  en  creufànt  les  fondemens  de  ce  temple, 
félon  Denysd'HalicarnafTe.  Il  flit  brûlé  fous  l'Empire  de  Vitellius  ; 
Vefpafien  le  fit  rebâtir ,  dans  le  même  tems  que  le  temple  de  jeru 


Rouen,  8cc.  8c  Maire  en  d'autres,  comme  à  Bourdeaux,  à  la  Ro- 
chelle, bic.  SUP. 

CAPITULAIRES ,  ordonnances  des  Rois  de  France ,  dans  les- 
quelles il  y  a  plufieurs  articles  ou  chapitres  qui  regardent  la  police 
de  l'Eglife ,  8c  qui  ont  été  faites  par  l'avis  des  Evêques ,  affemblez 
en  Concile  ou  en  Corps  d'Etats.  Pour  bien  entendre  l'origine  Scia 
fîgnification  de  ce  mot,  il  faut  remarquer  que  l'on  appelloit  Capi- 
tules ,  Capitula ,  des  articles  que  les  Prélats  dreffoient  8c  publioient 
pour  fervir  d'inftruâion  aux  Ecclelîaftiques  de  leur  Diocefè.  Oa 
met  en  ce  nombre  les  Canons  de  Martin,  Archevêque  de  Prague 
en  Efpagne,  dreffez  l'an  5-7  3.  Ceux  du  Pape  Adrien  I  donnez  à 
Angilràm  ou  Enguerran  Evêque  de  Mets  ,  l'an  78f.  Ceux  de 
Theodulphe Evêque  d'Orléans,  de  l'an 7 97. Ceux  d'Hincmar Ar- 
chevêque de  Rheims ,  en  851.  &  872.  Ceux  d'Herard  Archevêque 
deTours,en85-8.8cceux  d'IfaacEvêquedeLangres.Delà  eft  venu 
que  l'on  a  donné  le  nom  de  Capitulaires  aux  ordonnances  qui  con- 
tenoient  des  Capitules  ou  Articles  concernans  les  affaires  Eccleliai^ 
tiques.  Ceux  de  Charlemagne  8c  de  Louis  le  Débonnaire  furent 
recueillis  par  Anfegife  Abbé ,  en  quatre  livres.  Ceux  des  Rois  Lo- 
thaire ,  Charles ,  8c  Louis ,  enfans  du  Débonnaire,  par  Benoît  Lévite 


falem  fut  détruit.  Ayantété  de  même  brillé  par  le  feu  du  ciel  fous  ou  Diacre,  en  trois  livres.  Il  y  a  eu  depuis  quatre  ou  cinq  addi- 
Tite ,  Domitien  le  fit  encore  rebâtiravec  plus  de  pompe ,  8c  ordon-  tions  :  8c  le  P.  Sirmond  a  fait  de  nôtre  tems  une  édition  de  ceux  de 
nades  jeux  qu'on  célebroitde  cinq  en  cinq  ans,  Scroncomptoitles   CYaûn  le  Chauve  en  particulier.  Etienne  Baluze  a  donnéauffiun 

1  nouveau 


GAP» 

inouveau  Recueil  de  Capitulaires ,  qui  eft  beaucoup  plus  parfait  que 
tout  ce  qui  avoit  paru  en  ce  genre»  *Doujat,  Hijtotre  du  Droit  Ca- 
tion. SUL'. 

CAPITULATION  de  l'Etapire,  c'eft  comme  un  Contraél 
que  l'Empereur  paflè  avec  les  Eleûeurs,  au  nom  de  tous  les  Princes 
&  Etats  de  l'Empire  d'Allemagne ,  avant  que  d'être  déclaié  Empe- 
reur ,  8c  qu'il  ratifie  après  avoir  été  élevé  à  cette  fouveraine  dignité. 
On  n'a  introduit  l'ufage  de  ces  Capitulations,  que  depuis  l'Empe- 
reur Charles  Quint.  Avant  ce  tems-là ,  les  Conltitutions  ordinaires 
de  l'Empire  tenoieht  en  quelque  façon  lieu  de  ces  Capitulations  : 
ïnais  les  grands  Etats  que  ce  Monarque  poïïedoit  hors  de  l'Empire , 
ayant  fait  appréhender  aux  Elefteurs ,  qu'il  ne  donnât  quelque  at- 
teinte à  la  liberté  des  Princes,  &  autres  membres  de  l'Empire,  ils 
jugèrent  à  propos  de  lui  propofer  certaines  conditions,  auxquelles 
il  voulut  bien  fe  foumettre  :  &  ils  ont  continué  d'en  ufer  de  même  à 
toutes  les  éleftions  des  Empereurs  qu'ils  ont  depuis  élevez,  fur  le 
throne.  Cette  Capitulation  ell  une  efpece  de  barrière  à  l'autorité  de 
l'Empereuj ,  qui  empêche  que  fa  puiflance  ne  foit  tout-à-fait  Mo' 
narchique ,  &  la  réduit  dans  un  gouvernement  mixte,  c'ell-à-dire , 
mêlé  de  la  Monarchie  &  de  l'Ariftocratie.  Lorfque  l'Empereur  eft 
élu,  lesEleaeursleconduifentàrEglife;  &  l'ayant  fait  aflèoir  fui- 
le  grand  autel ,  l'Archevêque  de  Mayence  lui  donne  la  Capitulation 
pour  la  iîgner ,  avec  promeffe  de  confirmer  aufll-tôt  après  fon  cou- 
ronnement tous  les  droits  &  toutes  les  prééminences  dont  jouiflènt 
les  EkaeursjSc  les  autres  Princes  &  Etats  de  l'Empire:  ce  que  l'Em- 
pereur exécute  fiir  le  champ ,  en  faifànt  expédier  à  chaque  Eleâeur 
dès  Lettres  Patentes ,  fignees  8c  féellées  du  grand  Sceau.  Par  la  Ca- 
pitulation de  Leopold  élu  l'an  i6f8.cetEmpereur  s'obligea  d'obfer- 
ver  8c  maintenir  la  Bulle  d'Or ,  la  Convention  d'Augsbourg  faite 
en  ^SJ^'  ^^  Traité  de  Munfter  8c  d'Ofnabruck  en  1 648 ,  8c  plufiéurs 
autres  articles ,  qui  font  tous  le  nombre  de  quarante- fept  *  8c  fe  ré- 
duifent  principalement  à  ne  rien  innover  fur  le  fait  de  la  Religion  ; 
à  ne  point  faire  ni  abolir  de  loix  fans  le  confcntement  des  Etats  de 
l'Empire  ;  à  demander  l'avis  des  Electeurs  8c  des  autres  Princes ,  ou 
villes  ImperialeSjlors  qu'il  s'agira  de  dénoncer  5c  de  faire  la  guerre , 
d'impofer  des  fubiîdes  ou  contributions ,  de  faire  la  paix  ou  des 
alliances ,  de  bâtir  de  nouvelles  fortereflès ,  8c  autres  chofes  qui 
regardent  le  bien  général  de  l'Empire.  *  Heiff,  Hifioire  de  l'Empire. 
Severinus  deMonfambano  dit  que  s'il  y  a  quelque  exemple  deCa- 
pitulation  avant  l'Empereur  Charles  Quint ,  elle  eft  fùppofée.  Que 
ce  qui  porta  les  Elefteurs  à  borner  l'autorité  de  Charles  Quint  par 
des  conditions  fi  expreflès ,  fut  la  confideration  de  fa  puiflance  8c  de 
Ion  ambition ,  qui  paroiflbit  aflèz  dans  là  devife ,  Plus  ultra  ;  8c 
qu'ils  craignoient  que  la  grandetu-  des  Etats ,  qu'il  poffedoit  de  £bn 
chef ,  ne  lui  fervît  à  opprimer  l'Allemagne.  Ce  même  Auteur 
ajoute  que  jufques  à  préfènt  ces  Capitulations  ontétépréfentées 
auxEmpereurs  par  les  leulsEleâ:eiu's,làns  la  participation  des  autres 
Etats,  qui  s'en  font  plaints  de  tems  en  tems  :  8c  lors  de  la  paix  de 
Wefl^halie ,  on  propofa  de  délibérer  dans  la  prochaine  Diette  fur  la 
manière  de  dreflèr  une  Capitulation  perpétuelle:  mais  cela  n'a  point 
eu  d'effet.  Quelques  Auteurs  AUemans  demeurent  d'accord  que  la 
Capitulation  donne  des  limites  à  la  puiflTance  Impériale ,  mais  fou- 
tiennent  que  cette  efpece  de  Concordat  n'affbiblit  point  fa  Souve- 
raineté. La  plupart  néanmoins  avouent  que  l'Empereur  n'eftpas 
véritablement  Souverain,  n'ayant  reçu  l'Empire  que  fous  des  con- 
ditions qui  l'empêchent  d'exercer  une  autorité  abfoluë.  *  Sam.  Pu- 
fendorf ,  fous  le  nom  feint  de  Severinus  de  Monfambano ,  Etatfré- 
fentdeV'Empired'Alerniigne.    SUP. 

CAPIVACCIO,  (Jérôme)  de  Padoue,  a  été  un  de  s  plus  célè- 
bres Médecins  du  XVI.Siécle.  Il  favoit  aufli  les  Langues,  les  belles 
Lettres,  Scia  Philofophie  ;  8c  c'eft  avec  juftice  qu'il  s'aquit  tant  de 
réputation ,  non  feulement  en  Italie ,  mais  par  toute  l'Europe;  Il 
enfeigna  durant  trente-cinq  ans ,  dans  l'Univerfîté  de  Padoue.  Le 
Grand  Duc  de  Tofcane  fouhaita  extrêmement  de  l'avoir  dans  celle 
de  Pife ,  8c  lui  fit  pour  cela  des  offres  très-avantageufes,  mais  Capi- 
vaccio  fe  crut  plus  obligé  à  fa  patrie,  llymourutl'an  ifSç.  8c  fut 
enterré  dans  l'Eglife  des  Jefuites.  On  dit  qu'un  Aflrologue  lui  ayant 
prédit  qu'il  mourroit,s'il  entreprenoit  quelque  voyage  dans  fa  vieil- 
leflè ,  il  fe  moqua  de  cette  vaine  prédiûion  ;  8c  étant  allé  voir  le 
Duc  de  Mantouë  qui  étoit  malade ,  à  fon  retour  il  fut  attaqué  d'une 
fièvre  violente,  dont  il  mourut  peu  de  jours  après.  Nous  avons 
divers  Ouvrages  de  fa  façon.  Medicinafraâica.  Lib.VIl.de  Methodo 
.Anatomica.  De  differentiis  doSrinarum ,  ^c.  *Riccobon,  lii.i.  de 
Gymn.Pataii.  Thomafini,  m  Etog.  illujt.  vir.  Caftellan  ,  in  Vit. 
illuft.  Medic.  Van  der  Linden ,  de  Script.  Med.  ^c. 

C  A  P  N I A  S ,  Poète  Grec ,  qui  n'avoit  rien  écrit  d'excellent 
félon  Suidas.  Ce  qui  a  donné  fujet  à  Voflius  de  dire ,  qu'il  ne  fe  faut 
pas  étonner  que  tout  ce  que  ce  Poète  avoit  compofé ,  fe  foit  dilfipé , 
puifqu'en  Grec  fon  nom  fignifie  fumée.  On  ne  fait  pas  en  quel  tems 
il  a  vécu.  *  Voflîus ,  de  Poét.  Gr^c.p.  87 . 
CAPNION.    Cherchez  Reuchlin. 

CAPO  ouCabo  d'Istria,  yuflinopoU's .  ^gida ,  ^  Ca- 
futljlri&,  ville  d'Italie  dans  l'Etat  de  Venife,  avec  Evêché  fuffra- 
gant  d'Aquilée.  Elle  eft  capitale  de  la  province  d'Iftrie,  8c  fîtuée  fur 
la  mer  Adriatique  entre  Triefte  8c  Parenzo.  On  croit  que  l'Empe- 
reui:  Juftin  la  fit  rétablir ,  8c  que  c'eft  de  là  qu'elle  eut  le  nom  de 
Juftinopolis. 

C  A  P  O  di  Lecci ,  ville  dans  la  terre  d'Otrante.  Cherchez  Lecce. 
CAPO  Malio.    Cherchez Malio. 

CAPOCHI.     Cherchez  Cappochi.  * 

CAPORALI  (Céfarle)  Poète  Italien,  étoit  de  Peroufe , 
&  a  vécu  dans  le  XVI .  Siècle.  Il  compofa  un  Poème  de  la  Cour  , 
où  il  décrit  ii  bien  la  vie  d'un  Courtifan ,  que  tout  le  monde  fe  fai- 
foit  un  plaifîr  de  voir  fon  ouvrage ,  dans  le  tems  qu'il  commença  de 
paroître.  LeCaporali  avoit  naturellement  une  grande  imagination 
*c' un  grand  feu  d'efprit.  Si  beaucoup  de  vivacité,  8c  avec  cela  il 
Tom,  n. 


^^^^  41 

étoit  fi  enjoué  qu'il  penfoit  plaifamment  leé  chofes ,  Sccoinrtie  il 
parloit  bien  fa  langue ,  il  les  difoit  auifi  de  bonne  grâce.  C'eft  ce 
qui  donna  tant  de  crédit  à  ce  Poème.  Il  en  compola  encore  un  autr^ 
de  la  vie  de  Mecenas ,  qu'il  divifa  en  dix  parties;  mais  cet  Ouvraga 
n'eft  pas  achevé ,  il  n'y  avoit  pas  mis  la  dernière  main  quand  il  mou- 
rut. Son  fils  a  eu  fom  de  le  donner  au  public.  Comme  le  Caporal» 
avoit  un  efprit  gai,  libre,  8cplaifant,  il  avoit  aufti  grand  nombre 
d  amis.Mais  celui  qu'il  a  aimé  plus  chèrement,  8c  dont  il  a  reçu  aufll 
des  marques  plus  particulières  d'amitiè.eft  AfcagneMarquis  deCor- 
nia ,  avec  lequel  il  vivoit  en  grande  familiarité  dans  fon  château  de 
Caftighoni.  C'eft  là  où  ce  Poète  mourut  l'an  1 60 1 .  gc  où  il  a  même 
ete  enterré ,  comme  le  marque  fon  fils  dans  la  Préface  de  fes  Ouvra- 
ges. Janus  Nicius  Erythrwus  a  aulTi  fait  fon  éloge.  Confultez  Jaco^ 
biUi  dans  fa  Bibliothèque  des  Ecrivains  de  l'Ombrie ,  où  il  dit  que  le 
Caporah  avoit  été  Gouverneur  d'Atri  dans  le  royaume  de  Naples. 

L  E  C  A  P  O  U-A  G  A  S I ,  en  Turquie ,  eft  le  Maître  ou  Com^ 
mandant  de  la  porte.  C'eft  lui  qui  commande  à  tous  les  Pages  8c 
à  tous  les  Eunuques  blancs  de  la  Cour;  8c  tous  les  autres  officiers 
font  fous  lui.  Capou  fignifie  porte,  ^Agn,  Maître  ou  Commm'- 
dànt.     *  Ricaut,   de  l'Empire  Ottomm.     Voyez   Capi-Aga-i 

C  A  P  O  U  E ,  ville  d'Italie  dans  le  royaume  de  Nàples ,  en  M 
terre  de  Labour  avec  Archevêché.  Elle  eft  bâtie  fur  le  Vulturne  i 
à  deux  milles  des  ruines  de  cette  ancienne  Capouë ,  qui  fut  ctim- 
parée  à  Rome  8c  à  Carthage ,  gcappellée  la  ville  des  délices;  Stra- 
bon,  Denysd'Halicarnaflé,  TiteLive,  Florus,  Appian  Alexan- 
drin ,  Tacite ,  Suétone ,  Silius  Italicus ,  Virgile ,  Pline ,  8c  plu- 
fiéurs autres  Auteurs  en  parlent  fouvent.  On  rapporte  pourtant  fort 
divetfement  fa  fondation ,  que  les  uns  attribuent  aux  Ofciens ,  8c 
les  autres  à  Capys.  En  33o.deRomeksSamnites  fc  faifirent ,  du- 
rant la  nuit,  de  la  ville  de  Capouë  colonie  des  Tofcans,  Scymap 
facrerent  les  habitans.  Annibal,  après  la  bataille  de  Cannes  donnée 
l'an  5-38.  de  Rome,  laiflà  hyverner  en  cette  ville  fon  armée ,  qui 
s'y  relâcha  fi  fort ,  qu'elle  ne  fut  plus  capable  de  battre  les  Romains. 
Aufli  ces  derniers  ayant  repris  Capouë  efl  5-43.  8c  propofédans 
le  Sénat  de  ia  détruire  ,  crurent  que  les  bons  fervices  qu'elle 
avoit  rendus  à  la  Republique,  en  amolifiTant  par  fes  délices  le  cou- 
rage des  Carthaginois ,  méritoient  qu'on  la  confervât.  Elle  devint 
depuis  colonie ,  fut  ruinée  par  Genferic  Roi  des  Vandales  ,  85.  re- 
bâtie par  Narfes  Capitaine  de  l'Empereur  Jnftinien  dans  le  VI.  Siè- 
cle. Les  Lombards  la  ruinèrent  une  féconde  fois  ;  8c  on  croit  qu'ils 
jett«ent  les  fondemens  de  la  nouvelle  Capouë  fur  le  Vulturne,  telle' 
qu'on  la  voit  aujourd'hui.  Le  Pape  Jean  XIV.  l'èrigea  en  Archevê- 
ché l'an  96'8.  Capouë  eft  bien  différente  en  ce  temps  de  ce  qu'elle  â 
été  autrefois;  elle  diminue  mêtae  tous  les  jours,  8c  il  n'y  a  que  fon 
nom  qui  la  rende  encore  confiderable.  Elle  eft  bâtie  environ  à  deux 
lieues  de  l'ancienne  ville.  Elle  eft  défendue  d'un  fort  château  ,  & 
elle  a  quelques  autres  fortifications.  *  Leandre  Alberti  ,  Defcr, 
Ital.  Scipio  Mazella ,  De/cript.  delKegno  di  ^'/^f  Giulio  Ceiàré  Capac- 
cio,  Uift.Neapolit.^Ci  " 

Conciles  de  Capouë^ 

LePapeSiriceenaflèmblaun  l'an  389.  pour  éteindre  Iddivifidii' 
de  l'Eglife  d'Antioche,  qui  avoit  attiré  celle  de  l'Eglife  d'Orient  8È 
d'Occident.  Saint  Ambroife  y  prélida.  On  ordonna  auffi  qu'Ani- 
cius  de  Theflàlonique  auroit  foin  d'examiner  Faffàire  de  Bonofe  , 
Evêque  dans  la  Macédoine,  qui  enfeignoit  des  errenrs.  Le  fecondi 
fut  tenu  l'an  1087.  pour  l'elêétiou  de  Viélor  III.  lequel  après  plu- 
fiéurs refiftances  fut  conduit  à  Rome  8c  couronné.  Le  Pape  Gelafe 
II.  en  célébra  un  l'an  1118.  auquel  Henri  V.  Empereur  fut  ex- 
communié avec  Maurice  Burdin,  Antipape  fous  le  nom  de  Grégoire 
VIII.  On  en  rnet  aufli  quelques  autres  de  moindre  confideratioui 

CAPOUË  (Pierre de)  Cardinal,  étoit d'Amalphi ,  ville  dii 
royaume  de  Naples.  CeleftinlILlecrèaCardinalDiacreen  1193; 
8c  lui  donna  enluite  trois  Légations  confécutives.  La  première  fiât 
au  royaume  de  Naples,  la  féconde  en  Lombardie,  8clatroifiéme< 
qui  fut  la  plus  célèbre ,  au  royaume  de  Pologne ,  où  il  réforma  heu- 
teufement  plufiéurs  abus  ;  mais  il  fut  en  danger  de  fa  vie  pour  avoir 
voulu  entreprendre  la  même  chofe  dans  le  royaume  de  Bohême.  ÏI 
ne  courut  pas  moins  de  rifque  près  de  Plaifance  en  Italie ,  où  en  paf- 
faut  pour  retourner  à  Rome ,  il  fut  pris  par  quelques  Soldats ,  aux- 
quels il  fut  obligé  de  donner  de  l'ai-gent  pour  avoir  fa  liberté.  Le  Pâ' 
pe  fâché  de  cet  attentat,  8c  de  ce  que  les  Bourgeois  de  Plaifance  n'en 
avoient  point  puni  les  auteurs,jetta  un  interdit  fur  la  ville,8c  fournit 
l'Evêque  à  l'Archevêque  de  Ravenne.  Innocent  III.  envoya  enfuitc 
Pierre  de  Capouë  Légat  en  France,  pour  moyenner  la  trêve  entre  le 
Roi  de  France  8c  le  Roi  d'Angleterre;  Après  avoir  heureufement 
réufli ,  il  prêcha  une  Croifade  ,  8c  convoqua  une  aflèmblée  de 
Prélats  à  Dijon ,  fur  le  divorce  de  Philippe  Augufie,zvec  Engelberge 
fon  époufe  légitime^  Alors  il  mit,par  l'avis  de  cesPrélats,le  r'oyaume 
en  interdit,  ce  qui  n'eut  point  d'effet:  car  fa  Majefté  en  appel)  a  an 
Saint  Siège.  A  fon  retour  à  Rome ,  le  Pape  Innocent  le  fit  Cardinal 
Prêtre,  &  le  nomma  fon  Légat  en  cette  fameufe  expédition  d'O- 
rient, où  les  Latins  conquirent  fur  les  Grecs  l'Empire  deConftan- 
tinople.Le  Cardinal  de  Capouë  féjourna  quelques  années  en  Orient, 
d'où  il  revint  mourir  à  Rome  l'an  1208.  *  Ciaconius  Cromer.  Ro- 
ger. Hoved.  Dupleix,  Hi/ioire  de  France.  Auberi,  Hiji.  des  Cardi- 
naux.   SUP. 

C  A  P  O  U  T  A  N-B  A  C  H  A ,  nom  de  l'Amiral,oudu  Bâcha  de 
la  mer,  parmi  les  Turcs.  Capoutan  câ  un  mot  cmiom-pu  de  l'Ita- 
lien CajM>a»D.  SUP. 

CAPPADOCE,  grand  païs  de  l'Afie  Mineure ,  qui  a  eu  titr  e 
de  royaume.  Elle  eibiivifée  aujourd'hui  en  quatre  provinces  prin- 
cipales, Genech,  Suas,  Anadole,  8c  Amafie.  Elle  étoit  bornée 
par  l'Arménie  Mineure  au  Levant  :  par  la  Cilicie  au  Midi  :  par  la 
F  S  PajJi, 


.6  CAP.  I  CAP. 

Pamphvlie  8c  la  Galatie  à  l'Occident ,  8c  par  le  Pont  Euxin  au  Sep-   On  s'oppo^  pendant  dix  ans  entiers  à  Genève ,  I  Sedan ,  8c  à  Leide 
tentrion.    Ses  villes  plus  coniiderables  étoient  Comane,  Sebafte,  àl'imprefliondeceLivre,maisleP.PetauJcfuite,8tleP.Morindo 


tentrion.    sesvuiespli 

Neocelârée,  Trebizonde,  Cefarée,  Amafie,  patrie  de  Strabon , 
&c.  Mais  aujourd'hui  les  chofes  font  bien  change'es ,  fous  la  tyran- 
nie du  Turc.Ai-iarathes  fut  un  des  anciens  Rois  de  Cappadoce.Phar- 
naces  étoit  avant  lui.  Il  eut  plufieurs  fucceffeurs  amis  des  Romains. 
Ariobarzane,  qui  avoit  été  chaiTé  par  Mithridate,  fut  rétabli  par 
Pompée  vers  l'an  690.  de  Rome;  &  après  la  mort  de  ce  Prince  8c  de 
fon  frère  Ariarathes .  Archelaiis  obtint  cette  couronne  par  la  faveur 
d'Antoine;  8c  donna  fa  fille  Glaphyre à  Alexandre ,  fils  d'Herode 
fe  Grand.  Ce  Royaume  dura  environ  476.  ans.  Depuis,  les  Ro- 
mains réduifirent  ce  pais  en  province;  8c  la  gouvernoient  par  des 
Proconfuls.  Ifaac  Comnene  fogitif  de  Cônftantinople  prife  par  les 
François  en  1 104.  y  établit  un  Empire  nommé  de  Trebifonde,par- 
ce  que  la  ville  de  ce  nom  en  étoit  la  capitale  ;  8c  il  fubfifta  jufqu'à 
David  furnommé  Cdo-feem  ou  Beau  Jeun ,  qui  fut  pris  l'an  1 46 1 . 
par  Mahomet  II.  Empereur  des  Turcs,  8c  mené  captif  en  Grèce , 
où  quelque  tems  après  il  fut  mis  à  mort  avec  fes  enfans.  *  Pline , 
/i.6.c.8.Strabon,  //.  il.  Volaterran 8c Genebrard ,  Chron.  Nice- 
tas,  Paul  Jove,  Hifi.  &c. 

Succejjîon  Chronologique  des  Rois  de  Cappadoce. 


Pharnaces  vers  l'an  3473  .du  Monde. 

Six  Rois,  dont  le  nom  eft  inconnu. 

Ariarathes  I. 

Orophernes. 

Ariarathes  II. 

Ariarathes  III. 

Arfammes. 

Ariarathes  IV. 

Ariarathes  V. 

Ariarathes  VI. 

Ariarathes  VII. 

Ariarathes  VIII. 

Ariarathes  IX. 

Ariobarzanes  I.  élu. 

Ariobarzanes  II. 

Ariarathes  X. 

Archelaiis  mort  à  Rome. 


3690, 


3724, 


3S30. 


} 


tuez  en  3946 
3945. 


[CAPPEL  ,  famille.  Denys  C  a  p  p  e l enféveli  à  Paris 
au  cimetière  de  S.  Innocent,  mourut  l'an  >47i.  H  laiffa  Ger- 
VAIS  C  A  p  p  E  L ,  de  qui  naquit  J  a  CL"  e  s  Confeiller  8c  Avocat 
du  Roi  en  15-36.  Il  eut  de  Marguerite  d'Aimery,  de  très-bonne  fa- 
mille  ,jACi.vEs;GuiLLAUME  Seigneur  de  Preigny ,  Médecin 
&  Curé  de  Planoi  ;  Louis  Miniftre  8c  Profeflèur  à  Sedan  8c  à  Lei- 
de;  Ange  Secrétaire  du  Roi;  8c  pluiîeurs  filles.  jAQ.uEsfut 
Confeiller  au  Parlement  de  Rennes ,  mais  faifantprofeffion  de  la 
Religion  Réformée ,  il  fut  obligé  de  s'en  défaire.  Il  fe  retira  à  la 
capipagne  dans  une  terre  qu'il  avoit  en  Brie ,  8c  en  1  fSj-.  il  fe  retira 
encore  à  Sedan ,  où  il  mourut  l'année  fiiivante.  On  trouvera  un 
Abrégé  de  fa  vie ,  dans  un  Ecrit  de  Louis  Cappel  fon  fils  ;  qui  eft  à 
la  tête  de  fes  Commentairesfur  le  VieuxTeJlament  imprimez  àAmfter- 
dameni689.  Il  eut  plufieurs  enfans,  8c  particulièrement  deux  fils 
qui  fuivent ,  8c  qui  ont  rendu  le  nom  des  Cappels  célèbre.] 

[CAPPEL,  (Jaques)  Seigneur  du  Tilloi,  8c  Profeflèur  en 
Théologie  à  Sedan ,  fils  de  Jaques  Cappel  Confeiller  au  Parlement 
de  Rennes,  nâquiten  if68.  11  étudia  en  Théologie  à  Sedan ,  où  il 
fut  reçu  Minillire.  Il  commença  à  exercer  fon  Miniftere ,  dans  fa 
Terre  du  Tilloi ,  qui  étoit  un  Fief  de  Haubert.  Il  fut  appelle  à  Sedan 
par  le  Duc  de  Bouillon  en  ij-pp.  8c  mourut  en  1614.  Il  a  fait  divers 
Ouvrages  de  Théologie ,  de  Critique  fur  l'Ecriture  Sainte ,  de  Con- 
troverfe ,  8c  d'Hiftoire ,  dont  quelques-uns  font  im.primez,8c  les  au- 
tres en  manufcrit ,  entre  les  mains  de  fon  neveu  Jaques  Cappel,  qui 
eft  à  prefent  (  1 693)  en  Angleterre.  On  a  imprimé  à  Amfterdam  en 
1 689  .yé;  Remarcjues  fur  le  Vieux  Teftament,  8c  l'on  peut  voir,  à  la  tête 
de  ce  Livre ,  un  abrégé  de  fa  vie ,  8c  l'indice  de  tous  fes  Ouvrages.] 

CAPPE  L,  (Louis)  né  en  1  y8  3 .  le  1 4.  d'0£tobre,a  été  Miniftre  8c 
Profcffeur  à  Saumur  dans  la  langue  Hebraïque,8c  a  donné  au  public 
plufieurs  Ouvrages,  où  il  fait  paroître  beaucoup  de  jugement ,  Se  un 
grand  fonds  de  litérature  pour  tout  ce  qui  regarde  la  Critique  des 
Livres  Sacrés.  Il  eft  Auteur  d'un  excellent  Traité  intitulé  Arcanum 
funSationis  revelatum ,  qui  fut  publié  en  Hollande  par  Thomas  Er- 
penius,parce  que  Cappel  ne  trouvoit  perfonne  ni  en  France,ni  à  Ge- 
nève qui  voulut  l'approuver:  au  contraire  ceux  de  fon  pais  s'y  oppo- 
foientjs'étant  imaginez  que  ce  Livre  détruifoit  les  principes  de  leur 
Religion.  Il  y  montre  invinciblament  la  nouveauté  des  points 
voyelles ,  qui  font  dans  le  texte  Hébreu.  Cet  Ouvrage  mérite  d'être 
lu  de  tous  ceux  qui  veulent  favoir  la  Critique  làcrée.  Le  célèbre  A- 
lexandre  Morus,qui  l'avoit  vu  avant  qu'il  fut  imprimé,rend  juftice  à 
rAuteur,qu'il  appelle  dans  fes  Exercitations  fur  l'Ecriture  un  hom- 
me d'un  jugement  très-fin  8c  d'une  profonde  érudition,  lÀrr>att]pmo 


rOratoire,8c  le  P.Merfenne  Religieux  Minime,obtinrent  le  privilè- 
ge du  Roi  pour  l'imprimer  à  Pans.  Ce  qui  parut  étrange  à  la  Cour 
deRome  qui  fut  fur  le  point  de  le  condamner ,parce  qu'il  étoit  inouï 
qu'on  imprimât  en  France  les  Livres  des  Héretiques,où  il  étoit  par- 
lé  de  Théologie,  avec  un  privilège  du  Roi.  Mais  ce  fut  le  fils  de 
Cappel ,  qui  eut  le  foin  de  cette  impreffion ,  8c  qui  étoit  Catholique, 
le  père  n'y  ayant  point  paru.  R.  Simon  cite  là-deflùs  une  lettre  du 
P.  Jean  Morin  au  Cardinal  François  Barberin,à  qui  il  écrit  qu'on  fe- 
roit  plaifir  à  Cappel  de  condamner  à  Rome  fon  Livre,  qui  lui  avoit 
attiré  la  haine  de  ceux  de  faSe£te,8c  qu'en  même  tems  on  feroit  tort 
aux  Catholiques  qui  fe  fervoient  utilement  de  cette  Critique  contre 
les  Proteftans.  Cette  Lettre  du  P.  Morin ,  qui  n'étoit  alors  que  ma- 
nufcrite ,  a  été  depuis  imprimée  en  Angleterre  dans  un  Recueil  de 
Lettres ,  fous  le  titre  de  hibliotheca  Orient alis ,  où  l'on  trouvera  auffi 
la  Lettre,que  le  Cardinal  Barberin  écrivit  touchant  cetteCritique  au 
P.  Morin.  Au  refte,cet  Ouvrage,  qui  a  fait  tant  de  bruit,ne  contient 
autre  chofe  dans  les  fix  Livres  dont  il  eft  compofé ,  que  des  diverlès 
Leçons ,  8c  un  Catalogue  des  fautes,qu'il  prétend  s'être  gliifées  dans 
les  Exemplaires  de  la  Bible,par  le  moyen  des  Copiftes  ;  ce  que  l'Au- 
teur accompagne  de  Réflexions  Critiques.  Plulieurs  Proteftans  ont 
attaqué  cette  Critique ,  mais  d'une  manière  foible  ;  8c  tout  ce  qi/ii 
y  a  aujourd'hui  d'habiles  gens,  fi  on  en  excepte  quelques  Théolo- 
giens du  Nord ,  qui  font  entêtez  des  fentimens  des  deux  Buxtorfes, 
conviennent  avec  Cappel ,  8c  approuvent  fon  Ouvrage.Grotius,  qui 
entendoit  parfaitement  cette  matière ,  écrivit  à  Cappel  une  Lettre^ 
où  il  lui  marque  qu'il  devoit  faire  plus  d'eftime  d'un  petit  nombre 
de  perfonnes  favantes  qui  louoient  là  Critique ,  que  de  ceux  qui  s'y 
oppofoient  en  foule  :  Contentus  ejio  magnis potius,quàm  tnultis  iaudâ- 
toréus.  Cappel  a  écrit  quelques  Apologies,  pour  défendre  fonLivre; 
mais  celle  qui  mérite  le  plus  d'être  oblèrvée ,  eft  une  Lettre  Apolo- 
gétique qu'il  adreffa  à  UiTerius,  contre  Bootius  qui  l'avoit  accufë 
d'être  convenu  avec  le  P.  Morin,  pour  ruiner  les  Originaux  de  laBi- 
ble.  Il  prouve  au  contraire  dans  cette  Lettre ,  qu'il  avoit  attaqué 
fortement  dans  fa  Critique  l'opinion  du  P.  Morin;mais  que  comme 
ce  Père  avoit  eu  part  avec  fon  fils  JeanCappel  à  l'édition  de  ceLivre, 
il  avoit  retranché  ce  qui  étoit  contre  lui;  8c  on  le  trouve  imprimé 
dans  cette  Lettre  Apologétique ,  à  la  page  1 9 .  8c  dans  les  fuivantes. 
Cappel  a  donné  au  public  plufieurs  autres  Ouvrages ,  qui  font  aufl» 
fort  confiderez.  Walton  a  fait  réimprimer  dans  lès  Prolégomènes 
qui  font  au  devant  de  la  Polyglotte  d'Angleterre,  la  Chronologie  Sar 
crée  de  cet  Auteur ,  qui  avoit  été  imprimée  à  Paris  en  16  jj.  8c  de 
plus,  fon  Ouvrage  fur  la  Defcription  du  Temple  de  Salomon.  *Mé- 
moires  Savans.  SUP.  [On  a  imprimé  à  Amfterdam  en  1689.  les 
Commentaires  Théologiques  8c  Critiques,fur  le  VieuxTeftament, 
avec  la  défenfe  de  fon  Arcanum,  in  fol.  Il  mourut  à  Saumur  en  i  <Sj-8. 
le  1 6.  de  Juin.  Il  a  fait  lui-même  un  Abrégé  de  là  vie,  dans  fon  Ecrit 
de  Cappdlorumgentei] 

C  A  P  P  I D  U  S ,  Prêtre  de  Staveren  dans  la  Frife ,  vivoit  dans  le 
X.  Siècle  du  tems  de  Conrad  8c  d'Henri /'Oîyê/f»r  Empereurs.  U 
compofa  la  Généalogie  desPrinces,Ducs,8c  Rois  deFrife ,  l'Hiftoirc 
Ecclefiaftique  du  pais ,  8c  quelques  autres  Traitez ,  qui  ont  tous 
été  brûlez  par  l'incendie  d'une  Bibliothèque.  *  VolTius ,  de  Hifi. 
Lat.li.i.c.^g. 

CAPPOCHI,  (Alexandre)  Religieux  de  l'Ordre  de  Saint  Do- 
minique ,  étoit  fils  de  Pierre  Cappochi,  Bourgeois  de  Florence ,  vil- 
le de  "Tofcane ,  8c  de  Marguerite  de  Falcano,  auflTi  native  de  Floren- 
ce, oùilnâquitle  i4.d'Oâ:obre  ij'i^.  Après  la  mort  de  fon  père» 
n'ayant  que  douze  ans.il  reçut  l'habit  de  cet  Ordre  des  mains  du  Pè- 
re Archange,  le  19.  Avril' ij'i7.  Il  fe  rendit  fort  favant  dans  les 
Langues  Orientales ,  c'cft-à-dire,dans  la  Chaldaïque ,  la  Syriaque, 
l'Arabe ,  8c  l'Hébraïque.  Il  parloit  fi  bien  Hébreu ,  que  lors  qu'il 
prêchoit,  les  Juifs  croyoient  qu'il  fut  de  leur  nation.  Après  avoir 
fait  admirer  fon  zèle  dans  ces  faints  exercices ,  il  mourut  à  Florence 
le  8.jourd'Oâ:obre  de  l'année  15-81.  *  Hilarion  de  Cofte ,  Uiftoire 
Catholique  des  Ho?nmes  ^  Dames  illuftres.  SUP. 

CAPPOCHI,  [Nicolas]  Cardinal ,  Evêque  d'Urgel ,  étoit 
de  la  même  famille  de  Cappochi,  qui  eft  noble  8c  ancienne  à  Rome. 
Il  étoit  petit-neveu  du  Pape  Honoré  I  V.Son  père  JeanCappochi  l'é- 
leva  avec  beaucoup  de  foin,  8c  il  l'envoya  à  Perouie ,  où  il  fe  rendit 
habile  dans  le  Droit  Canon  8c  Civil ,  fous  Balde  8c  Barthole ,  qui  y 
étoient  ProfelTeurs.  Depuis  étant  venu  à  Avignon ,  où  étoit  alors 
le  S.  Siège ,  il  s'y  fit  coniiderer ,  eut  divers  bénéfices  confiderables  , 
8c  fut  fait  Cardinal  par  le  Pape  Clément  VI.  en  135-0.  En  135-6.  le 
Cardinal  Tallerand  de  Perigord  8c  lui  vinrentLégats  enFrance  pour 
y  accorder  les  differens  qui  étoient  entre  le  Roi  Jean  8c  Edouard  IIL 
Roi  d'Angleterre.  Leurs  foins  furent  inutiles  ;  8c  la  funefte  bataille 
de  Poitiers  décidade  cette  guerre.  Le  Cardinal  Cappochi  fe  trouva 
à  l'éleâion  d'Urbain  V.  qu'il  fuivit  à  Rome.  Ce  fut  en  ce  tems 
qu'il  fonda  un  Collège  à  Peroufe ,  un  Monaftere  à  Mont  Murdno 
pour  les  Religieux  delà  Congrégation  du  Mont  des  Oliviers ,  8c  di- 
vers autres  édifices  facrez ,  qui  feront  des  monumens  éternels  de  la 


virjudicio  O'  undecumque  doSiffimusW  ajoute  au  même  endroit,  que   pieté  de  ce  Cardinal.  Il  mourut  faintement  à  Monte  Falconele  aô. 

-_^ ii__..^ ^.._:^  1-  .. j_  _!../: nnu.c_i — :„_.  J~  '  Juillet  de  l'an  1368.  8c  fon  corps  fut  porté  à  Rome  8c  enterré  dans 

l'Eglife  de  Sainte  Marie  Majeure ,  où  l'on  voit  encore  fon  épitaphc. 
*  Martinelli,  Onuphrc,  Bofquet,  Auberi,  8cc. 

CAPPOCHI,  (Pierre)  C  ardinal ,  étoit  de  Rome.  Son  mé- 
rite le  fit  connoître  au  Pape  Innocent  IV.lequel  étant  peifuadé  de  là 
capacité  8c  de  fa  grande  expérience  dans  les  affaires ,  le  mit  au  nom- 
bre des  Cardinaux  l'an  1 24+.  8c  l'ayant  mené  avec  lui  en  France ,  il 
s'en  fervit  utilement  dans  le  Concile  de  Lyon.  Après  cela  il  l'envoya 


cet  excellent  Ouvrage  étoit  la  terreur  de  plufieurs  Théologiens  de 
Genève,  qui  avoit  du  zèle  pour  la  caulè  de  Dieu,  Opus  qunntivis  pre- 
tii ,  fed  à  multis  x,elo  Deiflagrantibus  etiam  hic  Genevî  reformidalum. 
Mais  le  même  Morus  nous  aifure  que  ce  zèle  n'étoit  pas  félon  la  vé- 
rité ;  8c  l'on  a  remarqué  que  Louis  Cappel  n'avoit  eu  autre  dellcin 
que  d'établir  plus  fortement  les  premières  opinions  des  Réformez , 
qui  convenoient  en  cela  avec  les  plus  habiles  Catholiques.  Ce  fa- 
vant homme  a  compofé  un  autre  Ouvrage  intitulé  Criricajkcra ,  & 


imprimé  à  Paris  en  1650,  qui  a  encore  tait  plus  de  bruit  que  lèpre- j  en  A  llemagne,où  il  fe  trouva  l'an  1 148  .à  la  Diette  de  Franctort.dans 
mier ,  8c  qui  lui  attira  la  haine  de  plufieurs  de  fon  parti  ;  comme  s'il  j  laquelle  Guillaui-ne  de  Hollande  fut  élu  Empereur  contre  Frédéric 
fe  fut  uniquement  propoféd'appuyer  les  fentimens  des  Catholiques    --  -     -     ■■     ■  ••        ■    -•  ■        ,   .-  . 

fur  l'autorité  de  l'Ecriture ,  8c  de  ruiner  l'autorité  du  texte  Hébreu. 


II.  Le  CardinalCappochi  avoit  fi  bien  réuffi  dans  cette  commiflion, 
que  le  Pape  lui  en  donna  une  encore  plus  importante.    Ce  fut  de 

faire 


CAP. 

faire  la  guerre  en  Italie  contre  le  même  Frideric  ÎI.  îln'yréuflît 
point  mai,&  étant  de  retour  à  Rome,il  lui  arriva  cette  avanture  d'u- 
ne image  de  la  Sainte  Vierge  tombée  dans  un  puits,qui  donna  occa- 
fion  à  Cappochi  de  faire  bâtir  l'Eglife  de  NôtreDame  de  la  place.qui 
eft  aujourd'hui  aux  Servîtes.  Il  mourut  en  la  même  ville  de  Rome 
le  iS.J^Mdel'an  izj-9.8c  il  fut  enterré  dans  l'Eglife  de  Sainte  Marie 
Majeure,  dont  il  étoit  Archiprêtre,  &  où  l'on  voit  encore  fon  épita- 
phe.  *  Ciaconius ,  inlmoc,  /FiAuberi,  Hift.desCard.  Marrinelli', 
&c. 

CAPPOCHI,  (Reinier)  Cardinal,  étoit  de  Viterbe.  Ughel 


CAP.  4^ 

toutes-égales,  8c  une  cour  au  milieu  parfaitement  rotide  de  même 
que  les  corridors  &  les  galeries  qui  l'environnent  ;  &  cependant  les 
laies  fontquarréesSc  bien  proportionnées.  La  principale  eft  peinte 
delamaindePietroOrbiita,  qui  étoit  en  réputation  fous  Paulin. 
Il  y  a  une  des  chambres,  où  quatre  perfonnes  étant  placées  chacune 
dans  un  coin,  l'oreille  tournée  à  la  muiaille ,  elles  s'entendent  par» 
1er  fort  diftinftement,  quoi  qu'elles  parlent  bas  ;  &ceux  qui  ibnt 
au  milieu  de  la  chambre  n'en  entendent  rien.  Il  y  en  a  une  autre  i 
ou  ii  vous  frappez  du  pied,quand  vous  êtes  au  milieu  de  la  chambre» 
ceux  qui  font  au  dehors  croyent  qu'on  y  a  tiié  un  coup  de  piftolet. 


eftime  qu'il  avoit  été  Religieux  de  l'Ordre  de  Saint  Benoît  &  qu'il  /  Tous  les  autres  appartemens  ont  chacun  leur  beauté  particulière' 


fut  depuis  Evêque  de  Viterbe.  Le  Pape  Innocent  III.  le  fit  Cardinal 
en  1 1 1 3 .  Honoré  Ill.l'envoya  Légat  dans  la  Tofcane.Gregoire  IX. 
lui  continua  ce  même  emploi  ;  &  Innocent  IV.  qu'il  avoit  accom- 
pagné au  Concile  General  de  Lyon  de  l'an  1 245'.  l'envoya  en  Italie , 
pour  y  publier  les  cenfures  contre  l'Empereur  FredericII.Sc  retenir- 
dans  le  devoir  les  villes  foumifes  au  Saint  Siège.  Le  Cardinal  Cap- 
pochi s'aquitta  fi  bien  de  cet  emploi,  que  le  même  Pape  le  pourvut 
du  gouvernement  du  Patrimoine  de  Saint  Pierre,8c  il  mourut  «  Vi- 
terbe l'an  1 25-0.11  y  avoit  fait  diverfes  fondations  confiderables  d'E- 
glifes  8c  de  Monafteres.  Bzovius  parle  de  celui  de  Saint  Dominique 
gc  d'un  fqnge  aiTez  extraordinaire.  *  Onuphre  8c  Ciaconius ,  in  Vit. 
Tont.  Bzovius ,  .<f.  C.  1 220.  ».  7 .  Auberi ,  Hift.  des  Card.  Ughel ,  Ital. 
facr.  ^c. 

C  A  P  R  A ,  (Benoît)  de  Peroufe ,  un  des  plus  célèbres  Jurifcon- 
fultes  de  fon  iiécle ,  a  fleuri  fur  la  fin  du  XV.  Siècle ,  vers  l'an  1480. 
Il  favoit  le  Droit  Canon  8c  Civil ,  la  Théologie ,  les  belles  Lettres  ; 
Se  ritahe  n'avoit  pas  de  fon  tems  un  homme  d'une  érudition  plus 
imiverfelle.  On  lui  attribue  divers  Ouvrages  ;  8c  entre  autres  des 
Commentaires  fur  les  Décretales.  *  Tritheme ,  de  Script.  EccL  Gef- 
ner,  Poflevin,  8cc. 

CAP  RAI  A.  Cherchez  Capraria. 
C  A  P  R  A  R  A ,  (Alexandre)  Jefuïte ,  Italien ,  étoif  d'une  noble 
femille  de  Bologne.  Sa  vertu  8c  fon  érudition  le  firent  aimer  dès  fa 
jeuneflè  du  Cardinal  Paleotte ,  qui  l'obligea  de  mettre  au  jour  plu- 
fieurs  Ecrits  qu'il  avoit  faits  fus  diverfes  matières ,  avant  l'âge  de 
vingt  8c  un  an  ;  8c  Charles  Sigonius.qui  avoit  été  fon  Maître.lui  lait 
fa  tous  fes  Ouvrages  en  mourant.Etant  entré,âgé  de  vingt  8c  un  an, 
dans  la  Société  des  Jeliiites  en  15-80.  il  s'y  difiinguaparfonzeIe8c 
par  fa  vertu ,  8c  eut  enfuite  le  gouvernement  de  plulieurs  Collèges 
avec  d'autres  emplois  confiderables.  Il  excelloit  dans  la  Morale,  8c 
ièrvoit  fouvent  de  confeil  au  Cardinal  François  de  Gonzague.  Ce- 
pendant il  exerçoit  avec  ferveur  toutes  les  vertus  Religieufès.  Il 
mourut  faintement  à  Mantouë  le  6.d'Oâ:obr.i  625- .âgé  de  fôixante- 
£x  ans.  Les  Magiftrats  de  la  ville  voulurent  que  fon  corps  fût  mis 
dans  un  tombeau  féparé  des  autres.  *  Alegamhe ,  Bibl.  Fat.  Soc.Jef. 
SU  P. 

CAPRANICA,  (Ange)  Cardinal,  Evêque  de  Rieti ,  8c  Lé- 
gat à  Bologne,  étoit  frère  de  Dominique,  aimoitles  Lettres,  8c 
avoit  parmi  fes  domeftiques  des  perfonnes  d'un  rare  favoir ,  8c  en- 
tre autres  iEneas  Sylvius ,  lequel  ayant  été  élevé  fur  le  fiege  Ponti- 
fical fous  le  nom  de  Pie  II.  mit  au  nombre  des  Cardinaux  Ange 
Capranica  en  1460  C'étoit  un  homme  de  grande  vertu  ;  il  mourut 
à  Rome  l'an.  1478. 8c  il  fut  enterré  dans  le  même  tombeau  que  fon 
ftere.  *  Gobelin,  in  Comment.  Fit  II.  /«.  2.  Onuphre  ,  Auberi, 
&c. 

CAPRANICA ,  (Dominique)  Jurifconfulte  Romain ,  étoit  fils 
de  Nicolas,  8c  frère  d'Ange  Capranica.  Il  étudiaàPadouë  8c  à  Bo- 
logne Ibus  les  plus  célèbres  Jurifconfultes ,  8c  s'aquit  la  réputation 
d'être  un  des  plus  favans  hommes  de  fon  tems.Le  Pape  Martin  V.le 
pourvut  de  divers  emplois  confiderables ,  Ini  donna  le  gouverne- 
ment d'Imola,  8c  le  nommaCardinal  en  1 42  3 .  Mais  comme  cePape 
mourut  avant  que  de  lui  avoir  donné  les  ornemens  de  cette  dignité, 
on  refiifa  de  le  recevoir  dans  le  Conclave.Eugene  IV.  fiiivit  ces  fen- 
timens  contre  Dominique  Capranica  :  il  s'en  plaignit  au  Concile  de 
Bâle  8c  on  lui  attribua  le  titre  8c  les  honneurs,  qu'onyrendoitaux 
perfonnes  de  fà  qualité.  Il  étoit  confideré  par  fa  probité ,  8c  il  avoit 
une  très- grande  expérience  dans  les  affaires.  On  confeilla  au  Pape 
Eugène  IV.  de  ne  fe  pas  attirer  de  fi  puiffans  ennemis:  il  fui  vit  ces 
confeils ,  8c  ayant  trouvé  le  moyen  de  faire  parler  à  Capranica ,  il 
l'attira  à  Florence,le  reconnut  pour  Cardinaljl'envoya  Légat  dans  la 
Marche  d'Ancone ,  8c  lui  donna  le  gouvernement  de  Peroufe.  Ni- 
colas V.  l'aima  8c  lui  confia  les  emplois  les  plus  importans.  Car  il 
l'envoya  deux  fois  Légat  à  Alfoniè  V.  Roi  d  Aragon.  Capranica  frit 
encore  Grand  Pénitencier,  Califte  III.  fuceeflêur  de  Nicolas  le  con- 
fidera  auffi  infiniment ,  8c  on  ne  doute  point  qu'il  n'eût  été  mis  à  fa 
place  s'il  l'eût  furvécu  de  quelques  jours;  mais  il  mourut  en  même 
temsquelui,  le  14.  Août  de  l'an  145-8.  Ce  Cardinal,  comme  je 
l'ai  dit ,  étoit  très-favant  ,  £c  avoit  une  très-belle  BibUotheque , 
qu'il  laififa  pour  un  Collège  qu'il  fonda  à  Rome.Son  corps  fut  enter- 
ré aux  Jacobins  de  la  Minerve,  où  l'on  voit  fon  tombeau.  *  Ciaco- 
nius, aux  uîddit.Yiâorel  8c  Onuphre,</««j  Martin  V.  S.  Antonin.  tit. 
3.1. c.  i6t  fur  la  fin.Vhxvas ,  dans  Califte  ni.  Eneas  Sylvius,  fous  le 
nom  de  Gobelin  i  Comment,  lib.  i .  Sponde ,  aux  Annal. 

C  APRARI  A,ouL  A  C  a  p  r  a  i  a  ,  petite  ifle  entre  Corfe  & 
l'Italie  aans  la  mer  de^enes.  Elle  étoit  autrefois  habitée  par  de 
faints  Moines  ;  8c  elle  é^ujourd'hui  fujette  aux  Génois ,  qui  y  ont 
garnifon.  Les  Anciens  la  nommoient  JEgito»  ou  Mgilium  ,  Ca- 
fraria&cCapraJïa.  *  Pline,  i(.  3.C.  6.Ptolomée,  8cc. 

CAPRAROLA ,  palais  célèbre  d'Italie,  au  Duc  de  Parme.  Ale- 
xandre Farnefe  Cardinalle  fit  bâtir  dans  le  XVI.Siécle.  Il  eft  dans  le 
Patrimoine  de  Saint  Pierre ,  au  Comté  de  Ronciglion ,  près  de  Vi- 
terbe ,  Se  environ  à  vingt-cinq  milles  de  Rome.  Caprarok  eft  un 
ouvrage  du  fameux  ArchiteûeVignole,  8c  on  l'eftime  un  des  plus 
magnifiques  palais  qui  foient  en  Italie.pour  fon  Architeéture.  Il  eft 
contre  une  montagne,bâti  en  pentagone javec  cinq  faces  fort  fautes 


Les  jardins  8c  les  fontaines  y  font  dignes  de  cet  admirable  palais, 
C  A  P  R  A  T.  Cherchez  Alvarez 
C  A  P  R  E'  E ,  ou  IsLE  DE  Capri  ,  Caprex  é-  Caprea,  ifle  de  h 
mer  Tyrrhene  ou  de  "Tofcane ,  vis-à-vis  de  Puzzol  dans  le  royaume 
deNaples.  Elle  en  dépend,  gc  c'eft  cette  ifle  où  Tibère  fe  retirai 
pour  y  commettre  tous  fes  crimes ,  qui  ne  furent  pas  fi  bien  cachez, 
que  Suétone  ne  les  ait  fus,  pour  donner  à  la  pofteritéplusd'aver- 
lion  pour  celui  qui  les  commettoit  fans  honte.  Autrefois  cette  ifle 
ayoit  deux  villes;  maintenant  elle  n'en  a  qu'une,  qui  eft  Epifcopa- 
lefouslaMetropled'Amalfi.  *  Pline,  //.  3.  c.  5-.  Strabon,  M.  <•, 
Suétone ,  dans  Tibère. 

GAPREOLE,  (Elle)  natif  de  Brefce  en  Italie ,  8c  excellent 
Jurifconfulte  8c  Hiftorien,  a  été  en  eftime  au  commencement  du 
XVI.  Siècle.  Il  compofa  divers  Ouvrages ,  qui  lui  aquirent  beau-' 
coup  de  réputation  ;  comme  l'Hiftoire  de  Brefce  en  XIV.  livres,, 
dont  il  y  en  a  douze  d'imprimez.  Hefenfioftatuti  Brixienjîum ,  de 
ambitions  &  fumpibus  fmerum  minuendis.  Dialogus  de  confirmations 
fidei ,  c^c.  Elle  Capreole  mourut  fort  âgé  en  1 5- 1 9 .  *  Baptifta  Man- 
tuanus ,  in  Carm.  Leandre  Alberti ,  De/ir.  Ital.  Voffius ,  de  Hift. 
Lat.  Le  Mire  5  de  Script.  Sdc.  XVI. 

CAPREOLE,  Evêque  de  Carthage ,  envoya  fe  Diacre  Befula 
pour  afllfter au  Concile  d'Ephefeen43i ,  lemiièrable  état,  où  fe 
trouyoient  les  Eglifcs  d'Afrique  par  la  guerre  des  Vandales,  ayant 
empêché  les  PKlats  d'y  aller  eux-mêmes  ,'  il  écrivit  une  lettre  d'ex- 
cufe,  qui  fe  voit  encore  parmi  les  Aâes  du  Concile  d'Ephelè  ;  8c 
unedellncarnation,  rapportée  en  partie  par  le  Cardinal  Baronius. 
Mais  depuis,  le  P.  Sirmond  la  fit  imprimer  à  Paris  l'an  1630.  avec 
quelques  autres  Traitez  contre  les  Neftoriens.  Elle  eft  fous  ce  titrer 
JDe  ma  Chriftiveri  Dei  ^  hominis  perftina.  On  croit  que  Capreole 
l'adrefloitàVitalis  8c  à  Tonantius  ou  Conftantius  Evêque  d'Efpa- 
gne.  Vincent  de  Lerins  parle  avantageufement  de  ce  Prélat,  Scde 
là  lettre  écriteau  Concile  d'Ephefe. 

CAPREOLE,  (Jean)  Religieux  de  l'Ordre  de  Saint  Domi-i 
nique,  a  vécu  dans  le  XV.  Siècle.  Il  étoit  François ,  de  la  province 
de  Languedoc ,  natif  d'un  village  près  de  Touloufe ,  où  il  fe  fit  Reli- 
gieux ,  8c  il  devint  un  grand  defenfeur  de  la  doârine  de  Saint  Tho- 
mas. Il  compofa  quatre  Livres  de  Commentaires  lùr  le  Maître  des 
fèntences.  Tritheme  dit  qu'il  vivoit  en  i4i5-.Bellarmin  en  1410^ 
Antoine  de  Sienne  eni424.  8c  Sponde  aiTure  que  c'étoit  en  i44îi 
C'eft  fur  cette  année,  qu'il  rapporte  une  difpute  que  Capreole  eut 
avec  Toftat  au  Concile  de  Bâle ,  du  tems  d'Eugène  IV. 

CAPRERA,  (Bernard)  Grand  Juge  de  Sicile,  vivoit  dans 
le  XV.  Siècle;  Il  voulut  envahir  le  royaume  après  la  mort  du  Roi 
Martin  en  1 4 1  o .  8c  époufcr  Blanche  veuve  de  ce  Prince  ;  ce  qui  fut 
la fource de plufieurs malheurs.  *Fazel,  //.  2.  defir.  9.  ca{.  S* 
Surita ,  li.  11. 
CAPRI.  Cherchez, Caprée. 

CAPRICORNE,  un  des  douze  Signes  du  Zodiaque ,  coiji-? 
pofé  de  vingt-huit  étoiles ,  qui  repréfcntent ,  dit-on ,  la  figure  d'u- 
ne chèvre.  Le  Soleil  entre  dans  ce  Signe  au  mois  de  Décembre ,  8c 
fait  alors  le  Solftice  d'hyver ,  commençant  à  revenir  vers  l'Equa- 
teur. Les  Poètes  difent  que  c'eft  la  chèvre  d'Amalthée,  qui  avoit 
nourri  Jupiter  de  fon  lait ,  8c  dont  ce  Dieu  voulut  faire  une  conftel-i 
lation  pour  la  recompenfer  de  ce  bon  office.  D'autres  ont  feint  qua 
le  Dieu  Pan  ,  craignant  le  géant  Typhon,  fe  déguifa  en  fe  transfor- 
mant en  un  bouc  qui  avoit  une  queue  de  poiflbn:  8c  qu'il  fut  enlùite 
enlevé  au  ciel  par  ordre  de  Jupiter ,  qui  avoit  admiré  cette  adrefle. 
*CKfius,  incœloAftronom.Fo'étic.  Augufte  Cèfar  étant  né  fous  ce 
Signe  fit  battre  quantité  de  pièces  d'or  8c  de  cuivre,qui  en  portoient: 
la  figure.  C.  Patin.yar  Suétone.  De  Thou  remarque  auflî  que  Cofma 
de  Medicis  Grand-Duc  de  Tofcane  vint  au  monde  fous  le  mêmeSi- 
gne.  Pline,//f .  1 1  .c.  1 5- .dit  que  ceux ,  qui  habitoient  l'Attique  vers  le 
Midi,  avoient  un  jour  nommé  Caprificiel  ,  qu'ils  confacroient  à 
Vulcain,  8c  auquel  ils  commençoient  la  récolte  de  leur  miel.  SUP. 
CAPRONCZA.  Cherchez Copranitz . 
C  A  P  R  O  T I N  E ,  eft  le  nom  que  les  anciens  Romains  donne* 
rent  à  Junon  8c  aux  Nones  de  Juillet ,  auxquelles  ils  célebroient  unei 
fêtefolennelle,  dont  voici  l'origine.  Après  que  les  Gaulois  furent 
fortis  de  Rome,  les  peuples  voiiins,  qui  favoient  que  ks  forces  de  la 
République  étoient  epuifées ,  trouvèrent  l'occafion  belle.pour  s'ea 
rendre  maîtres ,  8c  donnèrent  le  commandement  de  leurs  troupes  à 
Lucius  Diftateur  des  Fidenates ,  lequel  envoya  un  Héraut  au  Sénat» 
poiu:  lui  déclarer  que  s'il  vouloit  conferver  les  reftes  de  Rome,il  fal- 
ïoit  que  les  Romains  lui  envoyaflTent  toutes  leurs  femmes  8c  toutes 
leurs  filles.-  Les  Sénateurs  voyant  leilr  perte  prochaine ,  8c  ne  fa- 
chant  à  quoi  fe  réfoudre,uneEfclave  nommée  PhUotes  ayant  aflèm* 
blé  toutes  les  autresjeur  fit  prendre  avec  elle  les  habits  de  leurs  maî- 
trefi^s  8c  de  leurs  filles ,  8c  dans  cet  équipage  trompeur ,  elles  paiTe- 
rent  dans  le  camp  des  ennemis.  Le  Général  les  ayant  diftribuées 
aux  Capitaines  8c  aux  Soldats ,  elles  les  invitèrent  à  boire  &  à  fe  ré-- 
jouir,  fous  prétexte  qu'elles  célebroient  ce  jour-là  entr'elles  une  fê-' 
te  folennelle  ;  8c  après  qu'ils  fe  furent  remplis  de  vin  8c  que  le  fom- 
meil  les  eut  aflbupis ,  elles  donnèrent  un  fîgnal  du  haut  d'un  figuier 
fauvage ,  auquel  les  Romains  accoururent  8c  firent  main-baft"e  par 
tout.Le  Sénat  en  recojinoiiTance  de  ee  bon  office  accorda  la  liberté  à 


48  CAP.  CAR. 

Ces  courageufes  Efclaves,  8c  leur  affigna  à  chacune  une  fomme  d'ar- 
gent des  deniers  publics  pour  fe  marier.  Les  Romains  appellerent 
ce  jour  de  leur  délivrance  Its  Nones  Caprotines ,  &  établirent  une  fête 
annuelle  à  Junon  Caprotine ,  ainlî  nommée  de  caprificus,  qui  lignifie 
urifigmerfati-vagei  *  Plutarque.  SUP. 

C  A  P  S  A ,  ville  de  la  Libye  intérieure  au  milieu  de  fes  vaftes 
deferts ,  dont  elle  eft  environnée  de  tous  cotez  :  c'eft  d'où  elle  a 
tiré  fon  nom ,  félon  le  fentiment  du  doéte  Bochart  ;  Caphas  en  Hé- 
breu, d'où  il  dérive  CA/yîî,  Çigw.iia.ntprepr  ^ferrer.  Florus&Sa- 
lu.fte ,  parlant  des  habitans  de  Capfa,difent  qu'ils  font  au  milieu  des 
fables  &  des  ferpens,qui  les  défendent  mieux  que  leurs  arméesjeurs 
murailles ,  &  leurs  remparts  contre  ceux  qui  les  voudroient  atta- 
quer. SUP. 

CAPUCI,  ouCapucio,  (Antoine)  natif  de  Spolete ,  a  vé 
eu  au  commencement  du  XVL  Siècle.  Il  avoit  été  difciple  de  Marc 
Antoine  Muret ,  Se  avoit  appris  fous  lui  le  Grec  8c  les  belles  Lettres, 
qu'il  enfeigna  depuis  avec  beaucoup  de  réputation.  On  dit  que  fes 
mœurs  n'étoient  point  trop  bien  réglées ,  8c  qu'il  en  porta  des  rnar- 
ques  fîir  le  vifage  en  1 620.  Il  mourut  de  pefte  à  Padouè'  avec  fa  fem- 
me 8c  fes  enfans,  l'an  163  i.fes  Ecrits  fe  font  perdus.  *JaquesPM- 
lippe  Thomaffini ,  in  Vit.  lUuJl.  Viror. 

CAPUCIATI,  ou Encapuchonnez,certains Hérétiques, qui 
s'élevèrent  en  Angleterre ,  en  1387.  ainfinommez,parce  qu'ils  ne 
iè  découvroient  point  devant  le  Saint  Sacrement.Ils  fuivoient  les  er- 
"reurs  de  WicJef ,  8c  foutinrent  l'apoilalie  de  Pierre  Pareshul  Moine 
Auguftin ,  lequel  ayant  quitté  le  froc  accufa  fon  Ordre  d'homicide, 
delbdomie,  de  trahifon,  Se  de  plufieurs  autres  crimes.  *  Sponde, 
^.C.  1387.  num.  9. 

CAPUCINS,  Congrégation  de  Religieux  de  Saint  François , 
qui  font  ainli  nommez  delà  forme  extraordinaire  de  leur  capuchon. 
Matthieu  de  Bafci,Frere  Mineur  Obfervantin  duDuché  de  Spolette, 
8c  Religieux  au  Couvent  de  Montefalconi ,  affural'an  ifzf.  que 
Dieu  l'avoit  averti  d'exercer  une  plus  étroite  pauvreté,§c  fe  retira  en 
folitude  avec  permiffion4u  Pape.  Quelques  autres  pouflèz  du  mê- 
me efprit  le  joignirent  au  nombre  de  douze.  Le  DilC  de  Florence 
leur  donna  un  Hermitage  dans  fes  terres;  £c  Clément  VU.  approu- 
va la  Congrégation.  Le  Pape  Paul  III.  la  confirma  l'an  ifjj-.  avec 
permilTion  de  s'établir  par  tout ,  8c  lui  donna  un  Vicaire  General  j 
avec  des  Supérieurs.  On  dit  que  le  premier  Couvent  de  cet  inftitut 
fut  bâti  à  Camerino ,  par  la Duchefle  Catherine  Cibo.  Sous  le  rè- 
gne de  Charles  IX.  les  Capucinsfurent  reçus  en  France,  8c  eurent 
premièrement  un  Couvent  à  Meudon ,  que  le  Cardinal  de  Lorraine 
leur  fit  bâtir.  Henri  III.  leurenfit  conftruireun  à  Paris,  au  faux- 
bourg  Saint  Honoré.  Ils  ont  neuf  provinces  dans  ce  royaume,  ou 
dix,  en  y  comptant  celle  de  Lorraine ,  8c  un  très-grand  nombre  de 
Monafteres.  *  Gratian ,  Hta  Cotnmend.  Cttrd.  Luc  Wadinge  ,  Se 
Zacharie  Boverius ,  Sponde ,  A.  C.  i  fz^.  à^fuiv. 

0^  Après  cela  ,  on  peut  connoître  que  ceux  qui  ont  ofé  écrire  „ 
que  Bernardin  Ochin  ou  Okin ,  qui  paffa  chez  les  Proteftans ,  fut 
Inftituteur  d'une  Congrégation  fi  fainte ,  étoient  mal  informez  de 
la  vérité;  il  eft  vrai  qu'il  eut  l'avantage  d'en  être  Général,  8c  un 
des  premiers  8c  des  plus  fignalez  de  ceux  qui  commencèrent 
Ta  Réforme  ;  mais  il  ne  la  fonda  pas.  Cherchez  Bernardin  O- 
chin. 
C  A  P  U  CI  O.    Cherchez  Capud. 

CAP  VER  D,  promontoire  Célèbre  d'Afrique  dans  la  Nigritie, 
au  Midi  de  l'embouchure  du  Senega,  8c  au  Couchant  de  l'Afrique. 
Cette  côte  eft  fréquentée  par  les  Européens.  Les  ifles,  qui  font  vers 
l'Occident  à  ij-o.  lieues  de  cap,  font  connues  fous  le  nom  d'ifles 
duCap-Verd,  parce  que  ce  cap  eft  la  partie  de  la  terre  ferme,  qui' 
en  approche  le  plus.  Elles  font  rangées  prefque  en  forme  de  croif- 
fant  ou  de  demi-cercle,  dont  la  partie  convexe  regarde  la  grande 
terre,  8c  les  deux  pointes  la  grande  mer.  Les  Portugais  en  font  les 
maîtres  ;  elles  ne  font  pourtant  pas  toutes  habitées ,  les  principales 
font  Saint  Jaques ,  Saint  Nicolas ,  Sainte  Luce ,  Sainte  Marie ,  l'Ifle 
du  Sel ,  l'iile  du  Mai,  Bonne-vûë,  Saint  Antoine ,  Saint  Vincent , 
rifle  du  Feu,  Bravo  8cc.  Je  parle  ailleurs  de  ces  ifles  en  particulier; 
il  fuffit  d'ajoûter,que  quelques  Auteurs  les  prennent  pour  lesHeipe- 
rides  des  Anciens ,  mais  il  y  a  plus  d'apparence  que  ce  font  les  Gor- 
gades  ;  d'autres  en  parlent  diverfement. 

C  A  P  Y  S ,  furnommé  Sylvius ,  feptiéme  Roi  des  Latins ,  8c  de 
la  famille  d'Enée.  Ilfoccéda  à  Capetel'an  3090.  du  Monde,  8c 
régna  vingt-huit  ans ,  d'autres  difent  vingt-quatre.  Quelques  Au- 
teurs eftiment ,  que  ce  Capys  avoit  fait  bâtir  la  ville  de  Capouë.Sue- 
tone  dit  qu'on  trouva  dans  cette  ville  certaines  lames  d'airain  dans  le 
tombeau  de  Capys,  dans  la  même  année  que  Jule  Célàr  fut  tué.  Il  y 
avoit  des  caradteres  Grecs,  qu'on  déchifra  avec  peine,  8c  on  y  trou- 
va que  lors  que  les  os  de  Capys  feroient  découverts ,  un  des  defcen- 
dans  de  Jule  feroit  tué  par  les  fiens.  *Denys,  -<i»f .  Row.  Eufebe , 
C^;-o«. Suétone,  injul.^c. 

CAR,  fils  de  Phoronée  Roi  d'Argos ,  régna  à  Megare  ;  8c  il-^ 
appeller  cette  ville  8c  cette  province  Carie  de  fon  nom .  Il  y  bâtit  un 
tehiple  à  la  Déeflè  Cerès.  Cefot,  dit-on,  le  premier  qui  trouva 
l'art  de  deviner  par  le  vol  8c  le  chant  des  oifeaux.  *  Hérodote,  liv.i 
SUP. 

CAR,  (Robert)  Comte 'de  Sommerlèt.  Voyez  Sommer- 
set. 

CAR  A  Muftapha ,  Grand  Vizir.  Le  Grand  Vizir  Coprogli  fon 
oncle  le  fit  élever  parmi  les  Ichoglans  ou  jeunes  gens  du  Serrail.  Il 
avoit  de  belles  qualitez,qui  le  firent  aimer  desEunuques^Sc  en  moins 
de  dix  ans,il  fût  mis  au  nombre  des  Officiers  de  laChambre  duThré- 
for.  Ce  pofte  ne  fut  pas  defavantageux  à  Cara  Muftapha;  car  la  Sul- 
tane Mère  Validé  y  étant  allée  un  jour  avec  l'Empereur  fon  fils  Ma- 
homet IV.  fiit  charmée  de  l'air  8c  de  la  bonne  mine  du  jeune  Mufta- 
pha. Elle  lui  fit  d'abord  préfent  d'une  très-belle  émeraude,  que  le 
Sultan  lui  avoit  donnée:  8c  on  dit  que  depuis  cette  Sultane  le  fit 


CAR. 

entrer  fouvent  dans  fa  chambre,  pour  contenter  fa  paflloû  qui  de- 
vint extrême  pour  Cara  Muftapha.Ce  fut  par  les  foins  de  cette  Prin- 
ce le ,  qu  il  eut  les  plus  belles  charges  de  l'Empire,8c  qu'il  parvint  à 
celle  de  Grand  Viiir.Elie  lui  fit  donner  d'abord  la  charge  de  premier 
Ecuyer  du  Grand  Seigneur.  Quelque  tems  après  ,  il  tua  le  rebelle 
Aiîan  Bâcha  d'Alie,  par  l'ordre  de  fa  Hautefle;  ce  qui  lui  âéuit  en- 
tièrement l'eftime  de  fon  Prince ,  qui  le  récompenfa  de  la  charo-e  de 
Bâcha,  ou  Général  de  la  mer.  Il  fut  enfuite  Kaimacan,  qui'^ftla 
féconde  dignité  de  l'Empire;  8c  enfin  Grand  Vizir:  après  quoi  le 
Grand  Seigneur  lui  donna  fa  fille  en  mariage.  Il  auroit  eu  plus  de 
bonheur  pendant  fon  miniftere,s'il  eût  eu  moins  d'attachementaux 
mhrigues  du  Serrail.  La  PrincefiTe  Bafch-lari ,  veuve  du  malheureux 
Afian,  8c  fœur  de  l'Empereur  Mahomet ,  fut  caufedefaperte.  II 
en  devint  fi  éperdûment  amoureux,qu'il  n'y  eut  rien  que  ceMiniftre 
n'entreprît  pourjouïr de  cette Princeftb,  mais  inutilement;  caria 
Sultane  Validé ,  indignée  du  mépris  de  Muftapha,qu'elle  avoit  feule 
elevepour  contenter  fon  amour,  fit  avorter  tous  les  deflèins  de  ce 
Mimltre.  Muftapha,  pour  fe  venger,  fit  ôter  à  la  Sultane  Validé  la 
part  qu'elle  avoit  au  gouvernement  de  l'Empire.  Il  n'en  falutpas 
davantage,pour  mettre  à  bout  l'indigiiation  de  cette  Princefle.  Elld 
chercha  d'abord  tous  les  moyens  de  le  perdre.  Elle  appuya  auprès 
du  Grand  Seigneur  les  plaintes  que  lesGrands  de  la  Porte  firent  de  là 
tyrannie;  blâma  famauvaife  conduite  dans  la  guerre  de  Honoriej 
condamna  fa  lâcheté  au  fiége  de  Vienne;  qu'il  levahonteufenaent' 
après  y  avoir  fait  périr  les  meilleures  troupes  de  rEmpheOttoman; 
8c  fe  fer  vit  enfin  de  la  perte  de  Gran  pour  animer  les  Janiffaires  à  la 
révolte ,  8c  pour  obliger  par  ce  moyen  le  Grand  Seigneur  à  facrifier 
cet  infolentMiniftre  a  la  haine  publique.  Mahomet  eut  d'abord  de 
la  peine  à  y  confentir ,  parce  que  la  perfonne  de  fon  Grand- Vizir  lui 
étoit  extrêmement  chère  ;  mais  s'y  voyant  contraint ,  après  l'avoir 
fait  condamner  par  le  Muphti,  ouChefdelaLoi,  il  lui  envoya  fore 
arrêt  de  mort  par  deux  Agas  des  JaniiTaireSjqui  l'étranglèrent  à  Bel- 
grade le  zf.  Décembre  1 68  3 .  On  porta  fa  tête  en  diligence  à  Andri- 
nople,  où  elle  fut  un  fpeftacle  fort  agréable  au  peuple.  La  feule 
Princefle  Bafch-lari  donna  des  pleurs  à  fa  mort;  8c  ne  pouvant  fouf- 
frir  que  la  tête  d'un  homme,  qu'elle  avoit  honoré  de  fon  eftime,  fer- 
vît  de  fpeâacle  au  peuple ,  elle  la  fit  enlever  fecrettement  du  lied  oii 
elleetoitexpolee.  Voyez  l'Hiftoire  de  fa  Vie.  SUP. 

C  A  R  A  C  A  L  L  A ,  (Marc  Aurele  Antonin  BaflTien)  Empereur ,' 
fuccédâ  à  fon  père  Severe,au  commencement  du  lAois  de  Février 
de  l'an  2 II.  Il  étoit  né  à  Lyon  dans  le  palais  de  l'Antiquaille,  au 
tems  que  fon  père  gouvernoit  cette  province  ;  8c  il  y  fut  proclamé 
Empereur  près  de  Vimi,  qui  eft  à  prefent  le  Marquifat  de  Neufville. 
A  fon  retour  à  Rome,  il  fit  donner  la  mort  aux  Médecins ,  parce 
qu'ils  ne  l'avoient  pas  avancée  à  fon  père,  qu'il  avoit  voulu  faire 
mourir.  Il  tua  fon  frère  Geta,  entre  les  bras  de  fa  mere,fit  mourir  le 
grand  Jurifconfulte  Papinien,  qui  n'avoit  voulu  ni  excufer  ni  défen-- 
dre  fon  parricide;&  fit  donner  de  même  la  mort  à  tous  les  ferviteurs 
de  fon  père  ou  de  fon  frère  ;  de  forte  que  les  Hiftoriens  de  ce  tems-fâ 
comptent  jufqu'à  vingt  mille  perfonnes  maflacrées.  Il  eut  aufli 
l'efironteried'époufer  Julie  veuve  de  fon  père,  gc  étant pafîë  en 
Orient,  il  remplit  la  ville  d'Alexandrie  du  fang  de  fes  habitans  j  8c 
neconfultaplusque  les  Magiciens  8c  les  Aftiologues ,  bien  qu'il  fe 
piquât  d'imiter  Alexandre  le  Grand.  Tant  de  cruautez  avancè- 
rent fa  rnort:  quelques  Officiers  confpirerent  contre  lui;  Se  cem- 
me  il  alloit  d'Edefle  à  Carres  de  Mefopotamie,un  des  fes  Centurions 
nommé  Martien  l'aflàffina,  par  ordre  de  Macrin  qui  lui  fuccéda.  II 
fit  le  coup  dans  le  tems  que  Caracalla  étoit  defcendu  de  cheval,  pour 
aller  à  quelque  néceflité  naturelle,  8c  qu'il  étoit  éloigné  de  fes  Gar- 
des. Ce  fut  une  jufte  punition  de  fes  crimes,  car  il  étoit  devenu 
l'objet  de  la  haine  de  tout  l'Empire  8c  des  Princes  étrangers,  n'ayant 
ni  humanité  envers  fes  Sujets ,  ni  fidélité  envers  fes  Alliez.  Abaga- 
re  Roi  d'EdelTel'étoit  venu  voir,  comme  un  Allié  de  l'Empire,  8c 
Caracalla  s'affura  de  fa  perfonne  8c  fe  rendit  maître  de  fes  Etats.Il  e» 
uÊ  de  même  à  l'égard  du  Roi  des  Arméniens  8c  de  fes  engins.  Se 
d'Artabane  Roi  des  Parthes ,  qu'il  traita  tous  de  la  même  forte , 
après  les  avoir  trompez  lâchement ,  par  une  longue  fuite  de  fourbe-J 
ries  8c  d'artifices.  Son  emportement  contre  les  Alexandrins  ne  vint 
que  de  ce  qu'on  lui  avoit  rapporté,  que  ces  peuples  avoient  dit  quel- 
ques paroles  piquantes  contre  là  perfonne.  Le  règne  de  Caracalla 
fut  de  fîx  ans.deux  mois,8c  fix  jours;depuis  le  % .  Février  de  l'an  2 1  r, 
comme  je  l'ai  dit,  jufqu'au  huitième  de  l'an  217.  Il  étoit  âgé  de 
vingt-neuf  ans ,  ou  de  quarante-trois ,  félon  Spartien.  Le  nom 
de  Caracalla  lui  fut  donné ,  à  caufe  d'un  Certain  vêtement  qu'il  avoit 
apporté  des  Gaules,  8c  dont  il  vouloit  que  le  peuple  fe  fervît.  Il  fè 
ûta.ulïidor)neT  le  nom  de  Germanique,  après  avoir  vaincu  certains 
peuples  AUemans  qui  s'étoient  révoltez  ;  8c  voulut  qu'on  y  ajoutât 
celui  deParthique&cd'Araiique.  Ce  qui  fit  dire  à  Helvius Perti- 
nax  fils  de  l'Empereur  de  ce  nom ,  qu'il  y  falloit  encore  ajouter  ce- 
lui de  Getique ,  parce  qu'il  avoit  tué  ion  frère  Geta ,  8c  que  les  Goths 
font auffi  appeliez  Getes.  *  Spartien,  Aurelius  Viûor ,  Dion ,  He- 
rodien,  Euîèbe,  Sec, 

CARACCIOL,  Maifon.  La  MaifondeC ar  acciùl  eft 
des  plus  nobles  du  royaume  de  Naples ,  8c  elle  a  produit  de  grandsi 
hommes.  Outre  ceux ,  dont  je  parlerai  ci-après  ,  Nicolas 
MoscHiN  Caracciol,  Cardinal^s'eft  aquis  beaucoup 
de  réputation  dans  le  XIV.  Siècle.  Ilpritlmjit  de  Religieux  dans 
l'Ordre  de  S.  Dominique ,  8c  il  fut  Inquifiteur  de  la  Foi  dans  le 
royaume  de  Naples.  Urbain  VI.  le  créa  Cai-dinal  en  1378.  8c  il 
mourut  à  Rome  en  odeur  de  fainteté ,  1629. Juillet  1389.  Con- 
rad C  A  R  A  c  c  I  o  L,  Patriarche  de  Grade ,  Archevêque  de  Nico- 
fie,8c  Evêque  de  Malthe,fut  mis  au  nombre  desCardinaux  parlnno- 
eentVII.en  1405-.  Il  fe  trouva  au  Concile  de  Pife  à  l'éleâion  d'A- 
lexandre V.  Il  fut  depuis  Légat  dans  la  Lombardie,  8c  il  mourut  à 
Bologne  ,  le  ij-  Février  de  l'an  1411.  Gale azzo  Carac- 
ciol fut  Général  de  l'année  pava|e  de  Ferdinand  d'Aragon  Roi 
•'  '  de 


CAR* 

de  Naples,&  AntoineCaracciol  eut  de  grandes  charges  à  la  Cour 
de  l'Empereur  Charles  V.  &  entre  autres  celle  de  Majordome.  Dans 
le XVII. Siècle  César  Eugène  Caracciol  a  publié  un  Ouvrage 
intitulé  Nafoti  fiera.  Antoine  Caracciol  fit  imprimer  en  164.5-. 
un  Traité  fous  le  titre  De  frcris  Ecclefis.  monumentis.  Et  Metel- 
Lo  Caracciol  ,  Jcluïte  ,  eft  Auteur  de  trois  volumes  de  Com- 
mentaires fur  Ifaie  ,  Se  de  quelques  autres  Ouvrages.  *  Sanfo- 
vin ,  Fp.7ml.  Itul.  Ammirato ,  Famil.  Neafol.  Le  Mire  ,  de  icripe. 
Sic.  XVII.  Alegambe,  de  Scrift.  S.  f.  Francifco  de  Pétri,  Chrm, 
delta  Éam.  Carac. 

CARACCIOL,  (Charles  André)  Marquis  de  Torrecufi,  Duc 
de  S.George,6cc.étoitdelamêmemaifon  dans  le  royaume  de  Na- 
ples,  cù  il  naquit  en  1^83.  de  Lelio  Caracciol.  A  peine  étoit-il 
ibrti  de  l'enfance ,  qu'il  porta  les  armes  en  Afrique ,  8t  commença 
d'apprendre  un  métier  qui  lui  a  aquis  une  très-grande  réputation.  A 
ion  retour ,  il  commanda  un  terfe  d'Infanterie  dans  l'armée  navale, 
qu'on  envoya  dans  le  Brelil;  Se  puis  s'avança  peu  à  peu  dans  les  ar- 
ities.Il  accompagna  leCardinal  Infant  dans  les  Païs-Bas,&  fe  trouva 
àlaBatailledeNortlinguende  l'an  i634.Aprèscela,  ilfut Général 
de  l'artillerie  en  Alface ,  &  en  1 635-.  il  jetta  du  fecours  dans  Valence 
en  Lombardie  afliégée  par  le  Maréchal  de  Créqui  joint  aux  Ducs 
de  Savoye  &  de  Parme.  Ce  fecours  fauva  cette  place.  Caracciol 
vint  enfuite  dans  la  Franche-Comté ,  dé  là  il  fut  envoyé  en  Navarre, 
8c  puis  dans  la  Bifcaye ,  où  il  fauva  Fontarabie  en  1638.  8c  reprit 
Salfes  l'année  furvante.  En  1 64 1 .  il  perdit  fon  fils  au  liége  de  Bar- 
celonne.Le  Roi  d'Efpagne  lui  écrivit  de  fa  propre  main  pour  l'en 
confoler ,  &  enfuite  lui  donna  le  commandement  de  fes  armées 
dans  le  RoufliUon.dans  laCatalogne,enPortugal,8c  dans  leRoyaume 
de  Naples.  Il  s'y  étoit  rethé  chez,  lui  en  1 646, 8c  y  vivoit  avec  aflêz 
de  douceur.  On  l'en  fit  fortir ,  pour  aller  fecourir  Orbitello  affiegée 
par  les  François.  Il  en  vint  heureufement  à  bout ,  jetta  du  fecours 
dans  la  place,  fit  lever  le  fiégeau  mois  de  Juillet ,  &  en  ie  retirant 
chez  lui  dans  une  fai  fon  infupportable  en  Italie,  il  fut  attaquéd'une 
fièvre  violente ,  dontilmourutkj-.  Août  de  la  même  année  1646. 
Charles  André  Caracciol  étoit  un  homme  de  bien,  bon  Capitaine, 
£ranc,&  digne  de  la  réputation  qu'il  s'eft  aquilè.  *  Galeazo  Gualdo 
Priorato,&£»<ï  degli  Huom.  illuft. YiXXoùo  Siri,M«rc«r/oT.Ii8c  II.  ^c. 

CARACCIOL ,  (Jean)  Prince  de  Melphes,Duc  de  Venoufe^'Af- 
coli,  &deSoria,  Grand  Sénéchal  du  Royaume  de  Naples ,  &  Ma- 
réchal de  France,  étoit  de  Naples ,  fils  de  Jsan  Caracciol  Prince  de 
Melphes.  Il  s'attacha  au  parti  de  France  Ibus  le  règne  de  Charles 
VIII.  Il  continua  fous  celui  du  Roi  Louis  XII.  Se  il  fe  trouva  même 
à  la  célèbre  bataille  deRavenneen  lyiz.  Mais  depuis,  les  change- 
inens  arrivez  dans  le  Royaume  de  Naples  lui  ayant  fait  prendre  dé 
nouvelles  mefures ,  il  fe  déclara  pour  l'Empereur  Charles  V.  Le 
Sieur  de  Lautrecqui  commandoit  les  armées  en  France,le  prit  lui  8c 
fafamilleàMelphesen  ifi8.  Danscetétat,  fe  voyant  abandonné 
de  l'Empereur,  qui  lui  refufa  le  fecours  dont  il  avoitbefoin  pour  fa 
raiiçoii ,  il  eut  recours  à  la  génerofité  du  Roi  François  I.  lequel  étant 
le  Monarque  du  monde  le  plus  honnête  8c  le  plus  obligeant,  lui  don- 
na la  liberté  8cle  fit  Chevalier  de  &n Ordre.  Quelque tems  après, 
il  le  choilit  pour  être  Lieutenant  Général  de  fes  armées,8c  en  con- 
fideration  de  fes  fervices  8c  de  la  perte  de  fes  terres  en  Italie ,  il  lui  en 
donna  plufîeurs  en  France ,  comme  Romorentin ,  Nogent ,  Brie- 
Comte-Robert  ,  8cc.  Jean  Caracciol  fervit  très-bien  contre  l'Empe- 
reur en  Provence  l'an  ij-jô.  8c  l'année  d'après  ilfetrouvaàlaprife 
du  château  d'Hefdin,  8c  il  continua  dans  la  fuite  à  fe  faire  admirer 
par  fa  bravoure  8c  par  fa  fidélité.  Les  ennemis  tâchèrent  delà  cor- 
rompre, mais  ce  fut  inutilement  qu'ils  l'entreprirent.  En15-43.il 
iècourut  Luxembourg  ScLandreci.  En  15-44.  le  Roi  lui  donna  le 
bâton  de  Maréchal  de  France  à  Fonl:ainebleau,8c  en  45-.  il  le  nomma 
pour  être  fon  LieutenantGéneral  dans  le  Piémont.Il  y  refta  jufqu'en 
15-5-0.  Comme  Charles  deColTéDuc  deBriflàc  étoit  en  chemin  pour 
aller  en  Piémont,  Jean  Caracciol  Prince  de  Melphes,dit  M.  de  Thou, 
qui  revenoit  en  France ,  8c  qui  avoit  gouverné  cette  Province  avec 
beaucoup  de  gloire ,  ayant  rétabli  la  dilcipline  militaire,  8c  réprimé 
l'infolencedesibldatsquifaifoient  par  tout  des  defordres ,  mourut 
de  vieilleflè  à  Sufe.  Ce  fut  au  mois  d'Août  de  la  même  année  1 5-5-0. 
âgé  d'environ  7  o.  Il  avoit  époufé  Eleonor  de  Saint  Severin ,  fille  du 
Prince  deSalerne,  dont  il  eut  Trajan  Caracciol  tué  à  la  bataille  de 
Cerizoles  l'an  i5-44.Jule;  Jean  Antoine;  8c  trois  filles.  *  Du  Bel- 
lai,  Memoir.  Paul  Jove,  De  Thou,  /(.  6.  Mezerai  >  Godefroi, 
le  P.  Anlèlme  ,  8cc. 

[CARACCIOL ,  (Galeazzo)  Marquis  de  Vie  ,  confideré  dans 
la  Cour  de  Charles  V.  qui  avoit  fait  fon  père  Marquis.  Il  fut  Gen- 
tilhomme, de  Philippe  II.  fon  fils,  mais  ayant  firéquenté  quelques 
Protellans  en  Allemagne  8c  en  Italie ,  il  fe  retira  à  Genève  en  15-5-0. 
pour  faire  profeffion  de  ce  qu'il  croyoit.  Sa  femme  ne  l'ayant  pas 
voulu  iùivré,  on  lui  permit  à  Genève  d'en  époufer  une  autre.  Sa 
Vie  a  été  publiée  en  Italien  8c  en  François.  Voyez  l'Hiftoria  Gene- 
•vr'ina  de  G.  Leti.^ 

CARACCIOL  ,  (Jean  Antoine)  étoit  fils  de  Jean  Prince  de 
Melphes,  dont  je  viens  déparier.  Il  avoit  naturellement  un  grand 
fond  d'éloquence ,  fàvoit  les  Lingues ,  Se  ne  manquoit  pas  d'éru- 
dition. Ces  qualitez  le  firent  eftimer  autant  que  fanaillànce.  On 
l'avoit  deftiné  a  l'Etat  Ecclefiaftique.il  en  parut  d'abord  aflèz  digne, 
prêchant  avec  un  merveilleux  applaudiflèment ,  8c  ne  fréquentant 
que  les  perfonnes  de  favoir.  A  la  confideration  de  ion  père  on  le 
nomma  à  l'Abbaïe  de  Saint  Viâor,  8c  ce  fut  en  ce  tems  qu'il  publia 
en  1 5-44,.  un  Ouvrage  intitulé /e  M/VojV  </e  la  vraye  Religion.  Depuis, 
Louis  Cardinal  deLorraine  lui  réfîgna  l'Evêché  deTroyes  enCham- 
pagne ,  8ç  il  fut  facré  le  quinzième  Novembre  de  l'an  1 5-5- 1  .Ce  Pré- 
lat avoit  toujours  eu  quelque  fecret  penchant  pour  les  nouveautez 
dans  la  Religion ,  il  les  goûta  encore  davantage  en  1 5-6 1 ,  8c  non  feu- 
lement il  s'en  déclara  le  prote£teur,mais  les  prêcha  mêmepublique- 
ment.  De  Thou  en  parle  aiiUl  ;  Lorfqu'atrès  h  Celhque  de  SoiJIt 
Tons.  II. 


CAR.  41 

Vermdio  s  en  rttournoit  en  Allemagne ,  il  pajfa  à  Troyes,  é-H  yvifita. 
Jean  Antoine  Caracciol  Evêque  de  cette  ville.  Prélat  ajfex.  confuLra- 
ble  par  fa  fcience  ;  mais  qui  étant  attaché  aux  erreurs  des  Protiifians- 
les  fnvorifcit  en  fecret  ,  &  avoit  fait  en  forte,  qu'on  y  faifoit  déjà 
liérement  ^  farts  peine  des  affembUes.  VermiUo  lui  perfaada  de  fe  fai- 
re élire  par  le  peuple  ,  ce  qu  il  exécuta  ,  é"  enfuite  il  leur  faifoit  des 
Sermons  filon  la  doctrine  des  Novateurs.  Mais  ayant  été  dépouillé  de  fet 
digmte,  il  fe  retira  à  Chdteau-Neuf fur  Loire,  qui  étoit  une  des  ter- 
res ,  que  le  Roi  Franfois  I.  avoit  données  afonpere  ,  ^  ily  mourut  en 
15-69.  *DuBellai,  inCarm.  La  Croix  du  Maine.  Bibl.  Franc  De 
Thou,  Hifl.hb.  28.  Sainte  Marthe  ,  Gali.  Chrifl.  Camuzat ,  Ant 
Tricafj. 

CARACCIOL,  (Martin)  Cardinal,  etoit  de  toples.  Dés  fon 
plus  jeune  âge ,  il  fiit  envoyé  à  Milan  ;  8c  ayant  achevé  fes  études  U 
entra  chez  le  Cardinal  Afcagne  Sforce.  Gomme  il  étoit  naturelle- 
ment  adroit  8c  mgenieux ,  il  s'aquit  l'eftime  des  perfonnes  de  la  pre- 
mière qualité.  Le  Duc  l'envoya  au  Concile  de  Latran  en  icif  oà 
il  parut  fous  le  nom  du  Protonotaire  Caracciol.  Mais  les  François 
s'etant  rendus  en  même  tems  les  maîtres  de  Milan,  il  fe  vit  con-^ 
traintde  chercher  un  nouveau  Patron.  Il  en  trouva  un  illuftreen  la 
Perfonné  du  Pape  Léon  X.  lequel  étant  perfuadé  de  fon  mérite  8c 
de  fon  expérience  dans  les  affaires,  l'envoya  ISfonce  enAllemaané 
ran  mil  cinq  cens  vingt.  L'Empereur  Charles  V.  fut  li  fatisfai? de 
la  conduite,  que  le  jugeant  capable  des  plus  grandes  afïkires  il 
1  attira  a  fon  fervice8cil  l'envoya  Ambaffadeur  à  Venife-  Il  s'y 
aquitta  très-bien  de  cet  emploi,  l'Empereur  en  témoigna  haute- 
ment fafatisfadtion  ,  Se  non  feulement  il  lui  procura  le  chapeau 
de  Cardinal ,  que  le  Pape  Paul  III.  lui  donna  en  mil  cinq  cens  tren- 
te-cinq,mais  û  lui  confirma  encore  le  don  du  Cofnté  de  Galera  Se  dé 
quelques  autres  terres  en  Lombardie ,  8e  il  le  nomma  à  l'Evêché  de 
Catania  en  Sicile.  C'efl:  ce  même  Evêché  qu'il  donna  depuis  à  Louis 
Caracciol  fon  neveu,  fils  de  fon  frère  Jean  Baptifte,  qui  porta  le 
titre  de  Comte  de  Galera.  Quelque  tems  après  fa  promotion  ,  le  Pa- 
pe l'envoya  Légat  auprès  de  l'Empereur ,  8e  ce  Prince  lui  donna  le 
gouvernement  du  Milandis.  lien  vint  d'abord  prendre  poffeffion  ■ 
mais  il  n'y  vécut  pas  long-terhs,  étant  mort  le  z8.  Janvier  de  l'an 
i5-38.quiétoit  leôp.  de  fonâge.  * Guichardin , //.  le.  16  Sn- 
H//'*- Paul  Jove,  Hi/Î.Ughel,  Viaorel,Sanfovin,kc. 

CARACCIOL,  (Richard)  Chevalier  de  Rhodes,  dans  le  XIV.' 
Siècle,  étoit  de  la  noble  famille  de  Caraccioli  dans  le  Royaume  de 
Naples.  Il  fut  fait  Grand  Maître  par  le  Pape  Urbain  VL  environ 
l'an  13 83.  afin  de  l'oppofer  à  Jean  Ferdinand  de  Heredia ,  qui  avoit 
reconnu  à  Avignon  Clément  VI. pour  légitime  Pontife.  LaReli- 
gioti  ne  reconnut  jamais  ce  Caracciol  ,  qui  mourut  avant  celui 
qu'on  avoit  élu  canoniquement ,  en  1376.  *Bofio  Se  Baudouin  .- 
Hifl.  de  Malihe. 

CARACHE  ,  (Annibal)  illuftre  Peintre  ,  natif  de  Bologne  en" 
Italie.  Son  père  étoit  Tailleur,  8e  eut  plufîeurs  cnfans.  Auguftinj 
qui  etoit  l'aîné ,  s'adonna  à  la  Peinture  8c  à  la  Gravure.  Annibal  < 
qui  etoit  le  plus  jeune ,  fut  mis  en  apprentiflàge  chès  un  Orfèvre  ; 
mais  Louis  Carache  fon  oncle,  qui  luimontroità  delTiner  pour  le 
rendre  plus  excellent  Ouvrier  dans  l'Orfèvrerie ,  reconnut  en  lui  un 
talent  particulier  pour  la  Peinture,  8e  l'attira  chez  lui.  Quelque 
tems  après ,  Annibal  s'en  alla  à  Parme ,  puis  à  Venife,  où  Auguftin 
fon  frère  s'étoit  déjà  rendu.  Il  y  fit  amitié  avec  Paul  Veronefe ,  le 
Tintôïet,  8c  Jaques  Baflan  ;  8e  après  s'être  inftruit  à  l'école  de  ces 
grands  hommes ,  il  revint  à  Bologne ,  Se  y  fit  des  tableaux  que  l'on 
admira.  Louis  Carache  même,qui  avoit  été  fon  Maître,devint  alors 
fon  Difciple,  Se  s'efforça  de  l'imiter.  Auguftin  étant  de  retour,' 
fejojgnit  à  Annibal  8e  à  Louis,  8c  ces  trois  habiles  Peintres  établi- 
rent l'Académie  des  Caraches ,  que  l'on  appelloit  auparavant  Acade- 
miadelliDefiderofi,  à  caufedu  grand  delir  que  ceux  dont  elle  étoit 
compoféeavoient  d'apprendre  tout  ce  qui  pouvoit  contribuer  à  la 
jperfeçftion  de  la  Peinture.  Ilsvivoient  tous  trois  dans  une  fi  bonne 
I  intelligence ,  qu'ils  entreprenoient  énfemble  toutes  fortes  d'ouvra- 
ges, 8e  en  profitoient  également.  S'étant  feparez  enfuite ,  Augul- 
tin  fe  retira  à  Parme,  8e  Louis  continua  de  peiiidre  à  Bologne ,  mais 
avec  moins  de  fuccès  qu' Annibal,  qui  fut  mandé  à  Rome  par  le  Car- 
dinal Farnefe ,  8e  s'y  aquit  une  grande  réputation  par  l'excellence 
de  fes  Ouvrages.  Il  y  rriourut  en  1609.  âgé  de  quarante-neuf  ans.- 
Les  Savans  difent  qu'on  le  doit  confiderer  comme  le  Reftaurateur 
de  cet  Art,  dans  la  force  du  deffein ,  8e  dans  la  beauté  naturelle  des 
couleurs.  *Fdibien,Entréiiens  fur  les  Vies  des 'Peintres.  SUP. 
^CARACHE,  (Auguftin)  célèbre  Peintre  Se  Graveur  ,  frefé 
d' Annibal  Carache ,  s'appliqua  à  la  Peinture  Se  à  la  Gravure  ,  après 
avoir  appris  les  belles  Lettres.  Il  favoit  la  Philofophie ,  les  Mathé- 
matiques ,  la  Mufique  ,  Se  la  Poëfie ,  8t  avoit  beaucoup  d'efprit.- 
Ayant  parcouru  toute  la  Lombardie,  pour  peindre  d'après  les  plus 
beaux  Ouvrages  que  l'on  y  voyoit,  il  alla  à  Venife,  Se  à  Roiné, 
d'où  il  revint  à  Bologne,8e  s'affocia  avec  Annibal  8e  Louis  Carache , 
puis  il  fe  retira  à  Patine,  où  le  Duc  Ranuccio  lui  fit  peindre  pluCeurs 
beaux  fujets  dans  la  voûte  d'une  chambre  de  fon  palais:  mais  Au- 
guftin mourut  avant  que  d'achever  cet  ouvrage ,  Se  il  y  eut  la  placé 
d'un  tableau  qui  demeura  vuide.  Le  Duc  tie  voulut  pas  qu'aucud 
autre  Peintre  y  touchât ,  8e  remplit  cette  place  de  l'éloge  d'AuguÀ 
tin ,  qui  finit  par  ces  paroles  : 

Ftfatebere  decuijfe  potius  intaîtas  fpeSari , 
^uàtn  aliéna  manu  traHatas  maturari. 
*  Felibien,  Entretiens  ftir  les  Vies  des  Peintres.  St/P. 

CARACHE,  (Louis)  Peintre  fameux,ètoit  Italien,  Se  s'eft  a- 
quis  beaucoup  de  réputation  par  fes  Ouvrages.  Il  apprit  à  Parmd 
lous  le  Correge ,  8e  il  excella  dans  le  deffein  Se  dans  le  coloris.  On 
voit  des  tableaux  de  lui  très-beauX  Se  très-bien  conduits.  Il  fai- 
foit fa  rèfidence  ordinaire  à  BoIogne.Setl  étoit  oncle  d'ANNiBAL  Ca- 
rache, excellent  Peintre,  8e  fur-tout  pour  les  deffêins ,  Sed'Au- 
GUSTiN  Carache  ,  suffi  bon  Peintre  ,  mais  meilleur  Graveur', 
G  Ce 


<ù  CAR.  1      ,,.  _  CAR, 

.„s.  de  quionattendo.tdegrandeschoiespourlaPe.nture.Cequ.   d.fg-^^^ 
fe  voit  de  lui  le  promettoit. 
CARACORAM.  Cherchez  Iflcdon.  ^        ,     «       .     j 

CARACTAGUS,  Roi  d'Ecoffe,  renomme  par  lesAuteUrs  de 
Ilfuccéda  àMeteUanus  l'an  27.  de  Nôtre  Seigneur  ,  Se 
avec  beaucoup  de  bonheur ,  félon  Buchanan ,  &  les 


ce  pais 

régna  vingt  ans 

CARACTAGUS  ,  Prince  des  Silures  ,  lequel  s'étant  révolté 
dans  la  Grand'  Bretagne  contre Oftorius Gouverneur  dupais,  & 
avant  perdu  une  bataille ,  fe  retira  chez  Cartifmanda  Reine  des  Bri- 
santes: mais  cette  Princeflè  ne  voulant  pas  rompre  avec  les  Ro- 
Siains  ,  le  leur  remit  pour  en  honorer  le  triomphe  ^de  1  Empe- 
reur. «Tacite,  H^/î.  &.  3.  ,...,-         „ 

CARACTERES, pour  des  effets extraordmaires.  Voyez  Phy- 
lactères. SUP. 

CARADOGUS,  originaire  du  pais  de  Galles  eh  Angleterre ,  vi- 
voit  fouî  le  règne  d'Etienne,  environ  l'an  iiyo.  Il  écrivit  un 
Traitéde  la  fuceeffion  de  divers  petits  Rois  d'Angleterre  ;  SC4in  au- 
tre de  la  fituation  de  la  terre ,  intitulé  de  fitu  crin  ;  des  Commentai- 
res fur  les  Prophéties  de  J^erlin ,  la  Vie  de  l'Abbe  Gildas,&:c.  *  Pit- 
feus,  de  Script.  Angt.Voffms.  de  Hift.  Lat.li.  i.c.if.  Ceftdelui 
Qu'on  a  dit  : 

Mifioriam  Britonum  doBui  fcrippt  CarMocus, 
Toft  Gawalladrum  regia.  fceptra  notans. 
CARAFFE,  ou  Carafe,  Maifon.  La Maifon  de Garaffe eft 
une  des  plus  nobles  &  des  plus  illuftres  du  Royaume  de  Naples , 
oùellefedivife  en  ^iverfes  branches,  d'Ariano,  de IVIontorio, de 
Ruvo,  deMontebello,  de  Monténégro  ,  d'Anza  ,  &c.  Les  Au- 
teurs parlent  diverfement  de  l'origine  de  cette  famille.  Les  uns  la 
font  defcendre  d'un  Roi  de  Pologne.  D'autres  difent  qu'un  Capitai- 
ne célèbre  ayant  fauve  la  vie  à  un  Empereur,  au  hazard  même  de  la 
fienne ,  ce  Prince  admirant  fa  fidélité  lui  dit ,  O  carufé,  &  qu'il  prit 
depuis  ce  nom,  qu'il  laiifa  à  fa  famille.  Mais  il  eft  plus  fur  de  dire 
que  la  Maifon  de  Garaffe  a  eu  de  grands  hommes  ;  un  Pape ,  qui  eft 
Paul  IV.  neuf  ou  dix  Cardinaux ,  autant  d'Archevêques  de  Naples,8c 
plufieurs  Vicerois.Gouverneurs,  &  Capitaines  célèbres.  Jean  Vin- 
cent Garaffe  Archevêque  de  Naples  fut  fait  Cardinal  par  le  Pape 
Clément  VIT.  &  il  mourut  en  i5-4o.Ilétoit  fils  de  Fabrice  Garaffe 
Comte  de  Ruvo.  François  Garaffe  fon  neveu  fut  Archevê- 
que de  Naples  après  lui ,  &  il  mourut  en  15-44.  Le  Pape  Paul  IV. 
avoit  trois  neveux.  Antoine  eut  leMarquifat  deMontebello,  qui 
étoit  les  dépouilles  du  Comte  de  Bagni ,  Se  il  laiffa  Jean  Marquis  de 
Mirabelle,'  &  Alfonse  Garaffe  qui  naquit  vers  l'an  15-40.  Le 
Pape  le  fit  élever  avec  beaucoup  de  foin.  Scie  fit  Cardinal  en  15-5-7. 
Depuis ,  il  fut  Archevêque  de  Naples ,  Se  on  l'arrêta  avec  le  Cardinal 
Charles  fon  oncle  en  fortant  duGonfiftoire.  Quelque  tems  après  il 
fut  mis  en  Hberté,  après  avoir  donné  caution  pour  60.  mille  ecus 
qu'on  lui  fit  payer  de  taxe.  Il  fe  retira  dans  la  ville  de  Naples  Se  il  y 
mourut  en  15-65-.  étant  entré  en  la  26.  année  de  fon  âge.  Mario  Ga- 
raffe lui  fuccéda  en  l'Archevêché,  qui  a  été  poffedé  par  Decio  Ga- 
raffe fon  neveu.  Cardinal,  lequel  mourut  en  1626.  Le  Car- 
dinal Olivier  avoit  un  frère  nommé  Alexandre  Garaffe,  qui 
fut  auffi  Archevêque  de  Naples,  il  publia  des  Ordonnances  Syno- 
dales d'undefesprédecelfeurs  8c  les  ufages  de  fonEglife,  furlef- 
quelsAlbertdeOlivaa  fait  des  Commentaires.  *Sanfovin,  Tiim. 
Jtal. Ammirzto tFamil.Noè.Neafol.VetxiL  Sanâia , De Thou ,  Paul 
Jove,  Auberi,  Sponde,  Ughel ,  Sanfovin,  Capaccio,  Sec. 

CARAFFE,  nom  d'une  famille  très-illuftre  .  dont  il  eft  parlé 
dans  l'article  précèdent.  Mais  c'eft  une  chofeaffez  curieufedeià- 
voir  plus  diftinârement  l'origine,  que  quelques-uns  rapportent  de  ce 
nom.lls  difent  qu'un  Chevalier  Napolitain ,  de  la  Maifon  des  Carac- 
cioli,fort  confideré  d'Othon  Empereur  d'Allemagne  dans  le  X.  Siè- 
cle ,  le  fuivoit  par  tout  oii  l'intérêt  de  l'Empire  lui  faifolt  porter  fes 
armes.  Cet  Empereur  s'engagea  un  jour  fi  avant  dans  la  mêlée  que 
îe  grand  nombre  des  ennemis  Palloit  accabler,  quand  ce  Chevalier 
s'oppofaàeuxavecuneintrépiditéquiapeu  d'exemples,  Scfoutint 
feul  tout  l'effort,  pour  donner  le  tems  aux  troupes  de  l'Empereur  de 
venir  à  fon  fecours.  Il  fauva  ainfi  la  vie  de  fon  Prince ,  aux  dépens  de 
la  fienne ,  qu'il  perdit  glorieufement  après  plufieurs  .bleffures ,  dont 
la  principale  étoit  dans  le  cœur.  L'Empereur  après  avoir  mis  fes^ en- 
nemis en  déroute ,  revintauchamp  de  bataille  chercher^  lui-même 
ce  généreux  Chevalier  parmi  les  morts.  Il  ne  l'eut  pas  plutôt  apper- 
çu,qu'il  defcendit  de  cheval ,  8c  s'étant  approché  du  corps,il  lui  mit 
la  main  à  l'endroit  du  cœur ,  en  prononçant  ces  Tp3io\es,0  Carafe, 
c'eft  à  dire,  ôchere^delité]  comme  voulant  dire  que  la  fidélité  qu'il 
avoit  eue  pour  fon  Prince ,  lui  coutoit  bien  cher.  Depuisce  tems- 
là,  ceux  de  cette  famille  prirent  le  nom  de  Carafe.  D'autres  difent 
que  cet  Empereur  voyant  k  cuiraffe  de  ce  brave  Chevalier  toute 
couverte  de  fang ,  il  pafTa  trois  doigts  par-delfus,  en  lui  difant;  Cara 
fi  nie  U  voftra ,  Se  que  ces  trois  doigts  ayant  levé  le  fàng ,  laiiTerent 
trois  fafces  blanches  qui  font  maintenant  l'armou-ie  des  Carafes  : 
comme  leur  nom  vient  de  ce  Carafe.  *  Mémoires  du  tems.  Le 
I".  Ménétrier,  Origine  des  ornemens  des  Armoiries.  SUP. 

CARAFFE,  (Antoine)  Cardinal,  étoit  de  Naples  de  la  même 
famille.  Dès  fon  jeune  âge  il  vint  à  Rome,  8c  il  fut  élevé  auprès 
du  Pape  Paul  IV.  fon  grand  oncle  ,  qui  lui  donna  une  charge  de  Ca- 
merier  8c  une  Chanoinie  à  S.  Pierre.  Gomme  fon  inclination  le 
portoit  aux  Lettres ,  on  eut  foin  de  lui  choifir  des  Maîtres  capables , 
&  il  fufïit  de  nommer  le  dofte  Sirlet ,  qui  fut  depuis  Cardinal ,  pour 
être  perfuadé  qu'il  eh  eut  des  plus  habiles.Depuis ,  Antoine  Carafïe, 
fut  étudier  en  Droit  à  Padouë  ;'  8c  durant  la  perfecution  de  fa  famil- 
lc,il  fe  choifit  un  exil  qui  ne  lui  fut  pas  inutile.puifqu'il  y  étudia  avec 
une  (grande  application,&;  qu'il  s'y  avança  extrêmement  dans  la  con 
noifSnce  des  antiquitez  Ecclefiaftiques.  On  lui  ôta  fa  Chanoinie 
de  S.  Pierre,  8c  il  auroit  eu  fujet  de  feplaindi-e  de  fa  mauvaife  for- 


tuné, fi  l'amour  qu'il  avoit  pour  les  Lettres  ne  l'eût  confolé  de  tes 
"'    ~~     '  étant  perfuadé  du  mérite  d'Antoine 

rappella  à  Rome,  8c  le  mit  au  nombre  des  Cardinaux. 
Quelque  tems  après ,  il  le  nomma  Chef  de  la  Congrégation  établie 
pour  la  correétion  des  Bibles ,  8cde  celle  qu'on  tenoit  pour  l'expli- 
cation du  Concile  de  Trente.  Sa  doftrine  le  rendit  digne  de  ces 
grands  emplois  ;  il  eut  encore  celui  de  Bibhothecaire  Apoftolique 
Ibus  Grégoire  XIII.  8c  il  mourut  en  15-pi.  Le  Cardinal  Baronius 
déplore ,  dans  fes  Annales,  cette-mort  qu'il  confideré  comme  un  des 
plus  grands  malheurs  qui  pouvoir  alors  arriver  à  l'Egliiè  8c  aux  Let- 
tres .Le  Cardinal  Carafte  a  traduit  de  Grec  en  Latin  diversOuvrages. 
Catena  veterum  Patrurrt  in  Cantica  Veteris  ^  Novi  Tefiamenti.  Com- 
ment.Theod.  in  T  faim.  S.GregoriiNazianzeni  Orat.  ^c.  Il  corrigea 
auffi  la  Bible  des  Septante,  y  ajoutant  des  Notes  de  fà  façon  ;  il  re- 
cueillit les  Décretales  des  Papes  en  III.  volumes  ;  il  réduifit  les  Epi- 
tres  de  S.  Grégoire  en  Heux  communs ,  8c  il  laiflà  d'autres  Ouvrages 
qui  témoignent  que  fà  fcience  étoit  profonde,8c  qu'il  étoit  beaucou|* 
laborieux.  *  Auberi,  H//?,  des  Card.  Le  Mire  ,  de  Script.  Sic.  XV. 
Baronius,  Sponde,  Poffevin,  &c. 

CARAFFE,  (Charles)  Cardinal,  neveu  du  Pape  PaullV;,  étoit 
troifiéme  fils  de  Jean  Alfonfe  Comte  de  Montorio ,  8c  naquit  à  Na- 
ples le  29.  Mars  de  l'an  15-17.  Il  paffa les  premières  années  defa  vie 
au  fèrvice  du  Cardinal  Pompée  Colonna  8c  de  Pierre  Louis  Farnefe 
Duc  de  Caftro,8c  enfiiite  il  porta  les  armes  fous  le  Marquis  de  Guaft 
en  Piémont)8c  fous  le  Duc  de  Parme  en  Allemagne.  Mais  ayant  reçu 
unaflfrontfignalédesEfpagnols,  il  fè  retira.  Son  oncle  étoit  déjà 
Cardinal ,  &  quoi  qu'il  l'aimât  beaucoup ,  il  n'étoit  pas  alfez  puif- 
fant  pour  lui  faire  du  bien.  En  cet  état  il  fe  fit  recevoir  dans  l'Ordre 
de  Malte,dont  il  ne  tira  auffi  que  de  foibles  fecours.Enfin  Jean  Pien« 
Garaffe  fon  oncle  ayant  été  fait  Pape  en  1 5-5-5-.  toutes  choies  changè- 
rent en  fà  faveur.  Ce  nouveau  Pontife  fouliaitant  de  D-availler  à  l'ag- 
grandiffement  de  fa  famille,  commença  pardonner  le  chapeau  de 
Cardinal  à  Charles  ibn  neveu ,  lequel.outre  la  Légation  de  Bologne, 
fut  Miniftre  d'Etat,8c  eût  toutes  les  premières  charges.dont  les  Car- 
dinaux neveux  ont  foin  de  fe  pourvoir.  Le  Pape  créa  Géneraliflîme 
des  troupes  Ecclefiaftiques  fonautre  neveu  Jean 'Garaffe,  érigea  en 
fa  faveur  la  Terre  de  PaEiano  8c  quelques  autres  en  titre  de  Duch4 
l'enrichit  des  dépouilles  de  Marc  Antoine  8c  Afcagne  Colonne  père 
8cfils,qu'il  avoit  condamnés  par  contumace,parce  qu'ils  ne  s'étoient 
pas  prelentez  au  tems  qu'on  leur  avoit  fixé  ;  8c  il  n'oublia  rien  pour 
élever  fa  Maifbn.  Enfuite ,  il  fongea  à  fe  vanger  des  Efpagnols^uî 
l'avoient  maltraité;  8c  Charles,  qui  avoit  auffi  de  grandsfujets  de 
plainte  contre  eux ,  comme  je  l'ai  remarqué ,  perfuada  fortement  i 
îbn  oncle  de  prendre  les  armes.  Ce  fut  le  fujet  de  fà  Légation  ea 
France  en  15-5-6.  afin  de  ratifier  les  articles  fecretsdreffez  à  Rome 
pour  une  trêve  entre  le  Pape  8c  le  Roi  Henri  II .  La  guerre  fe  déclara 
au  fujet  des  Colonnes,  que  Philippe  II.  Roi  d'Efpagne  protégeoit. 
Ce  n'eft  pas  ici  le  lieu  de  parler  des  fiiites  de  cette  guerre ,  il  fuffitde 
remarquer  que  le  Cardinal  Charles  Garaffe  s'entendit  avec  les  Elpa- 
gnols ,  8c  qu'en  1 5-5-7 .  il  vint  Légat  pour  la  paix ,  en  la  Cour  du  mê- 
me Philippe  II.  qui  étoit  alors  à  Bruxelles.  Etant  de  retour  à  Rom^ 
il  continua  à  gouverner  les  affaires  comme  il  lui  plaifoit,Lmpofànt 
même  à  l'in^  du  bon  Pape  de  nouveaux  impôts  8t  des  lubfides ,  & 
agiflànt  enfin  en  petit  Tyran  :  ce  qui  le  rendit  infupportable  à  tout 
lemonde.  Ses  frères  avoientpart  à  ces  defordres,  8c  ainfi  à  la  haine 
publique.  Le  Pape  en  ayant  été  averti  par  un  Religieux  Théatin, 
Se  par  les  plaintes  des  pauvres;  8c  étant  d'ailleurs  jaloux  de  fon  auto- 
rité ,  chaffa  tous  fes  parens  de  Rome ,  8c  les  relégua  en  divers  en- 
droits .Gela  arriva  en  1 5-5-9 .  8c  Paul  I V  jnourut  fur  la  fin  de  la  même 
année.  Pie  IV.  lui  fùccéda ,  8c  fit  arrêter  prifonnier  en  15-60. leCar- 
dinal  Charles  Garaffe ,  le  Duc  de  Palliano  fon  frère ,  le  Comte  d'A- 
hffe  leur  beau-frere ,  8c  Lconardo  Cardini.  On  manqua  le  Comte 
de  Montebello  de  la  même  famille ,  qu'on  avoit  auffi  deflèin  d'arrê- 
ter. Ce  procédé  parut  d'autant  plus  fiirprenant,  que  Pie  IV.  avoit 
femblé  vouloir  favorifer  les  Caraffes.  Après  cela,  il  leur  donna  des 
Commilfaires ,  8c  ayant  affemblé  le  Collège ,  après  que  ce  procès 
eut  duré  neuf  mois ,  il  s'en  fit  faire  le  rapport  un  Lundi  3 .  Mars  de 
l'an  1 5-6 1 .  8c  enfuite  fans  prendre  confeil  des  Gardinaux,il  prononça 
lui-même  l'arrêt  de  mort  contre  ces  quatre  prifonniers.  Le  Duc 
de  Palliano ,  le  Comte  d'Aliffé ,  8c  Leonardo  Cardini  eurent  la  tête 
coupée  ;  8c  le  Cardinal  fut  étranglé.  On  accufbit  le  Duc  d'avoir  fait 
mourir  fa  femme,  qu'il  avoit  furprife  en  adultère,  8c  les  autres, 
difoit-on,  avoient  été  {es  complices  Se  avoient  eu  part  aux  tyrannies 
du  Cardinal  Garaffe.  Quoi  qu'il  enfbit,  cet  exemple  eft  allez  ex- 
traordinaire ,  8c  Onuphre  ofe  alliirer  que  cette  féverité  inflexible  de 
Pie  IV.  a  plus  fait  de  tort  à  fa  mémoire  qu'à  celle  des  Caraffes  mê- 
mes.*De  Thou,H//î.  /;.  26. 27. 28.  Onuphre , Sacchini ,  Peguillon, 
de Viilars , Petramellario ,  Sponde,  Auberi  ,  8cc. 

CARAFFE ,  (Diomede)  Cardinal ,  étoit  fils  de  Jean  François 
Duc  d'Ariano  8c  Comte  de  Marillano ,  dont  l'ayeul  étoit  fécond 
fils  d'Antoine /eGr/î»</.Le  Pape  Paul  IV.  defcendoit  d'un  Diomede 
fixiéme  fils  du  même  Antoine  Garaffe  furnommé  le  Grand.  Il  donna 
l'Evêché  d'Ariano  à  celui  dont  je  parle,  Se  enfuite  il  le  fit  Cardinal 
au  mois  de  Décembre  I5-5-5-.A  la  verité,fa  vertu  le  rendoit  très-digne 
de  cette  grande  dignité.Il  vécut  honoré  de  tout  le  monde  Se  mourut 
le  t2.  Août  15-60.  Lepeuple,  qui  après  la  mort  de  Paul  IV.fejetta 
:  avec  tant  de  rage  fur  tout  ce  qui  reftoit  à  Rome  des  Caraffes ,  làns 
épargner  ni  les  autels ,  niles  tombeaux ,  eut  du  refpeiftpour  celui 
de  ce  Cardinal ,  qu'il  s'étoit  préparéà  Saint  Martin  des  Monts.*  Pe- 
tramellario, de  Ca'rJ.  Auberi  ,  Hijl.  des  Card.  &c. 

CARAFFE ,  (Jérôme)  Lieutenant  Général  des  armées  du  Roi 
d'Efpagncétoit  Marquis  deMontenegro  dans  leRoyaumedeNaples, 
où  il  naquit  en  15-64.II  étoit  filsde  RenaudCaraffe  8c  neveu  du  Cardi- 
nal Antoine,qui  le  fit  élever  à  Rome  dans  les  Lettres  8c  dans  l'intelli- 
gence de  la  Langue  Latine,  qu'il  parloit  avec  facilité.  Dès  l'an  I5-87. 
ilfervitdanslesPdïs-Bas&usleDuc  de  Parme,  8i  s'y  aquit  beau- 
l  coup 


CAR. 

coup  de  réputation,ayant  été  blcflé  en  divcrfes  occafions.  11  fe  trou- 
va depuis  à  l'alTaut  de  J-.agni  en  i  j-9o,au  fecours  de  Rouen  en  92,3  la 
iorprifc  d'Amiens  en  97 ,&  ailleuis.II  défendit  même  cette  dernière 
ville  après  la  mort  de  Portocarrero ,  &  la  rendit  au  Roi  Henri  le 
Grarul.  Il  fervit  aulK  Ibus  l'Arcliiduc  Albert ,  &  depuis  il  continua 
à  fe  faire  admirer  dans  la  Bohême  en  lôio.dansleMilanoisenii , 
8c  ce  fut  en  cette  année  que  Philippe  IV.  Roi  d'Elpagne  l'envoyant 
en  Sicile  en  qualité  de  Capitaine  General  de  la  Cavalerie,  l'Empe- 
reur le  pria  de  lui  donner  ee  Capitaine ,  qu'il  employa  utilement 
dans  la  Silclîe ,  dans  la  Bohême ,  en  Hongrie ,  &  dans  l'Alface ,  & 
enfuite  le  fit  Prince  de  l'EmpircEtant  revenu  en  Efpagne  l'an  1628. 
le  Roi  le  fit  Viceroi  &  Capitaine  Général  du  Royaume  d'Aragon  ;  & 
puis  le  Cardinal  Infant,  qui  venoit  Gouverneur  dans  les  Pais-Bas, 
ibuhaitant  extrêmement  de  l'avoir  auprès  de  lui.leMarquis  deMon- 
tenegre  le  fuivit.  Il  mourut  à  Gènes ,  au  mois  d'Avril  de  l'an  1653. 
âgé  de  6p.  Galeaz,zo  Gualdo  Priorati ,  Scea.  d'Huom.  llluji.  Thul- 
denus,  Hifi.  noftrt  temf.  &c. 

CARAFFE,  (Olivier)  Cardinal  Archevêque  de  Naples,  Evêque 
d'Ofl;ie,&c.  étoit  fils  de  François  CarafFe ,  &  neveu  de  Daniel  Comte 
de  Matalone ,  que  fon  mérite  rendit  très-cher  à  Alphonfe  d'Aragon 
&  à  Ferdinand  Rois  de  Naples.  11  s'éleva  lui-même  par  fes  bonnes 
qualitez ,  &  ayant  eu  l'Archevêché  de  Naples ,  le  Pape  Paul  II.  le  fit 
Cardinal  le  18.  Septembre  de  l'an  1467.  Comme  il  avoit  beaucoup 
de  courage  &  d'expérience  dans  les  affaires  de  la  paix  &  de  la  guerre. 
Sixte  IV  Je  nommaGéneral  de  l'armée  qu'on  devoir  envoyer  contre 
les  Turcs.  Elle  conllftoit  en  dix-neuf  galères ,  &  ce  Légat  partit  en 
préftnce  du  Pape  en  1472.  Il  fe  joignit  aux  Vénitiens ,  qui  a  voient 
quarante-fcpt  galeres,&  puis  à  la  flote  deFerdinand,  qui  étoit  de  dix- 
feptjde  forte  qu'en  comptant  deux  galères  de  Rhodes ,  cette  armée 
étoit  de  quatre  vingt-cinq  voiles.  Elle  ne  fit  pourtant  rien  de  mé- 
morable, lî  nous  en  exceptons  la  prife  du  port  de  Satalia  8c  de  la  ville 
de  Sniyrne.  Olivier  Caraffe  étant  de  retour  eut  l'Evêché  d'Albe , 
qu'il  quitta  depuis  pour  celui  de  Sabine,&  enfuite  il  opta  celui  d'Of  ■ 
tie  étant  Doyen  des  Cardinaux.  Il  fonda  diverfes  Chapelles,&  entre 
autres  une  très-belle  dans  l'Eglifc  deNaples,qu'il  deftina  pour  le  lieu 
de  fa  fepulture  &  pour  celui  de  fes  fuccefl'eurs.  Il  mourut  à  Rome  le 
ao.Janvierdel'an  lyii.âgédeplusdeSo.ans.  On  dit  que  ce  Cardi- 
nal perfuada  à  Jean  Pierre  Caratïè  fon  neveu  d'embraflèr  l'Etat  Ec* 
clefiaftique.perfuadé  qu'il  étoit  que  fes  bonnes  qualitez  l'éleveroient 
dans  les  grandes  dignitez  de  l'Eglife.  Il  ne  fe  trompa  pas,car  c'eftle 
même  qui  fut  depuis  Pape  fous  le  noto  de  Paul  IV.  comme  je  le  dis 
ailleurs.  *  Volaterran,  li.  22.  in  Faut.  II.  Onuphre,  Garimbert, 
Sponde,  êcc. 

CARAFFE ,  (Philippe)  que  Ciaconius  furnomme  de  la  Serra , 
Cardinal  Evêque  de  Bologne,  étoit  de  la  noble  &  ancienne  famille 
de  Caraffe  de  Naples.  Il  s'étoit  avancé  dans  les  Lettres  &  eut  l'Ar- 
chidiaconé  de  Bologne.  Le  Pape  Urbain  Vl.qui  étoit  fon  ami  8c  fon 
concitoyen ,  lui  donna  l'Evêché  de  la  même  ville , à  ce  que  l'on  croit, 
&  le  fit  Cardinal  en  137  8.  D'autres  fbutiennent  qu'il  étoit  Evêque 
dès  l'an  1 37 1 .  Quoi  qu'il  en  foit,  le  Pape  lui  envoya,  contre  la  cou- 
tume, le  chapeau  rouge ,  qe'il  reçut  dans  l'Eglife  de  S.  Dominique 
des  mains  de  Jean  de  Lignano  célèbre  Jurifeonfùlte.  Enfuite,il  fut 
Légat  dans  la  Romagne ,  8c  étant  revenu  à  Bologne ,  oià  la  pefte  fai- 
Ibit  de  furieux  ravages ,  il  fe  retira  à  la  campagne,  8c  mourut  de 
cette  maladie  le  22.  Mai  de  Tan  1389.  Les  Magiftratsavoient  défen- 
du toute  forte  d'alîèmblées  ;  mais  cette  défenfe  n'empêcha  pas  que 
les  Boulonnois  ne  fortifient  en  foule ,  pour  aller  prendre  le  corps  de 
leur  Prélat,  qu'ils  enterrèrent  dans  l'Eglife  Cathédrale.  *Sigonius 
U.  3.  de  Epifi.  Bonon.  Ciaconius,  Onuphre,  Sec. 

CARAFFE ,  (Pierre  Louis)  Cardinal  Evêque  de 'rricarico,étoit 
fils  de  Dom  Ottavio  Marquis  d' Anza,8c  naquit  à  Naples  le  1 8 .  Juif 
letde  l'an  ij-8i.  Dès  fon  plus  jeune  âge,  il  eut  une  admifable  in- 
clination pour  la  vertu  8c  particulièrement  pour  la  pureté  8c  pour  la 
mortification.  Il  étudia  à  Venife  8c  à  Naples ,  8c  s'y  avança  dans  la 
Jurifprudence  Civile  &  Canonique,  8c  dans  la  Théologie.     Aufll 
étant  venu  à  Rome  fous  le  Pontificat  de  Paul  V.  vers  l'an'  1607.  on  y 
eftima  beaucoup  fon  érudition  8c  fà  pieté.     Il  eut  d'abord  en  cette 
Cour  une  charge  de  Référendaire  de  l'une  8c  l'autre  fignature.     Le 
même  Pontife  l'envoya  Vicelégat  à  Ferrare,  oiiilfutlixansdejfiii- 
te,£c  on  le  confîdera  comme  le  père  du  peuple  8c  l'oracle  de  la  jufti- 
ce,  qu'il  rendoit  avec  beaucoup  de  foin.  Depuis ,  le  Pape  Grégoire 
%V.  l'envoya  en  f62 1 .  Gouverneur  à  Fermo ,  8c  comme  Pierre 
Louis  Caraffe  prenoit  congé  de  lui:  Allez.,  lui  dit  ce  Pontife,  ^ok- 
"vemex,  avec  votre  prudence  ordinaire,  ^  fouvenex.  vous  que  le  gou- 
vernement ,  que  je  vous  confie  ,  a  fait  plufieurs  Cardinaux.  On  croit 
auffi  que  ce  Pape  l'auroit  mis  dans  le  facré  Çollége,s'il  eût  vécu  plus 
long-tems.  Urbain  VIII.  lui  fuccéda  en  1623.  8c  donna  à  Caraffe 
TEvêché  de  Tricarico  dans  la  Bafilicate,  vacant  par  la  mort  de  Dio- 
mede  Caraffe  fon  frère.  Enfuite ,  il  l'envoya  Nonce  dans  les  Pais- 
Bas,  en  Allemagne ,  8c  à  Cologne ,  oîi  il  fut  durant  onze  ans,  8c  s'y 
aquit  tant  de  réputation  ,  non  feulement  parmi  les  Catholiques , 
mais  encore  parmi  les  Proteftans ,  qu'on  n'y  parloir  de  lui  qu'avec 
éloge.     Le  Roi  de  Suéde ,  le  Prince  d'Orange ,  8c  les  autres  Prin- 
ces Proteftans  avoient  une  eftime  particulière  pour  ce  Prélat  ;  8c 
on  connut  en  cette  occafion  quel  eft  l'effet  du  véritable  mérite ,  qui 
nous  fait  des  admirateurs  de  nos  propres  ennemis.  Caraffe  étant  de 
retour  à  Rome  y  reçut  les  applaudiffemens  duPape  8c  desCardinaux, 
&  on  croit  qu'il  en  auroit  augmenté  le  nombre ,  fi  les  Colonnes  ne 
fefiiffentoppoftzàfonéleftion.  On  lui  offrit  l'Archevêché  de  Ca- 
pouë  8c  celui  d'Urbin  qu'il  refiilà,  difant  qu'il  fe  contentoit  de  l'é- 
joufe  que  Dieu  lui  avoit  donnée ,  quoi  que  pauvre.     Il  s'y  retira , 
y  établit  un  Séminaire ,  8c  y  travailla  à  remplir  tous  les  devoirs  d'un 
iaint  Prélat.  Tout  le  monde  en  étoit  fiperfiiadé,  qu'après  la  mort 
d'UrbainVIII. divers  Cardinaux  avoientréfolude  le  faire  Pape;8c 
Innocent  X.  ayant  été  élevé  fur  le  Siège  Apoftolique  le  revêtit  de  la 
pourpre  en  la  féconde  éleâ:ion  qu'il  fit,8v  l'envoya  Légat  à  Bologne. 
Ter».  IL 


CAR. 


5î 


Apres  k  mort  d'Innocent  X.arrivée  le  7  .Janvier  de  l'an  i(S,-f  ,leCa^- 
dmalCaraffeentradansleConclavc,8cy  mourut  leiy.Fevner  fui- 
vant ,  dans  le  tems  que  tout  le  monde  fembloit  concourir  à  le  voir 
eleve  fur  le  throne  de  S.^ierre.  Il  fut  enterré  dans  l'Eglife  de  J  esus 
desPeresJefuites.qui  vinrent  eux-mêmes  recevoir  fon  corps  à  la  por- 
te du  Conclave.  *Galcaz,zo  Gualdo  Priorati,  Sfe«/j(i'H«5OT./%/?-.  ^ 

CARAFFE,  (Vincent)  Général  de  la  Compagnie  de  [esus,  étoit 
de  Naples,forti  de  cette  illuftre  famille  qui  a  été  li  féconde  en  grands 
hommes.  Dès  l'âge  de  16.  ans  il  entra  parmi  les  Jefuïtcs,  êc  s'yfit 
diftinguerparladcârine,  par  fa  prudence ,  8c  pjr  fa  vertu.  Il  cn- 
feigna  la  Philofophie ,  8c  enliiite  fut  Maître  des  Novices ,  Provincial 
de  la  province  de  Naples,  8c  enfin  feptieme  Général  de  fa  Compa- 
gnie après  le  P.Mutio  Vitellefchi  mort  en  1 64  j-.Il  gouverna  avec  u- 
ne  admirable  fagefle  durant  quane  ans,  8c  il  mourut  à  Rome  le  8. 
Juin  de  l'an  i649.âgede64.  Il  a  écrit  quelques  Ouvrages  depietéi 
*Alegambe,  deScrtpt.So.J.  f  r 

CARAÏBES.  Cherchez  Cannibales. 

CARAÏTES,  Sefte  de  Juifs.  Les  Auteurs  parlent  diverfemeht 
de  ces  Caraites  8c  du  tems  auquel  ils  fe  font  introduits  parmi  les 
Juifs.  Il  y  a  apparence  que  ce  n'eftquedepuis  le  VIII.  Siècle,  après 
lapubhcationduTalmud.  Avant  ce  tems  le  nom  de  C^ra^e  n'etoit 
pas  odieux  parmi  ces  peuples,  8c  le  mot  de  Car  aï  marquoit  un  hom- 
me confomme  dans  l'étude  de  l'Ecriture  Sainte.  L'origine  de  cette 
Sedte  vint  de  ce  que  les  Juifs  les  plus  éclairez  de  ce  fiécle-là  s'oppofe- 
rent  aune  infinité  de  rêveries ,  qu'on débitoit  fous  le  nom  de  Tradi- 
tions.  Et  en  effet,  quelques  contes  qu'on  nous  faffe  de  la  créance 
ce  des  coutumes  de  ces  Caraites,  il  eit  fur  qu'ils  reçoivent  les  24 
Livres  de  la  Bible  qui  font  dans  leCanon  des  Juifs,  8cque  leur  créance 
eft  généralement  la  même  que  celle  des  autres  Juifs;  li  ce  n'eft  qu'ils 
ne  veulent  abfolument  point  de  Tradition,  qui  ne  foit  fondée  fur 
l'Ecriture.  Cependant,  c'eft  ce  qui  les  rend  odieux  aux  autres  Juifs 
Rabbfniftes.  *JeanMorin,  in  Exercit.  Bibl.  R.  Simon,  Suppkm 
aux  cérem.  des  Juifs. 

CARAÏTES ,  Sedte  de  Juifs  d'à-préfent  ,  oppofée  à  celle  des 
Rabbaniftes  ou  Rabbiniftes ,  c'eft-à-dire ,  de  ceux  qui  admettent  le 
Talmud  des  Rabbins. Les  Caraites  furent  ainiî  appeliez  vers  le  VlIIi 
Siècle,  un  peu  après  lapubhcationduTalmud,  parce  qu'ils  s'atta- 
chèrent aux  Livres  de  la  Bible ,  ne  recevant  point  les  Traditions  que 
les  Rabbins  avoient  inventées.  Lemot  de  Cfl?-;î2fignifie;un  homme 
confomme  dans  l'étude  de  l'Ecriture  Sainte  :  c'eft  pourquoi  ceux 
qui  n'appuyoient  leur  créance  que  lur  la  Bible ,  s'appellerent  Carm^ 
tes.  Quelques-uns  les  nomment  auffi  Juifs  Epurez.  ,  parce  qu'ils 
font  profeffion  de  conferver  la  pureté  de  leur  Religion.L'Auteûr  du 
Commentaire  Caraïte  appelle  Aaron ,  fils  dejolèph,  quivivoit  à 
lafinduXIII.  Siècle,  (dont  l'Ouvrage  fe  conferve  maiîufcrit  dans 
la  Bibliothèque  des  Pères  de  l'Oratoire  de  Paris,où  il  a  été  apporté  de 
Conftantinople)  approuve  tous  les  Livres  de  la  Bible  qui  Ibnt  dans  ' 
le  Canon  Juif,  8c  en  compte  vingt-quatre ,  comme  font  les  autres 
Juifs,  mais  il  rejette  les  Traditions  humaines,  c'eft-à-dhe ,  les  fa- 
bles du  Talmud ,  8c  les  rêveries  des  Rabbins,  ne  recevant  que  les 
Traditions  confiantes  8c  conformes  à  l'Ecriture  Sainte.  Il  y  a  de  . 
ces  Caraites  à  Conftantinople ,  au  Caire ,  8c  en  d'autres  endroits  du 
Levant ,  mêfiie  en  Mofcovie ,  où  ils  ont  leurs  fynagogues  à  part  ; 
8cfedifentfeulsvraisObfervateursde  la  Loi  deMoilè,  comme  ils 
le  font  peut-être  en  effet.  Ilferoitàfouhaiterqueceux  qui  fontve- 
nir  des  Livres  du  Levant ,  cuffent  plus  de  foin  de  rechercher  les  Ou- 
vrages des  Rabbins  Caraites ,  dont  la  plupart  font  très-favans:  car 
il  y  a  fort  peu  de  ces  Livres  en  Europe,8c  principalement  en  France.- 
Selden  eft  celui  qui  en  a  le  plus  lu.  On  en  garde  plufieurs  dans  la  Bi- 
bliothèque de  Leide  en  Hollande,  mais  on  les  néglige  tellement  j 
que  Fr.Spanheim  Bibliothécaire  de  l'Academicne  les  ayant  pas  bien 
connus ,  parle  des  Caraites  dans  le  même  rang  que  des  Sabéens,  des 
Mages,  des  Mànichéens,8c  des  Mufulrnans.comme  il  fe  voit  dans 
le  Difcours  public  qu'il  prononça  en  1 674. 8c  qui  eft  à  la  tête  du  Ca-> 
talogue  des  livres  de  cette  Bibliothèque ,  imprimé  à  Leide.  Sca- 
liger  £c  Voffius  ont  été  dans  la  même  erreur.  *Jovet,  Hijloire  dei 
Relipons.  SUP. 

Grand-CARAMAN ,  Prince  Souverain  de  la  Caramanie ,  auquel 
le  Grand  Turc  enleva  fes  Etats  îl  y  a  environ  deux  cens  ans.  SUF. 

CARAMANIE,  pais  d'Afiedans  l'Anatolie,  a  eu  autrefois  ti- 
tre de  Royaume.  Elle  comprend  la  Pamphylie,  8c  une  grande  paitie 
delaCilicie,  delà  Pifidie,8c  delà  Cappadoce.  On  dit  qu'elle  eut  ce 
nom  d'un  Caraman  Turc ,  qui  en  chaffa  les  Arméniens ,  comme 
veut  Leunclavius.  Onladivifeengrande  Caramanie,  où  eft  Cotant 
fur  le  Cydne  ou  Carafu,Acfarat,  Caola ,  Tianée ,  8cc.  8c  en  Carama- 
nie propre  entre  le  mont  Taurus  8c  la  mer  Méditerranée ,  vis-à-vis 
de  l'ifle  de  Cypre.  On  y  trouve  Chiolfar,Patera,  Satalia,  Side,Sca- 
lemure.  8cc .  Les  Princes  de  Caramanie  rélifterent  quelque  tems  aux 
Turcs,  qui  leur  enlevèrent  leur  Etat  dans  le  XIV.  Siècle.  [Une  la 
faut  pas  confondre  avec  la  Caramanie,  quifailbit  une  province  de 
l'Empire  des  Perfans,  à  l'Eft  de  la  Perfide ,  êc  que  l'on  nomme  au-^ 
jourd'hui  Kirman.] 

CARAMIT  (CaraHemid,  c'eft-à-dire,  Amidala  noire)  ville  de 
la  Mefopotarn  ie  ou  Diarbeck ,  avec  Archevêché  qui  avoir  fept  fuf- 
i  fragans.  Cétoit  VAmida  des  Anciens.  Elle  eft  célèbre  par  les 
1  guerres  des  Romains  contre  les  Perfes ,  8c  par  le-mérite  de  plufieurs 
de  fes  Prélats.  Mereas  fè  trouva  au  premier  Concile  deConftanti- 
^  nople  l'an  381. 8cSimeonaffiftaà  cette  affemblée  qu'on  appella  lé 
\  brigandage  d'Ephefe ,  8c  enfuite  au  Concile  Général  d'Ephefé.Theo-^ 
doret  parle  de  lui  dans  la  troifiéme  de  fesEpitres,  où  il  le  nomme 
Métropolitain  de  fa  province.  L'Empereur  Conftantin  le  Grand  ag-"' 
i  grandit  Amide  8c  lui  donna  le  nom  de  Conflamine.  Cedrene  8c  Curo- 
•palate  ont  écrit  que  les  Sarafins  lui  avoient  donné  le  nom  d'Emct.El- 
iîe  eft  encore  aujourd'hui  aflcz  confiderable,  fermée  de  murailles 
avec  trois  cens  foixante  tours.  *  AmmienMarcellin,//.  ip.Proco- 
jpe,  Guillaume  de  Tyr,  LeM'acNotit.EpifSanCon,  gcc. 


5 


CAR. 


CARAMUEL  de  Lobkowits  ,  (Jean)  Evêquë  de  Vigevano, 
ndquit  l'an  1606.  à  Madrid  en  Efpagne,  d'un  père  des  Païs-Bas, 
Se  d'une  mère  Allemande.  Il  fit  les  études  en  Efpagne ,  où  il  prit 
l'habit  de  l'Ordre  de  Cîteaux.  •  Il  fut  premièrement  Abbé  de  Mœl- 
rofe  aux  Pais-Bas ,  puis  de  Dillémbourg.  Après  il  porta  le  nom  d'E- 
véquedeMiffi,  &  fut  SuflFragant  de  Mayence.  Eniuite  il  fut  Abbé 
Supérieur  des  Bénediftins  de  Vienne  &  de  Prague,  pais  Grand  Vi- 
caire du  Cardinal  d'Harrach ,  Archevêque  de  Prague.  Quelque  tenis 
après ,  par  un  changement  allez  extraordinaire ,  il  le  fit  Soldat ,  £c 
eut  une  charge  de  Capitaine  d'une  Compagnie  contre  les  Suédois  : 
puis  il  devint  Intendant  des  fortifications ,  &  Ingénieur  en  Bohême. 
Enfin, il  reprit  fapremiereprofeflion;  8cfutEvêque  deReinhrad, 
dit  Kon'igfgntz,  par  les  Allemans  ,  &  Kr/tlowihmtles  par  les  Bohé- 
miens. De  là  il  vint  être  Evêque  de  Campagna  au  Royaume  de  Na- 
ples ,  puis  Evêque  de  Vigevano  dans  le  Milanois ,  où  il  mourut  en 
1682.  Il  a  fait  lui-même  le  Catalogue  de  fes  Ouvrages,  ou  plutôt 
de  lès  Defleins.  Son  eflài  de  la  Grammaire  Caéalijîiqiie  parut  à 
Bruxelles  en  1641.  &  ce  qu'il  appelle  la  Grammaire  Au^acieufe  fiit 
imprimé  à  Francfort  en  lôj-i. /»/)/;»;  maiscen'eft  que  la  quatriè- 
me partie  de  ce  qu'il  avoit  préparé  fur  ce  fujet.  Vers  la  fin  de  fa  vie , 
il  fit  imprimer  à  Vigevano  un  Ouvrage ,  auquel  il  donna  le  nom  de 
AeîTTÔTaToç  c'eft-a-dire  ,  SubtiliJJimus  ,    ou  Nova  Dialeâo-Meta 


CAR. 

premiers  8c  des  plus  excellens  Maîtres. Caravage  fit  pkifieurs  Ouvra- 
ges à  Rome,  àNaples,  &  à  Malte;  Se  ce  fut  au  retour  de  Malte  i 
qu'il  mourut' avant  que  d'arriver  à  Rome  ,  l'an  1609.  Fehbien, 
hntretiens  fur  les  Vies  des  Peintres.  SUP. 

CARAVAGGIO,  bourg  d'Italie  dans  le  Duché  de  Milan.  Il 
eft  litué  vers  les  frontières  du  Bergamafque ,  &  il  eft  célèbre  par  la 
viétoire  que  François  Sforce  ,  depuis  Duc  de  Milan  ,  remporta 
en  1446.  fur  les  Vénitiens.  Ce  bourg  eft  encofe  célèbre  pour 
avoir  vu  naître  Eolydore  de  Caravacgio.  Voyez,  Polydore, 
&c. 

GARAVAJAL,  Cardinal.  Cherchez  CarvajaL 
CARAVANE,  troupe  de  gens,  qui  s'aflèmblent  en  Afîe  pour 
faire  quelque  voyage  avec  plus  de  fureté.  On  donne  principalement 
ce  nom  à  la  Caravane  des  Pèlerins  de  la  Meque.  Il  y  a  tous  les  ans 
cinq  Caravanes  de  Mahometans ,  qui  vont  vifiter  le  lëpulcrede  leur 
faux  Prophète  à  Medine,  8claMolquéedelaMeque,où  il  pritnait 
lance  :  favoir  celle  du  Grand-Caire ,  qui  eft  compofée  des  Egyp- 
tiens, &  de  tous  ceux  qui  viennent  de  Conftantinople  &  des  envi- 
rons :  celle  des  Magrebins  ou  Ponentaux,  laquelle  comprend  ceux  de 
Barbarie ,  de  Fez ,  &  de  Marocicelle  de  Damas.pour  les  Pèlerins  qui 
viennent  de  Syrie:  celle  de  Perfe  :  8c  celle  des  Indes  ou  duMogoL 
Il  y  a  Ibuvent  de  puilEms  Seigneurs  qui  font  ce  voyage  avec  le  peu- 


fhyfica.  Mais  c'eft  dommage  que  ce  Prélat  ait  employé  à  cette  for-    pie.  L'Emir  Adgetn  eft  le  Chef,  8c  il  mené  ordinairement  quinze 
te  d'étude  l'efpritque  la  nature  lui  avoit  donné,  8c  qui  étoit  plus  j  censchameaux,pourporterfeshardes,,  8c  pour  en  vendre  ou  louer 


qu'ordinaire ,  félon  le  témoignage  de  fes  Adverfaires  même.L'Au- 
teurde  l'Anti-CaràmueL  écrit  dans  fon  Livre ,  qu'il  avoit  oui  dire  à 
un  grand  homme,que  Caramuel  avoit  de  l'efprit  au  huitiéme,c'eft- 
à-dire  ,  au  fouverain  degré  ;  qu'il  avoit  de  l'éloquence  au  cinquiè- 
me; 8c  du  jugement  lèulement  au  lècond  degré.     Celui  qui  a  in 


a  ceux  qui  en  manquent  :  car  il  en  meurt  beaucoup  par  les  chemins. 
La  Caravane  de  Maroc  prend  fa  route  par  Taffilet ,  Tegorarin ,  Tri- 
poli, Quibriche, 8c  Alexandrie,  d'où  elle  fe  rend au'Caire ,  8c  de 
là  à  Suez,  qui  eft  un  voyage  extrêmement  long  :•  c'eft  pourquoi  ils 
y  employent  un  an  entier.  Le  Grand  Seigneur  envoyé  tous  les  ans 


feré  un  Difcours  de  Mathématique  dans  le  gros  volume  de  ce  Pré-  ;  à  la  Meque  de  riches  préfens ,  que  les  Francs  appellent  la  Vefte  Je 
lat,  fur  l'Architeârure  du  Temple  de  Salomon,  en-ç^xlshien^l'as,^  Mahomet.  .  Ils  font  conduits  par  l'Emir  Ado-e ,  8tconliftcntenor- 
avantageufement  ;  car  il  alfure  que  fi  Dieu  laiflbit  périr  les  Sciences  ,  nemens  8c  en  argent.  On  fait  les  ornemens  au  Caire  8c  à  Damas.  Ce 
'dans  toutes  les  Univerlîtez  du  Monde,  le  feul  Livre  de  Caramuel  fe- i  font  des  pièces  de  velours  cramoili,  fort  lono-ues,  8c  toutes  bro- 


roit  fuffifant  pour  les  faire  renaître. 
Biff.  SUP 


Nicol.  Anton.  £/^/fW^.  1  dées  de  grolTes  lettres  Arabes  d'or,  un  grand  pavillon  de  fatin  cra- 
|moifî,  brodé  d'or,  avec  des  chifres  Arabes ,  fait  en  pointe  declo- 


CARANUS,  premier  Roi  de  Macédoine,  étoit  le  feptiéme  de  '  cher,  qui  a  une  pomme  dorée  à  la  pointe,  quatre  de  même  à  l'en- 


ia  famille  des  Heraclides  depuis  Hercule.  L'Hiftoire  fabuleufe  con 
te,que  ce  Prince,qui  vouloir  jetter  les  fondemens  d'une  Monarchie, 
ayant  appris  de  l'Oracle  qu'il  la  devoir  établir  dans  l'endroit  où  il  fe- 
roit  conduit  par  les  chèvres ,  il  en  trouva  dans  l'Emathie.La  Macé- 
doine fut  appellée  de  ce  nom  à  caufe  d'Emathius ,  contemporain  de 
Cadmus  Roi  de  Thebes ,  8c  enfuite  Macédoine  du  nom  de  Macc- 
don,  qui  vivoit  du  tems  de  Belochus  neuvième  Roi  des  Affyriens. 
Caranus  ayant  donc  trouvé  ces  chèvres,  il  en  fuivit  une  grande  trou- 
pe.qui  fuyoit  dans  la  ville  d'Edeflè ,  qu'il  furprit.Il  chalfi  Midas,  qui 
tenoit  une  partiede  cette  province  ,  il  en  refta  feul  maître ,  8c  fon- 
>  da  cette  Monarchie  l'an  3140.  du  Monde.  Son  règne  fut  de  trente 
ans.  Juftin,  /(.y.  ch.  i.  Velleius  Paterculus ,  li.i.  Les  marbres 
du  Comte  d'Arondel ,  8cc. 

OC^On  compte  ordinairement  depuis  Caranus  julques  à  Alexan- 
dre vingt-trois  Rois  ;  mais  ils  n'ont  point  de  caraârere  illuftre  dans 
l'Hiftoire,!!  nous  en  exceptons  Amyntas  8c  fes  quatre  &ls,qui  reo-ne- 
rent  lùcceffivement.  PhiUppe  ,  qui  étoit  le  cadet,  jettalcs  pre- 
miers fondemens  de  la  Monarchie  des  Grecs ,  que  &n  fils  Alexandre 


tour;  8c  un  autre  pavillon  quarré,  de  moindre  prix.  Ces  préfens 
font  portés  p'ar  un  chameau  richement  enharnaché,  fuivi  d'un  au^ 
tre,  qui  les  porte,  quand  le  premier  eft  las.  Pour  la  fureté  da 
tranfport  de  ces  ornemens  précieux ,  l'Emir  Adge  fait  mener  fix 
petits  canons  dans  tout  le  voyage.  La  Caravane  du  Caire  part  ordi- 
nairement cinquante-fept  jours  après  le  commencement  du  Rama- 
zan,  c'eft-à-dire,  un  mois  après  leRamazan  fini.  Celle  de  Bar- 
barie ne  part  qu'un  jour  après  :  car  elle  a  un  Chef  à  part.  Voici 
quelle  eft  la  route  des  Caravanes  d'Afie.  Celles  qui  viennent  des  ifles 
d'Orient,  c'eft-à-dire,  de  Macaflàr  ou Celebes ,  de  Java,  deSu^ 
matra,  8c  des  Maldives  ;  8c  celles  qui  viennent  des  Indes  au  deçà  da 
Gange,  fe  rendent  par  mcràMocha,  ville  maritime  de  l'Arabie 
heureufe,  8c de  là  à  la  Meque,  fur  des  chameaux.  Les  Perfans, 
qui  habitent  le  long  de  la  mer,  viennent  defcendre  à  Ormus ,  ouaa 
Bander:  puis  paiTant  le  golfe ,  qui  en  cet  endroit-là  n'a  que  douze 
ou  treize  lieues  de  large,  ils  traverfent  l'Arabie;  pourfe  rendre  à 
la  ville  du  Prophète.  Mais  ceux  de  la  haute  Perfe  vers  la  mer  Cafpie, 
Se  tous  les  Tartares  viennent  à  Tâuris,  ScdelààAlep,  d'où  part  la 


établit  fur  la  ruine  de  celle  des  Perfes.  Ce  Royaume  de  Macédoine    g^'^nde  Caravane ,  qui  traverfe  les  déferts.  Quelques-uns  prennent 


aduréjufqu'àlamortd'Alexandre49o.âns;  8cjulqu'à  laruïne  de 
Perfée  dernier  Roi  64Ô. 

CARANZA.  Cherchez  Carranza. 

CARAQUES,  Sauvages  de  la  province  de  Quito,  dans  le  Pé- 
rou ,  qui  habitent  vers  la  côte  de  la  mer  du  Sud.  Ils  ont  peu  d'ef- 
pritêcpeu  d'adrefle:  mais  ceux  qui  demeurent  fur  la  même  côte , 


k  chemin  de  Bagdad,  maie  rarement;  parce  que  le  Bâcha  exige 
d'eux  un  tribut ,  8c  particuHerement  des  Perfans ,  que  les  Turcs 
eftiment  hérétiques  :  8c  c'eft  ce  qui  oblige  le  Roi  de  Perfe  de  défen- 
dre à  fes  Sujets  deprendre  cette  route.  Ils  prennent  ce  chemin  de 
Bagdad ,  par  dévotion ,  pour  voir  le  fépulcre  de  leur  Prophète  Ali , 
qui  n'en  eft  éloi^é  que  de  huit  jouraées;  c'eft  un  lieu  défert ,  8c  où 
il  n'y  a  que  de  tres-mèchantes  eaux:le  canal ,  que  Cha- Abas  y  fit  coa- 


vers  le  Nord  de  cette  province,  font  ingénieux ,  8c  propres  aux  arts  |  duirede  l'Euphrate ,  étant  entièrement  ruiné.  Pour  ce  qui  eft  des 
mechaniques.Ceux-ci  fe  peignent  le  vUage  de  certames  marques ,  j  Princes  d'Arabie ,  ils  n'ont  pas  beaucoup  de  chemin  à  faire ,  e'taS 
tracées  depuis  les  oreilles  julqu  au  menton,  8c  sornent  déchaînes  les  plus  proches  du  tombeau  de  Mahomer8c  de  la  Meque.  LesAfe- 
d  or  travaillées  avec  tan  d  art .  que  les  Efpagnols  admirent  ces  for-  hometans  de  l'Europe  fe  rendent  à  Alep ,  pour  joindre  la  Caravane 
tes  d  Ouvrages  lorfqu  ils  y  arrivent.  *  DeLaet,  H,fto.re  duNou-  .  de  la  haute  Perfe  :  8c  ceux  de  l'AffiquepallentauGrand-Caire.d^à 
■veauMom^.bUi.  ,     j    ,,       ^        ^     !  ils  prennent  leur  chemin  par  Suez,8c  rencontrent  dans  les  déferts  k 

CARATCHOLI ,  ou  Karakioi^s  ,  peuples  du  Mont  Gaucafe ,    même  Caravane  d'Alep ,  à  dix-huit  journées  de  Medine ,  où  il  fe 
}'^}.3'1T^}1Ï.YJT'TJ^^  i^„^^!?^^'i?-  _    .Quelques-^uns    trouve  une  eauqui  va  par  un  canal  jufqu'à  cette  ville,  8c  que  les 

croyent  être  fortie  de 
J        .  1.  •   J   1  -■■.   n^       ■         r     ,      \  '.'   —  ""' ""f'fitequieutfoifencete 

donne ,  parce  que  1  air_de  leur  paiS  eft  toujours  fombre  8c  couvert  de   dit  douce ,  d'amere  qu'elle  parut  d'abord. 


les  appellent  C«r^g«,r^«ez,ceft-a-dire  C.rcaffier,s  no.rs.      Is  font    Mahometans  croyent  être  fortie  de  terre  par  un  miracle,  en  faveur 
neanmoms  fort  blancs  de  vifage,  8c  ce  nom  leura  peut-être  ete   de  leur  Prophète  qui  eut  foif  en  cet  endroit,  gc  oui  en  beuvanti^r... 


Prophète  qui  eut  foif  en  cet  endroit ,  8c  qui  en  beuvant  la  ren- 


f;X  r  P^l^n^Turc  mais  fi  vitequ  onadelapeine  alesen-  Les  Caravanes  marchent  de  nuit,  8c  ferepofent  Iejour,afin  d'é- 
tendre Ces  peuples  tirent  leur  origine  des  Huns  qui  habitoientla  viter  les  grandes  chaleursiSc  lorsque  la  Lune  n'éclaire  pa^,il  y  a  des 
partie  la  plus  Septentrionale  du  Mont  Caucafe 

fuThcvlIo^^^lTsUP  ^^^'"^-^-'  '-"^  ^^«-««/  àqueué,defo'rtequ'onn'aqu'àles  laiflèr  aller,  fans  avoir  lapine 

r^i  n  A.Tr^^  À  A  -  ^^ ^^^  conduire.  Parmi  ceux  qui  vont  en  pèlerinage  à  la  Meque ,  il 

CARAVACCA,  ouCrux  de  Caravacca,  petit  village  d'EjP- ,  ,y  en  a  plufieurs  qui  y  vont  par  dévotion ,  d'autres  pour  trafiquer ,  & 

pagne  dans  le  royaume  de  Murcie.     Il  eft  fitué  dans  les  montagnes  d'autres  pour  éviter  le  fupplice  qu'ils  ont  mérité  pour  quelque  cri- 

fur  les  frontières  de  laCaftillela  neuve,  8c  près  de  la  rivière  dite;  me;  car  ce  voyage  abfout  de  toiit  ;  8c  quelque  criminel  que  foit  ua 

Rio^Sigura.  On  y  conferve  une  croix,  qu'un  Ange  apporta,  à  ce   homme,s'il  peut  fefauver,8c  faire  ce  pèlerinage,  on  ne  lerecherche 

qu'on  dit ,  du  ciel  à  un  Prêtre ,  qui  devoir  dire  la  Mefle  à  la  préfence  j  plus  après ,  au  contraire  on  le  tient  pour  honnête  homme.  Pendant 

d'un  Roi  Maure.  Elle  eft  de  bois ,  8c  c'eft  à  cette  croix  qu'on  fait  tou-   le  chemin,  ils  s'occupent  à  chanter  des  verfets  de  l'Alcoran ,  8c  font 

cher  celles  que  les  Fidèles  portent  par  dévotion.  *  JeandeRobles   des  charitez  chacun  félon  leur  pouvoir.  Deux  jours  avant  que  d'ar- 

Corvalan,  Hifi.  del  mifier.  apparac.  de  la  S.CruzdeCxrav.  river  à  la  Meque,  ils  fe  dépouillent  tout  nuds,en  un  lieu  nommé  R«- 

CARAVAGE,  fameux  Peintre  Italien ,  étoit  en  réputation  au  |  ^«* ,  8c  ne  prennent  qu'une  ferviette  fur  leur  col,&  une  autre  autour 

commencement  du  XVII.  Siècle.  Il  fenommoitAmerigi.Sc  fon  pe-   des  reins.  Ceux  qui  font  incommodez  8c  malades  retiennent  leurs 

te  etoit  un  MaiTon  de  Caravage  en  Lombardie.Il  fut  à  Rome  le  Chef ,  habits ,  mais  au  lieu  de  cette  cérémonie  ils  font  quelquesaumônes. 

d  un  parti  oppofe  a  celui  dejofeph  Pin.  Celui-ci  n'examinoit  point ,  Etant  arrivez  à  la  Meque,  ils  y  demeurent  trois  iours,  pour  faire 


nature  telle  qu  il  la  yoyoit.  Ces  deux  diftèrens  partis  jetterentles  '  tons;  puis  ils  reprennent  leurs  habits ,  8c  fe  remettent  comme  il» 
Peintres  dans  un  pur  libertinage,  qui  alloit  détruire  l'art  de  la  Pein- 1  étoient  huit  jours  auparavant.  Après  ils  vont  au  Mont  Arafat ,  où 
ture ,  ItAnnibal  Carache  ne  l'eût  rétablie,  en  fuivant  les  règles  des  1  ils  font  des  prières  pendant  trois  jours.  Toutes  ces  cérémonies  étant 

\  finies 


CAR. 

■finies,  le  Sultan  Scherif,  ou  Prince  de  la  Meque ,  qui  eft  venu  avec 
elix  à  cette  montagne,  leur  donne  la  bénediâion.  De  là  les  Pèle- 
rins vont  à  Medine ,  oij  eft  le  lepulcre  de  Mahomet,  &  leKiabeou 
grande  Mofquée.  Environ  un  mois  8c  demi  après  que  la  Caravane 
du  Caire  eft  paitie ,  il  part  du  Caire  un  Aga ,  qui  conduit  plulîeurs 
rafraichiflèmens  que  les  gens  dii  pais  envoyent  àkursparens  ou 
amis  qui  font  dans  la  Caravane ,  qu'il  rencontre  à  la  moitié  du  che- 
min. Ces  pèlerins  mettent  à  ce  voyage  depuis  le  Caire  environ  qua- 
rante-cinq jours  à  al!er,8c  autant  à  reveniriSc  font  là  plufieurs  jours. 
L'Emir  Adge  gagne  beaucoup  à  ce  voyagejcar  les  biens  de  tous  ceux 
qui  y  meurent  Ibnt  pour  lui ,  outre  mille  autres  gains  qu'il  fait  en 
pluiieurs  manières.  Durant  tout  ce  pèlerinage  il  eft  le  maître  abfo- 
lu  de  la  campagne  ,  8c  il  fait  faire  juftice  comme  il  lui  plaît. 
*  Thevenot  ,  yoyage  dé  Levant.    Taverniér ,  Relation  du  Serrall. 

sue. 

•  CARAVANE  de  Marchands  ,  eft  comme  un  grand  convoi 

compofé  de  quantité  de  Marchands ,  qui  s'aflèmblent  en  certains 
tems  &  en  certains  lieux ,  pour  voyager  en  fureté ,  &  fe  défendre 
contre  les  voleurs  qui  courent  fouvent  par  bandes  dans  les  pais 
qu'il  faut  traverfèr.  Ces  Marchands  élifent  entr'eux  un  Chef  ,  que 
l'on  appelle  Caravan-Bachi.  C'eft  lui  qui  ordonne  la  marche ,  qui 
prefcritlesjournées,&  qui  avec  les  principaux  delà  Caravaneju- 
ge  les  differens  qui  peuvent  furvenir  pendant  le  voyage.  Dn  peut 
faire  un  voyage  en  compagnie  de  dix  ou  douze  hommes  feulement, 
&  l'on  fait  ainfi  beaucoup  de  chemin  :  mais  il  eft  plus  fur  de  Rejoin- 
dre à  uhe  Caravane.  Oii  voit  des  Caravanes  de  mille  chameaux, 
8c  d'autant  de  gens  de  cheval  :  &  comme  les  chameaux  ne  mar- 
chent qu'à  la  file,une  Caravane  pairoit  une  armée.  Chaque  Chame- 
lier conduit  fept  chameaux ,  qui  font  attachez  l'un  à  l'autre  par  une 
tietite  corde.  En  tout  tems ,  la  Caravane  marche  plus  de  nuit  que  de 
jour  :  en  Eté ,  pour  éviter  la  chaleur  ;  &  dans  les  autres  faifons,pour 
arriver  en  plein  jour  au  lieu  oii  l'on  doit  camper:parce  que  dans  l'ob- 
fcuritédelanuitil  feroit  difficile  de  dreïfer  des  tentes,  de  penfer 
des  chevaux ,  &  de  pourvoir  à  tout  ce  qui  eft  nécelfaire  à  un  campe- 
ment. Néanmoinsaufortde  l'Hy  Ver  &  dans  les  grandes  neges ,  on 
•  ne  part  gueres  qu'à  la  pointe  du  jour  :  mais  on  fait  peu  de  chemin , 
potir  camper  dejour,lorfque  le  Soleil  eft  couché:  desChiaoux,  qui 
ibnt  de  pauvres  gens  ouTurcs  ou  Ariileniens,ont  foin  de  faire  la  gar- 
de autour  du  camp,  8c  de  veiller  fur  les  marchandifes.  Quand  on 
part  de  Conftantinople ,  deSmyrne,oud'Alep,  pourfe  mettre  en 
Caravane ,  il  faut  s'habiller  félon  la  mode  des  pais  où  l'on  doit  paf 
fer  :  en  Turquie ,  à  la  Turque  ;  en  Perfe ,  à  la  Perfienne  :  8c  qui 
en  uferoit  autrement ,  palTeroitpour  ridicule.  Toutefois  ayant  par 
les  chemins  une  vefte  d'Arabe  avec  quelque  ceinture,bien  qu'on  eut 
deflbus  un  habit  à  la  Françoife ,  on  peut  paflèr  par  tout  fans  rien 
craindre.  Pour  porter  le  turban,  il  faut  néceffairementfe  faire  rafer 
la  tête,  parce  qu'il  gliflêroit  8c  ne  pourroit  tenir  avec  les  cheveux. 
Pour  ce  qui  eft  de  la  barbe,on  n'y  touche  point  dans  laTurquie,8c  les 
plus  grandes  font  les  plus  belles:  mais  en  Perfe  on  fe  fait  ralèr  tout  le 
anenton ,  8c  on  garde  feulement  la  mouftache ,  qui  eft  d'autant  plus 
eftimée  qu'elle  eft  plus  greffe  Se  plus  longue,  ■*  Taverniér,  Voyage 
de  Perfe.  SUP. 

CARAUSIUS  ,  Menapien  8c  Gouverneur  d'Angleterre  pour  les 
Empereurs  Diocletien  Se  Maximien .  Il  ufurpa  la  fouveraine  puif- 
fance ,  s'allia  des  François  8c  fc  maintint  fur  le  throne  qu'il  s'étoit 
aquis,  ayant  contraint  les  Céfars  de  faire  la  paix.  Aleétusun  defes 
Capitaines  le  tua  l'an  293.  qui  étoit  le  feptiéme  depuis  fi  révol- 
te. *  Aurelius  Viâror ,  dans  Diocletien.  Eutrope,^'.  9. 

CARA'Z.OLE,  (Joannin)  natif  d'Ombrie ,  en  Italie,  d'une  fa- 
mille fort  médiocre ,  fut  un  grand  exemple  de  la  bonne  8c  de  la 
inauvaife  fortune.  Etant  Secrétaire  de  Jeanne  II.  Reine  de  Na- 
ples  ,  il  eut  le  bonheur  de  flaire  à  cette  Princellè  ,  qui  l'aima 
paffionpément ,  8c  lui  donna  comme  pour  dot  le  Duché  de  Mel- 
fi,  8c  la  charge  de  Grand  Connétable  du  Royaume.  Mais  une  iî 
haute  élévation  eut  une  fin  tragique,  car  cette  Reine  le  dépouilla 
de  tous  lès  biens  8c  de  tous  fès  honneurs ,  8c  le  fit  mourir  avec  au- 
tant de  cruauté  qu'elle  a  voit  eu  d'anibur  pour  lui.  *Fulg./».  6.e. 
II.  SUP. 

CARBANDA,  ou  Carbaganda,  frère  de  Caffan  Roi  des  Tar- 
tares,  fut  fon  fucceffeur  l'an  1304.  Il  étoit  né  d'une  mère  Chré- 
tienne ,  qui  le  fit  baptifer ,  il  reçut  le  nom  de  Nicolas  au  baptême , 
8c  il  profeffa  la  Religion  Chrétienne  tant  que  fa  merefiit  en  viej 
mais  après  fa  mort  il  embraffa  la  Sefte  Mahometane ,  8c  ruina  les 
affaires  des  Fidèles  en  Orieilt.  *Haithon,  Sanut,  &c.  rapportez 
parSponde,  ^.C.  1304.  «.9. 

CaRBILIUS  RUGA,  futlepremier  d'entre  les  Roniains,  qui 
fit  divorce  avec  fi  femme ,  qui  étoit  fterile ,  l'an  5-2  3 .  de  Rome  fous 
le  Confulat  de  M.  Attiiius  Se  de  P.  Valerius.  Il  protefta  aux  Magif- 
trats ,  que  bien  qu'il  eût  beaucoup  d'amour  pour  fa  femme ,  il  la 
'  quiftoit  pourtant  fans  murmurer  jpuifqu'elle  ne  lui  pouvoir  point 
faire  d'enfant,  préférant  l'avantage  de  la  République  à  fonplaifir 
particulier.  D'autres  lenomment  Carvilius  Maximus,  qui  avoit 
été  Conful  en  j-io.  avec  L.  PoflJiumius  Albinus.  *  Aulu-Gelle.  //'.  4. 
ch.  3. 

CARBO ,  grand  Orateur ,  vivôit  avant  Cicerôri ,  lequel  parle  de 
lui.  On  dit  que  ne  pouvant  foulîrir  la  légèreté  du  peuple  Ro- 
main,après  s'être  efforcé  trcs-fouvent  d'y  mettre  ordre,il  fe  donna 
la  mort  volontairement.  Il  ne  faut  pas  le  confondre  avec  divers  au- 
tres Magilbats  de  ce  nom ,  comme  C.Carbon  Triumvir  avec  Grac- 
chus 8c Flaccusen633.de Rome.  Ils  eurent  difpute  pour  la  divi- 
fion  des  champs.  Un  qui  fut  trois  fois  Conful.  Celui  qui  fuivit 
le  parti  de  Marius  8c  de  Sertorius ,  en  667 .  de  Rome ,  8c  qui  fut  tué 
dans  la  Sicile  par  ydre  de  Pompée.  Un  Orateur  frère  du  premier, 
lequel  ne  pouvant  fouffrir  les  débauches  des  foldats ,  qu'il  vouloit 
obliger  de  mieux  obferver  la  difcipline  militaire ,  les  pouffa  un  peu 
trop ,  de  forte  qu'ils  l'aflaffinerent. 

Tom.  II.  * 


CAR.  ii' 

CARBONNE.  (François)  Cardinal ,  Evêque  de  Monopoli ,  étoit 
deNaples.  Urbain  VI.  le  mit  dans  le  facré  Collège  en  138$-.  8c  de- 
puis ,  il  contribua  beaucoup  à  l'éledtion  de  Boniface  IX.  qui  lui  don- 
na l'Evêchédc Sabine, 8c divers Gouvcrnemens  dans  l'Etat  Eccle*' 
lîattique.  Théodore  de  Nicm  l'acculé  de  Simonie.  Il  mourut  fu- 
biîement  le  1  S.  Juin  1405-.  8c  fon  corps  fut  porté  à  Naples ,  où  l'on 
voit  fon  tombeau  dans  l'Eglife  Métropole.  *  Théodore  de  Niem , 
"•1.(^3.  Ciaconius,  Garimbert,  8cc. 

CARBONNEL,  (Bertrand)  Poète  Provençal  ,  vivoit  dans  le 
XIII. Siècle,  vers  l'an  1113.  Il  écoit  natif  de  Marfeille ,  Se  écrivit 
divers  Ouvrages.  La  Croix  dU  Maine  Se  du  Verdier  Vauprivas, 
Biè/.  Franc.  '^ 

CARCANO,  (Archelao)  Médeciil , natif  de  Milan,  8c  Profef- 
feur  dans  l'Univerfité  de  Pavie ,  vivoit  dans  le  XVI  Siècle,  8c  s'aquit 
beaucoup  de  réputation  par  fon  favoir.  il  compofa  divers  Ouvra- 
ges lur  les  Aphorifmes  d'Hippocrate ,  de  la  pefte ,  Sec.  Se  il  mourut 
le  3  2.  Juillet  de  l'an  ij-88.  *  GMi.m, Theat.d'Huom.Lett.  Van  der 
Linden,  de  Script.  Med.^c. 

CARCANOSSI,  contrée  de  l'ifle  de  Madagafcar ,  vers  la  côté 
Méridionale ,  où  les  François  ont  établi  depuis  peu  d'années  quel- 
ques colonies ,  le  pais  étant  fertile  8e  affez  bien  cultivé.  SUP. 

_CARCASSONNE ,  fur  l'Aude,  ville  de  France  en  Lariguedocî' 
C'eft  un  Comte ,  où  il  y  a  un  Evêché  fuf&agant  de  l'Arclievêché  de 
Narbonne  :  elle  eft  du  Parlement  de  Touloufe.  C'eft  le  Carcagoi 
Carcaffumlolcarum,  oxiTeBofagum  des  Anciens.  Elle  a  deux  par- 
ties, la  ville  Se  la  cité:  la  Cathédrale  eft  dans  la  dernière.  Elle  a 
aufli  un  fort  château.où  l'on  conferve  des  aâes  très-anciens  8e  d'une 
écriture  particulière ,  fur  des  écorces  d'arbres  8e  de  toile,  dont  il  y 
en  aflufieurs  qu'on  croit  y  avoir  été  apportés  par  lesWifigoths  après 
lapriiédeRome.  Ilyademêmelefiege  d'un  Sénéchal  Se  unPré- 
fidial.  Pline  parle  de  Carcaffonne;  Célàr,  Ptolomée,,  l'Itinéraire 
de  Jcrufalem,Procope,  Grégoire  de  Tours ,  8e  divers  autres  Auteurs 
en  font  auffi  mention.  S.Guimerafut,  comme  on  croit ,  premier 
Evêque  de  Carcaffonne.  Il  mourut  vers  l'an  3oo.Hilaire  8c  Valere  y 
font  reconnus  pour  Saints.  La  ville  eft  grande ,  forte,  8e  affez  bien 
bâtie.  La  rivière  la  diviié  en  deux  parties,  8e  outre  la  Cathédrale 
de  S.  Nazaire ,  il  y  a  diverfes  maifons  Religieufes.  Quelques  Au^ 
teurs  eftiment  que  les  Goths  fortifièrent  Carcaffonne ,  qu'ils  y  bâti- 
rent le  château ,  8e  qu'ils  y  conlèrvoient  les  dépouilles  de  la  ville  de 
Rotne.  (Quoi  qu'il  en  foit ,  comme  l'affiete  8e  la  grandeur  de  Car" 
caffonne  la  rendoient  une  ville  très-importante ,  les  François  l'afllé-^ 
gèrent,  après  la  défaite  d'Alaric  en  5-07 .  mais  ils  fe  virent  contraints 
de  prendre  d'autres  mefures.Le  Roi  Contran  l'affiégea  depuis  inuti- 
lement. Se  quelque  tems  après,  il  la  prit  par  intelligence ,  mais 
l'armée  ne  fe  tenant  pas  fur  fes  gardes  à  la  campagne  ,  elle  fut  défaite 
pair  Recarede  Roi  des  Goths.  Ce  fut  vers  l'an  5-87. ou  88. Depuis  j 
elle  fut  foumife  aux  François,  8e  nos  Rois  y  mettoientun  Comte 
pour  la  gouveriier.  Le  premier ,  dont  nous  avons  connoiffance ,  fut 
Bernai-d  II.  Coiii  te  de  Touloufe,  qui  vivoit  en  871.  LeContinua- 
teur  d'Aimoin  nous  apprend  que  le  Roi  Charles  le  Chauve  lui  donna 
le  gouvernement  des  Comtés  de  Carcaffonne  Se  de  Rafés.On  cftiraei 
que  Roger  I.ètoit  fon  fils,8c  qu'il  lui  fucceda  en  887 .  Mais  cela  n'efl: 
pas  bien  connUjEe  nous  n'en  pouvons  parler  furement  que  fous  l'an 
974.Artiaud  étoit  alorsComte  deCarcaffonne,8c  Roger  Il.lui  fucce- 
da en  97  8.  Ce  dernier  eut  d'Adelaïs  fon  épouiè  Raimond ,  qui  vivoit 
en  1 01 3.  père  de  Roger  III.  mort  fans  enfans  8e  d'Ermengarde  qui 
lui  fuccéda.  Elle  étoit  femme  de  Bernard  Raimond  Trincavel ,  Vi- 
comte de  Beziers  Se  d'Agde.Raimond  Berenguier  Comte  de  Barce* 
lonne  prétendoit  à  cette  fucceffipn  du  côté  d'Ermenfende  fon 
ayeule,  fîllede  Roger  II.  Se  femme  de  Raimond  Borel,  Comte  de 
Barcelonne.  Leurs  amis  communs  les  accordèrent  en  1068.  Se  par 
une  tranfaftion  on  adjugea  la  Ville  de  Carcaffonne  à  Raimond  Be-> 
renguier.Tout  lerefte  duComté  fut  cédé  à  Ermengarde  Seà  fon  ma- 
ri.Bernard  Athon  leur  fils  leur  fucceda  en  1090.  Celui-ci  furprit  la 
ville  de  Carcaffonne  durant  la  minorité  de  Raimond  Berenguier ,qui 
époufa  depuisDouce  de  Provence  ;  mais  les  habitans  n'ayant  pas  fu- 
jet  de  fe  louer  delà  conduite  de  Bernard  Athon,fe  remirent  fous  l'o- 
beïffahce  de  Raimond  2e  chafferent  les  Officiers  de  l'autre.  Bernard 
affiégea  la  ville,la  prit  par  compoiîtion.  Se  creva  les  yeux.  Se  coupa  le 
nez  aux  principaux  habitans,  qui  fe  retirèrent  en  Catalogne.  Ce  pro- 
cédé barbare  obligea  le  Comte  de  Barcelonne  à  prendre  les  armes,  85 
puis  à  la  prière  de  diverfes  perfonnes  de  confideration  il  s'accommo- 
da âvecBernard.qui  lui  céda  leComté,Se  lui  Se  fos  fucceflêurs  prirent 
le  titre  de  Vicomtes.  Ce  Bernard  avoit  époufé  Cécile  Vicomteffe  de 
Nîmcs;8e  il  en  eut  trois  fils  Se  trois  filles,R.oger  IV.Vicomte  de  Car- 
caffonne ,  de  Rafés ,  8e  d'Albi  ;  Raimond  Trincavel  Vicomte  de  Be- 
fîers  8c  d'Agde  ;  Bernard  Athon  Vicomte  de  Nîmes  ;  Mantelina , 
Payenne;  Se  Ermenfende.  Roger  IV.  mourut  fans  enfans,  vers 
l'an  iij-o.  Raimond  fon  frère  lui  fuccéda,  8e  il  futmaffacré  dans 
l'Eglife  de  Befîers ,  lejourdelaMagdelainedel'an  1 167  .comme  je  ■ 
l'ai  dit  ailleurs.Il  laiffa  trois  fils ,  Trincavel  mort  en  1 1 80,  Raimond 
Trincavel  mort  en  1 190.  Se  Roger  Trincavel  décédé  en  1 193.  Ce 
dernier  laiffa  pofterité.Il  avoit  époufé  une  fille  de  la  maifon  de  Tou- 
loufe,8e  il  en  eut  Raimond  Roger,lequel  donnant  dans  les  fentimens 
de  fon  oncle  Raimond  le  vieil  Comte  deTouloufe,fe  déclara  protec- 
teur des  Albigeois.  11  s'attira  l'armée  des  Croifez,qui  prirent  Carcai^ 
fonne  en  1209.8c  il  mourut  en  même  tems  de  dyffenterie.Après  cet- 
te mort ,  tous  les  Prélats  &  les  Princes  qui  s'étoient  liguez  pour  une 
fi  fainteentreprilè  donnèrent  à  Simon  Comte  deMontfort  ïacon- 
fifcation  des  biens  qui  appartenoient  aux  Comtes  de  Carcaflbnne  ;  . 
ce  que  le  Synode  de  Montpellier  de  1214.  8eleConcifedeLatrande 
i2if.luiaffignerentauffi.Amauri  deMontfort,  fils  de  Simon,  lui 
fuccéda  en  la  poffeffion  de  ces  Seigneuries  ;  Se  ne  pouvant  pas  les  dé- 
fendre contre  les  Princes  qui  y  avoient  quelque  prétention  ,  il  céda 
l'an  i222.1es  droits  qu'il  y  avoit  à  Louis  VIII.  Roi  de  France,  qui 
pour  récompenlê  le  fit  fon  Connétable,  commeje  le  dis  ailleurs.  If 
G  î  renou- 


54 


CAR. 


CAR. 


.ouvella  depuis  deux  ou  trois  fois  cette  ceffion."  Raimond  Roger    Jaques  Augufte  de  Tliou  l'a  écrit  ainfi  fur  l'opinion  commune  dé  ce 


avoitlaifle  un  iîls  nommé  Raimond  Trincavel,  qui  céda  aulli.  les 
droits  qu'il  pouvoir  avoir  fur  les  Comtez  de  Beziers  ik  deCarcaflon- 
ne.qui  ont  été  toujours  unis  à  la  couronne.  Ce  fut  en  1 247 .  Caical- 
fonneeit  capitale  d'un  petit  païs  dit  le  Carcasses.  On  y  faitdiver- 
fesmanufaaures,&  for-tout  de  draps.  *  Pline, /.8.<:.4.Procope, 
li  I  dé  M.Got.C!:egotteàerouïs,li.2.c.^o.&li.ç>.c.'ii.  Con- 
tinuateur d'Aimoin ,  Irj.c.zT.  CM\,HiJi.  des  Comt.  deToul.  & 
Mem.deLa?ig.Be&,Hi/t.deCarcaff.Demrci,Hifi.  deBearn.U.  8. 
Sainte  Marthe ,  Gall.  Chrift.  Du  Puy ,  Dmts  du  Rot ,  &c. 

LE  CARCERO.palais  où  l'on  plaide  a  Madrid,  en  Efpagne.  SUP. 
CARCHASIS,  Roi  des  Scythes ,  fuccédaà  fon  père  Atheas  con- 
jointement avec  fon  frère  Matheas.  Ilconduiiit  une  armée  contre 
Alexandre  le  GramU^  alla  pour  aflléger  la  ville  d'Alexandrie,  que  ce 
Conquérant  vcnoit  de  faire  bâtir ,  mais  Alexandre  le  battit ,  &  tailla 
en  pièces  toutes  fes  troupes.  Depuis  voyant  la  génerofité  de  fon 
.Vainqueur ,  qui  pardonnoit  facilement  à  ceux  qui  fe  foumettoient  à 
lui ,  il  lui  envoya  des  Ambaflàdeurs  pour  fe  remettre  à  fa  difcretion 
&  lui  offrir  fa  fille  en  mariage.  Alexandre  oubliant  tout  le  paffé  lui 
iaiiTa  l'autorité  fouveraine  dans  fes  États.[L' Auteur  de  cet  article  l'a 
tire  de  quelque  Roman ,  .&  non  d' Arrien  8c  de  Quinte-Curfe ,  qui 
n'en  dilent  rien,  en  parlant  de  la  guerre  qu'Alexandre  fit  aux  Scy- 
thes. Atheas ,  étoit  le  même  que  Matheas ,  puifque  c'eft  ainfi  que 
divers  MSS.écrivent  le  nom  du  même  h.oïame..Yojn.MatthiasBer- 
neccerusimJufi'm.Uh.  ix.c.  2.8c-^^m.!]*  Arrian,/.4.Q.Curce, 
1.8.  SUP. 

C  A  R  C I  N  U  S ,  d'Athènes ,  Poète ,  vivoit  la  C.  Olympiade. 
Il  a  écrit  des  Comédies,  &des  Vers  Lyriques.^  Il  y  en  a  eu  un  au- 
tre d'Agrigente,  qui  vivoit  dans  le  même  Siècle,  &  demcuroit 
àSyracufe,  auprès deDenys.  *  Athénée,  liv.8.  Suidas.  Voflius, 
des  Poètes  Grecs , c.l.Joan.  Meurfii  Bel.  Attica. 

[C  A  R  C I N  U  S  Rhéteur ,  cité  par  Alezandre  autre  Rhéteur  , 
dans  fon  livre  des  figures.  Joan.  Meurfii  Bibl.Gr£ca.~\ 

CARDAILLAC,  bourg  de  France  dans  le  Quercy,  près  de 
Figeac  &  vers  les  frontières  del' Auvergne.C'eft  une  des  plus  ancien- 
nesBaronnies  du  païs,à  qui  on  a  depuis  attribué  le  titre  deMarquifat . 
C'eft  ce  boUtg  qui  a  donné  le  nom  à  la  maifon  de  Cardaillac. 

CARDAILLAC.  Maifon.  La  MaifondeC  ard  aill  a  c 
a  eu  les  Barons  deCardaillac  8c  de  laChapelle-Mari val,Sieurs  deSaint 
Cernin,  8cc.  Chambellans  de  nos  Rois,  Sénéchaux,  8c  Gouverneurs 
du  Quercy,8c  Chevaliers  de  l'Ordre:  lesComtesde  Bioule  ,  Lieu- 
tenans  Généraux  en  la  province  de  Languedoc  ,8cc.  Bertrand 
DE  Cardaillac  donna  des  preuves  de  fon  courage ,  durant 
la  guerre  contre  les  Albigeois.  Cette  Famille  a  encore  eu  d'iiluftres 
Prélats;  outre  Jean,  dont  je  parle  ailleurs,je  puis  nommer  Guil- 
laume DE  Cardaillac  Evêque  de  Cahors  en  1109.  Il 
étoit  fils  du  même  Bertrand  8c  d'Helenc  de  Comborn  :  il  fe  fignala 
par  fon  zèle  contre  les  Albigeois.  Pierre  des  Vaux  de  Cernai  parle  a- 
vantageufement  de  ce  Prélat,  qui  mourut  en  1254.  Il  eft  diffèrent 
d'un  autre  Guillaume  de  Cardaillac  Evêque  de  SaintPapoul,mort  en 
odeur  de  fainteté  l'an  1 347 .  Ce  dernier  étoit  fils  de  Geraud  de  Car- 
«iaillac  Sieur  de  la  Chapelle-Marival,8c  frère  de  Bertrand  Evêque  de 
Cahors,mort  en  1 367  .C'eft  fous  lui  qu'on  fonda  l'Univerfité  de  Ca- 
hors. Il  eut  pour  fucceffeur  Bego  de  Caftelnau  mort  en  i  jSo.Fran- 
çois  DE  Cardaillac  fut  mis  après  celui-ci  fur  ce  fiége  Epifcopal. 
Il  étoit  fils  de  Guillaume  Sieur  de  Varaire,  Vicomte  de  Murât ,  8c 
d'Anne  de  Gordon  ;  8c  on  le  tira  de  l'Ordre  de  S.  François  pour  lui 
donner  le  gouvernement  de  l'Eglife  de  Cavaillon ,  d'où  il  fut  trans- 
féré à  celle  de  Cahors ,  où  il  m«urut  en  odeur  de  fainteté  l'an  1404. 
Les  Eglifes  de  Rhodez.  8c  de  Montauban  ont  encore  eu  desPrélats  de 
cette  Famille.  Dans  le  XVII.  Siècle  Louis  de  Cardaillac  8c  de 
Levi.Comte  de  BiouIe,8cc.  a  été  Lieutenant  General  en  Languedoc. 
Le  Roi  l'honora  du  cordon  de  Chevalier  de  fes  Ordres  en  1 66 1 .8c  il 
eft  mort  en  1 666.fans  laiffer  des  enfans  de  Lucrèce  d'Elbene  8c  d'E- 
lizabeth  de  Mitte-Saint-Chaumont  fes  deux  femmes.  *  Catel,  Hifi. 
deLan^ued.ha.Croix,  de  Epifc.Cadtinenf.  Sainte  Marthe ,  gcc. 

CARDAILLAC. Cherchez Cardillac ,  (Jean de) Patriarche 
d'Alexandrie ,  Archevêque  de  Touloufè. 

C  ARD  AME,  certain  Roi  des  Bulgares  dans  le  VIII.  Siècle. 
On  dit  qu'ayant  obligé  lesEmpereurs  deConftantinople  de  lui  payer 
un  tribut,il  voulut  contraindi-e  Conftantin  Vorfhyrogenete  de  l'aug- 
menter. Ce  Prince  promit  de  le  fatisfaire,  8c  étant  entré ,  avec  une 
puiffante  armée ,  dans  la  Bulgarie ,  qu'il  trouva  dépourvue  de  gens 
de  guerre,  il  mit  toutàfeuScàfang,  l'an  796.  Cardame  mourut 
peu  de  tems  après.  *  Hift.  Mifcel.  Baronius ,  écc. 

CARDAN,  (Jérôme)  Médecin  8c  Aftrologue  de  Milan ,  vi- 
voit dans  le  XVI.  Siècle.  Il  eft  aifez  connu  par  les  Ouvrages  qu'il 
a  donnez  au  public,  comme  fes  Commentaires  fur  les  quatre  livres 
de  Ptolomée  du  jugement  desaftres,  la  Reftitution  des  tems,  les 
Aphorifmes  d'Aftrpnomie ,  de  la  Subtilité ,  8c  plufieurs  autres,que 
nous  avons  en  dix  volumes.  Il  a  lui-même  écrit  fa  Vie,  qu'on  voit 
à  la  tête  de  fes  Ouvrages  fous  le  titre  de  Vit  et  profria,on  il  rapporte  les 
chofes  avec  la  bonne  foi  d'un  homme  de  Lettres.  Il  naquit  le 
1 5 .  Août  de  l'an  1 5-0 1 .  8c  fon  pcre  déjà  fur  l'âge  l'eut  d'une  certaine 
fille  nommée  Claire  Michcria.Cardan  avoue  lui-même  dans  fa  vie , 
"que  la  mère  avoit  pris  plulîeurs  médicamens ,  pour  fc  faire  avorter. 
Et  dans  le  troifiéme  livre  de  la  Confolation  il  reconnoit  que  le  Col- 
lège des  Médecins  de  Milan  ne  le  vouloir  pas  admettre,  lur  le 
foupçon  qu'on  avoit  qu'il  n'ètoit  pas  légitime.  Jule  Scaliger  fut 
fon  ennemi  irréconciliable ,  8c  chercha  à  le  contredire  en  toutes 
chofes.  Les  defmterelîèz  font  pourtant  d'accord,  que  bien  que 
•Scaliger  eût  peut-être  plus  de  connoiffancedes  Lettres  humaines 
■que  Cardan.ce  dernier  avoit  pénétré  plus  avant  dans  la  Phylique.  Il 
mourut  âgé  de  foixante  8c  quinze  ans  àRome  lez  i  .Septemb.  de  l'an 
I  j-7  6.  On  dit  qu'ayant  prognoftiqué  l'an  £c  le  jour  de  là  mort ,  il  fe 


tèms-là.On  dit  queCardan  s'étoit  lui-même  compofe  cette  épitapheî 
Non  me  terra  teget ,  cœlofed  raftus  in  alto , 

Illuftris  vivam  docla  fer  or  a  "uirûm. 
^^itlquid  venturisJpeBaéit  Fhœbus  in  annis , 
Curdantim  nofcet ,  nomm  ^  ufcpe  meum. 
*  Jaques  Philippe  Thomaimi  inElog.viror.illuJl.  Vander  Linden , 
de  Script.  Med.  Delhou,  //.  6i.if(/if.  Genebraid,  Chron.  Blancha- 
nus,  des  Math,  au  XVI.  Siée.  Voffius,  des  Math.  c.  io.§.  io.c.4t. 
§.  j.  c.  49.  §.  18.  c.  6j.  §.  30.  //.  i.deJheoLGent.c.2io.l^oïeïi.7,o 
Cr2.ffo,  l'.I.Elog.é'C. 

CARDENAL ,  (Prêtre)  Poète  Provençal ,  natif  d'Argence  près 
de  Beaucaire.  Il  étoit  eftimé  pour  fon  mérite  8c  pour  ion  iâvoir^ 
Charles  II.  Roi  de  Naples  8c  de  Sicile,8cc.  l'avança  dans  fa  Cour ,  8c 
il  y  mourut  à  Naples  vers  1302.  On  lui  attribué  divers  Poèmes. 
*Noftradamus,  ViedesPoëf.Prov.  La  Croix  du  Maine.,  8cc. 

CARDERON,  (Roderic)  fils  de  François  Carderon  8c  de  iVIa- 
rie  Sandalin ,  naquit  d'un  concubinage  à  Anvers ,  où  fon  père  etoit 
en  garnifon  :  mais  il  fut  enfuite  légitimé  par  le  mariage  de  fon  père 
8c  de  fi.  mère.  Après  avoir  été  Page  du  Vicechancelier  d'Arragon, 
il  entra  au  fervice  de  Dom  François  Sandoval ,  Marquis  de  Dénia  , 
Duc  8c  Cardinal  de  Lerme ,  premier  Miniftre  de  Philippe  III.  Roi 
d'Eipagne.  Carderon  ayant  gagné  les  bonnes  grâces  de  ce  Miniftie  , 
parvint  à  de  grandes  charges. U  tut  premièrement  Aide  de  la  Cham- 
bre du  Roi,  puis  Secrétaire  d'Etat.  S'ètant  marié  à  Ignez  de  Vergas 
Damed'Oliva,  il  reçut  le  collier  de  l'Ordre  de  Saint  Jaques ,  fut 
fait  Commandeur  d'Ocagna ,  8c  obtint  la  charge  de  Capitaine  de  la 
Garde  Allemande.  Cerangilluftre,  8t  le  crédit  qu'il  avoit  auprès 
du  Roi ,  le  rendirent  li  inlolent  qu'il  mépriibit  les  plus  grands  Sei- 
gneurs du  Royaume ,  8c  s'abandonnoit  à  toute  forte  de  crimes ,  ce 
quicaufàfadilgrace.  U  fut  arrêté  l'an  1619.  8c  conduit  au  château 
de  Montachez  vers  le  Portugal.  Son  procès  lui  ayant  été  fait ,  il  fut 
condamné  à  avoir  la  tête  tranchée  dans  la  place  publique ,  où  il  fut 
conduit  fur  une  mule.  Sa  fentence  contenoit  plus  de  deux  cens 
quarante  chefs  d'accufàtion.  Le  i9.0â:obre  de  l'année  1611.  oa 
l'avertit  de  faire  fon  teftament,  de  dilpoièr  de  deux  mille  ducats , 
8c  de  fe  préparer  à  la  mort.  On  lui  ôta  enfuite  l'habit  de  Chevalier  i 
8c  le  2 1 .  du  même  mois  il  fut  conduit  au  fupplice  revêtu  d'une  fou- 
tane  8c  d'un  manteau  de  deuil,  avec  un  capuchon  de  frize.  Après 
l'exécution ,  fon  corps  fiir  mis  fus  une  pièce  de  frize  avec  une  croix 
fur  l'eftomac,  8c  quatre  torches  au  côté ,  8c  fut  gardé  en  cet  état  juf- 
qu'au  foir  fur  réchafaut,par  plufieurs  Archers.Le  Clergé  Se  desRcli- 
gieux  s'ètant  affemblez  pour  lui  faire  une  pompe  funèbre ,  on  les 
renvoya,  8c  on  leur  fit  defenfes  d'accompagner  ce  corps ,  quiièloa 
la  coutume  du  pais  fut  efcorté  par  les  Confrairies ,  8c  porté  dans 
l'Eglife  des  Carmes,  ainli  qu'il  l'avoit ordonné.  On alTure qu'il 
avoit  plus  de  deux  cens  mille  ducats  de  rente ,  8c  que  lès  meubles 
furent  eftimez  à  quatre  cens  mille  ducats.  *DuPuyj  Hj/l.  det 
Favor.  SUP. 
CARDIANUS.  Cherchez Eumenes Cardianus. 
GARDIEN.  Cherchez  Jérôme  Gardien. 
C  A  R  D I F  E ,  vUle  d'Angleterre,  dans  la  Principauté  de  Galles, 
8c  le  Comté  àitGlamorganshire.^Wt  eft  fituée  fur  le  golfe  deSabrine,- 
à  l'embouchure  delà  rivière  de  Tafe  près  de  Landaft  ,  Se  de  la  riviè- 
re de  Tane,  qui  lui  font  au  Couchant. 

CARDIGAN,  ville  d'Angleterre  dans  la  Principauté  de  Galles. 
Elle  eft  capitale  d'un  Comtè,auquel  elle  donne  fon  nom,  connu,  fous 
celui  de  Cardig  anshire,  qui  s'étend  le  long  de  la  mer  d'Irlande. 

CARDILLAC,  (Jean  de)  Patriarche  d'Alexandrie,  Adminif- 
trateur  pei-petuel  de  l'Archevêché  de  Touloufè ,  dans  le  XIV.  Siè- 
cle ,  étoit  lorti  d'une  noble  famille ,  car  il  fut  fils  de  Bertrand ,  Sei- 
gneur de  Bioule ,  8c  d'Ermengarde  de  Lautrec.  11  parvint  par  l'éclat 
de  là  naiiîànce ,  8c  par  celui  de  ia  fcience  8c  de  fa  pieté  à  ces  im-' 
portantes  Prèlatures.En  fi  jeuneflè,il  s'étoit  appliqué  à  la  fcience  du 
Droit;  dans  laquelle  il  fit  un  fi  grand  progrès ,  qu'après  avoir  reçu  le 
bonnet  de  Dodieur  en  l'Univerfité  de  Touloufè,  il  y  profeflà avec 
grand  applaudiflèment.  Depuis ,  il  fut  envoyé  par  l'Univerfité  au 
Pape  Clément  VI.  8c  par  le  Roi  de  Caftille  à  Urbain  V.  en  1370.  Il 
s'aquitta  fi  bien  de  ces  emplois  que  GregoireXI.  l'envoya  l'an  1 3  72. 
Légat  en  Allemagne  ;  8c  à  fon  retour  il  lui  donna  l'Archevêché  de 
Brague  en  Portugal ,  dont  il  fe  démit  depuis.  Le  Roi  Charles,  V.  & 
fervit  auffi  de  lui ,  comme  nous  l'apprenons  de  Froiffart.  Il  fut  de- 
puis Patriarche  d'Alexandrie  8c  Adminiftrateur  de  l'Archevêché  de 
Touloulè,  vers  l'an  1376.  Dans  lès  occupations  continuelles,  il 
compofà  plufieurs  Livres ,  qu'on  garde  dans  la  Bibliothèque  des  Ja- 
cobins à  Touloufè,  comme  des  Sermons  pour  les  Dimanches  8cFê- 
tqs  de  l'année:  Des  Conférences  Synodales  pour  la  célébration  des 
Conciles:Des  Oraifons  pour  le  Sacre  des  Prélats  :  Divers  Traitez  de 
OrdresSacrez,8cc.Il  mourut  en  1 39o.LesCurieux  pourront  voirfon 
éloge  dans  Catel,8c  dans  la  Généalogie  de  cette  Maifon ,  qui  a  donné 
divers  Prélats  à  l'Eglife,  8c  de  grands  hommes  à  l'Etat.  *  Froiffart, 


/;.  I. C;5ro».c.2^2. Robert  8c  Sainte  Marthe,  G<î//.C^r(/î. Catel,  Sec. 
CARDINAL ,  vient  de  cardo ,  qui  fignifie  les  gons  d'une  porte,fiir 
lelquels  elle  tourneiqu'on  a  donné  aux  Affeflèurs  8c  Confeillers  des 
Souverains  Pontifes,  qui  les  aident  pour  le  gouvernement  de  l'Egli- 
fe.Saint  Pierre,  qui  reçut  de  Jésus  Christ  le  pouvoir  que  les  Papes 
fes  fucceffeurs  ont  encore,eut  pour  aide  de  fon  Miniftere  SaintMarc 
rEvangelifte,Lin,Clet,Clement,8c  Anaclet,qui  lui  fuccéderent.  Les 
mémoires  anciens  font  foi,que  lePapeClet  inftitua  le  premier  vingt- 
cinq  Prêtres  titulaires;  qu' Anaclet  établit  fcpt  Diacres  en  mémoire 
de  ceux  qui  a  voient  été  établis  par  les  Apôtres  dans  la  naiffance  de 
rEglife;que  ce  furent  les  premiers  titres  desCardinaux;&  qu'E  varU- 
te  confirma  cette  inftitution,  8c  fit  ledèparterrTCntdesParoiflès, 
qui  avoient  été  affignèes  à  ces  Confeillers  des  Papes.  Saint  Hygin 
environl'an  ij-6.  diftingua  les  Ordres  du  Clergé.  Depuis, les  Evê- 


laiflàinourirdefaimyétantarrivéjafindêConferver  fa  réputation,  ques  Cardfeaux  euieat  pour  titre  les  Èglifes  principales  dedans  8c 
■  1       ■  dehors 


CAR; 


15 


CAR. 

3ehort  de  Rome ,  au  nombre  de  huit,  qui  ont  été  réduites  à  fîx.  On 
aflîgna  aux  Prêtres  Cardinaux  les  autres  Pareilles  &  Cimetières  de 
Rome,pour  y  exercer  la  charge  des  ames.adminiftrer  lesSacremens 
&  avoir  foin  de  la  fépulture  des  Fidèles  &  des  Martyrs.  Les  Cardi- 
nauxDiacres  avoient  lesHopitaux  avec  le  foin  de  l'entretien  des  veu- 
ves ,  des  orphelins ,  &  des  nécefliteux  ;  Scies  Chapelles ,  qui  étoient 
unies  à  ces  maiibns  de  pieté,étoien*bppellées  Diaconies  .S.  Sylveftre 
dans  le  Concile  de  Rome  del'An  3  24.  régla  l'âge  &  le  nombre  des 
MiniflresEcclefiaftiques;  8c  dans  le  fixieme  canon  il  eftj)arlé  des 
Cardinaux  Diacres ,  qui  ftirent  limitez  au  nombre  de  fept.  Les  ti- 
tres s'en  font  depuis  ii  fort  multipliez, ,  qu'ils  font  venus  jusqu'au 
nombre  de  foixante  8c  douze ,  qui  eft  celui  des  Difciples  du  Sauveur 
du  Monde;  favoir  fbx  titres  d'Evêques  Cardinaux,cinquante-deux  de 
Prêtres ,  8c  quatorze  de  Diacres. 

05"  Ils  ont  reçu  en  divers  tems  les  ornemcns  de  leur  dignité.  Sous 
le  Pape  Innocent  III.  le  Cardinal  Pelage  ayant  été  envoyé  l'an 
1  z  1 5 .  à  Conftantinople ,  fe  fer  vit  dans  fa  légation  du  manteau  8c  de 
la  robe  de  povirpre.  Les  Cardinaux  ne  s'en  fervoient  pourtant  pas 
tous ,  8c  ce  fut  lèulement  au  Concile  de  Lyon ,  tenu  l'an  1 245-.  fous 
Innocent  IV.  qu'ils  commencèrent  de  porter  la  pourpre.  CePon-| 

tife.perfecutéparrEmpereurFredericII.leuravoitdonnélebon-  ^^ 

net  rouge ,  8c  le  chapeau  de  même,  pour  les  faire  Ibuvenir  par  la  vue  1  quelquesEvêques  furent  créezCardinaux  Prêtres  avec  tTn  des  Titrée 
de  cette  couleur  qu'ils  dévoient  être  prêts  de  verfer  leur  fang  pour  la  I  de  lar  ville  de  Rome.  Ainli  Guillaume  Archevêque  de  Rheims  fur 
défenfe  de  l'Eglilè.  Quelques-uns  ajoutent  que  Boniface  VIII ,  qui  ;  créé  Cardinal,duTitre  de  Sainte  Sabine,(qui  eft  un  Titre  deCardinal 
prit  tant  de  foin  de  tout  ce  qui  pouvoit  contribuer  à  l'honneur  des  [  Piêtre,)par  le  Pape  Clément  III.ou  félon  d'autres  par  AlexandrelIL 
Papes  8c  de  letirs  Confeillers ,  leur  donna  la  robe  de  pourpre,comme  Enfin  Clément  V.  8c  fes  fuccelTeurs  donnèrent  le  titre  de  Cardinal 
prindpalornementdeleurdignité.  Paul  II.  y  ajouta  en  1464.  laça-     """'     - -'   •"        "   "  ■  •  - 

lote  rouge,  le  cheval  blanc  au  frein  doré  8c  à  la  houffe  de  pourpre 
Nous  pouvons  ajouter  que  ce  n'éft  que  fous  le  Pontificat  d'Urbain 


umacelu.de  Porto.)  L'Eghfe  de  Sainte  Marie  Majeure  avbitauM 
fcptCardmaux  Prêtres,  lavoir  les  Cardinaux  de  S.  Philippe  8c  de 
S.Jaques,deS.Cyriace,  deS.Eufebe,deSaintePrudenciane  de 
Saint  Vital,  des  Samts  Pierre  8c  MarceUin,8c  de  S.  Clcment.L'EMiiè 
Patnarchale  de  S.Pierre  avoit  les  Cardinaux  Prêtres  deSainte  Marie 
de-là  le  Tibre ,  de  S.  Chryfogone ,  de  Sainte  Cécile,  de  Sainte  Anaf- 
tafie,  de  Saint  Laurent  inDamafco,  de  S.  Marc,  8c  des  Saints 
Martin 8c Sylveftre.  L'Eglife  de  S.  Paul,  les  Cardinaux  de  Sainte 
Sabine,  de  Sainte  Prifce ,  deSainte  Balbine,  des  Saints  Nerée  8c 
Achillee,  de  S.  Sixte,  de  S.  Marcel,  8c  de  Sainte  Suzanne.  L'E- 
gliie  Patriarchale  de  S.  Laurent  hors  des  murs  avOit  ces  fept  Cai-di- 
naux ,  ceux  de  Samte  Praxede ,  de  S.  Pierre  aux  Liens,de  SaintLau- 
rent  tnLucma, ,  des  Saints  Jean  8c  Paul ,  des  Saints  Quatre-Couron- 
nez,  de  S.Etienne  au  Mont  Celio,  8c  de  S.Ouiricè.  Baronius 
rapporte  en  1  an  i  o j;  .un  Rituel  on  Cérémonial  extrait  de  la  Biblio- 
thèque du  Vatican ,  qui  contient  ce  dénombrement  des  Cardinaux: 
Dans  la  fuite  du  tems,le  Pape  donna  le  titre  de  Cardinal  à  d'autres 
Evequcs.qu  aux  fept  que  je  viens  de  nommet.  On  dit  que  le  pre- 
mier fut  Conrad  Archevêque  de  Mayence,  qui  fut  honoré  de  cette 
qualité  par  le  Pape  Alexandre  III.  lequel  accorda  la  même  grâce  à 
GaldmSala,  Archevêque  de  Milan  en  II  6j-.  Il  arriva  depuis    que 


VlII.  qu'ils  ont  eu  la  qualité  d'£»J/»«»CM.  Il  faut  remarquer  que 
tardinalifer  quelqu'un  veut  dire ,  félon  l'ancien  langage  de  TEglife , 
lui  donner  un  titre  foit  d'Evêque ,  foit  de  Curé.Et  de  la  vient  qu'en- 
core aujourd'hui  les  Cardinaux  ont  les  titres  ou  Eglifes  dans  Ro- 
ime ,  fous  le  nom  de  divers  Saints,  oii  ils  ont  la  jurifdidtion  Epifco- 
•pale;  8c  qu'ilyamêmedesEvêchezquileurfontaffeârezScoiiils 
arrivent  par  leur  rang  d'ancienneté.  Les  Curieux  confulteront  la 
Lettre  du  Pape  Eugène  IV.  à  Heiuri  Archevêque  de  Cantorbie ,  que 
nous  avons  dans  la  première  partie  du  BuUaire.  Barbatius  ,  Turre- 
cremata ,  Thomas  Valdenfis ,  Onuphre ,  Baronius  ,  Sponde ,  Bzo- 
vius,  Rainaldus,  8c  plufîeurs  autres  rapportez  par  le  Cardinal  Bel- 
larmin  dans  le  premier  volume  de  fis  Controverfes ,  oii  il  parle  de 
leur  ancienneté,  de  leur  office ,  8c  en  quoi  ils  ibnt  plus  ou  moins  que 
les  Evêques. 

CARDINAL:  ce  nom  marque  aujourd'hui  une  dignité  émi- 
aente  dans  l'Eglife  Romaine.  Parmi  les  Latins  le  mot  de  Cardina- 
lis  fignifioit  l^rincipal:  dans  ce  fens  on  a  ditVenti Cardinales,  les 
quatre  vents  principaux  :  Prineep;  Cardinalis ,  pour  un  Prince  très- 
confiderable ,  MiffaCardinalis,  ^  Alt  are  Cardinale,  Tpoui  h  Grzn- 
de-Meflè ,  8c  le  maître- Antel  d'une  Ëglife.  Ce  fut  auiTi  le  nom 
que  Ton  donna  à  certainsOfficiers  de  l'Empereur  Theodofe,comme 
aux  Généraux  d'armée ,  au  Préfet  du  Prétoire  en  Alie ,  au  Préfet 
«u  Gouverneur  d'Afrique;  parce  qu'ils  poffédoient  les  principales 
charges  de  l'Empire.  A  l'égard  des  Cardinaux  de  l'Eglife  Romaine , 
voici  quelle  en  eft  l'origine.  Il  y  avoit  deux  fortes  d'Egliiès  dans 
les  villes:  les  unes  étoient  comme  les  Paroifles  d'à  prélent ,  8c  fe 
nommoient  Titres ,  les  autres  étoient  des  Hôpitaux  pour  les  pau- 
vres; que  l'on  appelloitD;«fo«j«.  Les  Titres  ou  Paroifles  étoient 
dcflèrvies  par  des  Prêtres ,  8c  les  Diaconies  gouvernées  par  des  Dia- 
cres. S'il  y  avoit  quelques  autres  Chapelles  dans  les  villes ,  on  leur 
donnoit  le  nom  d'Oratoires ,  8c  l'on  y  célebroit  feulement  la  Meflè , 
fans  y  adminiftrer  les  Sacremens.  Les  Chapelains  de  ces  Oratoires 
étoient  nommez  Prêtres  Locaux  ,  c'eft-à-dire ,  Prêtres  d'un  lieu 
particulier.  Pour  mettre  une  plus  grande  différence  entre  ces  Egli- 
iès,  onnommalesParoiflês,C«rrfi»<tfa,  ou  Titres  Cardinaux;  8c 
les  Prêtres  qui  y  faifoient  l'Office  Divin ,  Se  y  adminiftroient  les  Sa- 
cremens, furent  auffi  appeliez  C/îr<ù>J««A:.  Cela  fut  principalement 
cnufageàRome,  où  ces  Cardinaux  accompagnoient  le  Pape  pen- 
dant la  célébration  de  la  Meflè,  8c  dans  les  Procelfions  :  c'eft  pour- 
quoi Léon  IV.  les  nomme  Vrejbyteros  fui  Cardinis ,  dans  le  Concile 
tenu  à  Rome  l'an  8/3 .  Les  Diacres,  qui  gouvernoient  lesDiaconies, 
turent  aulfi  le  titre  de  Cardinaux  ;  ou  parce  qu'ils  étoient  les  princi- 
paux des  Diacres ,  ou  parce  qu'ils  afliftoient  avec  les  Prêtres  Cardi- 
naux, lors  que  le  Pape  célebroit.  La  plus  illuflre  fonétion  des  Cardi- 
naux Romains  étoit  d'entrer  auConfeil  du  Pape,8c  dans  lesSynodes, 
&  d'y  donner  leurs  avis  touchant  les  affaires  Ecclefiaftiques.C'étoit 
d'ordinaipe  quelqu'un  de  leur  rang  que  l'on  élifoit  pour  Souverain 
Pontife ,  8c  rarement  de  celui  des  Evêques  comme  on  a  fait  depuis . 
Et  l'on  remarque  dans  l'Hiftoire  Ecclefiaflnque,  que  le  Pape  Etienne 
vil. élu  en  896.  fit  déterrer  Formofe  fon prédeceflèur,  8c  caflTa  tou- 
tes les  Ordonnances  qu'il  avoit  faites ,  alléguant  que  Formofe  avoit 
été  créé  Pape  contre  la  difpolîtion  des  faints  Décrets,  dans  le  tems 
qu'il  étoit  Evêque  d'Oftie.  Ces  Cardinaux  avoient  auflî  le  plus  de 
pouvoir  dans  réle(ftionduPape,8c  enfin  ils  ont  eu  feuls  l'autorité  de 
donner  à  l'Eglife  un  Souverain  Pontife ,  depuis  le  Concile  célébré  à 
Romeen  10/9. fous  Nicolas  II.  Dans  la  fuitedes  tems,  le  nom  de 
Cardinal ,  qui  étoit  commun  à  tous  les  Prêtres  Titulaires ,  ou  Cu- 
rez ,  fut  feulement  attribué  à  ceux  de  Rome ,  &  enfuite  à  fept  Evê- 
ques des  environs  de  Rome.  Tous  ces  Cardinaux  furent  diitribuez 
fous  cinq  Eglifes  Patriarchales ,  favoir  de  S.  Jean  de  Latran ,  de 
Sainte  Marie  Majeure ,  de  S.  Pierre  du  Vatican ,  de  S.  Paul,  éc  de  S. 
Laurent.  L'Eglife  de  Saint  Jean  de  Latran  avoit  fept  Cardinaux 
Evêques ,  que  l'on  appelloit  Collatéraux ,  ou  Hebdomadaires ,  par- 
ce qu'ils  étoient  Afliftans  du  Pape ,  8c  faifoient  en  fa  place  le  fervice 
Divin,  chacun  leur  femaine.  Ce  font  les  Evêques  d'Oftie,  de  Por- 
to, deSylva  candida  ou  Sainte  Rufine,  d'Albano,de  Sabine ,  de  Fraf- 
eati,  ScdePaleftrine.  (L'Evêché  de  Sainte  Rufine  eft  maintenant 


Prêtre  a  pluheurs  Evêques,ce  qui  s'eft  pratiqué  depuis.  A  l'égard  des 
Cardinaux  Diacres,  il  faut  remarquer,  qu'au  commencement  il  y 
eut  fept  Diacres  dans  l'Eglife  de  Rome,8c  dans  les  autresEglifes.  On 
augmenta  ce  nombre  à  Rome,  jufques  à  quatorze,  8c  enfin  on  en 
créa  dix-huit,  qui  furent  appeliez  Dmcres  Cardinaux,  ou  Principaux  ; 
pour  les  diftinguer  des  autresDiacres,qui  n'avoient  pas  le  gouverne- 
ment des  Diaconies.  Depuis,  on  compta  vingt-quatre  Diaconies 
dans  la  ville  de  Rome ,  maintenant  il  y  en  a  quatorze ,  affeftées  aux 
Cardinaux  Diacres.  Les  Cardinaux  Prêtres  Ibnt  au  nombre  de  cin- 
quante;lefquels  avec  les  fîx  Evêques  Cardinaux,  d'Oftie,de  Porto,de 
Sabine,  de  Paleftrine ,  de  Frafcati ,  8c  d'Albano,  qui  n'ont  point 
d'autres  Titres  que  leursEvêchez,font  ordinairement  le  nombre  de 
foixante  8c  dix.lnnocentlV.donna  aux  Cardinaux  le  chapeau  rouges 
dans  le  Concile  de  Lyon  célébré  l'an  1 24  3  .Paul  Il.en  1 464.1eur  don- 
na l'habit  rouge.GregoireXIV.donna  auifi  le  bonnet  rouge  auxCar- 
dinaux  Réguliers,  qui  ne  portoient  alors  que  le  chapeau.  Urbairt 
VIII.accordaaUx  Cardinaux  letitre  d'Eminence;on  ne  leur  donnoit 
auparavant  que  celui  d'IUuftriflime. 

Quand  le  Pape  veut  créer  desCardinaux,  il  écrit  les  noms  de  ceux 
qu'il  veut  élever  à  cette  dignité ,  8c  il  les  fait  lire  dans  le  Confiftoire  j 
après  avoir  dit  aux  Cardinaux,  Fratres  haéetis ,  c'eft-à-dire,  VouS 
avez  pour  Frères.  Le  Cardinal  Patron  envoyé  enliiite  quérir  ceux 
qui  fe  trouvent  à  Rome ,  8c  les  mené  au  Pape  pour  recevoir  de  lui  le 
chapeau.  Jufques-là  ils  demeurent  («co^biïo  ,  8c  ne  peuvent  fe  trou- 
ver aux  Aflèmblées.  A  l'égard  des  abfens,  le  Pape  leur  dépêche  un 
defesChambriers  d'honneur  pour  leur  porter  le  bonnet  ;  mais  ils 
font  obligez  d'aller  recevoir  le  chapeau,  de  la  main  de  fa  Sainteté? 
8c  quand  ils  entrent  à  Rome ,  on  les  reçoit  en  cavalcade.  Les  habits 
desCardinaux  font  la  foutane,le  rochet,le  mantelet.la  mozette,  8c  Is 
chape  Papale  fur  le  rochet  dans  les  aâions  publiques  gc  folennelles.i 
La  couleur  de  leur  habit  eft  différente  félon  les  tems ,  ou  de  rouge  ^ 
ou  de  rofe  feche ,  çu  de  violet.  Les  Cardinaux  Réguliers  ne  portent 
point  de  foye,  ni  autre  couleur  que  <felle  de  leur  Religion:  mais  le 
chapeau  8c  le  bonnet  rouge  font  communs  à  tous.  Quand  les  Car- 
dinaux Ibnt  envoyez  aux  Princes ,  c'eft  en  qualité  de  Légats  àlate- 
re,oa  de  latere:^  lors  qu'ils  font  envoyez  dans  une  ville,leur  Gouver- 
nement s'appelle  i^^a/io».  Il  y  a  cinq  Légations ,  qui  font  celles 
d'Avignon,  de  Ferrare,  de  Bologne,  deRavenne,  8c  de  Peroufei 
*  Du  Cange ,  Glojjkrium  Latinitatist  \ 

Voici  de  curieufes  remarques  du  P.Maimbourg,  fur  ce  même  fù- 
jet.  Quand  l'Eglife  Cathédrale  étoit  vacante,  les  Papes  envoyoient 
un  des  Evêques  le  plus  voifins  de  cette  Eglife  pour  la  gouverner, 
jufqu'àceque  l'on  eût  fait  l'éledliond'un  autre  Evêque,  qui  après 
avoit  été  confacré ,  en  prenoit  poflèfllon  comme  de  fa  propre  Eglife; 
8c  de  fon  Titre,  que  l'Evêque  Adminiftrateur  ou  Commendataire 
n'avoit  pas  eu.  C'eft  là  ce  qu'on  appelloit  alors  Evêque  Cardinal,  da 
nom  cardo,o^i  fignifie  un  gond:  voulant  marquer  que  l'Evêque  Titu- 
laire étoit  attaché  à  fon  Eglife,  pour  y  exercer  continuellement  de  fâf 
propre  autorité  toutes  les  fondions  de  l'Epifcopat.  Voilà  félon  la 
plus  naturelle  8c  la  plusvéritable  interprétation.ce  que  fignifie  le  mot 
deOi!r<//'»«/,commeonlepeut  voir  clairement  dans  plufîeurs Epi- 
tres  de  S.Gregoire  le  Grand.Ce  Pape  ayant  appris  que  l'Eglife  d'Ale- 
ria  en  l'ifle  deCorfe  étoit  vacante,écrivit  à  unEvêque  deCorfe  nom- 
mé Leon.qu'U  allât  pour  la  gouverner  jufqu'à  ce  qu'iljy  eût  pourvu; 
8c  enfuite  il  y  établit  Martin.pour  en  être  I  Evêque  Cardinal.On  voit 
fucceffivement  dans  cette  EgHfe  deux  Evêques ,  dont  l'un  n'eft  que  : 
Vifiteur  ou  Adminiftraiteur,  8c  l'autre  Titulaire.  Le  même  Grégoire 
le  Grand  témoigna  au  Clergé ,  à  la  Nobleffe,  8c  au  peuple  de  Naples 
qu'il  approuvoit  le  defir  qu'ils  avoient  que  Paul  Evêque  de  Népi  leur 
Vifiteur  fût  leur  Evêque  Cardinal.  D'oii  il  eft  aife  de  connoître 
qu'au  tems  de  ce  Pape,  8c  avant  lui,  tous  les  Evêques  Titulaires 
étant  attachez  à  leur  Eglife  par  leur  ordination  .  étoient  appeliez 
Cardinaux  Evêques.  On  doit  dire  le  même  des  Prêtres  Se  des  Dia- 
cres ,  à  qui  les  Evêques  avoient  donné  dans  leurs  Diocefes  un  béné- 
fice ou  une  charge  qui  les  attachoit  à  quelque  Eglife.  Ainfi  tous  les 
Archidiacres,  &  les  autres dignitez  étoient  Cardinaux  de  l'Eglife 
dont  ils  avoient  foin.  Les  autres  Prêtres  8c  Diacres ,  qui  n'a  voient 
pas  le  même  attachement,  n'étoient  point  appeliez  Cardinaux.  De 
là  vient  que  ceux  que  les  Papes  envoyoient  Défenfeurs  dans  les  pro-' 

vin- 


5^  CAR. 

vlnces ,  ou  Apocrifiaires  6c  Nonces  à  Conflantinople ,  étoient  bien 
Ûiacresde  l'Eglife Romaine ,  mais  non  pas, Cardinaux.  Par  cette 
même  raifon  tous  lesGurez,  étant  attachez  par  leurTitre  àla  ParoilTe 
qu'on  leur  avoit  confiée  pour  y  adminiftrer  les  Sacremens ,  étoient 
Prêtres  Cardinaux.  On  appelloit  même  Prêtre  Cardinal  celui  qui 
deflervoit  quelque  Chapelle  ou  Oratoire  dans  le  Palais  d'un  Grand , 
ou  ailleurs,  parce  qu'il  en  avoitle  Titre,  8c  y  étoit  attaché  par  offi- 
ce. Ainfi  il  y  avoit  des  Diacres,  des  Prêtres,  &  des  Evêques  Cardi- 
naux dans  tous  les  Diocefes  du  monde.  A  l'égard  de  l'Eglife  Ro- 
maine ,  il  n'y  avoit  point ,  du  tems  de  Saint  Grégoire ,  d'autre  Car- 
dinal Evêque ,  que  le  Pape  même ,  qui  en  qualité  de  propre  Evêque 
de  l'Eglife  particulière  de  Rome  y  étoit  attaché  comme  à  fon  Titre. 
Les  Cardinaux  Prêtres  étoient  tous  les  Gurea  de  Rome,&  tous  ceux 
qui  y  av oient  quelque  Chapelle  à  delTervir.  Les  Diacres ,  Se  même 
les  Soudiacres  Cardinaux ,  étoient  ceux  qui  avoient  un  Titre ,  pour 
y  exercer  leurs  fon  Étions.  C'eft-là  ce  qu'étoient  les  Cardinaux  de 
l'Eglife  Romaine,  du  tems  de  Saint  Grégoire ,  8c  près  de  quatre  cens 
ans  encore  après  lui.  Mais  dans  le  XL  Siècle  les  Papes,dont  la  gran- 
deur s'étoit  extrêmement  accrue,  commencèrent  à  fe  faire  couron- 
ner; (ce  qui  fe  fit  pour  la  prerriiere  fois  ibus  le  Pontificat  du  Pape 
Damafe  IL  l'an  1 048.)  &  à  établir  comme  une  Cour ,  8c  un  Confeil 
réglé,  compofé  de  Cardinaux  ,  Evêques  ,  Prêtres,  8c  Diacres  , 


CAR. 

y  a  des  mines  de  fel  qui  le  rendent  célèbre;  mais  il  l'eft  bien  davantà^ 
ge  pour  avoir  donné  fon  nom  aux  Seigneurs  de  la  maifon  de  Folch  t 
qui  fe  lont  élevez  par  leur  mérite,  Se  entre  lefquels  il  y  a  eu  plufieurs 
Gouverneurs  de  Province,  deux  Cardinaux ,  dont  je  parlerai  dans 
la  fuite,  8c  divers  Prélats.  Ils  ontauffi  eu  de  très-illuftres  alliances 
avec  la  maifon  Royale  d'Arragon  8c  avec  les  plus  illuftres  d'Efpagne. 
*  Surira,  //.  13.  è'/f?-  MariaA,  8cc. 

CARDONE ,  (Henri)  Cardinal ,  Archevêque  de  Montréal ,  c- 
toit  de  la  maifon  de  Folch,  8c  fils  du  Duc  de  Cardone.  Il  fut  pre-  ■ 
mierement  Evêque  d'Urgel  8c  de  Barcelonne ,  Se  s'avança  beaucoup 
dans  la  Cour  de  l'Empereur  Charles  V.  qui  lui  cohfiapour  quelque 
tems  la  Viceroyauté  de  Sicile.  Il  fouhaitoir  paffionnément  d'être 
Cardinal.  Paul  Jove  dit  qu'il  en  acheta  le  chapeau  que  le  Pape  Clé- 
ment VIL  lui  donna  en  15-17 .  mais  il  n'.en  jouit  pas  long-tems,étant 
mort  l'an  ij-jo.âgé  feulement  àc^j.  *Paul  Jove,  in  Vita  Pomp. 
Coton.  Ughel.  leal.  fac.  Onuphre ,  Sec. 

CARDONE,  (Jaques)  Cardinal ,  Evêque  d'Urgel  ,  vivoitdanâ 
le  XV:  Siècle.  Il  étoit  frère  de  Jean  Raimond  Folch  de  Cardone , 
VicomtedeValamur,  .lequel  époufa  D.Jeanne  d'Aragon,  Se  ren- 
dit de  très-grands  fervices  à  Jean  IL  Roi  d'Aragon.  Jaques  de 
Cardone  eut  l'Evêchè  d'Urgel  vers  l'an  i45-5'.6clemêmeRoi  i'em- 
ployi  en  diverfes  négociations  ,  dont  il  s'aquita  fi  bien  ,  que  ce 


diftérens  de  ceux  qui  avoient  porté  ce  titre  jufques  alors.  LesCardi-'  Prince,  pour  lui  en  témoigner  fa  làtisfaârion ,  lui  procura  le  cha- 
liaux  Evêques  furent  ceux  qui  étoient  Suffragans  du  Pape,  comme  peau  de  Cardinal ,  que  le  Pape  Pie  IL  lui  donna  en  1461. Ce  Pontife 
Métropolitain.  Les  Cardinaux  Prêtres  ou  Diacres  furent  choilis  à  fefit  un  plaLlir  d'élever  Jaques  de  Cardone,  dont  tout  le  monde 
la  volonté  du  Pape  dans  toutes  lesProvinces  Se  tous  lesRoyaumes  de  :  parloir  avec  eftime.  Il  mourut  à  Cervera  en  Catalogne  le  i .  Decem- 
la  Chrétienté ,  Ibit  Evêques ,  Prêtres ,  Abbez,  Princes ,  Comman- ;  bre  146a.  *  Surita  ,  //'.  16.  Gobelin  ,  in  Commmt.  VU  U.li.-j. 
deurs ,  ou  Religieux ,  leur  donnant  les  Titres  des  Eglifcs,fans  avoir  i  Onuphre ,  Sec.  ] 

l'obligation  de  les  deflérvk.  Ainfi  comme  le  nom  de  Pape ,  qui  j  CARDONE ,  ou  Cardona  ,  (Jean  Baptifte)  Evêque  de  Torto- 
étoit  commun  à  tous  les  Evêques  dans  les  cinq  ou  fix  premiers  Sié-  fa  en  Catalogne,  vivoitfur  la  fin  du  XV.  Siècle.  Il  étoit  natif  de 
clés  de  l'Eglife ,  a  été  attribué  depuis  au  feul  Pontife  Romain  ;  de  Valence  en  Efpagne ,  où  il  eut  une  Chanoinie.Sc  étant  allé  à  Rome,  il 
même,  le  Titre  de  Cardinal,  que  tous  les  Evêques,  Prêtres,  Se  y  fut  eftimé  par  là  fciencefouslePontificatdeGregoireXin.il  avoit 
Diacres  Titulaires  portoient ,  à  l'égard  des  EglLfes  dans  lefquelles  ils   un  génie  admirable  pour  reftituer  les  paflâges  des  anciens  Auteurs. 


étoient  incardinez, ,  comme  parle  Saint  Grégoire ,  n'appartient  plus 
qu'aux  feuls  Cardinaux  de  l'Eglife  Romaine  ;  qui  poflèdent  aujour- 
d'hui le  plus  illuftre  rang  dans  l'Eglife. 

On  remarque  néanmoins,  que  depuis  mêmeTétablilTement  de  ce 
nouveau  Collège  de  Cardinaux ,  les  Evêques  lè  confervant  dans  leur 


On  lui  donna  l'Evêchè  d'Elna  dans  le  RouffiUon ,  enfuite  celui  de 
Vifch,Sc  enfin  celuideTortofaoùil  mourut  en  ijpo.Nousavons 
quelques  Ouvrages  de  fa  façon  :  De  exfurgandis  Hétreticorum  propriis 
nominibus.  De  regxa  SanSti  Laurenlii  Bibliotheca.  De  Dittychis ,  ^. 
*  Andréas  Scotus ,  Bibl.  Hijp.  Gafpard  Efcolanus ,  /;.  y.  Hijl.  Ni- 


préeminence ,  ont  eu  quelquefois  le  pas  liar  eux  dans  les  aflemblées    colas  Antonio ,  Bibl.  Script. Hijf.  f^c. 

Se  les  cérémonies  publiques ,  en  prèîènce  même  du  Pape.  Cela  fe  |  CARDONNE,  (Jean  François  de)  Seigneur  d'Afay.Scc.Con- 
voit  dans  l'Aftede  la  Dédicace  de  l'Eglife  deMarmoûtier  par  lePape  trolleur  Général  des  Finances  de  France,  Confeiller  8c  Maître  d'Hô- 
Urbainll.l'aniopo.lors  qu'il  vintcnFrance,poury  tenir  le  fameux  tel  ordinaire  du  Roi ,  a  été  illuftre  en  France,dans  le  XV.  Siècle.  Il 
Concile  de  Clermont.  Car  dans  cette  cérémonie,  Hugues  Arche-  fut  employé  dans  les  plus  importantes  affaires  de  l'Etat.  Le  Roi 
vêque  de  Lyon  tenoit  après  le  Pape  le  premier  rang;les  autresArçhe- i  Charles  VIII.  l'envoya  Ambaflàdeur  en  Efpagne ,  8c  François  1.  fè 
vêques  8c  les  Evêques  le  fuivoient ,  8c  après  eux  venoient  les  Cardi-  ;  fervit  auffi  de  fes  confcils ,  8c  l'envoya  en  otage  à  Madrid  avec  les  en- 
naux  Prêtres  8c  Diacres ,  qui  avoient  accompagné  le  Pape  dans  ce  fans  de  France ,  où  il  décéda.  Son  corps,  félon  fa  dernière  volonté, 
voyage.Dès  l'an  769.  le  Concile  de  Rome  tenu  fous  le  Pape  Etienne  '  fut  rapporté  en  France ,  8c  enterré  dans  fa  Seigneurie  d'Alày.  Le 
IV.  avoit  ordonné  qu'aucun  ne  pourroit  être  élu  Pape,  qu'il  ne  fût  i  Chevalier  l'Hermite-Souliers  ,  Hiftoire  de  la,  Noblejfe  de  Touraine, 
Diacre  ou  Prêtre  Cardinal.  En  1 1 30.  les  Cardinaux  commencèrent  '  SUf. 

à  deveair  maîtres  de  l'éleaion  des  Papes  fous  Innocent  IL  Se  fe  ren-  ■  CARDUCCIUS ,  (Balthazar)  Jurifconfulte ,  profefTa  le  Droit 
dirent  les  feuls  Eleûeurs  ,  à  l'exclufion  du  refte  du  Clergé  de  Rome,  |  à  Padouë  8c  à  Florence.  Après  que  les  Medicis  furent  chaffez  de  cet- 
fous  Alexandre  III.  en  n6o.  Ainfi  croiffant  toujours  en  grandeur ,  te  dernière  ville ,  les  Florentins  voulurent  fe  mettre  en  liberté:alors 
ils  fe  font  enfin  fi  fort  élevez ,  qu'encore  qu'ils  ne  foient  que  Prêtres  \  Carduccius  fe  mit  à  la  tête  d'une  troupe  de  jeunes  gens ,  8c  exerça 
2c  Diacres,  la  feule  dignité  de  Cardinal  les  met  au-delfus  des  Evê^  l  tant  de  cruautez  qu'il  en  futfurnomméCiwwerrc.  11  eut  pour  fau- 


ques.    *  Maimbourg 
Grand. 


Hifioire  du  îontificut  de  Saint  firegoire  le 

Il  faut  ajouter  ici  une  chofe  qu'il  eftlmportant  defavoir  tou- 
chant les  Prêtres  Cardinaux.  L'Hiftoire  nous  apprend  qu'il  y  a  eu 
autrefois  en  France  de  ces  Prêtres  Cardinaux  ,  aulB  bien  qu'à  Rome, 


teurs  de  fon  entreprife  Junius  Galleottus  autre  célèbre  Jurifconful-' 

te.  *  Jovius ,  Hiji.  l.  if.  SUP. 

LA  CARELIE  ,    ou  Karelen  ,  Province  de  Suéde  dans  la 

Finlande.  Elle  s'étend  en  partie  le  long  du  golfe  de  Finlande,  8c  Wi- 

bourg  en  eft  la  viUe  capitale.  Les  Mofcovites  y  ont  eu  autrefois  une 
qui  n'étoient  autres  que  des  Curez.  On  le  fait  voir  par  deux  anciens  '  partie  de  la  Province,mais  aujourd'hui  elle  eft  entièrement  aux  Sue- 
Titres.  L'un  eft  de  Thibaud  Evêque  de  Soi{rons,lequel  confirmant  !  dois. 

la  fondation  de  l'Abbaïe  de  Saint  Jean  des  Vignes  faite  par  Hugues  |  CAREMBOULE  ,  païs  de  Fille  de  Madagafcar,  fur  la  côto 
Seigneur  de  Château-Thierry ,  fe  réferve  que  le  Prêtre  Cardinal  du  j  Méridionale ,  entre  les  pais  des  Ampatres  8c  des  Mahafales.  Ce  pais 
lieu,  Presbyter  Cardmalis  if  fins  loci ,  (c'eft  à  dire ,  le  Curé  de  la  Paroiife  ,  eft  fec  pour  l'agriculture ,  mais  aifez  bon  pour  les  pâturages.  On  y 
dans  l'étendue  de  laquelle  l'Abbaïe  de  Saint  Jean  des  Vignes  a  été  ;  voit  du  bétail  en  grande  quantité ,  8c  le  coton  y  croît  en  abondance, 
fondée),  foit  fujet  de  rendre  raifon  du  foin  qu'il  aura  eu  de  fesParoif-  *  Flacourt ,  Hiftoire  de  Madagafcar.  SUP. 
liens  à  l'E vêque  de  SoilTons  8c  à  fon  Archidiacre ,  comme  il  fâifoit  ^ 


.'Evêqu 
auparavant.  Ce  Prêtre  Cardinal  (dit  Pierre  le  Gris  Chanoine  Ré- 
gulier de  l'Ordre  de  Saint  Auguftinen  cette  même  Abbaïe)  étoit  le 
Curé  de  S.  Jaques ,  un  des  douzeCurez  de  la  ville  de  Soiifons  ou  des 
environs.  L'autre  Titre  eft  la  Confirmation  de  cette  fondation  par 
le  Roi  Philippe  I.en  1076.  où  les  mêmes  termes  font  employez. 
L'AncienPontifical  écrit  à  la  main,qui  fervoit  auxE vêques  deTroyes 
il  y  a  plus  de  quatre  cens  cinquante  ans ,  fait  foi  au(ri,que  de  tout 
tems  l'Evêque  de  Troyes  avoit  eu  des  PrêtresCardinaux,qui  ne  font 
autres  que  les  treize  Curez  dénommez  au  Rituel  manufcrit  de  la 
même  Eglife.lefquels  encore  aujourd'hui  doivent  affifter  l'Evêque , 
quand  il  confacre  le  Chrême  Se  les  Onftions  le  Jeudi  Saint;  8c  à  la 
Bénediftion  folennelle  des  Fonts ,  les  veilles  de  Pâques ,  8c  de  Pente- 
côte. Ils  font  nommez  dans  ce  Pontifical  Sacerdotes  Cardinales. 
Pafquier  rapporte  fur  ce  fujet,  qu'en  un  Concile  tenu  à  Mets  fous 
Charlemagne  il  eft  ordonné  que  les  Evêques  dilpofent  canonique- 
ment  des  Titres  Cardinaux  établis  dans  les  villes  Se  dans  les  faux- 
bourgs,  c'eft-à-dire,  des  Cures.  On  peut  remarquer  à  ce  propos, 
que  dans  l'Abbaïe  de  Saint  Rémi  de  Rheims  il  y  a  eu  de  tout  tems 
quatre  Religieux  appeliez  Cardinaux,  c'eft-à-dire,principaux  ;  parce 
que  ce  font  eux  qui  officient  au  grand  autel,  dans  les  fêtes  folennel- 
les.^On  voit  néanmoins  dans  quelques  Epitres  du  Pape  S.  Grégoire 
8c  d'Adrien  IL  que  Cardinalis  Sacerdos  fe  prend  pour  un  Evêque  ;  Se 
qaeCanlinalemconflituiinEcclefîaBituricmJi,  c'eft  être  fait  Arche- 
vêque de  Bourges ,  quoi  qu'ordinairement,  comme  j'ai  obfervé, 
les  Curez  des  Gaules  ayent  été  appelez  Fresbyteri  Cardinales.  *  Trai- 
té de  l'Origine  des  Cardinaux.  SUP. 

CARDONE,  bourg  d'Efpagne  en  Catalogne ,  avec  titre  de 
Duché  ;  il  eft  fitué  entre  les  montagnes  fur  une  rivière  de  ce  nom  , 
environ  à  deux  lieues  de  Solfona ,  8c  à  fcpt  ou  huit  de  Montferrat.  Il 


CARENCE,  ville  des  anciens  Rugiens ,  qui  Iiabitoient  le  pais,' 
où  eft  maintenant  une  partie  de  la  Pomeranie ,  fur  la  côte  de  la  mer 
Baltique ,  en  Allemagne.  Il  y  avoit  trois  temples  dans  cette  ville , 
où  l'on  adoroit  trois  Idoles  monftrueux  8e  horribles.  Le  premier  , 
qu'ils  appelloient  Regevithe ,  avoit  fept  vifages  à  une  feule  tête ,  fept 
épées  dans  le  fourreau  attachées  à  un  feul  baudrier  ,  Se  une  épee 
nue  à  la  main  droite.  Ils  croy  oient  que  ce  Dieu  préfidoit  à  la  guer- 
re ,  comme  Mars.  Le  fécond  Idole  ,  nommé  Porevithe  ,  avoit 
cinq  têtes,  8c  n' étoit  point  armé.  Le  troifiéme ,  dont  le  nom  étoit 
Porenuce,  avoit  quatre  vifages  à  la  tête.  Se  un  cinquième  à  l'efto- 
mac ,  couvrant  fon  menton  de  la  main  droite,8c  fon  front  de  la  gau- 
che. *S3.xo, Dan. Hifl.l.ii^.  Crmtz, deVandal.l.f.  SUP. 

CARENTAN,  ville  de  France  dans  la  baflè  Normandie.  Elle 
eftfituéefur  la  rivière  de  la  Douve  ou  d'Où  ve,  qui  y  reçoit  celle  de 
Carentei  ou  Carentan  à  trois  lieuè's  de  la  mer ,  8c  à  fept  ou  huit  de 
Coûtances  :  car  Carentan  eft  dans  le  Coûtantin.  Les  plus  grolfes  bar- 
ques y  rçmontent  par  le  moyen  du  reflux,ce  qui  rend  cette  ville  aflèz 
marchande.Il  y  a  de  grands  fauxbourgs ,  un  beau  château ,  8c  la  ville 
eft  aifez  forte ,  ayant  de  bonnes  murailles  avec  des  folfez  remplis 
d'eau,  outre  qu'elle  eft  fituée  dans  un  lieu  marécageux.  Carentan 
a  Bailliage ,  Eleâion ,  Se  Titre  de  Vicomté.Les  bonnes  gens  du  païs 
difentque  c'eft  un  ouvrage  de  Caros  Colonel  deCèiàr.  Saint  Léon 
Archevêque  de  Rouen ,  qui  vivoit  dans  le  IX.  Siécle,étoit  de  Caren- 
tan.Cette  ville  eut  part  aux  malheurs  de  la  France  durant  les  guerres 
civiles  du  XVI.Siécle.Le  Comte  deMontgommeri  un  des  Chefs  des 
Huguenots  laprit  en  trois  jours ,  l'an  mil  cinq  cens  feptante-quatre. 
Et  le  Comte  de  Matignon  Lieutenant  de  Roi  en  Normandie,8c  Chef 
des  troupes  Royales ,  la  reprit  peu  de  tems  après.  De  Lorges  fils  de 
Montgommeri ,  qui  commandoit  dans  la  place ,  fut  fait  prilbnnier, 

*  Papite 


CAR* 

ÇireMaflbn,  lDefc.jlHm.Gall.  DuChefne,  V.ech.  des  .^t,  des  ■villes, 
beThou,  H//2.//.j7.Cailliere,  HiJi.dsMatig.li.  i. 

CARESME,  jeûne  de  quarante  jours obfervé dans l'Eglife , 
fuivant  laTraditibn  Apoftolique.Anciennement  dans  rEglilèGrec- 
que ,  le  Carême  comprenoit  fept  femaines,  &  dans  la  Latine  il  n'en 
contcnoit  que  fix.  Le  nombre  des  jours  déjeune  étoit  néanmoins 
é^al ,  pour  les  uns  8c  pour  les  autres ,  8c  ne  montoit  qu'à  trente-fîx 
jours,  qui  étoient  comme  la  dîme  de  l'année  que  l'on  confacroit 
particulièrement  à  Dieu  par  la  mortification  8c  la  pénitence.  La  rai- 
ibn  de  cette  égalité  étoit  que  lesGrecs  ne  jeûnoient  point  lesDiman- 
ches,  ni  les  Samedis  du  Carême,  excepté  le  Samedi  Saint  ;  8c  les 
Latins  n'interrompoient  leurs  jeûnes  que  les  Dimanches.  Comme 
les  Juifs  faifoient  fcrupule  de  jeûner  aux  jours  de  fêtes ,  8c  aux  jours 
de  Sabbat,  cette  coutume  régna  dans  l'Eglife  naiflànte  de  la  PaleP 
tinejSc  de  là  vint  l'ufage  dans  tout  l'Orient  de  ne  point  jeûner  les  Sa- 
medis, non  plus  que  les  Dimanches,  même  en  Carême.  L'an  641. 
les  Grecs  s'expliquèrent  nettement  fur  cette  matière  dans  leConcile 
in  Trullo.  Ils  y  déclarèrent  qu'il  falloir  excepter  du  jeûne  les  Diman- 
ches 8c  les  Samedis  du  Carême ,  5c  même  le  jour  de  la  fête  de  l'An- 
nonciation :  mais  que  l'on  devoit  jeûner  le  Samedi  Saint.  D'au- 
tres, qui  ne  jeûnoient  point  le  Dimanche,  ni  le  Samedi ,  ni  le  Jeu- 
di, commençoient  leur  Carême ,  neuf  femaines  avant  Pâques ,  ce 
qui  ne  faifoitauffi  que  trente-fix  jours.  Vers  le  VIL  Siècle  on  vou-- 
lut  imiter  le  nombre  des  quarante  jours  du  jeûne  de  nôtre  Seigneur. 
Les  Grecs  commencèrent  le  Carême  huit  femaines  avant  Pâques. 
Parmi  les  Latins,  quelques  particuliers  commencèrent  le  Carême 
fêpt  femaines  avant  Pâques,  ce  qui  faifoit  quarante-deux  jours  de 
jeûne.  Plulîeurs  Religieux  (à  l'exemple  des  Grecs)  le  commen- 
cèrent huit  femaines  devant,  maisilsnejeûnoientjque  trois  jours 
dans  chacune  des  deux  premières  femaines,  8c  ces fix jours fiip- 
fléoient  aux  fix  Dimanches  du  Carême.  Il  y  en  eut  qui  commen- 
cèrent leCarême  neuf  femaines  avantPâquespar  uneobfervance  par- 
ticulière. Sur  quoi  il  faut  remarquer  que  comme  le  lixiéme  Diman- 
che devant  Pâques  fe  nommoit  la ^uadragefime ;  on  appella le  fep- 
tiéme ,  lu  ^inquagefime  :  le  huitième ,  iexagefime  :  8c  le  neu- 
vième, USeftuagepme:  quoi  que  ce  ne  foient  pas  le  cinquantié- 


CAîl. 


îi 


fuperftltion  profane  8c  ridicule.  Le  Concile  d'Ancyi'e  ccîndamn^ 
ces  inl pietés ,  8c  ordonna  que  les  Prêtres  8c  les  Diacres  mano-eaflènt 
leurs  légumes  cuits  avec  un  peu  de  viande.  S.  Baille  confirma  cette 
pratique  dans  fes  Conftitutions ,  pour  diftinguer  les  vrais  Moines 
Catholiques  des  faux  Moines  Euftatliiens; 

Dans  la  fuite  des  tems ,  la  rigueur  des  jeûnes  diminua  infènfible- 
ment.  Se  avant  l'an  800.  on  s'etoit  déjà  beaucoup  relâché  par  l'ufage 
du  vin,  des  œufs,  8c  des  laitages ,  qu'on  permettoit  non  feulement 
aux  malades,mais'auflî  à  ceux  qui  n'avoientpas  d'autres  nourritures 
propres  à  foutenir  leur  travail  ;  8c  on  ne  faifoit  plus  confifter  l'eflèn- 
ce  du  jeûne  qu'à  s'abftenir  de  viande,  8c  à  ne  prendre  fa  réfeârion 
qu'au  foir  après  Vêpres.  L'abftinence  des  œufs  8c  des  laitages  étoit 
obfervée  en  Italie  :  mais  en  France  8c  en  Allemagne  on  ne  la  gardoit 
que  les  derniers  jours  de  la  Semaine  Sainte.  Depuis  on  obtint  des 
difpenfesdeRomeà  l'égard  des  laitages ,  qui  fe  donnoient  pour  ua 
tems  feulement ,  8c  pallèrent  après  en  droit  commun.  L'an  14.7  c. 
le  Légat  du  Pape  donna  une  de  ces  difpenfes  pour  cinq  ans  à  l'Alle-i- 
magne,  à  la  Hongrie,  8ç  à  la  Bohême.  Les  Evêques  en  ont  accordé 
de  même  aux  peuples  de  leurs  Diocelès ,  dans  les  Synodes  qu'ils  ont 
tenus.  Cet  adouciflèment  s'eft  aufli  introduit  parmi  les  Grecs ,  à  la 
réferve  des  Religieux,  qui  gardent  l'ancienne  aufterité  des  jeûnesi 
J'aiditquelejeûnedu Carême  conliftoità  ne  faire  qu'un  repas  le 
jour,  vers  le  foir,  après  les  Vêpres.  Cela  s'eft  pratique  juftu'à  l'ait 
1 200.  dans  l'Eglife  Latine.  A  l'égard  des  Grecs,  ils  dînoient  à  midi, 
8c  faifoient  collation  d'herbes  8c  de  fruits  au  foir,dès  le VI. Siècle;  Les 
Latins  comnîencerentdansle  XIII.  Siècle  à  prendre  quelques  con- 
ferves  pour  fortifier  l'eftomac ,  puis  à  faire  une  collation  le  foir.  Ce 
nom  a  été  emprunté  des  Religieux ,  qui  après  le  fouper  alloient  à  la 
collation,  c'eft-à-dire,  à  la  le&ure  des  conférences  des  Saints  Pères 
appellées  en  Latin  collât iones  ;  après  quoi  on  leur  permettoit  de  boi-" 
re ,  au  jour  déjeune ,  de  l'eau ,  ou  un  peu  de  vin ,  ce  qu'on  appelloit 
'auffi  collation.  Le  dîner  des  jours  de  Carême  ne  fè  fit  pas  tout  d'un 
coup  à  midi.  Le  premier  degré  de  ce  changement  fut  d'avancer  le 
fbuper  à  l'heure  de  None,  c'eft-à-dire ,  à  trois  heures  après  midi,  hi 
coutume  étoit  de  fonner  l'Office  Divin  à  l'heure  de  None.  Après 
NoneoncèlebroitlaMeffe,  8c  après  la  Meiîé  on  difoit  lesVêpjesj 


me,  le  foixantiéme ,  ni  le  foixante  8c  dixiémejour  devant  Pâques.!  enfuite  defquelles  on  alloit  manger.  Mais  ceux,  qui  n'avoient  pas  le. 
Dans  le  IX. •Siècle,  l'ufage  du  jeûne  des  quatrejours  avant  la  Qua-i  loifir  ou  ladévotidn  de  fetrouverà  ces  Offices,  prirent  le  iîene 
dragefime  fut  établi  dans  l'Eglife  d'Occident ,  pour  faire  le  nom-  !  des  Offices  pour  le  figne  du  repas.  Voici  ce  qui  a  encore  Contribué  à 


bre  des  quarante  jours  déjeune. 


ce  changement.  L'Emperetir  Charlemagne  faifoit  célébrer  la  Meiîè 


U  y  eut  néanmoins  quelques  Eglifes  qui  ne  reçurent  point  cette!  «^^ffoQ  Palais  pendant  les  jeûnes  du  Carême,  à  deux  heures  après 
,-.■       j . 1 ...  0. 5 Z-»-.. i„/^_      midi.     La  MefTè  etoit  fuivie  des  Veores  ,  aDrècnvini  il  l>  TT,<.t-f„:* 


addition  de  quatre  jours;  8c  encore  à  prefent  on  ne  commence  leCa 
lême  à  Milan  qu'au  Dimanche  de  la  Quadragefime.  Les  Milanois  ne 
le  commençoient  même  qu'au  Lundi  d'après  ;  mais  comme  c'étoit 


midi.  La  Meflè  étoit  fuivie  des  Vêpres ,  après  quoi  il  fè  mèttoit 
à  table  vers  les  trois  heures,  obfervant  la  coutume  de  ne  manger 
qu'après  Vêpres,  mais  avançant  l'heuf  e  de  cet  Office.  Cette  côutu- 


un  abus  introduit  contre  l'ancienne  coutume  des  premiers  fiécles  de  ipe  fut  imitée  par  ceux  qui  n'avoient  pas  la  même  raifon  que  Char- 
l'EgUfe ,  S.  Charles  Borromée ,  qui  fut  fait  Archevêque  de  Milan  ;  lemagne.  Car  cet  Empereur  l'avoit  amfi  ordonné  pour  ne  pas  fai^ 
en  1^6  3.  l'abolit  malgré  tous  les  efforts  du  Gouverneur  de  cette  vU-  re  jeûner  fi  long-temsles  Officiers.  En  ce  tems-là  Charlemagne 
le ,  lequel  envoya  des  Ambaffadeurs  à  Rome,  qui  n'en  rapportèrent  1  etoit  fer vi  à  table  par  les  Ducs  8c  les  Rois  des  peuples  qu'il  avoit  fou- 


que  de  la  confufîon ,  êi  le  titre  honteux  d'Ambafîàdeurs  de  Carê- 
me-prenant. Ainfi  il  fut  ordonné  que  le  Dimanche  de  la  Quadra- 
gefime feroit  un  jour  d'abftinence  à  Milan,  comme  il  avoit  toujours 
été  ailleurs. 

A  l'égaïd  des  Grecs ,  il  eft  important  de  rerdarquer  leur  pratique 
Hepuis  plufieurs  fiécles.Le  Dimanche,  que  nous  appelions  de  la  Sep- 
tuagefime ,  eft  appelle  par  eux  7rpo<puv^<tii^oi ,  parce  qu'ils  y  an- 
noncent au  peuple  quel  doit  être  le  premier  jour  du  Carême ,  8c  le 
Dimanche  de  Pâques.  Le  Dimanche  de  la  Sexagefime  eft  nommé 
eiyrÔKpeiiii; ,  qui  fignifie  carnifprivium ,  jour  qu'on  eft  privé  de  l'u- 
fage de  la  chair  ;  parce  que  c'eft  le  dernier  qu'ils  peuvent  manger  de 
la  viande.  Toute  la  femaine,  qui  précède  ce  Dimanche,  porte  le  mê- 
me nom,car  lesGrecs  dénomment  ces  femaines  du  nom  duDiman- 
che  qui  les  iuit  ;  8c  non  pas,  comme  les  Latins,  de  celui  qui  les  pré- 
Pendant  la  fèmaine  d'àTTOxpeuç,  ils  ont  une  entière  liberté 


misàfonobeïflànce.  Les  Rois  Scies  Ducs  fe  mettoient enfuite  à 
table,8c  étoient  fervis  par  les  Comtes.LesComtes  mangeoient  après 
eux,  8c  étoient  fuivis  des  autres  Officiers  par  ordre,  en  forte  que  les 
derniers  Officiers  ne  le  mettoient  gueres  à  table  que  vers  le  minuit } 
ce  qu'ils  auroient  encore  tait  plus  tard ,  fi  l'Empereur  nfeût  avancé 
l'heure  de  fbn  repas .  Dans  le  X  .Siècle  la  coutume  de  manger  à  l'heu- 
re de  None  étoit  reçue  dans  toute  l'Italie  :  mais  ce  n'ètoit  qu'après 
les  Vêpres:  car  on  commençoit  l'Office  de  None  un  peu  après  midi, 
8c  enfuite  on  difoit  la  Meflè  8c  les  Vêpres.  Ce  changement  ne  fe  fit 
pas  fi  tôt  en  France ,  8c  il  n'y  fut  établi  qu'environ  l'an  1 100.  Depuis 
on  avança  infenfiblement  le  repasjufquesàmidi,  ce  qui  arriva  en 
15-00. 8c  alors  on  dit  les  Vêpres  avant  midi. 

Pour  finir  cette  matiere,qui  eft  aflèz  curieii{è,je  dois  dire  queiqué 
chofe  du  nombre  des  Carêmes.  Outre  le  Carême  de  Pâques,  les 
Grecs  en  ont  eu  encore  quatre  autres ,  qu'ils  ont  nommés  les  Carê- 


cede.     r «luau.  i. icu.au.^  u  .^..y.u,^ ,  ,..  uu.  uxic  ciui^rc uuercc  j    ^^^  j     ^   .   -       j^  j^  Trahsfiguration ,  8c  de l'Aflbm- 

de  manger  toute  forte  de  viandes,  même  le  Mecredi  8c  le  Vendredi,     ,•         „  ■        u      j   -r/^  ;;„^;     .■  ^u  o     >•    .  ^  ■^""'" 

°  ^  j     T,      r-  T    r»-™       u   j   I   ,^  ■  r        il   ption  :  mais  on  les  reduiht  a  lept  jours  chacun ,  8c  c  etoient  plutôt 

au  rapport  du  Père Goar.    LeDimanchedelaQuinquagefîmeeft  i5        »       j    j'      ■  j-  1 1;    »•        j         ■  ,    f. 

,ff         ^,  j       ■    I    T      j-^-      •  r  •    1    T-;-     des  leunes  de  dévotion  que  d  obligation,  du  moms  pour  les  Laicsi 

Dans  1  Egale  Latine ,  les  Religieux  oblervoient  trois  Cai-emes ,  au 
rapport  de  Bede  qui  vivoit  dans  le  VIII.  Siècle;  lavoir  celui  de  Pâ- 
ques ,  celui  de  Noël  ou  de  l'A  vent ,  Se  celui  qui  fuivoit  la  Pente- 
côte. Us  étoient  tous  trois  de  quarante  joiu^s.  Il  eft  probable  que  les 
Carêmes  de  Noël  8c  de  la  Pentecôte  ont  été  impolës  aux  pénitens} 
8c  ont  auffi  été  obfervés  par  lesEcclefîaftiques  8c  par  lesLaï es  lesplus 
fervens  ,  mais  ils  n'ont  point  été  ordonnés  par  l'Eglife  pour  y 
obliger  tous  les  Fidèles.  '*  Voyez  A  vent,  Quatre-tems,  Rogations. 
*  P.Thomairin,T?-;i;rf2.  Hijlor.  ^Dogmat.  Uesjeûnes  del'Eglife.SUP. 

CARETIUS,  certain  Roi  de  la  Grand-Bretagne,  vivoit  dans 
le  V.Siécle.  Il  parvint  à  la  couronne ,  lors  que  le  pais  étoit  defolé  par 
les  guerres  civiles,durant  lelqueiles  les  Saxons  ayant  eu  l'avantage,!! 
fut  chafle  peu  de  tems  après.  *Bede,  Polydore  Virgile ,  DuChei^ 
ne,  8cc.  Hift.d'jingkt. 

C  A  R  Ê  T  T  E ,  (Fabrice  de)  quarante-deuxième  Grand-Maître 
de  l'Ordre  de  Saint  Jean  de  Jerufalem,  dont  leCou  vent  rèfidoit  alors 
en  l'ille  de  Rhodes,  fuccédaen  ij-i  j.àGuideBlanchefort.  Il  étoit 
Italien,  de  la  maifon  des  Princes  de  Final  proche  de  Gènes ,  8c  Ami- 
ral, Chef  de  la  Langue  d'Italie.  Après  avoir  tenu  le  Chapitre  Ge-"- 
neral ,  il  envoya  Ambaflàdeur  en  France  le  Grand  Holpitalier,  nom^ 
mé  Philippe  de  Villiersl'Ifle- Adam.  L'an  ifif-  il  reçut  lifi  Ambaf- 
fadeur  du  Sophi  de  Perle ,  qui  vintenhabitdéguile,  pour  palier  en' 
fureté  par  les  provinces  du  'Turc  8c  du  Soudan  d'Egypte  ennemis  du 
Sophi:  8c  il  fit  une  ligue  avec  lui  contre  Selim  I.  L'année  fuivante 
il  conclut  la  paix  avec  le  nouveau  Soudan,  8c  fit  toutes  les  prépara- 
tions néceflaires  pour  rélifter  aux  deflèins  du  Grand-Seigneur.  L'ar* 
niée  Turque  revenant  d'Egypte ,  fur  la  fin  de  l'Autonne  le  préfen- 
ta  devant  le  port  de  Rhodes,  avec  les  bannières  déployées ,  Scie 
fon  des  trompettes  ;  8c  le  Bâcha  Général  de  l'armée  envoya  un  Offi- 
cier au  Grand-  Maîa-e  pour  l'avertir  queSelim  avoit  gagné  la  bataille 
H  contre 


appelle  TvpoCpayoi;,  parce  que  depuis  le  Lundi  ,  qui  fuit  le  Di- 
manche d'«5r6>cf  £«ç ,  jufques  à  ce  jour -là  ils  peu  vent  ufer  de  fro- 
mage, de  toutes  fortes  de  laitages ,  8c  d'oeufs.  Dès  le  lendemain 
de  ce  Dimanche  de  la  Quinquagefime  ,  ou  de  TupoCpâyoq  ,  ils 
commencent  à  s'abftenir  de  tous  laitages.  Immédiatement  après 
le  Carême  on  faifoit  encore  autrefois  un  jeûne  particulier ,  qu'on 
appelloit  lejeûne  de  Pâques,  ou  de  la  Semaine  Sainte.  S.  Epiphane 
^  S.Irenée  diftinguent  expreflement  ces  deux  jeûnes ,  dont  le  der- 
nier étoit  une  Xero/i^a^ie ,  c'eft-à-dire,  unjeûneaupain8cà  l'eau, 
mais  il  eft  difficile  de  remarquer  cette  différence  dans  l'Eglife 
Latme. 

Il  ne  faut  pas  feulement  confiderer  la  durée  du  Carême,mais  auffi 
Ta.  qualitédes  viandes  qui  y  étoient  défendues  ou  permifes.Dans  l'E- 
gliîè  d'Occident  le  jeûne  confiftoit  à  s'abftenir  de  viande ,  d'œufs , 
«ie  laitage,  8c  de  vin,  8c  à  ne  faire  qu'un  repas  vers  le  foir.  Le  poiflon 
n'ètoit  point  défendu ,  quoi  qu'il  y  eût  un  grand  nombre  de  Chré- 
tiens qui  ne  mangeoient  que  des  légumes  8cdes  fruits.  A  l'égard  de  la 
volaille,  quelques-uns  failànt  réflexion  que  les  oilèauxavoient  été 
créés  de  l'eau  auffi  bien  que  les  poilfons ,  8c  qu'ils  avoient  été  pro- 
duits le  même  jour  ,prétendoient  que  ce  pouvoir  être  une  nourriture 
permilè  dans  le  Carême ,  mais  ce  raffinement  fut  condamné.  Dans 
ÏEglilè  d'Orient  le  jeûneduCarêmeatoûjours  été  fort  rigoureux, 
2c  la  plupart  ne  vi  voient  alors  que  de  pain  8c  d'eau,avec  des  légumes. 
Mais  voici  une  cholê  fort  curieufe  à  remarquer,  Se  qui  liirprend  d'a- 
lord  ;  c'eft  que  les  anciens  Moines  du  Pont  8c  de  la  Cappadoce 
étoient  obligés  de  faire  cuire  un  morceau  de  chair  falée  avec  leurs 
légumes,  même  en  Carême.  On  croit  que  l'erreur  d'Euftathius,  ou 
plutôt  d'Euta£tus  donna  lieu  à  l'inftitùtion  de  Cette  coutume.  Car 
■cet  EutaiEkis  fijt  Patriarche  d'un  grand  nombre  de  Moines  qui  con- 
damnoient  les  noces,  8c  qui  défendoient  l'ufage  de  la  viande  par  une 
Tom.  IL 


5§  CAR.  ■_{ 

contre  leSoudaft  d'Égypte,8cf  our  le  prier  de  prendre  part  à  cette  vi- 
âoire.  SurquoileGrand-Maitre  fitréponfe,  qu'il  remcrcioit  le 
Bâcha  de  fa  civilité,  Se- que  s'ilyavoit  lieu,  il  lui  rendroit  fervice. 
Depuis  ces  nouvelles ,.  le  Grand-Maître  de  Gàrette  fit  des  diligences 
extraordinaires  pour  fe  mettre  en  état  de  defenfe.Après  avoirtem-- 
toli  tous  les  devoirs  de  fa  charge,il  mourut  au  mois  de  Janvier  ifii. 
&  eut  pour  fucceffeur  Philippe  deVilliers  rifle- Adam.*Bofio,Hî/?.</« 
l'Ordre  île  S,Jem  de  jerufrlem.  Naberat ,  Privik^es  de  l'Ordre.  SUP. 

CARFAGNANA,qUe  les  Auteurs  Latins  nomment  Curferonianct 
8c  Grafin'mna,  vallée  d'Italie ,  entre  le  mont  Appennin  dans  l'Etat  de 
Elorence.EUe  eft  entre  le  Luquois  &  l'Etat  de  Regio  &  de  Modene. 

CARGAPOL,  ville  &  province  Occidentale  de  la  Mofcovie.El- 
lea  la  mer  Blanche  au  Septentrion,  la  province  deWologda  auM^ 
di-,  le  lac  d'Onega  au  Couchant ,  Se  le  fleuve  Dwina  au  Levant, 
ia  ville  de  Cargapol  ou  Kargapol  eft  ■peu  confiderable. 

CARIAT!  .'^ville  d'Italie  dans  la  Galabre  citerieure ,  avec  Eyê- 
ché  fufïragant  de  Sainte  Severine,&  titre  dbPriricipauté. Elle  eft  peu 
conliderable ,  fituée  fur  la  mer  Ionienne  à  l'entrée  du  golfe  deTa- 
rente,  vers  Umbratico  &  Strongoli.  r  '     '       ' 
:CARIATIDES.  Voyez  Carie.  SUPi 

CARIBERT.  Cherchez  Charibert.  '       , 

CARIEES ,  ou  Caraïbes,  peuples  de  l'Arrierique  Septéntrroiiaîei 
qui  occupoient  autrefois  les  ifles  Antilles.  Voyez,  Antiîles  5c  Canni- 
bales. 

CARIDIE ,  petit  bourg  &  golfe  de  la  Remanie  fur^l'Archipel ,  a 
été  autrefois  une  ville  importante  connue  à  Stephanus  &  àPtolomée 
qui  en  a  fait  mention  fous  le  xiomà&CiirdiopoVts.  Aujourd'hui  ce 
n'eft  qu'un  méchant  bourg ,  à  dix  ou  douze  lieues  de  Gallipoli. 

CARIE ,  province  de  l'Afie  Mineure,dite  maintenant  Aid'melli,wi 
Turc  depuis  le  XIV.  Siècle.  Elle  a  au  Levant  la  Lycie,  dite  au- 
jourd'hui Mentefdi ,  au  Couchant  &au  Midi  la  mer  Méditerranée  & 
l'Archipel,  &  au  Septentrion  la  rivière  de  Madré.  La  Carie  eut  au- 
trefois les  villes  de  Magnefie  ,  Alabande  ,  Stratonice  ,  Minde  , 
Priene,  MiletmaintehantMfl/«2,(JouiWii»j^,  (d'où  fortirent  qua- 
tre-vingts colonies ,)  8c  païs  natal  de  Thaïes ,  Halicarnalfe  ,  &c. 
Son  jnontLadmus  donna  lieu  à  la  fable  d'Endymion  8c  de  la  Lune. 
Strabon,  //.  14^  Pomponius  Mêla ,  /i.  i .  Cluvier,/.y J»f,  Geogr.  ^c. 

Concile  de  Curki 

Les  Macédoniens  le  convoquèrent  Tan  trois  cens  fôixante  Se  fîx , 
&ilfuttenupartrente-quatreEvêques,qui  rejetterent  le  terme  de 
fiw>/feiy?;iw»f/,  8c  approuvèrent  la  formule  ou  profefTion  de  foi,  qui 
avoit  été  faite  aux  aflémblées  ^'Antioche  8c  de  Seleucie.  *  Sozome- 
ne ,  //. 6. chfip.  p.  Baronius ,  -A.C.-^66. 

CARIE ,  en  Latin  Carya ,  ville  du  Feloponnefe ,  que  les  Grecs 
détruifrrent ,  pour  fevanger  de  la  perfidie  du  peuple  qui  l'habitoit. 
Les  Cariâtes  s'étoientjoints  avec  les  Perfcs,  qui  faifoient  la  guerre 
aux  autres  peuples  de  la  Grèce.  Mais  ayant  été  vaincus  par  les  Grecs, 
leur  viUe  fut  ruinée ,  tous  les  hommes  furent  mis  au  fil  de  l'épée,  8c 
toutes  les  femmes  emmenées  captives.Pour  les  traiter  avec  plus  d'i' 
gnominie  ,  après  les  avoir  menées  en  triomphe,  on  ne  permit  pas 
aux  Dames  de  qualité  de  quitter  leurs  belles  robes ,  ni  aucun  de  leurs 
oi'nemens  ;  afin  qu'elles  euflènt  toujours  la  honte  de  paroître  au  mê- 
me état  qu'elles  étoient  le  jour  du  triomphe:  8c  les Architeâes de 
ce  tems-là  mirent  aux  édifices  publics  des  ftatuës  qui  repréfentoient 
ces  femmes ,  au  lieu  de  colomnes  Se  de  pilaftres ,  pour  laiflèr  un 
exemplfe  éternel  de  la  punition  que  l'on  avoit  fait  fouftrir  aux  Cariâ- 
tes. Ces  ftatuës  furent  appellées  Caryatides  :  8c  on  en  voyoit  il  y  a 
quelques  années  à  Bourdeaux,dans  le  célèbre  édifice  qu'on  appelloit 
lesPUurs  de  Tuteles.  Dans  la  falle  des  Gardes  Suifîès,  au  Louvre,  il  y 
a  quatre  Caryatides ,  qui  foutiennent  une  tribune  enrichie  d'orne- 
mens.  Ce  font  des  ftatuës  de  femmes  qui  ont  les  bras  coupez,  8c  font 
revêtues  d'une  robe  qui  leur  delcend  jufques  aux  pieds.  *Vitruvc, 
livre  I .  chapitre  1 .  SUP. 

CARIGLIANI,  (Pompée)  Italien .  Chanoine  de  Capouè',a  vécu 
en  1 6xf.  On  dit  qu'il  favoit  parfaitement  Ariftote,  Platon,  Hippo- 
crate,Galien,  8c  Saint  Thomas,Sc  qu'il étoit toujours  en  état  deré- 
pondre  lùr  tous  les  paffages  de  ces  Auteurs.  Il  vint  à  Rome  fur  la  fin 
du  Pontificat  de  Paul  V.§c  il  y  étoit  encore  fous  celui  d'UrbainVIII. 
Il  a  écrit  un  Traité  de  la  Noblefle,8cc.  *  Le  Mire  de  Script. Suc.  XVII. 

CARIGNAN,viUe  d'Italie  en  Piémont  avec  titre  de  Principauté. 
Elle  eft  fituée  fur  le  Po,  qu'on  y  paffe  fur  un  beau  pont ,  entre  Turin 
8c  Carmagnole.  Il  y  a  un  bon  château ,  8c  fon  terroir  eft  fertile  en 
meuriers  pour  les  vers  à  foye.  Thomas  François  de  Savoye,cinquié- 
ïne  fils  de  Charles  Emanuel  I.du  nom  Duc  de  Savoye  8c  de  Catheri- 
ne Michelle  d'Aûtriche,a  porté  dans  le  XVII.Siécle  le  titre  dePrince 
de  Carignan.  Il  a  été  Grand-Maître  de  France,  8c  eft  mort ,  comme 
je  le  dis  ailleurs,  le  vingt-deuxième  Janvier  de  l'an  1  ôj'ô.il  avoit  é- 
poufé  en  1625-.  Marie  de  Bourbon  fille  de  Charles  de  Bourbon  8c 
d'Anne  Comteffe  de  Montafié,  8cc.8c  il  en  eut  Emanuel  Philibert 
Prince  de  Carignan ,  Jofeph  Emanuel  Jean ,  mort  en  1 6^6.  Eugène 
'Maurice  Comte  de  Soiffons  ;  Amedée  Ferdinand  ;  Charlotte  Chrif- 
tine ,  morts  jeunes  ;  8c  Louïfe  Chriftine  mariée  à  Ferdinand  Maxi- 
milien  Prince  de  Bade.  Cherchez  Thomas  François  de  Savoye, 
Prince  de  Carignan. 

CARILLO ,  (Alphonfe)  Cardinal ,  natif  de  Cuença  en  Efpagne, 
êc  fils  de  Gomaz  Carillo  Gouverneur  de  Jean  II.  Roi  de  Caftille.  Sa 
-famille  originaire  de  Burgos  eft  illuftre  en  Efpagne ,  où  elle  a  eu  un 
Archevêque  de  Tolède ,  divers  Prélats  Se  Oiîiciers  de  la  couronne. 
L'Antipape  Benoît  XlII.  le  fit  Cardinal  en  1408.  8c  enfuitc  l'aban- 
donna; il  fe  retira  au  Concile  deConftance,  où  Martin  V,  lui  con- 
firma fa  dignité  en  i4i8.Scdeux  ans  après  il  l'envoya  Légat  à  Bo- 
logne. Depuis ,  le  Concile  de  Bâle  le  nomma  Légat  d'Avignon , 
mais  le  Pape  Eugène  IV.  y  avoit  déjà  envoyé  le  Cardinal  deFoLx, 
lequel  ayant  des  troupes  en  campagne  fe  rendit  maître  de  cette  vil- 


CAR. 

le.  Carillo  retourna  à  Bâle  8c  y  mouriit  le  14.  Mars  de  Tan  14  J4.  Le 
Roi  de  Caftille  témoigna  un  déplaiiir  extrême  de  cette  mort,  8c  ii 
fit  donner  l'Evêché  de  Siguença  au  neveu  de  ce  Cardinal ,  nommé 
aufîl  Alphonfe  Carillo.  *Sponde,  ïn  Annal,  k-ahaï ,  HiflJesCarJ. 
(^c.  Cherchez  Carille. 

CARILLO ,  (Gilles)  Cardinal  ,  d'une  illuftre  feitiiHe  d'Efpa- 
gne ,  fut  envoyé  Légat  en  Itahe ,  par  le  Pape  Innocent  VI.  dans  le 
XIV.  Siècle  ,  le  fiege  étant  alors  à  Avignon.  Peridarit  cinq  ans  » 
qu'il  employa  à  cette  légation ,  il  pacifia  ce  pais ,  8c  -f  bâtit  plufieurs 
citadelles.  Il  fonda  de  les  propres  deniers  un  Collège  à  Bologne,  au- 
quel il  donna  de  grands  revenue  pour  entretenir  de  pauvres  EcoUers 
Efpagnols.  Le  Cardinal  Carillo  mourut  à  Viterbe,8c  fut  enterré  à 
Aflllé,d'oiilongtems  après  il  fut  trihfportè  à  Tolède  en  Efpagne, 
où  eft  fon  toinbeau.  *Tarapha,  de  reb.  Hifpim.  Platine  ScGafîm- 
bert,  lib.  5.  de 'vitis  Pontifie.  SUP.  '  ' 

CARIN,  (Marc  Aurele)  étoit  fils  de  l'Empereur  Garus ,  qui  là 
fitCefar,  avet  fon  frère  Numerien,  vers  l'an  283. 8c  emmenant  ce 
dernier  en  Orient  avec  lui ,  il  envoya  Carin  dans  les  Gaulés,  ll's'j 
fouilla  detoute  forte  de  crimes  ,ilépoufa  neuf  femmes,  8c  fit  mou- 
rir plufieurs  innocens  pour  des  crimes  fuppofez  ;  ce  qui  fit  dire  à  fora 
père ,  comme  le  rapporte  Vopifcus,  qu'il  n'étoit  pas  îbn  fils.  Après 
la  mort  de  Carus,  8c  de  Numerien  fon  frere,il  s'oppola  à  Diocletieiç 
8c  tua ,  dans  les  plaines  de  Vérone ,  Sabinus  Julianus ,  qui  vouloit 
envahir  l'Empire.  Un  de  fes  Capitaines ,  dont  il  avoit  féduit  la  fem- 
me, l'ailàflina  à  Margus  ville  de  Mcefîe,ran  285-.  au  36.  de  fon  âge. 
*  Vopifcus,  Aurelius  Viftor,  Dion,  dans  fa  Vie  [Moreri  citoît 
hardiment  des  Auteurs,  qu'il  n'âvoit  jamais  vus.  Dion  n'avoit  écrit 
l'Hiftoire  Romaine  que  jufqu'à  Alexandre  Severe ,  comme  il  paroït 
par  Xifhilin  ;  8c  ce  qui  nous  en  rcfte  ne  va  que  j  ulqû""!  la  mort  Ae 
Claude.  Voyez  Bien.  Cet  Hiftorien  ne  furvécut  de  guère  Alexandre 
Severe ,  fous  l'Empire  duquel  il  le  retira  en  Bithynie ,  à  caufe  de  fon 
grand  âge  ;  fi  tant  eft  qu'il  lui  lit  furvécu.  Amû  On  ne  fauroit 
excuièr  Moreri ,  qui  lui  fait  écrire  la  vie  de  Carin ,  né  peut-être  a- 
près  la  mort  de  cet  Hiftorien.  Fiez  vous  après  cela  aux  citations  dé 
Moreri.] 

C  ARINES ,  certaines  femmes  qui  étoient  louées  pour  pleurer  les 
morts ,  dans  la  cérémonie  des  funérailles.  Elles  furent  ainfi  ap^ 
pellées  du  nom'de  leur  pais ,  parce  qu'on  les  faifoit  venir  de  Carié, 
Cœl.Rhod.  tiv.  1 6.  ch.  3, On  appelloit  aufli  Carines  à  R'oïne  certains 
édifices  faits  en  manière  de  navire ,  que  les  Latins  noniment  cariaa. 
D'autres  ajoutent  qu'il  y  avoit  une  rue  de  ce  nom ,  où  étoit  la  maî- 
fon  de  Pompée.  *  Virgile,  Enéide  8.  SUP. 

CARINOLA ,  dite  Calenum  8c  Carinula ,  ville  d'Italie  dans  la  ter- 
re de  Labour ,  avec  titre  de  Comté  8c  Evêché  fuffragant  de  Capouë. 
Elle  eft  peu  confiderable ,  fituée  toi  une  petite  rivière  à  trois  oh 
quatre  milles  de  la  mer;  entre  Capouë  8c  Seflà.  Quel<5ues  Auteurs 
la  prennent  pour  la  Celenum  des  anciens ,  dont  Strabon ,  Ptolomée, 
Pline,  8cc.  ont  fait  mention;  maisileftfûr,qu'elleaétébâtieàiio 
ou  deux  millesdes  ruines  de  cette  autre  ville. 

CARINTHIE,  que  les  Allemans  noraxsYtntKamten,  proviacc 
d'Allemagne  aux  Archiducs  d'Autriche ,  avec  titre  de  Duché.  Oa 
ladivifeenhauteScbailè,  luivantlecours  duDrave,  EUeeftentre 
l'Evêché  de  Salzbourg ,  la  Sttrie ,  le  Frioul ,  la  Carniole ,  8c  le  TiroL' 
Ses  principales  villes  font  San- Veit,  Villach,  Volckmark ,  ^udea- 
burg,  Claghenfurt  qui  eft  la  capitale,  8cc.  Ce  pais  eft  fournis  aux 
Archiducs  d'Autriche ,  depuis  Henri  dernier  Duc  mort  fans  iuc- 
ceflêurs.  On  dit  que  les  païfans  de  Carinthie  ont  droit  d'inveftir 
leurs  Souverains ,  toutes  les  fois  qu'il  y  a  changement  de  Prince  ; 
que  le  Duc  avec  un  habit  de  Villageois  aflifte  à  une  cérémonie  qu'Ll.<; 
font  dans  une  prairie  ;  8c  que  ce  privilège  leur  eft  accordé ,  parce 
qu'ils  reçurent  les  premiers  la  Religion  Chrétienne.  Un  païian  lui 
préfente  deux  bceufs,run  gras  8c  l'autre  maigre,le  Duc  prend  le  der- 
nier 8c  reçoit  un  petit  fouflet  dupaïfan.  La  Carinthie  eil  un  pais 
de  montagnes.  On  y  a  horreur  pour  le  larcin ,  Se  c'étoit  une  anciea- 
ne  coutume  de  prendre  ceux  qu'on  foupçonnoit  d'avoir  volé.  Oa 
leur  faifoit  leur  procès  trois  jours  après.  Si  on  les  trouvoit  coupa- 
bles du  crime  dont  on  les  accufoit ,  on  laiflbit  leur  corps  pendu  juiP 
qu'à  ce  qu'il  fût  tout-à-fait  pourri  ;  fi  au  contraire  il  étoit  irmoc.ent, 
on  l'enterroit  publiquement  8e  on  ordonnoit  les  prières  pour  iaa 
ame.  *  iEneas  Silvius  ,  Eur.  c.  20.  Cluvier ,  Germ.  Monftrelet,  ti. 
I .  Joannes  Salivanus ,  de  Carinth.  ^c. 

CARION,  (Jean)  Allemand,  naquit  en  1499.,  5c  favoit  les  La»- 
gués,  les  belles  Lettres ,  8c  les  Mathématiques.  Il  les  enlèigna  avec 
applaudillèment  à  Wirtemberg  8c  ailleurs ,  il  publia  divers  Ouvra- 
ges qui  lui  aquirent  de  la  réputation  ,  comme  PraBico-Ajlrologice 
Ephemerides ,  une  Chronique  que  Peucer  8c  d'autres  ont  continuée. 
Sec.  Jean  Carion  mourut  à  Berlin  en  15-38.  n'étant  qu'en  la  35. 
année  de  fon  âge.  Melchior  Adam  ,  in  Vit.  Philof.  Cerm.Yoffms, 
Sec. 

CARIOPHYLUS  ,  (Matthieu)  Archevêque  de  Cogni ,  étoit, 
natif  de  l'ifle  de  Candie. Il  étudiaà  Rome  dans  le  CoËege  des  Grecs, 
8c  y  fit  de  grands  progrès  dans  les  Langues  Se  dans  la  Théologie. 
S'étantconiacrédans  l'état  Ecclefiaftique  ,  on  l'envoya  dans  ion 
pais ,  mais  y  ayant  expérimenté  en  fa  perfonne  cet  oracle  de  l'Evan- 
gile, qu'on  n'eftjamais  Prophète  dans  fa  patrie,  il  revint  à  Rome 
8c  enfeigna  dans  le  Collège  des  Grecs.  Depuis  ,  il  devint  fuccel- 
fivement  domeftique  de  trois  Cardinaux,  tous  trois  neveux  de  Pa- 
pes ,  fevoir  de  Pierre  Aldobrandin ,  de  Louis  Ludovili ,  Se  de  Franr 
çois  Barberin.  Le  fécond  lui  procura  le  titre  d'Archevêque  d'Ico- 
nie,  le  dernier  lui  perfùada  de  publier  fes  Ouvrages.  Il  fit  impri- 
mer un  Volume  de  Vers  Grecs  8c  Latins  intitulé  NoSes  TufcuUns, 
des  Epitres  de  Themiftocle ,  8cc.  Cariophylus  mourut  fous  le  Pon- 
tificat d'Urbain  VII.  vers  l'an  1630.  ou  3)-.  *  Imo  AW-ithis , in  Apib. 
C/r^a?!.' Janus  Nicius  Erytlirxus ,  Pin.l.  imag.  illttft.c.  124. 

CARIUS,  fils  de  Jupiter '8e  de  Torrhebic.     Les  Andens  difent 
que  Carius  fe  promenant  aux  environs  du  lac  Torricbia ,  Se  en- 
tendant 


CAR. 


CAR. 


teftdant  le  doux  chant  des  Nymphes ,  il  apprit  d'elles  la  Mufique ,  5c   reçut  la  tônfure  h  l'habit  de  Clerc  du  Pape  Zacharie  en  74.7  &  f 
]'enfeignaenruite  aux  Lydiens.  En  reconnoifl'ance  de  ce  bienfait,  tira  au  mont  Sorafte ,  où  il  fe  fit  Reli<rieux  de  S.Benoît    M  -^ 


53> 


on  lui  décernades  honneurs  divins;  8c  on  lui  bâtit  un  fuperbe  tem- 
ple fur  une  colline ,  qui  fut  depuis  appcllée  Carieime ,  en  Latin  Mons 
Carius,  du  nom  de  ce  Héros.  *  Etienne  de  Byzance.  iUl'. 

CARLES,  (Lancellot  de)Evêque  de  Riez  en  Provence,  étoit 
de  Bourdeaux ,  8c  Ion  mérite  l'eleva  à  cette  Prélature ,  dont  il  prit 
pofTeffion  par  Procureurs  en  i  f  yo.  La  Croix  du  Maine  dit  qu'il  étoit 
très-excellent  Poète  Latin  8c  François ,  8cbien  dofteenGrec.  En 
15-47.  il  avoit  été  envoyé  par  le  Roi  Henri  IL  à  Rome,  où  il  fut 
fort  eftimê.  Il  le  fut  bien  davantage  en  France ,  où  la  vertu  lui  a- 
quit  une  très-grande  part  en  l'amitie  du  Chancelier  de  l'Hôpital ,  de 
Ronfard ,  8c  de  Joachim  du  Bellay ,  qui  l'ont  tous  célébré  dans  leurs 
Ecrits .  Lancellot  de  Caries  laifla  divers  Ouvrages  en  nôtre  Langue , 
comme  une  Paraphrafe  en  Vers  fur  l'Eccleliafte,fur  le  Cantique  des 
Cantiques,  une Traduâion de l'Odyllëe d'Homère, une  Lettre  au 
Roi  Charles  IX.  8cc.  La  Croix  du  Maine  Se  du  Verdier  Vauprivas , 
'BM.  Franc,  de  Thou ,  Hift.li.  j .  Lurbée ,  île  illufi.  uiquit.  Michel  de 
l'Hôpital,  //.  I.  Epift.  Ronfard,  //'.  i.  Hymn.y.  Robert 8c  Sainte 
Marthe,  Gall.ChnJl.Bend,  HiJl.Prxf.  Reg.é-c. 

CARLEVITZ,  (Chriftophle)  Allemand  ,  étoit  de  Rotemhau 
dans  la  Mifnie  où  il  naquit  en  ifoy;  fa  famille  étoit  des  plus  nobles 
dupais;  il  étudia  en  Droit ,  8c  fut  Confeiller  du  Duc  de  Saxe ,  qui 
l'employa  en  diverlès  négociations  à  la  Cour  des  Empcreurs,en  An- 
gleterre, enPologne,  Scailleurs.  Carlevitz  étoit  aufli  homme  de 
guerre,  8c  paya  très-bien  de  fa  perfonne  en  diverfesoccaiions.  Il 
avoit  compofé  quelques  Ouvrages  qui  ne  font  pas  venus  jufques  à 
nous,  ScmourutleS.Janvierdc  l'an  15-78. âgé  deyi.  *Melchior 
Adam  ,  in  Vit.Jurifc.  Qerm.  i^rc. 

CARLILE,  fur  la  rivière  d'Enden,  ville  d'Angleterre,  capitale 
duComtédeCumberland,  avecEvêché  fuftragant  d'Yorck.  Elle 
eft  fituée  vers  les/rontieres  de  l'Ecoflè,en  l'endroit  où  l'on  avoit  bâ- 
ti la  muraille  qui  féparoit  lesPiâres  desBretons,à  deux  ou  trois  lieues 
de  la  mer  d'Irlande.  Cette  ville  eft  ancienne  ;  les  Danois  la  ruinè- 
rent vers  l'an  900.^  vers  l'an  1093.GuillaumeII.R0i  d'Angleterre 
paflant  dans  la  province  de  Cumberland  8c  voyant  la  fituation  de 
Carlile,il  la  fit  rebâtir.  On  y  fonda  depuis  des  Chanoines  Réguliers , 
&  on  érigea  vers  l'an  1 1 3  3 .  leur  Eglife  en  Cathédrale.  Adelwald  en 
fut  le  premier  Evêque.  Les  Anciens  Romains  8c  les  Bretons  habi- 
tans  de  l'iflc  la  nommèrent  Lupi-Vallum,Sx:Lngii-BaUium.7tolo!xiée 
I««co/)jii«,8clesAuteursLatins  modernes  rappellentC/ïr/eo,'«»j.L'En- 
den  y  reçoit  trois  rivières ,  8c  elle  eft  fortifiée  d'un  château  bâti  par 
Henri VIII.  * Cimden,Defcr.Britan.Goàwm,(leEpife.Briean. 

C  ARLINGFORD ,  petite  ville  d'Irlande  ,  dans  la  province  d'Ul- 
tonie  8c  le  Comté  de  Loutbi ,  avec  un  alTez  bon  port  de  mer. 

CARLOMAN,  Roi  de  France,  fils  de  Louis  /e  jBe_j«c ,  fut  cou- 
ronné avec  fon  frère  Louis  III.  à  Ferrieres  enGâtinois,  l'an  879. 
Quelques  Hiftoriens  paffionnezont  dit  que  ces  deux  frères  étoient 
bâtards  ;  mais  c'eft  une  impofture.  Car  Louis  le  Bègue  les  eut 
d'Anfgarde,  qu'il  avoit  époufée  en  fa  jeuneiTe.  Il  eft  vrai,  que 
comme  eUe  n'étoit  pas  de  qualité,8c  qu'il  l'a  voit  même  époufée  fans 
le  Confentement  du  Roi  fon  pere,ce  Prince  l'obligea  de  la  répudier , 
mais  fes  fils  n'en  étoient  pas  moins  légitimes.  Les  deux  frères  par- 
tagèrent leurs  Etats  à  Amiens.  Louis  eut  la  Neuftrie,  8cCarloman 
le  royaume  d'Aquitaine  8c  la  Bourgogne.  Les  Normans  ,  Bofon , 
qui s'étoit fait  Roi  d'Arles  8c  de  Bourgogne,  8c Louis  Roi  d'Alle- 
magne leur  coufin  furent  trois  puilTans  ennemis  qu'ils  eurent  fur  les 
bras.  Ils  fe  liguèrent  avec  le  dernier ,  ils  défirent  Bofon  en  une  ba- 
taille ,  8c  enfuite  ils  alîlégerent  en  88 1 .  Vienne ,  où  il  avoit  lailTé  & 
femme.  Les  courfes  des  Normans  obligèrent  Louis  de  leur  venir 
au  devant,8c  il  mourut  à  S.  Denys  en  882.  Carloman  quitta  d'abord 
le  fiége  de  Vienne ,  dont  il  laiflà  le  loin  au  Comte  Richard ,  8c  vint 
commander  l'armée  dans  la  Picardie.  Il  battit  ibuvent  les  Barbares: 
8c  puis  pour  les  faire  fortir  de  fes  terres ,  il  compoià  avec  eux  8c  leur 
donna  douze  mille  marcs  d'argent.  Peu  detems  après,  étant  à  la 
chaffe  dans  la  forêt  d'I véline ,  près  de  Montfort ,  il  y  fut  bleffé  par 
un  fanglier ,  ou  par  un  de  fa  fuite  ;  8c  il  mourut  de  cette  bleffure  le 
fixiémejour  de  Décembre  de  Fan  883.  Il  avoit  été  fiancé  ran878.à 
Troyes,  enprélènceduPape  Jean  VIII.8cde  fon  père  Louis, à  la 
fille  de  Bofon  Roi  d'Arles  &  d'Hermengarde ,  mais  le  mariage  ne 
fut  pas  accompli.  *  Reginon ,  ia  Chron.  la  Clironique  de  S.  Ri- 
quier ,  le  Continuateur  d'Aimoin ,  8cc. 

CARLOMAN,  Roi  d'Auftraiie ,  de  Bourgogne,  8c  d'une  par- 
tie d'Aquitaine ,  futfacréàSoifîbns  le  9.06tobrederan768.  Il 
ctoit  fils  de  Pépin  le  Bref  if.  frère  de  Charlemagne ,  avec  qui  il  par- 
tagea les  Etats  du  Roi  leur  père.  De  méchans  efprits ,  ennemis  de 
la  paix,trav aillèrent  à  les  mettre  mal  enfemble ,  8c  Carloman  y  étoit 
aflèz  difpofé ,  mais  il  mourut  peu  de  tems  après  à  Salmouci ,  qu'on 
croit  être  Montlugeon ,  prèsdeLaon,  le  4.  Décembre  771.  Il  fut 
enterré  à  faint  Rémi  de  Rheims.  Carloman  laifla  de  Gerberge  Ion 
époufe  deux  fils ,  Pépin  8c  Saint  Siagre  ;  qui  mourut  Evêque  de  Ni- 
ce en  Provence.  *  Sainte  Marthe ,  Hifioire  de  la  Mai/on  de  France. 
Mezerai,   Hifioire  de  France.  Jofred,  Hi/î.Nic.  ^c. 

CARLOMAN ,  Duc  Se  Prince  des  François ,  étoit  fils  aîné  de 
Charles  Martel  8c  de  fà  première  femme  Crotrude  appellée  com- 
munément Rotrude ,  morte  en  7 14.  11  eut  en  partage  rAuftralie , 
l'Allemagne ,  8c  la  Thuringe.  Il  arma  avec  fon  frère  Pépin  contre 
Hunaud  Duc  d'Aquitaine ,  qu'ils  pouffèrent  par  delà  Poitiers ,  8c 
ayant  forcé  le  château  de  Loches ,  ils  le  mirent  à  la  raifon.  Après 
cela,ils  firent  le  partage  du  Royaume,au  lieu  qu'on  nomme  le  vieux 
laitiers  :  ils  pafferent  en  Allemagne  contre  Thibaud  Duc  des  Alle- 
mans,qu'ilsfoumirent  en  5-42.  L'année  d'après,  Carloman  fournit 
Odilon  8c  puis  ThierryDucs  deBaviere  8c  de  Saxe;après  s'être  vangé 
de  la  perfidie  d'Hunaud.Enfin ,  ayant  recommandé  au  Roi  Pépin  un 
fils  nommé  Dreux ,  qu'il  avoit  eu  d'une  femme  dont  nous  ignorons 
le  nom,  il  alla  à  Rome  avec  plufieurs  Gentilshommes  de  la  Cour, 


Benoît.  Mais  s'V 
trouvant  trop  importune  des  vifitcs,  il  alla  au  mont  Caflin.  De^ 
puis.il  vint  en  France  pour  les  intérêts  d'Aftulfe  Roi  des  Lombards' 
qui  craignoit  les  armes  de  Pépin  prote&ur  du  Pape  Etiennell.Sc  dû 
Samt  Siège.  Le  prétexte  de  ce  voyage  fut  de  demander  le  corps  de 
Saint  Benoît  qui  étoit  à  Fleuri  fur  Loire.  Une  fut  point  reçu  com- 
me il  l'avoit  prétendu ,  8c  s'étant  retiré  à  Vienne  en  Dauphiné  il  y 
mourut  le  i7.Aoûtde  l'an75-5-.  Son  corps  futporté  au  montCal- 
Im.  »Aimom,/;.  4.  Léon  d'Oftie,  /(.  i.  Adon,  Eginard,  Reo-i- 
non,  Adrien  Valois ,  Dom  Jean  Mabillon ,  8cc.  '^ 

TT^^i^^?^,^^'  ^^'^'''édcLoms  le  Germanique,  frère  de  Louis 
U.  8c  de  Char  es  leGros ,  eut  en  partage  le  Royaume  de  Bavière ,  du- 
quel etoient  aPannonie  ,  laCarinthie,  la  Bohême,  8c  la  Mora- 
vie; 8c  porta  le  titre  de  Roi  d'Italie.  Et  en  effet,  il  mit  une  ar- 
mée en  campagne ,  pour  avoir  ce  Royaume  avec  l'Empire  ;  8c  il 
commençoitmême  à  marcher,  mais  une  terreur  panique  lui  fit 
changer  de  deflein.II  remporta  deux  viftoires  fur  RalHcDuc  deMo^ 
ravie  8c  fur  Gondacare  Comte  en  Carinthie ,  mais  depuis  il  fut  vain- 
cu par  les  rebelles  de  Moravie.  Carloman  époufa  N....  fille  d'ArnuA 
te  parent  d'Ermcntrude  Reine  de  France.Il  tomba  en  paralyfîe  dont 
il  mourut  l'an  880.  8c  fut  enterré  à  Ottinghen  en  Bavière,  dans  le 
Monaftere  de  Saint  Maximilien  qu'il  y  avoit  fondé.  Une  laiffa  que 
deux  enfans  naturels  ;  Arnoul ,  qui  eut  la  Carinthie  8c  qui  fut  Empe- 
reur, 8cGifele,  laquelle  l'an  890.  époul'aZuendipold  Roi  de  Mo- 
ravie, que  quelques  Auteurs  font  pour  cela  fils  de  Carloman  *ReJ 
ginon,  du  Tillet,  le  Continuateur  d'Aimoin,  les  Annales  de  S. 
Bertin,  de  Mets,  8c  de  Fulde.  ^° 

CARLOMAN,  fils  du  Roi  Charles /e  Chauve  8c  d'Ermentrude 
fapremiere  femme.  Il  fe  révolta  contre  fon  père ,  8c  Hildegarde  E- 
vêquedeMeaux  l'ordonna  Diacre  malgré  lui.  Depuis,  il  pofféda 
plulieurs  Abbaïes ,  8c  fe  révolta  une  féconde  fois ,  8c  fut  mis  en  pri  • 
fon.  Les  prières  des  Légats ,  que  le  Pape  Adrien  II .  envoya  en  Fran- 
ce, l'en  tirèrent;  mais  abufant  de  cette  grâce,  il  recommença  fes 
brouillenes.  Le  Roi  le  fit  prendre ,  il  fut  dégradé  à  Senlis  par  les 
Eveques  des  provinces  de  Sens  8c  deRheims,8c  puis  aveuglé  en  866. 
8c  mis  dans  l'Abbaie  deCorbie  pour  y  faire  pénitence.  Quelque 
tems  après,  deux  Moines  le  tirèrent  adroitement ,  8c  le  menèrent 
vers  fon  onde  Louis  le  Germanique,  qui  lui  donna  pour  fon  entre- 
tien l'Abbaïe  d'Epternac,  où  il  mourut  en  873.  ou885.  félon  la 
Chronique  d'Anjou.  «Flodoai'd,  HiJi.Remen.li.j.c.zS.  LeCon- 
tinuateur  d'Aimoin ,  /;,  5-.  c.  24.  ©•£, 

CARLOVINGIENS  :  nom  que  l'on  donne  aux  Rois  de  France 
de  la  féconde  race,  qui  commença  l'an  75-2.  par  Pépin  leBremsde 
Charles  Martel,  8cfinitpar Louis V.en987.0ncomptequatorze 
Rois  de  cette  famille.  SUP, 
CARLOVITZ.  Cherchez  Carolftadc. 

CARLSBOURG,  Carclc6urgum,ipemev\\le  d'Allemagne, àms 
la  baffe  Saxe  8c  dans  le  Duché  de  Breme,a  été  bâtie  fur  le  Vefer ,  par 
les  Suédois  qui  lui  donnèrent  le  nom  de  leur  Roi  Charles  X.  C'effi 
une  place  forte ,  qui  fut  prife  enx  67  6.  par  les  Danois ,  auxquels  s  e- 
toient  joints  les  habitans  de  Lunebourg ,  mais  ils  la  rendirent  en  l'an 
1679.  par  la  médiation  du  Roi  de  France  8c  par  le  Traité  qui  en  fiit: 
conclu  la  même  anijée  à  Fontainebleau.  *Baudrand.  SUP, 

CARMAGNOLE",  ville  d'Italie  dans  le  Marquifat  de  Saluffes,ai! 
DucdeSavoye.  Elle  eft  fituée  environ  à  deux  milles  duPô  ,  8c  à 
huit  ou  neuf  de  Turin.  Il  y  a  une  bonne  fortereffe ,  qui  rend  Car- 
magnoleune  place  importante.  Charles  EmanuelDuc  deSavoye 
s'en  rendit  maître  en  15-S8.  durant  les  guerres  civiles  de  France ,  80 
il  fournit  de  même  le  Marquifat  de  Saluffes  compris  aujourd'hui 
dans  Ip  Piémont.  Il  lui  fut  cédé  par  la  paix  de  1 601.  comme  je  le 
dis  ailleurs,  en  échange  de  laBreffe,  du  Bugey,  8cc. 

CARMAGNOLE  (François)  Capitaine  illuftre,  prit  ce  nom  de 
la  ville  de  Carmagnole  dans  le  Piémont  en  Italie.Il  étoit  fils  d'un  paï- 
fan.  Se  avoitgardé  les  cochons  pendant  fa  jeuneffe.  Mais  ayant  de 
l'inclination  pour  les  armes,  il  fe  fit  foldat.  Se  monta  par  degrezs 
jufqu'à  la  charge  de  General  d'armée  ,  que  Philippe  Vifconti  Duc 
de  Milan  lui  donna ,  après  avoir  reconnu  fon  courage  8c  fa  condui- 
te. S'étant  fignalé  par  plufieurs  belles  aâions ,  ce  Duc  lui  fit  épou- 
fer  une  de  fes  parentes.  Se  l'honora  d'un  gouvernement  confidera^ 
ble.  Cette  élévation  lui  attira  l'envie  de  quelques  perfonnes  puif- 
fantes,  qui  le  mirent  mal  dans  l'efprit  de  Philippe  :  8c  il  fe  vit  obli- 
gé'de  chercher  un  lieu  de  fureté ,  dans  l'Etat  de  Venife ,  où  il  fut; 
très-bien  reçu.  Les  Vénitiens  l'ayant  fait  Général  de  leur  armée  con- 
tre le  Duc  de  Milan ,  il  gagna  contre  lui  plufieurs  batailles -.mais  ne 
voulant  pas  profiter  de  la  viûoire ,  il  prit  le  deffein  de  fe  réconcilier 
avec  ce  Duc.  Ce  qui  étant  venu  à  la  connoiffance  des  Vénitiens ,  ils 
le  firent  amener  à  Venilè,où  il  eut  la  tête  tranchée  en  1422.  *Pom- 
filTott.  Elûg.  de' Capitan.  SUT. 

GARMANIE ,  ou  Kirman  ,  grand  pais  de  Perfe ,  qui  a  la  Ce-' 
drofie  ou  Circan  au  Levant,  le  Farfie  au  Couchant,  leSableftanau 
Septentrion ,  8c  le  golfe  d'Ormus  Se  la  mer  des  Indes  au  Midi.  Il 
comprend  les  provinces  de  Guadel ,  Dulcinda ,  Se  Ormus.Clierman 
fur  le  fleuve  Baffirieneft  la  ville  capitale,  les  autres  font  Berfitj 
Benl,  Bermafit,Chabis,Tzireft,  Bander-Gamron , Ormus , Sec. 
Elle  eft  affez  fterile  vers  le  Septentrion  dans  l'endroit  où  étoit  laCar- 
manie  deièrte  ;  mais  vers  le  milieu  du  pais  il  y  a  des  vallons  fertiles 
Se  couverts  de  fruits,  de  fleurs.  Se  fur-tout  derofes.  On  en  tire 
encore  des  turquoifes,  delatutie,  8cc.  *  Arrian, /(.S.Pline,  Stra- 
bon ,  Pomponius  Mêla ,  Sanfon,  Sec. 

CARMEL  ,  montagne  de  la  Paleftine  dans  la  tribu  d'Iffachar ,  cé- 
lèbre par  la  demeure  du  Prophète  Ëlie ,  Se  par  les  merveilles  qu'il  y 
fit.  Elle  a  environ  treize  lieues  de  circuit.  Se  eft  couverte  de  di- 
vers arbres  toujours  verds ,  avec  grand  nombre  de  fources  d'e.iux , 
quelques  villages ,  8c  plulieurs  cavernes ,  qui  ont  été  en  tout  tems  la 
retraite  des  Solitaires.  Les  Religieux  Cirmes  ont  pris  leur  nom  de 
H  i  ee- 


éo  '    CAR. 

celui  de  ce  mont,  à  caufe  des  Prophète»  Elie  8c  Elifée,  qu'ils  confia 
derent  comme  leurs  premiers  Patriarches.  Le  mont  Carmel,  en- 
tre la  Galilée  Se  laSamarîe,  a  le  golfe  d'Acre  au  Septentrion:  les 
monts  de  Nazareth  gela  plaine  d'Eidrelon  au  Levant:  les  monta- 
gnes de  SamarieauMidi,  &  la  mer  au  Couchant.  Ce  pais  eft  oc- 
cupé par  les  Arabes ,  8c  les  Carmes  Déchauffés  y  fontauffi  établis. 
Les  Curieux  pourront  voir  rexcellente  Relation,  que  le  Chevalier 
Dervieux  nous  a  donnée  du  mont  Carmel.  *  III.  des  Rois,  c.i.Jo- 
fephe,  Ant.Jud.li.f.&c. 

CARMEL,  ou  Mont  Carmel,  montagne  de  la  Galilée ,  dans  la 
Paleftine,  à  douze  milles  de  Nazareth  vers  l'Occident,  fur  la  côte 
de  la  mer  Méditerranée,  lleftfëparé  des  autres  montagnes,  &  a 
trente  milles  de  circuit.  On  y  voit  plulieurs  collines  &  vallées  tou- 
jours vertes,  des  bois  de  haute  futaye,  des  bocages  êc  des  jardins, 
de  vives  fources ,  de  belles  fontaines ,  Se  quantité  de  vignes.  L'air  y 
ell:  très-bon ,  les  fruits  excellens ,  auffi  bien  que  le  vin  ;  8c  le  gibier 
s'y  trouve  en  abondance.  Pour  aller  à  l'herrhitage  des  Carmes ,  on 
monte  par  un  fintier  efcarpé  entre  les  roches ,  dont  les  degrez,  font 
taillez  au  cifeau.  Cethermitage  confifte  en  cinq  Cellules  creufées 
dans  le  roc  fur  le  penchant  du  cap  qui  regarde  le  Septentrion ,  l'Oc- 
cident, &  le  Midi:  d'où  on  voit  la  mer  en  toute  Ion  étendue  ,  les 
villes  de  Caiphas  Se  de  Saint  Jean  d'Acre,  8c  les  grandes  campagnes 
qui  font  aux  environs.  Une  de  ces  Cellules  fert  de  Chapelle,  une 
autre  fert  de  Refeâ:oire,où  il  y  a  trois  tables  de  pierre.avec  des  fiéges 
de  même,  pour  affeoir  huit  ou  dix  perfonnes:  deux  autres  tiennent 
lieu  de  Dortoir  :  8c  la  cinquième  eft  pour  loger  les  Pèlerins.  Devant 
la  porte  de  celle-ci ,  les  Religieux  ont  taillé  lur  la  roche  une  petite 
plate-forme  couverte  de  branches  d'arbres ,  où  ils  donnent  quel- 
quefois la  collation  aux  Voyageurs ,  qui  confifte  en  dattes ,  raiiins 
fecs,  figues,  8c  bifcuit,  avec  de  l'eau  d'une  citerne  taillée  auffidans 
le  roc,  car  on  n'y  boit  point  de  vin.  Verslepiéde  la  montagne  on 
Voit  la  grotte  d'Elie ,  qui  eft  fort  honorée ,  non  feulement  des  Chré- 
tiens 8c  des  Juifs ,  mais  auifi  des  Infidèles ,  des  Turcs ,  des  Maures, 
8c  des  Arabesjparce  que  la  Tradition  tient  que  le  Prophète  Elie  y  de- 
meuroit  ordinairement.EUeeft  gardée  par  un  Santon ,  ou  Religieux 
Mahometan ,  qui  a  la  phyfionomie  d'un  iàint  Anachorète ,  8c  qui 
paioit  confommé  d'aufteritez.  Tous  ceux  qui  vont  faire  leurs  priè- 
res dans  ce  lieu ,  donnent  quelque  aumône  à  ce  Santon ,  pour  avoir 
!a  liberté  d'y  entrer.  Plusfiaut,  on  voit  la  grotte  d'Elifee,difciple 
d'Elie,  8c  les  grottes  de  l'hermitage  dont  je  viens  de  parler.  Sur  le 
fommetde  la  montagne  eft  uneautre  grotte  d'Elie  ,  auprès  de  la- 
quelle il  y  a  plulieurs  reftes  d'un  Monaftere  ruiné,  qui  étoit  bâti  de 
grandes  pierres  de  taille ,  8c  avoit  plutôt  la  forme  d'une  fortereffe , 
que  d'une  maifon  Religieufe.il  y  pourroit  encore  loger  plus  de  qua- 
rante perfonnes  ;  8c  l'on  y  voit  quatre  ou  cinq  pauvres  familles  de 
Maures  qui  en  occupent  quelques  chambres.  Entre  ce  Monaftere  8c 
la  grotte  il  y  a  une  petite  Chapelle ,  que  le  Prophète  Agabus  Abbé 
du  Mont  Carmel  fit  bâtir  l'an  8  3.  en  l'honneur  de  la  Sainte  Vierge , 
dont  il  ne  refte  que  les  murs  des  deux  côtés ,  Se  l'autel  adollë  contre 
la  grotte.  Sur  le  penchant  d'une  vallée  ,  qui' regarde  l'Occident, 
on  trouve  les  ruines  d'un  autre  Monaftere  ,  q^'on  tient  avoir  été 
le  premier  qui  ait  été  bâti  en  Orient,  pour  yaflèmbler  les  Anacho- 
rètes du  Mont  Carmel.  11  y  a  encore  de  grands  édifices  tout  en- 
tiers ,  bâtis  de  pierres  de  taille ,  à  plufîeurs  étages ,  8c  une  belle  falle , 
qu'on  dit  avoir  fervi  d'Oratoire  ou  Chapelle.  Un  peu  plus  haut  eft 
la  fontaine  d'Elie ,  que  ce  Prophète  fit  fortir  de  terre  par  fes  prières. 
Il  y  avoit  autrefois  plufîeurs  villes  au  pié  de  cette  montagne ,  entre 
lelquelles  Strabon  nomme  celle  des  Sicamins,  des  Eouviers,  8c  des 
Crocodiles. Pline  en  ajoute  une ,  qu'il  appelle  Carmel ,  8c  Ecbatane. 
Suétone  rapporte  que  du  tems  deVefpafien,qui  regnoit  l'anSi.deJ  e- 
sus  Christ,  il  y  avoit  fur  le  Mont  Carmel  un  petit  temple  célèbre, 
Scque  cetEmpercur  y  alla  confulter  l'oracle  qu'on  y  adoroit,qui  l'af- 
•&ra  de  l'heureux  fuccès  de  tous  fes  deflêins.  On  ne  fait  fi  c'étoit 
quelque  refte  de  l'idolâtrie  de  Baal  ou  de  Beelzebub ,  qui  étoit  autre- 
fois adoré  en  la  ville  d'Acre ,  ou  une  Chapelle  du  vrai  Dieu  deffervie 
par  les-fuccelîèurs  d'Elie,fous  la  conduite  du  PropheteAgabus ,  dont 
je  viens  de  parler:lequel  peut-être  fut  confulté  par  cet  Empereur,fur 
l'événement  de  fes  entrepriiès.  La  ville  de  Caiphas  eft  au  bas  de  la 
montagne,  furlerivageduport  de  Saint  Jean  d'Acre:  gcAcre  eft 
vis-à-vis  de  l'autre  côté  du  port.  De  Caiphas  à  Acre ,  il  y  a  par  ter- 
re quatre  ou  cinq  lieues  de  chemin,en  faiiànt  le  tour  de  la  petite  anfè 
qui  forme  le  port.  En  l'année  1 25-9.  Saint  Louis  Roi  de  France , 
revenant  de  la  Terre  Sainte ,  pafla  par  le  Mont  Carmel,  8c  obtint  de 
l'Abbélix  Religieux  qu'il  amena  àParis,avec  leurs  habits  blancs  8c 
leurs  manteaux  chamarrés  de  bandes  par  en-bas.Mais  le  Pape  Hono- 
ré IV .  leur  fit  prendre  l'habit  minime ,  avec  le  manteau  blanc,  qu'ils 
portent  aujourd'hui.  ^Ttoubà^aiVoyagedelaTerreSamte.  SUF. 

CARMEL,  ou  NÔTRE  Dame  du  Mont  Carmel  ,  Ordre  mi- 
litaire,  qu'on  nomme  encore  de  Saint  Lazare,  a  été  rétabli  par  le 
Roi  Henri  le  Grand  en  1608.  Ce  grand  Prince  fouhaita  qu'il  ne 
fût  compofé  que  de  Franc  ois,  afin  de  le  diftinguer  de  celuide  Saint 
Lazare  de  Savoye  ,  qui  n'eft  que  pour  les  Italiens  8c  les  Savoi- 
£ens.  Il  fut  compofé  de  cent  Gentilshommes  du  Royaume  qui  dé- 
voient marcher  en  tems  de  guerre  près  de  nos  Monarques  pour 
la  garde  de  leurs  pei-fonnes  facrées.  Meffire  Philibert  de  Nereftang 
fut  choifi  pour  être  Grand- Maître  de  l'Ordre  ;  8c  il  en  fit  le  ferment 
entre  les  mains  du  Roi,à  Fontainebleau  en  là  préfence  des  Princes  8c 
des  Seigneurs  delà  Cour,jurant  fidélité  à  faMajeftè,8c  à  tous  fes  ftic- 
ceffeurs  Rois  de  France.  Le  Roi  lui  mit  enfuite  le  collier ,  qui  étoit 
un  ruban  tanné ,  auquel  pendoitoine  croix  d'or,  fur  laquelle  étoit. 
grivée  l'image  de  Nôtre  Dame  environnée  de  rayons  d'or.  Il  lui 
mit  enfuite  le  manteau  àla  croix  du  même  Ordre ,  que  le  Pape  Paul 
V.  approuva  ;  on  le  rétablit ,  comme  dit  la  Conftitution  ,  en  ce- 
lui de  Saint  Lazare  que  le  Pape  Innocent  VIII.  avoit  uni  à  celui 
de  Malte.- Louis /cG>-a»r/ a  encore  rétabli  cetOtdre.  *Sponde,  A. 
C.  j6o8.  «.-3  .Matthieu  Favin.  Cherchez  Saint  Laxare. 


CAR, 

CARMËNTA,  mère  d'Evandre.  Elle  partit  avec  fon  fils  d'Ar- 
cadie ,  8c  ils  vinrent  aborder  en  Italie ,  où  ils  furent  bien  reçus  de 
Faune  Roi  du  pais ,  foixanteansavantlaprifedeTroyeScvers  l'an 
a8io.du  Monde.  Elle  iut  ^uiWnommét  Nicoftrate,  Sa  Carmeate, 
parce  qu'elle  avoit  accoutumé  de  prédire  les  chofes  à  venir  en  vers , 
Carmen  en  Latin  lignifiant  uneFoéfie.  Les  Dames  Romaines  lui 
bâtirent  un  temple ,  8c  cèlebroient  en  fon  honneur  des  fêtes  nora.- 
mées  Carmentalei.  *Denys,  des  Aiit.  Rom.  Autelius  Y i£tor ,  Ors£, 
de  la  nation  Rom.  Plutarque  ,  dans  Romuliis  ,  ^c. 

CARMENTALES ,  tête  que  les  Romains  cèlebroient  l'onzième 
jour  de  Janvier ,  à  l'honneur  de  la  Déeffe  Carmenta ,  mère  d'Evan- 
dre ,  8c  Devinerelîe  fameufe ,  qui  fut  mifc  au  nombre  des  Divinités 
après  fa  mort.  On  cèlebroit  encore  une  fête  de  ce  même  nom  le 
I  f.  du  même  rnois.  Plutarque  rapporte  que  le  fujet  de  cette  fête  fut 
que  les  Dames  Romaines  ayant  pris  la  réfolution  de  ne  point  voir 
leurs  maris,qu'il  ne  leur  fût  permis  d'aller  en  caroffe  comme  aupara- 
vant, 8c  qu'on  n'eût  caffé  le  nouveau  décret  duSenat ,  qui  leur  avoit 
défendu  cette  commodité ,  on  fut  obligé  de  leur  laiffer  la  liberté  de 
s'en  fervir  à  l'ordinaire ,  ce  qui  les  appailà;  8c  étant  rentrées  en  bon- 
ne intelligence  avec  leurs  maris,eiles  virent  des  effets  d'une  fécondi- 
té extraordinaire ,  par  le  grand  nombre  d'enfans  qu'elles  eurent  : 
dont  voulant  remercier  la  Déeffe  Carmenta ,  elles  lui  firent  bâtir  um 
temple ,  pour  y  faire  des  làcrificés ,  8c  lui  offrir  leurs  préfens.*  Ovi* 
de ,  m  Faji.  Plutai-que  ,  in  ^éiftion.  Rom.  p.  j6.  SXJP. 

CARMES,  ou  Nôtre  Dame  ou  Mont  Carmel,  Ordre  Re- 
ligieux, qui  commença  dans  le  XII.  Siècle  en  Syrie,  où  plufîeurs 
Pèlerins  d'Occident  vivoient  en  divers  hermitages,  expolèz  àla 
violence  Se  aux  courfes  des  Barbares.  Aimeric ,  Légat  du  Saint  Siéra 
en  Orient  fous  Alexandre  III.  8c  Patriarche  d'Antioche,  les  réunit 
8c  les  mit  fur  leMont  Carmel,autrefois  laretraite  des  Prophètes  Elie 
ScElifeCj  dont  ils  fedifent  les  fucceffeurs.  Ils  tirent  leur  nom  de 
Garnies  de  celui  de  ce  mont  làcrè.  Albert  Patriarche  de  Jerulâlem  ji 
natif  du  Diocefe  d'Amiens,  8c  arriere-petit-neveu  de  Pierre  l'Her- 
mite,leur  donna  l'an  1 2o;-.des  régies ,  que  le  Pape  Honoré  III.  con- 
firma deux  ans  après.  Leur  premier  habit  étoit  blanc ,  Se  leur  man- 
teau chamarré  par  en  bas  de  plufîeurs  bandes,mais  comme  cette  ibr- 
te  de  vetemens  étoit  peu  conforme  à  leur  état ,  le  Pape  Honoré  IV. 
leur  commanda  de  le  changer  .Ils  ôterent  les  bandes.  Se  pour  ne  rieis 
perdre  de  leurs  couleurs ,  ils  prirent  l'habit  minime  fous  le  manteau 
blanc.  Le  Pape  InnocentI V  .mitigea  la  fèverité  des  règles  qu'on  leur 
avoit  donnéesjl'an  i  i45-.Ils  pafferent  en  Europe  vers  l'an  1238.  Ils 
ont  fept  provinces  en  France.  Cet  Ordre  a  beaucoup  fleuri  dans  l'E- 
glife,  à  laquelle  il  a  fourni  de  faintsEvêques,  d'excellens  Prédica- 
teurs, 8c  un  très-grand  nombre  de  dodtes  Ecrivains.  Je  parle  des 
plus  célèbres  dans  cet  Ouvrage.  *  Daniel  à  Virgine  Maria.  Vine* 
CarmelifeuHift.Ord.  Carm.  Joannes  Baptifta  de  Lezana.  Annd.  Ord, 
Carmel.  Amoul  Boftius  8c  Tritheme,<^e  Vir.  illuft.  Carm.  Lucius ,  in 
\BMioth.Carm.leV.Vh.\lïfYe,  Hift.Carm.M^ïCptXiiomt  Alegredç 
Caffanate,  in  Parad.CarmeUtano.SahéMc-ai ,  9.  Ennead.  f.  vers  l» 
/«.OnuphreSeGenebrard,  dans  faChron.  Tom.I.Bulldr.dms Hen., 
UI.Co»J(.8.Imoc.  IV.Con/l.  6.  dans  BonifVIlI.  g^c.  Baronius, -<€.  C 
iiS  i.  fur  la  fin. S'gonàe.  A.C.  izoj.  »,  13.  ii4j-.w«w.  2^.  lîSf.w, 
20.  ^c.  Cherchez  auffi  Albert  Patriarche  de  Jerufalem. 

CARMES  DECHAUSSEZ  ,  Congrégation  Religieufe  établie 
dans  le  XVI.  Siécle.Après  la  mitigation  des  règles  des  Carmes  faite 
par  le  Pape  Eugène  IV.  cet  Ordre  fut  reformé  par  Sainte  Thereiè, 
qui  en  étoit  Religieufe  dans  le  Couvent  d'Avila  enCaftille,  lieu  de 
lànaiffance,  8c  cette  Sainte  le  remit  dans  fa  première  aufterité.  El- 
le commença  par  les  filles;  puis  elle  entreprit  d'y  remettre  auffi  les 
hommes ,  étant  affiftée  de  deux  Religieux  Carmes.le  P.  Antoine  de 
Jésus  8c  le  P.  Jean  de  la  Croix  ;  8c  ils  eurent  un  Couvent  près  d'A-^ 
vila.  La  profeffion ,  que  ces  Religieux  font  d'aller  pieds  nuds ,  les 
a  fait  nommer  Carmes  Déchauffez.  Le  Pape  Pie  V.avoit  approuvé 
leur  deffein,  Grégoire  XIII.  confirma  leur  réforme  en  15-80.  & 
Clément  VIII.  fépara  laCongregation  d'Italie  de  celle  d'Efpagneea 
1 5'98 .  8c  leur  accorda  de  beaux  privilèges.  Ces  Religieux  vinrent  ea 
France, environ  l'an  i6oj-. 8c ilsy ont 44. 0u4f.C0uvens.Les Car- 
mélites y  étoient  déjà  depuis  deux  ans ,  par  les  foins  du  Cardinal  de 
Berule.  Cette  Réforme  des  Carmes  Déchauffez  eftdivifée  en  deux 
Congregations,dont  chacune  a  fon  Général  8c  fes  conftitutions  par- 
ticulières; fàvoir  la  Congrégation  d'Eipagne,qui  comprend  fix  pro- 
vinces ;  8c  la  Congrégation  d'I  talie ,  qui  comprend  tous  IcsCouvens 
établis  hors  des  Etats  du  Roi  d'Efpagne.  *  Jérôme  de  S.Jofeph,^/^. 
Reform.Ord.Carm.  Ifidore de  S.Jofeph ,  de  Carm.Difc.  Ildeltbnlède 
S.  Jofeph,  deCarmel.  Difeal.  Philippe  de  la  Sainte  Trinité,  Bift.Ord. 
Carmel.  T.II.Bull.Conji.  64.  Greg.XIU.T.  III.  Conjl.  %ç.  é^yt. 
Clem.  VIII.  Sponde,  A.  C.  15-68.».  29.  15-80.».  ai.  ij:^}.  ».  2/. 
&c. 
-  CARMIDES ,  que  quelques-uns  nomment  Charmadas,  8c  d'au- 
tres Cameadas ,  étoit  un  Grec  qui  avoit  une  mémoire  il  prodigieu- 
fe,  que  quelque  Livre  qu'on  lui  indiquât  de  ceux  qu'il  avoit  lus,  il 
le  rècitoit  par  cœur  avec  autant  de  facilité,  que  s'il  eût  eu  le  Livre 
ouvert  devant  lui.  *  Pline, /.  7,c.  24.  SUP. 

CARMINIUS ,  Hiftorien  Latin ,  qui  a  écrit  de  l'Italie ,  8c  qui  effl 
cité  par  Macrobe.  On  ne  lait  pas  en  quel  tems  il  a  vécu.  Volîius 
croit,qu'il  eft  le  même  que  Servius  allègue  fiir  le  cinquième  Se  fixié- 
me livre  de  l'Enéide;  gcqui  a  écrit  de  l'élocution.  *  Macrobe, 
SatumJi.f.c.Tç.  Voffius,  li.'^.de  Hifi.Lat.p.6oç). 

CARMONNE,  (Chriftophle)  Préfident  au  Parlement  de  Paris, 
s'éleva  par.fon  érudition  8c  par  là  probité  aux  plus  illuftres  cliarges 
de  la  robe.  Il  étoit  originaire  de  Bourbonnois;8c  commença  à  fc  fai- 
re connoître  dans  le  barreau  fous  le  règne  de  Louis  Xl.qui  l'honora 
d'une  charge  de  Confeiller  dans  le  premier  Parlement  duRoyaume. 
Charles  VllI.  le  pourvut  de  celle  de  fon  Procureur  Général  eii 
1489.  Depuis,  il  fut  Maître  des  Requêtes,  premier  Préfident  au 
Parlement  de  Bourgogne,  8c  enfin  Préfident  au  Mortier  dans  celui 

de 


CAR. 

de  Paris.  Louis  XII.  l'éleva  à  cette  dernière  charge  pour  le  récom- 
penler  des  ferviccs  qu'il  lui  avoit  rendus  en  diveries  occallons.  Il 
niourut  le  i  o.  Février  de  l'an  1J07.  *  Blanchai-d ,  Hiji.  des  PréfiU. 
au  Mort,  (i^  lies  Maîtres  des  Requèt. 

C  A  R  N  A ,  ou  Carnée  ,  certaine  Deeflèdes  anciens  Romains , 
qui  confervoit  les  parties  internes  de  l'homme.  Janius  Brutus  ayant 
chaffé  Tarquin  le  Hiiperbe  de  Rome ,  lui  fit  des  lacrificcs  fur  le  mont 
Ccelicn ,  le  premier  jour  du  quatrième  mois,  qui  fut  nommé  de  fon 
nom.moisde  )uin.  *Macrobe,//.  i.desSatur.c.  i.OyideMé. ô.Fajt. 

Prima  aies  tiii  Carna  datur,  Dea  cardinis  hucejl ,  &€. 
Les  Anciens  av oient  auiîi  des  fêtes  en  l'honneur  d' Apollon  Garaew 
ou  Carmen.  Ses  Prêtres  gouvernèrent  durant  trente-trois  #ns  le 
Royaume  des  Sicyoniens.après  la  mort  de  Leuxippe,vingt-fixiéme 
6c  dernier  Roi.  Archelaiis  fut  le  premier,  &:  Charideme  le  dernier , 
lequel  prit  la  fuite  ne  pouvant  plus  fournir  à  la  dépenfe  qu'il  falloit 
faire.  Afriquain  &  Eufebe ,  l'an  879.  ©■  889.  de  la  naijfance  d'Abra- 
ham. Le  même  parle  aufli  de  ces  jeux  Carniens  inftituez  en  la 
XXVI.  Olympiade  à  Sparte ,  pour  les  Joueurs  d'inftrumens. 

CARNEADE'S.  Philofophe  Académicien  ,  étoit  natif  de  Cy- 
renes  en  Libye.  Il  fut  fondateur  de  la  nouvelle  ou  troiiiéme  Acadé- 
mie, Se  fut  un  despluséloquensperfonnagesdefontems.  Il  ne 
s'adonna  pas  beaucoup  à  laPhylîque;  mais  il  cultiva  avec  un  foin 
particulier  la  Morale,  à  laquelle  il  s'attacha  fi  entièrement ,  qu'il 
régligeoit  toutes  les  autres  chofes.  Quand  il  étoit  à  table ,  il  ou- 
blioit  Ibuvent  de  manger;  de  forte  qu'il  falloit  que  Melifla  fa 
fervante  le  retirât  de  ce  profond  affoupiffement.  Il  fe  purgea 
le  cerveau  d'hcUebore  pour  écrire ,  félon  Aulu-Gelle ,  ou,  comme 
dit  Valere  Maxime,  pour  difputer  contre  Zenon.  Ayant  fu  qu'An- 
tipater  s'étoit  fait  donner  du  poifon ,  il  en  prit  aufîi  &  en  mourut , 
la  quatrième  année  de  la  CLXII.  Olympiade,  felen  Diogene  Laè'r- 
ce,  la  quatre  vingts  8c  cinq  de&nâge,  392.^. du  Monde,  62.^. 
deRoiiie,  &  119.  avant  l'Ere  Chrétienne.  11  y  avoit  eu  en  même 
tems  une  Eclipfe  de  Lune ,  comme  veut  Apoliodore,  rapportépar 
le  même  Diogene.Ciceron,  qui  parle  fouvent  de  Carneades,comme 
de  l'homme  du  monde  le  plus  éloquent ,  lui  donne  quatre  vingts  Se 
dix  ans  de  vie;  ce  qui  fait  qu'il  y  a  bien  de  la  peine  à  pouvoir  fixer 
Tannée  de  là  mort.  Ce  Philofophe  fut  envoyé  a  Rome  en  ambalTa- 
de ,  avec  Diogene  le  Stoïcien  8c  Critolaiis  Peripateticien,  fous  le  fc- 
cond  Confulat  de  P.  Cornélius  Scipio  Nailca  8c  de  M.Claudius  Mar- 
cellus ,  l'an  ^g^.  de  Rome.  Ils  étoient  venus  pour  la  ville  d'Athènes, 
qu'on  avoit  taxée  à  cinq  cens  talens,  parce  qu'elle  avoit  été  caufe  du 
pillage  de  la  ville  d'Oropejce  que  nous  apprenons  de  Paulânias,d' Au- 
lu-Gelle ,  8c  de  Ciceron.  Carneadès  étonna  li  fort  le  Sénat  Romain , 
par  la  force  de  fon  éloquence ,  que  Caton  le  Cenfeur  fiit  d'avis,  après 
l'avoir  oui,  qu'on  le  renvoyât  au  plutôt  ;  parce  qu'il  éblouïflbit 
tellement  les  çlprits  par  fon  difcours ,  qu'on  ne  pouvoit  plus  diftin- 
guer  le  vrai  d'à  vecle  faux,  après  qu'il  avoit  parlé.  Et  au  rapport 
d'Elien,  les  Sénateurs  fe  plaignirent  que  ce  Philofophe  venoit  leur 
faire  violence  jufques  dans  le  Sénat ,  par  la  force  de  fes  railbns.Cice- 
ron  ajoiite  qu'il  perfuadoit  tout  ce  qu'il  vouloit.  On  peut  dire  aufli 
que  jamais  perfonne  n'a  eu  plus  de  talent  pour  perfuader  que  Car- 
neadès ,  8c  la  profeffion  qu'il  fit  à  Rome  de  fuive  la  dodtrine  de  Pla- 
ton, augmenta  de  beaucoup  l'eftime  qu'on  en  avoit.Au  re{le,la  nou- 
velle Académie  dont  ce  Philofophe  eft  reconnu  Chef,  efl:  différente 
de  la  moyenne,en  ce  qu'Arcefilaiis,  Auteur  de  cette  derniere.ôtoit  le 
vrai  des  chofes  mêmes;  5c  Carneadès  avouoit  qu'il  y  avoit  du  vrai 
ou  du  faux  en  toutes  choies ,  mais  que  nous  manquions  d'un  fin  dif- 
cernemect ,  pour  féparer  l'un  de  l'autre.  Il  enfeignoit  de  même  que 
les  chofes  fenfibles  5c  matérielles  étoient  comme  des  ombres  de  la 
vérité.  Outre  cela,il  ne  nioit  pas  la  probabilité  ,  bien  qu'il  ne  vouliit 
pas  la  fui  vre.*  Diogene  LzëTce,dansfa  Vie,au  li.  4'.  Aulu  Celle,  /('.  1 7 . 
c.  I  f.  Valere  Maxime.  li.S.c.y.ex.ii.  Ciceron,//.4,i/w ^ue/i.Acad. 
li.  I.  de  l'Orat.  ç^c.  Pline,  /;'.  7.C.  io.'EXKn,li.i.Hili.'var.  c.  17, 
Plutarque,  contreColot.  Petau,  Exerc.  mêlées  c.  8.  Jonlius,  Hift. 
r&Z.  Voffius >  desSeSes desFhil.c.  ii^.^c. 

C  A  R  N  E'A  D  E'S ,  certain  Poète,  qui  failbit  des  Elégies ,  mais 
froides  5c  obfcures.  Suidas ,  qui  a  oublié  de  parler  de  ce  Poète ,  fait 
mention  d'un  troifiéme  Philolbphe  difciple  d'Anaxagoras.  VofTius, 
Je  Foëiis  Gr£cis.  Joan.  Meurlii  B16I.  Grsca. 

CAR  NE  AU,  (Etienne)  Religieux  Céleftin  ,  étoit  natif  de 
Chartres ,  8c  avoit  fait  l'exercice  d'Avocat  au  Parlement  de  Paris , 
avant  que  de  prendre  l'habit  de  cet  Ordre.  Il  s'eft  aquis  beaucoup 
de  réputation  par  les  Ouvrages  qu'il  a  donnez  au  pubUc ,  8c  particu- 
îierementpar  lés  PoëfiesFrançoifes  Se  Latines.  On  remarque  que 
Meffieurs  de  l'AcadémieFrançoife  ayant  fait  faire  la  leârure  de  quel- 
ques-unes des  fes  Poëfies,dans  une  de  leurs  Aflèmblées,  un  des  prin- 
cipaux delà  Compagnie  dit,que  le  P.Carneau  étoit  un  de  ceux,j5a(- 
ius  dédit  ore  rotundo  Mufa  loqui  :  8c  cet  éloge  fut  approuvé  de  tous  les 
afliftans.  Il  mourut  l'an  167 1.  après  avoir  compofé  lui-même  fon 
épitaphe  en  François  8c  en  Latin ,  où  il  s'eft  peint  en  ces  termes  : 

Cy  gît  qui  s'ocupant  8c  de  Vers  8c  de  Profe , 
A  pu  quelque  renom  dans  le  monde  acquérir  : 
11  aimales  beaux  arts ,  mais  fur  toute autft  chofe 
Il  médita  le  plus  celui  de  bien  mourir. 
-^uijtHet  hk,  multum  fcripfit  frosâque  metrôque} 

Atque  latens  fparfit  nomen  in  orbe  fuum. 
Traclaras  artes  coluit ,  fed  firmius  unam, 
lUam  pr£cipuè  qui.  bene  obire  docet. 
*  Hiftoire  des  Céleftins ,  MS.  in  Biblioth.  Tarif.  SXTP. 
C  A  R  N  E'E.     Cherchez  Carna. 

_  C  A  R  N I  E  N ,  furnom  qui  fut  donné  à  Apollon,  à  caufe  du  De- 
vin Carnus  qu'un  certain  Aies  tua.  C'eft  d'où  vint  l'origine  des  fê- 
tes Carniennes ,  que  les  Anciens  célebroiént  à  l'honneur  de  ce  Dieu 
8c  pour  ex-pier  le  meurtre  de  Carnus.  Eufebe ,  fur  l'an  879.  ej>  S89. 
Jelanaijfance  d'Abruham.  Le  même  Eufebe  parie  aufli  des  jeux 
Tom.  II.  -  ^ 


CAR*  et 

Carniens  inftitués  à  Sparte  la  XXVI. Olympiade  pour  les  Muficiens 
8c  Joueurs  d'inftrumens ,  Se  dit  que  Terpandre  tut  le  premier  qui  y 
remporta  le  prix.  iC/P.  [Ces  citations  font  toutes  faufll-s.  zLebe 
ne  dit  rien  du  tout  fur  l'an  879  ;  81  fur  l'an  SS9.  il  dit  que  les  Sacrifi- 
cateurs d'Apollon  Carnien ,  gouvernèrent  Sicyone ,  pendant  quel- 
^  que  temps.'  Il  ne  dit  rien  fur  la  XX  vl.  Olympiade:  Mais  lur  la 
I  XXXIlI.  il  remarque  que  Terpandre  etoit  alors  fameux.  Ccu.x 
qui  voudront  être  mieux  informez  du  furnom  d'Apollon.dont  il  eft 
parlé  ici ,  n'ont  qu'à  lire  Greg.  GiraUli ,  de  Hift.  Deorum  Synt  VIL 
p.  234,. Ed.  Ba/ileenfïs.'] 

CARNIOLË,  province  d'Allemagne,  avec  titre  de  Duché  ,  à 
la  maifon  d'Autriche.  C'eft  une  pai-t;e  de  l'ancienne  Carnie  ou  païs 
des  Carniens,  qui  comprend  aulii  le  Frioul.  On  la  divife  ordinaire- 
ment  en  haute  Carniole ,  qu'on  appelle  fechc.où  eft  Czirnicz ,  8c  en 
baflè  qui  eft  aux  envahis  de  la  rivière  de  Save.  Les  AUemans  nom- 
ment ce  pais  Kraim.  Sa  capitale  eft  Laubach ,  avec  Evêché.  Il  a 
aufli  Kraimbourg ,  Cillei  Comté ,  Menfpurg ,  le  Marquifat  de  Vin- 
des ,  8cc.  Les  habitans  Ibnt  partie  Efclavons ,  Se  partie  AUemans  :  le 
pais  eft  entre  l'Iftrie,  le  Frioul,  8c  la  Carinthie.  *  Clu*-ier,  Ital. 
ann. li.  i.^li.^,  Jntr.  Geogr.  Ortelius ,  5cc. 

C  A  R  O ,  (Anne)  Demoifelle  Elpagnole ,  native  de  Seville ,  a 
compofé  des  Comédies  ti'ès-ingenieufes ,  qui  lui  ont  fait  mériter 
d'avoir  place  dans  la  Bibliothèque  des  Auteurs  Efpagnols,que  Nico- 
las Antonio  a  publiée  depui?  l'an  1672. 

C  A  R  O ,  (Annibal  le)  Commandeur  de  l'Ordre  de  Malte ,  ex- 
cellent Poète  8c  Orateur ,  vivoit  dans  le  XVI.  Siècle.  Il  étoit  Italien , 
natif  de  Citta-nova  en  lftrie,£c  ayant  quitté  fon  pais.il  vint  à  Rome, 
où  il  fut  Secrétaire  de  quelques  Evêques ,  8c  comme  fon  mérite  fai- 
foit  du  bruit ,  il  eut  le  même  emploi  premièrement  auprès  du  Duc 
de  Parme ,  enfuite  auprès  du  Cardinal  Farnefe.  Ce  fut  en  ce  tems 
qu'il  fut  reçu  dans  l'Ordre  de  Malte,  8c  qu'il  s'aquit  tant  dé  répu- 
tation par  lés  Ouvrages,qui  font  une  traduâion  de  l'Enéide  de  Vir-- 
gile  en  vers  Italiens,  diveries  Poéfies ,  des  Difcours  d'éloquences 
quelques  Traductions  de  deux  Oraifons  de  Saint  Grégoire  deNa- 
zianze,  d'un  Sermon  de  S.  Cyprien,  des  Lettres,une  Comédie  inti- 
tulée Gli  Stracciom,Sx.  une  Chanfon  à  la  louange  de  la  Royale  Maifon 
de  France.Il  l'avoit  compofée  par  ordre  du  Cardinal  Farnefe,8cCaf- 
telvetro  s'avifa  d'en  faire  une  critique;mais  diverfes  Académies  d'I- 
talie, 8c  entre  autres  celle  de  Banchi  de  Rome  publièrent  une  Apolo- 
gie POUF  Annibal  Caro.  Le  Caro  mourut  l'an  15-66.  à  Rome ,  8c; 
il  fut  enterré  dans  l'Eglife  de  S.  Laurens  in  Damajco,où  l'on  voit  fon 
tombeau.  *  Lorenzo  CralTo ,  Ebg.d'Huom.Letter.  éfc. 

CARO,  (Rodriguez)  Efpagnol ,  Grand  Vicaire  de  Dom  Gaf- 
pardeBorgia,  Cardinal,  Archevêque  de  Seville ,  a  vécu  en  1625-. 
8c  30.  Il  étoit  d'Utrera  dans  le  DiocefedeSeville.il  a  fait  imprimer 
ce  que  nous  avons  de  la  Chronique  de  Flavius  Dexter ,  avec  celle  de 
Maxime  de  Braulion ,  8cc.  Amiguidades  de  Sevilla.  Relacion  de  lai 
Infcriptiones  d'Utrera ,  é^c.  *  Nicolas  Antonio ,  Bihl.Hijp. 

CAROBERT,  ou  Charles  Robert,  que  les Hon-i^ 
grois  nomment  fimplement  Charles  II.  de  ce  nom  Roi  de  Hongrie, 
etoit  fils  de  Charles  I.furnomméMarrt/,  fils  de  Charles  dit /e  Boi" 
ïe«A;RoideNaples8cdeSicile,  Comte  de  Provence,  Sec  Martel 
hérita  de  la  Hongrie ,  à  caufe  de  Marie  fa  mère ,  fille  du  Roi  Etienne 
V.  fœur  8c  héritière  de  Ladiflas  IV .  tous  deux  Rois  de  Hongrie.  Ce 
Prince  mourut  avant  Charles  le  Boiteux  fon  père.  Se  laifla  le  fils  dont 
nous  parlons.  Robert  frère  de  ce  Charles  A/«r?e/ émut  une  grande 
difpute  pour  ce  fujet ,  favoir  lequel  étoit  préférable  à  la  fuccelîîon , 
ou  le  fils  de  l'aîné ,  ou  l'oncle  ;  8c  fi  le  fils  repréièntoit  le  père  pouf 
fuccéder  à  fon  ayeul.  Les  plus  célèbres  Jurifconfultes  de  ce  tems- 
là ,  8c  le  Pape  Boniface  VIII.  furent  pour  Carobert.  Ce  dernier 
l'admit  à  l'hommage  ,  8c  l'inveftit  l'an  1299.  bien  qu'il  ne  fût  enco- 
re qu'un  enfant.  Les  Hongrois ,  qui  avoient  élu  André  dit  le  Ve- 
»<V;ra  pour  leur  Roi ,  après  la  mort  d'Etienne ,  ne  voulurent  pas  le 
reconnoître.  II  fe  mit  pourtant  fur  le  throne  par  force ,  Se  futcou- 
ronnépar  le  Légat  du  Pape  ClementV.puis  il  gagna  une  célèbre  vic- 
toire en  1 3 1 2  .fur  Matthieu  Palatin  de  Thrichinie,Chef  des  rebelles, 
8c  depuis  lès  Sujets  lui  furent  très-foumis.  Aufli  là  domination  fut 
fi  douce,  qu'ils  avouèrent  qu'ils  n'avoient  jamais  eu  un  Prince  plus 
débonnaire  en  temps  de  paix,8e  plus  courageux  en  tems  de  guerre.Il 
joignit  à  fes  Etats  la  Dalmatie ,  Croatie ,  Servie ,  Lodomerie ,  Ruf- 
fie ,  Comanie ,  Bulgarie ,  8c  la  Bolhie.  Il  mourut  à  Belgrade  le  16. 
Juillet  de  l'an  1342.  âgé  de  plus  de  yo .  Se  fut  enterré  à  Albe  Royale , 
dans  le  tombeau  des  Rois  de  Hongrie.  Carobert  époulà  en  premiè- 
res noces  Marie  de  Pologne ,  fille  dcCalimir  Duc  de  Cujavie ,  Se  eN 
le  mourut  fans  enfans  à  Temifwar,  le  1 3 .  Décembre  de  l'an  1 3 1 f  II 
prit  en  1 3 1 8.  une  féconde  aUiance  avec  Beatrix  de  Lutsembourg  fil- 
le aînée  de  l'Empereur  Henri  VIL  8c  de  Marguerite  de  Brabant,  Se 
elle  mourut  fur  la  fin  de  la  même  année.  Il  fe  remaria  en  1320,  avec 
Elizabeth  de  Pologne ,  fœur  de  Cafimir  Ill.dit  le  Grand,&î.  de  Ladif- 
las III.  dit  Lojlic  Rois  de  Pologne  ,  8c  il  en  eut  Charles  8c  Ladiflas 
mortsjeunes;  Louis  Roi  de  Hongrie;  André  Roi  de  NaplcsScde 
Sicile  ;  Se  Etienne  Duc  d'Efclavonie.  *  Bonfinius ,  //.  9.  Dec.  î^ 
Thurofîus,  c.  90.  Chronique  de  Hongrie,  P. //.f.  99.  Crommer, 
Summonte,  Sec.  ' 

CAROLINS;  nom  d'un  Ouvrage  que  l'on  fit  en  790.  pour 
réfuter  plulieurs  propofitions  tirées  des  A&es  du  IL  Concile  de  Ni- 
cée ,  Se  qu'on  appella  Livres  Carolins ,  parce  que  Charlemagne  avoit 
permis  que  l'on  y  travaillât.  Cet  Ouvrage  contient  quatre  Livres  ; 
où  ceux  qui  l'ont  fait  propofent  fix-vingts  chefs  d'accufation  contre 
ce  Concile ,  en  des  termes  li  injurieux  Se  fi  atroces,  qu'il  paroit  al- 
lez par  cdafeul,  que  les  Auteurs  de  ce  Livre  n'avoient  nullement 
l'efprit  de  ce  Prince,  qui  n'eût  pas  écrit  de  cette  manière.  Hinc- 
mar  Archevêque  de  Rheims  témoigne  l'avoir  lu  dans  le  palais ,  lors 
qu'il  étoit  jeune  à  la  Cour  :  Se  il  étoit  demeuré  dans  l'obfcurité  juf- 
ques à  l'an  1 5-49 .qu'un  Luthérien  l'ayant  trouvé  dans  un  ancien  ma- 
nufcrit ,  le  lait  en  lumière  avec  une  préface  de  fa  façon  ;  fous  le  nonj 
H  3  '  emprun 


(ji  '       CAR. 

emprunté  d'Eli  Phili ,  d  jns  laquelle  il  fe  déchaîne  contre  le  culte  de? 
images.  On  ne  peut  néanmoms  nier  que  ce  Livre  ne  foit  le  vérita- 
ble Ouvrage  qu'on  attribue  à  l'Empereur  Charlemagne ,  comme  il 
paroitparlesRéponfesquelePape  Adrien  a  faites  aux  objeâions 
qu'il  contient.  11  faut  remarquer  que  ces  Livres  Carolins  furent 
compofez,  quatre  ans  avant  le  Concile  de  FrancfortiSc  que  laPréface 
d'Eli  Phili ,  qui  produit  le  Canon  de  Francfort,n'a  été  faite  qu'envi- 
ron fept  cens  ans  après  Hincmar  vers  Tannée  15-49.  Puis  qu'on  y 
parle  du  fameux  Dofteur  Ekius ,  qui  étoit  mort  un  peu  auparavant. 
Les  Pères  duConcile  de  Francfort  alFcmblés  en  794.jugerent,  com- 
me Charlemagne ,  qu'il  étoit  à  propos  d'fenvoyer  au  Pape  unCapi- 
tulaire,  contenant  les  principales  objeftions  des  Livres  Carolins. 
L'Empereur  envoya  ce  Capitulaire  au  Pape  Adrien  par  Angilbert 
Abbé  de  Saint  Richer.  Ce  Pontife  y  fit  une  longue  reponfe  en  ré- 
futant les  quatre-vingts  articles  extraits  de»  Livres  Carolins  ,  & 
en  établiflànt  la  véritable  créance  de  l'Eglife  Catholique.  *  Maim- 
bourg ,  Hi/ioire  des  Iconodajtes.  àUP. 

CAROLSTAD,  ou  Carlowits  ,  Carolojladium ,  ville  d'AUe- 
lemagne,  fur  les  frontières  de  l'Aiitriche  8c  de  la  Croatie.  Elle  eft 
fituéffur  le  confluant  de  Kulp  &  du  Merefwitz.  Charles  Archiduc 
d'Autriche  la  fit  bâtir  pour  l'oppofer  aux  Turcs  :  aufli  eft-elle  un 
des  boulevârs  de  l'Empire  du  côté  de  la  Croatie. 

CAROLSTADT ,  ville  de  Suéde ,  dans  cette  partie  de  la  Gothie 
dite  VermeUnil.  Charles  IX.Roi  de  Suéde  lui  avoit  donné  fon  nom , 
8c  les  Danois  la  ruinèrent  prefque  entièrement  en  1644. 

CAROLSTADT  ,  ou  André  Bodenftein.  Cherchez,  Boden- 
ftein. 

CAROSUS,  Abbé,  partifan  d'Eutychès  dans  le  V. Siècle.  Il 
fut  condamné  l'an  45- 1.  dans  le  Concile  de  Chalcedoine.  Ilfe  joi- 
gnit à  Dorothée;  Se  ils  foutinrent  tous  deux ,  que  l'Empereur  Mar- 
cien  avoit  ordonné  qu'il  fefît  en  fa  préfence  une  conférence  entre 
les  Evêques  &  les  Moines,afin  de  terminer  les  queftions  controver- 
fées.Le  Prêtre  Alexandre  rapporta  au  Concile  que  lePrince  avoit  ré- 
pondu ,  que  s'il  eût  voulu  connoître  de  ce  diftérent ,  il  n'auroit  pas 
donné  la  peine  aux  Evêques  de  s'aflèmbler.  *  Conc.Chd.SeJJ'.j. 

CAROUAGIUS  ,  (Bernardin)  étoit  un  jeune  homme  malfait 
de  corps ,  niais  qui  avoit  un  efprit  au-delTus  du  commun,comme  il 
le  fit  paroître,  lors  qu'apprenant  à  Pavie  le  métier  d'Horloger,pour 
complaire  au  dofte  Alciat,il  fit  une  horloge  où  l'on  remarquoit  des 
chofes  tout  extraordinaires  ;  car  non  feulement  on  y  trouvoit  les 
heures  que  l'on  fouhaitoit ,  mais  cette  machine  étoit  tellement  dif- 
pofée,  que  le  marteau  frapantcontre  la  cloche  faifoit  fortir  d'une 
pierre  qu'il  touchoit  une  étincelle  de  feu  ;  lacjuelle  venant  à  tomber 
iurdufoufremettoitlefeuàunemeche,  qui  enfuite  allumoitune 
lampe;  en  forte  que  par  le  moyen  de  cette  feule  horloge  un  hom- 
me pendant  la  nuit  favoit  l'heure  qu'il  étoit ,  &  avoit  en  même 
tems  de  la  lumière.  *  Bernard.  Sav.//^.  8.  ïïW».  Htft.  SUP. 

CARPACCIO,  (Vittore)  Peintre,  vivoit  fur  la  fin  duXV.  Siè- 
cle, en  1490,  Scpj-.IlétoitdeVenife,  où  il  fut  employé  dans  les 
plus  grands  dcflcins ,  8c  il  laiflà  plufieurs  tableaux  de  là  façon.Voyez 
fa  Vie  entre  celles  des  Peintres  de  l'Etat  de  Venife ,  du  Chevalier  Ri- 
dolfi,  T.I.p.iy. 

CARPATHIE  ,  aujourd'hui  Scarpanto  ,  ifle  de  l'ATchipei , 
quiadonnéfonnomàlamerC»>-;'^f^;e»Me  dite  aujourd'hui  mer  de 
Scarpanto  entre  les  ifles  de  Rhodes  Se  de  Candie  ;  c'eft  le  Carpathus 
des  Anciens.  Elle  a  encore  plufieurs  antiquitez ,  8c  on  y  voit  les 
ruines  de  di  verfes  villes.  Les  Turcs  y  envoycnt  un  Cadi ,  qui  y  rend 
lajuftice;  8c  les  habitans  font  Chrétiens  Grecs.  Le  coral  de  l'ifle 
de  Scarpanto  eft  encore  renommé.  Philon  Evêque  ordonné  par  S. 
Epiphane  rend  encore  célèbre  le  nom  de  cette  ifle.  *  Pline,  li.^.ch. 
I i.Daviti ,  T.II. p.  5-4.  5-5-. ^c. 

CARPENTERIE,ouCARPENTERLAND,eft  le  nom  d'un  grand 
8c  vafte  pais ,  dans  les  Terres  Auftrales  ,  nouvellement  découvert 
par  CarpentierHollandois  qui  lui  adonné  fon  nom.  Nous  n'en  fa- 
vons  rien  de  plus  particulier. 

CARPENTRAS,  furlaRufîè,  ville  de  Provence,  capitale  du 
Comté  Venaifl^m ,  au  S.  Siège ,  avec  Evêché  fuffragant  d'Avignon. 
C'ell  la  CarpintoraBe  Meminorum ,  dont  parle  Pline.  Elle  s'eft  élevée 
liir  les  ruines  de  VenafquejVindaufea  ou  Vendaufca,  ce  qu'on  connoit 
par  les  Lettres  de  Pétrarque  à  Gui  Archevêque  de  Gènes.  L'Evêché, 
qui  étoit  autrefois  fuffragant  devienne  ,  Tcft  aujourd'hui  d'Avi- 
gnon.Le  plus  ancien  Prélat ,  dont  nous  ayons  connoifîànce ,  eft  Ju- 
lien qui  foufcrivit  au  Concile  d'Epaune,  l'an 5- 17. 8c au IV. d'Arles 
de  ran5-24.  SaintSiffreteft  undefes  fucceffeurs  :  il  en  a  eu  d'autres 
illuflxcs ,  Jean  Camplon ,  Frédéric  de  Saluces ,  Julien  de  la  Ruvere, 
qui  fut  depuis  Pape  fous  le  nom  dejule  II.  les  Cardinaux  Louis  de 
Flifco,  Jaques  Sadolet,  8c  Alexandre  Bichi.  Carpentras  eft  une  vil- 
le agréable ,  fituée  dans  un  pais  fertile ,  8c  entourée  de  belles  murail- 
les. Ilyalefiege  de  la  Jufticedu  Comté  Venaiflîn.  L'Eglife  Ca- 
thédrale eft  aflèz  belle ,  elle  a  au  devant  une  grande  place,8c  à  côté  le 
palais  Epifcopal  bâti  à  la  moderne.  On  en  trouve  d'autres  en  cette 
ville,où  d  y  a  garnifon,avec  plufieurs  maifonsReligieufcs  8c  un  Col- 
lège de  Jefùïtes.  *  Pline ,  //.  3 .  c.  4.  Sainte  Marthe ,  Gall.  Chrift.^c, 


CAR. 


Concile  de  Carpentras. 


Il  fut  tenu,  félon  le  calcul  du  P.Sirmond,  le  6.  Novembre  de 
l'an  5-27.  fous  le  Pontificat  du  Pape  Félix  IV.  Scie  Confulat  de  Ma- 
vortius;  bien  que  Baronius  ne  le  mette  qu'en  l'an  j-zp.  S.Celàire 
d'Arles  y  préiîda ,  8c  il  y  fut  ordonné  que  l'Evêque ,  qui  auroit  du  re- 
venu fuffifant  pour  fon  entretien ,  ne  prendroit  rien  lùr  les  Paroiffes 
de  fon  Diocefe;  8c  que  s'il  ne  fe  pouvoit  paflèr  de  cette  contribution, 
on  en  réferveroit  ce  qui  feroit  néceffaire  pour  la  fubfîftance  des  Prê- 
tres qui  le  fervoient  ;  8c  le  refte  feroit  pour  lui.  Il  y  a  encore  une 
Lettre  de  ce  Concile  à  Agrsecius  Evêque  d'Antibe ,  lequel  y  fut  fiif- 
pendu  pour  un  an  de  la  célébration  de  la  Meflê ,  parce  qu'il  avoit  or- 


donné un  Prêtre  contre  les  Canons;  Se  qu'il  n'étoit  ni  venu ,  ni  n'a- 
voit  envoyé  à  l'alTemblée.  *T^m.  IV.  Conc.  Baronius ,  A.C.  5-29. 

CARPI ,  ville  d'Italie  dans  le  Modenois ,  avec  Evêché  fuft'ragant 
de  Bologne  7  8c  avec  titre  de  Principauté.  Elle  eft  fituée  fur  un  ca- 
nal de  Sechia,environ  à  dix  ou  douze  milles  de  Modene ,  Se  à  quatre 
oucinqdeRegio.  C'eft  une  ville  forte ,  avec  un  château,  debon^ 
nés  murailles,8c  des  follèz  remplis  d'eau. CettePrincipauté  a  été  pof- 
fédée  depuis  l'an  1319.  jufqu'environ  l'an  ifj'o.  par  la  famille  de 
Pio,  dont  je  parle  ailleurs. 
CARPIO.  Cherchez  Vega. 

CARPOCRAS,  ou  Carpocrates,  Hérefiarque  ,  natif  d'Aie- 
xandi^E,  8c  difciple  de  Simon  le  Magicien  dans  lel.  Siècle.  Ilen- 
feignoitquelefilsdeDieu  n'étoit  qu'un  pur  homme  fils  de  Jofeph; 
8c  que  fon  ame  n'avoit  rien  au  deiTus  des  autres  linon  qu'elle  avoit 
reçu  plus  de  vertus ,  8c  plus  de  force  du  Dieu  qu'ils  imaginoient,lors 
qu'elle  étoit  avec  lui ,  8c  avant  que  d'être  intufe  dans  Ion  corps  ;gc 
que  cette  communication  plus  abondante  lui  avoit  été  faite  pour 
vaincre  les  Démons,  qui  avoient  créé  le  Monde.  Il  rejettoit  l'ancien 
Teftament,nioitlarefurreâion des  morts,  feperfuadoit  qu'iln'ya 
aucun  mal  dans  la  nature ,  mais  qu'il  n'eft  tel  que  dans  l'opinion  ;  Sc 
ajoûtoit  plufieurs  autres  impiétez.  Il  eut  un  fils  nommé  Épiphane , 
qui  fut  l'héritier  de  fes  crimes.  Cerinthe  fut  fon  difciple,8t  les  Gnop- 
tiques ,  8c  les  Adamites  font  encore  des  feâateurs  de  fes  rêveries  : 
ce  qui  fait  afîèz  connoître  combien  elles  doivent  être  abominables. 
*  Saint  Irenée ,  ti.  i . c,  24.  S.  Epiphane ,  her.  27 .  Tertullien ,  depr^fc^ 
c.  48 .  Clément  Alexandrin ,  U.  3 .  des  Tapiff.  Baronius  ,A.C.  3  j-.  6a. 

e^  120. 

[CARPUS  Martyr  dePergame,qui  fouffirit  fous  lesAntonins. 
Onavoitles  Aâesdefapafllondutems  d'Eufeie,  comme  il  le  té- 
moigne dans  Ion  Bi/l.  Ecclef.  Lib.iv.c.  1/.] 

CARPUS,  Mathématicien,  vivoit  dans  le  V.  Siècle.  Il  a  écrit 
quelqueOuvrage  d'Aftronomie  cité  par  Proclus  fur  le  premier  Livre 
d'Euclide.  *  Voflius ,  des  Math.  c.  48.  §.  j.^  c.  62.  §,  8.  Joan.  Meur- 
fii  Bibl.  Grsca. 

CARRANZA  ,  (Alfonfe)  Avocat  ,  vivoit  vers  l'an  1630.  II 
a  écrit  divers  Ouvrages .  De  partu  naturaii  é'  kg'timo.  Diatriéafnpet- 
DoSrina  Temporum  DionyfiiPetavii.  ^c.  *  Nicolas  Antonio ,  SM. 
Hifp. 

CARRANZA ,  (Barthélemi)  dit  aufli  de  Miranda ,  qui  étoit  le 
lieu  de  fa  naiflànce,dans  le  Royaume  de  Navarre ,  a  été  Religieux  de 
l'Ordre  de  Saint  Dominique  8c  Archevêque  de  Tolède.  Il  entra  par- 
mi les  Dominicains,  dans  la  Caftille,  8c  y  enfeigna  la  Théologie 
avec  tant  de  fuccès ,  qu'on  le  choifît  pour  fe  trouver  au  Concile 
de  Trente,  où  il  prononça  le  i .  Dimanche  de  Carême  de  l'an  ifftî. 
cette  Oraifon  que  nous  avons  encore.  Avant  ce  tems-là  en  I5"f4. 
Philippe  II.  Roi  d'Efpagne  ayant  époufé  Marie  Reine  d'Angleterre, 
avoit  mené  avec  lui  le  P.  Barthélemi  Carranza ,  qui  y  travailla  à 
rétablir  la  Religion  Catholique  ;  8c  la  Reine  le  choiiit  pour  fou 
Confeflèur.  Philippe ,  qui  fe  connoiflbit  aflèz  en  gens ,  le  nom- 
ma Archevêque  de  Tolède  en  i^ST-  L'Empereur  Charles  V.  qui 
étoit  dans  fa  retraite  de  Saint  Juft ,  parut  lâtisfait  de  cette  élec- 
tion. Il  avoit  une  eftime  fi  particuhere  pour  Carranza,  qu'il  le 
voulut  avoir  auprès  de  lui  dans  les  derniers  momens  de  fa  vie,  . 
l'ayant  choifi  pour  un  des  diredleurs  de  fa  confcience.  Peu  de 
tems  après ,  ce  Prélat  fe  vit  expofé  à  la  perfécution  de  quelques 
Inquifîteurs  fes  ennemis ,  qui  le  pouflèrent  de  la  manière  du  mon- 
de la  plus  violente.  Car  non  contens  de  l'avoir  arradié  de  deifus  foiï 
iiége  Epifcopal,8c  de  l'avoir  traîné  ignominieufement  dans  une  pri- 
fon ,  ils  l'âccuferent  encore  d'héreiîe ,  8c  d'avoir  perfuadé  lès,  er- 
reurs à  l'Empereur,  dans  les  derniers  jours  de  fa  vie.  Il  fut  obligé 
d'en  appeller  au  Pape,  8c  on  le  conduifit  en  1 5-67 .  à  Rome,où  il  feuf- 
frit  beaucoup  fous  le  Pontificat  de  Pie  V.  8c  de  Grégoire  XIII.  C'eft: 
fous  ce  dernier  Pape  qu'en  1 5-7  6  .il  fut  obligé  de  faire  une  abjuration 
publique  des  erreurs  dont  on  l'acculbit.  Enfuite  on  le  remit  aux 
Religieux  de  fon  Ordre  du  Monaftere  de  la  Minerve,  où  il  mourut  le 
2.  jour  de  Mai  de  la  même  année  i^j6.  Et  il  fut  enterré  dans  l'E- 
glife de  ce  Monaftere,  où  l'on  mit  cette  épitaphe,qui  contient  ua 
Abrégé  très-fmcere  de  fa  vie; 

BartholomAO  Carranz.a,  Navarre,  Dominicano, 
ArchiepifcopD  Toletano ,  Hijpaniarum  Primati , 
Viro  génère ,  iiitâ ,  doclrina ,  concione ,  atque 
ehemofynis  claro, 
Magnis  munerihus  à  Carolo  V. 
'   Et  Phitippo  Rege  Cathol.  fibi  commijjts 
Egregiè  funéio , 
/initno  in  profperis  modeflo,  in  adverjis  iCjti», 
Obiit  anno  M.  D.  LXXFl.  die  fecundâ  Mail. 
Athanafio  ^  Antonim  facrà. 

JEtatis  Jus.  LXXII. 
Plufieurs  grands  hommes  duXVI.Siécle  ont  parlé  avantageufement 
de  Carranza.  De  Thou  en  fait  mention  dans  Ion  Hiftoire,au  fujet  de 
l'Inquifition.  C'eft  fur  l'an  1  j;6o.L'Efpagne  même,  àk-iL  ne  fut  pas 
exempte  de  ce  mal,c^Bartbélemi  Carranza  Archevêque  de  Tolède  fut 
pris  ^  menéprifinnier  pour  ce  fujet ,  (^  fes  biens  furent  confifquez.  fe  le 
vis  long-tems  après  k  Komesperfonnage  au  refte  digne  de  cette  charge ,  par 
fon  érudition ,  par  fa  probité,  (^  par  fes  bonnes  mœurs.  Martin  Alpil- 
cueta,  connu  fous  le  nom  de  Navarus,  pafîà ,  comme  je  le  dis  ail- 
leurs ,  à  l'âge  de  80.  ans  à  Rome  pour  y  défendre  ce  Prélat ,  qui  étoit 
fon  ami.  Tous  admirèrent  fa  patience  8c  fon  humilité ,  durant  cet- 
te longue  8c  fâcheufe  perfécution.  Nous  avons  divers  Ouvrages  de 
fa  façon.  La  Somme  des  Conciles  8c  des  Papes  ,  depuis  Saint 
Pierre  jufques  à  Jule  III.  Un  Traité  de  la  réfidence  des  Evê- 
ques 8c  des  autres  Pafteurs  des  âmes.  Ces  deux  Ouvrages  font 
en  Latin.  Il  publia  en  Efpagnol  un  Catechifme  pour  fon  Dio- 
cefe ,  8c  une  lurtruftion  pour  ouïr  la  Meflè.  On  lui  attribue 
encore  ua  Traité  de  la  Patience ,  il  avoit  affez,  bien  pratiqué  cet- 


CAR. 

te  vertu,  pour  en  connoître  tous  les  liegrez  difFerens  Se  pour  en  pou- 
voir parler  en  maître.  *  Antonio  Herrera,  in  Vita  Phil.  //.  Alfonfe 
Fernaadez, /w Concert.  Vrud.  ad an.\  fjj.  ér mHiJl.fiii temfdi.  3 . c. 29. 
I,t  lie  Vir.iUiifi.  Vomin.  Diego  de  Caltejon ,  de  Arch.  Tolet.  De  Thou, 
mfi.li.  i<5.  Sponde,  ^.C.  15-59. n.zp.leCardinal  Pallavicin,iïf/?. 
du  Conc.  de  Trente.  Covarrùvias,  Var.  li.  15.  «'.  i  j.  Eifengrenius, 
in  Catd.  Teft.  verit.  Bellarmin,  T.  I.  Contr.  VIL  'li.  2.c.  8.  Pierre 
Salalaar  dcMendoza,  inVitaJSarth.Caran.  Nicolas  Antonio,  Biél. 
■Scrfft.  Hifp.  (^c. 

'  CARRAN2A,  (Jérôme)  de  Seville,  Chevalier  de  l'Ordre  de 
Chrift  en  Portugal ,  &  Gouverneur  en  15-89.  de  las  Honduras  dans 
l'Amérique.  Il  aécrit  de  la  pratique  des  armes  fousleticre  de  iilo- 
■fofia  de  tas  armits. 

CARRANZA  DE  MIRANDA,  (Sanchez)  Chanoine  de  Ca- 
lahorra  dans  la  Caftille  la  vieille ,  étoit  natif  du  Royaume  de  Na- 
varre ,  &  a  vécu  au  commencement  du  XVI.  Siècle,  vers  l'an  1  j- 1  f. 
Il  étudia  en  PhilolophieSc  en  Théologie  dans  l'Uriiverfité  de  Paris, 
&  il  enfeigna  depuis  ces  mêmes  fciences  dans  celle  d' Alcala,où  il  s'a- 
quit  une  très-grande  réputation.  Elle  s'accrut  à  Rt)me,où  il  accom- 
pagna Dom  Alvarez CarilleAlbornoz, Se  s'y  lia  d'amitié  avec  Auguf- 
.tin  Niphus  c^élebre  Philofophe.  Sanchez  Carranza  écrivit  contre  E- 
ïalme,  &  il  laiffa  d'autres  Ouvrages,  comme,  ^(/xicn/«e?-rom-»  de 
fartu,Virginis.éi<c.  *Sepulveda,  inHiJl.  Coll.Bonon.  Nicolas  Anto- 
nio, Bihl.Hifp.&c. 

CARRARE ,  ville  d'Italie  en  Tofcase ,  avec  titre  de  Principau- 
té. Elle  appartient  au  Marquis  Prince  deMaflè  de  lamai&n  deCi- 
bo  ;  8c  elle  eft  entre  Ma'flè  &  Sarzane* 

GARRERI,  (Alexandre)  de  Padouë ,  a  été  un  des  plus  célèbres 
Jxirifconfultes  de  fontems.IlfutpremierementCurédelaParoif- 
fc  de  S.  André,  &  depuis  il  quitta  ce  bénéfice,  pour  avoir  plus  de 
tems  pour  étudier.  Il  mourut  le  10.  Août  de  l'an  1616.  âgé  de 
78.  Il  a  compofé  divers  Ouvrages.  De S^onfalihm  crmatrimonio, 
Libri  V.  Befenjio  pro  Libris  fuis.  Degejlis  Fatavinorum ,  Libri  X.  (^c. 
ce  dernier  n'eft  point  imprimé.  *  Jaques  Philippe  Thomafini,  Vir. 
illuft.  ehg.    , 

CARRES ,  ville  de  Melbpotamie ,  oii  Craflus ,  conduit  par  un 
perfide  Syrien  nommé  Mezera;  fut  défait  par  Sillaces  &Surena, 
Lieutenans  du  Roi  des  Parthes.  Celaarriva  l'an  701.de  Rome, vers 
Je  mois  de  Juin.Quelques  Auteurs  eftiment  que  Carres  eft  Cars  d'au- 
JGurd'hui,niais  il  y  a  plus  d'apparence  que  c'eft  Charun  dans  le  Diar- 
isec.  Voyez Florus ,  li.  j.c.ii.  Pline , //.  j. c. 24.  é^  fuiv. Lucain, 
U.i.Fharf. 

.. mferando  funere  Crajfus 

Affyrieis  Latio  macnlavit  fanguine  Carrhas. 

D'autres  mettent  une  ville  de  Carres  dans  l'Arabie ,  8c  ils  préten- 
■flentque  c'eft  celle  qui  a  le  nom  qu'on  donne  à  l'autre;  mais  c'eft 
aflùrément  la  même  qui  a  eu  autrefois  Evêché  fufîragant  d'Edeffe , 
Se  qui  eft  lîtuée  fur  le  fleuve  Charra ,  qui  fe  décharge  dans  le  Chabo- 
ras.  11  eft  parlé  de  ces  villes  dans  la  Genefè ,  ch.  36.  fbuslenom  de 
Charan ,  da;js  le  I.  des  Paralipomenes  ,ch.i.  dans  le  Livre  de  Tobie, 
eh.  ii.de  Judith,  f^.5-»&  dans  les  A£tes  des  Apôtres ,  c^.  7 . 

CARRETO ,  Famille.  La  Farnille  de  Carreto  ,  ime  des  plus  no- 
lles  gcdes  plus  anciennes  <i'ltalie,a  été  féconde  en  hommes  illuftres. 
On  prétend  qu'elle  tire  fon  origine  de  Witikind  Prince  de  Saxe ,  qui 
futlbumisparCharlemagne.  Quoique  cela  me  paroiffe  un  peu  fa- 
buleux ,  je  veux  pourtant  en  rapporter  ce  que  divers  Auteurs  en  ont 
écrit.  C'eft  qu'Aleran  fils  de  ce  Witikind  laiffa  Othon ,  Guillaume , 
Theres,8c  Eoniface,dont  font  venus  les  Marquis  de  Savonne,d'Inti- 
fad,  de  Ceva,de  Bufca,  &  de  Saluées.  La  Maiîbn  de  Carreto  a  été  u- 
ne  branche  de  cette  dernière ,  qui  a  pour  tige  un  certain  Anfclme,  & 
c'eft  de  lui  qu'eftdefcendu  Galeas  qui  vivoit  fur  la  fin  du  XV .Siècle. 
Les  Génois  le  chafïêrent  de  Final ,  pour  avoir  fliivi  le  parti  de  Philip- 
pe Marie  Vifcomti  Duc  de  Milan;  mais  il  eut  le  moyen  de  fe  réta- 
blir. Il  fut  heureux  par  lui-même  8c  par  fes  enfans,  Alphonfe  I. 
dont  je  parlerai  dans  la  fuite,  Fabrice  Grand-Maître  de  Rhodes, 
Charles  Dominique  Cardinal ,  Louis  ou  Aloifio  Evêque  de  Cahors. 
Alphonfe  deCarreto, premier  de  ce  nom,Marquis  deFinal,fit  travail- 
ler aux  fortifications  de  cette  place,6c  l'Empereur Maximilienl.l'ho- 
nora  de  la  qualité  de  Vicaire  de  l'Empire  8c  lui  donna  pouvoir  de  fai- 
re battre  monnoye.  C'eft  de  lui  que  font  defcendus  les  autres  Sei- 
gneurs delà  Maifon  deCarreto.il  eut  Paul  EvêquedeCahors,  Ab- 
bé de  Bellecombe ,  Alphonfe  II.  à  qui  Philippe  IL  Roi  d'Efpagne 
tifurpa  Final  en  1 5-7 1 ,8cc.Les  Génois  avoient  porté  les  peuples  de  ce 
Marquifat  à  la  révolte ,  8c  Alphonfe  avoit  demandé  la  proteftion 
du  Roi  de  France.  -Les  Ei^agnols,  fous  prétexte  de  faire  embarquer 
quelques  troupes ,  furent  reçus  dans  Final ,  Scilsaffiégerent  la  cita- 
delle où  commandoit  Jean  Alberigo  Carreto  parent  du  Marquis,qui 
fiit  obligé  de  laiieur  rendre.Mais  Alphonfe  s'étant  plaint  de  cette  in- 
jure à  l'Empereur  5  celui-ci  y  envoya  des  Députez,  à  qui  lesEfpa- 
gnols  répondirent  qu'ils  étoient  venus  trop  tard ,  8c  que  le  Roi  d'Ef- 
pagne avoit  agi  lur  des  raifons  que  l'Empereur  ne  defapprouveroit 
pas.  Depuis ,  les  Marquis  de  Carreto  flirent  encore  maîtres  de  Final 
jufqu'en  1602.  que  le  Marquis  de  Fuentes  prit  cette  place  par  ordre 
de  Philippe  III.  Roi  d'Efpagne.  Les  Efpagnols  menèrent  chez  eus 
le  Marquis.dernier  de  cette  famiUe ,  8c  le  firent  mourir  après  l'avoir 
forcé  d'accepter  un  Traité  de  proteétion.  *  SanCovin, délie  fapiigt. 
d'Ital.  De  Thou,  Hift.li.  5-0.  e^/ej.  Leandre  Alberti ,  Defer.  liai. 
Bodin,  li.i.deRep.c.ç.^c. 

CARRETO  ,  (Charles  Dominique  de)  Cardinal ,  Archevêque 
deRheims,  deThouloufe,  Scc.dit  le  Cardinal  de  Final ,  étoit  fils 
de  Galeas  8c  frère  d'Alphonfe  I.  Marquis  de  Final,de  Fabrice  Grand- 
Maître  de  Rhodes ,  dont  je  viens  de  parler,  8c  de  Louïs  ou  Aloifio 
Evêque  de  Cahors.  Il  s'éleva  par  fon  mérite  à  la  Cour  de  France  fous 
le  Roi  Louis  XII.  Le  Pape  Jule  II ,  qui  n'aimoit  pas  trop  ce  Prince, 
accorda  pourtant  à  fa  recommandation  le  chapeau  de  Cardinal  à 
Charles  de  Carreto  l'an  ijof.Sc  n'oublia  rien  po\sr  l'attirer  à  Ro- 


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me ,  8t  pour  lui  'donher  des  marques  de  fon  eftime.'  '  ïî'ne  fut  pa» 
ingrat  à  tant  de  bontcz  :  car  il  prit-fortement  le  parti  du-Saint  Sieo* 
au  Conciliabule  de  Pife;  8c  dans  le  Concile  de  Latran  il  agit  avec  un 
foin  extrême  pour  la  paix  entre  les  Princes  Chrétiens.  Il  fut  Evêque 
de  Cahors,  puisArchevêque  de  Rheims  &  de  Tours ,  8c  mourut  à 
Rome  au  mois  d'Août  de  l'an  15-14.  Le  .Cardinal  Bembeparle  de 
lui,  8c  nous  avons  encore  une  desLettres  qu'il  écrivit  fdus  le  noni 
du  Pape  Léon  X.  à  Fabrice  Carreto  Grand-Maître  de'Rhodes  ,  pout 
lui  apprendre  la  mort  du  Cardinal  de  Finel  fon  frère.  *Bembei 
//.2.jF/i/?.rra.^5,/,-.9.£j,y;.Folieta,  »»£%.Guichardin,«.ib:Robert 
8c  Saint  Marthe',  Gatl.  Chrift.  Aubëii'i,  Hift.  des  CW/w:  Oniiphre; 
Viftor,  8cUghel,  é.<r.  ■■■  \  ■     •     . 

CARRETO,  (Conftance  de)  Daine Neapolitairiév'  âveeudahë 
le  XV.  Siècle.  Elleetoit  fortie  de  cette  'famiUe  illuftrfr,dtii'a  don- 
ne plufieurs  Cardinaux  8cPrélats  à^i'Eglife,  8c  un  '(?îând-Maîbe 
de  l'Ordre  de  Saint  Jean  dejerufaléhiicomme  je  l'ai  remarqué  eh  fon 
lieu.  Cette  Dame  eft  louable  par  les  vertus ,  qui  lui  ont  attiré  lés  élo- 
ges des  Savans .  Outre  Jule  Céfar  Ca-paccio ,  on  peut  confiiltet  Tur^ 
lélmenfonHiftoiredeLorette,  HilariondcCofte,  8cc;--.     - 

CARRETO  ,  (Fabrice  de)  de  U  Maifon  des  Marquis  de  Final  ', 
Génois ,  fut  Amiral  de  l'Ordre  de  -Rhodes  ;  8c  depuis  élu  Grand- 
Maître,  l'an  15-13.  Il  fit  la  paix  avec  le  Sultan  d'Egypte  en  iji6. 
8c  craignant  les  armes  de  Selim  Empereur  des  Turcs,il  fortifia  Rho- 
des ,  que  Soliman  fils  8c  fucceflêur  de  SeHm  emporta  durant  le 
gouvernement  du  Grand-Maître  l'Ifle-Adam.élu  après  lui  en  15-21. 
* '&0Ù0  ix.'&^.uàomii  i  Hifl.  de  Malle.  •  -■-   ^ 

CARRETONI,  (Jean-François)  Jefuïte  Romain,  eft  mort  eii 
15-29.  âgède  72.  ans.Ilavoitenfeignéles belles  Lettres  dknsle  Coli 
lege  Romain,  8c  il  fut  eftimé  un  des  plus  èloquèns; hommes  de 
fon  tems.  Voyez  fon  éloge  dans  JanusNicius  Erythràus;  Pj«./, 
Imag.c.<)i.  8c  dans  Alegambe,  />.  242. 

CARRICK  ,  province  d'Ecoflè  au  Couchant  de  l'ifle.,  ekrfe 
les  provinces  de  Gallowai  8c  de  Cfuidefdkle.  Elle  eft  peu  confide- 
rable. 

CARRIERE ,  'connu  fous  le  nom  de  Baijde  de  la  CARitii:-. 
RE ,  ancien  Poète  François  ,  vivoit  vers  l'an  125-0.  Il  compofâ 
un  Dialogue  de  l'Ainour ,  de  fon  cœui-,8c  de  fes  yeux.  *  Faucher; 
Ane.  Voet.  Franc.  La  Croix  du  Maine ,  Biél.  Franc. 

CARRIERE  ,  (François)  Religieux  des  Pères  Conventuels  dfe 
Saint  François ,  a  écrit  In  Scripturarn  en'  1663.  8cc.  *  La  Croii 
duMaine,  8c  duVerdierVauprivas,  £;<^/.Fr«B/r.  -     ' 

CARRIERE ,  (Jean  Baptifte)  natif  d'Apt  ,  Avocat  du  Roi  att 
Parlement  de  Provence ,  étoit  de  la  même  famille  que  celui  dont  je 
viens  de  parler ,  8c  vivoit  en  1 5-44.  Il  écrivit  divers  Ouvrages  en  La- 
tin 8c  en  François ,  êciltraduiiit  l'Hiftoire  de  Venife  de  François 
Contarini. 

CARRILLO.  Cherchez  CariUo  Alfonfe,  Cardinal. 

CARRILLO ,  (Alfonfe)  Efpagnol,  natif  de  Cordouë,  Commari- 
deurde  Velès,  vivoit  vers  l'an  1620.8c  compofa  divers  Ouvrages 
«n  Eipagnol ,  8c  entre  autres  les  Pfeaumes  de  David  en  Vers  ;  que 
Ion  fils  Commandeur  de  Quatralvo  fit  imprimer  en  r675-.  à  Naples, 
Alfonfe  de  CarUlo  étoit  fils  de  François ,  8c  frère  deLWis  Carril- 
Lo ,  auffi  Commandeur  de  l'Ordre  de  S.  Jaques ,  8c  General  dek 
galères  d'Efpagne  ,  lequel  mourut  en  1610.  8c  laiflà  quelques 
Traitez  qu'on  a  publiez  Ibus  le  titre  de  Obras  de  D.  Louis  Carillt,  im- 
primez à  Madrit  l'an  1613.  *  Nicolas  Antonio ,  BibLui/p.  ' 

CARRILLO ,  (Martin)  célèbre  Jurifconfulte  Efpagnol  i  a  vé- 
cuen  1615-.  8c2o.  Il  étoit  de  Saragoflê ,  où  il  enlèigna  le  Droit  Ca- 
non ,  durant  dix  ans ,  8c  puis  fut  Grand- Vicaire  8c  Chanoine  de  l'E- 
glife  Métropole.  Le  Roi  d'Efpagne  l'envoya  l'an  16 11.  en  Sarda- 
gne  en  qualité  de  Vifîteur  Ecckiiaftique ,  8c  à  fon  retour  il  lui  don- 
na en  i6i5-.rAbbaïe  de  Mont-Aragon.  Il  a  compofé  l'Hiftoire  des 
Archevêques  de  Saragoflê ,  des  Annales ,  des  éloges  des  femmes  il- 
luftres de  l'Ancien  Teftaraent,  Itinerarimn  OrJinandorum,  Manuel  dé 
Confejfarios,  &c.  *Nicohs Antonio ,Eibl.Hi/p.0>c. 

CARRION  ,  (Louis)  de  Bruges ,  originaire  d'Élpagne ,  étoit  uri 
excellent  Critique,  rival  de  Juftc  Lipie.  Iliiousadomié  lesfrag- 
mens  de  Salufte  8c  de  Cenforin ,  un  Traité  de  Caflîodore ,  Antic^tta- 
rum  Leéliottum  Lib.III.  Emendationum  Lib.  II.  ^c.  Il  mourut  en- 
core jeune  à  Louvain,le  18.  Juin  de  l'an  15-95-.  *Valere  André  j 
Bibl.Belg.  Le  Mire,  de  Script.  Suc.  XVI. 

CARROUSEL,  coiu-fe  accompagnée  de  chariots,  dé  niachinéSi 
de  récits ,  8c  de  danfes  de  chevaux.  L'Antiquité  n'a  rien  eu  de 
plus  noble  ni  de  plus  ingénieux  que  l'ufage  des  carroufels.  Pendant 
que  le  peuple  s'arrêtoit  àcQnfiderercesjeux8ccesexercices,com- 
me  des  divertiflèmens ,  les  Prêtres  Idolâtres  en  fai&ient  des  aâes 
de  Religion  ;  les  Soldats ,  des  montres  de  leur  adreflc  ;  8c  les  Savans,- 
des  études  autant  agréables  qu'inftrudlives.  Tertullien ,  dans  fin  Li- 
■vre  des  SpeSiacles  ,a.t.mhuë  l'invention  des  carroufels  àCircé,  cette 
fameufe Magicienne,  qu'on difoit  être  fille  du  Soleil;  8c  veut  que 
ce  foit  elle  qui  ait  commencé  à  drelîèr  le  cirque  Se  les  courfes ,  i 
l'honneur  de  fon  père.  Quoi  qu'il  en  fe)it,  c'eft  apparemment  de 
CarrusSolis,  CarrodelSola,  Char  du  Soleil,  que  le  mot  de  Carrou- 
fel  a  été  formé  ;  ou  des  chars  8c  carroflès  qu'on  y  mcnoit.  Il  n'y 
avoit  point  de  fêtes  plus  folennelles  que  ces  courfes  ;  parce  qu'on  y 
voyoit  une  infinité  de  machines ,  de  chars ,  d'iraages ,  de  couronnesj 
de  dépouilles ,  8c  de  repréfentations.  Les  Prêtres  y  conduifoient 
des  viftimes ,  8c  y  offroient  des  facrifices.  On  y  portoit ,  com  mo 
aux  triomphes,  les  raretez  des  provinces  fubjuguées ,  8c  la  pompe  iè 
faifoit  avec  un  appareil  magnifique.  La  plupart  des  autres  nations 
s'efforcèrent"  d'imiter,  ou  même  de  iurpafîèr  les  Grecs  8c  les  Ro- 
mains, 8c  y  ajoutèrent  plufieursornemens  conformes  à  leur  génie. 
Les  Goths  8c  les  AUemans  y  parurent  avec  des  cimiers,qui  fervoient 
à  les  rendre  plus  fiers  £c  plus  terribles ,  quaiid  on  voyoit  fur  leurs  tê- 
tes des  dragons  allez,  des  harpyes,  des  mufles  de  lion,  8c  d'au- 
tres chofes  fembkbles.    Les   François   fe  fervirent  de  cottes- 

d'ai.-^ 


6^4 


CAR. 


a'armes  8c  de  devifes:  8c  les  Italiens  y  employèrent  les  récits,  la 
Mufique.^ècplulieurs  machines  ingénieufes. 

îomfe  ou  marche  des  Carroufelu  ^ 

L'admirable  dîverfité  d'images,  de  ftatuës,  de  chars,  de  che- 
vaux ,  de  machines ,  de  concerts ,  8c  de  perfonnes  dont  ces  pompes 
étoient  compofées,  faifoit  le  plus  fuperbe  8c  le  plus  bel  objet  du 
Monde.Polybe  8c  Athénée  ont  décrit  celle  du  carroufel  d'Antiochus 
furnommé  Epiphane  ou  l'lUufire,&i['on  y  voit  que  la  Syrie  Se  l'Egyp- 
te ne  cédoient  pas  en  magnificence  à  la  Grèce  8c  à  rita]ie,en  ces  for- 
tes d'appareils.  Ptolomée  Philadelphe  ne  fut  pas  moins  magnifique 
dans  la  pompe  qui  précéda  le  fuperbe  feftin,  qu'il  fit  aux  Princes  Se 
aux  Seigneurs  de  fa  Cour  en  la  ville  d'Alexandrie,  8c  dont  Callixenus 
Rhodius  fait  le  récit,  ii.^.deAlexandria.  Ces  pompes  ne  font  que 
la  montre  de  toutes  les  chofés  deftinées  aux  carroufels ,  pour  faire 
admirer  aux  fpeflrateurs  la  richeflè  des  habits  8c  la  beauté  des  machi- 
nes, 8c  pour  faire  paroître  en  ordre  tout  ce  qui  compofe  l'appareil 
de  ces  jeux. . 

Lice  ou  carrière  des  Carroufels. 

Les  Romains  n'eurent  àu  commencement  point  d'autre  cirque 
pour  leurs  courfes  êc  carroufels ,  qu'un  grand  efpace  entre  le  bord 
<iu Tibre  d'un  côté,  Scunepalilfade  d'épées  fichées  les  pointes  en 
haut,  de  l'autre;  ce  qui  rendoit  ces  courfes  dangereufes.  Tarquin 
,f  ut  le  premier  qui  fit  bâtir  un  grand  cirque  entre  le  mont  Aventin  8c 
le  palais.  Le  Cenfeur  Flaminius  donna  depuis  un  de  fes  prez ,  hors 
de  la  ville ,  pour  en  faire  un  autre ,  qui  fut  appelle  de  fon  nom  le  cir- 
que de  Flaminius.  Dion  Chryfoftome  parle  de  celui  d'Alexandrie.  Il 
y  en  eut  auffi  à  Conflantinople  ,  à  Athènes ,  à  Jerulàlem ,  8c  en 
plîLfieurs  autres  villes.  Il  n'y  a  pas  aujourd'hui  de  cirques ,  comme 
autrefois  ;  mais  on  choillt  de  grandes  places ,  que  l'on  difpofe  félon 
le  fujet  des  repréfentations  qu'on  y  veut  faire.  Toutes  les  grandes 
villes  d'Efpagne  ont  des  places  pour  les  courfes.  Florence  a  la  place 
di  Santa  Croce.  Les  carroufels  fe  font  à  Naples  dans  la  place  del 
TalazzoReale;  à  Paris,  dans  la  place  Royale,  ou  dans  la  place  du 
carroufel  devant  les  Tuileries  ;  8c  à  Verfiilles  dans  une  des  cours  des 
écuries  du  Roi.  Autrefois  le  Roi  Chilperic  fit  bâtir  des  cirques 
àParisScàSoiflbns,  pour  repréfenter  des  carroufels.  *  Aimoin, 
/».  3. 

Sujet  des  Carroufels^ 

Le  lùjet  Te  prend  de  l'Hiftoire ,  de  la  Fable,  des  chofes  naturelles, 
des  inventions  Poétiques ,  ou  du  caprice.  Mais  il  faut  l'accommo- 
der à  l'occafion  de  la  fête  pour  laquelle  on  fait  le  carroufel.  Les  oc- 
cafîons  font  la  naiflànce  des  Princes,  ou  leur  mariage  ;  le  làcre  8c  le 
couronnement  des  Rois  ;  les  entrées  folennelles  dans  les  villes,  les 
victoires  célèbres ,  8cc.Les  delTeins  des  carroufels  doivent  être  ingé- 
nieux 8c  bien  imaginez ,  afin  que  l'efprit  n'y  ait  pas  moins  de  plaifîr 
que  les  yeux.  Ils  doivent  auffi  être  militaires  8c  guerriers ,  c'eft-a- 
dire ,  renfermer  des  combats  8c  des  défis  ;  parce  que  les  exercices  8c 
les  courfes  dés  carroufels  font  militaires.  Ainfi  pour  ceux  que  l'on 
tire  de  l'Hiftoire  ou  de  la  Fable,on  choifit  des  combats  desHeros,ou 
desDivinitez.  Si  on  les  emprunte  de  la  Nature,  ou  de  la  Morale, 
on  prend  des  chofes  qui  ayent  de  l'antipathie  8c  de  la  répugnance , 
comme  les  faifons ,  le  jour  8c  la  nuit,  les  vices  8c  les  vertus;  ou 
celles  qui  étant  de  même  efpece ,  fe  peuvent  difputer  quelque  avan- 
tage, comme  les  plantes,  les  métaux,  8çc. 

Quadrilles  des  Carroufels. 

Les  troupes  diverfes ,  qui  compofent  les  carroufels ,  font  nom- 
mées Quadrillesjdu  nom  Italien  SqHadriglia ,  diminutif  de  Squadra , 
qui  fiignifie  une  Compagnie  de  Soldats  rangée  en  ordre.  Dans  les 
carroufels  célèbres ,  ce  font  ordinairement  des  Princes  qui  font  les 
Chefs  des  Quadrilles.  Au  premier  carroufel  de  Louis  XIV.  il  fut  le 
Chef  de  la  Quadrille  des  Romains  :  MonCeur  fon  frère  unique ,  de 
celle  des  Perfans:  Monfieur  le  Prince ,  de  celle  des  Turcs  :  Mon- 
fieur  le  Duc ,  de  celle  des  Mofcovites  :  8c  Monfieur  le  Duc  de  Guife, 
de  celle  des  Mores.  Le  moindre  nombre  des  Quadrilles  pour  un 
véritable  carroufel  eft  de  quatre;  8c  le  plus  grand  de  douze.  S'il  n'y 
a  que  deux  troupes,  c'ell  proprement  une  joute  ;  8c  s'il  n'y  en  a 
qu'une,  c'eftun  tournoi  ou  une  courfe.  Ces  Quadrilles  fediftin- 
guent  par  la  forme  des  habits ,  ou  du  moins  par  la  diverfité  des  cou- 
leurs qu'elles  choififlènt.  Parmi  les  Grecs  8C  les  Romains,  les  Cou- 
reurs du  cirque  fe  diftinguerent  par  quatre  couleurs  ;  ce  qui  donna 
l'origine  des  Quadrilles  blanche ,  verte ,  rouge ,  Se  bleue ,  fi  célè- 
bres dans  l'ancienne  Hiftoire,  par  les  faâions  qu'elles  cauferent  fou- 
vent.  Quoi  qu'il  y  eût  quatre  Quadrilles ,  elles  ne  faifoient  néan- 
moins que  deux  partis  fous  les  noms  des  Verts  8c  des  Bleus ,  qui  fu- 
rent les  caufes  de  tant  de  troubles  à  Rome ,  à  Conflantinople  ,  en 
Egypte,  8c  dans  toutes  les  autres  parties  de  l'Empire.  L'ufage  des 
Quadrilles,  qui  eft  univerfellement  reçu  dans  tous  les  lieux  ou  l'on 
fait  aujourd'hui  des  courfes  8c  des  fêtes  à  cheval ,  n'a  été  introduit 
que  fort  tard  en  France.  Comme  on  y  préferoit  les  exercices  de 
valeur  à  ceux  d'invention  8c  de  pure  adreflè ,  on  y  faifoit  plus  de 
combats  à  la  barrière;  que  de  carroufel^ ,  8c  l'on  aim  oit  mieux  s'y 
faire  voir  bons  Gendarmes  8c  vaillans  Cavaliers ,  qu'adroits  Courti- 
fans.  C'eft  pourquoi  les  François  n'affeftoient  point  de  faire  des 
Quadrilles  8e  des  Troupes  réglées ,  comme  on  fait  à  préfent.  Le 
premier  ufage  des  Quadrilles  commença  en  France  fous  le  RoiHcn- 
ri  IV.  l'an  1606.  On  fit  à  Paris,dans  la  cour  du  château  du  Louvre, 
le  carroufel  des  quatre  élcmens ,  repréfenté  par  quatre  Quadrilles  de 
Cavaliers  qui  foitirent  de  l'Hôtel  de  Bourbon. 


CAR. 

Machines  des  Carroufels. 

On  donne  le  nom  de  machines  à  tout  ce  qui  n'a  mouvement,que 
par  l'artifice  des  hommes,comme  aux  repréfentations  de  toutesior- 
tes  d'animaux  que  l'on  fait  mouvoir ,  aux  chars  roulans ,  aux  ftatuës 
mobiles.  Sec.  Le  mouvement  fe  fait  ou  fur  l'eau,  ou  dans  l'air,  ou 
fur  la  terre.  S'il  fe  fait  fur  l'eau ,  on  y  employé  des  vaiffeaux ,  ou  des 
animaux ,  Se  des  monftres  artificiels ,  comme  des  balenes  ,  des  cy- 
gnes, 8cc.  Si  c'eft  en  l'air,  on  s'y  guindé  par  des  cordes,  par  des 
nuées,  ou  par  des  oifeauxfulpendus;  des  dragons,  &  des  animaux 
volans.  Sur  la  terre,  on  fe  fert  de  chars,  debrancars,  d'animaux 
feints ,  de  ftatuës  à  reflbrts,  Sec.  llya  auffi  des  machines  de  guerre , 
8c  de  paix  ;  de  triomphe ,  Scde  cérémonie  ficrée.  Les  machines  doi- 
vent être  proportionnées  au  fujet.  S'il  efthiftorique,  il  les  faut 
prendre  dans  l'Hiftoire:  s'il  eft  fabuleux.dans  la  Fable.  S'il  eft  Poéti- 
que 8c  d'Invention ,  on  a  plus  de  liberté  à  inventer  de  belles  chofes. 

Récits  ^  harmonie  des  Carroufels. 

Le  carroufel  étant  touj  ours  une  allégorie  8c  une  invention  emblé- 
matique, deftinée  à  honorer  le  mérite  des -Princes,  ouàinftruiret 
on  y  mêle  des  récits  qui  font  les  applications  de  la  pompe,  de  l'appa^ 
reil ,  8c  des  plus  confiderables  machines  dont  il  eft  compofé.  C'eft 
pour  cela  qu'on  y  fait  paro^pre  des  Nymphes ,  de  petits  Amours,  des 
Dieux  de  la  Fable ,  des  Vertus ,  des  Heros,des  Génies,  Sec.  qui  réci- 
tent ou  chantent  des  vers.  L'harmonie  ne  manque  jamais  aux  car^ 
roufels,  parce  que  ce  font  des  fêtes  d'appareil ,  Scdesréjouïftànces 
publiques.  Elleeftdedeuxfortes;rune  militaire  Se  guerrière,  l'au- 
tre douce  Se  agréable,  La  première  fe  met  en  tête  de  chaque  Qua- 
drille ,  pour  animer  les  Cavaliers,  8c  pour  annoncer  leur  venuë,leur 
entrée  dans  la  carrière ,  Se  leurs  courfes  ;  8c  l'autre  fert  aux  récits , 
Se  pour  accompagner  la  pompe.  Les  inflrumens  font  differens  feloa 
la  qualité  des  perfonnes  que  l'on  introduit  en  ces  fêtes.On  donne  des 
tymbales  Se  des  tambours  aux  AUemans ,  des  clairons  auxPerlàns, 
des  flûtes  aux  Satyres ,  des  mufcttes  aux  Bergers ,  une  lyre  à  Apol- 
lon 8c  à  Orphée,  Se  ainfi  des  autres.  Sur  les